No drugs, no rock
« -Safir, ma fille, pourquoi es-tu ici ?… J’ai besoin d’être seul ! Où est ton frère ?
-Il a encore fait une crise ce matin. Quand est-ce qu’il pourra retourner en ville ?
-Tu sais bien que c’est impossible… Attends, ne pars pas… Tu… Tu te souviens ? On était bien, non ? Tout change trop vite. Tout est devenu si laid et monstrueux…
-C’est toi, papa, qui est devenu un monstre… »
Qui se souvient du monde d’avant ? Dans une mégalopolis du futur où tout n’est que métal et béton, la population ne voit d’échappatoire que dans la consommation du blast, une drogue musicale de synthèse très puissante. La mafia fait la loi dans cette ville où tout le monde se sent prisonnier. Parmi les habitants, Safir, une jeune femme, s’occupe de son frère Pauli, adulte resté dans l’enfance. Leur père est l’un des magnats de la cité. Dans son fauteuil roulant, Icare Mc Donald, l’homme obèse, est relié à la vie par une armada de tuyaux métalliques. C’est le maire de Mégalopolyon. Il convoque une réunion de crise exceptionnelle car le blast de contrebande est devenu le modèle économique dominant, moins cher et extrêmement puissant. Cet ersatz n’aurait jamais dû pouvoir entrer sur le marché.
Dans ce monde, la littérature a depuis longtemps disparu, sauf chez certains néo-gauchistes. Or, toute détention d’ouvrage manuscrit ou typographié est punie de la peine maximale. « Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront jamais le printemps. », crie le vieux Saul Martin avant que les forces de l’ordre ne lui injectent une dose mortelle. La musique est aussi interdite. Alors, quand Safir chante, c’est sur une scène clandestine dans les bas-fonds de la ville, sur la scène du Mezcal. Accoudée au bar, une jolie brune au bras de métal la regarde. Quand Pauli va disparaître, Safir va demander à son père l’accès officiel aux niveaux interdits. Enlevé ? Disparu ? Va-t-elle le retrouver avant qu’il ne soit trop tard ? Et puis, il y a cet homme, musicien en costard cravate, qui vient d’arriver en ville. Qui est-il vraiment ?
Après les one shot Mezcal et Convoi, le duo Kevan Stevens et Jef est de retour pour une trilogie futuriste faisant passer une histoire comme Le cinquième élément au niveau d’un conte pour les tout-petits. Sexe, drogue et rock n’roll : si dans les années 70, c’était les trois mamelles de la liberté, dans cette anticipation, ça fait partie des interdits, au moins la drogue, quand elle n’est pas dealée par des autorités pas très catholiques, et la musique, parce que, comme la littérature, elle est considérée comme un élément terroriste massif. Le graphisme de Jef se rapproche d’un réalisme plus pur que ce qu’il faisait. Il précise en préface qu’aucune intelligence artificielle n’a été utilisée. C’est tout à son honneur mais c’est malheureux d’avoir à le préciser.
Paru chez Soleil, La mécanique est une série très Humanos-compatible. Alors, que tous les aficionados de Métal Hurlant se jettent sur cette série qui ne pourra pas les décevoir.
Série : La mécanique
Tome : 1 – En moi le chaos
Genre : Anticipation
Scénario : Kevan Stevens
Dialogues : Kevan Stevens & Jef
Dessins & couleurs : Jef
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302098831
Nombre de pages : 84
Prix : 17,50 €