Mais qui veut éliminer les Clifton ?
DING DONG
« -Oui ! Oui ! Laissez-moi au moins le temps de glisser dans les escaliers et de me casser la figure pour la plus grande hilarité générale ! Tiens ! Non ! La chance tournerait-elle ?
-Harold Wilberforce Clifton ?
-Que lui voulez-vous à Harold Wilberforce Clifton ?
-Lui faire nos adieux ! »
TUNK TUNK
A Puddington, cité de la bonne vieille Angleterre, le temps est pluvieux lorsque l’on sonne chez Harold Wilberforce Clifton. Deux assassins viennent accomplir leur mission. Dans quelques secondes, il y aura un Clifton de moins. La victime est-elle morte ? Que nenni. Les tueurs ont tiré sur le père de notre cher colonel pendant que ce dernier faisait quelques emplettes en centre-ville, sa gouvernante étant blessée aux mains. En rentrant chez lui, avec Miss Partridge, sa fidèle dame de maison, Clifton découvre le drame. « Daddy!? » Le père est conduit à l’hôpital en ambulance. Sur le chemin, rassemblant ses dernières forces, il confie à son fils un lourd secret familial. Le serment de Shamewood est une malédiction pour les Clifton. La dynastie est menacée par un contrat datant de l’époque napoléonienne stipulant que le Comté de Puddington deviendrait français si tous les Clifton sont éradiqués de la carte. Quelqu’un cherche donc à tous les éliminer !
Ça va encore chauffer entre les rosbifs et les bouffeurs de grenouilles. François-Louis Bonaparte-Ramolino n’a pas dit son dernier mot. Le onzième descendant direct de l’empereur Napoléon Bonaparte qui cherche des noises au colonel depuis l’affaire des gauchers contrariés et qui a pourri son mariage est plus déterminé que jamais. Il est prêt à commettre tous les crimes pour arriver à ses fins. Dans cet album, on meurt. Même des gentils, ce qui est assez rare pour le souligner dans la bande dessinée d’humour franco-belge.
Quand Turk est revenu au dessin de Clifton, il était convenu que ce soit pour trois albums. En théorie, ce « dernier des Clifton » serait vraiment le dernier. Tout le laisse à penser. On assiste au retour de nombreux personnages, comme un dernier tour de piste. On retrouve évidemment l’agent Strawberry et le commissaire John Haig. Miss Spinterhoof, de Week-end à tuer, est là, ainsi que, entre autres, Sir Jason, ce cher Wilkinson, et même Oliver, le neveu du colonel, rencontré dans Le baiser du cobra, occasion de saluer Bédu qui succéda à Turk. Le créateur Raymond Macherot apparaît en tant que statue sous le nom de Mac Herot dans un square.
On ressent dans le trait de Turk la jubilation qu’il a de retrouver le Héron Mélomane (surnom scout de Clifton), sa gouvernante, ses chats et, bien sûr, Londres.
Comme à son habitude, Zidrou a concocté un scénario aux petits oignons, plein de second degré. Intelligent, drôle, surprenant, le récit est taillé sur mesure pour offrir au colonel un retour gagnant. Après avoir contribué aux réveils de Chlorophylle (éphémère) et de Ric Hochet (un réel succès), Zidrou est définitivement un digne successeur des maîtres de l’âge d’or. Plus que des hommages, ses reprises sont des continuités dans la modernité. Maintenant qu’il a, semble-t-il, en avoir terminé avec Clifton, on rêverait de le voir faire renaître Chick Bill, Robin Dubois ou d’autres héros éternels du journal Tintin.
Petite curiosité dénichée sur le net, en 1984, les studios Belvision réalisèrent un court-métrage de 5 minutes : Un pépin pour Clifton. On y retrouve tout l’humour et tout le charme de la bande dessinée.
Profitons de l’occasion pour saluer la mémoire du scénariste Bob de Groot, qui a fait les plus grandes heures de Clifton et qui vient de disparaître, ainsi que celle de Jo-El Azara qui nous a quitté cette année. La moustache du colonel Clifton est inscrite à tout jamais parmi les classiques des classiques de la BD franco-belge. En matière de polar humoristique, difficile de faire mieux.
Série : Clifton
Tome : 24 – Le dernier des Clifton
Genre : Polar humoristique
Dessins : Philippe Turk
Scénario : Zidrou
Couleurs : Kaël
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808211468
Nombre de pages : 48
Prix : 11,95 €