Les 60 ans de la petite argentine de Quino
« -Alors, quoi de neuf ?
Ben, ça va toujours aussi mal. Tousles jours, des enfants meurent sous les bombes… Et je ne te parle pas de mes problèmes d’aérophagie dus aux gaz à effet de serre…
-Je t’assure que tout va s’arranger !
-Mouais, j’y crois plus trop ! »
Mafalda psychanalyse le monde. Ça fait soixante ans que Mafalda psychanalyse le monde. Pour cet anniversaire, ce n’est pourtant pas sous les crayons de Quino qu’elle le fait, mais sous celui d’un collectif d’autrices à l’occasion de la parution d’un album événement. Figure de la bande dessinée argentine entre 1964 et 1973, la fillette observe le monde du haut de son jeune âge. D’une nature plutôt pessimiste, elle oppose ses analyses critiques au capitalisme, porté par son camarade Manolito, ou encore, entre autres, à la soumission masculine vécue par Susanita. Il y a aussi Felipe, le voisin rêveur et angoissé, Miguelito, anarchiste mussolinien, et Guille, le petit frère, sans oublier les parents de Mafalda, argentins de classe moyenne.
Après la couverture signée Pénélope Bagieu et une préface de Lucia Sanchez, réalisatrice du documentaire Mafalda, reviens !, c’est Florence Dupré La Tour qui ouvre le bal. L’autrice se met en abime aux côtés de la gamine. Elle lui apprend que l’Argentine, ce n’est toujours pas le paradis, mais que le monde a connu bien des avancées quand même. Maëlle Reat lui parle de l’époque d’aujourd’hui. Si les technologies ont évolué, pour le reste,… Vero Cazot et Maud Begon projettent Mafalda en 2024, mettant en avant l’avancée de la condition féminine dans la société. Agathe de Lastic et Soledad Bravi démontrent que les grandes personnes ont encore bien des leçons à recevoir et qu’ils ne s’emparent pas des soi-disant progrès comme il faudrait.
Marie Bardiaux-Vaïente et Gally envoient Mafalda régler les problèmes de ses camarades dans la rue. Elle va se rendre compte que le règlement des conflits est loin d’être chose aisée. Elle voudrait plus de justice. Ça fait partie de ses grandes espérances, comme le démontre aussi Anne Simon. Elle attend encore des évolutions de la société. Seront-elles suffisantes pour guérir le monde ? Emilie Gleason imagine un univers avec Mafalda et ses amis, sans adulte. Ils ont disparu. Cela signifie-t-il que la Terre est sauvée ? Le retour à la réalité risque d’être violent. Aude Picault dessine une Mafalda adulte dans le monde d’aujourd’hui. Alors, est-elle devenue une vieille aigrie ou a-t-elle gardé son recul sur la société ? Florence Cestac conclue l’ouvrage avec deux illustrations.
Quino nous a quittés en 2020. Mafalda lui a survécu. Ceci n’est pas une reprise mais bel et bien un hommage à ce personnage mythique dont certaines réflexions n’ont malheureusement pas pris une ride. Les autrices de cet album démontrent avec subtilité et réalisme que Mafalda pourrait poursuivre ses constations aujourd’hui sans dénoter.
One shot : Mafalda, mon héroïne
Genre : Humour politique
Scénario, Dessins & Couleurs : Florence Cestac, Maëlle Reat, Emilie Gleason, Anne Simon, Aude Picault, Maud Begon, Vero Cazot, Soledad Bravi, Agathe de Lastic, Gally, Marie Bardiaux-Vaïente, Florence Dupré La Tour, Pénélope Bagieu, Lucia Sanchez
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344064580
Nombre de pages : 96
Prix : 17,50 €