Deux affaires d’entourloupes
« -Chacun est libre d’adopter les armoiries qu’il veut… à condition toutefois de ne pas usurper celles d’autri !
-Je ne saisis pas…
-C’est très simple… Dans le cas de deux familles vivant chacune à un bout de l’Europe et possédant deux blasons semblables, on peut évoquer le hasard… Dans le cas d’un voisin, il ne peut s’agir d’une coïncidence ! C’est un acte délibéré ! Un délit ! »
XIIIème siècle, Castel d’Aigremont. Landri, moine défroqué féru en héraldique, dîne chez le Seigneur des lieux. Celui-ci se trouve confronté à une problématique. Il serait d’après lui victime d’une usurpation de blason. A deux pas de là, un fâcheux se plaît à exhiber des armoiries en tous points semblables aux siennes. Il demande à son hôte de confondre l’imposteur. Aidé de Mayeul, le jeune peintre orphelin qu’il a pris sous son aile, le héraut va mener une enquête jusqu’aux origines de la création de l’objet du délit.
XXème siècle, hiver 2001, SRPJ de Versailles, antenne d’Evry. Ludovic Armoët, lieutenant de Police venu de La Réunion, a quitté les stups pour la brigade financière. Son chef lui présente Sacha Kassar, dirigeant une importante société, s’estimant victime d’une fraude. Le coupable présumé est identifié. Il va falloir démêler tout un tas de complexes écritures comptables pour le confondre dans un dossier solide qui sera déposé au juge. Monsieur Kassar met à disposition de Ludovic tous les livres de comptes de l’entreprise de composants électroniques qu’il commande. Ces composants permettent de stocker des informations dans la mémoire des ordinateurs. La grande majorité de la production est destinée à la Chine, marché d’avenir. Le suspect est le propre cousin du patron. L’affaire va se trouver beaucoup plus complexe qu’en apparence à résoudre pour Ludovic.
Dans Hérauts, une « simple » affaire de plagiat ou d’usurpation se transforme en histoire de serial-killer satanique. Là où le scénariste Corbeyran est très fort, c’est que son histoire pourrait, à l’habillage près, se passer à n’importe quelle époque. Il choisit le Moyen-Âge pour expliciter tout l’art de l’héraldique, avec fluidité et passion, sans didactisme mais avec précision. A la grande époque de Vécu, dans les années 80, chez Glénat, cette série aurait été un best-seller, c’est certain. Nicolas Bègue est un excellent dessinateur réaliste, au trait à mi-chemin entre ceux de Christian Rossi et de François Dermaut. Les auteurs montrent que l’on peut encore moderniser tout ce qu’il y a de plus classique en bande dessinée. La série mériterait vraiment de sortir du lot.
Flic à la PJ est une série contemporaine basée sur des histoires vraies arrivées au policier Ludovic Armoët. Après l’affaire de stupéfiants de Go Fast, le flic nous entraîne dans une affaire d’arnaque interne dans une entreprise. On a parfois l’impression d’être dans une aventure de Largo Winch, jolies filles et courses-poursuite en moins. On n’est pas dans un thriller d’action mais dans une problématique de mistoufle économique. Corbeyran fluidifie le récit inspiré de faits réels vécus par le policier scénariste principal protagoniste de l’intrigue dont les tenants et aboutissants ne sont pas forcément simples à comprendre pour le profane. Le passé d’Armoët s’intercale dans cette enquête. Il explique pourquoi et comment il a quitté son île de la Réunion natale pour la grisaille de l’Île-de-France. Au dessin, Luca Malisan a assoupli son trait réaliste. Chiara Zeppegno a humanisé ses couleurs. Les conseils semblent avoir été entendues. Les progrès par rapport au tome 1 sont flagrants.
A sept siècles d’écart, Corbeyran poursuit deux séries polars tout aussi inquiétantes qu’immersives.
Série : Hérauts
Tome : 2 – Le griffon
Genre : Histoire
Scénario : Corbeyran
Dessins : Nicolas Bègue
Couleurs : Jean-Paul Fernandez
Éditeur : Delcourt
Collection : Histoire & histoires
ISBN : 9782413029830
Nombre de pages : 56
Prix : 14,95 €
Série : Flic à la PJ
Tome : 2 – Arnaque, crime & TVA
Genre : Polar
Scénario : Corbeyran
D’après un récit de : Ludovic Armoët
Dessins : Luca Malisan
Couleurs : Chiara Zeppegno
Éditeur : Delcourt
Collection : Machination
ISBN : 9782413042532
Nombre de pages : 64
Prix : 15,95 €