La citadelle de l’espoir
« -Les enfants ! Les enfants semblent attirés par ce monstre ! Que tout le monde garde un œil sur eux ! S’ils tombent dans la rivière, ils risquent l’hypothermie !
-Reviens là, toi ! Ne vous inquiétez pas pour les gosses, on s’en charge !
-Débarrassez-nous de cette saloperie !
-Pour ça… comptez sur nous ! »
Lame et ses compagnons d’infortune ont dû fuir les lieux qu’ils habitaient. S’ils veulent survivre dans ce monde hostile où le moindre bruit attire les monstres, ils doivent atteindre la citadelle qui se trouve à quelques jours de marche. Lune et ses clochettes pas très discrètes les accompagnent. Elle leur apprend comment elle s’est retrouvée maudite en absorbant de l’orbe dans une recette qu’elle a trouvé et permettant aux sans-magie de s’assurer une protection. Au lieu de ça, toutes les nuits, l’orbe prend possession du corps de Lune pour s’en prendre aux villageois. C’est pour cela qu’elle a fui. Gris, handicapé d’un bras, dirige les opérations de sustentation en organisant la pêche. C’est alors qu’apparaît dans la brume un cheval étrange qui attire sur lui les enfants qui prennent une attitude étrange, comme s’ils étaient envoûtés. C’est la panique sur le campement. Nos héros arriveront-ils tous au bout de leur route ? Malgré les pouvoirs de Lame, ils ne pourront pas y arriver tout seuls. Mais la troupe qui s’apprête à leur filer un coup de main est à la recherche de Lune.
Yoann Vornière lance ses personnages sur une route bien dangereuse où les rencontres vont être surprenantes. Le mangaka insère un bestiaire issu de mythologies régionales françaises. Le cheval voulant noyer les enfants est le cheval blanc de Vaudricourt. C’est un âne dans certaines légendes du Pas-de-Calais. La nuit, il est capable d’attirer jusqu’à une vingtaine d’enfants sur son dos qui s’allonge, avant de se jeter dans une rivière pour les y éliminer. Tapi dans les fleuves et rivières de Meurthe-et-Moselle, Chan Crochet entraîne au fond de l’eau avec son crochet les imprudents qui se promènent sur les rivages. Il y a aussi la Velue, avec sa carrure à la Bowser, qui se cache dans les rivières du pays de la Loire, inondant les champs à côté desquels elle passe.
L’auteur distille sa culture au fil de l’action. Dans les inter-chapitres, il donne quelques secrets de création, de fabrication et d’inspiration. On apprend ainsi qu’il aime découvrir des paysages inspirants au hasard de pérégrinations. Pour lui, comme pour ses personnages, la ligne droite n’est pas le moyen privilégié pour arriver à destination. Les scènes de monstres sont impressionnantes. Le silence imposé permet quelques scènes muettes d’action ou d’émotion. Sans spoiler le final, l’arrivée d’un train dans un certain lieu rappelle le Poudlard Express arrivant à destination.
Ce deuxième tome de Silence confirme tout l’intérêt et toute l’originalité de la série. Les nouveaux personnages apportent une densité à cet univers dont les mystères n’ont pas fini d’être dévoilés. Aventure, religion et mythologie sont les trois pans de ce Silence attirant.
Série : Silence
Tome : 2
Genre : Fantastique
Scénario & Dessins : Yoann Vornière
Éditeur : Kana
ISBN : 9782505117094
Nombre de pages : 208
Prix : 7,70 €