Les jeunes années de l’homme au Mauser
« -Yaaaahr !… Place !…
-Harding, pourquoi cette agitation ?
-Aucune idée, Miss… Mais, à mon avis, ça doit chauffer quelque part hors de la ville… J’ai jamais vu notre shérif rassembler ses adjoints aussi vite… »
Texas 1882, le Far West est gangréné par une guerre intestine entre les éleveurs du coin. La famille Belvins a bien l’intention de donner une bonne leçon à ces foutus métis, ces pouilleux qui s’imaginent pouvoir rivaliser avec eux, installés depuis des années. Les moutons des indiens-irlandais mangent l’herbe destinée au bétail des Belvins. Si on ajoute que les pâturages sont dévastés par la sécheresse, la coupe est pleine. Belvins veut par ailleurs venger la mort de leur frère Samuel. L’expédition punitive est lancée. Quant aux hommes de Warren, ils se rangeront certainement de leur côté, face aux métis. Embauché chez Warren, Durango, témoin du triple meurtre perpétré dans la nature, sait que le coupable ne fait pas partie des cibles désignées. Escortant Miss Warren en ville, il va fortuitement retrouver sa trace. Quelqu’un sèmerait-il la zizanie ? La guerre, on peut savoir comment la mener. Le plus ardu est de la gagner une bonne fois pour toutes.
Paru en 1981, le premier album de la série Durango a fait son petit effet dans le monde du western BD. Il était déjà question de concurrence entre éleveurs et d’une bande de tueurs. C’était Les chiens meurent en hiver, une histoire qui n’est pas sans rappeler celle de ce spin-off consacré à la jeunesse du héros. Yves Swolfs, scénariste et dessinateur, signera seul les treize premiers tomes, avant de céder le crayon à Thierry Girod, puis à Iko. C’est du western d’action, plus à la Bronson qu’à la Eastwood. C’est efficace, ça claque, c’est sans pitié. Cette jeunesse est annoncée comme une trilogie. On y retrouve les poncifs de la série, dans son élégante maquette cinématographique noire. On est au bon vieux temps de La dernière séance.
Au dessin, Roman Surzhenko se glisse dans les chaussons d’Yves Swolfs. Le trait est jeté, moins fin que dans La jeunesse de Thorgal. Surzhenko est donc l’homme des « jeunesses ». Il répond au cahier des charges on ne peut mieux. Mais il faut avouer qu’il n’a pas de bol. Tout comme Rosinski signe les couvertures de ses Thorgal, Swolfs signe celles de ses Durango, pour une prétendue unité graphique. Surzhenko mériterait plus de reconnaissance à ce niveau-là. Qu’on lui laisse donc le boulot jusqu’au bout. Concernant les couleurs, Jackie de Gennaro reste dans un classique sablonneux le jour pour partir dans d’efficaces et originaux tons bleu-mauve pour les nuits.
On le lit depuis 42 ans et pourtant il n’a jamais été aussi jeune. La jeunesse de Durango, pardon : Durango la jeunesse, est un western dans la plus pure tradition du genre.
Série : Durango, la jeunesse
Tome : 2 – De feu et de sang
Genre : Western
Scénario : Yves Swolfs
Dessins : Roman Surzhenko
Couleurs : Jackie de Gennaro
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302095861
Nombre de pages : 48
Prix : 12 €