Uppercut sur pandémie
« -La soirée n’est pas terminée mes amis ! Qui sera assez courageux ou assez fou pour être le prochain adversaire de notre champion ? Je vous rappelle qu’il y a toujours 10.000 crédits en jeu !
-Y a vraiment que des mauviettes ici ! Ha ha ha !
-Alors, messieurs, personne pour relever le défi ? Est-ce que nous en resterons là ce soir ?
-Moi. Je relève le défi. »
A l’origine, la ville de Bajara n’était qu’un petit port de pêche en marge des grandes zones industrielles. Après la scission en deux du pays, son emplacement isolé en zone neutre est devenu un atout majeur. La cité s’est développée et est devenue une zone passerelle de commerce et d’échanges. L’une des activités devenues très populaire à Bajara est les compétitions de combats libres. L’arène de Bajara, la cage, permet à n’importe qui d’y entrer pour affronter un combattant afin de remporter une belle prime. Aujourd’hui, Hammer est dans l’octogone. Quel challenger relèvera le gant ? C’est une jeune femme. Elle s’appelle Beck. Elle a dix-huit ans, enfin, elle croit…
Dans un monde futuriste, Beck est orpheline. Ses parents sont morts pendant une grande pandémie alors qu’elle n’avait que deux ans. Un certain Kal s’est occupé d’elle. Isolés sur une île, il lui a appris à lire, à cultiver le sol, à filtrer l’eau de la pluie, à pêcher, bref, à savoir faire tout ce qu’il fallait pour survivre en autonomie. Il lui a appris les arts martiaux, renforçant son corps et son mental. Il s’absentait deux ou trois fois par an et revenait en général au bout de deux jours avec des nouveaux livres, racontant le monde réel. Jusqu’à la fois où il n’est jamais revenu. Depuis, elle le recherche obstinément, gagnant sa pitance en remportant des combats d’arts martiaux.
Après le succès Harmony, Mathieu Reynès est de retour dans un format manga ou presque. La théorie du K.O. est un titre jeu de mots entre le Knock-out du combat sportif et le C.H.A.O.S, acronyme d’un groupe d’activistes dénonçant un immense scandale pharmaceutique et politique. Cette théorie n’est pas qu’un manga de sport. C’est un thriller politico-financier post-Covid. L’histoire commence par l’enlèvement du professeur Edson Drake, généticien de renommée internationale et directeur de recherche chez Sigmacorp. Par l’intermédiaire de ses personnages, l’auteur pose la question de l’origine de certains virus que les majors aident à soigner si efficacement. L’argent engendré par le marché des traitements anti-virus représente des sommes astronomiques. Y aurait-il une théorie, non pas du K.O. ou chaos, mais du complot ?
Un site dédié accompagne l’univers créé par Mathieu Reynès. Sur https://www.theorieduko.com, on peut lire chaque chapitre pour un euro, en lecture en ligne ou en pdf. La rubrique shop propose illustrations et goodies, ainsi qu’un lien vers un site de vêtements éco-responsables floqués aux designs de la série.
La théorie du K.O. est un uppercut. Reynès ne laisse aucun temps mort, mêlant la petite histoire de Beck avec la grande histoire d’un scandale mondial. Nul doute que les deux vont être reliées. En noir et blanc et dans un format à peine plus grand qu’un manga ordinaire, on se demande pourquoi le sens de lecture est à l’européenne. Il va falloir que les libraires sachent le vendre pour rallier plusieurs types de publics et qu’il n’y ait pas de problème de cible. A ce moment-là, quitte à avoir le cul entre deux chaises, le modèle Comics aurait peut-être été le plus approprié. Il n’en reste pas moins que le récit est haletant, un vrai page-turner comme il n’y en a pas tant que ça. Reynès n’aurait-il pas inventé ni plus ni moins qu’un nouveau format ?
Série : La théorie du K.O.
Tome : 1 – Bienvenue à Bajara
Genre : Thriller
Scénario & Dessins : Mathieu Reynès
Éditeur : Vega Dupuis
ISBN : 9782379503375
Nombre de pages : 200
Prix : 12,50 €