Ravitaillé par les corbeaux
« -Préparez-vous au choc ! ça va toucher !
-Thorgal ! Ces oiseaux tourbillonnent autour d’une sorte d’îlot !
-Bien vu, Jolan ! Il faut tenter de nous en approcher le plus près possible !
-C’est notre dernière chance !
-Le Knörr va couler !
-Il faut plonger ! »
Thorgal erre dans une grotte au beau milieu de serpents et de squelettes. Il découvre des idoles protectrices et une roche sacrée. Il doit détacher un fragment d’une pierre qui scintille, mais celle-ci est gardée par des vipères rouges. Pas question pour lui d’abandonner. La vie de ses compagnons en dépend. Alors qu’il démarre un feu pour faire fuir les reptiles, une ombre l’accuse de profaner le temple sacré de la déesse Skaedhi. Comment en est-il arrivé là ? Quelques jours plus tôt, l’embarcation sur laquelle il voguait en compagnie de Jolan, Boréale et Sven s’échouait sur des récifs. L’enfant des étoiles a regagné la côte à la nage. Il doit secourir ses camarades coincés sur un rocher. Mais que fait-il donc dans une grotte ?
Thorgal est une fois de plus bien seul pour accomplir sa mission. S’il ramène au tyran de la région un morceau de la roche aux mille yeux, appelée ainsi à cause des cristaux qu’elle renferme issus des larmes de Skaedhi, on lui donnera les moyens de ramener les siens en terre ferme. Comme souvent, Thorgal devra sauver sa famille. Il va se trouver aux prises avec une communauté étrangère. Il continuera à apprendre à ne pas s’attacher à quiconque. Cet épisode, qui peut se lire quasiment indépendamment, fait un clin d’œil à la légende d’Huginn et Muninn, deux jeunes gens, un garçon et une fille, changés en corbeau par Odin pour surveiller les Neuf Mondes.
Depuis que Yann a repris le scénario de la série mère d’un univers qu’il a largement contribué à développer, celle-ci est revenue sur les fondamentaux avec des histoires portant l’ADN des meilleurs récits de Van Hamme. Concernant la construction scénaristique de cet épisode-ci, que diable lui est-il arrivé ? Le scénariste perturbe la narration par des flash-backs éclaircissant la situation. Ça n’apporte strictement rien par rapport à une narration plus linéaire. Cela fait exercice de style qu’il s’est inutilement imposé. Heureusement que la relative simplicité de l’intrigue permet de ne pas se perdre.
Fred Vignaux a atteint un tel niveau de graphisme qu’il n’a plus rien à envier à Rosinski. Les scènes dans lesquelles Thorgal tente de sortir de la grotte sont immersives. Les déboires maritimes de Boréale et Jolan sont d’une tension à renvoyer au second plan le final de Jack et Rose dans Titanic.
Mille yeux est une aventure de Thorgal qui pourrait rentrer dans la liste des histoires mythiques. Elle en a tout le sel. Et lorsque l’on croit l’épisode terminé et que l’on tourne la dernière page, on prend conscience du génie des auteurs qui font de Thorgal une grande saga, un opéra nordique.
Série : Thorgal
Tome : 41 – Mille yeux
Genre : Heroïc Fantasy
Scénario : Yann
Dessins : Fred Vignaux
D’après : Grzegorz Rosinski & Jean Van Hamme
Couleurs : Gaëtan Georges
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808210850
Nombre de pages : 48
Prix : 12,95 €