La neige Crisse
« -Couvre-toi bien. Nous allons en ville, il va faire glacial pendant le trajet.
-Tu tousses beaucoup, Papouchka.
-Ce n’est pas grave… C’est à cause de mes bottes. Elles sont percées. Du coup, j’ai froid aux pieds. »
Dans une glaciale forêt soviétique, la petite Anya vient de trouver de jolies plumes sur la neige : des bleues, des rouges, des roses, … Elles sont très belles mais son grand-père n’aime pas qu’elle s’aventure dans les bois. Plein d’animaux sauvages y vivent : des loups, des ours, des lynx, et surtout Baba Yaga la sorcière. Anya n’est même pas impressionnée. Son chien Kozak la protègera. Aujourd’hui, Papouchka, son papi, l’emmène avec lui en ville à bord d’un traîneau tiré par un cheval de trait. Pendant que l’aïeul tente de vendre les jouets qu’il fabrique à la propriétaire d’une boutique, la petite fille va faire une drôle de rencontre dans la ruelle d’un bas-quartier.
Après le succès interplanétaire de La reine des neiges, revisitée par les studios Disney, on aurait pu penser qu’il n’était plus possible de raconter d’histoire féérique dans des paysages glacés. Crisse prouve ici le contraire. Lorsque l’oiseau bleu se métamorphose en jolie dame, la magie se dégage du livre pour atteindre le lecteur en plein cœur. On retrouve dans cette histoire toute la grâce des contes russes que l’on pouvait nous lire enfant dans les gros bouquins de chez Gründ. L’ombre de Babayaga plane au-dessus des steppes.
Des années après Nahomi, la petit princesse japonaise, Crisse semble avoir de nouveau la fibre tous publics qui toque à sa porte. On l’a vu et lu récemment avec Uluru une odyssée australe dessinée par Christian Paty. Voici cette fibre universelle encore plus développée dans Anya, petit album merveilleux à lire le soir dans le lit avec son enfant, ou petit-enfant à côté de soi. Loin d’être mièvre, le scénario est malin et l’on ne comprend bien la fin que si l’on a été très attentif aux discussions du début. Graphiquement, l’auteur est aussi au meilleur de sa forme. Ses animaux sont en particuliers incroyables. Aux couleurs, Crisse fait appel au talentueux Fred Besson dont les tons violacés se reflétant sur la neige enveloppent le récit d’une doucereuse bienveillance.
Une famille pauvre, un hiver rigoureux, la maladie qui frappe à la porte, mais aussi la féérie, la recette est éternelle. Encore faut-il un metteur en scène de talent. C’est fait grâce à lui : la neige crisse, c’est la neige Crisse.
Série : Anya
Tome : 1 – L’oiseau bleu
Genre : Conte russe
Scénario & Dessins : Didier Crisse
Couleurs : Fred Besson
Éditeur : La Gouttière
ISBN : 9782357960985
Nombre de pages : 32
Prix : 10,70 €