Dire les sentiments
« -Je suis une mauvaise amie…
-Elle a pas l’air d’aller fort…
-Puisque je les aime, je devrais peut-être les accepter avec leurs défauts ? »
Dans la forêt des Petits Bâtons, et plus particulièrement dans la clairière aux Trois Mésanges, une petite troupe d’amis a élu domicile dans un vieux tank abandonné recouvert de mousse, un habitat dont personne ne se doute de l’usage d’antan. Cette troupe, on la connaît bien. Il y a Mirko la luciole, Fabienne la renarde, Pépin le lapin, ainsi qu’Armelle la tortue. Au printemps, la maison se recouvre de fleurs. Les quatre compères y vivent en colocation, mais ce n’est pas toujours évident. Entre le tintamarre de l’un, la collectionnite d’un autre et le désordre de la dernière, Armelle a l’impression d’être la seule à se préoccuper du bien-être collectif. Trop fatiguée pour dormir, elle craque.

Mirko, Fabienne et Pépin n’ont rien vu venir. Ils ne comprennent pas pourquoi Armelle a l’air si triste et si sombre. Elle, elle se sent tellement en marge et culpabilise. Le problème vient peut-être d’elle ? C’est en tout cas ce qu’elle se dit, ce dont elle se persuade. Si elle aime ses amis, elle doit se forcer à aimer leurs défauts. Le mal-être de la tortue se transforme peu à peu en colère, puis en crise de larmes dont elle est en train de se noyer dans l’océan. C’est en sortant prendre l’air qu’Armelle va faire une rencontre qui va changer sa façon de voir les choses, et par ricochet sa vie.

Il n’est jamais facile de communiquer avec ceux qui nous sont le plus proche. On ne dit jamais assez aux gens qu’on aime, par peur de les gêner, qu’on les aime. On ne leur dit jamais assez que sans eux, sans elles, on ne serait même pas la moitié de nous-mêmes. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Louis Chedid dans une superbe chanson. Et quand on les aime, ce n’est pas qu’on peut, c’est qu’on doit, tout leur dire. Ce que l’on apprend dans ce livre, c’est qu’il ne faut pas confondre reproches et discussion. Tout est dans l’art d’amener les choses. Armelle, notre petite tortue se construit au fil des albums. Elle apprend à vivre avec son état hypersensible, dépressif, à le dompter. Et les autres apprennent à vivre avec elle. Elle est comme ça, c’est sa nature. Il n’y a pas à en avoir honte.

En quatre albums, Loïc Clément, Julien Arnal et Anne Montel ont montré aux enfants, et aux plus grands, que les problèmes de santé mentale ne sont pas inéluctables. Il ne faut pas se renfermer sur soi-même. Il faut parler. Il faut écouter. C’est difficile. Ça prend du temps. Il faut être patient et avoir en point de mire la lumière au bout du chemin, celle qui est aussi belle que les couleurs aquarelles de Julien Arnal. Si un seul lecteur en prend conscience, grâce à Armelle et Mirko, le pari aura été gagné. Mais il y en a plus d’un qui sera sauvé, c’est certain. Alors, pour tout cela, pour tous cela, comme on ne dit jamais assez aux gens qu’on aime, on ne leur dit jamais assez qu’on les aime, Anne, Loïc, Julien, … je vous aime.
Série : Armelle & Mirko
Tome : 4 – Le cœur en mousse
Genre : Fable poétique
Idée & Histoire originale : Anne Montel
Scénario : Loïc Clément
Dessins & Couleurs : Julien Arnal
Éditeur : Delcourt
Collection : Jeunesse
ISBN : 9782413087809
Nombre de pages : 32
Prix : 16,50 €



