Sirènes et arène
« -Maintenant, la question est : comment va-t-on schtroumpfer à bord de ce bateau ? Nous n’avons pas d’argent pour payer notre voyage !
-Ben, y a qu’à embarquer sans payer, alors ! »
Bouton d’Or, Menthe et Tempête ont quitté le village des filles pour remplacer le bâton de la Grande Schtroumpfette qui s’est brisé. Celle-ci a été blessée et seul ce bâton peut lui permettre de guérir. C’est juste qu’il faut en resculpter un et le tremper dans l’eau de la source du pays des Pierres Schtroumpfantes. C’est pour cela qu’elle sont parties sur le dos d’Araignée. Sorties saines et schtroumpfs du labyrinthe, les voici dans le village des pêcheurs avec leur nouvel ami Bernardo. n’ayant pas les moyens de se payer un embarquement pout poursuivre leur périple, les voyageurs décident de monter clandestinement sur un navire. Perturbé par des sirènes, le trajet va les mener sur une île… vagabonde.
Acte 2 du triptyque de la grande aventure des Schtroumpfettes. Les trois drôles de dames ne sont pas au bout de leurs peines. Dans un univers mi-humain mi-animalier, leurs aventures se distinguent de celles de leurs homologues masculins, bien qu’elles vont en rencontrer un dans cet épisode. On le sait dès la couverture cinématographique où le Schtroumpf à lunettes trône en gros plan, les mains enchaînées. Comment s’est-il retrouvé dans cette situation ? Le mystère est posé avant même d’ouvrir l’album. Si les marins plutôt pirates vont avoir les oreilles brisées par la voix casserole de Bouton d’Or, c’est le chant des sirènes qui va leur poser problème et va extraire nos amis de leurs griffes. La suite se déroulera sur la fameuse île dont on ne découvrira qu’à la fin pourquoi elle est qualifiée de vagabonde.
Luc Parthoens et Thierry Culliford ont eu l’excellente idée de se lancer dans ce feuilleton qui permet de développer au maximum l’intrigue mêlant avec habileté aventure et humour comme dans la plus pure tradition franco-belge. S’adressant à de jeunes lecteurs, les scénaristes auraient pu tomber aisément dans la facilité. Pourtant, les chausse-trappes dans lesquels ils placent leurs personnages ne trouvent jamais leur issue dans l’évidence. L’histoire des sirènes ne finit pas comme pour Ulysse. La séquence de l’arène a aussi une conclusion imprévue.
Les tintinophiles avertis décèleront dans l’album deux clins d’œil, fortuits ou non, à Tintin. Les Schtroumpfs montent à bord du bateau en s’agrippant à la chaîne de l’ancre comme l’a fait le héros de Hergé dans Le Temple du Soleil. Le prophète annonçant l’apocalypse a la folie de Philippus dans L’étoile mystérieuse. Tout ça prouve que depuis l’âge d’or les lecteurs de ce type de bandes dessinées ont un imaginaire collectif et une culture commune. C’est merveilleux.
On l’a dit la série est l’une des rares mélangeant humains et animaux humanisés. Pourtant, on ne se pose jamais de question. Laurent Cagniat est le dessinateur idéal pour ce mixage, dans lequel on descelle pour la première fois des accents disneyens parfaitement compatibles avec l’univers de Peyo. Les couleurs de Paolo Maddaleni, très en reliefs apportent de la vie et de la crédibilité. C’est intéressant à analyser parce qu’on en est heureux dans cette série parallèle mais on ne voudrait pas que la série mère soit mise en couleurs de cette façon.
Dans quelques mois, on retrouvera Bouton d’Or et ses compagnes de voyage dans « Le pays des pierres schtroumpfantes », et l’on ne serait pas contre le fait que le périple se rallonge.
Série : Les Schtroumpfs et le village des filles
Tome : 6 – L’île vagabonde
Genre : Aventure schtroumpfante
Scénario : Thierry Culliford & Luc Parthoens
Dessins : Laurent Cagniat
D’après : Peyo
Couleurs : Paolo Maddaleni
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808211000
Nombre de pages : 48
Prix : 11,50 €