Les armes d’une mère
« -Bon, que tous les chiens des sables se tiennent prêts. Nous sortons dès les premiers signes de faiblesse. Et toi, Mony, avec moi ! Il est temps pour toi de monter sur scène et de nous montrer toute l’étendue de ton talent. Ta fille sera fière de sa mère. Quant à toi, Uskul, tu restes à bord, tu ouvres les yeux et tu nous guides.
-A vos ordres, Sans-peur. »
Sharkis, alias Sans-peur, et sa troupe, dont fait partie Mony, arrivent en vue des gorges d’Azath, en bordure du plateau d’Omassamo, l’un des secteurs les plus dangereux de Tishala, un véritable dédale de pierres sous la chaleur accablante des deux soleils de la planète. Si Mony a mis ses talents de guerrière au service de Sans-peur, c’est afin de gagner l’argent nécessaire qui lui permettra de faire réparer l’U.C.C. Dolores. Les mercenaires s’apprêtent à affronter une tribu Wassaï, encline à défendre son territoire. Aujourd’hui, le désert va avoir le goût du sang, d’autant plus qu’entre les deux clans rivaux, les racines tueuses défendent elles aussi leur fief. Lorsque Mony va comprendre qu’elle a en réalité été embauchée afin d’abattre Neka, la Wazili, une enfant Wassaï, son cœur de mère va se rebeller et tout va dégénérer entre celle que l’on appelle dorénavant Mony Main-Rouge et Sharkis, le colosse au double visage.
Méfiez-vous de Sharkis Sans-peur. Il entre de plain-pied dans la short-list des « méchants » emblématiques de la fiction. Luke Skywalker a son Dark Vador, Thorgal a sa Kriss de Valnor, Alix a son Arbacès, quel que soit le genre, on reconnaît un héros à la qualité de son adversaire. Désormais, on peut ajouter le duo Mony/Sharkis à la liste. Avec son double visage tel Minos dans Goldorak (je sais je l’ai déjà référencé dans la chronique précédente mais c’est pour les nouveaux abonnés), le butor Sans-peur ne fait pas dans les sentiments. Le gaillard est increvable. Mony, elle, est de la trempe de Ripley (Sigourney Weaver dans Alien). Prête à se mettre en danger, jamais elle n’abandonnera un combat et restera toujours fidèle à ses convictions. Elle est la femme qui apporte de l’humanité dans cet « Avatar » de brutes.
Lise et Didier Tarquin développent l’univers de l’unité cosmo corsaire Dolores qui devient une référence dans le domaine du Space-Opera. A la fois bourrin et féministe, le récit met en avant la force et le rôle d’une mère, Mony, dont la condition va guider les décisions. Les Sans-visages d’Estellos, les écorcheurs de Passorio, les mercenaires de Centauri et les Slougys de Bastanar sont autant de races secondaires qui donnent une dimension à plusieurs strates. Ce sixième épisode est scindé en deux parties distinctes. Les arides gorges d’Azath font place à la verdoyante mais tout aussi sauvage forêt d’Omassamo. Le dessin est tout aussi dynamique et efficace que le scénario. Les Tarquin nous font tout autant profiter de paysages grandioses que de gros plans qui traduisent tous les sentiments des personnages en donnant de la crédibilité et de la vie.
Saga addictive, U.C.C. Dolores démontre la capacité de la bande dessinée d’aventure fantastique à se renouveler. Inventif, frais et punchy. La suite est promise pour (déjà) la fin de l’année.
Série : U.C.C. Dolores
Tome : 6 – Les yeux du Sans-peur
Genre : Space-Opera
Scénario, Dessins & Couleurs : Didier Tarquin & Lyse Tarquin
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344065921
Nombre de pages : 64
Prix : 15,95 €