Vingt-sept ans pour la vérité
« -C’est ici !… ici, Valentine, que ma vie a basculé, que sont morts tes grands-parents et ton oncle Nicolas ! Le 23 août 1989…
-On y va, papa ?
-Je sais que ce n’est pas le moment le plus drôle des vacances. Et je vous prends la tête avec un accident qui remonte à presque trente ans… Mais je vous rappelle que j’y ai perdu mes parents et mon frère !
-Clo, faut comprendre !… Valentine ne les a pas connus, et moi non plus. Quand elle est née, ils avaient disparu depuis plus de quinze ans… Ils… Ils ne font pas partie de sa vie ! »
2016, en Corse, Clotilde revient sur les lieux de l’accident de voiture dans lequel ont péri ses parents et son frère en 1989. Sa famille Valentine n’est pas franchement émue, son mari non plus. Ils ne les ont pas connus. Pourtant, les vacances de cet été vont se transformer en enquête policière. La famille a des secrets dont la remontée à la surface va faire des dégâts. Vingt-sept après le drame, les langues vont se délier mais ce ne sera pas sans conséquence. Il y aura de nouvelles victimes. Ce lourd tribut permettra-t-il de connaître toute la vérité ?
Michel Bussi est l’un des plus grands auteurs de polars français. Il est aussi l’un des plus lus. Ses romans sont souvent adaptés ou en cours d’adaptation à la télévision et/ou en bande dessinée. L’auteur a une écriture qui se prête à tous ces médias. Ce n’est pas évident pour une littérature de pouvoir se fondre ainsi sous diverses formes. C’est peut-être une particularité du polar par rapport aux autres genres, mais c’est surtout une qualité de Bussi. Voilà pourquoi Le temps est assassin est le sixième de ses romans transposé en BD après Mourir sur Seine, Nymphéas noirs, Gravé dans le sable, Un avion sans elle, On la trouvait plutôt jolie, et prochainement Ne lâche pas ma main. Le temps est assassin est le deuxième publié chez Philéas, éditeur spécialisé dans l’adaptation de romans. C’est Frédéric Brrémaud qui se charge pour la première fois d’un transfert de Bussi en BD.
Au dessin, Nathalie Berr revient à la bande dessinée après sept ans, depuis Les naufragés du métropolitain. Son graphisme réaliste est classique, propre et bien fait. Elle gère ici le passage des époques entre 1989 et 2016 en mettant les scènes du passé comme si elles étaient posées sur des pages arrachées d’un cahier à spirale. Berr dessine la Corse comme si on y était. L’accident d’ouverture est époustouflant. C’est comme si on le vivait au ralenti depuis l’habitacle. Efficace et glaçant. Ceci dit, la dessinatrice reste dans l’émotion et ne joue jamais dans le sensationnalisme. Tout est au service de l’histoire, de l’histoire et de l’histoire. C’est tout ce que l’on demande. Un seul regret : même s’il faut le savoir pour le remarquer, pourquoi n’a-t-elle pas réalisé elle-même la couverture ?
Un thriller finement pensé, écrit et qui malgré les deux époques de narration reste fluide et compréhensible, voilà ce que propose le trio Bussi-Brrémaud-Berr. Le temps est assassin et la corse est envoûtante.
One shot : Le temps est assassin
Genre : Polar
Scénario : Frédéric Brrémaud
Dessins: Nathalie Berr
Couleurs : Raphaël Ollé Cervera, Sylvain Marzo & Alexandre Vardanian
D’après : Michel Bussi
Éditeur : Philéas
ISBN : 9782491467418
Nombre de pages : 112
Prix : 19,90 €