Exploration urbaine dans l’espace-temps
« -Tu crois qu’on va de nouveau rencontrer les jumelles ?
-Va savoir ce qui peut arriver ici.
-Attention !! Ce couteau est tombé du plafond ? Mais ?! Nous sommes au plafond !
-Tais-toi ! Regarde en bas ! »
En faisant de l’urbex, Alex et Julie se sont rendus compte qu’ils avaient la faculté de voir les morts. A la villa Pandora, maison pourtant démolie depuis 5 ans et oubliée de tous, les deux adolescents affrontent en pleine nuit peurs inconnues et souffrances. Du haut du plafond, comme si rien n’avait de sens dans tous les sens du terme, ils voient se rejouer des scènes du passé. Marie-Jeanne traîne le corps sans vie de sa sœur jumelle Isadora pour l’enterrer dans le jardin. Une affiche leur apprend que cet événement se déroule en 1900. La meurtrière décide qu’elle sera tantôt elle, tantôt sa sœur. Elle brouillera les pistes pour dissimuler le crime. Lors d’une autre exploration, Alex et Julie découvrent un homme qui apprend sans cesse la mort de son fils, bloqué sans pouvoir faire son deuil. La résolution d’une énigme ne pourrait-elle pas donner une solution à l’autre ?
L’urbex, est-ce un loisir, un sport ou une science ? L’activité est-elle légale ou illicite ? Toujours est-il qu’elle est cadrée par ses véritables adeptes, avec des codes bien définis. L’urbexeur commence en général sa « carrière » en visitant par curiosités des maisons abandonnées, des manoirs, des petits châteaux ou des friches industrielles. Hormis celles de ses pas, il ne laisse aucune trace, et surtout pas des détritus. Il ramène éventuellement des photos qu’il trouve mais ne vole aucun objet. Il ne divulgue pas les adresses qu’il visite. S’il se fait surprendre par quelqu’un, jamais l’urbexeur ne tentera de fuir mais préfèrera entrer dans le dialogue pour expliquer sa démarche. Indéniablement, l’urbexeur rêve de fantastique, mais il faut s’appeler Alex et Julie pour le rencontrer.
Vincent Dugomier et Clarke ont écrit une histoire bien ficelée qui donne envie de se lancer dans l’exploration urbaine. Comme à son habitude, Dugomier s’attache tout autant aux personnes qu’aux événements. Ses personnages ne sont pas des observateurs. Ils sont acteurs, pas seulement dans le sens « agir », mais dans le sens « impliqués ». Le scénariste creuse ses personnages pour leur donner une densité inattendue. Alors qu’on pensait ne s’intéresser qu’à Isadora et Marie-Jeanne, Alex et Julie prennent le pas. Avec son trait rapide et jeté, Clarke donne juste le ton qu’il faut pour accentuer le mystère ou l’émotion. Il n’y a qu’à voir comment il traite les sentiments du père apprenant la mauvaise nouvelle et réagissant de façon évolutive pour s’en rendre compte.
La trilogie Urbex se clôt en démontrant que les cicatrices du passé, en se refermant, peuvent apaiser le présent. Urbex n’est pas qu’une histoire d’exploration urbaine. C’est aussi une aventure de généalogie. Alex et Julie vont éclaircir des pages inconnues de leurs histoires familiales.
Série : Urbex
Tome : 3 – La fin des cauchemars
Genre : Fantastique
Scénario : Vincent Dugomier
Dessins : Clarke
Couleurs : Mikl
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 97828082010270
Nombre de pages : 56
Prix : 12,95 €