Chemin de sang
« -« Depuis, il n’y a pas une nuit où je ne rêve pas du massacre des miens. Je sens une rage me brûler les vis… vis… »
-Viscères ! C’est un synonyme de boyaux, Jane. J’suis épaté. Tu as fait de spectaculaires progrès en lecture.
-J’ai de la pitié pour l’enfant de cette histoire. Mais il faudra abattre l’homme qu’il est devenu. »
Wild Bill, Calamity Jane et Charlie Utter sont sur les traces du serial killer qui scalpe, découpe et plante une flèche dans l’œil droit de ses victimes. D’après ce qu’ils viennent de découvrir, il aurait assisté à l’assassinat par des indiens de ses parents lors d’une attaque de la diligence dans laquelle ils voyageaient. Ça n’excuse pas l’adulte qu’il est devenu et qu’il faudra certainement abattre. Pendant ce temps, à Mud City, l’homme d’affaires Aristote Graham accueille une compagnie en armes qu’il a fait venir pour sécuriser le camp du chemin de fer face aux intrusions dans le campement et massacres sans vergogne d’innocents travailleurs. Quand le chantier va devoir traverser un cimetière d’indien qu’il va falloir dynamiter, ça ne va pas calmer les esprits.
« Faire combattre des noirs contre des rouges pour les intérêts d’une minorité de blancs », telle est l’idée de Graham. Les natifs des lieux sont en train d’être dépouillés par des colons avec une main d’œuvre qui, au final, sera elle-même maltraitée à cause d’une couleur de peau. L’Amérique naissante se veut égalitaire, encore faut-il avoir la bonne couleur de peau. Le scénariste Thierry Gloris démontre factuellement que dès le départ le visage pâle ne s’y est pas pris du bon pied, ne cherchant jamais à s’intégrer, ni à intégrer, mais tout simplement à envahir. Il ne fallait alors pas s’étonner de prendre de plein fouet des actes barbares. C’est dans des situations comme celles-ci que des tueurs comme celui que traque notre trio peuvent agir, profitant de la confusion générale, brouillant les pistes sur le camp dans lequel le rechercher.
Jacques Lamontagne dessine ce nouvel épisode sans filtre. Comme dans l’épisode précédent, la violence est un personnage à part entière et les scènes atroces sont sans concession. On n’est pas dans un western de la dernière séance. John Wayne ne va pas arriver avec des tuniques bleues pour sauver tout le monde. Tout est dit dans le titre La boue et le sang. Les auteurs ne nous mentent pas sur la marchandise pour décrire quelque chose qui semble plus proche de la réalité que les exploits d’un cow-boy solitaire.
Le trait de Lamontagne est de plus en plus fin et détaillé. Certaines cases s’étalent comme en cinémascope sur des doubles pages, images parfois gâchées par une impression, ou plutôt une reliure, qui ne tient pas compte de leur présence et les grignote en leur milieu.
L’Ouest est sauvage et pas seulement dans sa nature. Tout ne serait-il pas seulement qu’une guerre de territoires ? Wild West offre une immersion sans pitié dans un monde qui accouche avec douleur.
Série : Wild West
Tome : 4 – La boue et le sang
Genre : Western
Scénario : Thierry Gloris
Dessins & Couleurs : Jacques Lamontagne
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 48
Prix : 15,50 €
ISBN : 9791034768707