Autant en emporte la vie
« -Pourquoi une fille doit-elle être stupide pour trouver un mari ? J’en ai assez de dire que j’ai la tête qui tourne après une valse alors que je pourrais danser pendant deux jours sans être fatiguée. Assez de marcher quand je veux courir…
-Les hommes, ils croient qu’ils veulent des petites filles toutes timides avec rien dans la tête. Un homme, ça lui donne pas envie de se marier s’il pense que la dame est plus maligne que lui.
-Tu ne crois pas que les hommes aimeraient être surpris, une fois mariés, de découvrir que leur femme a du bon sens ? Eh bien, moi, un jour, je ferai et je dirai tout ce que je veux faire et tout ce que je veux dire. Et si les gens ne sont pas contents, je m’en fiche.
-Mais oui, Madame Scarlett. En attendant… »
Avril 1861, Etat de Géorgie. Aujourd’hui, une réception est organisée aux Douze Chênes. Scarlett O’Hara espère pouvoir parler avec Ashley Wilkes dont elle est amoureuse. Mais il paraît qu’Ashley doit épouser Mélanie Hamilton. Scarlett ne peut s’y résoudre. De plus, les cousins ne devraient pas se marier entre eux. Ça affaiblit la lignée. L’homme entendra-t-il sa parole ? C’est que des hommes, il y en a plusieurs qui sont invités. Charles Hamilton, par exemple, qui déclare sa flamme à Scarlett. Et il y a aussi ce Rhett Butler, un bellâtre de Charleston, sûr de lui et à la réputation des plus terribles. Un événement inattendu va venir bouleverser la journée. La guerre est déclarée entre les yankees du Nord et les confédérés esclavagistes du Sud dans lequel vit tout ce petit monde. Les cartes des destins sont rebattues. Autant en emporte le vent…
Le roman éponyme de Margaret Mitchell est adapté pour la première fois en bande dessinée. Mondialement célèbre surtout grâce au film de Victor Fleming, sorti en 1939, seulement trois ans après le livre, Autant en emporte le vent se voit mis en image. La tâche pour Pierre Alary était loin d’être gagnée d’avance tant sont inscrits dans l’imaginaire collectif les visages de Vivien Leigh et de Clark Gable, Leslie Howard et Olivia de Havilland. Considéré comme l’un des meilleurs films de tous les temps, il en est aussi l’un des plus gros succès. Ce triomphe s’avère aussi être un handicap pour quiconque veuille proposer son adaptation. Pierre Alary fait sauter d’emblée tous les verrous.
Après avoir adapté deux romans de Sorj Chalandon, Mon traître et Retour à Killybegs, puis proposé sa version de Zorro, le dessinateur choisit une nouvelle fois un univers déjà défini. Il y a cependant un point commun entre toutes ces histoires et celle dont il est question ici : la guerre interne. Le conflit nord-irlandais, la Californie mexicanisée, et à présent la guerre de Sécession sont trois luttes en cercles fermés. Mais ici, les femmes, et notamment une, ont des rôles cruciaux. Scarlett O’Hara est un personnage incroyablement en avance sur son temps. Elle subit encore les diktats de la société en général et de son père en particulier mais fait tout pour tenter d’inverser le cours de sa vie, pour faire ses choix, même si elle ne le pourra pas toujours. Quand de réels problèmes vont arriver, à cause de la guerre de Sécession, et qu’il faudra prendre des décisions en toute conscience, elle assumera.
Cet album raconte la première partie d’Autant en emporte le vent. Si l’on pense que l’on pourrait s’ennuyer en lisant un récit si connu, là aussi, on fait erreur. Avec son graphisme impeccable, tout autant intimiste quand il le faut que grandiose quand c’est nécessaire, Pierre Alary happe le lecteur dans une narration fluide et sans aucun temps mort, prouvant encore une fois que la bande dessinée est un média à part qui a quelque chose à apporter à toutes les histoires, même les plus célèbres.
Série : Gone with the wind
Tome : 1
Genre : Romance historique
Scénario, Dessins & Couleurs : Pierre Alary
D’après : Margaret Mitchell
Éditeur : Rue de Sèvres
ISBN : 9782810202195
Nombre de pages : 148
Prix : 25 €