Le business de l’or vert
« -Ma femme m’aide au magasin tout en ayant un emploi à temps partiel. Et elle s’occupe tous les jours de la maison. Mais ça fait plus d’un an que je n’ai même pas pu lui payer un nouveau vêtement. Et ma fille qui est en première année n’a même pas de smartphone. J’imagine qu’elle doit être frustrée de ne pas pouvoir être à la mode comme ses copines. Je suis en train de leur imposer une vie de frustrations et de privations. (…) Je voudrais tellement pouvoir faire quelque chose pour ma famille… !! »
L’université Sairyô organise une réunion des anciens élèves. Morio Chitô, 41 ans, fleuriste dans une rue commerçante peu fréquentée d’une ville de banlieue de Tokyo s’y rend. Il y retrouve Kagayama qui travaille aujourd’hui dans l’alimentation et l’épicerie fine. Tous deux sont dépités de l’état d’esprit prétentieux de leurs camarades d’études. Ils finissent la soirée, en after, chez Kagayama. Morio se plaint de ses revenus et du piètre train de vie qu’il impose à sa femme et à sa fille. Son ancien collègue de fac lui propose de l’aider dans son boulot. L’homme est en fait trafiquant de cannabis. Il propose à Morio, qui a la main verte, de faire pousser les plans. Lui se chargera de la vente. Ils se partageront les bénéfices. Dans un premier temps, Morio refuse, mais un événement dans sa vie va le contraindre à changer d’avis. Le voici un doigt dans l’engrenage. Pourra-t-il un jour en sortir ?
Cet événement, c’est un accident de circulation de sa femme. Elle se retrouve à l’hôpital. Au final, à part une fracture de la clavicule ne nécessitant pas d’opération, plus de peur que de mal, mais la voiture est détruite. Les livraisons ne pourront plus être assurées. Va-t-il falloir mettre la clef sous la porte ? Morio ne veut pas des économies que lui offre sa fille Saki. Quand bien même, elles n’y suffiraient pas. La jeune fille propose même d’arrêter le lycée pour l’aider au magasin. Hors de question. Morio se tourne alors vers Kagayama. Il s’assure que ça ne craint pas et que le boulot rapporte, puis accepte le marché. Morio Chitô devient ce jour cultivateur de cannabis dans un appartement secret, au profit d’une organisation de dealers.
La culture et la consommation du cannabis sont interdites par la loi. Et c’est tant mieux. Les jeunes, et les moins jeunes, étant attirés par la bravade des interdits, si celui-ci était légalisé, ce serait la porte ouverte vers la consommation de drogues encore plus dures. Pansement sur une jambe de bois, si la fumette soulage les esprits par des moments d’évasion, c’est loin d’être une panacée. Et quand au XXIème siècle, on nous parle de cannabis thérapeutique, n’est-ce pas un moyen d’écouler les stocks et d’en profiter pour organiser des cultures en ce sens ? Bon moyen de détourner la loi. Dans ce premier volume de Tokyo cannabis, pas de CBD à l’horizon, mais de « simples » pétards. La couverture montre la famille Chitô dans leur boutique. Morio tient une feuille illicite en mains, mais sa femme et sa fille ont les yeux cachés. Elles ignorent tout du trafic parce que Morio veut les protéger. Tout un symbole.
Yûto Inai signe un thriller tendu et inattendu. Il ne prône en aucun cas le cannabis et met en garde contre ses dangers. Si on risque de devenir addictif, ce n’est pas à la plante, mais à la série. A la manière de My home hero, un premier tome exemplaire, d’une efficacité remarquable.
Série : Tokyo Cannabis
Tome : 1
Genre : Shonen
Scénario & Dessins : Yûto Inai
Éditeur : Kana
ISBN : 9782505122135
Nombre de pages : 160
Prix : 7,70 €