Le chemin de Papa
« -Tels des funambules, évitons la chute et progressons…
-On est des aventuriers ?
-Des équilibristes. En toutes circonstances, nous devons garder notre calme et rester éveillés, vivre ici avec ce qui nous entoure. »
Parmi les hautes herbes et les pierres levées, un groupe de petites filles, telles des lutins, avancent dans la campagne, traçant des sillons au fil de leurs pas, en ligne ou par parquets. Elles atteignent les falaises de bord de mer. Ce sont les Julys. Elles chantent sans ouvrir la bouche des mélodies voluptueuses. Elles traversent les pages et les paysages. Elles ne font qu’un avec la nature. Pas encore là en juin, elles sont déjà reparties en août.
Dans cette même campagne, un homme et son fils se promènent à vélo. Pour ne pas tomber, le secret, c’est de garder l’équilibre. En toutes circonstances, il s’agit de garder son calme et rester éveiller, vivre ici avec ce qui nous entoure.

Papa écrit des livres, non, plutôt, il dessine des livres. En ce moment, le livre sur lequel il travaille parle des Julys, ces sortes de lutins plus semblables à des gamines qu’à des gamins. Le fils ne comprend pas trop. Les Julys sont des génies, mais qui ne sortent pas d’une lampe magique. Pour en savoir plus sur ces anges gardiens, son papa lui propose de franchir une porte en pleine nature. Une July lui propose aussitôt de les suivre, mais le gamin décline l’invitation. Il a un rendez-vous. On le retrouve dans un cabinet. Il est venu parce qu’il a des visions et qu’il pense à des choses. Très vite, la conversation dévie sur les Julys. Il a pu les observer et les entendre parler, partout, dans les livres, les fleurs,… Il les a même vu nager. Il a été témoin d’événements extraordinaires. Suivons-le avec son papa à la rencontre de ces créatures venant de l’obscurité, sans but et sans modèle, sortant du sommeil et des profondeurs de l’océan. Elles semblent connaître le chemin par cœur. Suivons-les tous à la découverte du monde.

Les Julys n’est pas une histoire. Les Julys n’est pas un reportage. Les Julys n’est pas une chronique de vie. Les Julys, c’est une poésie dessinée. Ode à la nature, ode à la solitude (« C’est beaucoup mieux seul. On a pas de problèmes avec les autres, on peut vivre à son rythme… »), ode à la création et à la paternité, Nylso écrit ni plus ni moins qu’une fable sur le sens de la vie. Tantôt en colonne comme les fourmis, tantôt en paquet comme les sardines, les Julys avancent sans but précis. La seule chose qu’elles savent, c’est qu’il faut y aller. Où ? Quand ? Comment ? Ça, elles le découvriront au fur et à mesure de leur avancée, sous les regards du papa et de son fils. Ce papa, est-ce Nylso lui-même ? L’auteur entretient le doute quand une July trouve son carnet à dessins. Quand elle va décider de dessiner dessus, à quel moment sait-on si le livre que l’on tient dans les mains a été réalisé par Nylso ou par une July ?
La paternité, on l’a dit, est l’un des thèmes centraux de l’album. Un enfant grandit. Son papa doit s’y adapter. C’est son fils lui-même qui l’invite à évoluer dans sa relation avec lui. Stromae chantait dans Papaoutai : « Tout le monde sait comment on fait les bébés, personne ne sait comment on fait les papas. ». En lisant Les Julys, il aurait une bonne partie de la réponse à son questionnement.

Dans un graphisme au Rotring, hachuré, qui n’appartient qu’à lui, Nylso représente la nature, les arbres, les herbes, les eaux. Il fond les personnages dans des compositions frisant parfois un impressionnisme noir et blanc. « Papa, quel cadeau pour moi ! Etre dans une de tes histoires ! » Les Julys, c’est la transmission d’un univers d’un père à son fils. Les Julys invitent à voir le monde d’un œil neuf. Les Julys est un livre qui change un papa en Papa avec un P majuscule.
One shot : Les Julys
Genre : Poésie
Scénario & Dessins : Nylso
Éditeur : Misma
Collection : Ciboulette
ISBN : 9782494740099
Nombre de pages : 316
Prix : 24 €