Débarquement manga
« -Le boujou, mon julot ! Déjà en pause ?
-Jamais ! Je goûte la marchandise ! Des fois que le ver soit dans le fruit…
-Je vais t’accompagner. On ne sait jamais, deux avis valent mieux qu’un.
-Ne te gêne pas, Dédé, la bouteille est à peine ouverte. Les boches sont nerveux en ce moment… Il se prépare quelque chose, c’est certain…
-Je ne te le fais pas dire… Et peut-être plus rapidement qu’on ne le pense !
-Toi, t’en dit trop ou pas assez ? »
Juin 1944. L’opération Overlord, nom de code du débarquement en Normandie, est en passe d’être réalisée. Après près de cinq ans d’occupation allemande, l’espoir pointe enfin son nez pour les français, prisonniers corps et âmes du joug nazi. Dès septembre 1941 pourtant, les premiers préparatifs de contre-offensive alliés avaient lieu, jusqu’à la récolte de sable normand pour analyser sa consistance. En 1942, un raid est tenté en Normandie pour tester la défense ennemie. Un échec retentissant, qui sera suivi d’un autre quelques mois plus tard. Début 44, c’est la supercherie Fortitude qui va semer le trouble et le doute chez les allemands. Pendant ce temps, dans le Calvados, la famille Lebreton attend l’arrivée d’un été incertain. Les enfants profitent d’un printemps insouciant. Leur mère Mireille gère le quotidien pendant que Jules, le papa, s’occupe de l’affaire familiale.
Dimanche 4 juin, à Escoville, le facteur s’arrête au bistro municipal pour boire un verre avec Jules Lebreton. Les boches semblent nerveux. Un peu plus d’un jour plus tard, dans la nuit du 5 au 6 juin, l’opération Deadstick est la première étape de la croisade pour la libération. A Escoville, au même moment, Jules apprend à sa petite famille que les libérateurs arrivent. Il faut se réfugier au fond du jardin. A Sainte-Mère-Eglise et alentours, les parachutistes américains tombent du ciel. Cibles mouvantes, certains ne toucheront pas terre vivants. D’autres affronteront les soldats nazis dans les premiers corps à corps. Le lendemain, Jules aiguille les sauveurs vers les caches des allemands. Nous sommes le 6 juin 1944, pour tous, alliés comme ennemis, soldats comme civils, ça va être le jour le plus long.
Les situations évoquées dans ce manga sont toutes inspirées de faits réels. Entre Caen et la mer, la famille Lebreton est le témoin des événements. Jules est le propriétaire du café-épicerie du village d’Escoville. Marié et père de sept enfants, il va faire partie de ces héros ordinaires qui auront contribué, parfois par de simples indications aux américains, au succès du débarquement allié. La famille a échappé de peu au bombardement de leur maison. C’est notamment grâce au témoignage de Michel Payen, dix ans au moment des faits, que Wallace a pu scénariser ce manga. La seconde guerre mondiale est un thème rarement traité sous ce format. Sous les crayons de Tonda, ça fonctionne sans problème. On est au cœur de l’événement. On retrouve le format et les codes graphiques dynamiques du medium, tout en gardant un certain découpage franco-belge. Vu par le prisme d’une famille, ce manga a tout pour être le premier volume d’une série qui permettrait de vivre le conflit en immersion, avec les acteurs involontaires d’un drame international. Le D-Day est un jour tellement important qu’on pourrait très bien imaginer l’aborder par les yeux d’autres témoins innocents.
Installées en Normandie, avec D-day stories, les éditions Orep osent aborder la seconde guerre mondiale dans une forme et dans un fond inhabituels : le manga. L’Histoire et l’émotion sont au rendez-vous.
One shot : D-Day stories
Genre : Histoire
Scénario : Wallace
Dessins : Tonda
Éditeur : Orep
ISBN : 9782815107990
Nombre de pages : 136
Prix : 8,90 €