Des souris et des hommes… et des pigeons
« -Bienvenue chez les parias ! Bannis, déserteurs, utopistes, ennemis du pouvoir… Ils sont tous là !
-Impressionnant !
-Il y a surtout des grecs. Xanthos fait régulièrement le ménage dans son peuple. Mais aussi d’autres souris venues de clans divers.
-Et vous arrivez à vivre en paix ensemble… C’est magnifique !
-Ne crois pas ça ! Ici aussi, il y a des conflits. La nourriture est rare et nous luttons contre les rats. La vie loin des clans n’est pas un paradis ! »
On savait que des souris égyptiennes peuplaient les bas-fonds du Louvre. Ce que l’on ignorait, c’est que les tunnels secrets du métro abritaient les parias de la même race. Les bannis, les déserteurs, les utopistes et les ennemis du pouvoir sont reclus dans cet endroit pas franchement confortable. Parmi eux, il y a Antoinette, la doyenne, la première à être bannie par Xanthos. Phémis veille sur elle. C’est cette dernière qu’est venue rencontrer Isis. La fille du vizir vient l’informer qu’Esope court un grave danger. Xanthos contrôle les pigeons et veut conquérir tout le Musée du Louvre. De leur côté, Milo et ses amis arrivent au Musée pour contrecarrer ses plans.
Clap de fin pour Les souris du Louvre après cinq albums, certes courts, mais qui au total font une grande histoire de près de cent-cinquante planches. Comme dans Les carnets de Cerise, la magie Joris Chamblain a opéré à fond. Le scénariste non seulement sait créer des intrigues minutieusement construites mais trouve les mots justes pour parler aux enfants. Il connaît leurs préoccupations et ne les prend pas pour des benêts. Par le biais des rongeurs, cette aventure les invite à s’intéresser d’une part au Musée et à ses trésors, d’autre part à l’Antiquité égyptienne. Aidée par les couleurs de Drac, la dessinatrice Sandrine Goalec aura réussi à mêler l’univers fantastique au fantastique univers qu’est Le Louvre. Elle a mis l’art à portée des enfants. C’est peut-être ça l’enfance de l’art.
Comme dans chaque album, Fabrice Douar, directeur des expositions et des éditions, signe l’addendum clôturant l’album, et en l’occurrence ici la série. Il y est question des regalia. Mais qu’est-ce donc ? Ce sont des ornements royaux, symboles utilisés par les dynasties régnantes. Ils permettent au Roi d’être identifié comme tel. Ils témoignent de sa puissance et justifient sa légitimité. La plupart de ces objets ont été détruits pendant la Révolution française. Certains d’entre eux ont été reconstitués, d’autres, moins anciens, ont pu être conservés. Certains se trouvent à la basilique de Saint-Denis, d’autres sont au musée du Louvre.
L’un des talents supplémentaires de Joris Chamblain est de savoir écrire le mot fin. Il sait arrêter les séries quand il le faut, avant de lasser, avant de tourner en rond. C’est peut-être ce qui en fait des séries remarquables et remarquées. Il l’a fait avec Les carnets de Cerise, il le reproduit avec Les souris du Louvre. Vous n’irez plus jamais au Musée sans penser à ces rongeurs.
Série : Les souris du Louvre
Tome : 5 – La plume et l’épée
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Joris Chamblain
Dessins : Sandrine Goalec
Couleurs : Drac
Éditeur : Delcourt – Louvre éditions
ISBN : 9782413080206
Nombre de pages : 32
Prix : 11,50 €