Une maîtresse pas comme les autres
« -Hé hé !
-Je crois que le cours est pas près de commencer les gars.
-Hi hi.
-Hé patate !
-Bouboule !
-Grosse vache !
-T’aurais pas des punaises ? Pour mettre sur sa chaise…
-Qu’elle éclate ! »
Romain, 11 ans, bientôt 12, ne supporte plus que ses camarades de classe se moquent de la maîtresse. Mademoiselle Sophie a toujours été grosse, mais depuis les vacances, en quinze jours, elle a énormément pris. Elle s’essouffle en montant les escaliers et doit subir les lazzis et quolibets des élèves qui se cachent à peine pour se moquer d’elle. Elle est si gentille. Jamais elle ne crie sur quelqu’un qui ne comprend pas. Elle aime tous les élèves. Elle a toujours pris la défense des opprimés. Aujourd’hui, elle a besoin de Romain. Le garçon voudrait bien, tel un super héros, rabattre le caquet des méchants, mais la dure réalité le rappelle à l’ordre. Romain se confie à sa grande sœur. Pourquoi Mademoiselle Sophie s’enferme à clef le midi dans sa classe ? Romain va n’avoir désormais qu’un seul but : découvrir les nuances derrière les apparences. Il veut comprendre qui elle est vraiment et savoir ce qui lui arrive.
La fable du lion et de l’hippopotame, c’est l’histoire d’un petit garçon qui devient adolescent et d’une dame obèse, mal dans sa peau, mal dans son âme, parce que son corps est devenu un fardeau. La fable du lion et de l’hippopotame, c’est l’histoire d’un petit garçon qui met un pied, puis l’autre, dans un monde d’adulte et qui essaye de comprendre comment ça se passe chez eux. La fable du lion et de l’hippopotame, c’est une histoire d’amour, ou plutôt d’amours, avec un « s » : l’amour que l’on croît impossible parce qu’on ne se voit pas comme les autres nous voient, l’amour que l’on voit passer devant soi sans qu’il ne s’arrête et qui se met en place entre deux personnes, mais pas pour soi, l’amour d’un élève pour sa maîtresse envers qui il est si reconnaissant qu’il est hors de question pour lui qu’il la laisse se détruire.
Vincent Zabus est le Ionesco de la bande dessinée. Passionné de théâtre, le scénariste livre une histoire qui n’aurait peut-être pas existé sous cette forme si Rhinocéros n’était pas passé par là. Zabus ne pousse pas l’absurde aussi loin que le maître du genre mais joue comme lui avec ce parallèle entre l’espèce humaine et le monde animal. Romain préfèrerait rester petit à jamais, ce serait rassurant, rassurant et terriblement ennuyeux. C’est impossible. Le lionceau doit laisser sa crinière pousser pour devenir un lion. Rhinocéros était une satire sur la montée des totalitarismes et les dangers du conformisme avec la perte de la pensée individuelle. Les élèves de la classe de Mademoiselle Sophie ressemblent à cette meute qui avance d’un même pas et s’entraîne dans une méchanceté dangereuse car globale.
Après Les ombres et Incroyable !, Hippolyte retrouve son complice Zabus pour un conte merveilleux, qui arrache des larmes, ouvre les cœurs et réchauffe les âmes. Hippolyte ne met que les traits nécessaires à l’émotion dans un graphisme à la Sempé qui aurait rencontré Quentin Blake.
La Fontaine a écrit les plus belles fables. Il en manquait une, celle d’un lion et d’un hippopotame. Zabus et Hippolyte l’ont rédigé et dessiné, avec la même force et la même grâce que leur prédécesseur. Indispensable.
One shot : Mademoiselle Sophie, ou la fable du lion et de l’hippopotame
Genre : Emotion
Scénario : Vincent Zabus
Dessins & Couleurs : Hippolyte
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782205089851
Nombre de pages : 168
Prix : 23 €