Débuts et fins de vie
« -Tu joues au foot ?
-Nan !
-Pourquoi ?
-Parce que je ne veux pas faire comme les autres ! Et toi, pourquoi tu joues au foot ?
-Pour affirmer ma différence !
-On va pas pouvoir s’entendre !
-Peuh… »
Charlie et Malcolm font connaissance au pied d’un arbre. Il lit. Elle joue au foot, lui propose de taper le ballon avec elle. Il refuse. Il avoue ne pas aimer le foot, parce qu’il ne veut pas faire comme les autres. Elle, elle y joue pour affirmer sa différence. Ils ne vont pas pouvoir s’entendre. En fait, si, parce qu’ils ont tous les deux une philosophie de vie en marge de celle de la société en général. Leurs parents sont divorcés. Quand la mère de l’un va se mettre en ménage avec le père de l’autre, il ne va pas y avoir d’autre moyen que de cohabiter. Charlie se définit comme un garçon moderne. Il a décidé de laisser sa part féminine s’exprimer et refuse le comportement mâle macho primaire testostéroné. Alors, lorsque Charlie le traite de tafiole, il prend ça comme un compliment. De son côté, elle, refuse de se considérer comme une fille. Tous deux, dans leurs libres arbitres respectifs, vont bien devoir composer avec leurs convictions.
Quittons les enfants pour les adultes, ou plutôt le début de vie pour la fin car : Vivre est dangereux pour la santé. Qu’on se le dise ! Si le fumeur invétéré n’arrête pas de cloper, il finira rapidement entre quatre planches. Même là, aura-t-il compris la leçon ? Le greffé du cœur survivra-t-il à la transplantation ? Tout dépendra de l’adresse, ou de la maladresse, de Martine, l’infirmière du bloc opératoire. On ne va pas toujours jusqu’à la mort dans ce recueil de gags, on a même droit à un caprice de môme. On s’arrête parfois en Ehpad, pour changer des draps à cause de « faux départ », ou en MJC, pour un atelier polygamie. C’est l’avenir ! D’un peu plus, on avait droit à une réunion sur l’origami. Ouf ! Et puis, il y a les cercueils, qui font chier jusqu’au bout quand ils ne passent pas les portes, ou qui font les foufous à l’église. Bon, tant qu’on n’exclue pas mamie du repas familial…
Ça fait déjà dix-sept ans que le projet de Garçons manqués marinait dans les tiroirs de James. A l’époque, le projet n’avait pas été retenu par les éditeurs. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts concernant la problématique de la transidentité. Les personnages se sont réimposés à James qui a finalement trouvé, dans le fond comme dans la forme, le moyen de traiter le sujet, en demi-planches en bichromie avec des trames. Charlie et Malcolm, du haut de leur jeune âge, se positionnent en fins observateurs d’un monde qui ne tourne pas toujours rond, tout au long des quatre saisons que dure leur partenariat de vie.
De son côté, Espé verse dans l’humour noir, parfois très noir. Mais qu’est-ce que c’est rigolo ! Avec Espé, on peut rire de tout. C’est suffisamment rare pour le souligner. On ne sait pas comment il fait, mais on arrive à tout lui pardonner. Au fond, le monde est-il si sérieux que ça ? Espé nous apprend que mourir, ce n’est pas si terrible que ça. Il met même en scène un dessinateur dans une diatribe de sa femme sur l’humour pendant que la « haute » fait des romans graphiques qui font chialer.
Entre tendresse et humour noir, avec Garçons manqués et Vivre est dangereux pour la santé, Fluide glacial célèbre le rire moderne, ancré dans une actualité qu’il « dé-moro-ise. »
One shot : Garçons manqués
Genre : Humour
Scénario, Dessins & Couleurs : James
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038206816
Nombre de pages : 56
Prix : 13,90 €
One shot : Vivre est dangereux pour la santé !
Genre : Humour
Scénario & Dessins : Espé
Couleurs : Laure Durandelle
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038206410
Nombre de pages : 56
Prix : 13,90 €