Virtualité réelle
« -Que tout le monde travaille jusqu’à l’épuisement ! Quoi qu’il arrive, le lancement du service, c’est aujourd’hui ! Mettez-vous dans le crâne que s’il y a ne serait-ce qu’une seule erreur, vous pouvez dire adieu à votre bonus ! Surtout toi, Haruyama ! Si tu ne fais pas ton boulot, tu seras le premier à être viré !
-O… Oui. (Si je n’avais pas besoin de cet argent, ke ne resterais pas ici une seconde de plus. »
Katsumi Haruyama est un jeune informaticien dans une boîte qui développe des jeux vidéos en ligne. Aujourd’hui, le patron est énervé. Un nouveau jeu, « Re world », s’apprête à sortir mais une montagne de bugs affecte son bon fonctionnement. S’il reste des erreurs au lancement du service, Katsumi sera viré sur le champ. C’est une lourde charge à porter pour ce garçon fraîchement diplômé. Afin de réduire les coûts, il est le seul employé pour corriger tous les bugs. Dans cette entreprise mal famée, il se fait exploiter. Impossible de tout réparer. C’est pour cela qu’il transforme certains bugs en gimmicks, c’est-à-dire qu’il dissimule les problèmes en fonctionnalités cachées. Ce n’est pas du goût du patron qui lui ordonne des corrections propres, ni de ses collègues, qui le déconsidèrent.
Six mois plus tard, c’est l’heure du verdict, le lancement du jeu. Katsumi a fait ce qu’il a pu, mais des gimmicks, il en a laissé. C’est alors qu’un séisme secoue le bâtiment. Un flash éclaire le ciel. Le concepteur s’effondre, avant d’être réveillé quelques instants plus tard par une voix disant : « Bienvenue dans le mmporg « Re world ». Amusez-vous bien. » C’est comme si la virtualité était devenue une nouvelle réalité. Le monde est devenu un jeu de rôle en ligne massivement multi-joueurs. Katsumi a été transporté dans l’interface système du jeu et va vite se rendre compte qu’il n’est le seul : ses collègues de bureau sont entraînés dans la même mésaventure. Il n’a pas d’autre choix que de vivre la vie d’un personnage du jeu. Il a une heure pour « survivre » jusqu’à la fin du temps. Si un monstre le tue, son personnage disparaîtra.
Une histoire de joueur pris au piège à l’intérieur d’un jeu, l’idée n’est pas d’aujourd’hui. En 1982, dans le film Tron, produit par les studios Disney, Kevin Flynn, programmeur de jeux vidéos, est dématérialisé dans le système informatique d’un jeu de motos futuristes. Le film aura une suite en 2010. Si, en 1995, Robin Williams se retrouve prisonnier d’un jeu de société dans Jumanji, dans le reboot de 2017 et sa suite, les héros sont propulsés dans un jeu vidéo. Ce sont certainement les deux exemples les plus célèbres en la matière. Avec Le roi des bugs, Tony joue encore plus profondément avec le concept. On est entre les exemples cités et les aventures type histoires dont vous êtes le héros. Au fur et à mesure de ses rencontres et de ses exploits, Katsumi voit ses compétences développées, acquiert des objets, se voit proposer des choix. Entre lui et ses camarades de bureau, les cartes sont redistribuées.
Le roi des bugs est issu d’un webtoon que l’on peut lire sur Piccoma. Le rythme de lecture est rapide. On est dans du manga colorisé. Tony abuse un poil des flous artistiques. Si ça peut passer correctement sur écran, sur papier, c’est vite lassant. Voici une limite de l’édition physique de ce qui est conçu pour smartphone. Il n’en reste pas moins que l’on se prend vite au jeu avec Katsumi, qui vit une quête de soi montrant au lecteur que l’on a toujours une place à prendre dans la société.
Série : Le roi des bugs
Tome : 1
Genre : Fantastique
Scénario, Dessins & Couleurs : Tony
Éditeur : Dupuis
Collection : K Factory
ISBN : 9782808505314
Nombre de pages : 288
Prix : 15 €