« La méthode ne vaut que par l’exécution. »
« -Armand, c’est une catastrophe… Ton frère renonce à sa carrière d’ecclésiastique, il veut devenir moine à la Grande Chartreuse !
-Cela ne m’étonne guère ! Alphonse est bien trop mystique.
-Mais qu’allons-nous devenir ?! Ton père nous a laissé tant de dettes… Sans les revenus de l’évêché de Luçon, ton frère aîné ne peut même plus paraître à la cour ! (…) Il ne reste que toi, mon Armand, à placer… Si seulement tu avais la vocation…
-Eh bien, j’accepte ! Je prendrai sa charge pour le bien de l’Eglise et la gloire de notre nom. »
1602, château de Richelieu, Armand Jean du Plessis s’entraîne à croiser le fer lorsque sa mère entre dans la salle d’escrime. Elle le convainc de remplacer son frère Alphonse destiné à devenir évêque de Luçon. C’est lui, Armand, qui le deviendra à sa place. Six ans plus tard, après ses études, à 23 ans, celui que l’on nomme désormais Monseigneur de Richelieu est de retour à Luçon. Nous sommes à Noël. Il s’installe dans sa nouvelle demeure, spartiate certes, mais propice aux saintes instructions. L’ascension du jeune évêque va être fulgurante. Le père Joseph, alias François du Tremblay, va l’introduire auprès de Marie de Médicis, régente du Royaume de France. Eminence grise de la Reine-mère, il deviendra ministre de Louis XIII et n’aura de cesse de déjouer les complots fomentés par l’entourage plus que toxique du Roi.
On a l’habitude de voir Richelieu personnage de fictions, notamment chez Alexandre Dumas. Il a été maintes fois représenté comme un personnage intransigeant, froid, voire cynique. Le vrai Richelieu, celui qui a éclos d’un cocon nommé Armand Jean du Plessis, Coline Dupuy et Andrea Mutti nous le font enfin découvrir. Férue d’Histoire et spécialiste entre autres du Puy du Fou, la scénariste n’écrit pas une histoire mais une biographie nette et précise. Ce n’est pas le premier personnage historique auquel elle s’attache en bande dessiné puisqu’elle s’est déjà occupée des cas de Madame de Gaulle, Clovis et Jeanne d’Arc, entre autres. S’il y a des pans de la vie de « Son Eminence » connu de tous, on savait moins, par exemple, à quel point le Père Joseph eut un rôle décisif dans sa carrière.
Le dessinateur italien Andrea Mutti respecte la réalité historique avec minutie. L’homme est un stakhanoviste du dessin. La visite à La Rochelle afin d’admirer la toute nouvelle digue empêchant les ennemis d’entrer au port est montrée sur une double planche cinématographique. Pas facile pour lui parfois de trouver place au graphisme dans certaines planches où les dialogues sont prépondérants. Là est d’ailleurs un piège dans lequel n’est pas tombée Coline Dupuy. Elle a évité la facilité des récitatifs pour tout expliquer par la bouche des personnages. Les auteurs nous emmèneront jusqu’à la fin de l’homme en rouge et ses derniers conseils politico-diplomatiques sur son lit de mort.
Richelieu disait : « La méthode ne vaut que par l’exécution. ». Coline Dupuy et Andrea Mutti nous démontrent que l’homme s’appliquait les principes qu’il prodiguait. Plus qu’un biopic, cet album est une immersion dans un XVIIème siècle, l’un des plus riches de la grande Histoire de France, dans lequel les enjeux politiques deviennent de plus en plus déterminants. Vous croyiez tout connaître sur Richelieu ? Vous en saurez encore plus après avoir lu cet album.
One shot : Richelieu
Genre : Biopic
Scénario : Coline Dupuy
Dessins : Andrea Mutti
Couleurs : Christian Lerolle
Éditeur : Plein vent
ISBN : 9782492547553
Nombre de pages : 48
Prix : 15,90 €