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Boulevard BD

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Avenue des CHRONIQUES

  • Spirou et Fantasio – Seltzmann
    par Laurent Lafourcade

    L’alchimie d’un héros

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    « -Il sera unique en son genre. Et maintenant… Vas-y petit… Nos lecteurs attendent tes aventures…

    -Spirou ! Pour vous servir ! »

                    Un dessinateur asperge son œuvre qui prend vie. Spirou en jaillit et démarre sa carrière de groom. Rêve ou réalité ? Aujourd’hui, il se réveille au château de Champignac. Il vient encore une fois de rêver cette scène. Fantasio est dans le lit à côté. Ils ont promis au Comte de Champignac qu’ils auraient nettoyé le château avant son retour du congrès de mycologie auquel il s’est rendu. Il y a encore du boulot. Il reste les rosiers à tailler, les volets à repeindre et la bibliothèque à dépoussiérer. C’est dans ce lieu, pendant que Spirou récupère de sa nuit agitée, que Fantasio va trouver un livre qu’il va tenter de détruire. Spirou l’en empêche in extremis. Fantasio lui fait alors un aveu. Pour cela, il lui raconte leur première rencontre.

    © 2025 Manapany
    Spirou, Fantasio & Spip appartiennent à Dupuis

    Tout le monde connaît la scène. C’est une scène en couverture du premier numéro du journal Spirou en 1938. Rob-Vel arrose le dessin de son groom qui prend vie. Ainsi naquit Spirou, avant qu’il n’entame sa carrière au Moustic Hôtel. Le garçon n’aurait donc pas été génétiquement conçu ? On peut en douter. Et dans cette histoire, Spirou lui-même va aussi s’en douter, et plus qu’en douter, puisqu’il va en avoir la preuve. Changer le plomb en or, c’est le secret de la pierre philosophale, mais ce n’est pas le but ultime de l’alchimie. Non, l’objectif suprême est de créer un être humain, avec la méthode baptisée « homonculus à eau-de-vie » ou Seltzmann. C’est ce qui est raconté dans le grimoire trouvé par Fantasio dans la bibliothèque du Comte. Y en aurait-il eu un exemplaire jadis dans l’atelier de Rob-Vel ? Et pourquoi, en cette période d’Occupation, tout a failli très mal finir avant que sa carrière ne commence pour Spirou ?

    © 2025 Manapany
    Spirou, Fantasio & Spip appartiennent à Dupuis

    Manapany est une mangaka indépendante. C’est dans une convention manga que j’ai déniché ce petit manga auto-édité. De ¾ dos, Spirou dégouline de rouge. La quatrième de couverture intrigue : « Hé, petit ! Tu saignes ! Non, c’est… c’est… de l’aquarelle. » L’intérieur est en noir et blanc. Quel est donc cet ovni ? Seltzmann est tout simplement le plus bel hommage qui n’a jamais été fait à Spirou. La lecture ne trompe pas. Manapany connaît très bien le personnage et son histoire, rebondissant sur ses origines. Elle met Spirou en abime, l’abime même, le psychanalyse, lui fait prendre conscience de sa condition réelle. Seltzmann est plus qu’une histoire de Spirou, c’est une prise de conscience de la différence, c’est une invitation à la tolérance, un récit qui donne envie de se connaître et de s’assumer.

    © 2025 Manapany
    Spirou, Fantasio & Spip appartiennent à Dupuis

    Seltzmann, Fan Manga signé Manapany, est un petit bijou. Le livre n’est disponible qu’auprès de l’autrice. N’hésitez pas à la contacter sur son compte Instagram. Après Seltzmann, vous ne lirez plus jamais les aventures de Spirou comme avant. Dupuis devrait s’en emparer. Indispensable.


    One shot : Spirou et Fantasio – Seltzmann

    Genre : Hommage

    Scénario & Dessins : Manapany

    Éditeur : Fanzine autoédité

    Nombre de pages : 68

    Prix : 20 €


  • Kujô l’implacable 11
    par Laurent Lafourcade

    Fin de partie et scandale médical

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    « -Qu’est-ce qui t’a poussé à me vendre, Mibu ? Tu t’es servi de moi pour négocier ta peine ?

    -C’était pour vous protéger. Je vous ai libéré de l’emprise de Kyôgoku avant que vous ne soyez sacrifié comme un simple pion. »

    Explication sérieuse entre Mibu et Kujô. Ce dernier, qui vient de sortir de prison cherche à comprendre comment son « camarade » l’y avait conduit. L’ennemi juré, Kyôgoku, croupi encore derrière les barreaux, abandonné par les siens. Le clan Fushimi l’a tout bonnement exclu, définitivement, pour mettre à sa place Uji. Son truc, ce sont les Dex, une plateforme d’échange décentralisée pour les cryptomonnaies. Derrière une société écran, des hackers travaillent pour lui. Il espère récupérer les hommes de Mibu, dont la tête est mise à prix et qui a intérêt à se faire discret.

    © 2025 Shohei MANABE All rights reserved
    © KANA 2025

    Un chapitre émouvant à l’occasion de l’anniversaire du décès de la mère de Kujô fait office de pivot dans la série, avant de repartir sur une toute autre affaire. L’avocat revient sur les relations difficiles avec son père. Il en profite pour faire le point sur sa vie et se rend compte, depuis son incarcération, de l’importance du métier qu’il exerce. Il a encore plus envie de s’y adonner corps et âme.

    L’affaire suivante plonge au cœur du milieu hospitalier nippon. Le directeur de l’hôpital général Shirasu démissionne au profit de son fils. L’établissement est accusé d’avoir détourné des aides de l’Etat après s’être engagé à soigner des patients atteints du coronavirus, tout en refusant leur prise en charge. C’est l’affaire des « patients fantômes ». Deux milliards de yens envolés. Et ce n’est pas le seul scandale dans lequel est empêtré le chef démissionnaire. On est chez Manabe. Il va donc y avoir du glauque. Qui donc va se pencher sur le dossier ? On vous laisse deviner.

    © 2025 Shohei MANABE All rights reserved
    © KANA 2025

    Si les aventures de Kujô l’implacable étaient jusqu’à présent uniquement disons judiciaires, avec Le prix de la vie, elles prennent un virage politique. Le mangaka Shôhei Manabe s’engage, dénonce et accable un système en déliquescence, celui de la gestion hospitalière. On pénètre au cœur d’une procédure spécifique au Japon où, épaulé par un avocat, des excuses publiques peuvent éviter un procès. Mais les intérêts des uns et des autres pèsent lourds dans la balance, notamment au sein même de la famille Shirasu. Une bataille d’avocats s’annonce. Manabe prépare une joute oratoire qui devrait se dérouler dans le prochain volume.

    © 2025 Shohei MANABE All rights reserved
    © KANA 2025

    Sur la jaquette, Manabe synthétise l’époque : « Les smartphones, qui servent à dire n’importe quoi au reste du monde, sont salis par les traces de gras des chips bon marché. » Qui a le pouvoir dans la société aujourd’hui ? Les politiques ? Les truands ? La justice ? La rue ? Cette préoccupation est en fait la toile de fond de cette série : Kujô l’implacable.


    Série : Kujô l’implacable

    Tome : 11

    Genre : Thriller/Polar

    Scénario & Dessins : Shôhei Manabe

    Éditeur : Kana

    Collection : Big Kana

    ISBN : 9782505133216

    Nombre de pages : 192

    Prix : 8,10 €


  • Boule & Bill 46 – Peinture à l’os
    par Laurent Lafourcade

    Un chien tête de l’Art

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    « -Il y a quelqu’un au portail ?

    -Non Bill, ni à la boîte aux lettres !

    -Rien à signaler derrière la maison !

    -Tout est calme sur le toit !

    -Pas un chat vers le potager !

    -La rue est déserte !

    -Bref, tout va bien !

    -On y retourne !

    -Merci les copains ! Les humains ne réalisent pas le stress que ça représente pour un chien de garder la maison ! »

                    Bill peut se reposer sur ses deux oreilles. Pas besoin d’avoir un œil sur les alentours de la maison, les oiseaux veillent pour lui. Bill a de plus en plus des comportements d’humain. Il sifflote, prend du café dans une tasse, lit le journal, … Il en oublierait presque qu’il est un animal, sauvage comme le convainc la tortue Caroline. Mais s’il se frotte les pattes sur le paillasson devant la porte d’entrée, ce n’est pas pour avoir les pattes propres dans la maison, c’est parce qu’il tente d’extraire les croquettes coincées dedans. Tout ce qui a goût de viande, comme les os, c’est bien meilleur que les brocolis. Si on lui demande ce qu’il souhaite qu’on lui cuisine, on devine aisément la réponse.

    © Bastide, Cazenove – Dargaud

                    Boule pose en costume de pirate, bandeau sur l’œil droit et sabre au clair. Bill peint la scène… enfin… une petite partie. Ce que le cocker représente, ce sont uniquement les os qui sont sur le drapeau noir. Le ton est donné, l’art est le thème émergent de ce nouvel album. Sous le regard admiratif du directeur de Papa, Boule s’exprime dans une œuvre post-tachisme avec un choix très audacieux de couleur. Effet conscient ? Non, c’est juste parce que Bill est excité et qu’il n’y a pas moyen de le ralentir. Comme quoi, la sérendipité, dans l’art, ça existe ! On apprend également que l’art ne se limite pas à la toile. Bill le prouve dans un tableau original avec ses empreintes de pattes… qu’il ne s’est pas laissé nettoyer après.

    © Bastide, Cazenove – Dargaud

                    Cazenove et Bastide n’ont maintenant plus rien à prouver. Le thème de l’art est exploité sur à peu près un quart des gags. C’est presque dommage que ce ne soit pas plus. Mais c’est aussi malin, parce qu’il faut qu’aucun album de Boule et Bill ne se particularise par rapport aux autres (à part la grande aventure Boule et Bill globe-trotters). Bref, l’art contemporain en prend quand même une claque (voir la visite de l’exposition « taches » pendant qu’il pleut), ainsi que l’art « classique ». Le gag 1904 est d’une ingéniosité incroyable. C’est Boule qui peint et Bill qui pose. Chaque case se titre toute seule : Le jeune Bill à la perle, Bill XIV, Bill guidant le peuple, Bill dans le cri de Munch, Bill de Vitruve, Monna Billa, la chapelle Billtine, la naissance de Bill de BotticeBill. Comparez avec les œuvres originales, ça paye ! N’oublions pas le Street Art. Bill va s’y mettre aussi.

    © Bastide, Cazenove – Dargaud

                    Peinture à l’huile ou peinture à l’eau ? S’il faut choisir son camp, ce ne sera ni l’un ni l’autre. Ce sera peinture à l’os. Boule et Bill ne prennent pas une ride. Magique.


    Série : Boule & Bill

    Tome : 46 – Peinture à l’os

    Genre : Humour

    Scénario : Christophe Cazenove

    Dessins : Jean Bastide

    Couleurs : Luc Perdriset &Jean Bastide

    Éditeur : Dargaud

    ISBN : 9782505134404

    Nombre de pages : 48

    Prix : 12,95 €


  • Picsou et les bit-coincoins
    par Laurent Lafourcade

    Cryptomonnaie à Donaldville

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    « -Do… Donald… Regarde ça !

    -Le classement annuel des plus grandes fortunes du pays. (Ho ho, je comprends…) Tu n’es plus le canrd le plus riche du monde, c’est ça ?

    -C’est horrible. Et en plus, je suis doublé par un parfait inconnu ! »

    La journée commençait bien calmement à Donaldville, mais ça n’allait pas durer. Un cri d’effroi jaillit de chez Oncle Picsou. Il doit être arrivé quelque chose de terrible. Donald se précipite et trouve son tonton en plein désarroi. Le classement annuel des plus grandes fortunes du pays a été publié. Picsou n’est plus le plus riche canard du monde. Il a été doublé par un parfait inconnu qui a fait fortune dans les nouvelles technologies. C’est Carsten Duck, un palmipède qui a construit un empire en bousculant toutes les vieilles habitudes en vigueur. Il a bâti sa richesse grâce aux cryptomonnaies. Les cryptomonnaies ? Picsou n’y connaît rien là-dedans. Géo Trouvetou va lui expliquer tout ça. Les bit-coincoins, comme d’autres, sont des monnaies imaginaires sur lesquelles on peut spéculer à l’infini. Le milliardaire est convaincu. Il va se lancer dans le business.

    © Keramidas, Jul – Glénat
    © Disney Enterprises, Inc

    Sur Positive Island, Carsten Duck apprend la contre-attaque de Picsou. Il n’a pas l’intention de se laisser reprendre le leadership. Pour cela, il fait appel… aux Rapetou, et paye une caution faramineuse pour les libérer. Il leur demande de hacker le système bancaire informatique pour pénétrer dans le coffre de Balthazar Picsou. L’ingéniosité de Géo, le flegme de Donald, la malice de Riri, Fifi et Loulou, et le glamour de Daisy permettront-ils à Picsou de gérer le passage de la monnaie physique à la monnaie virtuelle ? Epaulés par le nouveau pape de l’argent volatile, leurs meilleurs ennemis, les Rapetou, parviendront-ils à leurs fins ?

    Jul invite le réel à Donaldville. Le scénariste connecte l’héritage Disney avec le monde d’aujourd’hui. Les personnages, si connus, se retrouvent donc avec les mêmes préoccupations que nous, lecteurs et habitants du monde du XXIème siècle. Avec des jeux de mot dans l’air du temps et des dialogues savoureux, Jul insuffle l’esprit Goscinny dans l’univers Disney, comme il a appris à le maîtriser dans Lucky Luke.

    © Keramidas, Jul – Glénat
    © Disney Enterprises, Inc

    Après Mickey’s Craziest Adventures en 2016 et Donald’s Happiest Adventures en 2018, Nicolas Keramidas revient pour la troisième fois aux affaires chez Disney… en BD. En effet, l’auteur connaît la famille car il a travaillé dix ans aux studios d’animation de Disney France à Montreuil. Plus jeté que dans ses albums précédents, son trait est un brin moins fin que d’habitude, mais ça apporte un dynamisme certain à l’histoire.

    On espère vivement qu’on retrouvera ces deux auteurs aux commandes d’un nouvel épisode. On retiendra leur création du personnage de Carsten Duck qui rejoint Flairsou et Gripsou dans le groupe des plus grandes fortunes mondiales.

    © Keramidas, Jul – Glénat
    © Disney Enterprises, Inc

    Picsou et les Bit-coincoins est une leçon d’économie pour les adultes, une aventure des canards de Donaldville pour les enfants, et une assurance de qualité Disney pour tous. Les auteurs ont réussi un album à multiniveaux de lecture réjouissant tout autant les aficionados que les curieux. On en redemande.


    Série : Picsou

    Tome : Picsou et les bit-coincoins

    Genre : Aventure

    Scénario : Jul

    Dessins & Couleurs : Keramidas

    Éditeur : Glénat

    Collection : Walt Disney 

    ISBN : 9782344071304

    Nombre de pages : 48

    Prix : 11,50 €


  • L’homme qui pouvait accomplir des miracles
    par Laurent Lafourcade

    George Tout-puissant

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    « -Les miracles sont, par définition, impossibles. C’est pour cette raison que je n’y crois pas.

    -C’est vous qui le dites, Fotheringay.

    -Penchons-nous sur la notion de « miracle ». Un miracle est un phénomène contraire aux lois de la nature. Accompli par la seule force de la volonté. »

                    Dans un pub de la paisible localité d’Immering, George McWhirter Fotheringay tente de démontrer que les miracles n’existent pas. Par la force de l’esprit, il est par exemple impossible de renverser une lampe à pétrole et lui demander de continuer de brûler sans la toucher. Contre toute attente et au grand dam du cartésien, ça se produit. La lampe suspendue au plafond se retourne et s’écrase au sol. Le public est médusé mais pense à la supercherie. Alerté par le vacarme, l’agent Winch exfiltre le supposé poivrot de l’établissement. Pris dans un cyclone de perplexité, Fotheringay remet ses théories en doute. Et si les miracles existaient vraiment ? Seul, dans la rue, sur le chemin de sa maison, il fait un test. « Qu’une allumette apparaisse dans cette main ! » « Qu’une cigarette apparaisse dans mon autre main ! » Tout ça se produit. Dommage qu’il ne fume pas.

    © Munuera, Sedyas – Dargaud

                    Ce jour-là, ou plutôt cette nuit-là, la vue de George McWhirter Fotheringay allait prendre un tournant décisif. Quelques œufs au petit-déjeuner ne feraient pas de tort. Qu’à cela ne tienne ! En voici une plâtrée supplémentaire. Les actes notariaux à rédiger représentent un travail long et fastidieux. Qu’à cela ne tienne ! Le travail va se faire tout seul. L’agent Winch prend George pour un abruti et veut l’amener au poste. Qu’à cela ne tienne ! Qu’il aille au diable ! Ha, mince, ha ben non, qu’à cela ne tienne pas… A quoi ressemble l’enfer ? Le policier y a vraiment été envoyé… Bon, ben, George verra ça plus tard. Dans une surenchère d’accomplissements, le fortuné, ou l’infortuné parce que son don n’est pas forcément un cadeau, va aller jusqu’à un événement ultime. Sera-t-il encore temps de faire machine arrière ?

    © Munuera, Sedyas – Dargaud

    Après Bartleby le scribe, d’Herman Melville, Un chant de Noël, de Charles Dickens, Peter Pan de Kensington, de James Matthew Barrie, et Son odeur après la pluie, de Cédric Sapin-Defour, José-Luis Munuera adapte Herbert George Wells avec L’homme qui pouvait accomplir des miracles, publiée en 1898. On connaît tous l’auteur pour ses œuvres majeures : La Machine à explorer le temps, L’Homme invisible, L’Île du docteur Moreau ou encore La Guerre des mondes. On connaît moins cette nouvelle satirique et absurde, dans laquelle l’écrivain règle ses comptes avec la religion. Munuera s’empare de l’histoire en insufflant de l’humour dans la tragédie, accentuant le côté burlesque. Le twist, final, magistral fait du récit un excellent épisode type Quatrième Dimension.

                    Comme d’habitude, saluons la sublime maquette de Philippe Ghielmetti pour cette collection. Sous une magnifique jaquette en quatre pans, on trouve un livre ciel marine étoilé. Le contenant est aussi beau que le contenu.

    © Munuera, Sedyas – Dargaud

                    Chaque adaptation de Munuera est un coup de maître. L’auteur a pris là un créneau qui est devenu en peu de temps l’une des pierres majeures de sa bibliographie. Fantastique dans tous les sens du terme.


    One shot : L’homme qui pouvait accomplir des miracles

    Genre : Conte

    Scénario & Dessins : José-Luis Munuera

    D’après : H.G.Wells

    Couleurs : Sedyas

    Éditeur : Dargaud

    Nombre de pages : 72

    Prix : 17,95 €


  • Dehors
    par Laurent Lafourcade

    La grande évasion

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    « -Alors ça y est, t’as atteint l’âge de raison ?

    -Allez, raconte !

    -C’est vrai que la glace est occupée à fondre ?

    -Et le soleil, tu l’as vu ?

    -Si vous ne vous taisez pas, je dirai rien.

    -Qu’est-ce qu’il dit ?

    -Il te dit de la fermer.

    -J’ai vu un soleil blanc, aveuglant, qui surplombait une île paradisiaque perdue au milieu d’un lagon dont l’eau était si chaude qu’un glaçon y aurait fondu en quelques secondes. »

    Dehors, il paraît que c’est un enfer de glace. La population vit dans les entrailles d’une ville sans nom, sous un océan mutagène et toxique, à la faune et à la flore empoisonnée. La cité dans laquelle vivent les humains se nomme Maman. C’est le nom que lui ont donné les orphelins. Tous les jours, ils quittent son cœur pour rapporter de quoi se nourrir, une substance qui sera transformée en pâte comestible : la blanche. Indispensable à la survie de la cité, elle sert non seulement à se sustenter, mais a des vertus thérapeutiques et apporte bonheur et sérénité à ceux qui la consomment quotidiennement. Zac n’est pas dupe, c’est une drogue. Lui, qui est enfin parvenu à sortir de l’orphelinat, n’a pas l’intention de rester prisonnier du système.

    © Dan, Hemberg – Kennes

    Zac retrouve Silo et les jumeaux. « Barrons-nous d’ici et faisons le tour du monde ! ». Facile à dire. Personne n’est jamais arrivé à entrer ou sortir de la cité sans autorisation. Zac compte devenir pilote d’hydronef pour obtenir une autorisation de sortie par la mairie. Confirmant la prédiction d’une voyante, il a fait le rêve prémonitoire qu’il réussirait à atteindre une île entre l’Equateur et le premier méridien. La route va être longue et les embûches nombreuses. Nos héros vont pouvoir compter sur des aides précieuses dans leur voyage. Mais arriveront-ils seulement à destination ?

    © Dan, Hemberg – Kennes

    Joël Hemberg signe un one shot puissant. Le scénariste revisite le mythe des enfants perdus de Peter Pan dans une version plus spirituelle et futuriste. A la fois sombre et plein d’espoir, Dehors est une histoire post-pandémie. On y décèle les cicatrices qu’elle a laissées. On étouffe dans cette cité close et on cherche la respiration, comme Zac et les siens cherchent leur liberté. On a envie d’en sortir, on a envie qu’ils s’en sortent.

    Dan signe ici son album le plus abouti. L’ex-assistant de Tome et Janry s’affranchit de ses maîtres tout en restant dans leur école. Dans un graphisme puissant, il signe des planches grandioses. Les décors et l’ambiance sont nourris de cinéma américain, de Blade Runner à Dark City, de Rollerball à Abyss. Le dessinateur étonne et détonne.

    © Dan, Hemberg – Kennes

    Dehors est une quête de liberté, un regard vers un futur compliqué mais qui montre qu’il y a toujours une lueur quelque part quand on garde la force de se battre. L’histoire se suffit en elle-même, mais pourrait tout autant être le préquel d’une saga d’anticipation.


    One shot : Dehors

    Genre : Anticipation

    Scénario : Joël Hemberg

    Dessins & Couleurs : Dan

    Éditeur : Kennes

    ISBN : 9782931300268

    Nombre de pages : 112

    Prix : 19,95 €


  • Le monstre au violon / Linette 7 – Opération peau de banane
    par Laurent Lafourcade

    Jaune monstre & jaune banane

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    Un monstre va apprendre la musique. Une gamine va être initiée à un geste écologique. Bienvenue en forêt, bienvenue au jardin.

                    La cloche sonne signalant la fin de la journée de travail. Les petits monstres se précipitent hors de classe pour rentrer chez eux. Pour cela, il faut traverser la forêt. On grimpe aux arbres. On se régale de quelques baies. Soudain, une musique se fait entendre. Intrigué par cette douce mélopée, Bertie, le petit monstre, cherche à savoir d’où elle vient. Il atteint une jolie chaumière. Il se met à la fenêtre pour profiter du concert donné par une violoniste en train de s’entraîner. Elle propose au petit monstre d’essayer. C’est une cacophonie. Elle lui prête un instrument pour qu’il essaye chez lui. Sera-ce du goût de sa famille, et en particulier de son père ? Déjà rouge, il risquerait de l’être de colère. La musique adoucira-t-elle les mœurs ?

    © Supiot, Petitsigne – La Gouttière

                    Il fait beau dans le jardin de Linette. Elle termine son repas avec sa maman et, pressée d’aller jouer, jette sa peau de banane. Celle-ci la rappelle à l’ordre et lui demande d’aller la mettre dans le compost. Linette ne veut pas. Elle a trop peur qu’il y ait un loup dedans. Sa maman la rassure et, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, la petite se décide à y aller, jusqu’à ce que le gamin voisin ne lui dise qu’il y avait une araignée géante. Mais comment va donc pouvoir faire Linette pour se débarrasser de la peau de banane ?

    © Peyraud, Romat – La Gouttière

                    Le monstre au violon est un album musical. Quatrième volume de la collection Do Ré Mi Chat, un QR code permet d’écouter son accompagnement, la symphonie numéro 4 de Mendelssohn, interprétée par l’Orchestre de Picardie. C’est ce morceau musical qui a inspiré les auteurs de l’album. Richard Petitsigne découpe son récit en suivant les quatre mouvements du morceau : Allegro vivace, Andante con moto, Con moto moderato et Satarello-Presto. Le monstre jaune suit son aventure au rythme de la composition. Prenez soin d’écouter en lisant. C’est puissant et ça aide à prendre son temps. Spécialiste des monstres pour tous depuis Marie Frisson, l’une des séries emblématiques des débuts de la collection Tchô, Olivier Supiot ne peut cacher le plaisir qu’il a eu à dessiner cette histoire. Ça se ressent dans chacune des cases. Bonus en pages de garde : vous saurez tout sur Mendelssohn et sa quatrième symphonie.

    © Supiot, Petitsigne – La Gouttière

                    Valeur sûre de la BD muette, Linette revient pour un déjà septième album. Avec malice et drôlerie, les auteurs Catherine Romat et Jean-Philippe Peyraud initient au tri sélectif. Que contient cette boîte mystérieuse au fond du jardin qui sert à faire du compost ? Comment la nourriture se transforme-t-elle en matière organique si utile pour nos plantations ? Si elle ne s’envole pas, Linette va certainement le découvrir. Et attention à elle, l’histoire pourrait être un éternel recommencement. Bonus en pages de garde : un labyrinthe au début, un cherche et trouve à la fin.

    © Peyraud, Romat – La Gouttière

                    Les éditions de la Gouttière proposent deux bandes dessinées sans paroles, qui aident à grandir et qui se partagent émotion et humour.



    One shot : Le monstre au violon

    Collection : Do Ré Mi Chat

    Genre : Conte

    Scénario : Richard Petitsigne

    Dessins & Couleurs : Olivier Supiot

    Éditeur : La Gouttière

    ISBN : 9782357961326

    Nombre de pages : 48

    Prix : 13,70 €


    Série : Linette

    Tome : 7 – Opération peau de banane

    Genre : Humour écolo

    Scénario : Catherine Romat

    Dessins & Couleurs : Jean-Philippe Peyraud

    Éditeur : La Gouttière

    ISBN : 9782357961371

    Nombre de pages : 32

    Prix : 10,70 €


  • Armelle & Mirko 4 – Le cœur en mousse
    par Laurent Lafourcade

    Dire les sentiments

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    « -Je suis une mauvaise amie…

    -Elle a pas l’air d’aller fort…

    -Puisque je les aime, je devrais peut-être les accepter avec leurs défauts ? »

                    Dans la forêt des Petits Bâtons, et plus particulièrement dans la clairière aux Trois Mésanges, une petite troupe d’amis a élu domicile dans un vieux tank abandonné recouvert de mousse, un habitat dont personne ne se doute de l’usage d’antan. Cette troupe, on la connaît bien. Il y a Mirko la luciole, Fabienne la renarde, Pépin le lapin, ainsi qu’Armelle la tortue. Au printemps, la maison se recouvre de fleurs. Les quatre compères y vivent en colocation, mais ce n’est pas toujours évident. Entre le tintamarre de l’un, la collectionnite d’un autre et le désordre de la dernière, Armelle a l’impression d’être la seule à se préoccuper du bien-être collectif. Trop fatiguée pour dormir, elle craque.

    © Clément, Montel, Arnal – Delcourt

                    Mirko, Fabienne et Pépin n’ont rien vu venir. Ils ne comprennent pas pourquoi Armelle a l’air si triste et si sombre. Elle, elle se sent tellement en marge et culpabilise. Le problème vient peut-être d’elle ? C’est en tout cas ce qu’elle se dit, ce dont elle se persuade. Si elle aime ses amis, elle doit se forcer à aimer leurs défauts. Le mal-être de la tortue se transforme peu à peu en colère, puis en crise de larmes dont elle est en train de se noyer dans l’océan. C’est en sortant prendre l’air qu’Armelle va faire une rencontre qui va changer sa façon de voir les choses, et par ricochet sa vie.

    © Clément, Montel, Arnal – Delcourt

                    Il n’est jamais facile de communiquer avec ceux qui nous sont le plus proche. On ne dit jamais assez aux gens qu’on aime, par peur de les gêner, qu’on les aime. On ne leur dit jamais assez que sans eux, sans elles, on ne serait même pas la moitié de nous-mêmes. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Louis Chedid dans une superbe chanson. Et quand on les aime, ce n’est pas qu’on peut, c’est qu’on doit, tout leur dire. Ce que l’on apprend dans ce livre, c’est qu’il ne faut pas confondre reproches et discussion. Tout est dans l’art d’amener les choses. Armelle, notre petite tortue se construit au fil des albums. Elle apprend à vivre avec son état hypersensible, dépressif, à le dompter. Et les autres apprennent à vivre avec elle. Elle est comme ça, c’est sa nature. Il n’y a pas à en avoir honte.

    © Clément, Montel, Arnal – Delcourt

    En quatre albums, Loïc Clément, Julien Arnal et Anne Montel ont montré aux enfants, et aux plus grands, que les problèmes de santé mentale ne sont pas inéluctables. Il ne faut pas se renfermer sur soi-même. Il faut parler. Il faut écouter. C’est difficile. Ça prend du temps. Il faut être patient et avoir en point de mire la lumière au bout du chemin, celle qui est aussi belle que les couleurs aquarelles de Julien Arnal. Si un seul lecteur en prend conscience, grâce à Armelle et Mirko, le pari aura été gagné. Mais il y en a plus d’un qui sera sauvé, c’est certain. Alors, pour tout cela, pour tous cela, comme on ne dit jamais assez aux gens qu’on aime, on ne leur dit jamais assez qu’on les aime, Anne, Loïc, Julien, … je vous aime.


    Série : Armelle & Mirko

    Tome : 4 – Le cœur en mousse

    Genre : Fable poétique

    Idée & Histoire originale : Anne Montel

    Scénario : Loïc Clément

    Dessins & Couleurs : Julien Arnal

    Éditeur : Delcourt

    Collection : Jeunesse

    ISBN : 9782413087809

    Nombre de pages : 32

    Prix : 16,50 €


  • Furies 1 – Le facteur humain
    par Laurent Lafourcade

    Corbeyran 451

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    « -Depuis combien…

    -Ça fait 20 ans… Tu étais en train de travailler ?

    -Plus ou moins… Je rédigeais une sorte de… conclusion… Et toi ? Que fais-tu là ? Pourquoi avoir mis tout ce temps à venir me voir ?

    -Tu ne vas pas aimer les réponses, papa… »

    Alors qu’il s’apprête à mettre fin à ses jours, on frappe à la porte du philosophe Sergueï Pankow. C’est sa fille Rain qu’il n’a pas vu depuis 20 ans. Alors qu’elle servait en tant que Bienveillante au sein d’une patrouille dans l’une des grandes métropoles du System afin de faire régner l’ordre, elle a été accusée d’avoir participé à des réunions clandestines et reconnue coupable de sédition, puis internée dans un camp de reconditionnement. Elle vient d’être libérée pour bonne conduite…au bout de 20 ans. Elle reproche à son père, l’un des initiateurs du programme portant son nom, de n’avoir jamais cherché à savoir où elle était. Il le savait, mais n’a rien pu faire parce que personne n’est au-dessus du programme. Sergueï a fini par voir le monde tel qu’il est : un théâtre de misère avec des gens sans cervelle dirigés par une élite sans cœur. Aujourd’hui à la retraite, il a été convoqué il y a quelques semaines à un séminaire de réflexion sur la « suppression du facteur humain ». C’est ça qu’il n’a pas supporté, mais à présent, avec le retour de sa fille, les cartes sont rebattues.

    © Munch, Corbeyran, Sayago – Kalopsia

    Dans ce monde futuriste, les instances gouvernantes souhaitent éliminer complètement les risques d’erreur et d’approximation de l’individu lorsque celui-ci est lié à certaines fonctions du « System ». C’est cela la suppression du facteur humain. Rain apprend à son père qu’elle a eu un enfant qu’elle n’a jamais vu. Dans un premier temps, afin qu’elle retrouve une place dans la société, il la présente à Sorj, un ami à lui du service des insertions. Elle est affectée à la surveillance d’un camp. Un comble pour elle qui passe ainsi de détenue à geôlière. Elle n’a pas le choix. De son côté, Nahia, qui a dit au revoir à sa mère avant d’intégrer une unité de Bienveillantes, effectue sa première patrouille. Lorsqu’elle se retrouve à son tour en reconditionnement, c’est Rain qui est chargée de son admission. Alors qu’elle compatit de la situation de Nahia qu’elle a vécue elle-même quelques années plus tôt, Rain ne se doute pas qu’elle se met face à de nouveaux ennuis.

    © Munch, Corbeyran, Sayago – Kalopsia

    Les Furies sont des personnages de la mythologie grecque chargées de faire respecter la loi et d’appliquer les sanctions. Ici, ce sont des Bienveillantes. Sergueï Pankow, l’un des hommes à l’origine du système, vient de se rendre compte qu’il a été dépassé par le phénomène. Alors qu’il avait imaginé son concept pour faire de l’homme un être d’exception doté d’un esprit supérieur, il a compris que le pouvoir vicieux s’en est emparé pour agir sur la pensée comme un rouleau compresseur. Il broie et annihile la conscience faisant de l’individu un robot agissant. Aucune place n’est accordée à la poésie dans le programme Pankow. C’est donc par son truchement que s’organise la rébellion. Les poèmes de Percy Shelley permettront-ils à l’humain de retrouver sa condition ?

    Après Ray Bradbury et son Farenheit 451, Corbeyran livre une vision pessimiste du monde de demain. Mais rien n’est jamais complètement noir dans les récits de Corbeyran. Il y a toujours une lumière à l’horizon, mais il est parfois bien difficile d’en percevoir la lueur. On l’a vu l’année dernière dans Les yeux doux. Dans un style plus réaliste, on le voit ici dans Furies. Le dessin sérieux et volontairement rigide de Munch apporte une implacabilité aux événements. La perception aurait été très différente mais tout aussi puissante avec le dessin d’un Michel Colline. Dans un monde idéal, qu’est-ce qu’il aurait été intéressant de lire la même histoire dans deux traitements graphiques opposés. Dans ce premier volume, l’embourbement de la situation est confirmé par le ciel sans soleil et les couleurs sombres de Sayago.

    © Munch, Corbeyran, Sayago – Kalopsia

    Avec Furies, Corbeyran porte un regard acerbe sur la politique du monde. Fable futuriste et teintée d’espoir, la série donne à réfléchir sur la notion de libre arbitre et de connaissance de soi, et paradoxalement sans prise de tête dans une BD d’aventure et d’action.


    Série : Furies

    Tome : 1 – Le facteur humain

    Genre : Anticipation

    Scénario : Corbeyran

    Dessins : Munch

    Couleurs : Sayago

    Éditeur : Kalopsia

    ISBN : 9782931205211

    Nombre de pages : 64

    Prix : 16,90 €


  • Kid Paddle 21 – Zombie or not to be
    par Laurent Lafourcade

    L’arcade dépasse les bornes

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    « -Paraît qu’ils ont reçu une nouvelle borne d’arcade !

    -Laisse, je connais. C’est Escalatur, l’épée du Roi Soleil ! Celui qui retirera l’épée du rocher deviendra le roi. Gnnnn. C’est bloqué.

    -Attends. Je crois qu’il faut mettre une pièce dans le monnayeur pour démarrer le jeu… »

    Quand on essaye une nouvelle borne d’arcade dans la salle de jeu de Mirador, il vaut mieux regarder comment elle marche avant. N’est-ce pas Horace ? Le pote de Kid aurait ainsi pu éviter un passage par l’hôpital. Bon, il n’est pas à une fracture du crâne près. Mais que serait Kid Paddle sans lui ? Les deux complices s’entendent bien, ou pas, pour tenter de rentrer au cinéma afin de voir des films interdits aux moins de 18 ans. Parviendront-ils à profiter de La boucherie de Jack l’éventreur, Le sommelier fou, Human sushi ou Intestins en cavale ? On connaît la réponse, comme dans chaque gag de Game over, mais c’est tordant. Tout l’art des gagmen scénaristes est là.

    © Midam, Dairin, Patelin, Gof, Angèle – Dupuis

    L’autre pilier de l’humour Paddle, c’est son père. Son fils l’imagine incroyable. Incroyable, il l’est, mais dans sa banalité. Un colis arrive. C’est certainement un exosquelette qui permettra de frimer devant les amis de Kid. Ben, non, c’est une pince télescopique pour ne pas se baisser pour ramasser les détritus. Quand il sort un petit mélange de sa composition, est-ce pour dissoudre des cadavres dans la baignoire ? On verra bien. Le crâne ouvert, est-il lui-même passé de vie à trépas ? Est-il devenu un zombie ? N’affolons pas Carole ! En tous cas, le chauve est parvenu à échapper à l’attaque des Poilax, ces extraterrestres fourbes qui prennent le contrôle des cerveaux.

    © Midam, Dairin, Patelin, Gof, Angèle – Dupuis

    Une fois n’est pas coutume, l’album se termine avec Tchernobyl, une histoire de cinq planches co-scénarisée par Jacques Louis, l’auteur de Family Life qui file aussi des coups de main à Janry sur Le Petit Spirou. Boris, un enfant ukrainien, est accueilli pendant quelques semaines dans la famille. Il vient de Tchernobyl. Calme-toi, Kid, il n’a pas été irradié. La zone de la centrale est inaccessible depuis bien longtemps. Bref, Boris n’a pas six bras, son enveloppe humaine ne cache pas un monstre difforme, et il va bien calmer la Kid team quand il va leur montrer les archives Tchernobyl de ses grands-parents.

    Ian Dairin épaule une nouvelle fois Midam aux dessins. Si le boss parvient à conserver Kid Paddle au sommet de l’humour, c’est qu’il a su s’entourer d’une équipe de scénaristes. Les gags sont co-signés Patelin, Benz et Pujol. Gof est-il un autre larron ou bien est-ce le nom d’un collectif ? Sa signature n’apparaît jamais sur les planches mais le nom est crédité en page de titre. Angèle pulse le tout aux couleurs.

    © Midam, Dairin, Patelin, Gof, Angèle – Dupuis

    Alors, Zombie or not zombie ? Peu importe, du moment qu’on est Kid, Kid, Kid ! Le Paddle est définitivement à la mode. Planche flottante ou raquette ? Non, joystick !


    Série : Kid Paddle

    Tome : 21 – Zombie or not to be

    Genre : Humour geek

    Scénario : Midam, Patelin & Gof

    Dessins : Midam & Dairin

    Couleurs : Angèle

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808510363

    Nombre de pages : 48

    Prix : 12,95 €


  • La brigade des cauchemars 9 – Elisa
    par Laurent Lafourcade

    Primum non nocere

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    « -Est-elle prête à recevoir l’implant ?

    -Oui, monsieur.

    -Alors ne perdez pas de temps. Elle doit retourner à la clinique du sommeil dès demain matin.

    -Ce sera fait, monsieur. Nous avons ajouté un dispositif de brouillage mémoriel. Ainsi, nous pourrons choisir ce dont elle se souviendra.

    -Parfait. Ouvrez-lui le crâne ! »

    Il y a deux ans déjà, un implant a été greffé dans le cerveau d’Elisa pour qu’elle espionne à son insu le laboratoire d’Angus. Elle vient d’en être libérée. Aussitôt ôtée, la puce s’auto-détruit. Pas moyen de l’analyser. Maintenant que Mordicus et ses sbires savent qu’elle ne l’a plus, ils vont certainement tenter autre chose. La brigade des cauchemars est en danger. Le dévolu est jeté sur Alice. Tristan et ses amis ne se doutent pas que c’est sa mère qui est la nouvelle taupe. Parallèlement, pour que les malfrats payent, Elisa accepte que les membres de la brigade pénètrent dans son cerveau, pour dénicher où se trouve la base de Mordicus. Ils vont y aller, avec un nouveau pouvoir qui vient d’être mis au point : le métamorphe. Il suffit d’observer quelqu’un pour prendre son apparence physiquement, afin de mieux se fondre dans le souvenir.

    © Dumont, Thilliez, Drac – Jungle

    Ce deuxième arc, que l’on pourrait appeler celui de la brigade des souvenirs (si le titre n’avait pas déjà été pris), tient toutes ses promesses. Après l’épisode western, voici l’aventure viking. En pénétrant dans l’esprit de la laborantine, Esteban, Sarah, Ariane et Tristan vont devoir résoudre un problème bien plus personnel d’Elisa. Après une attaque de walkyries, en suivant la voiture d’Elisa, ils vont remonter aux origines familiales de la patiente et devoir calmer les ardeurs d’un devin qui prend un malin plaisir à exacerber les velléités de violence des guerriers vikings.

    © Dumont, Thilliez, Drac – Jungle

    Heureusement qu’il y a les bordures de planches noires parce qu’il est parfois difficile de se rappeler dans quel monde on se trouve. Entre flashbacks dans le réel et allers-retours dans les esprits, Frank Thilliez fait parfois des raccourcis où il faut s’accrocher. Les aficionados de la série n’auront pas de soucis mais les nouveaux lecteurs devront prendre le temps de se poser pour ne pas perdre le fil. Drac et ses assistants sont toujours impeccables aux couleurs. Au dessin, Yomgui Dumont fait des merveilles, avec notamment un hommage plus qu’appuyé à l’un des personnages secondaires emblématiques d’Astérix, et surtout un kraken qui laisse bouche bée quand on tourne la page et qu’on le découvre. La couverture, très cinématographique, est une composition exceptionnelle. Yomgui fait partie de ses dessinateurs dont on ne parle pas car, honte à eux, ils font du tous publics ! Il est de ces auteurs dont les planches ne peuvent appartenir qu’à lui, et est tout aussi récompensable que d’autres dessinateurs dont le travail a déjà été reconnu.

    © Dumont, Thilliez, Drac – Jungle

                    On le répète :La brigade des cauchemars est la meilleure série des éditions Jungle. C’est du tous publics comme on n’en fait presque plus, avec l’intelligence scénaristique d’un maître du thriller et la maîtrise d’un dessinateur qui propose de nouvelles pistes graphiques à son lectorat.


    Série : La brigade des cauchemars

    Tome : 9 – Elisa

    Genre : Aventure fantastique

    Scénario : Franck Thilliez

    Dessins : Yomgui Dumont

    Couleurs : Drac, assistée de Reiko Takaku & Julien Langlais

    Éditeur : Jungle

    Collection : Jungle frissons

    ISBN : 9782822246422

    Nombre de pages : 64

    Prix : 13,95 €


  • XIII Trilogy Jones 3 – La danse du soleil
    par Laurent Lafourcade

    Du noir, du rouge, du Jones

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    « -C’est ignoble !

    -Karkajou ne ment pas… Pour certains d’entre nous, c’est un honneur d’affronter les tourments de l’Okipa !… Melvin, mon père, l’a subi volontairement !

    -Et… Combien de temps dure cette horreur ?

    -La danse du soleil peut durer plusieurs heures… Le temps que la peau cède sous le poids et le libère des crochets.

    -La plupart des warriors sont réunis pour assister à cette épreuve… C’est le moment d’agir ! »

    Du haut d’un mirador, Jones et Lakota observent les activistes amérindiens d’Alcatraz en train de torturer le général Carrington, suspendu par le torse à deux crochets de bouchers jusqu’à ce que sa peau cède. Les Red Power Warriors revendiquent le respect des droits civiques de leur communauté. La sous-lieutenant Jones fait partie de la brigade militaire des SPADS chargée de débloquer la situation. Problème : Marcus, le propre frère de Jones, fait partie des rebelles. Pendant que Lakota va faire diversion dans une zone proche, Jones va tenter de libérer Carrington. Parviendront-ils ensuite à s’extirper de l’île-prison ?

    © Yann, Taduc, Tatti – Dargaud

    La danse du soleil, dernier tome de la trilogie XIII consacrée au pas encore Major Jones débute par une scène de torture comme on en voit rarement dans une bande dessinée censée être mainstream. Franchement, il faut avoir le cœur bien accroché, et ce, sans répit, dès la première planche. Paradoxalement, Jones tire sur les rebelles avec des fléchettes hypodermiques. Est-ce que dans une situation comme ça on fait tant de sentiments ? Des morts, il va pourtant y en avoir, et dans tous les camps. Ne vous attachez à personne, ça pourrait faire aussi mal que les crochets du général.

    © Yann, Taduc, Tatti – Dargaud

    Yann écrit un scénario à cent à l’heure. Pas une seconde de respiration. On lui pardonne les quelques incongruités qui feraient parfois passer l’histoire pour une aventure des Innommables, comme une scène de vengeance… d’un pélican ! Yann fait du Yann, quoi. Olivier Taduc joue le jeu à fond. On se croirait parfois dans un bon vieil album des Casseurs, dessinés jadis par Denayer. L’ensemble de la trilogie forme un blockbuster comme sait si bien le faire Hollywood. Tiens, on rêverait d’une adaptation avec Hale Berry dans le rôle principal. Après James Bond et Jason Bourne, pourquoi pas une franchise XIII. Le XIII-verse est déjà si riche.

    © Yann, Taduc, Tatti – Dargaud

    Véritable reboot de The Rock en bande dessinée, Jones est à lire entre Little Jones (XIII Mystery) et la saga d’origine. Une seconde trilogie est déjà annoncée. Dessinée par Colin Wilson sur scénario de Jean-Pierre Pécau, elle sera consacrée au président Sheridan.


    Série : XIII Trilogy Jones

    Tome : 3 – La danse du soleil

    Genre : Thriller 

    Scénario : Yann

    Dessins : Olivier Taduc

    D’après : William Vance & Jean Van Hamme

    Couleurs : Bruno Tatti

    Éditeur : Dargaud

    ISBN : 9782505130741

    Nombre de pages : 48

    Prix : 13,95 €


  • Les Schtroumpfs 43 – Le trophée des Schtroumpfs
    par Laurent Lafourcade

    Compétischtroumpf !

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    « -Aujourd’hui est un grand jour !

    -Moi, je n’aime pas les grands jours.

    -Pour la première fois depuis 433 ans, l’Anemonus Schtroumpfae a éclos ! Dans l’ancienne tradition des Schtroumpfs, cela annonce le lancement d’un événement très rare… Le trophée des Schtroumpfs !!! »

    Très déçu de ne pas avoir été retenu par le Grand Schtroumpf pour partir en forêt cueillir de l’aigremoine, le Schtroumpf discret décide d’y aller seul pour épater le patriarche. Il va se retrouver aux prises avec une Anemonus Schtroumpfae, une fleur très rare qui n’éclot qu’occasionnellement. De retour au village, le Grand Schtroumpf annonce que cette floraison signe le lancement d’un événement rarissime : le trophée des Schtroumpfs. Tous ceux qui le désirent seront invités à participer à une série d’épreuves éliminatoires mêlant agilité, créativité et exploits sportifs. Le Schtroumpf qui aura passé toutes les épreuves et remporté la finale sera désigné champion des Schtroumpfs.

    © Borecki, Dubuisson, Culliford – Le Lombard

    Pour le Schtroumpf discret, c’est l’occasion de se faire remarquer pour que le Grand Schtroumpf le choisisse enfin pour des missions. La concurrence va s’avérer rude. Une épreuve de chaises musicales va faire un premier tri dans ce quatorzième trophée. Au fil des challenges, il ne va rester rapidement que quatre Schtroumpfs à départager, et pas des moindres. Aux côtés du Schtroumpf discret, le Schtroumpf costaud, le Schtroumpf grognon et la Schtroumpfette ne comptent pas laisser leur place. Qui le premier dénichera en pleine forêt la coupe du vainqueur ?

    © Borecki, Dubuisson, Culliford – Le Lombard

    Aventure sur le dépassement et la confiance en soi, ce quarante-troisième album des petits lutins bleus propose une fois de plus une morale qui fait grandir. Si le scénario linéaire semble prévisible, le final apporte un twist inattendu, qui montre que les choix que l’on fait, les sacrifices que l’on consent, apportent bien plus que n’importe quelle victoire.

    Ludo Borecki n’avait pas dessiné de Schtroumpfs depuis 2006. Le voici de retour avec cette compétition qui n’est pas sans rappeler celle des Schtroumpfs olympiques. Au scénario, Thierry Culliford s’adjoint les services d’un nouveau venu dans l’univers, le très prometteur Marc Dubuisson. En mettant le lecteur dans la peau du Schtroumpf discret, les auteurs font de lui le cent-unième habitant du village.

    © Borecki, Dubuisson, Culliford – Le Lombard

    Il y a quelque chose d’inexplicablement rassurant chez les Schtroumpfs. Ils ont un effet doudou dont tous ceux qui les ont lus dans leur jeunesse ne peuvent se passer. Cet album, classique, ne déroge pas à la règle.


    Série : Les Schtroumpfs

    Tome : 43 – Le trophée des Schtroumpfs

    Genre : Aventure

    Scénario : Marc Dubuisson & Thierry Culliford

    Dessins : Ludo Borecki

    D’après : Peyo

    Couleurs : Studio Nine Culliford

    Éditeur : Le Lombard

    ISBN : 9782808214957

    Nombre de pages : 48

    Prix : 12,95 €


  • 60 ans déjà ?
    par Laurent Lafourcade

    Hey, vieux toi-même !

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    « -Ah oui, Antoine ! C’est ton anniversaire dans 3 jours ! Eh eh ! Pas trop dur ?

    -Dur ? Mais pas du tout ! J’suis hyper positif ! J’en profite ! 60 ans, c’est le nouveau 40 ans ! je suis en forme. Je m’entretiens, et puis en vrai, j’ai une super espérance de vie, 79,2 ans pour les hommes ! Quasi encore 20 ans de vie ! Et 20 ans, c’est le bel âge, ah ah ! »

    Peu importe son âge. L’important est de rester jeune dans sa tête, au grand dam des autres et de ce qu’il y a marqué sur sa carte d’identité. Et puis, il faut savoir rester fier. Ce monsieur au guichet de la SNCF, la réduction senior, il n’en veut pas. Alors, si le guichetier ne veut pas lui refiler la carte jeune, il préfère payer plein pot. Aux yeux des petits-enfants, 60 ans, c’est vieux. Tu vas bientôt mourir, papy ? Ben, non, il fume des pétards, il boit, il roule sans casque et s’éclate avec des filles. C’est finalement pas si mal d’être grand-père. La retraite, c’est le début de tout. Plus de taf, la thune qui tombe, du temps pour soi. Pourquoi ne pas lancer une carrière d’artiste ? Quelques années de repos et ça va tout déchirer. Pas le temps de garder les petits-enfants…surtout gratos.

    © Jim, Delphine – Anspach

    Côté femmes, ces dames sont aussi invitées. L’âge n’est pas l’apanage des hommes. Les sénioritas se retournent sur les années de sexe. Avec la vue qui baisse, le maquillage est plus long à appliquer. Va falloir prévoir un time delay. Elles font tout pour rester jeunes et donnent même l’exemple en venant au boulot en vélo non électrique. C’est top…pour leur âge. Au moins, les enfants sont plus indulgents que les partenaires de gym. Avoir une mamie qui a un emploi du temps de ministre, c’est fou. Ben, non, c’est parce que sinon elle ne sait pas quoi faire de ses journées.

    © Jim, Delphine – Anspach

    Vieillir en tant qu’homme. Vieillir en tant que femme. Vieillir en couple. Jim regarde ses pairs par le petit bout de la lorgnette. L’auteur, qui n’a jamais quitté les trente ans dans sa tête, montre comment il est impossible d’échapper à l’âge de ses artères. Et puis, vieillir, ça ne veut pas dire qu’on est encore vivant ? Avec l’évolution de la société, 60 ans en 2025, ce n’est pas 60 ans comme il y a soixante ans. Jim porte un regard amusé, incisif, caustique parfois, mais jamais méchant, sur les tragédies du quotidien qui touchent les boomers. Les vêtements et les attitudes ne freineront pas l’avancée du temps. Va falloir faire des bilans sanguins. Avec cet album, Jim réconcilie le sexagénaire avec ce qu’il était, parce qu’il n’a jamais cessé d’être lui-même en fait. On ne peut éviter de vieillir, mais on peut éviter de devenir vieux. La nuance est là.

    © Jim, Delphine – Anspach

    Après Le chant du cygne, 60 ans déjà ? est le deuxième album d’humour sociétal de Jim chez Anspach. 60 ans, ce n’est plus l’âge d’oraison. Jim nous le prouve, dans un traitement graphique à cases quasi-fixes qui laisse la part belle aux dialogues, très théâtraux. A la manière des Brèves de comptoir, l’album pourrait être adapté sur scène. Plus frais que des gardons, les sexagénaires ont encore des beaux jours à venir et d’avenir. Corrosif, drôle et optimiste !


    One shot : 60 ans déjà ?

    Genre : Humour

    Scénario & Dessins : Jim

    Couleurs : Delphine

    Éditeur : Anspach

    ISBN : 9782931105283

    Nombre de pages : 56

    Prix : 15,50 €


  • Ekhö monde miroir 13 – Les chimères de Venise 
    par Laurent Lafourcade

    Laisse les gondoles !

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    « -Quelque chose de très mauvais se prépare. Des forces maléfiques sont à l’œuvre. Quelque chose qui vient d’au-delà de la mort…

    -Tu crois aux fantômes, maintenant, Hugo ?

    -Il y a pire que les fantômes. Oui, il y a Venise… Et cette ville est la mienne. Je la protégerai à tout prix.

    -Je t’aiderai.

    -Nous allons avoir besoin de toutes les forces possibles… »

                    La Sérenissime est menacée. Une démente aigrie nommée Lucrèce, descendante des Da Vinci, menace de détruire Venise. La fourbe a bien l’intention, une fois la rançon obtenue, d’engloutir la cité sous les flots. Lucrèce a préparé une mixture capable d’attirer dans la lagune de terribles prédateurs, des dragacudas de l’Adriatique. Manque de bol, ça tourne mal pour elle et la folle se fait dévorer par les bestioles qu’elle a attirées. A Venise pour signer la célèbre diva Jessye, Fourmille Gratule voit son corps possédé par l’esprit de Lucrèce, qui trouve là l’occasion de finaliser ses plans machiavéliques. Sigisbert de Motafiume, le preshaun chargé de veiller à l’équilibre du monde miroir, raconte l’histoire à la sérenissime pontife. Cleto Farnese et Hugo ont-ils accepté de l’aider à résoudre le problème ?

    © Arleston, Barbucci, Lebreton – Soleil

                    On le redit, Ekhö monde miroir, c’est la Terre, mais en fait non. Chaque épisode amène Fourmille et Yuri dans une ville, comme si elle était de notre monde, mais qui est en fait dans le monde miroir. Chaque histoire est indépendante et dans chacune d’entre elles l’esprit de Fourmille est occupé par un ectoplasme dont il faut résoudre le problème afin que l’héroïne soit libérée de son hôte. Dans cet épisode, Fourmille est seule. Seule ? Pas vraiment. Si Yuri est absent, Sigisbert veille sur elle, bien que ça ne l’arrange pas forcément parce qu’il va être contraint de faire appel à un ex à lui, un marin, accompagné d’un humain, Hugo, marin lui aussi. Les deux personnages sont les avatars de Corto Maltese et Hugo Pratt. Ça permet de lire une histoire intéressante avec le célèbre marin.

    © Arleston, Barbucci, Lebreton – Soleil

                    Ekhö monde miroir est une série d’héroïc-fantasy drôle, originale, intelligente et subversive. La marque Christophe Arleston y trouve toute sa spécificité. L’auteur développe son savoir-faire dans des histoires finement menées, avec humour et aventure dans un équilibre parfait. Le scénariste montre son petit côté provocateur, posant les pieds hors des sentiers battus. Là où, dans Astérix, faire parler le pirate Baba avec des « R », c’est du wokisme pur et dur, quand Arleston psychanalyse un personnage homosexuel, c’est rigolo, respectueux, et ça fait avancer les mentalités. Sous les couleurs merveilleuses (comme Venise) de Nolwenn Lebreton, Alessandro Barbucci fait encore une fois des merveilles (comme Venise…du temps de sa splendeur).   

    © Arleston, Barbucci, Lebreton – Soleil

    Fourmille Gratule parcourt le monde à la merci d’esprits qui la possèdent. Nous, lecteurs, sommes possédés par le sien. Ekhö monde miroir est bien plus fantastique que notre monde à nous.


    Série : Ekhö monde miroir

    Tome : 13 – Les chimères de Venise

    Genre : Heroïc-Fantasy

    Scénario : Christophe Arleston

    Dessins : Alessandro Barbucci

    Couleurs : Nolwenn Lebreton

    Éditeur : Soleil

    ISBN : 9782302102439

    Nombre de pages : 52

    Prix : 15,95 €


  • The strange house 1
    par Laurent Lafourcade

    Un plan bien mystérieux

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    « -On va bientôt avoir un bébé.

    -Oh ! Toutes mes félicitations !

    -Et donc on pense acheter une maison. On a trouvé cette jolie maisonnette de deux étages dans un quartier calme proche de la gare et de la forêt. C’est pas du neuf mais elle a été construite très récemment. Elle est lumineuse et spacieuse. Ma femme et moi avons tout de suite eu un coup de cœur ! Mais… Regarde ici… Il y a un étrange espace. « 

    Un futur papa présente à un ami, Yanaoka, les plans d’une maison qu’il prévoit d’acquérir, mais il a décelé une anomalie qui le retient dans son achat. Un étrange espace intérieur sans porte sans fenêtre est situé entre la cuisine et la salle à manger. Yanaoka est un auteur spécialisé dans l’occultisme. Il s’y connaît en phénomènes étranges et entend beaucoup d’histoires de fantômes et un tas de trucs étranges dans le cadre de son travail. Certaines maisons sont hantées, mais le cas de celle-ci semble différent. Yanaoka appelle Kurihara, un architecte passionné de polars. En analysant les plans des deux étages de la maison, il remarque tout un tas d’ambiguïtés qui laissent penser que celle-ci pourrait être le théâtre de meurtres sordides.

    © 2023 Uketsu, Kyo Ayano. All rights reserved 
    First published in Japan in 2023 by Ichijinsha Inc., Tokyo
    © Kana 2025

    Entre conjectures et suppositions, Yanaoka et Kurihara imaginent ce qui a pu se passer. Une pièce est infranchissable, sauf peut-être d’un étage à l’autre. Une autre salle, sans fenêtre fatalement, se trouve au beau milieu de l’étage. Tout est conçu pour que des choses puissent se passer alors que les voisins pensent qu’ils ont vision sur tous les lieux. Alors, réalité ? Spéculations ? On ne sait pas trop si les deux analystes savent ou fantasment sur d’éventuels crimes. Ce qui est certain, c’est qu’un corps découpé en morceaux a été retrouvé dans un bois près de cette maison, qui a été construite il y a à peine un an.

    © 2023 Uketsu, Kyo Ayano. All rights reserved 
    First published in Japan in 2023 by Ichijinsha Inc., Tokyo
    © Kana 2025

    The strange house est l’adaptation d’un roman du youtubeur Uketsu. Derrière un masque blanc et dans une combinaison noire, le vidéaste mystérieux est une star du web au Japon. On ne connaît ni son âge, ni sa voix. Uketsu signifie « trou de pluie ». Il raconte des récits effrayants, dont celui de cette maison aux plans étranges. L’histoire est devenue un manga et un film. L’auteur est l’un des leaders de la nouvelle vague nippone et a déjà rebondi avec Strange pictures basé sur des dessins d’enfants. Son histoire de maison date à peine de 2023 et fait déjà figure de phénomène mondial. Détective Conan aurait adoré résoudre l’énigme de ce manga.

    © 2023 Uketsu, Kyo Ayano. All rights reserved 
    First published in Japan in 2023 by Ichijinsha Inc., Tokyo
    © Kana 2025

    Quand on ne peut pas refermer un livre avant de l’avoir terminé, c’est qu’il se passe quelque chose de fascinant. The strange house est l’événement manga de cette fin d’année. Indispensable.


    Série : The strange house

    Tome : 1

    Genre : Thriller

    Scénario : Uketsu

    Dessins : Kyo Ayano

    Éditeur : Kana 

    ISBN : 9782505129028

    Nombre de pages : 178

    Prix : 7,90 €


  • L’agent Jean ! Saison 2 – Tome 5 – La grande fusion
    par Laurent Lafourcade

    L’agent vous salue bien !

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    « -Hmm, tu sais quoi, J-C ? Je crois que j’ai vécu assez longtemps. J’ai fait le tour de ma vie de superméchant. Il est temps d’en finir avec cette histoire.

    -En finir ? »

    ALERTE Attaque de l’édifice

    « -Hmm ? Qu’est-ce que… Ils… Ils sont vivants ! »

    Vingt-deux mois après la destruction de l’agence, Castor se morfond d’ennui. Le superméchant est en manque d’ennemis. Il va vite pouvoir se rassurer. Martha et ses troupes sont parées pour l’assaut. Tout cela, la vache va le rappeler à l’agent Jean, bien installé dans un fauteuil, un casque vissé sur la tête raccordé à un ordinateur. Une disquette contenant les souvenirs numérisés de tous les membres de l’équipe dans la machine, et voilà introduits dans le cerveau de l’agent les événements des deux années qu’il a manquées. Ça va être incroyable ! Comme si on était dans un tome 9 de la saison 1, re-bienvenue dans l’ère du Castor !

    © Alex A. – Presses aventure

    En faisant le pont entre la saison 1 et la saison 2, c’est bien la conclusion de la série L’agent Jean, saison 2 tome 5, que l’on tient en mains. On assiste à un combat sans pitié entre les membres de l’agence et leurs ennemis. Le Castor va s’annoncer plus redoutable que jamais. Avec les membres de l’équipe, on va apprendre que l’agent Jean d’aujourd’hui n’est plus vraiment celui que l’on connaissait. C’est fou, c’est surréaliste, c’est cybernétique. Prenez une grande inspiration avant de démarrer car une fois dans l’action, pris dans une spirale infernale, on ne peut plus s’arrêter.

    © Alex A. – Presses aventure

    Après quinze volumes, le dessinateur québécois Alex A. apporte la conclusion des aventures sidérales et sidérantes d’un agent secret à côté de qui James Bond c’est de la gnognotte. Cette « grande fusion » répond à de nombreuses questions laissées en suspens, mais en laisse d’autres irrésolues. Une saison 3 pourrait-elle donc être envisageable ? L’auteur ne l’exclut pas, après d’autres projets. L’histoire elle-même le décidera. En attendant, il offre aux lecteurs la possibilité de prendre le relais avec leur créativité. Ce qui laisse vraiment penser qu’il va un jour reprendre la main, c’est une scène post-générique, comme chez Marvel.

    © Alex A. – Presses aventure

    L’heure de vérité a sonné. Les personnages semblent avoir pris le pouvoir sur leur auteur dans ce grand final complètement dé-« jean »-té. La BD québécoise est survoltée.


    Série : L’agent Jean !

    Tome : Saison 2 – Tome 5 – La grande fusion

    Genre : Aventure humoristique déjantée

    Scénario & Dessins : Alex A.

    Éditeur : Presses aventure

    ISBN : 9782898451744

    Nombre de pages : 112

    Prix : 9,90 €


  • Un flic sous l’occupation 1 – Profit garanti
    par Laurent Lafourcade

    PJ sous pression

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    « -Marsac !… Pas trop tôt ! Faut t’acheter un réveille-matin…

    -J’avais un rendez-vous médical…

    -Ah oui !… Deux macchabées. Les propriétaires. Emile Borel, 63 ans, et sa femme Yvonne. Ils ont reçu chacun deux balles, dont une dans la tête.

    -Pas de témoin ?

    -Une bonniche à demeure, Angèle Carradec. Elle a eu la présence d’esprit de se planquer dans sa penderie. Mercadier est en train de la réconforter. »

                    Une villa cossue de région parisienne, pendant l’occupation. Un couple de retraité est assassiné après que le mari a été invité par des malfrats à vider son coffre de la banque. Dépêché sur les lieux, l’inspecteur Marsac retrouve ses collègues Brunet et Mercadier qui ont recueilli les informations qu’ils ont pu auprès de la bonne qui s’était cachée dans une penderie. Le modus operandi rappelle celui d’un meurtre attribué en 1935 à Lucien Grenier. Emprisonné à Fresnes, il a été libéré ainsi que deux autres détenus à la demande d’un officier supérieur allemand. Si les boches se mettent à libérer les prisonniers de droit commun, c’est pour les épauler dans leur travail de police. Aujourd’hui, Marsac retrouve Grenier dans une villa de Neuilly. Loin d’en vouloir au policier, l’ex-taulard répond à ses questions, mettant en avant un alibi. Le flic n’est pas dupe.

    © Beuriot, Richelle, Ralenti – Glénat

                    Dans une France occupée gangrénée par l’occupant et la corruption, il n’est pas évident de trouver sa place. Refusant son affectation au service anti-juifs, Rouget a quitté les RG pour se retrouver au contrôle économique. Il s’occupe de marché noir. Dans chaque situation, il y a ceux qui en profitent et ceux qui la subissent. C’est le cas des services de police. Alors que Grenier est placé en garde à vue, un officier allemand ordonne sa libération. En toute impunité, le meurtrier va pouvoir poursuivre son trafic de marchandises de luxe. L’inspecteur Marsac parviendra-t-il à conserver son intégrité ou cèdera-t-il aux sirènes de la corruption ?

    © Beuriot, Richelle, Ralenti – Glénat

                    Quand on parle d’occupation et de résistance, on pense tous qu’on aurait eu un comportement héroïque ou discret, mais que l’on serait resté sur un chemin pavé de morale. N’ayant pas vécu l’époque de l’intérieur, il est impossible de savoir comment on aurait réagi, d’autant plus que personne ne pouvait prédire quand et comment la période s’arrêterait. Avec Un flic sous l’occupation, Philippe Richelle montre comment les cartes ont été rebattues entre police et hors-la-loi, comment la corruption et le trafic étaient à portée de main pour tout un chacun. Alors que policier était un métier objectif et manichéen, les circonstances ont transformé la profession, avec le risque de glisser du jour au lendemain du côté obscur. Au dessin, le scénariste retrouve son complice d’Amours fragiles Jean-Michel Beuriot. Trente-trois ans après la trop vite arrêtée série Rebelle, voici le duo de retour chez Glénat pour une nouvelle immersion dans la Seconde guerre mondiale, non pas au cœur des combats, mais dans la vie parisienne de tous les jours, où aucun lendemain ne ressemble à sa veille.

    © Beuriot, Richelle, Ralenti – Glénat

                    A qui profite le crime ? Dans un jeu trouble, le bruit des bottes rebat les cartes et il est bien compliqué de rester droit dans les siennes. Enième histoire dans ce décor historique, Un flic sous l’occupation démontre que le sujet est inépuisable.


    Série : Un flic sous l’occupation

    Tome : 1 – Profit garanti

    Genre : Polar historique

    Scénario : Philippe Richelle

    Dessins : Jean-Michel Beuriot

    Couleurs : Albertine Ralenti

    Éditeur : Glénat

    ISBN : 9782344058565

    Nombre de pages : 56

    Prix : 17,50 €


  • Boulevard Tintin – Que sais-je ? Hergé
    par Laurent Lafourcade

    Une œuvre qui traverse le temps

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    « Auteur d’une œuvre entièrement publiée dans des journaux pour enfants, à une époque où la bande dessinée ne jouissait d’aucune reconnaissance, quand elle n’était pas accusée de pervertir la jeunesse, Georges Remi, dit Hergé, est pourtant considéré comme l’un des créateurs majeurs du XXème siècle. Dès 1963, l’écrivain Pierre Ajame proclamait que ses albums « fontdésormais partie du patrimoine occidental ». »(Thierry Groensteen)

    On ne compte plus les ouvrages consacrés à Tintin et à Hergé. A une époque, il y avait plus de livres traitant du sujet que de toutes les autres bandes dessinées réunies. De Tintinolatrie d’Albert Algoud à la biographie minutieuse de Philippe Goddin, du Monde d’Hergé de Benoît Peeters au Mystère Tintin de Renaud Nattiez, en passant par les excellents bouquins de la collection Zoom sur Hergé rebaptisée 1000 sabords chez Sépia, il y a de quoi constituer une véritable bibliothèque. La Bibliographie d’un mythe d’Olivier Roche les recense. Il manquait peut-être un résumé concis et précis de la carrière du créateur Hergé et de sa créature Tintin. C’est chose faite dans l’emblématique collection Que sais-je ? et c’est signé par l’exégète Thierry Groensteen.

    © Que sais-je ?/Humensis

    L’histoire, ou plutôt l’Aventure, avec un A majuscule, commence en 1929, quand un jeune autodidacte à l’esprit très boy-scout du nom de George Remi publie dans le Petit Vingtième les premières pages de Tintin au pays des Soviets. Sous la coupe de l’abbé Wallez, Hergé fait voyager son reporter à travers le monde. Thierry Groensteen retrace en 33 pages la carrière de l’auteur. On assiste à sa rencontre avec Tchang, à la scission avec Wallez, écarté par Casterman, à la naissance du journal Tintin, à la vie des studios, tout en participant à sa vie privée.

    Le deuxième chapitre montre comment l’œuvre d’Hergé s’inscrit dans l’histoire de la bande dessinée. La majeure partie des précurseurs du papa de Tintin sont d’illustres inconnus des profanes. Benjamin Rabier, Alain Saint-Ogan, George McManus sont les rares à avoir traversé les générations. Groensteen raconte comment Hergé a bâti les bases de la ligne claire, entouré de collaborateurs comme Jacobs, et est devenu un chef de file de la bande dessinée franco-belge au milieu de la rivalité des hebdomadaires Tintin et Spirou. L’auteur de l’essai pose ensuite deux questions. Hergé était-il un précurseur du « roman graphique », appellation qui ne veut rien dire et d’un snobisme destiné à faire lire de la BD à ceux pour qui cet art est trop populaire ? La seconde interrogation est plus judicieuse : l’œuvre est-elle intemporelle ? L’éternité se gagne avec conditions. La réponse viendra du journaliste Gérard Lefort. On vous la laisse découvrir dans l’essai.

    © Que sais-je ?/Humensis

    Le chapitre 3 analyse les ressorts du classique. Thierry Groensteen définit quatre qualités éminentes qui font la grandeur du monde de Tintin. Hergé a écrit une comédie humaine aux personnages secondaires puissants. L’humour et l’aventure cohabitent dans une harmonie hors du commun. L’œuvre contient une part obscure qui va au-delà de la réputation aseptisée que peuvent lui faire ses détracteurs. Hergé y exprime ses obsessions et ses angoisses. Qui ne le sait pas n’a jamais lu L’étoile mystérieuse ou Tintin au Tibet. Enfin, les aventures de Tintin sont un miroir du siècle qui s’inspirent du réel en s’autorisant toutes transpositions. Hergé joue avec le « vrai-faux réel ». Tintin a bien marché sur la lune avant Neil Armstrong.

    Dans le dernier chapitre, Groensteen montre comment l’œuvre est passée au statut de mythe. Hergé est passé par des accusations de colonialisme et de collaborationnisme avant d’être réhabilité après sa mort. On poursuit avec les différentes adaptations, les parodies, puis la place des originaux sur le marché de l’art, dont le point d’orgue a été la vente d’une esquisse pour la couverture du Lotus bleu qui a atteint 3,2 millions d’euros en 2021. Après un état des lieux de la tintinologie, Groensteen ne se pose des questions mais fait un état des lieux objectif de la gestion de l’héritage.

    © Que sais-je ?/Humensis

    Quatre millions d’albums de Hergé sont vendus chaque année à travers le monde. Qu’on le veuille ou non, l’œuvre est fondatrice. Reste à savoir ce qu’il se passera le 1er janvier 1954 lorsqueTintin tombera dans le domaine public. En attendant, quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.


    Série : Que sais-je ?

    Tome : 4297 -Hergé

    Genre : Reportage

    Auteur : Thierry Groensteen

    Éditeur : Que sais-je ?/Humensis

    Nombre de pages : 128

    Prix : 10 €


  • 100 bucket list of the dead 16 & 17
    par Laurent Lafourcade

    La mort est dans le manoir et dans l’espace

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    « -L’ambiance fait vraiment film d’horreur…

    -Il… Il y a quelqu’un ?

    -S’il vous plaît … ?

    -On dirait bien qu’il n’y a personne…

    -Pourquoi c’est allumé, alors ?

    -Ils ont peut-être des panneaux solaires ?

    -Ceci expliquerait cela.

    -C’est vraiment trop nul s’il n’y a pas de meurtrier.

    -… Dépêchons-nous de prendre de l’essence et de repartir. »

    Avec le groupe qui les a pris en stop, Takemina et Izuna arrivent dans un sombre manoir qui semble abandonné. Le duo s’est séparé d’Akira et ses camarades pour aller chercher de l’essence, le camion étant tombé en panne sèche. Ce manoir, c’est la maisonnée Yamagami, demeure d’une famille de notables qui a fortement contribué au redressement des finances de la Province à la fin de l’époquee d’Edo, et qui a exercé sa mainmise sur tous les villages des environs. Dans le coin, les histoires de disparitions mystérieuses imputées à la « colère divine » sont particulièrement nombreuses. Depuis des générations, il paraît que les descendants se seraient mis à chasser les humains. Bien évidemment, les loisirs de cette famille vont toujours être d’actualité, zombies aidant.

    © 2025 Haro ASO, Kotaro TAKATA All right reserved
    © KANA 2025

    Nos héros vont se retrouver dans un slasher à la Vendredi 13 mixé de Massacre à la tronçonneuse. Pendant que des intrépides explorent les lieux, Kazuki et Serina choisissent de rester dans le van pour s’adonner avidement aux plaisirs de la chair ce qui donne une scène plus qu’érotique qui va se transformer en bain de sang, rangeant l’épisode dans la catégorie Seinen, l’ambiance horrifico-humoristique faisant passer la pilule. Dans la maison, comme dans toute histoire du genre, les personnages vont évidemment se séparer et découvrir la famille de dégénérés qui l’habite, ravie de voir arriver chez eux des gens susceptibles de nourrir mamie, attachée à une chaise, transformée en zombie depuis quelques temps. Si on vous dit que tout va partir en live, vous nous croyez ?

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    Ensuite, direction l’espace, l’espace de la mort. Dans la bucket list d’Akira, il y a « Expérimenter l’apesanteur ». Hirotaka Ukaji, PDG de Développement Spatial Co. Ltd. « Star Westler », va certainement pouvoir réaliser ce vœu. A la tête d’une base de lancement de fusée, va-t-il permettre à nos voyageurs de partir pour un petit voyage dans l’espace ? En réalité, l’espace est très proche, mais les zombies aussi. Il y en a plein la zone. Et puis, vous souvenez-vous du slogan du film Alien ? « Dans l’espace, personne ne vous entendra crier. » Si le réalisateur Ridley Scott avait pu lire 100 bucket list of the dead, il aurait compris que ce n’est pas une vérité.

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    Haro Aso et Kotaro Takata poussent le curseur aussi loin qu’ils le peuvent, et dans l’horreur, et dans le sexe, dans cette série à la frontière entre le Shonen et le Seinen. 100 bucket list of the dead fait partie des mangas que les ados peuvent faire acheter à leurs parents en leur faisant croire que c’est une simple et drôle histoire humoristique de zombies et qu’ils liront en cachette dans leur chambre.

    Dans Le manoir de la mort, pour la première fois, Akira n’est que figurant, apparaissant en début et en fin d’histoire. Takemina est le héros de l’arc autour du manoir, peut-être parce qu’on ne peut pas faire vivre à un héros auquel les jeunes s’assimilent des choses aussi terrifiantes. Le manga se clôt par un tendre chapitre sur la jeunesse de Béa et par une scène romantique entre Akira et Shizuka, faisant redescendre la tension.

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    Dans L’espace de la mort, retour à l’aventure collective classique. Classique ? M’enfin, on est dans Bucket list quand même.

    Venez rayer de nouveaux vœux dans la liste d’Akira, en évitant de vous faire mordre. Ça pourrait être fatalement grave.



    Série : 100 bucket list of the dead

    Tomes : 16 & 17

    Genre : Zombies

    Scénario : Haro Aso

    Dessins : Kotaro Takata

    Éditeur : Kana

    Collection : Big Kana

    ISBN : 978250513-2844/-3773

    Nombre de pages : 160

    Prix : 7,90 €


  • La légende des Stryges – Les eaux du chaos 1/2
    par Laurent Lafourcade

    Louvre boîtes

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    « -Alors ? Que dites-vous de ça ? C’est extraordinaire, non ?!

    -A tous points de vue ! Je n’avais encore jamais vu sept sarcophages réunis dans une même chambre ! Sans parler de leur dimension !

    -Et observez un peu la façon dont la pierre est taillée !

    -Vous avez raison… On pourrait presque qualifier cet ouvrage de « primitif » !

    -Et ces écritures ! Rien à voir avec des hiéroglyphes ! D’après vous ? Qu’est-ce que c’est ? Des runes ?

    -Ce sont des symboles cunéiformes…

    -Vous pouvez les déchiffrer ?

    -Avec un peu de temps, sans doute… Je vais les recopier…

    -Vous prendrez des notes plus tard, Sardin ! Le plus urgent, c’est de savoir ce que contiennent ces cercueils ! Salim ! Appelle tes gars… Au travail ! »

    Egypte, 1869. Lors de fouilles archéologiques, sept sarcophages sont mis à jour. La découverte risque d’avoir un retentissement mondial. A l’intérieur, dans une puanteur épouvantable, une pâte visqueuse et noirâtre laisse place à un liquide épais et gluant. Une fois le premier tombeau siphonné, les explorateurs, Bernat et Sardin, découvrent un corps momifié de près de 3 mètres 50 de haut. Il va falloir le ramener à Marseille afin de l’autopsier dans les règles de l’art. Evidemment, la momie va susciter bien des convoitises. Pour les égyptiens antiques, la mort n’est pas une fin en soi, mais un passage, un trépas. C’est pour cela qu’ils préparaient les corps à leur rencontre avec Osiris, avec l’embaumement. Ce qui est bizarre dans le cas de la momie autopsiée par le duo de scientifiques, c’est que les organes n’ont pas été retirés, ni placés dans des vases canopes près du mort.

    © Bègue, Corbeyran, Fabbro – Delcourt

    Quelques semaines plus tard, la première des sept momies est exposée à l’Académie des Sciences. Pour Monsieur Sardin, c’est le corps même de la déesse Isis. Les autres momies semblent confirmer que les sépultures renfermaient l’élite du panthéon égyptien. Dans le public de l’Académie, se trouve un certain Sandor G. Weltman. L’industriel cultive dans son jardin secret une attirance presque maladive pour les trésors archaïques. Il se présente comme un mécène auprès de Sardin et lui propose une bourse illimitée, un financement total de tous ses futurs travaux, en échange… de rien. Etonnamment, ce ne sont pas les dieux de l’Egypte ancienne qui le passionnent, mais le liquide noir dans lequel il baignait. Que cherche-t-il ? Quel est son intérêt ? Et qui est cette mystérieuse Maria qui l’accompagne ?

    © Bègue, Corbeyran, Fabbro – Delcourt

    Si l’album commence comme une série fantastique comme une autre, c’est lorsqu’à la planche 23 Sandor G. Weltman prononce son nom que des frissons parcourent les corps de tous les lecteurs bercés par Le chant des Stryges et ses séries dérivées. Il n’y a pas de doute. L’univers est bel et bien de retour pour un diptyque qui, on l’espère, n’est que le premier d’une nouvelle salve de récits consacrés à la mythologie des Stryges. Contact and Inducement, ce fameux vrai-faux livre rédigé par Peter McKenzie, continue à entretenir le mystère.

    Corbeyran remonte aux sources des Stryges dans la mythologie égyptienne, jouant des hommes et des dieux. Nicolas Bègue représente l’Egypte et le Paris de la fin du XIXème siècle dans une immersion totale. Lucie Fabbro lie les deux endroits dans des tons de couleurs qui glissent de l’un à l’autre des lieux sans rupture. C’est presque étonnant comme ça passe. Comme pour rassurer les lecteurs, c’est Richard Guérineau qui signe la couverture. Bègue aurait très bien pu la réaliser lui-même. Enfin, dans un sublime cahier graphique, les dessinateurs partenaires du scénariste montrent leurs représentations des créatures.

    © Bègue, Corbeyran, Fabbro – Delcourt

    Il était inconcevable que le monde des Stryges ne revienne pas. Corbeyran signe un retour gagnant pour cette série qui a construit toute une galaxie traversant les siècles. La légende n’a pas fini de nous faire rêver. Et si les Stryges existaient vraiment ? Mais oui, j’en ai déjà vu.


    Série : La légende des Stryges

    Tome : Les eaux du chaos 1/2

    Genre : Fantastique

    Scénario : Corbeyran

    Dessins : Nicolas Bègue

    Couleurs : Lucie Fabbro

    Couverture : Richard Guérineau

    Éditeur : Delcourt

    ISBN : 9782413082262

    Nombre de pages : 48

    Prix : 15,50 €


  • Thorgal Saga 5 – La cité mouvante
    par Laurent Lafourcade

    Le retour d’une ombre de l’au-delà

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    « -Toi… Pourquoi avez-vous attaqué cette femme ? La connais-tu ?

    -Nous sommes tombés dessus par hasard… Mais qui va vers la cité de Prokleta transporte quelque chose de précieux…

    -Comment sais-tu que cette femme allait dans cette cité ?

    -Nous sommes des bandits… Nous savons où se trouve la cité… Toute personne que nous rencontrons aujourd’hui va forcément à Prokleta… C’est bien ton cas aussi, n’est-ce pas ?

    -Ce matin, je t’aurai répondu par la négative… Mais maintenant, tu as raison… Indique-moi le chemin et je te laisserai la vie sauve.

    -Attention étranger. Si tu ne connais pas la cité, je te déconseille de t’y aventurer… Sauf si tu dois te cacher d’un ennemi puissant…

    -Ha ! Ha ! Ha ! Tu viens de finir de me convaincre. »

    Afin de protéger sa famille des dangers qui pourraient arriver, Thorgal décide une fois de plus de quitter son village pour aller il ne sait où mais loin. Il reviendra. Il le promet à son fils Jolan en lui demandant de prendre soin des autres. Pendant ce temps, au-delà des ombres, où le temps n’a pas d’emprise, une jeune femme que l’on connaît bien est libérée de sa geôle. C’est Shaniah, que Thorgal trouve sur son chemin et qu’il sort d’un bien mauvais pas alors qu’elle est attaquée par des brigands. Il n’aura pas le temps de lui demander ce qu’elle fait là qu’elle s’enfuit. D’après les bandits de grand chemin, elle allait à Prokleta, une cité où il vaut mieux ne pas mettre les pieds sauf si l’on doit se cacher d’un ennemi puissant. Il n’en faut pas moins pour inciter Thorgal à s’y rendre.

    © Aouamri, Ozanam, Tatti – Le Lombard

    Arrivé sur place, Thorgal apprend que Prokleta n’est pas une ville comme les autres. Apparemment, on ne peut pas sortir de la forteresse quand on le désire, parce qu’elle est magique. Si on l’appelle la cité mouvante, c’est parce que lorsque l’on ferme ses portes, elle change d’emplacement. Un jour dans les montagnes, un autre dans le désert ou au milieu des glaces. Si l’on tente de la quitter par ses propres moyens, une puissante magie ramène l’éventuel fuyard en son sein. Thorgal va tenter l’expérience et constatera les faits. Y est-il enfermé à tout jamais ? Quel est le rôle de Shaniah dans l’affaire ? De son côté, au village, Aaricia reçoit la visite d’une de ses connaissances qui a bien changé, Vigrid, un compagnon de route de Thorgal, un dieu étonnamment serviable, qui compte bien profiter de l’absence de l’enfant des étoiles et dont il n’est pas étranger à son sort actuel.

    © Aouamri, Ozanam, Tatti – Le Lombard

    C’est déjà le cinquième one shot Thorgal Saga. La série parallèle est toujours aussi fidèle à ses origines, mais attention de ne pas en faire trop. Tant que ce sont des albums de la qualité de celui-ci, on peut y aller. Antoine Ozanam ne s’embarrasse pas à trouver un prétexte au départ de Thorgal du village. « Je doute qu’il existe une seule terre où je puisse me cacher des dieux. Mais peut-être pourrais-je au moins me faire oublier. » Il quitte sa famille parce qu’il les aime. C’est sûr, on fait tous ça… Bah, lui, il est héros de bande dessinée. C’est pour ça qu’il agit ainsi dans ce démarrage à la limite du parodique. Les choses sérieuses arrivent rapidement. Le scénariste rebondit sur deux albums : « Aaricia » et le mythique « Au-delà des ombres », épisode majeur de la Saga. Quel plaisir de retrouver Shaniah que l’on pensait perdue à jamais. Ozanam joue à fond la carte de la mythologie Thorgal dans un scénario taillé au cordeau. Au dessin, on retrouve le talentueux Mohamed Aouamri, qui rosinskise légèrement son trait, même si quelques cases ont l’empreinte de La quête de l’oiseau du temps, expérience dont on ne peut ressortir graphiquement le même qu’avant d’y avoir participé.

    © Aouamri, Ozanam, Tatti – Le Lombard

    Cette cité mouvante ne prend pas l’eau (Remember Valérian). Ozanam et Aouamri laissent une empreinte précieuse dans l’univers Thorgal Saga, avant de laisser leur place pour dans quelques mois à Christophe Bec et Valérie Mangin.


    Série : Thorgal Saga

    Tome : 5 – La cité mouvante

    Genre : Heroïc Fantasy 

    Scénario : Antoine Ozanam

    Dessins : Mohamed Aouamri

    Couleurs : Bruno Tatti

    D’après : Rosinski & Van Hamme

    Éditeur : Le Lombard

    ISBN : 9782808211475

    Nombre de pages : 88

    Prix : 21,95 €


  • Un léger bruit dans le moteur / Un léger goût sous le palais
    par Laurent Lafourcade

    La douce innocence de l’enfance

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    « -Ohééé ! Y a quelqu’un ici ? J’ai comme un léger bruit dans le moteur. Et je n’aimerais pas tomber en panne sous ce déluge. Eh ! Oh ! Quelqu’un m’entend ? »

                    Par une nuit pluvieuse, un automobiliste appelle de l’aide. Il a un léger bruit dans le moteur et n’aimerait pas tomber en panne sous le déluge. Seul un enfant l’entend. Dans sa parka jaune, une main derrière le dos, il s’avance vers le véhicule. Tout a commencé quelques jours plus tout dans ce petit village de campagne, un endroit où personne ne s’arrête. Un enfant explose froidement par terre la tête de son demi-frère avant de faire passer sa mort pour un accident de balançoire. Serial killer en puissance, le môme a bien l’intention de faire subir le même sort à tous les habitants du hameau, à commencer par Madame Esplonde qui fait office de maîtresse dans une caravane toute pourrie sans chauffage qui sert d’école. Dans cet endroit qui pue la mort, il y a quand même une lueur de soleil, c’est Laurie Gandriale, une jolie fille.

    © Munoz, Gaet’s – Petit à petit

                    Autre lieu, même mœurs, en pleine ville, il était une fois une petite fille de la ville, la plus jolie qu’on eût su voir. Sa mère était folle, et sa grand-mère plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire une petite robe de fée qui lui seyait si bien que, partout, on l’appelait la petite « Fée pas chier ». Ha, c’est sûr que celle-là, faut pas l’embêter. Elle dégomme les pigeons au caillou et organise des tea-parties avec leurs cadavres. Elle déteste son grand-frère, mais aime jouer à cache-cache avec lui. Dans l’immeuble où elle habite, elle déteste à peu près tous les résidents, comme cette vieille sorcière de bonne-sœur qui n’a même pas d’ailes pour voler. Plus dure sera la chute. Dans son univers, il y a aussi une lueur. C’est Pierre, qui fait pousser tout plein de plantes et de fleurs dans son jardin.

    © Friess, Gaet’s – Petit à petit

                    Ce sont des enfants qui tuent les gens. Ce sont des enfants sans sentiments qui assassinent avec un sang froid indescriptible. Ce sont des histoires sans morales, implacables et fatales. « Un léger bruit sans moteur » est l’adaptation d’un roman de Jean-Luc Luciani. Publié pour la première fois en 2012 chez Physalis, l’album est réédité chez Petit à petit à l’occasion de la sortie de « Un léger goût sous le palais », qui, bien qu’il y ait une transition entre les deux tomes, n’est pas une suite mais le développement d’un univers similaire.

    © Munoz, Gaet’s – Petit à petit

    Avec ces enfants narrateurs, Gaet’s utilise de nombreux récitatifs et peu de dialogues, comme pour préserver le lecteur, dans une position décalée d’observateur, peut-être pour mieux supporter les meurtres, si tant est que ce soit supportable. Rassurez-vous, ça l’est, grâce aux graphismes des dessinateurs. Futur pilier de Fluide glacial, Jonathan Munoz est aux dessins du tome 1, dans un style Tirabosco. Plus proche de Prado, Etienne Friess illustre le tome 2. Leurs traits acides associés aux cadres morbides des histoires s’inscrivent dans un héritage Foerster, bien que l’on soit ici dans une veine scénaristiquement totalement réaliste.

    © Friess, Gaet’s – Petit à petit

                    A la manière d’American Horror Story, Un léger… pourrait devenir une collection horrifique d’anthologie. Ces deux tomes s’inscrivent dans des univers machiavéliques plus sombres que sombres. Tiens, et si Julien Monier, dessinateur de RIP, s’attelait à un troisième épisode ?



    Série : Un léger…

    Tomes : 1 -Un léger bruit dans le moteur / 2 – Un léger goût sous le palais

    Genre : Horreur

    Scénario & Couleurs : Gaet’s

    Dessins : Jonathan Munoz / Etienne Friess

    D’après : Jean-Luc Luciani (T1)

    Éditeur : Petit à petit

    ISBN : 97823804622-89/-72

    Nombre de pages : 120/112

    Prix : 19,90 €


  • Alix origines 5 – Corsica
    par Laurent Lafourcade

    Île de beauté, île de dangers

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    « -La lueur que j’ai vue n’était pas celle du phare d’Aléria.

    -C’est un incendie de maquis, sûrement avivé par le vent venu du large.

    -Ça sent le brûlé jusqu’ici.

    -On va longer la côte, jusqu’à ce qu’on atteigne Aléria ou qu’on trouve un abri. L’ouragan peut tourner et revenir sur nous. Et puis, il faut réparer les dégâts qu’on a subis… »

                    A Caralis, en Sardaigne, le gouverneur Calenus décide d’envoyer son fils Marius, 10 ans, à Genoa pour qu’il y fasse ses études. Il demande à Astorix de l’accompagner afin de veiller à sa sécurité, avec un détachement de quatre soldats. Marius ajoute une condition : que son ami Alix, le fils d’Astorix, soit du voyage.

                    L’équipe remonte la Sardaigne en bateau avant de longer les côtes de la Corse, Corsica. L’île a une réputation exécrable mais Marcus rêve d’y aller. Il ne se doute pas qu’il va fouler les pieds de ces terres sauvages plus vite que prévu. Pris dans un ouragan, le navire va devoir accoster alors qu’un incendie ravage le maquis. Réfugiée sur la plage, la jeune Catalina, son chien Petru et les chèvres qu’ils gardent, voient débarquer les occupants de l’embarcation, Alix en tête.

    © Bourgne, Libessart, Torta, Martin – Casterman

                    Bien qu’elle ait demandé de l’aide pour retrouver son clan dont elle a été coupée par les flammes, on ne peut pas dire que la fille soit ravie d’accueillir des romains. Elle descend des grecs, fondateurs d’Aléria. Elle fait partie des Syrbi, l’une des douze nations corses. Ensemble, ils vont tenter de rejoindre le village de Talavellu. En apprenant que le rejeton de Calenus est sur l’île, le prêteur d’Aléria voit là l’occasion de se venger de l’homme qui l’a puni de soi-disant malversations financières, l’a dépouillé de sa fortune et l’a expatrié en Corsica. Parviendra-t-il avec ce moyen de pression à obtenir ainsi un poste à la hauteur de ses compétences ?

    © Bourgne, Libessart, Torta, Martin – Casterman

                    Sur son site, Marc Bourgne rend à César ce qui lui appartient. C’est Benoît Mouchard, directeur éditorial chez Casterman, qui a eu l’idée de raconter l’enfance d’Alix, a convaincu le comité Martin, et a mis en place les grandes thématiques de la série. Connaissant sa passion pour le jeune gaulois, c’est lui qui a sollicité Marc Bourgne pour s’atteler au scénario, mais c’est ce dernier qui a proposé Laurent Libessart pour les dessins, qui est de retour pour ce cinquième tome après avoir laissé les crayons à Olivier Weinberg pour les tomes 3 et 4.

                    Cette jeunesse d’Alix se veut comme une nouvelle série destinée plus à séduire un nouveau lectorat que les aficionados d’Alix et de Jacques Martin. Exit le trait réaliste et les blocs de récitatifs. Alix origines lorgne même vers quelques influences mangas, légères. Les auteurs n’en oublient pas une certaine rigueur. On reste dans de l’aventure historique documentée et sans anachronisme.

    © Bourgne, Libessart, Torta, Martin – Casterman

                    A la frontière entre classicisme et modernité, Alix origines dépoussière et élargit un univers scientifiquement conçu par un des précurseurs de la bande dessinée du XXème siècle. Cet épisode corse montre la culture d’un peuple dans son époque. Tout aussi aventureux qu’instructif.


    Série : Alix origines

    Tome : 5 – Corsica

    Genre : Aventure historique

    Scénario : Marc Bourgne

    Dessins : Laurent Libessart

    D’après : Jacques Martin

    Couleurs : Florence Torta

    Éditeur : Casterman

    ISBN : 9782203241510

    Nombre de pages : 48

    Prix : 13,50 €


  • Anya 3 – L’autre monde / Trappeurs de rien 6 – Le faux ami / Le monde sauvage 1 – Le renard roux
    par Laurent Lafourcade

    Magie, supercherie et animalerie

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    « -Tiens ?… Regarde qui vient nous rendre visite…

    -Dame Petrovna !!!

    -Dans mes bras petite crevette !

    -Dame Petrovna, je suis trop contente de vous revoir ! Vous allez passer la soirée avec nous ?

    -Oui !

    -Wouiii… On va faire plein de jeux !

    -Ahahah… Bien sûr. Mais surtout, j’arrive avec de bonnes nouvelles. Il y a de nouveaux arrivants en ville. Ils m’ont passé une grosse commande de jouets pour leurs enfants. » 

                    Bien dissimulés derrière une butte, Anya et Papouchka observent une harde de cerfs batifolant en famille dans une clairière enneigée. Les animaux ne sont pas des jouets. On trouve le bonheur en les observant. Kozak, lui, ce n’est pas pareil. C’est un chien domestique ; il fait partie de la famille. Dame Petrovna vient alors leur annoncer qu’elle a une grande commande de jouets à honorer. Ils vont aller fêter ça tous ensemble autour de friandises. Pendant que les anciens rentrent dans la maison, Anya part installer le poney à l’étable. Elle va y trouver un petit poulain blanc avec une bosse sur le front. Ce n’est pas un poulain, non, mais une licorne, qui va l’amener, comme par magie, dans son monde merveilleux.

    © Crisse, Besson – La Gouttière

                    Changement d’ambiance pour les trappeurs américains. A l’étage du saloon, Croquette se réveille et épingle son étoile de shérif.  Après un bon p’tit déj’, il part patrouiller avec Mike, dans une ville qui se modernise petit à petit : rues pavées, trottoirs aménagés, … L’or des frères Mackinetoche a été utilisé à bon escient. Pourtant, une menace plane sur la cité et personne ne s’en doute. Le terrible bandit Norman Nobody s’apprête à arriver en ville. A une cicatrice près, il ressemble comme deux gouttes d’eau à Mike. Et que va faire le fourbe ? Subtiliser son identité bien sûr. L’or de la banque est en danger.

    © Pog, Priou, Cantreau – La Gouttière

                    Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le renard roux en lisant Le monde sauvage et sans parole. L’aventure, car pour un animal sauvage chaque jour est une aventure, commence en lisière de forêt. Aux côtés de sa maman, un renardeau découvre et explore le monde. Elle lui enseigne ce que l’on peut manger. Elle lui apprend ce dont il faut se méfier. Piégée dans une cage laissée par un chasseur, elle laisse sa progéniture livrée à la nature. Première nuit seul, premières grandes frayeurs. L’animal s’immisce même dans le village. Si les chats ne laissent pas approcher des poubelles, il est plus facile de se faufiler dans le poulailler. Les poules sont un peu grosses pour un renardeau, mais les œufs, c’est bien bon ! En fin d’album, un complément didactique nous aide à apprendre et à comprendre la vie de cet animal indispensable à l’écosystème.

    © Bauduret – La Gouttière

                    La collection d’albums jeunesse demi-formats des éditions de La Gouttière est un gage de qualité, à la manière d’une collection comme Aire Libre pour les plus grands chez Dupuis. Pourquoi la BD jeunesse n’aurait-elle pas elle-aussi son écrin ? Ici, chaque série a la poésie, l’humour ou l’émotion qui lui est propre. Venez rire dans le monde des trappeurs, observez la nature dans le monde sauvage et découvrez un splendide conte de Noël dans le monde d’Anya.



    Série : Anya

    Tome : 3 – L’autre monde

    Genre : Conte russe

    Scénario & Dessins : Didier Crisse

    Couleurs : Fred Besson

    Éditeur : La Gouttière

    ISBN : 9782357961395

    Nombre de pages : 32

    Prix : 10,70 €


    Série : Trappeurs de rien

    Tome : 6 – Le faux ami

    Genre : Western humoristique

    Scénario : Pog

    Dessins : Thomas Priou

    Couleurs : Maëlys Cantreau

    Éditeur : La Gouttière

    ISBN : 9782357960961

    Nombre de pages : 32

    Prix : 10,70 €


    Série : Le monde sauvage

    Tome : 1 – Le renard roux

    Genre : Reportage animalier

    Scénario, Dessins & Couleurs : Sylvain Bauduret

    Avec la participation du naturaliste : Yoann Thionnet

    Éditeur : La Gouttière

    ISBN : 9782357961258

    Nombre de pages : 32

    Prix : 10,70 €


  • Les profs 28 – Carnet de potes
    par Laurent Lafourcade

    Tous petits déjà…

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    « -Ah ! Ecoutez ça… Une nouvelle enquête sur nous, les jeunes… Selon l’institut Ifloup, 27 % des lycéens sont fatigués, 34 % sont inquiets et 16 % n’ont pas d’amis.

    -Pfff ! Y en a marre des études, des sondages et de tous ces trucs-là ! On nous épie, on nous ausculte, on nous dissèque… On nous met dans des petites cases…. Masi lâchez-les un peu, les jeunes ! Je ne suis pas un pourcentage ! »

                    Les sondages sont formels : les jeunes sont fatigués, inquiets et souffrent de solitude. Ça, Boulard, ça l’énerve, mais ça peut parfois aussi l’arranger. Ça lui fait une excuse facile pour arriver en retard en cours. Pour faire tourner les profs en bourrique, il n’est jamais épuisé. Il est même capable de développer des trésors d’ingéniosité pour ne pas apprendre les verbes irréguliers d’anglais… quand on le laisse entrer dans le bahut. Parce que les jours de fouille réglementaire et inopinée des sacs afin de lutter contre les violences au sein et aux abords des établissements scolaires, Boulard n’est pas certains de franchir la grille, à son grand dam pourtant. Heureusement, ou pas, que les gendarmes JP et Leteigneux font bien leur job.

    © Léturgie, Erroc, Sti, Guénard – Bamboo

                    Bref, les véritables héros dans un lycée, ce ne sont pas les élèves, mais les profs. Comme il faut avoir un peu de tenue, Madame la proviseure propose de tester l’uniforme unique pour tous les élèves, et ce sont les profs qui vont montrer l’exemple. Les habits étant plutôt moches, très moches, le styliste Jean-Yves Saint Doux va venir proposer ses créations. L’une d’entre elles trouvera-t-elle grâce aux yeux du corps enseignant et des élèves ? C’est l’histoire qui ouvre l’album. En clôture, Maurice, le prof de philo, sort de sa retraite pour un remplacement exceptionnel. Il va se rendre compte que dans ce métier, comme dans tous les autres, personne n’est irremplaçable. On est vite oublié !

    © Léturgie, Erroc, Sti, Guénard – Bamboo

                    La couverture ne vous aura pas échappé. On y voit dans un photomaton nos profs bien jeunes. On va apprendre dans des gags comment chacun d’entre eux s’est révélé, comment chacun a compris qu’il avait l’enseignement dans le sang. Antoine, futur prof d’histoire, a découvert sa vocation et sa passion napoléonienne grâce à un jeu de petits soldats pour reconstituer la bataille d’Austerlitz. Amina, future prof de français, a toujours été hérissée par les fautes d’orthographe. Eric, futur prof de sport, avait des velléités de Yamakasi. Pisson, futur prof de SVT, est passé pas loin d’un destin à la Spider-man. Les autres, vous les découvrirez dans l’album, entre deux cours filmés et postés sur les réseaux par le nouveau prof d’arts plastiques.

    © Léturgie, Erroc, Sti, Guénard – Bamboo

                    2025 est l’année des 25 ans des profs. Ça fait donc 25 ans que Boulard redouble ! L’éducation nationale étant un sujet inépuisable, il n’est pas près d’avoir son bac et une place avec Parcours Sup. Tant mieux pour nous ! Le lycée Fanfaron va devenir le plus prisé pour les mutations.


    Série : Les profs

    Tome : 28 – Carnet de potes

    Genre : Humour

    Scénario : Erroc & Sti

    Dessins : Simon Léturgie

    Couleurs : Jacqueline Guénard

    Éditeur : Bamboo

    ISBN : 9791041112173

    Nombre de pages : 48

    Prix : 11,90 €


  • Promise Cinderella 5 / Les noces des lucioles 5
    par Laurent Lafourcade

    Love stories : amours impossibles ?

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    « -Hayame ? Pourquoi quand tu dessines ta famille, il n’y a que ton papa et ta maman ?

    -J’avais répondu « Parce qu’ils s’adorent », mais la réalité était tout autre. »

    Dans Promise Cinderella, Hayame est convoquée par Seigo. Il souhaite lui parler de quelques remarques qui la concernent dans la boîte à questions de l’auberge. L’employée serait trop souvent au salon de thé, il n’est pas correct que deux employés de genres opposés sortent ensemble le soir, et d’autres critiques. L’homme lui confie savoir qu’elle a eu des soucis d’intégration, mais l’encourage à s’accrocher, compte tenu de la nature inhabituelle de son embauche. Toutefois, il lui dit pouvoir la recommander à une autre auberge. Elle ne veut pas abandonner son travail. Elle fera des efforts. Quelques jours plus tard, il va la contraindre à partir. En fait, elle n’a pas reconnu l’homme qu’elle a rencontré dix ans plus tôt, à la sortie du lycée, alors qu’elle portait encore la trace des coups donnés par son père, après le décès de sa mère.

    © 2018 Oreco Tachibana
    © 2025, Editions Glénat, pour l’édition française

    Dans Les noces des lucioles, la courtisane la plus prisée de la maison close vient d’arriver. Elle se nomme Asagiri. Elle vient rarement, ayant des amants aux quatre coins de l’île. C’est elle qui dirige l’établissement dans l’ombre, et non pas Mitsueda et sa bande. Sotako va tenter de créer un lien avec elle pour la convaincre de se faire acheter sa propre liberté. Asagiri connaît tout son passé : le fait que Satoko ait été amenée ici de force, qu’un membre de sa famille lui veuille du mal, et que de nombreux clients s’entichent d’elle. Tout cela, aucune autre courtisane ne le sait. Le secret sera bien gardé. A partir de maintenant, elle va confier à Satoko plusieurs tâches à accomplir. Si elle les mène à bien, elle reconsidèrera l’idée de se faire acheter sa liberté. Première mission : se rendre pour elle dans une échoppe de peignes avec Shinpei. Voilà déjà quelque chose que Kotaro, le garde du corps de la première heure de Sotako, ne verra pas d’un bon œil…

    © 2025 Oreco Tachibana All rights reserved
    © 2025, Editions Glénat, pour l’édition française

    La lecture parallèle de ces deux séries d’Oreco Tachibana est pertinente. La réédition de Promise Cinderella est calée sur les tomes de la nouveauté Les noces des lucioles. On peut analyser que l’auteur adopte des déroulés similaires. Dans ces cinquièmes volumes, on revient essentiellement sur des passés. Dans Promise Cinderella, c’est l’histoire entre Hayame et son père, et sa première rencontre avec Seigo.

    © 2018 Oreco Tachibana
    © 2025, Editions Glénat, pour l’édition française

    Dans Les noces des lucioles, c’est la mission confiée au garde du corps Kotaro quelques années auparavant auprès de Shinpei, avant le rapt. Seigo et Kotaro ont des personnalités ayant quelques similitudes. Ce sont des amoureux contrariés par les événements. Les histoires sont bien sûr différentes, mais l’ADN Tachibana ressort de chaque intrigue.

    © 2025 Oreco Tachibana All rights reserved
    © 2025, Editions Glénat, pour l’édition française

    Les noces sont promises, Cinderella est une luciole qui brille dans la vie. Les love stories sont éternelles tant il y a à écrire sur les amours et les jeux de séduction. Il ne manque plus que Julia Roberts et Andie Mac Dowell.



    Série : Promise Cinderella

    Tome : 5

    Genre : Comédie romantique

    Scénario & Dessins : Oreco Tachibana

    Éditeur : Glénat

    ISBN : 9782344065471

    Nombre de pages : 192

    Prix : 7,90 €


    Série : Les noces des lucioles

    Tome : 5

    Genre : Thriller romantique

    Scénario & Dessins : Oreco Tachibana

    Éditeur : Glénat

    ISBN : 9782344070253

    Nombre de pages : 192

    Prix : 7,90 €


  • Louca 12 – Phénoménal
    par Laurent Lafourcade

    Une coupe bien convoitée

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    « -Je sais que ça peut être tentant de montrer à tout le monde ce que tu sais faire, mais sois prudent. t’y vas à 60 ou 70 % max, ok ?

    -Ne t’inquiète pas, Nathan. Je ferai juste ce qu’il faut pour gagner ce match !

    -Houlà, tu m’as l’air un peu très-trop motivé, là… On va se contenter de 50 ou 60 % de ton vrai niveau, ok ? »

    Lazaro Piniatre, le journaliste du « Sportif » a failli rater le début de la conférence de presse. Le match opposant les Phoenix aux Tigres s’est joué la veille, avec une victoire de l’équipe de Louca. Ce soir, c’est le staff des Jaguars qui va répondre aux questions des journalistes. Ce seront les prochains adversaires des Phoenix. Pour Piniatre, les Jaguars ne gagneront pas la coupe du Griffon. Mais comment ont donc faits les Phoenix pour vaincre les Tigres ? Louca est arrivé par surprise et a intégré le match peu avant les arrêts de jeu de la demi-finale. Il a déjà égalisé. Il va falloir tenter le tout pour le tout avant les prolongations. Le coach, M.Kikov, est pour le moins tendu. L’arbitre, lui, est à l’affût de la moindre faute.

    © Dequier, Guillo – Dupuis

    Si l’on sait dès le début que l’équipe des Phoenix, transcendée par le retour inattendu de Louca, va gagner sa demi-finale face aux Tigres, ce que l’on ignore, c’est de quelle façon le match s’est déroulé. L’important n’est pas le but, c’est le chemin. En donnant le résultat dès le début, Bruno Dequier doit relever un défi de taille : captiver le lecteur pour une histoire dont il connaît la chute. Là est tout le talent du narrateur. Dans un album en quasi-total flash-back, l’auteur expose les faits, scotchant les lecteurs sur la pelouse du stade pour un match défiant les lois, dans lequel on va déjouer les adversaires, détester l’arbitre, s’accorder avec les commentateurs et vibrer dans les gradins avec le public.

    © Dequier, Guillo – Dupuis

    Shoots puissants, terrain qui semble faire plusieurs kilomètres de long, c’est certain, Bruno Dequier a été biberonné avec Olive et Tom (Captain Tsubasa en VO), anime des années 80 qui remplit les clubs de foot à la grande époque de sa première diffusion. 128 épisodes de 22 minutes diffusés à partir de 1983 au Japon et 1988 en France. Autre réminiscence ou acte manqué, le petit frère de Louca s’appelle Antin et son pote Anto. Tiens, le nom de famille d’Olive c’est Atton. On reste dans la même sonorité.

    L’histoire, on le rappelle, n’est pas qu’une histoire de foot. Il y a bel et bien un thriller sous-jacent. Iceman est là pour nous le rappeler. Le père de Louca n’est pas ravi du retour de son fils qui devait rester caché pour sa sécurité.

    © Dequier, Guillo – Dupuis

    Alors que la série pourrait se dérouler classiquement, avec son graphisme sportivement immersif, Bruno Dequier est un auteur qui remet sans cesse sa narration en question. Si le football décerne ses ballons d’or, la BD pourrait lui décerner un scénar d’or.


    Série : Louca

    Tome : 12 – Phénoménal

    Genre : Aventure sportive

    Scénario & Dessins : Bruno Dequier

    Couleurs : Yoann Guillo

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808510332

    Nombre de pages : 72

    Prix : 13,50 €


  • Simone 3 – Mais un jour dans notre vie le printemps refleurira
    par Laurent Lafourcade

    L’inimaginable retour

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    « -Quand j’ai appris par quelqu’un qui passait dans mon association de déportés que tu étais encore en vie, j’ai battu ciel et terre pour trouver ton numéro !

    -Tu as bien fait, ça fait des années que je n’étais pas venu en France, c’était l’occasion.

    -Je n’ai jamais eu de nouvellesde Sonia, en revanche.

    -Elle m’a sauvé la vie, tu sais. Tiens, j’ai gardé un souvenir d’elle. »

                    1983, Paris, Quatrième arrondissement. Dans la crypte du mémorial du martyr juif inconnu, Simone Lagrange témoigne devant une classe de collégiens de l’horreur qu’elle a vécu pendant la Seconde Guerre Mondiale, en déportation. Dans ce tombeau symbolique des six millions de juifs morts sans sépulture, elle se souvient, afin de contrer la propagande immonde des négationnistes, pour que ça ne recommence pas. En quittant les lieux, la rescapée tombe sur Macha, l’une de ses compagnes d’infortune à Auschwitz, qu’elle a perdu de vue depuis 39 ans.

                    A comme Auschwitz, R comme répression, B comme bannissement, E comme expérience, I comme infanticide, T comme torture : Arbeit, Arbeit macht frei, Le travail rend libre. C’était la devise arborée à l’entrée. Dans le camp de la mort, Simone avait imaginé une comptine, pour se donner du courage, face à l’indicible.

    © Evrard, Morvan, Walter – Glénat

                    Tout allait changer le jour, ou plutôt la nuit, où des avions larguèrent sur le site des tracts de l’armée rouge stipulant que les allemands étaient sur le point de se rendre. Mais dans un ultime baroud d’honneur, les derniers bourreaux boches n’allaient pas laisser les choses se faire dans la simplicité. Ils décidèrent de faire sortir les prisonniers pour une longue marche. Vers où ? Ils l’ignoraient. Ce sera l’occasion pour Simone, Simy comme il l’appelait, de revoir son père, pour une dernière scène tragique, poignante, dans des larmes de sang. Miraculeusement, avec une poignée de camarades, Simone va échapper au pire.

                    Alors qu’en 1987, Simone témoigne au procès de Klaus Barbie, en 1945, la route est encore longue pour la gamine de 13 ans qui vit un long chemin de croix afin de recoller les morceaux qu’il reste de sa famille.

    © Evrard, Morvan, Walter – Glénat

                    La trilogie sur la vie de Simone Lagrange se clôt dans une émotion incroyable. Alors qu’on pouvait penser naïvement de notre XXIème siècle qu’une fois l’armistice signée, tout était rentré rapidement dans l’ordre, on apprend combien le retour fut long et difficile pour les survivants des camps de déportation. Avec son témoignage, Simone Lagrange apporte une pierre majeure au devoir de mémoire, relayé en bande dessinée par Jean-David Morvan et David Evrard. Après Irena Sendlerowa, ils offrent à Simone Lagrange une gravure de sa vie, pour que jamais jamais jamais une telle horreur ne se reproduise. Aux couleurs, Walter nous gèle dans la neige de l’hiver 45, avant de nous réchauffer peu à peu, nous amenant vers la libération, vers le retour à la vie.

                    Présent au procès Barbie, Marek Halter signe une postface poignante, racontant sa rencontre avec Simone Lagrange, née Kadosche, issue d’une famille juive de Mogador immigrée en France en 1920.

    © Evrard, Morvan, Walter – Glénat

                    Il est des blessures qui ne cicatriseront jamais. La Shoah est de celles-ci. « On ne corrige pas celui qu’on prend, on corrige les autres par lui. », disait Simone en paraphrasant Montaigne. David Evrard et Jean-David Morvan participent à cette correction avec cet indispensable biopic de Simone Lagrange.


    Série : Simone

    Tome : 3 – Mais un jour dans notre vie le printemps refleurira

    Genre : Drame historique

    Scénario : Jean-David Morvan

    Dessins : David Evrard

    Couleurs : Walter

    Postface : Marek Halter

    Éditeur : Glénat

    ISBN : 9782344053140

    Nombre de pages : 72 

    Prix : 15 €


  • Exsangue 2 – La dague
    par Laurent Lafourcade

    L’immortalité n’est pas un cadeau

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    « -Athanasia… Rien n’aurait pu nous laisser croire que nous nous reverrions un jour…

    -J’avais oublié ton existence…

    -Pas moi… Ton souvenir ne s’est jamais effacé…

    -Nous avons besoin de votre aide, Aktor !

    -De quoi s’agit-il ?

    -Cuique suum reddit. »

    Dans une catacombe archaïque, creusée bien avant que les chrétiens ne songent à percer des tunnels funèbres pour ensevelir leurs morts, Marko et Thania ont rendez-vous avec Aktor. Ils ont besoin du vampire car les sicaires sont aux trousses de Thania. Elle doit se défendre. Elle doit savoir comment elle en est arrivée à sa condition. D’après Aktor, pas sûr que l’expérience soit bénéfique pour elle. Elle est déterminée à la faire. Il faut avoir confiance en Marko qui l’a épargnée alors qu’il était missionné par les sicaires pour l’éliminer. Aktor ne partage pas son avis mais consent à aider son amie. Sorti pour laisser Thania et Aktor parlementer, Marko est menacé par Karla qui veut lui faire payer sa trahison.

    © Shibao, Corbeyran, Marques – Soleil

    Deux jours plus tard, à Athènes, un miroir très spécial attend Thania. « Cuique suum reddit. » Il donne à chacun ce qui lui appartient. Ce qu’elle cherche, c’est son passé. Celui qui se contemple dans ce miroir contemple sa propre histoire. Dans ce miroir, un humain n’a pas de reflet mais un vampire peut y voir défiler sa vie. Mais cette connaissance a un prix. Tout le monde ne survit pas à l’expérience. Son intensité peut provoquer de gros dégâts dans les liaisons cérébrales. Qu’importe. Thania est prête à tenter le tout pour le tout. Si elle en revient, ce qu’elle apprendra l’aidera-t-il à affronter ses ennemis ?

    © Shibao, Corbeyran, Marques – Soleil

    Le diptyque Exsangue se clôt de façon magistrale. Corbeyran apporte une nouvelle pierre à l’édifice du vampire. Avec un scénario original, prenant le contrepoint de ce qui peut se faire d’habitude, l’auteur offre, non pas une revisite, mais un abord sous un nouvel angle. Il sort des sentiers battus et surprend ses personnages en même temps que les lecteurs. Quand on se plaint que les scènes de sexe en BD sont souvent d’uniques prétextes de vente, ici, elles justifient le récit tout autant qu’elles sont justifiées par lui. Voilà le parfait exemple du comment être romantique sans être vulgaire.

    Alex Shibao fait lui aussi dans la sobriété. La violence est présente, certes, mais sans exagération de sang quand ce n’est pas nécessaire. Ses plus belles (doubles) planches sont celles du miroir, avec leurs découpages originaux.

    © Shibao, Corbeyran, Marques – Soleil

    Le diptyque Exsangue fait partie du meilleur de Corbeyran. Encore une série que l’on eut aimé pouvoir suivre au long cours. Mais après tout, sa brièveté ne fait-elle pas partie de sa force ?


    Série : Exsangue

    Tome : 2 – La dague

    Genre : Fantastique

    Scénario : Corbeyran

    Dessins : Alex Shibao

    Couleurs : Natalia Marques

    Éditeur : Soleil

    ISBN : 9782302106833

    Nombre de pages : 72

    Prix : 16,50 €


  • Les larmes du Yokai 2 – Histoires de fantômes chez moi
    par Laurent Lafourcade

    Guerre familiale

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    « -Nous avons des prisonniers. Faites soigner leurs blessés et placez les autres en cellule !

    -Ça va ?

    -Il est pas gentil du tout ! Il a dit que j’étais un fils indigne !

    -Et naturellement, vous ne partagez pas cet avis… mon fils ? »

    Sur la route de la province d’Ôji, quatre aventuriers font une halte en lisière de forêt. Caleb a hâte de faire découvrir sa région natale à ses compagnons de voyage. Pendant que John Doglass ramasse le bois nécessaire pour faire chauffer le repas, Caleb initie le jeune Tristan au sabre, afin qu’il parvienne à voir distinctement son Yôkaï. Beryle, la mère de Tristan, n’a qu’une idée en tête : obtenir des informations sur l’assassin de son mari. Dès le lendemain matin, il faut repartir. En arrivant au château familial, ils le trouvent assiégé par des guerriers ennemis qu’ils parviennent à faire fuir. Accueilli assez froidement par sa belle-mère, seconde épouse de son père, Caleb Inari se rend au chevet de ce dernier. Alors qu’il lui demande pardon pour lui avoir volé une larme sans en connaître tous les pouvoirs, le patriarche se réveille.

    © Clément, Renard, Grelin, Benoît – Glénat

    La province d’Ôji était jadis l’une des plus prospères d’Onogoro. Le Seigneur Murami était populaire, aimé. La perte de sa femme l’a anéanti. Submergé de tristesse, le père de Caleb va vivre sous l’emprise de sa seconde épouse tandis que Caleb va partir avec l’héritage des Inari. Ha, le perfide ingrat ! Entre une maîtresse de maison intransigeante et des assiégeurs déterminés, entre combat féministe et brutalité masculine, Caleb et ses compagnons d’infortune vont être les acteurs fortuits d’une rixe dans laquelle ils n’étaient pas prévus. Amis comme ennemis, tout le monde va devoir s’y faire. Rédemption, pardon, exclusion : les relations entre Caleb et son fils vont-elles finir par s’arranger ?

    © Clément, Renard, Grelin, Benoît – Glénat

    Histoires de fantômes chinois est un film hongkongais de Ching Siu-Tung sorti en 1987. Histoires de fantômes chez moi est un album de bande dessinée français de Loïc Clément et Margo Renard sorti en 2025. La comparaison s’arrête au décor et au titre, bien que l’un comme l’autre ait un petit côté parodique décalé. Si la quête de Caleb va s’étaler sur au moins quatre volumes, avec un fil rouge, chaque album a sa préoccupation principale résolue ce qui est fort louable. On est ici au cœur de relations familiales gangrénées. Dans la tourmente, il y aura des sacrifices. Loïc Clément a lu On a marché sur la lune quand il était petit. C’est un album dont on ne ressort pas indemne. On peut y voir dans le final comme un hommage. Les auteurs de BD sont tous, qu’ils le veuillent ou non, des fils d’Hergé. Les couleurs aquarelle de Grelin sont beaucoup plus maîtrisés que sur le tome 1 et on en ressent tout de suite les bénéfices. Après avoir storyboardé le tome 1 et les quinze premières planches de celui-ci, Stéphane Benoît lâche la main de Margo Renard qui se débrouille très bien toute seule. Comme Tristan, on la voit grandir et prendre de l’assurance. Bien joué, autant pour elle que pour ses acteurs de papier.

    © Clément, Renard, Grelin, Benoît – Glénat

    « La tradition prétend qu’on les appelle « Larmes » car elles sont transmises à un fils par son père, sur son lit de mort. Moi, je crois qu’on les appelle ainsi car en brandir une sur le champ de bataille équivaut à fabriquer des veuves et des orphelins. » Chacun pense ce qu’il veut, mais en tous cas, entre les mains de Margo Renard et Loïc Clément, ce sont des Larmes d’action, d’humour et aussi d’émotion. De l’aventure comme il y en a finalement trop peu.


    Série : Les larmes du Yokai

    Tome : 2 – Histoires de fantômes chez moi

    Genre : Aventure

    Scénario : Loïc Clément

    Dessins : Margo Renard

    Couleurs : Grelin

    Début du storyboard : Stéphane Benoît

    Éditeur : Glénat

    ISBN : 9782344053324

    Nombre de pages : 88

    Prix : 16,50 €


  • La vape Derrière le goût, le mensonge
    par Laurent Lafourcade

    La mort au bout des lèvres

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    « -Monsieur le maire, je vous attendais !

    -Salut Daniel. Oublie le « vous », tu es ici chez toi. La commune manque de commerces, ton bar-tabac va apporter une bouffée d’oxygène. »

    « Chez Daniel » est une nouvelle enseigne dans ce petit port de la côte normande. Ça ouvre dans quelques jours. On pourra y acheter la presse, valider les bulletins de loto, et surtout se procurer des paquets de cigarettes et des cigarettes électroniques avec leurs parfums aguichant les plus jeunes. Avant, il fallait faire quinze bornes pour trouver des clopes. Les soirs de match, tout le village pourra se retrouver autour d’un grand écran, de bonnes bières en main. Daniel n’arrive pas seul dans la région. Fraîchement divorcé, il est accompagné de son fils Jérémie, un lycéen de quinze ans. S’il ne voit pas d’un très bon œil le commerce de son père, c’est parce que la maman de sa nouvelle amie Maëlys est morte à cause du tabac.

    © Dambreville, Coudray – Des ronds dans l’O

    Que l’on vende de la vape goût fraise Tagada, melon ou fruit du dragon, c’est clairement pour cibler les jeunes. Daniel ne voit pas le mal. « De toute façon, tabac et vape sont interdits aux mineurs. » De plus, il en est certain, le vapotage est une alternative à la cigarette pour aider les gens à ne plus fumer. En soirée, Jérémie découvre que la plupart des ados commencent en fait par cela. Il se laisse tenter à essayer ce qui met Maëlys dans une colère noire. La situation est plus dramatique qu’il n’en a l’air. Tout est fait pour inciter les jeunes à s’y mettre. Les influenceurs, sponsorisés par les fabricants, font la promotion des cigarettes électroniques. Ces derniers n’hésitent à utiliser l’iconographie manga pour faire tomber des victimes naïves ou faibles dans leurs filets.

    © Dambreville, Coudray – Des ronds dans l’O

    Maëlys et Jérémie vont mener une enquête aux sources de la vape. Il y a trois éléments principaux dans une vape : une résistance, un réservoir à liquide et une batterie. La batterie transmet de l’énergie à la résistance qui chauffe le liquide pour produire un aérosol. Le premier brevet de vapoteuse a été déposé en 2004 à Shenyang, en Chine, avant d’être vendu en 2013 à une société hollandaise qui appartient à… un fabricant de tabac, appartenant lui-même à l’un des cinq plus grands groupes de cigarettiers du monde. Loin d’être ennemis, les vendeurs de cigarettes classiques et de cigarettes électroniques sont les mêmes. Les deux jeunes gens vont creuser leurs recherches et expliquer le programme d’empoisonnement contrôlé par l’industrie, jusqu’au scandale des Puffs.

    © Dambreville, Coudray – Des ronds dans l’O

    Journaliste d’investigation, le scénariste Guillaume Coudray est spécialisé dans les questions santé. Il se met ici dans la peau d’un duo d’ados pour raconter le scandale des vapoteuses. Il raconte tout le côté économique de l’arnaque. Dommage qu’il ne creuse pas un peu plus le côté médical, mais peut-être n’y a-t-il pas encore assez de recul pour ça. Aux dessins, Emilie Dambreville représente le tout en niveaux de gris ajoutant à l’ambiance fumées/vapeurs du récit. Si l’album invite au moins un jeune à ne pas fumer, quoi que ce soit, il aura atteint son but, mais espérons que beaucoup plus seront touchés. Instructivement inquiétant.


    One shot : La vape Derrière le goût, le mensonge

    Genre : Reportage

    Scénario : Guillaume Coudray

    Dessins & Couleurs : Emilie Dambreville

    Éditeur : Des ronds dans l’O

    ISBN : 9782374181653

    Nombre de pages : 104

    Prix : 24 €


  • La confrérie des tempêtes 1 – Thoorak / 2 – Orvann
    par Laurent Lafourcade

    Pirates d’Arathéon

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    « -Ces porcs ont tué toute ma famille !!! J’ai plus personne… Plus personne…

    -Thoorak ???

    -Ce ruffian et moi, on appartient à la Confrérie des Tempêtes. On fait partie des matelots de La Lanterne. Si tu veux, tu peux venir avec nous. Des orphelins, y’en a quelques-uns sur notre rafiot. (…) Seulement, décide-toi maintenant. Le bateau quitte le port dans l’heure. Et on a tué quatre gard. Faut pas qu’on traîne. »

    A douze ans, elle ignorait tout des vérités crasseuses de la vie en mer. Elle, ce qui l’intéressait, c’était servir à bord d’un navire de la confrérie des tempêtes pour partir à l’aventure et remplir les cales d’or. Y parviendra-t-elle ? En attendant, la vie va forger Agora, comme ce jour où elle échappera de peu au massacre de sa famille après que son père lui a offert un médaillon pas comme les autres, qui se confie de génération en génération. La gamine est sauvée in extremis par Thoorak, un orc imposant (pléonasme), qui met en déroute les assassins. Tout de suite, il la prend sous son aile et lui propose de rejoindre la confrérie des tempêtes, et en particulier les matelots de la lanterne, sur leur rafiot. Ce qu’Agora ignore encore, c’est que Thoorak ne se trouvait pas là par hasard. Agora n’a que sa vengeance en tête. Elle ne compte pas laisser impuni les crimes des siens.

    © Lorusso, Cordurié, Istin, Héban – Oxymore

    En attendant de retrouver les personnages de ce premier épisode au volume 6, le deuxième tome de la confrérie démarre dans une auberge de Port-Aube, sur l’île d’Atennfeld. Orvann boit comme un puits sans fond. Tant qu’il paye, que peut lui reprocher le tavernier ? Bref, après une bonne bagarre, le soulard est jeté dehors. Depuis quelques temps, il est devenu une épave, lui, un ancien cador de la confrérie. L’alcool l’a transformé en loque. Il traîne aujourd’hui sa misère telle une coquille vide. Devenu gardien de phare, tout va dégénérer pour lui le soir où trois navires vont s’échouer et leurs équipages périr corps et âmes. Tenu pour responsable, il est mis au cachot. Il ne va pas tarder à apprendre que tout cela était un coup monté pour que ces navires n’accostent jamais. Reste à savoir à qui profite le crime.

    © Créty, Cordurié, Istin, Nanjan – Oxymore

    Qui arrêtera Jean-Luc Istin ? Personne, on l’espère. Après avoir dépoussiéré l’héroïc-fantasy dite « classique » avec les séries du Monde d’Aquilon, après avoir donné un coup de vieux à ce clacissisme avec l’improbable et impeccable mixage avec le Western dans West Fantasy, voici qu’il renvoie Jack Sparrow dans les filets en réinventant la piraterie dans une Héroïc-piraterie, ou une Pirate Fantasy si vous préférez, magistrale. Sylvain Cordurié co-scénarise le premier épisode et prend en charge tout seul le deuxième.

    © Lorusso, Cordurié, Istin, Héban – Oxymore

    Dans le monde d’Arathéon, entre les océans d’Atiama, d’Oséïm et celui des tumultes, les îles de Monterock, Vinterland, Hortenborg, Warclaw ou autres Atennfeld offrent aux loups de mer des décors aussi féériques que crasseux. Les dessinateurs de ces deux premiers tomes, Giovanni Lorusso et Stéphane Créty ne se moquent pas des lecteurs. Dans leurs dessins minutieux, il y a de quoi voir dans tous les coins. Dans le tome 1, l’arrivée à la cascade de la Banque du Gouffre est inoubliable. Dans le tome 2, l’attaque du Kraken restera dans les annales.

    © Créty, Cordurié, Istin, Nanjan – Oxymore

    Thoorak, ou La vengeance est un plat qui se mange froid, Orvann, ou La tête de turc, inaugurent La confrérie des tempêtes. Embarquez à bord. Vous n’aurez plus envie de toucher terre… sauf pour trouver un trésor.



    Série : La confrérie des tempêtes

    Tomes : 1 – Thoorak/ 2 – Orvann

    Genre : Héroïc-Fantasy Pirate

    Scénario : Sylvain Cordurié & Jean-Luc Istin / Sylvain Cordurié

    Dessins : Giovanni Lorusso / Stéphane Créty

    Couleurs : Olivier Héban / Nanjan

    Éditeur : Oxymore

    ISBN : 978238561-0975/-1071

    Nombre de pages : 72 / 56

    Prix : 17,95 € / 16,50 €


  • Ana Ana 26 – Jeux d’automne
    par Laurent Lafourcade

    Touffe de poils maladroit ? Jamais !

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    « -Allons ratisser les feuilles de ce côté-là, Touffe de poils !

    -De quel côté ?

    -Fais attention ! Tu viens de donner un coup de râteau sur la tête de Goupille ! »

                 Ce n’est pas parce que les premières journées moins chaudes arrivent qu’il faut rester enfermé à l’intérieur. Un petit manteau, une écharpe, les après-midis ont quand même une douce tiédeur qui permet de profiter du jardin, où, ça tombe bien, il y a du boulot. On s’équipe chacun d’un râteau et c’est parti pour le grand ramassage de feuilles. Chacun sa zone. Zigzag dirige les opérations. Le hic est que Touffe de poils ne maîtrise pas la taille de son instrument et assomme un camarade à chaque fois qu’il se retourne. Pour éviter de nouveaux accidents, Ana Ana lui demande de mettre à la main les feuilles dans des sacs. C’est très très ennuyeux. Chassez le naturel, il revient au galop. Le calme avant la tempête, c’est un peu ce que ressentent les gens qui gravitent autour de quelqu’un comme Touffe de poils. Le calme, c’est fait. La tempête, ça ne va pas tarder.

    © Roques, Dormal – Dargaud

                 Pour la deuxième partie de l’album, on va revenir dans la maison, avec différentes feuilles glanées ça et là pour faire un herbier. Ana Ana et ses doudous en ont tous pris quelques-unes et les aplatissent dans des cahiers. Il faut le faire avec beaucoup de délicatesse, sinon elles risquent de s’abîmer et de ne pas sécher correctement. Délicatesse ? Ça, c’est un mot qui ne rime pas tellement avec Touffe de poils. On ne sait jamais… si on est dans un jour « in ». Evidemment, on est dans un jour « out », sinon ce ne serait pas rigolo. M’enfin, la journée va-t-elle pouvoir se terminer dans la sérénité ?

    © Roques, Dormal – Dargaud

                 Chaque histoire de Nathalie Roques est différente de la précédente tout en restant dans une unité de caractère des personnages. L’autrice trouve toujours l’angle nouveau qui va attraper les petits lecteurs dans le quotidien de la saison qu’ils vivent. Ici, dans ce cadre marronnier d’automne, il va être question d’agitation, d’exclusion et de réconciliation. Touffe de poils, il ne serait pas un peu hyperactif ?

                 Chaque dessin d’Alexis Dormal est une aquarelle que l’on a envie d’afficher au mur. Plus encore dans ces tons de mi-saison, le dessinateur représente les atmosphères, les températures, les odeurs. Bref tout ce qui devrait être impossible à retranscrire, il y parvient avec une magique poésie. Mais quand donc la bande dessinée pour enfants va-t-elle occuper la place qu’elle devrait ? L’intelligentsia semble l’exclure du Neuvième Art. Grave erreur.

    © Roques, Dormal – Dargaud

                    On retrouvera bientôt Ana Ana et ses doudous pour une balade en mer. En attendant, profitez des tièdes après-midi d’automne pour ramasser les feuilles avec les vôtres. Vive vive Ana Ana !


    Série : Ana Ana 

    Tome : 26 – Jeux d’automne

    Genre : Petit bonheur poétique

    Scénario : Dominique Roques

    Dessins & Couleurs : Alexis Dormal

    Éditeur : Dargaud Jeunesse

    ISBN : 9782205212112

    Nombre de pages : 32

    Prix : 7,95 €


  • Il faut sauver l’Hôtel du Poulet…
    par Laurent Lafourcade

    Biarritz Mayo

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    « -Les nouvelles sont mauvaises, patron ! La colère monte… Certaines poules menacent d’arrêter le travail ! Il faudrait prévoir de rénover le bâtiment rapidement sinon je ne réponds plus de rien !! Les poules se plaignent de la vétusté des chambres et des risques d’effondrement de certains plafonds ! »

                    Rien ne va plus à l’Hôtel du Palais de Biarritz. Transformé en poulailler géant par le chien Jack Mayo qui vient de l’acquérir, les 482 poules pondeuses qui y sont hébergées sont en colère. Shootées à l’opium pour la plupart, le business de leurs œufs aux fragrances « originales » était florissant. Du marché des halles jusqu’à la roulotte placée devant le casino, les pots de mayonnaise maison s’arrachaient. Mais voilà que la volaille se rebelle. Les poules se plaignent de leurs conditions d’hébergement. Il va falloir rapidement envisager des travaux de rénovation, une dépense représentant plusieurs millions d’euros ! Alors que les poules commencent à manifester, un certain Robert Canaye, créateur d’espace immobilier, qui a déjà modernisé entre autres La Chambre d’Amour, à Anglet, propose à Jack de lui racheter l’Hôtel pour un euro symbolique. Pas question. Jack a bien l’intention de trouver une autre solution.

    © Mulheim – Zortziko

                    Jack décide d’aller consulter son bon ami Ramuntcho Etchebest. Accompagné de la très chic poulette Madame de Sussex, menaçant son patron d’une grève illimitée si la situation ne s’améliorait pas, Jack se rend donc sur les hauteurs d’Itxassou et retrouve son copain dans le gîte qu’il a ouvert, en plein tournage de l’émission « Enfoiré spécial » avec la célèbre journaliste Elise Lacet. Si Jack fait du business avec les poules, Ramuntcho, lui, il est dans la brebis. Dans le village, Madame de Sussex va retrouver sa jeunesse et son cousin Bob, garagiste de son état, à la clef à molette bienfaitrice. Elle le présente à Jack. Tous ensemble ont l’idée d’organiser un rallye de 4×4 qui permettrait de lever les fonds pour restaurer l’Hôtel et par conséquent remettre les poules à la ponte. Entre rébellion et magouilles, Jack va avoir fort à faire.

    © Mulheim – Zortziko

                    Fabrice Mulheim est un artiste protéiforme, peintre et sculpteur. Galeriste à Biarritz près de la grande plage, il observe la vie de ses compatriotes qu’il croque avec humour et acidité dans des bandes dessinées. Il y a du Roland Topor et du Jean-Michel Ribes chez Mulheim. Il y a du Téléchat et du Palace. Surréalistes et décalées, les aventures de Jack, dont c’est ici le deuxième tome, totalement indépendant du premier, proposent une vision caustique de la politique locale. Ceux qui ne la connaissent pas liront une histoire déjantée, ceux qui en ont les clefs jouiront, comme Madame de Sussex, d’un petit truc en plus. C’est du grand n’importe quoi organisé. Les promoteurs, les loueurs de « Errebihainebi » (Tiens, on lit « Haine » dans « Errebihainebi »), la religion, Elise Lucet, Elon Musk, tout le monde en prend pour son grade. L’histoire ne dit pas si Mulheim a envoyé son album à ces deux derniers.

    © Mulheim – Zortziko

                    Il faut sauver l’Hôtel du Poulet… n’est pas qu’une satire de la politique locale. Son aura est bien plus internationale. Vous ne mangerez plus de la mayo comme avant. Et l’avenir risque d’être pimenté ! Aussi original que drôle.


    One shot : Il faut sauver l’Hôtel du Poulet…

    Genre : Aventure humoristique décalée

    Scénario, Dessins & Couleurs : Fabrice Mulheim

    Éditeur : Zortziko

    ISBN : 9791095492788

    Nombre de pages : 58

    Prix : 15 €


  • Les gendarmes 18 – Le poids des mots
    par Laurent Lafourcade

    Forces de l’ordre sur starting-blocks !

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    « -Leteigneux m’a dit que vous aviez coincé Doigts-de-fée, chef ?

    -Yep !

    -Là… Là, c’est une sacrée prise ! Ça fait quoi, des années qu’il nous fait tourner en bourrique ?

    -Au moins !

    -Le roi de la cambriole, qui ne laisse aucune trace derrière lui… Pas une empreinte, pas un cheveu, rien ! C’est bien simple, les baraques qu’il visitait étaient plus propres après qu’avant son passage ! Comment est-ce que vous l’avez chopé ?

    -Ça faisait trois semaines qu’on le pistait, Latouille ! Maintenant qu’on l’a attrapé, on n’est pas près de le laisser partir, ça c’est sûr ! »

                    Les plus grands malfrats peuvent se planquer, la brigade de gendarmerie est aux aguets. Doigts-de-fée s’est fait choper, après des mois de méfaits impunis au nez et à la barbe des forces de l’ordre. Dédé-la-fouine, Giornalino, les frères cambrioleurs, tous subiront le même sort. Même Nono-la-valve n’a pas pu faire l’anguille, rattrapé alors qu’il était à vélo par un gendarme… à pied. Il faut dire que les hommes en bleu ont un sacré programme de coaching pour être toujours au top : jeux de rôles pour coincer le haut du panier de crabes, trucs et astuces pour mener un bon interrogatoire (Qui fait le suspect ?), réagir face à un cas de crise cardiaque lors d’une interpellation, ou encore footing décrassage de quinze bornes. Ils sont parés à l’action « in real life » !

    © Bast, Sulpice, Cazenove, Lunven – Bamboo

                    Une affaire d’envergure va occuper la brigade pendant quelques jours. Quelque chose ne tourne pas rond à l’hippodrome. Kikirou du Marais serait dopé jusqu’aux sabots. Les analyses sont formelles. Avec ce qu’il a dans les veines, il est sûr de gagner avec cent mètres d’avance sur ses petits copains. Voilà de quoi se faire un peu d’argent avant de poursuivre l’enquête. Bref, les jockeys, grandeur nature, ne semblent pas au courant de cette histoire de triche. Mission d’infiltration pour JP qui connaît cet univers depuis qu’il est tout-petit. Va falloir que les coupables arrêtent leur « manège ».

    © Bast, Sulpice, Cazenove, Lunven – Bamboo

                    Après quatre ans d’absence, Les gendarmes sont de retour, avec toujours Olivier Sulpice et Christophe Cazenove aux scénarios, et pour la première fois Bast aux dessins, qui va alterner les albums avec Jenfèvre. Le dessinateur des Miniz a détendu son trait dans une version plus lâchée, pour rester dans l’ambiance graphique originelle. Les profanes n’y verront que du feu et ne remarqueront même pas le changement de dessinateur. Quant aux gags, c’est toujours aussi poilant.

                    Si 2025 marque le retour de la série en BD, 2026 verra les gendarmes envahir les salles de cinéma pour un film live avec entre autres Arnaud Ducret, Fred Testot et Alice David. Le cinéma, c’est l’émotion. On risque de pleurer dans les salles… mais de rire. A noter qu’un album making of du film sortira en même temps.

    © Bast, Sulpice, Cazenove, Lunven – Bamboo

                    L’agent 212 a fait des émules. La brigade de l’adjudant-chef Dugorgeon est d’une efficacité irréprochablement aléatoire. C’est ça qu’on adore chez eux.


    Série : Les gendarmes

    Tome : 18 – Le poids des mots

    Genre : Humour

    Scénario : Sulpice & Cazenove

    Dessins : Bast

    D’après : Jenfèvre & Sulpice

    Couleurs : David Lunven

    Éditeur : Bamboo

    ISBN : 9791041113019

    Nombre de pages : 48

    Prix : 11,90 € 


  • La quête 2 – La ZAD du roi pêcheur
    par Laurent Lafourcade

    Faire survivre le merveilleux

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     « -Ton grand-père ne peut pas te soutenir ? Après tout, c’est son rêve que tu es en train de suivre… Ecoute. Cette… traque, ce n’est pas ta quête. C’est celle de ton grand-père.

    -C’est celle de notre famille ! De son père et de son père avant lui ! Depuis des centaines d’années !

    -Mais le monde a changé ! »

    Accompagné de Nimué, la dame du lac, Pelli est à la recherche de la bête questante en pleine forêt. Pendant qu’elle grignote des croissants, il renifle des crottes pour traquer l’animal. C’est son grand-père qui le lui a appris. Un nouveau compagnon se joint à eux : un chien de chasse sans collier, certainement abandonné par son propriétaire parce qu’amputé d’une patte. De son côté, Gawain, le chevalier solitaire en quête de gloire, a mis un cône de fête sur la corne de sa licorne pour qu’elle passe inaperçue, surtout des hommes de Morgane Le Fey. Il faut dire que la traque de la bête recherchée depuis mille ans, depuis l’époque du roi Pellinor, ne plaît pas à tout le monde.

    © Mannaert, Maupomé – Le Lombard

    La quête est une aventure qui traverse les générations, les époques. Si Pelli poursuit le rêve de son grand-père, pour son père, architecte, le monde a changé. Les chevaliers, les bêtes, c’est du passé. Son fils ne va quand même pas passer sa vie à traîner dans les bois avec les fées. Pelli ne compte pas réparer les attractions du château toute sa vie. Si papa n’a pas poursuivi la tradition familiale, il y a une raison que Nimué va apprendre. Pendant que Pelli va donc poursuivre son objectif, c’est un autre but que poursuivent des jeunes du coin : empêcher la construction de l’autoroute. Ils se sont donc installés dans la ZAD (zone à défendre) du Pêcheur pour empêcher les pelleteuses de défigurer la nature.

    © Mannaert, Maupomé – Le Lombard

    On connaît les contes traditionnels et les contes modernes. Frédéric Maupomé les relie dans un conte intersiècles. La quête mélange les temps. Le scénariste embarque des personnages du Moyen-Âge de nos jours. Si certains d’entre eux comme Nimué ont traversé les temps (et l’étang pour la Dame du lac), d’autres sont bel et bien contemporains mais leurs préoccupations sont les mêmes que celles de leurs ancêtres. C’est le cas de Pelli. C’est ainsi qu’il est tout naturel dans La quête de voir une fée sur un scooter. Au-delà de la mission fantastique à la recherche de cette bête merveilleuse qui se cache dans les bois et qui ne se dévoile qu’aux lecteurs, c’est une mission écologique qui est au cœur de l’aventure. La quête de la bête et la quête de la préservation de la nature ne sont-elles pas en somme qu’un seul et même objectif ? Faire survivre le merveilleux. Le graphisme de Wauter Mannaert est tout aussi merveilleux pour embarquer dans cette aventure hors du commun.

    © Mannaert, Maupomé – Le Lombard

    La quête est le genre d’aventure qui démontre qu’il est encore possible de vivre le fantastique dans un monde moderne. Elle donne envie de jeter les smartphones et de se balader dans les bois, une épée à la main, à la recherche de la bête questante.


    Série : La quête

    Tome : 2 – La ZAD du roi pêcheur

    Genre : Fantastique

    Scénario : Frédéric Maupomé

    Dessins & Couleurs : Wauter Mannaert

    Éditeur : Le Lombard

    ISBN : 9782808214834

    Nombre de pages : 120

    Prix : 14,95 €


  • Migali 8 – L’île aux momies
    par Laurent Lafourcade

    Momigali, pyramigali, égyptogali

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    « -Allez, les enfants, le bateau vaa partir ! Tout le monde monte à bord !

    -Oh, c’est M.Flamberge. Bonjour, Monsieur Flamberge ! C’est vousnotre accompagnateur pour le voyage ?

    -Oui… Il faut bien que quelqu’un s’en occupe. D’ailleurs, je compte sur vous pour ne pas vous faire remarquer, c’est entendu ?

    -Pas de souci ! Y a pas plus discrets que nous. »

                    Au port du Royaume Araignée, nos élèves préférés de l’Académie se retrouvent pour embarquer vers l’île aux momies. Migali et ses camarades de classe font un échange scolaire avec le Onzième Royaume. C’est une terre très ancienne, remplie de mystères, de richesses et aussi un peu beaucoup de touristes. Il y a des pyramides enrubannées cachant des galeries souterraines et un trésor oublié, ainsi que des sarcophages avec la malédiction de leurs momies. C’est flippant ! Certains disent même qu’un monstre momifique se cache au cœur de l’île. Migali est toute excitée. Elle aussi elle adore momifier des trucs avec ses pouvoirs d’araignée. Dès l’arrivée, Gredin est rassuré : avec toutes ces momies, on ne va pas manquer de papier toilette. Le ton est donné, bienvenue sur l’île avec Migali et ses amis.

    © Arlène, Lambert, Kaori – Auzou BD

                    Pendant ce temps, au Royaume, les parents de la petite fille araignée ne s’ennuient pas non plus. Dans le cadre de l’échange scolaire, ils accueillent chez eux la princesse Momine pour quelques jours. Installée dans la chambre de Migali, elle remplace aussitôt les toiles par des bandelettes… de momies bien sûr. Au final, ça ne change pas grand-chose. Si maman la juge amusante, papa la trouve tout simplement terrifiante. Elle va rapidement s’intégrer et proposera même à ses hôtes pour le petit-déjeuner une délicieuse spécialité de chez elle avec un ingrédient secret. On en bave d’envie ! Et elle, va-t-elle prendre goût aux araignées ?

    © Arlène, Lambert, Kaori – Auzou BD

                    On ne va pas se répéter (mais si quand même), Migali est certainement la meilleure série jeunesse du moment. Alexandre Arlène etFabien Öckto Lambert sont aux commandes d’un monde universellement poilant, réjouissant autant pour les tous jeunes lecteurs que pour leurs parents. Chaque album a sa thématique propre. Dans celui-ci, on voyage dans un univers semblable à l’Egypte. Mais on n’est pas en Egypte. Non, ça n’a rien à voir. Nous sommes sur l’île aux momies. Sous les couleurs sable de Kaori, on retrouve l’ambiance du pays aux mille dieux et aux milles mystères. Tout aussi féérique que kawaï. Et croyez-en Rex-Emilien, il y a des scarabées qui croustent.  Mmh, on aurait aimé goûter !

    © Arlène, Lambert, Kaori – Auzou BD

                    Bienvenue sur l’île aux momies ! En compagnie de Migali, le voyage (scolaire) ne pourra pas vous décevoir. C’est génial, comme d’hab.


    Série : Migali

    Tome : 8 – L’île aux momies

    Genre : Humour arachnide

    Scénario : Alexandre Arlène

    Dessins : Fabien Öckto Lambert

    Couleurs : Kaori

    Éditeur : Auzou BD

    ISBN : 9791039559829

    Nombre de pages : 104

    Prix : 11,95 €


  • Les sisters 20 – Moi d’abord !
    par Laurent Lafourcade

    Des sœurs en p’luch’s !

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    « -Waaah… Tu fais de l’espionnite, Maxou ?! J’adore ! Je peux jouer ? Je peux jouer ?

    -Chuuuut !!! Je cherche à savoir si ce Baptiste drague ma Wendy ou pas. Pfff… J’entends rien d’ici.

    -Tu veux que je m’en occupe ?

    -Ah mais carrément !!! Bonne idée, Marine !!! »

    Mais que fait Maxence caché dans un buisson ? Il observe Baptiste qui discute sur un banc avec Wendy. Non, mais dis-donc, il ne serait pas en train de la draguer ? Marine va aller enquêter de plus près, avec la discrétion qu’on lui connaît… de gros sabots, quoi ! Voilà pas qu’un autre jour, Baptiste file des bouquins à Wendy. Il se la joue intellectuel. Pour Marine, Maxou n’a pas à s’inquiéter. Il n’a qu’à faire pareil. Et comme il n’a pas de livres sur place, la petite va lui en prêter. Mais est-ce que « Le pique-nique de Giraflette » et « Fada le koala » vont faire le poids face à de la grande littérature ? Rassurez-vous, Wendy n’a pas du tout l’intention de changer de petit copain… ni de sœur.

    © William, Cazenove – Bamboo

    C’est des peluches plein les bras que Marine vient taquiner Wendy sur son lit en couverture du vingtième album de leurs facéties. Tout un zoo l’accompagne pour empêcher l’aînée de faire ses devoirs. Loin de se fâcher, la lycéenne l’accueille d’un sourire signifiant que les révisions attendront. Elle est prête à subir quarante-six gags dont la petite sera très souvent la source. Quand elle veut vraiment être tranquille, Wendy doit être la plus vigilante possible et faire attention aux pièges, posés fortuitement ou pas. Donc, pour une petite séance piscine au calme entre copines, il faut passer le terrain miné de peluches qui couiquent.

    © William, Cazenove – Bamboo

    On ne va pas vous faire l’affront (mais si quand même) de vous rappeler que chaque album des Sisters commence et se termine par des planches spécifiques, en ouverture dans le passé, en conclusion dans le futur. Même si l’on s’en doutait, on nous confirme que toute petite déjà Marine grimpait partout, un vrai chat sauvage. En grandissant, rideaux, meubles et arbres ont laissé place à autre chose. Quelques années plus tard, on découvre que Marine a bien gardé son ADN : elle adore toujours se déguiser. Ne pas renier son enfance, rester toujours soi-même, c’est une leçon à retenir des Sisters.

    © William, Cazenove – Bamboo

    Après vingt albums, on a vraiment la sensation que Marine et Wendy sont nos véritables sœurs à nous tous, lectrices et lecteurs. Cazenove et William sont aux commandes d’une des plus grandes familles du monde.


    Série : Les sisters

    Tome : 20 – Moi d’abord !

    Genre : Humour et sororité

    Scénario : Cazenove & William

    Dessins & Couleurs : William

    Éditeur : Bamboo

    ISBN : 9791041112197

    Nombre de pages : 48

    Prix : 11,90 €


  • Le roi des fauves 1 – Hadarfell / 2 – Falko
    par Laurent Lafourcade

    Jugement métamorphique

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    « -Où est-ce qu’ils nous emmènent ?

    -A ton avis ?

    -Au château des Thorwalds. Regarde leurs uniformes. Ce sont des hommes de la garde royale… La réponse à ta question, c’est qu’on va à Sigvard, bien sûr. C’est là qu’on sera torturés, jugés… et condamnés. »           

    Enfermés dans une cage tractée par des chevaux, Ivar, Oswald et Kaya avancent vers leur destin. Ils vont être jugés et condamnés. C’est inévitable. Mais qu’ont-ils donc fait ? Il se trouve que chaque année, malgré les abondantes récoltes et les chasses fructueuses dans la région, les villageois arrivent à grand peine à subvenir à leurs besoins, tout ça parce que les Thorwalds pillent leurs récoltes. Ivar, qui doit reprendre la forge de son père, a décidé d’aller chasser malgré les interdictions, avec ses deux camarades. Leurs familles crient famine. Pas question de les laisser crever. Mais tout ne va pas se passer comme prévu. Ils vont être surpris dans leur partie de chasse par un jeune Seigneur qu’ils vont laisser pour mort. C’est quelques jours après qu’ils seront capturés et c’est pourquoi ils sont aujourd’hui enfermés dans cette cariole qui les mène vers le jugement.

    © Chauvel, Guinebaud, Lou – Delcourt

    Sur la terre des Fauves, un tribunal les condamne, tous les trois, malgré les supplications d’Ivar voulant s’accuser seul coupable. Pourtant, ils ne seront pas condamnés à mort. Non. Mais à bien pire. Ce sera long, long et douloureux. Ils sont soumis à la cérémonie du lehring. On les force chacun à avaler un maudit parasite qui va prendre possession de leurs corps et les changer en bêtes enragées en quelques jours, huit environ, ça dépend des gens. On ne trouve cette bestiole, le lehring, que dans l’ancienne province de Hadarfell où plus personne ne vit. Cette sentence leur donne une deuxième chance, celle de revenir sous la forme d’un berserkir afin de servir le pays qu’ils ont trahi. Dès l’ingestion, Ivar aperçoit dans son esprit Falko, le roi des Fauves, dont il est devenu l’un des sujets. Abandonnés dans la nature, les condamnés sont voués à se transformer en animaux avant d’être chassés par des seigneurs et des mercenaires qui tenteront de les revendre aux plus offrants. Les membres du trio ont-ils une chance de survie et de guérison ? Il va falloir faire vite, et être assez fort pour lutter contre le mal qui ronge de l’intérieur.

    © Chauvel, Guinebaud, Lou – Delcourt

    Le roi des Fauves est un diptyque adapté par David Chauvel du roman d’Aurélie Wellenstein paru en 2015 aux éditions Scrinéo. On est dans un genre particulier d’Heroïc-Fantasy Survival horrifique. La tension est à son comble et monte crescendo. Les personnages semblent dans une situation inextricable dont le climax est atteint en toute fin de première partie. La bête cogne à l’intérieur. Alien rencontre Hunger Games. Aux dessins, Chauvel retrouve Sylvain Guinebaud, son complice du truculent Robilar ou le Maistre Chat. Deux salles deux ambiances. La comédie fait place au drame. Guinebaud passe d’un graphisme Maïorana époque Garulfo à un trait plus réaliste, plus rude, plus en adéquation avec le ton du récit.

    © Chauvel, Guinebaud, Lou – Delcourt

    La deuxième partie met les personnages face à des choix inéluctables. Qui en ressortira ? Et dans quel état ? Tout ce que l’on peut dire, c’est que le final donne une explication sur ce qu’est le monde aujourd’hui.

    Histoire impeccable (qui aurait été développée en série plus longue dans les années 90), le diptyque Le roi des Fauves est l’un des grands moments fantastique moyenâgeux de l’année. Redoutablement efficace.



    Série : Le roi des fauves

    Tomes : 1 – Hadarfell / 2 – Falko

    Genre : Fantastique

    Scénario : David Chauvel

    D’après : Aurélie Wellenstein

    Dessins : Sylvain Guinebaud

    Couleurs : Lou

    Éditeur : Delcourt

    Collection : Terres de légendes

    ISBN : 97824130-18728 / -85003

    Nombre de pages : 64

    Prix : 16,50 €


  • Le jour avant le bonheur
    par Laurent Lafourcade

    Papillons toujours l’amour

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    « –Les vitres de Naples se passent le soleil entre elles. Les maîtres verriers les montaient exprès de travers pour multiplier les surfaces réfléchissantes. Le soleil aime ceux qui vivent en bas, là où il n’arrive pas… »

    Dans un vieux quartier de Naples de l’après-guerre, la cour d’un immeuble est constamment plongée dans l’ombre. Mais à chaque heure de la journée, le soleil trouvait le moyen de s’y faufiler par un jeu de réverbération. Cette cour, c’est celle dans laquelle Erri joue au football avec ses copains. Alors qu’aux balcons, le linge suspendu profite des fins d’après-midi pour sécher, le ballon atterri sur l’un d’entre eux. Erri grimpe aux gouttières pour le récupérer, il aperçoit une jeune fille à une fenêtre, un mystère qui l’observe en silence, au troisième étage. Elle va le scruter, immobile, impassible, pendant des jours et des jours. Erri est orphelin. Il fréquente régulièrement la loge de Gaétano, le concierge du lieu occupé par une population aussi diverse que variée. Le vieil homme a pris l’enfant sous son aile.

    © Tronchet, Durieux – Futuropolis

    Un jour, le ballon tombe dans un sous-sol, passant entre les jambes d’une statue. Erri descend afin de le récupérer. Il le remonte tout en se disant qu’il y retournera. Les enfants sont des explorateurs infatigables et veulent connaître les secrets. Il attend donc la nuit avant d’y retourner à la lueur d’une bougie. Il y découvre un lit et des livres. Il va y revenir souvent pour lire, lire, lire, apprenant à puiser la lumière dans les ouvrages. Que font là ce lit et ces livres ? Il l’apprendra de la bouche de Gaétano.

    Dix ans plus tard, alors qu’il n’a jamais cessé d’être fidèle à la cachette, parallèlement à ses études, Erri est devenu l’assistant de Gaétano, le remplaçant dans quelques tâches. Un jour, une belle brune va venir visiter un appartement. Cette jeune femme, il l’a déjà vue, elle l’a déjà vu.

    © Tronchet, Durieux – Futuropolis

    Après le magnifique La vie me fait peur, le duo Didier Tronchet-Christian Durieux se reforme pour une nouvelle adaptation, celle d’un roman italien signé Erri de Luca. Le jour avant le bonheur est une histoire d’amour atypique et polycéphale. C’est une histoire d’amour qui va amener son principal protagoniste dans l’amour du football, élément déclencheur s’il en est, l’amour platonique, l’amour de la littérature, puis l’amour charnel. On entre par la grande porte étymologique de la passion, du latin passio, signifiant souffrance. Erri va l’apprendre à ses dépens. Ça va l’amener vers un point de non-retour.

    Marchant sur les pas de de Luca, Tronchet reste mystérieux quant aux intentions de certains personnages. Comme Erri, on est embarqué, envoûté, aveuglé par les événements, comme si le soleil qui pointait dans la cour nous tapait dans l’œil au point de ne pas voir réellement vers où l’on avance. Durieux dessine de grandes cases, ralentissant le temps, jouant du paradoxe avec une lecture somme toute rapide de l’ensemble, qui correspond au fait que, pour le garçon, tout va finalement très vite, sans qu’il ne se rende vraiment compte du piège du destin. Le jour, la nuit, du jaune, du bleu, du violet, avec quasi-uniquement trois couleurs, Durieux pose la palette d’une tragédie théâtrale à la Roméo et Juliette.

    © Tronchet, Durieux – Futuropolis

    Le jour avant le bonheur, merveilleux titre, est un récit d’ombre et de lumière. Les papillons dans le cœur emmènent parfois sur des chemins sans que l’on puisse contrôler sa trajectoire. Dans l’émouvance intrigante, l’histoire d’amour de l’année, elle est là.


    One shot : Le jour avant le bonheur

    Genre : Emotion

    Scénario : Didier Tronchet

    D’après : Erri de Luca

    Dessins & Couleurs : Christian Durieux

    Éditeur : Futuropolis

    ISBN : 9782754841962

    Nombre de pages : 80

    Prix : 17 €


  • Tokyo Mystery Café 2 – Les ombres de Jimbocho
    par Laurent Lafourcade

    Mangas sabotés

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    « -C’est une catastrophe. On ne s’en remettra jamais.

    -On a la presse sur le dos. Ils exigent des réponses.

    -Vous avez vu cette foule de lecteurs en bas ? C’est pas bon…

    -Chers collègues… Je vous présente la solution à notre problème.

    -Attends, ce type, c’est pas le patron du boui-boui où tu nous a emmenés l’autre soir ? »

    Jeune français désireux de devenir mangaka, Nahel rentre aujourd’hui complètement dépité au Tokyo Mystery Café. Nouvel apprenti dans un atelier de mangaka, son premier job consiste à encrer le tour des cases. Quand Monsieur Ito, l’éditeur, est entré et a commencé à discuter avec véhémence avec l’auteur principal, Nahel, déconcentré, a renversé son pot d’encre sur une planche. L’assistant en chef a piqué une crise et l’éditeur les a tous congédiés. Le Mystery Café va lui changer les idées. On vient de décrocher une nouvelle enquête. Direction Jimbocho, quartier royaume des librairies et des maisons d’édition. Le seul bruit ici est celui des pages que l’on tourne. Les petites boutiques regorgent de livres rares, mais c’est dans l’une des plus grandes maisons d’édition qu’ils sont attendus : la Kamigawa. Des meurtres sont commis, mais ce ne sont pas des meurtres ordinaires. Les victimes sont des héros de mangas.

    Le Weekly Moon est le magazine phare de l’éditeur. Chaque semaine, depuis plus de cinquante ans, on y publie les séries les plus lues du pays. Ce matin, en ouvrant le nouveau numéro, les employés ont découvert que certaines pages avaient été modifiées. Un faussaire a introduit un nouveau personnage, un tireur isolé dont on ne voit pas le visage. Il apparaît à plusieurs endroits du magazine pour traquer et abattre les héros les plus populaires. Ce ne sont pas les mangakas qui ont modifié leurs pages. Le succès de l’hebdomadaire fait des jaloux. Pour Monsieur Kamigawa, héritier de l’entreprise, qui ne lit pas de mangas, il y va de son honneur.  Ce qui est imprimé ne peut être effacé. Le magnat de la presse intime l’ordre au patron du Tokyo Mystery Café de retrouver le responsable et d’étouffer l’affaire.

    L’atelier Sentô remet le couvert pour une deuxième enquête dans les rues de la capitale nippone. Le personnage de Nahel leur a été inspiré par de jeunes lecteurs croisés en dédicace, avec le rêve de devenir mangakas. Il en faut du courage parce que les rythmes imposés au pays du Soleil Levant ne sont pas les mêmes qu’en Europe. Le type de consommation a beaucoup évolué là-bas. Le smartphone est devenu la principale source de lecture pour les japonais. L’équipe du café est complété par Soba, une collégienne, et Den, un geek. Quant au patron, on ne sait pas comment il se nomme, gardant ainsi sa part de mystère. Les auteurs profitent de la série pour faire découvrir Tokyo aux lecteurs. Dans cet épisode, c’est donc le quartier littéraire de Jimbocho, qui avait été ravagé il y a quelques années par un incendie, avant d’être investi par des universités, des libraires et des éditeurs dont les plus importants : Shueisha et Shogakukan.

    Sur un rythme inédit et dans une immersion totale, l’atelier Sentô propose une enquête originale, véritable voyage au Japon. Mystérieux et dépaysant à souhait.

    Laurent Lafourcade

    Série : Tokyo Mystery Café

    Tome : 2 – Les ombres de Jimbocho

    Genre : Polar

    Scénario, Dessins & Couleurs : Atelier Sentô

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808510264

    Nombre de pages : 80

    Prix : 17,50 €

    © Atelier Sentô – Dupuis

  • La valse des montagnes
    par Laurent Lafourcade

    Pour un air d’accordéon

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    « -Mademoiselle Amandine ! Bienvenue parmi nous. Nous vous attendions. Je suis Monsieur Lemaire. Voici Monsieur Legrand, à ma gauche, et Monsieur Lebrun, à ma droite.

    -Enchantée.

    -Fichtre ! Une jeune joueuse d’accordéon… Avec tous ses doigts !

    -Pardon ?

    -Ha ha ha ha ha ha ! Je plaisante, j’adore plaisanter.

    -Je vous en prie, Mademoiselle, prenez place.

    -Vous permettez que je fasse la route avec vous ? Il est assez rare de voir de nouvelles personnes dans nos montagnes. Le village et votre hôtel sont un peu plus loin dans la forêt. Encore merci d’avoir accepté notre invitation. C’est très important pour nous. »

    Jouer de l’accordéon, c’est comme respirer. Amandine le sait bien, le ressent bien. La jeune accordéoniste l’a appris de son grand-père Papy Ernest. Ecouter l’air entrer et sortir du soufflet de l’instrument. L’entendre se transformer en cette langue magique qu’est la musique. Se laisser emmener dans un autre monde pour nourrir nos âmes, se laisser envelopper d’une douce magie. Aujourd’hui, Amandine est accordéoniste professionnelle. Elle se produit sur scène sous les applaudissements de salles combles. Rendre les gens heureux est sa récompense. Un soir, en rentrant à son appartement, le gardien lui remet une lettre, une invitation.

    © Aparicio Català – Bamboo

    Chaque année, à l’approche des premiers vents d’octobre, un petit village de montagne célèbre l’automne, une tradition ancienne entourée de chants, de rires et de danses au son de l’accordéon. Dans sa missive, l’édile de la cité propose à Amandine de venir représenter l’âme musicale qui ferait vibrer les cœurs des villageois. Elle serait l’invitée d’honneur des festivités. Fatiguée de ses concerts, Amandine hésite à accepter. La nuit portant conseil, le lendemain, elle est décidée. Le jour venu, dans le train qui l’amène à destination, le contrôleur s’étonne de sa destination : « Oh ! Personne ne s’arrête jamais dans ce village. Je ne savais même pas qu’il existait encore. » C’est seule qu’elle descend sur le quai, accueillie par ses hôtes. Les festivités vont durer quelques jours, plus que prévus, dans une ambiance mystérieuse et avec une pression mise par les habitants pour que la représentation soit impeccable le jour J.

    © Aparicio Català – Bamboo

    Tombée sous le charme des montagnes de Bagnères-de-Luchon, l’autrice espagnole Anna Aparicio Català y a trouvé un cadre élégant et mystérieux, au passé riche d’une époque mondaine révolue. Elle a tiré de cette beauté isolée ce conte féérique dans lequel on ne sait pas s’il faut avoir peur pour Amandine ou pas. Qu’attendent d’elle exactement les villageois ? Anna entretient le suspense le plus longtemps possible dans cette histoire de transmission. Ses personnages aux yeux gigantesques à la Yomgui Dumont sont des passeurs d’émotion. Ses décors automnaux arrondis sont de la plus grande délicatesse. Entre réalisme et onirisme, l’histoire volète au son de la musique que l’autrice parvient à dessiner, à faire entendre. A écouter en lisant l’album, Marta Ledesma a composé un morceau spécifique téléchargeable grâce à un QR code qui se trouve en préambule.

    © Aparicio Català – Bamboo

    Si vous ne parvenez pas à vous arrêter de courir, lisez La valse des montagnes. Cet album a la capacité magique de suspendre le temps. La musique a le pouvoir de sauver plus que la vie. Qu’est-ce que ça fait du bien de lire de si belles histoires.


    One shot : La valse des montagnes

    Genre : Aventure fantastique

    Scénario, Dessins & Couleurs : Anna Aparicio Català

    Éditeur : Bamboo

    Collection : Aventuriers d’Ailleurs

    ISBN : 9782386040191

    Nombre de pages : 152

    Prix : 22,90 €


  • Tanis 2 – Le démon de la mer Morte
    par Laurent Lafourcade

    Les fureurs du ciel

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    « -Va t’asseoir avec les autres, toi !

    -C’est bon ! Tous ceux qui peuvent marcher sont là !

    -On s’en va ! Plus vite on sera au rendez-vous, plus vite on les vendra et plus vite on sera payés !

    -En avant, esclaves ! Dites adieu à votre cité, c’est la dernière fois que vous la voyez ! »

    Après la destruction de la cité d’Osiris par une pluie de météorites, Tanis est prostrée. Elle ne mange pas, elle ne dort pas. Elle est tenue pour responsable des malheurs qui se sont abattus sur la tête des habitants et considérée comme dangereuse. A présent, il va falloir reconstruire, rebâtir un grand temple à la gloire d’Osiris, pour continuer à dominer l’Egypte en son nom. Mais les esclaves ont presque tous été tués. Alors que certains envisagent d’acheter des hommes auprès des Aryanas (et d’abord avec quel argent ?), Ashéra est en colère. Pour elle, si la colère divine s’est abattue, c’est parce que d’autres humains avaient été réduits en esclavage, tout ça à cause de ce soi-disant Osiris et de sa compagne Tanis. Ce dont personne ne se doutait encore, c’est qu’ils allaient être assiégés dans la nuit et se trouver eux-mêmes réduits en esclavage. Voici les survivants escortés à travers le désert, avec parmi eux une Tanis hagarde, pour être exploités ou vendus aux Maîtres de la Mer Salée.

    © Perger, Mangin, Bajram – Dupuis

    Les malheureux et leurs geôliers allaient rapidement se trouver confrontés à des phénomènes énigmatiques. Après plusieurs jours de marche, les monts Edom devaient devenir le soulagement de pouvoir se rafraîchir dans un point d’eau qu’un orage allait transformer en torrent, faisant de nombreuses victimes. Des pierres ont volé dans le ciel, détruisant des rocs et laissant apparaître des statues de déesse qui ont bloqué les flots. Pendant que Tanis est glorifiée pour avoir provoqué le phénomène, Ashéra n’y voit que l’œuvre de démons pour que leur torture continue. Le lendemain, les statues ont disparu. La route va reprendre et les mystères se répéter. Arrivés en bord de mer, la troupe fait face à une étrange tempête de sel. Des géants de pierre semblent protéger Tanis. Sauveuse ou maudite ? Ashéra est convaincue qu’elle est responsable de tous les malheurs. Quel destin attend les survivants d’Osiris ?

    © Perger, Mangin, Bajram – Dupuis

    Tanis, la jeune femme aux cheveux blancs, est-elle protégée des Dieux ? Les morts s’accumulent autour d’elle. Alors qu’elle a une panthère noire, ferait-elle office de chat noir ? Elle ne se remet pas de la disparition de Sépi après avoir sombré dans la folie du masque maudit d’Osiris. Valérie Mangin, Denis Bajram et Stéphane Perger racontent les aventures d’une égyptienne atypique, ni super-héroïne, ni anti-héroïne. Provoque-t-elle les événements ? Est-elle protégée ? Elle a l’air de subir. Dans tous les cas, elle souffre en son for intérieur. Mangin et Bajram la mettent au cœur des événements, dans des situations inhabituelles pour les personnages de ce genre de bandes dessinées. Stéphane Perger fait des éclats quand les éléments se déchaînent. Ses couleurs sablonneuses font respirer la poussière et la chaleur du pays. Dans le fond et dans la forme, les auteurs parviennent à nous immerger dans le récit comme rarement. On oublie le reste, on est au cœur de l’aventure.

    © Perger, Mangin, Bajram – Dupuis

    Tanis est l’une des séries les plus prometteuses de ces derniers temps. Elle renouvelle la bande dessinée égyptienne tout en utilisant les poncifs du genre. Comme quoi, quand on est des auteurs talentueux, il y a toujours le moyen d’envoûter et de surprendre encore les lecteurs.


    Série : Tanis

    Tome : 2 – Le démon de la mer Morte

    Genre : Aventure fantastique égyptienne

    Scénario : Valérie Mangin & Denis Bajram

    Dessins & Couleurs : Stéphane Perger

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808510967

    Nombre de pages : 64

    Prix : 17,50 €


  • Back to paese 3 – Les beaux jours
    par Laurent Lafourcade

    La situation est grave, mais pas désespérée !

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    « -Ah cette tempête, elle en a fait des dégâts ! Mais bon, votre toit était déjà en mauvais état. Là, au moins, vous serez tranquille pour une bonne cinquantaine d’années.

    -Mon dieu ! Faites que je ne sois plus coincée ici dans cinquante ans. »

    La foudre a ravagé le toit de la maison dans laquelle Marie-Ange Bughjardelli et ses enfants sont hébergés, par son frère Pierre-Jean, en pleine montagne corse, dans le village de son enfance. Elle qui pensait retourner à la « civilisation » grâce à l’argent gagné au loto, c’est foutu. Il va devoir servir à réhabiliter l’habitation. En attendant, le trio va vivre dans les mêmes pièces que la famille de Pierre-Jean. Ils seront un peu à l’étroit, mais ça dépanne. Pendant ce temps, Jean-Marc Bughjardelli, l’époux de Marie-Ange, l’escroc, croupi dans un centre pénitentiaire. Croupi ? Pas vraiment. Ces gens-là achètent tout, même en prison. Il paraît qu’à Noël il a fait venir du homard. La date du procès va bientôt être annoncée. Sortira ? Sortira pas ? Et les citadins exilés à la campagne, sortiront ? Sortiront pas ?

    © Maurizi – Corsica Comix

    Dans la famille Bughjardelli, chacun espère voir sa situation évoluer dans le bon sens. Valérie a accepté un boulot de rédactrice pour le journal Paese Matina, mais pas facile de trouver des idées d’articles : déco, mode ou sport, les sujets sont aussi funs (?!) les uns que les autres. Baptiste, qui bosse à l’office de tourisme, s’occupe des inscriptions pour un trail. Vu la somme à gagner, ça va lui donner envie de courir. Alors que Pierre-Jean part se ressourcer quelques jours en pleine nature, sa femme Jeanne, qui a été élue maire du village, concilie son quotidien de maire de famille et de politicienne. Et il y a du boulot. Du PLU, des dégâts de la tempête, des demandes de subventions, ou des soucis de famille, qu’est-ce qui est le plus difficile à gérer dans tout ça ?

    © Maurizi – Corsica Comix

    Léa Maurizi poursuit les (més)aventures de la famille déchue. Quand on roulait sur l’or et qu’on n’a plus un kopeck, il faut réapprendre à vivre… et sutout à travailler. Pas facile quand on a passé son temps à se la couler douce en mangeant dans des couverts en argent. Dans son graphisme clair et avec ses personnages caractéristiques qui n’appartiennent qu’à elle, l’autrice se régale et régale à la manière d’un marionnettiste qui tire les ficelles de son petit monde. Un nouveau membre de la famille fait son apparition en la personne de la grand-mère, la mère de Jean-Marc, appelée à la rescousse par Valérie au grand dam de sa propre mère. Cette dernière acceptera-t-elle le secours financier de sa belle-mère ? Tailleur Channel, toutou qui ne doit manger que du haut de gamme, Hortense débarque !

    © Maurizi – Corsica Comix

    Back to paese est une petite perle d’humour. Si ViaStella lisait ça, ils devraient se jeter sur l’occasion pour l’adapter en sitcom. Avec Tony Danza, Madame est servie. Avec les Bughjardelli, la Corse est servie !


    Série : Back to paese

    Tome : 3 – Les beaux jours

    Genre : Humour

    Scénario, Dessin & Couleurs : Léa Maurizi

    Éditeur : Corsica Comix

    Collection : BDLire

    ISBN : 9791092481310

    Nombre de pages : 128

    Prix : 20 €


  • Les petits Mythos 16 – Le trident de la mer
    par Laurent Lafourcade

    Poséidon fait des vagues

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    « -Hep là, pas si vite ! Si vous voulez aller plus loin, il va falloir me laisser un petit quelque chose !

    -Ben, il me reste deux ou trois poulets…

    -Tu n’as rien d’autre à offrir au dieu de la mer que de la volaille ?! »

                    De tous temps et par tous les temps, les marins ont bravé la mer. Si elle est parfois déchaînée, c’est de la faute à Poséidon. Le Dieu de la mer, que l’on prenait pour une divinité puissante, sérieuse, et quasi à l’égal de Zeus, s’avère beaucoup plus déluré chez les Petits Mythos. Il habite dans un palais sous-marin et se déplace en char dernier cri tiré par des hippocampes et des dauphins. C’est quand il file trop vite que les flots s’écartent et se déchaînent, montrant bien qu’il est le maître des océans. Mais ça, c’est un peu de la légende. Il suffit que le flemmard ronfle pour que la météo se dégrade. Et gare à qui touchera à son trident, ça le met dans une colère monumentale.

    © Cazenove, Larbier, Amouriq, Mirabelle – Bamboo

                    Gaffeur, Poséidon l’est -Aïe ! Le trident dans le pied, quand ce n’est pas dans le derrière. Il a également gardé son âme d’enfant. On a tous joué avec des bateaux dans la baignoire. La seule différence, c’est que lui, ce n’est pas une baignoire, mais la mer toute entière, son milieu naturel. Déjà, tout petit, il montrait une certaine tendance à se prendre pour un coquillage. Quant à Amphitrite, Madame Poséidon, une beauté (!), on ne peut pas dire qu’elle ménage son époux. Rouleau de pâtisserie en main, elle est à l’affût du moindre écart de son chéri. Il a intérêt à mettre les patins. Elle a passé toute la matinée à ranger les vagues.

    © Cazenove, Larbier, Amouriq, Mirabelle – Bamboo

                    Cazenove et Larbier offrent donc le premier rôle de ce seizième album au dieu de la mer. On connaît tous son alter ego romain Neptune, mais connaissez-vous Nethuns ? C’est le dieu étrusque des mers, dont on fait la connaissance en toute fin d’ouvrage. Qui sera le plus fort des deux ? C’est l’occasion pour aborder la mythologie étrusque dans le dossier conclusif. Le profane ne connaît presque rien de cette civilisation qui a dominé l’Italie avant d’être absorbée par Rome, bien que leur langue et leur culture soient différentes. On va enfin en savoir plus sur la vie quotidienne et le Panthéon étrusque grâce aux traces que les historiens ont relevé. Passionnant.

    © Cazenove, Larbier, Amouriq, Mirabelle – Bamboo

                    Les dents de la mer mordaient jusqu’au sang. Le trident de la mer n’ira pas plus loin que de piquer vos zygomatiques. Drôle et instructif, que demander de plus ?


    Série : Les petits Mythos

    Tome : 16 – Le trident de la mer

    Genre : Humour

    Scénario :  Christophe Cazenove

    Dessins : Philippe Larbier

    Couleurs : Alexandre Amouriq & Mirabelle

    Éditeur : Bamboo

    ISBN : 9791041112067

    Nombre de pages : 56

    Prix : 11,90 €


  • Godefroy 2 – Antechristus
    par Laurent Lafourcade

    La tête du diable

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    « -Nous patienterons le temps nécessaire. Le plus court chemin vers Constantinople passe par la Hongrie.

    -Le roi Coloman nous refuse le passage. Des pélerins dévoyés ont mis le pays à feu et à sang. Le monarque souhaite cependant vous rencontrer, seigneur Godefroy. »

    Nord de la Hongrie, septembre 1096. Les hommes du Comte Emich assiègent un paisible village. Le croisé prétend être le dernier empereur des prophéties, désigné par le Tout-Puissant pour que le royaume éternel advienne. Les soldats torturent, tuent, pillent pour que l’Antéchrist naisse des cendres de leurs exactions afin que Dieu puisse l’affronter à Jérusalem. Il n’en fallait pas moins pour se mettre à dos le roi Coloman de Hongrie. Ce dernier refuse à Godefroy de Bouillon le passage de ses troupes. Pour qu’il les laisse traverser le territoire, Godefroy propose une monnaie d’échange : la tête d’Emich, le diable en personne, insaisissable. Godefroy compte sur la main de Dieu pour guider son épée. Coloman accepte le marché. Et pour être certain de ne pas avoir de problème de pillages par les soldats de Godefroy de Bouillon, il exige que son frère Baudouin et sa famille soient ses invités, en tant que garants, le temps que les troupes traversent le pays.

    © Miel, Dubois d’Enghien, Iozza – Anspach

    Le dossier historique rédigé par le scénariste Rudi Miel en fin d’album confirme la véracité des tractations au pont d’Ödenburg où Coloman et Godefroy se sont rencontrés. Le Comte Emich de Leiningen est érigé en antagoniste de Godefroy de Bouillon. C’est là où apparemment l’Histoire et la fiction se dissocient partiellement, mais il est impossible d’en dire plus sans dévoiler un pan du récit. Toujours est-il que Rudi Miel ne commet pas de faute historique et reste dans le plausible. Après tout, BFM n’était pas là pour suivre les croisades. Le scénariste n’est jamais didactique ni pompeux. Avant tout, on est dans une bande dessinée d’aventure. L’essentiel est que l’on ne s’ennuie pas et que l’on vibre, avec un final très blockbuster hollywoodien. On aurait juste pu se passer de quelques scènes crues et d’un running gag qui n’apportent rien au récit. Alors que ce genre de scène était un argument de vente dans les années 80, il est peu probable que ce soit encore le cas aujourd’hui.

    © Miel, Dubois d’Enghien, Iozza – Anspach

    Au dessin, Théo Dubois d’Enghien propose une reconstitution médiévale fort honorable. Il relève la très difficile tâche de reproduire des combats à l’épée. On ressent comment les chorégraphies sont pensées. Autant, c’est facile à représenter au cinéma, grâce notamment aux mouvements de caméras, autant en bande dessinée, c’est un réel défi. Comme pour les scènes de sexe, est-ce que les giclées de sang crédibilisent l’histoire ? On peut se poser la question. Bref, dans tous les cas, question atmosphère brutale de l’époque, l’effort est louable, on est en immersion…au grand dam de Nicolas Anspach, éditeur de l’album dans la réalité, et homme d’Eglise bénédictin dans l’aventure.

    © Miel, Dubois d’Enghien, Iozza – Anspach

    La route jusqu’à Jérusalem est encore longue. Série historique richement documentée, Godefroy réjouira les médiévistes bédéphiles (et vice versa).


    Série : Godefroy

    Tome : 2 – Antechristus

    Genre : Histoire

    Scénario : Rudi Miel

    Dessins : Théo Dubois d’Enghien

    Couleurs : Angelo Iozza

    Éditeur : Anspach

    ISBN : 9782931105474

    Nombre de pages : 56

    Prix : 16 €


  • Whisky
    par Laurent Lafourcade

    La belle (bête) et les clochards

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    « -Qu’est-ce que c’est que ça ? Qu’est-ce qu’il fout là, ce clebs ?

    -Peut-être chien sauvage, faire prudent.

    -Chien sauvage ? Mes fesses ! C’est pas un bâtard, ça ! Il est toiletté comme un militaire en permission. Il est super mignon. On peut pas le laisser là. C’est dangereux.

    -Pssshhh ! Allez ! Pssshh ! Partir !

    -Ben quoi ? T’aimes pas les chiens ? Il a l’air gentil. »

    En pleine ville, sous un pont, deux clochards se réveillent. Théo, le plus vieux, n’a pas bien dormi, à cause du cauchemar d’Amir, toujours le même. L’homme est un réfugié kurde. Est-ce aujourd’hui le jour où ils vont trouver du travail ? Pas sûr. Le premier boulot, c’est de virer un jeune taggueur. Pas question de laisser les artistes s’installer sur le squat. « Les artistes, c’est l’avant-garde de la bourgeoisie ! » Ils sont capables de sublimer n’importe quel taudis et après il faut trouver un autre endroit où crécher.

    © Ratte, Duhamel – Bamboo

    Après cela, la journée peu commencer, au travail. Fouiller les poubelles, ramasser les mégots pour se constituer une cigarette, rapiner une pomme sur un étalage, … et ces poulets dorés qui tournent dans la vitrine de la rôtisserie…. Hmmmm ! Quel parfum ! Théo ne résiste pas. Va falloir être rapide à la course avec la police municipale aux fesses.

    On le voit dès la couverture, le trait de David Ratte s’est duhamélisé. Deux hommes courent à vive allure sur les berges d’un fleuve, faisant fuir les pigeons qui détalent à tire d’ailes. Le second type s’enfile une rasade, on le suppose, de whisky en portant une fiole à sa bouche. De la rue en hauteur, un groupe de jeunes les observe, l’un d’eux les montrant du doigt. Un chien les précède en surveillant d’un œil qu’il est bien suivi. Ce chien, c’est Whisky. Surgissant d’un buisson, il s’était donné aux clochards en vadrouille. Ce n’est pas un bâtard. Il est toiletté comme un militaire en permission. Alors qu’Amir tente de le faire fuir, Théo va l’adopter. Un chien, ça monte la garde, ça aboie sur les intrus et ça permet de ne pas être embarqué dans les foyers d’urgence. Problème : une récompense est promise à qui retrouvera le chien. Pas question pour autant de se séparer de la bête.

    © Ratte, Duhamel – Bamboo

    L’histoire de Whisky est un conte moderne. Bruno Duhamel écrit un de ces récits dont il a le secret. Comme dans Jamais (dont une cousine de l’héroïne fait de la figuration planche 11), le scénariste se penche sur le destin de personnages en marge de la société, des exclus qui s’accrochent à ce qu’il leur reste, des gens de peu dont le peu qu’ils ont suffit à leur bonheur mais pas question que quelqu’un y touche. Au fond, ne sont-ce pas eux les plus heureux ? L’association Duhamel-Ratte est une idée d’Hervé Richez, Duhamel ayant envie d’écrire plus d’histoires qu’il ne peut en dessiner. Comme Amir-Théo, le duo Bruno-David fonctionne à merveille dans cette histoire aux frontières des univers de Buster Keaton et du Terry Gilliam de Fisher King.

    © Ratte, Duhamel – Bamboo

    Vous reprendriez bien une rasade de Whisky ? Quand celui-ci est à consommer sans modération, il n’y a pas de mal à se faire du bien. Ce Whisky-là, tout le monde voudrait l’adopter. A la vôtre !


    One shot : Whisky

    Genre : Comédie

    Scénario : Bruno Duhamel

    Dessins : David Ratte

    Couleurs : Atomix et David Ratte

    Éditeur : Bamboo

    Collection : Grand Angle

    ISBN : 9791041111657

    Nombre de pages : 64

    Prix : 16,90 €


  • Boulevard Tintin – Les millions disparus de Tintin
    par Laurent Lafourcade

    Secrets d’héritage

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    Hergé est mort en 1983, emportant avec lui son personnage et son univers. Contrairement à certains de ses pairs, aucune ambiguïté. Hergé ne souhaitait pas que son œuvre se poursuive. Charge à ses héritiers de faire vivre les albums existants et de gérer l’Empire. Après Alain Baran, directeur adjoint des Studios Hergé, aux côtés de Fanny, la veuve du dessinateur, un homme va rapidement prendre les rênes de la fondation. C’est cet homme qui, en épousant Fanny, va décider des règles à appliquer. Cet homme, c’est Nick Rodwell. Tintinimaginatio, ex-Moulinsart, interdit par exemple l’utilisation d’images dessinées par Hergé pour illustrer les nombreux ouvrages d’étude publiés par les exégètes. Ceci n’est qu’un tout petit exemple de la gestion de l’héritage. C’est cette gestion qui est auscultée dans ce livre signé Jean-Pierre Levée, publié en néerlandais en 2023 et qui sort à présent en français avec une diffusion limitée à Amazon, les éditeurs français ayant tous refusés de prendre le risque de se trouver engagés dans des poursuites judiciaires. Bienvenue dans Les millions disparus de Tintin, au milieu des Secrets des héritiers d’Hergé.

     Jean-Pierre Levée propose une analyse en deux temps. La première partie court de 1929 à 1983. C’est la carrière fulgurante de Hergé. La seconde débute en 1989, après les six années de transition de l’ère Baran. C’est ce que l’auteur appelle l’ère Rodwell, l’homme qui prétend défendre les droits de Tintin en s’embrouillant avec de nombreux « spécialistes » de l’œuvre, dont l’irréprochable Philippe Goddin. Entre investissements désastreux et relationnel compliqué, Levée promet de tout nous raconter et met les pieds dans le plat dès le premier chapitre : Nick Rodwell, ses exigences et ses caprices. On apprend que ce dernier prépare un livre racontant sa version des faits. Il va lui falloir des arguments. Déjà, en 2002, dans « Tintin et les héritiers », Hugues Dayez dressait un portrait affligeant sur la façon dont Nick et Fanny géraient l’héritage. Vingt-trois ans après, il était temps d’avoir une mise à jour. La santé de Fanny n’étant pas au beau fixe et Nick avançant un âge, qui les remplacera ? Les produits dérivés suffiront-ils à faire perdurer l’œuvre ?

    © Jean-Pierre Levée / Hanzeboek

    Jean-Pierre Levée entre dans la vie privée et intime de Hergé. On apprend qu’outre Germaine et Fanny, une troisième femme influença sa vie spirituelle : Dominique de Wespin, alias George Magloire, qui est la mère d’Alain Baran, pas encore connu de Hergé. La sinologue développa une intimité fraternelle avec le dessinateur. Elle apparaîtra même dans un rôle secondaire dans un album. La lecture du livre vous dira lequel. On va revivre la vie des Studios Hergé où l’on croisera entre autres la truculente coloriste Josette Baujot, dont Fanny faisait partie de l’équipe. On commence à parler de sous avec les droits d’auteur et Casterman, avec la grande influence de l’Abbé Wallez au début, puis avec les droits connexes et Le Lombard, qui éditait le journal Tintin. Si certains des contrats rédigés à l’époque sont caduques, d’autres sont toujours en vigueur. Impossible de parler de droit sans parler de cinéma, des dessins animés Belvision au film en immonde Motion Capture de Spielberg. A la mort d’Hergé, les Studios seront liquidés pour payer les droits de succession, et qui verront la Fondation Hergé naître sur ses cendres, avec Philippe Goddin pour secrétaire général, et Alain Baran pour directeur. La gestion chaotique par ce dernier ouvrira la porte à l’ère Rodwell.

    Nick Rodwell, le commerçant londonien qui voulait vendre des produits Tintin, obtient les droits de licence pour le Royaume-Uni pour T-shirt, cartes postales et autres produits dérivés, avant de séduire Fanny. Dommage collatéral : Alain Baran sera évincé, pointé du doigt pour ses dépenses et son train de vie fastueux. Après la récupération des droits connexes, Fanny donne les clefs de Moulinsart à Nick. Il devient l’homme qui confine Tintin. Le charmeur devient colérique, voire insultant envers les journalistes qui critiquent sa gestion. Les attaques sont méchantes, vicieuses, haineuses. Jean-Pierre Levée les retranscrit in extenso. Rodwell mise tout sur les produits dérivés. Qui n’a pas sa serviette de bain Haddock ou sa voiture 1/43e d’Objectif Lune ?

    © Jean-Pierre Levée / Hanzeboek

    Toutes les idées ne sont pas des idées de génie. La comédie musicale Tintin et le Temple du Soleil est avortée. Le Musée Hergé hors Bruxelles ne fait pas le plein, d’autant plus que le Centre Belge de la Bande Dessinée est prié de ne pas mettre Tintin en avant. Moulinsart, devenu un gouffre financier devient Tintinimagiantio (quel beau nom !). Jean-Pierre Levée ne jette pas le bébé avec l’eau du bain. Il reconnaît que les livres publiés sur Hergé et son œuvre par la société sont excellents.

    L’auteur de l’essai nous explique comment le projet d’ouverture de boutiques franchisés à l’international s’est réduit à peau de chagrin. Un fiasco. Rodwell voulait que Moulinsart conçoive, fabrique et vende tous ses propres produits. C’est ce qui s’appelle avoir les yeux plus gros que le ventre. Levée détaille ensuite les rouages des comptes de Moulinsart, où l’on découvre qu’on peut faire parler les chiffres comme on veut. Le conseil d’administration se félicite. Les dessous ne sont pas si roses. Levée réalise une analyse économique de l’Empire, déficitaire depuis douze ans, avec comme seule éclaircie au bilan le film de Spielberg. Il permet d’en comprendre les rouages et les enjeux, dénonçant la dilapidation de l’héritage. Il termine en posant des questions judicieuses sur l’avenir du reporter à la houppe, avant de proposer, en annexe, des graphiques synthétisant bien la situation.

    © Jean-Pierre Levée / Hanzeboek

    En 2054, les droits d’auteur vont expirer. Tintin va tomber dans le domaine public. Tintin appartiendra à tout le monde. Au lieu de dire : Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau. On dira : On n’a pas fini de lire Tintin, on peut continuer à lire Tintin. On y trouvera toujours une nouvelle aventure. En attendant, Les millions disparus de Tintin se présentent comme un thriller psychologique haletant, mais c’est un reportage, signé par un enquêteur minutieux doublé d’un analyste.


    One shot : Les millions disparus de Tintin

    Genre : Ouvrage d’étude

    Auteur : Jean-Pierre Levée

    Éditeur : Hanzeboek Diffusion Amazon

    Nombre de pages : 200

    Prix : 22,21 €


  • Le jour où… 9 – Le jour où elle s’est laissée le temps
    par Laurent Lafourcade

    Reprendre le contrôle de sa vie

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    « -Qu’est-ce qu’on est bien ici ! La forêt est vraiment magnifique.

    -Surtout en cette saison. Peut-être qu’elle t’inspirera.

    -Oui, peut-être…

    -Pardon, mais Antoine m’a dit que tu avais du mal à terminer ton prochain livre…

    -Euh… En fait, j’ai même du mal à le commencer. »

    Fatigue, manque d’élan, d’envie, recherche de sens, Chantal est dans un état qui ne lui ressemble pas. L’écrivaine a la sensation de s’être endormie profondément, de s’être refermée sur elle-même, sur son écriture, sur ses livres, de ne plus rien ressentir. Elle n’en peut plus des coups de pression de son éditeur, avec ses délais et ses opérations commerciales. Son ami Simon, chez qui elle est venue se reposer quelques jours, lui conseille de prendre du temps pour elle, afin de retrouver son énergie, son envie et son désir. Elle a l’impression d’être comme une terre brûlée où plus rien ne pousse. Mais même sous les cendres une graine enfouie depuis longtemps peut germer. Chantal réussira-t-elle à se laisser le temps pour y arriver ?

    © BeKa, Marko, Cosson – Bamboo

    Plus que l’angoisse de la page blanche chez l’écrivain, c’est tout le phénomène de la reconsidération de soi qui est au cœur de ce neuvième épisode de la sensible série « Le jour où… ». Après l’angoisse d’avoir oublié son chargeur d’ordinateur chez elle, Chantal va être obligé de reconsidérer son séjour. Pour Simon, c’est certainement un signe, comme un acte manqué. C’est un beau jour d’automne, idéal pour aller se promener, accepter, ne pas lutter… Au fil des jours, Chantal va apprendre à se connaître, délaisser le « faire » et l’« avoir » pour se concentrer sur l’« être ». C’est une étrange jeune femme rencontrée dans une clairière qui va l’initier à ce concept. Ne serait-elle pas un esprit de la forêt ?

    © BeKa, Marko, Cosson – Bamboo

    Une fois de plus, les BeKa nous donnent une leçon de vie. Plus fort que n’importe quel psychologue, le  duo invite le lecteur à se comprendre et à rediriger le sens de sa vie. On pense réussir parce que l’on fait des choses, parce que l’on possède des biens. C’est la vision qu’ont les autres de nous. Et si plutôt que de s’exposer comme une vitrine, on montrait aux gens ce que l’on est. C’est Etre qui va donner du sens à Avoir et Faire. Marko représente les trois verbes par des petits personnages dont ils sont les allégories. Les auteurs les font parler à Chantal, procédé qui n’est en fait qu’un prétexte pour que nous, lecteurs, les écoutions. Quand on referme l’album, on se dit : « Je ne me posais pas de question, mais j’ai pourtant trouvé une réponse… Et je vais mieux. »

    © BeKa, Marko, Cosson – Bamboo

    On est tous un peu Chantal. Le jour où… n’est pas seulement une série de BD. C’est une collection de précis philosophiques qui éclairent la vie.


    Série : Le jour où…

    Tome : 9 – Le jour où elle s’est laissée le temps

    Genre : Emotion

    Scénario : BeKa

    Dessins : Marko

    Couleurs : Maëla Cosson

    Éditeur : Bamboo

    ISBN : 9791041112135

    Nombre de pages : 60

    Prix : 16,90 €


     

  • Idéfix et les irréductibles 8 – A la poursuite du flacon vert
    par Laurent Lafourcade

    Amours, parfum et nourriture

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    « -Ave, Homéopatix ! On m’a dit que tu avais peut-être une solution pour régler les problèmes d’hygiène de mes légionnaires.

    -J’ai exactement ce qu’il vous faut, Ô mon généralissime… Laissez-moi vous mettre au parfum ! »

                    A Lutèce, Homéopatix, le frère de Bonnemine, reçoit une commande particulière du général Labienus. Il lui demande dix tonneaux de son nouveau parfum Lutèce n°5, à base de gui, la plante préférée des druides, afin de régler les problèmes d’hygiène de ses légionnaires. Si le gaulois honore le marché, il ne restera plus assez de gui pour fabriquer de la potion. Idéfix et les irréductibles imaginent remplacer le parfum par la mixture la plus nauséabonde possible, afin de dégoûter Labienus et lui faire annuler la commande. Pour cela, il va falloir pénétrer dans le palais pour mettre la mixture dans un fameux flacon vert, et ça, c’est une autre paire de pattes !

    © Mancuso, d’Andréa, Clerc, Serrano – Albert René
    Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2025 Les éditions Albert René/Goscinny-Uderzo

                    Padgachix est en manque de Vitamine. Ce n’est pas qu’il manque de force, c’est qu’il en pince pour la petite chienne d’Homéopatix qui s’appelle comme ça. Monalisa, la chatte de Labienus, qui ne peut plus voir ces sacs à puce de chiens en peinture, compte bien profiter de la situation pour mettre la panique et donner une leçon aux Irréductibles. Mais à malin, malin et demi. Idéfix et ses compagnons trouveront-ils la parade ?

                    Le troisième et dernier récit, Miche Ô ma miche, a une construction originale. Asmatix, le vieux pigeon, attend avec Idéfix et avec impatience que les Irréductibles lui ramènent une miche de pain à picorer. La petite troupe va revenir bredouille. Chaque membre va raconter sa version et tous en ont bien évidemment une différente, que ce soit Baratine, Padgachix ou Turbine. Idéfix décèlera-t-il la vérité ? Et surtout, Asmatix se mettra-t-il une miche sous le bec ?

    © Mancuso, d’Andréa, Clerc, Serrano – Albert René
    Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2025 Les éditions Albert René/Goscinny-Uderzo

                    Même équipe de scénaristes que pour le tome précédent, Lison d’Andréa, Philippe Clerc et Olivier Serrano reviennent aux affaires pour ces histoires bien ficelées. Au dessin, un nouveau venu succède à Philippe Fenech. Il s’agit de l’italien Federico Mancuso. L’auteur se fond sans problème dans le moule Uderzo. Le profane n’y verra que du feu, sans remarquer un quelconque passage de témoin. Mancuso se distingue particulièrement dans la dernière histoire avec un traitement graphique et colorimétrique différent pour chacune des quatre versions de la disparition de la miche. (Il faut ajouter celle d’Arquebus auprès de Monalisa en plus de celles des Irréductibles)

    © Mancuso, d’Andréa, Clerc, Serrano – Albert René
    Astérix®-Obélix®-Idéfix® / © 2025 Les éditions Albert René/Goscinny-Uderzo

                    Avec huit albums, Idéfix et les Irréductibles est une série de BD bien ancrée à présent dans le paysage, aidée il est vrai par sa diffusion en dessins animés. Ces petits albums vont prendre de la hauteur puisqu’une réédition en grand format arrive.


    Série : Idéfix et les irréductibles

    Tome : 8 – A la poursuite du flacon vert

    Genre : Aventures humoristiques

    Scénario : Lison d’Andréa, Philippe Clerc & Olivier Serrano

    Dessins : Federico Mancuso

    D’après : René Goscinny & Albert Uderzo

    Éditeur : Albert René

    ISBN : 9782864977537

    Nombre de pages : 72

    Prix : 8,99 €


  • Un petit pas pour l’homme, un croche-patte pour l’humanité 2
    par Laurent Lafourcade

    Ces merveilleux fous inventant…

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    « -Oh bordel… Bon, ok. Effectivement, soigner à l’huile bouillante, ça se faisait, et effectivement, Ambroise Paré préconisait des traitements moiiins… Galilée, ok, il a eu des problèmes avec le pape. Mais qu’est-ce que c’est que ces conneries, après ?! Ça va pas la tête ? …Et Cugnot avec sa voiture, là ? Sérieux ?! Les Montgolfier on va passer vite fait. C’est n’importe quoi. Et la pile de Volta qui fait exploser les gens… Je… Il va falloir vous reprendre. « 

    De l’éolipyle de Héron d’Alexandrie au ciseau moléculaire Crispr de Doudna et Charpentier, c’est plus de 2000 ans d’Histoire d’inventions ayant révolutionné l’histoire de l’humanité que Libon nous invite à traverser dans ce deuxième volume de : Un petit pas pour l’homme, un croche-patte pour l’humanité. Qui dit Libon, dit loufoque. L’auteur exagère à peine le cours des événements pour écrire, dessiner et décrire cet instant de grâce, ces instants de grâce où chacun des inventeurs a connu ce moment qui révolutionna la marche du monde. Les noms de la plupart d’entre eux sont connus de tous, d’autres sont moins célèbres que leurs créations, mais tous ont contribué à une avancée technologique, scientifique ou médicale.

    © Libon – Fluide glacial

    C’est sur les champs de bataille qu’Ambroise Paré a posé les bases de la chirurgie, au beau milieu de corps décharnés, ayant à sa disposition os brisés et entrailles à l’air libre. Ce ne fut pas facile pour Galilée de faire prendre conscience à la papauté de l’héliocentrisme. L’ancêtre de notre automobile, on la doit à Joseph Cugnot, super idée pour aller emballer les gonzesses. Les frères Montgolfier, eux, étaient tournés vers les airs. Est-ce de la gnôle que trouve le balayeur d’Alessandro Volta dans l’atelier de ce dernier ? Ceux qui vont y goûter n’en reviendront pas !

    © Libon – Fluide glacial

    On présente Claude Chappe, concepteur du télégraphe, le premier à révolutionner la communication à distance. On ne présente plus Isaac Newton, ni Benjamin Franklin. Si le premier aurait pu inventer la tarte Tatin, avec son gâteau qui tombe retourné sur le sol, le second tenta des expériences autrement plus périlleuses que de faire voler un cerf-volant un soir d’orage. Quand Graham Bell inventa le téléphone en 1876, il ne se doutait pas qu’il allait être la première victime du démarchage. Il s’en branle de changer ses fenêtres ! Tout au long de l’album, vingt-deux créations passent ainsi au prisme Libon, avec tout le sérieux (hum !) qu’on lui connaît, un véritable cavalier de l’apocadispe de la vérité historique. Mais dans le fond, il y a toujours une part de vérité.

    © Libon – Fluide glacial

    Un petit pas pour l’homme, un croche-patte et de grands éclats de rire pour l’humanité. Libon est dans la short list des auteurs les plus rigolos de la décennie.


    Série : Un petit pas pour l’homme, un croche-patte pour l’humanité

    Tome : 2

    Genre : Humour

    Scénario, Dessins & Couleurs : Libon

    Editeur : Fluide glacial

    ISBN : 9791038205888

    Nombre de pages : 56

    Prix : 13,90 €


     

  • Géostratégix – Israël-Palestine
    par Laurent Lafourcade

    Tout comprendre de l’incompréhensible

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    « -Un accord ?

    -Quel accord ? »

                    Le conflit israélo-palestinien aura-t-il un jour une fin ? Si l’on en croît Donald Trump, il n’y a pas de problème. C’est facile. Il suffit de transformer la bande de Gaza en Côte d’Azur, en Riviera, et d’en faire une zone touristique. Alors qu’on observe dans l’actualité Monsieur réponse-à-tout qui tente de régler le problème, la guerre suscite des débats enflammés, non seulement en France, mais dans le monde entier. Pascal Boniface et Tommy proposent de revenir aux sources de la problématique pour la comprendre, tant du point de vue historique que géopolitique. Avec objectivité et pédagogie, en s’en tenant aux faits, les auteurs ont l’ambition de tout nous faire comprendre.

    © Boniface, Tommy – Dunod Graphic

                    La première partie remonte à la création de l’Etat d’Israël. Dès le premier siècle après Jésus-Christ, les guerres judéo-romaines opposent les juifs et l’Empire romain. Les romains sont vainqueurs. C’est la première diaspora. Au fil des siècles, accusés d’avoir crucifié Jésus-Christ, les actes antisémites se développent. Au Moyen-Âge, les juifs sont expulsés d’Angleterre, puis d’Espagne. Durant la Grande Guerre, ils seront contraints de fuir la Russie et l’Europe orientale, essentiellement vers les Etats-Unis. En France, depuis la constitution de 1791, ils ont acquis la citoyenneté française. Napoléon a reconnu leur religion. L’antisémitisme a fait parler de lui lors de l’Affaire Dreyfus. Dès 1896, le journaliste austro-hongrois Theodor Herzl avait émis l’idée de créer un état pour les juifs, reconnu par les autres pays, où ils seraient à l’abri : la Palestine, sur les terres historiques. En 1936, les arabes dénoncent leur dépossession des lieux. Il faudra attendre 1947 pour que l’ONU partage l’Etat en deux. En 1948, David Ben Gourion proclame la création de l’Etat d’Israël, promettant égalité de droits entre les deux peuples. Le dirigeant met en place l’armée de Tsahal qui grignote petit à petit des territoires arabes.

    © Boniface, Tommy – Dunod Graphic

                    Le conflit israélo-palestinien va perdurer durant la Guerre Froide. L’Egypte s’en mêle. La France s’en mêle, par l’intermédiaire du Général de Gaulle. 1973, la guerre du Kippour met le feu en Israël. Bref, après bien des péripéties, en 1988, l’ONU adopte une résolution de proclamation de l’Etat palestinien, mais le Hamas, créé quelques mois plus tôt, n’est pas prêt à renoncer à la violence. Il le faudra pourtant s’ils veulent bénéficier d’un soutien occidental. Mitterrand semble avoir convaincu Arafat. Après la guerre froide, naissent les premiers espoirs de paix. En 1993, les accords d’Oslo semblent avoir écrit le mot fin. La réalité sera tout autre, jusqu’à ce jour fatidique du 7 octobre 2023 où le Hamas fait 1200 morts et capture 253 otages lors d’un festival de musique techno sur le territoire d’Israël. Le premier ministre israëlien Benyamin Netanyahou se présente comme le champion de l’Occident contre le mal et ne tarde pas à organiser la riposte, cinglante, sans se préoccuper de victimes civiles collatérales. La suite, on la suit tous les jours dans la presse. La fin, on ne la connaît malheureusement pas encore.

    © Boniface, Tommy – Dunod Graphic

                    Comme dans son podcast éponyme, Pascal Boniface nous aide à comprendre le monde. S’il y a une situation bien compliquée, c’est certainement celle de ce conflit interminable. Avec des scènes courtes et le graphisme clair et sans fioritures de Tommy, cet album de la collection Géostratégix permet d’y voir un peu plus clair dans l’interminable conflit israélo-palestinien.


    Série : Géostratégix

    Tome : Israël-Palestine

    Genre : Histoire

    Scénario : Pascal Boniface

    Dessins & Couleurs : Tommy

    Éditeur : Dunod Graphic

    ISBN : 9782100877744

    Nombre de pages : 128

    Prix : 21,90 € 


  • Champignac 4 – Les années noires
    par Laurent Lafourcade

    Secret défense

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    « -Bonsoir, Albert.

    -Bonsoir, Pacôme. J’ai apporté des gâteaux pour le thé. Tu as remarqué tous ces étudiants et ces professeurs qui disparaissent de Princeton du jour au lendemain ?

    -Oui. C’est troublant, en effet.

    -On dirait que tous les cerveaux de ce pays sont appelés ailleurs. Mais où ? Mystère ! »

    New Jersey, USA, septembre 1943. Champignac et Blair se promènent dans le parc de l’Université de Princeton. Les observateurs prennent le scientifique pour un barjo. Et pour cause, il discute tout seul… avec un fantôme. Blair est morte mais son compagnon ne l’accepte pas… Ou alors il a la chance de l’entendre, de la voir, qu’elle l’accompagne. En fin d’après-midi, à la maison, on toque à la porte. C’est Albert Einstein en personne qui vient rendre visite à Pacôme, avec des gâteaux pour le thé. Il vient discuter de la mystérieuse disparition d’étudiants et de professeurs à Princeton, comme si tous les cerveaux du pays étaient appelés ailleurs. Le FBI se méfie d’Einstein. Son directeur, Hoover, est persuadé qu’il complote avec les communistes contre les Etats-Unis. Pour Champignac, son homologue est quelqu’un de bien : pacifiste, humaniste, antifasciste et antimilitariste. Ce qui va encore moins plaire à Hoover, c’est quand Champignac va lui apprendre avoir découvert que les disparus seraient partis pour une mission ou un travail en lien avec la guerre au Nouveau-Mexique, un travail « atomique ».

    © Etien, Beka – Dupuis

    C’est un Pacôme désabusé par la vie que l’on découvre en ce début d’album. Il se raccroche au fantôme de Blair. Fantôme ? Einstein dit lui-même que l’énergie ne peut pas mourir. Elle circule, se transforme et ne s’arrête jamais. C’est une vie après la mort. Bref, l’espionnage des savants disparus de Princeton va amener Champignac dans une « chasse aux sorcières » jusqu’à Los Alamos au Nouveau-Mexique, au cœur de la genèse de la bombe A.

    La relation entre Champignac et Blair est ouvertement un écho à l’histoire d’Orphée et d’Eurydice. Orphée est allé jusqu’aux enfers pour tenter de sauver l’amour de sa vie, mais il va commettre une erreur qui va l’empêcher de la ramener.

    © Etien, Beka – Dupuis

    Les personnages historiques sont légion dans cet épisode. Albert Einstein vient en premier lieu rendre visite à Champignac. Ce dernier travaille pour le FBI dirigé par Edgar Hoover. Robert Oppenheimer dirige le centre de Los Alamos, où travaille Richard Feynman. On va également croiser un autre personnage historique, mais dans l’histoire de Spirou, à savoir le professeur Sptschk, que l’on verra dans Le voyageur du Mesozoïque, et plus tard mais avant dans Panique en Atlantique. Les BeKa proposent ainsi un scénario malin puisant tout autant dans les sources historiques de l’humanité que dans celles historiques du Spirouverse.

    Même s’il n’essayait pas de copier le style Rosinski dans son Thorgal Saga, David Etien est quand même plus à l’aise ici. A la manière dont Munuera s’est approprié Zorglub pour en faire un personnage bien à lui, il s’accapare Champignac comme si c’était lui qui lui avait donné naissance dès le début.

    © Etien, Beka – Dupuis

    Les années ne sont pas noires que pour Champignac. On avance avec lui dans la marche du monde… qui va bien de travers. Et ce ne sera que le début… Poignant, dramatique, émouvant, et parfois drôle aussi, les auteurs crédibilisent avec classe un personnage emblématique créé par l’immense André Franquin.


    Série : Champignac

    Tome : 4 – Les années noires

    Genre : Aventure

    Scénario : Beka

    Dessins & Couleurs : David Etien

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808510271

    Nombre de pages : 56

    Prix : 15,95 €


  • Les Julys
    par Laurent Lafourcade

    Le chemin de Papa

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    « -Tels des funambules, évitons la chute et progressons…

    -On est des aventuriers ?

    -Des équilibristes. En toutes circonstances, nous devons garder notre calme et rester éveillés, vivre ici avec ce qui nous entoure. »

                    Parmi les hautes herbes et les pierres levées, un groupe de petites filles, telles des lutins, avancent dans la campagne, traçant des sillons au fil de leurs pas, en ligne ou par parquets. Elles atteignent les falaises de bord de mer. Ce sont les Julys. Elles chantent sans ouvrir la bouche des mélodies voluptueuses. Elles traversent les pages et les paysages. Elles ne font qu’un avec la nature. Pas encore là en juin, elles sont déjà reparties en août.

                    Dans cette même campagne, un homme et son fils se promènent à vélo. Pour ne pas tomber, le secret, c’est de garder l’équilibre. En toutes circonstances, il s’agit de garder son calme et rester éveiller, vivre ici avec ce qui nous entoure.

                    Papa écrit des livres, non, plutôt, il dessine des livres. En ce moment, le livre sur lequel il travaille parle des Julys, ces sortes de lutins plus semblables à des gamines qu’à des gamins. Le fils ne comprend pas trop. Les Julys sont des génies, mais qui ne sortent pas d’une lampe magique. Pour en savoir plus sur ces anges gardiens, son papa lui propose de franchir une porte en pleine nature. Une July lui propose aussitôt de les suivre, mais le gamin décline l’invitation. Il a un rendez-vous. On le retrouve dans un cabinet. Il est venu parce qu’il a des visions et qu’il pense à des choses. Très vite, la conversation dévie sur les Julys. Il a pu les observer et les entendre parler, partout, dans les livres, les fleurs,… Il les a même vu nager. Il a été témoin d’événements extraordinaires. Suivons-le avec son papa à la rencontre de ces créatures venant de l’obscurité, sans but et sans modèle, sortant du sommeil et des profondeurs de l’océan. Elles semblent connaître le chemin par cœur. Suivons-les tous à la découverte du monde.

                    Les Julys n’est pas une histoire. Les Julys n’est pas un reportage. Les Julys n’est pas une chronique de vie. Les Julys, c’est une poésie dessinée. Ode à la nature, ode à la solitude (« C’est beaucoup mieux seul. On a pas de problèmes avec les autres, on peut vivre à son rythme… »), ode à la création et à la paternité, Nylso écrit ni plus ni moins qu’une fable sur le sens de la vie. Tantôt en colonne comme les fourmis, tantôt en paquet comme les sardines, les Julys avancent sans but précis. La seule chose qu’elles savent, c’est qu’il faut y aller. Où ? Quand ? Comment ? Ça, elles le découvriront au fur et à mesure de leur avancée, sous les regards du papa et de son fils. Ce papa, est-ce Nylso lui-même ? L’auteur entretient le doute quand une July trouve son carnet à dessins. Quand elle va décider de dessiner dessus, à quel moment sait-on si le livre que l’on tient dans les mains a été réalisé par Nylso ou par une July ?

                    La paternité, on l’a dit, est l’un des thèmes centraux de l’album. Un enfant grandit. Son papa doit s’y adapter. C’est son fils lui-même qui l’invite à évoluer dans sa relation avec lui. Stromae chantait dans Papaoutai : « Tout le monde sait comment on fait les bébés, personne ne sait comment on fait les papas. ». En lisant Les Julys, il aurait une bonne partie de la réponse à son questionnement.

                    Dans un graphisme au Rotring, hachuré, qui n’appartient qu’à lui, Nylso représente la nature, les arbres, les herbes, les eaux. Il fond les personnages dans des compositions frisant parfois un impressionnisme noir et blanc. « Papa, quel cadeau pour moi ! Etre dans une de tes histoires ! » Les Julys, c’est la transmission d’un univers d’un père à son fils. Les Julys invitent à voir le monde d’un œil neuf. Les Julys est un livre qui change un papa en Papa avec un P majuscule.


    One shot : Les Julys

    Genre : Poésie

    Scénario & Dessins : Nylso

    Éditeur : Misma

    Collection : Ciboulette

    ISBN : 9782494740099

    Nombre de pages : 316

    Prix : 24 €


  • Show-Ha Shoten ! 7
    par Laurent Lafourcade

    Un incroyable score à battre

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    « -566 points !! Le duo d’ouverture vient d’obtenir un score absolument incroyable ! Ecoutons ce que les membres du jury ont à nous dire ! Je donne la parole à Kei !

    -Merci ! Leur sketch était très drôle mais surtout, elles ont été extrêmement talentueuses ! »

    C’est seulement leur deuxième participation au Kôshien du rire mais leur prestation d’aujourd’hui était bien meilleure que la première. C’était remarquable. Une telle performance de la part de lycéennes est tout bonnement incroyable. Elles maîtrisent la scène. Himawari Saeda, l’Auguste (Boke), et Rinka Iwashimizu, le clown blanc (Tsukkomi), alias le duo Pantoufle de verre brisée, viennent d’obtenir la note incroyable de 566 points en ouverture du festival d’humour. La barre est très très haute pour leurs concurrents qu’elles vont observer depuis la loge des premiers provisoires. Vont-elles y rester jusqu’à la fin de la compétition ?

    Show-Ha Shoten ! © 2021 by Akinari Asakura, Takeshi Obata
    © Akinari, Takeshi – Kana 2025

    Le duo suivant Poiscaille kamikaze compte bien profiter de l’engouement du public et de l’ambiance pour faire rire deux fois plus fort. Les éliminations seront sèches. Contrairement au grand prix Warai, le Kôshien du rire ne propose pas de dernier tour entre les trois premiers du classement. Les efforts d’une année peuvent prendre fin en un instant. Le duo Iwashi Tsuyoshi arrangue la foule en lui proposant un jeu. Sera-ce suffisant pour la séduire ?  Les amateurs de Switch et les nostalgiques de Nintendo 3 DS pourraient se laisser prendre. Ben Nitta et Ryûki Nazutani, du duo Brutus, seront les suivants à monter sur scène. Le groupe est atypique. Nazutani a déjà fait de la scène avec un camarade aujourd’hui disparu et dont il se sent responsable de la mort.

    Show-Ha Shoten ! © 2021 by Akinari Asakura, Takeshi Obata
    © Akinari, Takeshi – Kana 2025

    Trois duos se succèdent sur scène dans ce septième tome de Show-Ha shoten !. Les deux héros de la série, Azemichi Shijima et Taiyô Higashikata, devront attendre leur tour. Quelques interventions en coulisses permettent aux lecteurs de patienter en leur compagnie. Les mangakas Akinari Asakura etTakeshi Obata continuent de surprendre dans cette histoire hors du commun qui avait tout pour ne rien donner en manga. Ils prouvent le contraire. Les flashbacks permettent de remonter aux passés de certains personnages. L’histoire de Nazutani ne laissera personne insensible. Les auteurs traitent avec lui de la fausse culpabilité que l’on peut se donner face aux événements de la vie, que l’on n’a pas à se croire responsable de tout. Ils montrent qu’il y a toujours un moyen de rebondir, qu’après les jours sombres viennent les éclaircies.

    Show-Ha Shoten ! © 2021 by Akinari Asakura, Takeshi Obata
    © Akinari, Takeshi – Kana 2025

    Le grand concours du Kôshien du rire est une compétition implacable. Derrière les rires, se cache un énorme travail en amont pour ces acteurs en herbe. Pénétrez dans les coulisses et sur scène avec ces humoristes prêts à tout donner pour l’emporter.


    Série : Show-Ha Shoten !

    Tome : 7

    Genre : Shonen

    Scénario : Akinari Asakura

    Dessins : Takeshi Obata

    Éditeur : Kana

    ISBN : 9782505133537

    Nombre de pages : 196

    Prix : 7,30 €


  • Spirou SuperGroom 3 – La stratégie Gaïa
    par Laurent Lafourcade

    Un groom à travers le temps

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    « -Allô, Pacôme ?

    -Ah, Spirou ! Content de vous avoir enfin ! Avez-vous eu l’occasion de tester les nouveaux gadgets que j’ai concoctés pour vous ?

    -Pas encore, Pacôme… En fait, j’avais une question : vous n’avez révélé mon identité secrète à personne, pas vrai ?

    -Que nenni, mon jeune ami ! Je sais à quel point vous tenez à votre anonymat ! Pourquoi cette question ? »

    Spirou est inquiet. Quelqu’un aurait-il découvert que SuperGroom et lui n’étaient qu’une seule et même personne ? C’est en tous cas ce que laisse supposer la lettre qu’il trouve posée sur la table de sa salle de séjour. « Supergroom ! Rdv ce soir dans le ciel de Nova Brussels. (Ne prévenez aucun de vos amis, si vous tenez à eux.) ». Le soir même, notre (super)héros vole dans le ciel de la capitale belge accompagné de son fidèle écureuil lui aussi masqué : Redwing, alias Spip. File-t-il vers un piège ? Il n’a pas d’autre choix que de se rendre à ce rendez-vous s’il veut protéger ses amis.

    © Vehlmann, Yoann, Alquier – Dupuis

    Au balcon de l’immeuble de Gaïa, les initiales SG, comme SuperGroom, sont allumées. Il comprend que c’est là le lieu de rencontre. Il entre alors dans ce qui semble être un musée d’Antiquité glacial. Il est pris en charge par Chasseur, alias Lubna, qu’il pensait morte. Le froid est intense. Des personnes semblent être congelées en pleine réception. C’est en cherchant une issue qu’ils tombent sur un individu qui leur apprend que tout ce monde a été convoqué par Centaure, condamnée par une vieille blessure, car elle voulait les entraîner dans la mort. Centaure, ils vont la dénicher dans son antre, au sommet d’un totem géant. Elle a créé Gaïa, un ordinateur quantique hybride d’une puissance inégalée. D’ici quelques années, cette intelligence artificielle aura résolu les grandes questions qui menacent l’humanité. Ça, ils le sauront à leur réveil, car le but de Centaure est de cryogéniser tous les occupants de l’immeuble. C’est donc dix ans plus tard que SuperGroom et Chasseur, Spirou et Lubna, vont se réveiller…

    © Vehlmann, Yoann, Alquier – Dupuis

    Fabien Vehlmann et Yoann dénoncent les dangers et les dérives de l’IA. En faisant faire un bond dans le temps à Spirou-SuperGroom, ils se projettent dans les progrès attendus de l’intelligence artificielle et mettent en garde la jeune génération. Après un gel de 10 ans, Spirou va se trouver face à un Fantasio pour qui le temps a passé, et un Comte dans un autre état. L’aventure est bourrée d’action, mais est aussi émouvante. On n’attendait pas, on n’attendait plus une telle puissance dans SuperGroom, et c’est arrivé. Le twist final est un peu basé sur le même principe que le succès cinématographique L’amour ouf. Il y est question de destin et de rendez-vous, avant une case prometteuse vers des aventures que nous ne lirons pas.

    © Vehlmann, Yoann, Alquier – Dupuis

    La chronique du tome 2 concluait par le fait qu’il manquait à SuperGroom l’étincelle qui lui mettrait le feu et la ferait décoller. Cette étincelle, c’est ce tome 3, qui clôt malheureusement la série et qui invite à reconsidérer la trilogie. Et si c’était le meilleur album du Spirouverse de l’année ?


    Série : SuperGroom

    Tome : 3 – La stratégie Gaïa

    Genre : Aventure

    Scénario : FabienVehlmann

    Dessins : Yoann

    Couleurs : Fabien Alquier

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9791034762866

    Nombre de pages : 88

    Prix : 15,50 €


  • Lourdes Une histoire millénaire
    par Laurent Lafourcade

    L’histoire vraie de Bernadette Soubirous

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    « -Attends-nous ! Co… Comment tu fais pour aller si vite ?

    -Dis-moi ce que tu as vu ! Je ne le répèterai pas !

    -Aquero ! Une magnifique dame vêtue de blanc. Elle avait une ceinture bleue et une rose jaune sur chaque pied. Elle a fait le signe de la croix et j’ai passé mon chapelet, la vision faisait courir les grains du sien. Et quand j’ai eu terminé, elle a disparu ! »

                    Au pied des contreforts des Pyrénées françaises, dans la région historique de Bigorre, baignée par le gave de Pau, se trouve la petite ville de Lourdes, aujourd’hui célèbre dans le monde entier. Chaque année, venus de toute la planète, trois millions de pèlerins contribuent à faire de la cité le troisième lieu de pèlerinage catholique au monde. Malades et invalides, mais aussi bien-portants, viennent prier, boire et/ou s’immerger dans l’eau bénite de la source miraculeuse. Au fil du temps, la ville s’est développée pour accueillir les visiteurs, avec un nombre impressionnant d’hôtels proches du sanctuaire. Si Lourdes a une telle aura aujourd’hui, c’est grâce à une jeune fille, au milieu du XIXème siècle, à qui la Vierge est apparue dix-huit fois.

    © Volante, Stoffel, Bertorello – Plein vent

                    Après un survol préhistorique et historique de la région, on arrive au 7 janvier 1844, date de naissance de la petite Bernadette Soubirous. Son père est meunier. Suite à des problèmes financiers, en 1857, Bernadette est confiée à son ancienne nourrice. Elle aide aux travaux de la ferme et garde les moutons. Le jeudi 11 février 1858, Bernadette et les deux filles de la nourrice vont ramasser du bois près de la grotte de Massabielle. Tout d’un coup, les deux sœurs voient Bernadette s’agenouiller, sortir son chapelet et prier la Vierge Marie. L’histoire va en laisser plus d’un sceptique. Bernadette se confesse à un Abbé. Les pouvoirs publics doutent. La population va être de plus en plus nombreuse à accompagner Bernadette à la grotte, comme le jour où elle fera sourdre la source.

    © Volante, Stoffel, Bertorello – Plein vent

                    Eric Stoffel et Yvon Bertorello mènent une véritable enquête historique sur la vie de Bernadette Soubirous, de sa naissance à sa sanctification. On comprend l’engouement de la foule. On suit la transformation, la métamorphose de la ville. Quelles que soient les opinions théologiques de chacun, on ne peut qu’adhérer à la proposition objective des auteurs. Le dessinateur Frédéric Volante fait l’affaire dans un classicisme propre, avec les couleurs naturelles de Véronique Gourdin. Stéphane Bern, qui a réalisé un Secret d’Histoires sur le sujet, apparaît même en guest star.

    © Volante, Stoffel, Bertorello – Plein vent

                    La vie de Bernadette Soubirous est une aventure inattendue. Encore une fois, que l’on y croît ou pas, la jeune femme a eu un destin hors du commun que l’on suit ici dans ses moindres détails.


    One shot : Lourdes Une histoire millénaire

    Genre : Biopic

    Scénario : Eric Stoffel & Yvon Bertorello

    Dessins : Frédéric Volante

    Couleurs : Véronique Gourdin

    Éditeur : Plein vent & Lourdes Sanctuaire

    ISBN : 9782384881130

    Nombre de pages : 48

    Prix : 15,90 €


  • Les folles aventures de Gibus 3 – Amour, gloire et épée
    par Laurent Lafourcade

    Facéties & sorcelleries

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    « -Moi, ce que je préfère au collège, c’est les vacances scolaires !

    -Les jours fériés aussi ! Hé, mais c’est Tranchelar !

    -Hé, Tranchelar ! Tu vas où ?

    -Coucou ! Heuu… Pas le temps, les gars… Désolé !

    -On le suit ?

    -Carrément ! »

                    Gibus et ses amis sont repartis pour de nouvelles aventures. En famille ou entre copains, on ne s’ennuie jamais du côté de Chinon. Douze récits complets de dix pages constituent ce troisième (cinquième si on compte la première série) opus des folles aventures de Gibus. Tout commence par une fête au château. Francine et Drogon, les parents, sont invités au mariage de la sœur de ce dernier. Comme ils vont y aller sans les enfants, la voie est libre pour Gibus et sa petite sœur. Ils rameutent tous leurs copains… sauf qu’au dernier moment le mariage est annulé. Catastrophe ! Pas question d’annuler pour autant. Va falloir trouver un plan B. Une fête, c’est une fête ! Pareil pour carnaval. Brunissende, Farah, Follavoine et Giboulette mettent la dernière main à leur char. Ça va être le plus beau. Mais il va être saboté. Qui donc a fomenté ce mauvais coup ?

    © Lhote, Frecon – Bayard Jeunesse

                    L’amour est également à l’ordre du jour, dans pas moins de trois histoires. Avec des coquillettes d’abord, quand Giboulette apprend à son frère que leurs parents veulent se séparer. L’amour, c’est comme un plat de coquillettes. Au début, il y en a beaucoup et puis de moins en moins. Maman tente de se justifier. Au début, son époux était élégant, charmant et plein d’humour. Depuis, il y a du laisser-aller. Pour les enfants, ça va être opération « entremettage » pour recoller les morceaux… ou rajouter des coquillettes dans l’assiette. L’amour sera aussi là avec une peau de mammouth quand le fantôme Méheu, revenu à l’état de chair et d’os, tente de séduire Dame Prédestine. Tombera-t-elle en pâmoison ? D’amour enfin il en sera question quand Gibus va vouloir se raviser après avoir posté par poulette voyageuse une missive enflammée à Brunissende.

    © Lhote, Frecon – Bayard Jeunesse

                    Olivier Lhote et Sylvain Frécon tiennent avec les folles aventures de Gibus une petite pépite. Comme Le Royaume de Féroumont, l’univers moyenâgeux de Gibus prolonge l’âge d’or d’une bande dessinée tous publics à mourir de rire. C’est frais, c’est tendre, c’est Peyo-issime. Au fil des histoires, ils ont installé chacun des personnages que l’on revoit, ou pas, au fil des épisodes. Les meilleures bandes dessinées de tous les temps perdurent par la puissance de leurs personnages secondaires. Même les bestioles sont de la partie avec Sicorde, le mouton qui est un peu le chien de la famille, et Drathar, le dragon de compagnie, à qui les villageois veulent parfois faire un sort.

    © Lhote, Frecon – Bayard Jeunesse

                    Bayard Jeunesse, mettez le paquet pour que Les folles aventures de Gibus deviennent un best-seller. Des dialogues décalés au graphisme pétillant, tous les atouts sont réunis pour supplanter Mortelle Adèle.


    Série : Les folles aventures de Gibus

    Tome : 3 – Amour, gloire et épée

    Genre : Humour moyenâgeux

    Scénario : Olivier Lhote

    Dessins & Couleurs : Sylvain Frécon

    Éditeur : Bayard Jeunesse

    Collection : BD Kids

    ISBN : 9791036378331

    Nombre de pages : 128

    Prix : 11,50 €


  • Sakamoto Days 19 – Fermeture des portes
    par Laurent Lafourcade

    Découpages au Musée

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    « -Annonce urgente de la FJA ! Je répète… Annonce urgente de la FJA ! Kei Uzuki, ancien agent de la FJA… Taro Sakamoto, ancien membre de l’ordre… Yoichi Nagumo, ancien membre de l’ordre… Ces trois individus sont désormais des cibles de niveau A+ pour complicité de rébellion contre la fédération… Trouvez-les et tuez-les ! »

    Sakamoto est en route vers la réserve spéciale du sous-sol du Musée. Il retrouve Nagumo et Akao dans le corps de Slur Uzuki, du moins Akao telle qu’Uzuki l’a créée sur la base de ses souvenirs. Akao serait née pour protéger Uzuki qu’elle ne peut pas tuer. C’est pour ça que c’est à notre épicier de le faire, c’est à lui d’éliminer celui qui a mis la tête de l’ancien tueur à prix pour un milliard de yens. Bref, Sakamoto doit tuer le corps dans lequel se trouve Akao. Mais ce dernier n’avait pas prévu qu’il deviendrait un gros vendeur de nouilles et de champignons lyophilisés. Bref, on verra ça plus tard, il y a plus urgent. Pendant ce temps, les hommes de Slur se font décimer par un vieillard au katana aiguisé. La FJA est passée au stade supérieur en envoyant l’un de ses plus grands tueurs.

    SAKAMOTO DAYS © 2020 by Yuto Suzuki/SHUEISHA Inc.
    © 2025, éditions Glénat

    Bon, d’une part, Sakamoto n’a pas du tout l’intention de tuer Slur-Akao, d’autre part le trio Sakamoto-Nagumo-Slur est la cible de la FJA, la fédération japonaise des assassins qui les a classés comme cibles de niveau A+ pour complicité de rébellion contre la fédération. Quand le stoïque Monsieur Takamura va surgir pour se charger de leur sort, Monsieur Sakamoto va devoir faire appel à l’assassin légendaire qui sommeille en lui pour l’affronter.  L’exposition Les assassins du siècle du musée atteint son paroxysme, dans le fond et dans la forme. Si l’épicier n’élimine pas le vieillard, il ne sera pas possible de venir à bout de la FJA.

    SAKAMOTO DAYS © 2020 by Yuto Suzuki/SHUEISHA Inc.
    © 2025, éditions Glénat

    Avec le tueur Takamura, pas de première jeunesse, Yuto Suzuki rend hommage aux vieux de fiction. Le vieux Zatoichi du cinéaste Takeshi Kitano, le vieux du film Don’t breathe, la maison des ténèbres, de Fede Alvarez, le vieux du manga Dômu, de Katsuhiro Otomo, et il doit y en avoir bien d’autres encore… Suzuki chorégraphie les combats de Takamura en fonction de son âge : dès l’action passée où il pourrait avoir 20 ans, il remet en scène l’homme voûté par le poids des ans. On peut regretter que l’auteur insiste sur les membres tranchés. Ça coupe un peu la série d’un vrai public shonen. Sakamoto Days est de ces séries où il n’y a plus de frontière avec le Seinen.

    SAKAMOTO DAYS © 2020 by Yuto Suzuki/SHUEISHA Inc.
    © 2025, éditions Glénat

    Fermeture des portes au Musée ! Monsieur Sakamoto, il va falloir quitter les lieux ! Ha ? Vous avez encore un problème à régler ? Bon, ben d’accord, mais après il faudra retourner à la boutique. Les clients attendent.


    Série : Sakamoto Days

    Tome : 19 – Fermeture des portes

    Genre : Thriller/Polar

    Scénario & Dessins : Yuto Suzuki

    Éditeur : Glénat

    ISBN : 9782344064887

    Nombre de pages : 192

    Prix : 7,20 €


  • Silence 5
    par Laurent Lafourcade

    Punch One Noise

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    « -Que se passe-t-il dehors ?

    -Monsieur Gris, vous ne devez pas vous lever !

    -Gris, Acanthe veut absolument accoucher sous le soleil mais…

    -On en a envie tous les deux, Anoure !

    -Les lumières rouges sont allumées dehors, ce qui signifie que des monstres ont dû s’approcher de Haut-Fort…

    -Raison de plus pour retourner dans votre chambre… s’il vous plaît ! »

    « Alors qu’au sein de la cathédrale, nos amis étaient pris en tenaille entre Hêtre et Cime, Lune décida de tenter le tout pour le tout et d’utiliser son pouvoir sur elle-même pour s’endormir. C’est ainsi qu’elle s’est transformée en monstre. » C’est ainsi qu’en préambule, un père rappelle à ses enfants où l’on en est dans l’histoire. Ové a l’air encore sonné. Ocelle arrive à la rescousse. Le ciel est fermé. Pour l’instant, les moines et les chevaliers tiennent bon, mais il ne faudrait pas que d’autres monstres arrivent. Lame s’interroge. Si Lune s’est transformée, ne serait-ce pas pour que ses compagnons puissent s’enfuir ?

    © Vornière – Kana

    Tome quasiment 100 % action pour ce cinquième épisode de Silence. Cime donne du poing pour éliminer les ennemis. Dans la communauté, les nouveaux venus sont tenus pour responsables des ennuis qui tombent sur Haut-Fort, accusés d’avoir lâché un monstre en pleine cité. Certains réclament leur bannissement. La situation est très compliquée d’autant plus que l’affrontement à l’extérieur ne cesse pas. C’est le soleil qu’il faut aller chercher pour faire disparaître définitivement les nuages.

    L’univers Silence se construit solidement. Nouvelle venue dans le bestiaire inter-chapitres, Madame la Nuit, femme toute noire, enlève les enfants du Morbihan qui refusaient d’aller au lit

    © Vornière – Kana

    Contrairement aux Héritiers d’Agïone et à la Boutique d’Artefacts, à l’instar d’Oneira, Silence fait partie des séries franco-manga qui ont la chance de se poursuivre. Pourtant, ces quatre séries avaient toutes le potentiel pour être des succès ? Pourquoi certaines s’arrêtent ? Pourquoi d’autres continuent ? Dans le cas de Silence, on peut analyser ça par le fait que, dans les mangakas concernés, Yoann Vornière est peut-être celui qui s’est rapproché le plus, non pas des codes graphiques ou scénaristiques d’un chapitre de manga, chacun l’a fait, mais il est celui qui a certainement conçu chaque tome de sa série comme un ensemble de chapitres formant chacun un bloc au sein d’une saga : la problématique, la quête, l’affrontement,… C’est sans doute cela qui a fait la différence. Dans tous les cas, on ne peut que vous conseiller de lire chacune de ces séries dont les histoires et les dessins sont de qualité.

    © Vornière – Kana

    Si Silence est une série qui fait parler d’elle en faisant du bruit (jusqu’au Cambodge où elle est traduite), cet épisode est un vacarme dans lequel le langage des poings met d’accord ou pas les âmes.


    Série : Silence

    Tome : 5

    Genre : Fantastique

    Scénario & Dessins : Yoann Vornière

    Éditeur : Kana

    ISBN : 9782505133964

    Nombre de pages : 200

    Prix : 7,90 €


  • Le Royaume 10 – Blanche-Fleur
    par Laurent Lafourcade

    Destins retrouvés

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    « -Thibault ! Prends la petite ! Je ne sais si cet assassin était envoyé par le nouveau comte ou par Igor ! Mais elle ne peut pas rester ici au château !!… Va la cacher ! Dans la population très proche, ou à l’étranger, très loin ! Même de moi, tu la cacheras ! Je ne veux rien savoir ! Rien de rien ! Toi seul sauras ! Surveille-là ! Protège-la ! Tu la feras réapparaître au moment opportun, quand elle sera grande, à ses vingt ans ! »

                    La Reine ayant refusé que la tavernière Anne siège à la table d’honneur de sa fille Cécile pour son mariage fait tout pour l’éliminer. Elle vient de faire mettre Anne aux oubliettes et semble avoir résolu son problème. C’est compter sans Thibault qui ne compte pas laisser sa protégée dans une telle situation. Si le petit bonhomme a tant d’affection pour la blonde, c’est que jadis on lui a déjà confié son destin. Quelques années auparavant, un bébé, Blanche-Fleur de Rose-Adieu, héritière du Royaume, lui a été remise pour la soustraire à des assassins. Son père demanda à Thibault de la cacher et la protéger jusqu’au moment où il la fera réapparaître, à ses vingt ans. Thibault la confia à l’auberge des Joueuses de Dames pendant que sa famille simula ses funérailles afin de tromper l’ennemi. Ce que l’on comprend aujourd’hui, c’est que Blanche-Fleur et Anne ne sont qu’une seule et même personne. Pour l’instant, cela, même elle l’ignore. Jusqu’à quand ? Et trouvera-t-elle la place qui lui est due ?

    © Feroumont, Marchand – Dupuis

                    Blanche-Fleur est la deuxième partie d’un diptyque qui a débuté avec une première intitulée Le complot de la Reine. Si ce nom rappelle quelque chose à certains lecteurs, c’est parce qu’il s’agit de la réédition en deux volumes dans la série classique Le Royaume du hors-série Le Royaume de Blanche-Fleur paru en 2019 qui devait clôturer la série mais qui ne la clôture finalement pas, enfin on l’espère, tant cette série démontre qu’on peut encore faire du franco-belge classique avec la même saveur qu’à l’âge d’or. Même si les décors sont plus dépouillés que ce qu’ils faisaient, il est certain que Peyo et Franquin auraient adoré Le Royaume.

    © Feroumont, Marchand – Dupuis

                    Grâce à son destin hors du commun, Anne pourrait être une princesse des grands contes classiques. Lorsqu’elle retrouve ses nourrices, avec leurs robes bleu, verte et fuchsia, celles-ci rappellent les trois bonnes fées de La Belle au Bois Dormant. Candice a la jalousie de Javotte et Anastasia, les demi-sœurs de Cendrillon. Thibault a pour Anne le rôle protecteur qu’ont les nains avec Blanche-Neige. Et de Blanche-Neige à Blanche-Fleur, il n’y a qu’un Edelweiss.

    Il est clair qu’après cet épisode Benoit Feroumont a deux options pour poursuivre la série car, en effet, l’avenir d’Anne va en être bouleversé. Soit il intègre l’évolution des personnages et ouvre clairement la série vers un second cycle. Soit il reste sur les fondamentaux qu’il a mis en place et raconte des aventures qui se sont passées avant. A moins qu’il imagine une troisième voie…

    © Feroumont, Marchand – Dupuis

    Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les oiseaux bavards en quatrième de couverture : « Oh mais quelle merveilleuse collection !! » Ils ont bien raison. Vive le Roi ! Vive le Royaume !


    Série : Le Royaume

    Tome : 10 – Blanche-Fleur

    Genre : Aventure humoristique

    Scénario & Dessins : Benoit Feroumont

    Couleurs : Sarah Marchand

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808508865

    Nombre de pages : 56

    Prix : 12,95 €


     

  • Le secret de Présentine Ramondore
    par Laurent Lafourcade

    L’âge de la quête

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    « -C’est incroyable, mais il n’y a pas de doute !

    -Oui, tu as raison, Fulberte, c’était bien l’étoile bleue !

    -Tu te rends compte ! Ça se produit tous les deux siècles ! Mais elle est tombée bien loin… Bien trop loin, hélas…

    -Bah, au moins, personne ne la trouvera et il n’y aura aucune conséquence !

    -Oui, c’est peut-être pas plus mal… »

                    Un pays slave, Labandonce, un village près d’un barrage, un siècle passé. Les discussions vont bon train à propos d’une étoile bleue qui, la nuit dernière, a traversé le ciel pour s’écraser derrière la grande cime, le sommet d’une montagne voisine. C’est un peu loin pour s’y rendre. Dommage, parce que si on la touche, on peut faire un vœu. Pour Présentine Ramondore, vieille dame un peu marginale, tout cela n’est que fadaises. Elle fait partie de ceux qui surveillent le barrage qui protège le village, qui veillent à sa solidité et sa longévité.

    © Desanthèmes, Charre – Oxymore

                    Vingt ans après, Alphidor, un vieil ami de Présentine, revient dans le hameau. Ils vont avoir des choses à se raconter, surtout qu’il est de retour marié et avec deux enfants. Présentine, apprêtée pour l’occasion, en a le cœur meurtri. S’étant fait une belle toilette, elle entend qu’elle est la risée de quelques-uns. Enervée, elle prend son tour de garde au barrage et casse une branche constituant l’édifice. Le voici fragilisé. Voulant réparer sa bêtise, il lui reste un espoir : croire en l’étoile et partir à sa recherche pour faire le vœu que le barrage tienne le coup.

                    Oscillant entre un sentiment de culpabilité et son dévouement pour le bien de sa communauté, bouleversée par le retour d’Alphidor, en lequel on devine un ancien amant, Présentine Ramondore, à son âge, va faire sa quête initiatique. Il n’y a pas d’âge pour se reconsidérer, reconsidérer ses actes et la voie que l’on a pris dans la vie. Accompagnée de son frère Géribert, un marginal lui aussi, qui vit seul dans la forêt, la dame va marcher des jours, franchir une rivière souterraine qui traverse la montagne, jusqu’à la destination voulue. Le « miracle » se produira-t-il ?

    © Desanthèmes, Charre – Oxymore

                    Cette histoire semble tout droit sortie des grands livres de contes du monde jadis édités chez Gründ. Et pourtant, l’histoire est bel et bien originale. Le scénariste Harold Charre écrit une légende slave comme si elle était issue des grandes traditions orales. Alors que de nombreuses histoires de ce type mettent en scène des personnages plutôt jeunes qui découvrent la vie et s’engagent dans un avenir nouveau, l’auteur prend le contre-pied avec une dame âgée. Il n’y a pas d’âge pour faire le point sur sa vie… et redémarrer. C’est un formidable espoir qui nous est offert. Présentine fait son « Kilomètre zéro ». Illustrateur pour jeux de rôles, le dessinateur Florent Desanthèmes signe son premier album avec des décors somptueux et des couleurs de soleil à moitié caché par la montagne qui sont impeccables.

    © Desanthèmes, Charre – Oxymore

                    Emouvant, contemplatif, profond comme le lac d’un barrage, Le secret de Présentine Ramondore a la saveur et la qualité des contes qui traversent les générations. On est dans l’une de ces histoires qui invitent à se poser, à casser nos téléphones et à lire des livres. Salvateur.


    One shot : Le secret de Présentine Ramondore

    Genre : Conte

    Scénario : Harold Charre

    Dessins & Couleurs : Florent Desanthèmes

    Éditeur : Oxymore

    ISBN : 9782385611095

    Nombre de pages : 96

    Prix : 20,95 €


  • Boulevard Tintin – Les amis de Hergé 79 – Printemps 2025
    par Laurent Lafourcade

    La richesse Tintin : secrets et hommages

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    « -…Disparu ?… Le prisonnier ?!!… Bande d’imbéciles !! … Quand on la garde de quelqu’un, on ne le laisse pas filer !!… Et le commandant ??… Que va-t-il dire le commandant, hein ??

    -Tintin a disparu !?… Tas d’imbéciles !… Quand on la garde d’un prisonnier, on le surveille !… Et que va dire le général ??!…

    -…Vous êtes un imbécile, commandant ! Quand on la garde d’un prisonnier pareil, on prend des précautions !… Surtout, que la chose ne soit pas ébruitée !… »

    Comme en couverture du semestriel précédent, Tintin marche, sauf qu’ici, il ne marche pas de dos et en kilt, mais dans l’enceinte d’un palais vêtu de son grand manteau beige. Milou trotte l’air sévère à ses côtés. Ils suivent un majordome au certain embonpoint. Au fond, un garde, sabre au clair, est en faction. Tintin sera-t-il reçu par sa Majesté Muskar XII ? Les lecteurs l’auront découvert en ouvrant Le Petit Vingtième du 16 février 1939. C’est cette image qui est zoomée sur la couverture du numéro 79 de la revue Les amis de Hergé.

     © Hergé/Tintinimaginatio 2025
     © Les amis de Hergé a.s.b.l.

    Après son éditorial où Philippe Goddin explique comment il a impulsé la modernisation de la revue, il s’intéresse à la documentation que Hergé puisait dans la revue d’aéronautique française Vu. Internet n’existait pas à l’époque. Il fallait donc conserver les articles susceptibles de pouvoir servir de référence un jour. Fidèle à ses recherches anthropologiques, Claudy Lempereur se penche sur les références aux temps préhistoriques semées par Hergé. On apprend qu’entre la prépublication et la parution en album de Vol 714 un brontosaure est devenu un diplodocus. Il va être question d’un autre vol avec Jacques Langlois, celui du fétiche de L’oreille cassée, non pas dans l’album, mais au Palais des Beaux-Arts. Jean Lecoq poursuit le parallèle entre les carrières des deux géants qu’étaient et que sont encore Hergé et Franquin. L’un précède l’autre, l’autre devance l’un. Chacun leur tour, on remarque des similitudes dans certaines cases ou scènes. Emil Szabor s’attarde sur l’homme-léopard du Congo à l’occasion de la réouverture du musée de Tervueren…en 2018. François Schuiten propose sa version du personnage dans une inquiétante composition.

     © Hergé/Tintinimaginatio 2025
     © Les amis de Hergé a.s.b.l.

    Les différentes identités du Docteur Rotule et le sexe de Milou sont au cœur des préoccupations, avant le long dossier central Tintin au pays des stratèges, dernier article signé Benoît de Courrèges qui nous a quitté en mai 2024. L’auteur disserte sur les stratèges, les stratégies et les stratagèmes dans Le lotus bleu. Philippe Goddin enchaîne sur un cocasse poisson d’avril à propos des chapeaux melons des Dupondt sans cesse chapardés à l’étage des Studios Hergé de l’avenue Louise. L’article vaut son pesant… de melons, avec une farce à rebondissement inattendu.

    Le magazine n’oublie pas, comme d’habitude, Quick et Flupke, avec qui on plantera des clous sur la chaussée, ni Jo, Zette et surtout Jocko, mis en parallèle avec Joli-Cœur, le petit singe de Sans Famille d’Hector Malot, et avec son prédécesseur Milou. Deux articles instructifs complètent le sommaire : le premier est consacré à Julien de Proft qui a joué un rôle important dans la trajectoire de Hergé, le second montre comment Gérard Oury et sa fille co-scénariste Danielle Thompson se sont ouvertement inspirés de L’affaire Tournesol pour certaines scènes de La grande vadrouille. D’autres courts articles sont également au programme, ainsi que les rubriques habituelles : questions, retours sur les articles des numéros précédents et les inévitables scoops de Walter Rizotto.

     © Hergé/Tintinimaginatio 2025
     © Les amis de Hergé a.s.b.l.

    Pour adhérer aux Amis de Hergé, il suffit de se rendre sur le site lesamisdeherge.com : https://lesamisdeherge.com/lassociation/inscription/  La revue de l’association le prouve depuis déjà 79 numéros : Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.


    Série : Les amis de Hergé

    Tome : 79 – Printemps 2025

    Genre : Revue d’étude

    Rédacteur en chef : Philippe Goddin

    Éditeur : Les amis de Hergé a.s.b.l.

    Nombre de pages : 60

    Prix : 25 €

    ISSN : 0773-6703


  • La Belle et la Bête
    par Laurent Lafourcade

    Modern Love

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    « Il y avait une fois un marchand, qui était extrêmement riche. Il avait six enfants, trois garçons et trois filles ; et comme ce marchand était un homme d’esprit, il n’épargna rien pour l’éducation de ses enfants, et leur donna toutes sortes de maîtres. » Ainsi débute La Belle et la Bête, conte universel signé Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, que l’on retrouve ici dans sa version originale du XVIIIe siècle, illustré par Jul, dans un esprit XXIe siècle.

    Tout le monde ou presque connaît l’histoire, les plus vieux parce qu’on leur en a lu une version petit, les plus jeunes parce qu’ils ont vu l’adaptation Disney, fort réussie, en dessin animé. Pour les autres, en voici le pitch, comme on dit… au XXIe siècle.

                    La Belle est le nom de la plus jeune fille de la famille. Très attachée à son père, elle préfère lui tenir compagnie plutôt que de se marier. Le temps passa, la richesse familiale se dissipa mais La Belle ne voulut jamais abandonner son père. Tous durent quitter la ville et s’installer dans une modeste maison de campagne. Un soir de tempête, le père, trouva refuge dans un palais, semblant vide de vie mais où il trouva de quoi manger et dormir, luxueusement. Le lendemain, alors qu’il cueillait une rose avant de repartir, une bête horrible surgit dans un grand bruit, l’accusant de voler ses roses. Il sera pardonné si l’une de ses filles vient volontairement pour mourir à sa place, sinon, il devra revenir lui-même dans trois mois. Hors de question de sacrifier une de ses enfants. L’homme, déjà vieux, reviendra. C’était sans compter sur la détermination de La Belle : « J’aime mieux être dévorée par ce monstre, que de mourir du chagrin que me donnerait votre perte. ». Coûte que coûte, elle ira au château. Elle ne savait pas que rien n’allait se passer comme prévu, ni pour elle, ni pour la Bête.

    © Jul, Leprince de Beaumont – GrandPalais RmnEditions

                    A l’origine, ce livre devait être distribué gratuitement à tous les élèves de CM2 et le livre édité par le Ministère de l’Education Nationale. Depuis plusieurs années, c’est désormais de tradition, un ouvrage est ainsi offert aux futurs collégiens. En 2025, le Ministère demanda donc à Jul d’illustrer La Belle et la Bête. On connaît tous le côté décalé de Jul. Pas de problème. Son projet est validé. Il se met au travail. Au moment de rendre sa copie, volte-face du Ministère qui, jugeant les illustrations subversives, renonce à l’éditer. Par bonheur, les éditions du Grand Palais Réunion des Musées Nationaux rattrapent le coup et publient le livre, dont les écoliers ont été injustement privés. (En cadeau de substitution, ils auront eu L’Odyssée d’Homère illustrée par Catel, fort beau soit dit en passant.)

    © Jul, Leprince de Beaumont – GrandPalais RmnEditions

    Mais qu’est-ce qui a mis donc le feu aux poudres ? Jul propose des illustrations modernes et décalées. Le texte moyenâgeux est accompagné de dessins replaçant l’action de nos jours. La famille de La Belle est d’origine algérienne. Les sœurs sont addicts des réseaux sociaux. Pour son commerce, le père fait importer des marchandises de contrefaçon. Dans le château, bourré, il chante du Michel Sardou. Les goûts musicaux de La Bête vont de Liszt à Om Khalsoum en passant par Eminem et Lalaland. Il y a même la célèbre pâte à tartiner El Mordjene au petit déjeuner. Bref, c’est rigolo et jamais méchant. Pour une fois que quelqu’un avait trouvé le moyen d’intéresser les mômes à un texte classique de la littérature française, il faut qu’on lui mette des bâtons dans les roues. « Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage. » En censurant Jul, l’Education Nationale s’est tirée une balle dans le pied. Une honte.

    © Jul, Leprince de Beaumont – GrandPalais RmnEditions

                    La Belle et la Bête se prennent en photo en selfie en couverture. Le ton est donné, mais le temps est aussi donné. Jul illustre anachroniquement un texte resté dans son jus. Dépoussiérant et réjouissant.


    One shot : La Belle et la Bête

    Genre : Conte

    Scénario : Jeanne-Marie Leprince de Beaumont

    Dessins & Couleurs : Jul

    Éditeur : GrandPalais RmnEditions

    ISBN : 9782711881420

    Nombre de pages : 76

    Prix : 14,90 €


  • IRL
    par Laurent Lafourcade

    Tout en Dark In Real Life

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    « -Bonjour Soap.

    -Vous vous rappelez peut-être de moi, on a fait affaire il y a quelques temps, pour un passeport.

    -Oui, bonjour.

    -Je vais avoir de gros en papiers. Permettez-moi d’être direct : c’est pas des histoires de fausse fiche d’impôt ou de permis de conduire suspendu. C’est des CNI cette fois, mais pour des réfugiés, des gens qui en ont un besoin vital. Mais il y a un « mais ».  Je ne veux pas de trace, pas de paiements en bitcoins, rien. Que du cash. Votre prix sera le mien. On parle de 20 CNI.

    -Comment voulez-vous payer en cash ? Ce n’est pas possible.

    -IRL. » 

                     Dans un bus, Roxanne, une lycéenne, échange des SMS. Sous le pseudonyme de Soap, elle semble être l’intermédiaire entre un vendeur et un commanditaire sur le darknet, la face cachée du web. Elle n’est pas là pour négocier. Juste pour garantir la transaction. Arrivée devant son établissement scolaire, la jeune femme trouve le lycée bloqué par quelques-uns de ses camarades de classe protestant contre la catastrophe écologique et sociale qui arrive. Roxanne ne rejoint pas le mouvement. Elle, dont la mère a justement quitté l’Iran parce qu’on empêchait les filles d’aller à l’école, préfère se rendre en cours. Pourtant, au fil des jours, c’est plutôt son activité parallèle qui va occuper son esprit. Sur le darknet, elle est recontactée par un certain Odin qui a besoin de CNI, cartes nationales d’identité, pour des réfugiés. Elle ne sait pas que la police enquête activement sur ce réseau.

    © Savoyen, Eacersall, Scala – Glénat

                    Le darknet n’est pas un réseau à part entière ou mystérieux. C’est une partie de l’internet à l’accès spécifique dont l’activité n’est ni tracée ni indexée par les moteurs de recherche. On y pénètre par un navigateur particulier, en préservant pour les utilisateurs une navigation anonyme avec adresses IP masquées. Pour autant, il est relativement aisé de s’y connecter et ses ressources représentent une toute petite partie du net mondial. On y trouve des sites, essentiellement des forums, avec des shops où sont vendues des marchandises illégales, des virus informatiques à la drogue. On peut s’y faire faire de faux papiers et autres services illégaux. D’une vocation libertarienne au départ, le dark web est devenu l’abri de criminels aux profils très variés. Une seule règle entre eux : ne jamais se rencontrer « in real life ».

    © Savoyen, Eacersall, Scala – Glénat

                    Le duo de scénaristes Mark Eacersall et Henri Scala propose un thriller documenté sur le darknet et la cybercriminalité. En mettant en scène une adolescente de tous les jours, ils montrent que n’importe qui peut mettre le doigt dans un engrenage diabolique dont il est impossible de sortir. Des Roxane, on en croise tous les jours en passant devant les lycées. Le scénario montre le travail complexe des forces de police face à des individus qui maîtrisent leur univers. Très instructif, le scénario manque cependant de densité et aurait gagné à être ramassé sur une soixantaine de planches plutôt que les deux cents dont certaines pourraient très facilement être condensées. La problématique retombe sur le dessinateur Jérôme Savoyen, dont c’est le premier album, et qui peine parfois à remplir ses grandes cases. Ses personnages aux influences manga sont quant à eux très bien campés. Les regards en disent long, pouvant être troublants comme dans la dernière case qui permet plusieurs interprétations.

    © Savoyen, Eacersall, Scala – Glénat

    A l’orée de l’avènement de l’intelligence artificielle, cette plongée dans les entrailles du darknet contribue aux inquiétudes que l’on peut avoir face à un web tentaculaire qui devient de plus en plus complexe à dompter. Dans la catégorie thriller, IRL renouvelle le genre.


    One shot : IRL

    Genre : Thriller

    Scénario : Mark Eacersall & Henri Scala

    Dessins & Couleurs : Jérôme Savoyen

    Éditeur : Glénat

    Collection : 1001 feuilles

    ISBN : 9782344052341

    Nombre de pages : 208

    Prix : 23 €


  • La formidable aventure des Frères Flanchin
    par Laurent Lafourcade

    Les nouveaux naufragés du A

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    « -C’est dans votre tête que le monde est dangereux, père. Je sais qu’il peut être merveilleux, plein de belles choses et de gens extraordinaires. Si vous sortiez d’ici, vous pourriez le voir… Père, si vous brûlez les livres de notre mère, je quitte cette maison !

    -Vas-y ! Pars ! Tu reviendras terrifié après avoir croisé le premier inconnu venu, bien décidé à te détrousser et à laisser ton corps pourrir dans un fossé. »

    XVIIIème siècle. Dans une vallée des Pyrénées, vit un veuf et ses deux fils. Aujourd’hui, le plus jeune, Enric, a huit ans, l’âge auquel son frère Fabian lui a promis qu’il lui révèlerait un secret. Ce secret, ce sont des livres que leur mère lui avait demandé de cacher. Maman en avait plein, mais ceux-ci, ce sont les tomes d’une encyclopédie. Les savants ont mis dedans tous les secrets du monde. Lorsque le paternel l’apprend, il entre dans une colère noire. Il a interdit les livres dans la maison. Ses fils n’ont pas besoin de lire, parce que, dixit, le monde est une pourriture et les hommes ne valent pas mieux puisqu’ils l’ont laissé pour mort sur un champ de bataille au milieu des cadavres. Le vieil homme brûle les livres. Le lendemain, l’aîné, Fabian, quitte le domaine d’Ortis. Le cadet ne tarde pas à lui emboîter le pas. Le père demande aussitôt à Firmin, le garçon de ferme, de les suivre. Iront-ils jusqu’à l’Atlantique, cet océan dont parlait le livre et qu’ils n’ont jamais vu ?

    © Marko, Charlot – Bamboo

    Non loin de là, dans une roulotte, les cadavres des deux occupants sont découverts. Ils étaient montreurs d’ours. La bête ne s’est pas échappée toute seule. Elle a été libérée. Le peau-rouge qui travaillait avec eux a disparu. Le maréchal des logis déclare la chasse à l’homme et à l’ours lancée.

    Au-delà d’une double épopée montagnarde, Philippe Charlot écrit celle d’un homme meurtri. Si le père Flanchin ne souhaite pas que son second apprenne à lire, c’est pour qu’il ne devienne pas comme ces imbéciles de savants qui n’ont pas pu sauver sa femme. Qu’à cela ne tienne, Fabian lui apprendra. De son côté, Firmin est rentré à la ferme bredouille. Une nouvelle fois furieux, le père prend son fusil et file dans la montagne. Alors que les frères sont aux abois, persuadés que les traqueurs de l’indien les recherchent à eux, ce dernier les tire d’un bien mauvais pas. Les chasses à l’homme ont démarré. Rien ne peut arrêter les meutes acharnées.

    © Marko, Charlot – Bamboo

    Dans un décor mettant à l’honneur les sublimes montagnes pyrénéennes chères autant au scénariste béarnais Charlot qu’au dessinateur basque Marko, la formidable aventure des frères Flanchin dénonce aussi l’absurdité de la guerre. Sur les champs de bataille, on y tue pour des considérations qui dépassent les hommes. Alors que tout laissait à penser qu’on serait dans une sorte de quête initiatique des jeunes frères, on se rend compte que c’est la quête spirituelle d’un père en quête de rédemption qui est véritablement au cœur de l’intrigue. Les auteurs ajoutent au conte naturaliste une dose de culture amérindienne avec le personnage de Kuti Hikut, « De l’autre côté du lac ». Un cahier complémentaire dévoile les coulisses de la création de l’histoire et sur les éléments historiques la composant, du montreur d’ours au peuple constituant les premières nations américaines.

    © Marko, Charlot – Bamboo

    Les hauteurs des Pyrénées permettent à deux auteurs d’atteindre les sommets de leur art. La formidable aventure des frères Flanchin est une belle histoire dans tous les sens du terme. Voici l’un des meilleurs albums de l’année.


    One shot : La formidable aventure des Frères Flanchin

    Genre : Aventure

    Scénario : Philippe Charlot

    Dessins & Couleurs : Marko

    Éditeur : Bamboo

    Collection : Grand Angle

    ISBN : 9782818998007

    Nombre de pages : 80

    Prix : 16,90 €


  • Le meilleur ami du chien
    par Laurent Lafourcade

    J’habite chez mon chien

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    « -Fais pas semblant de dormir, je te vois.

    -Mmmggrr… J’fais pas semblant.

    -Tu me fais le coup tous les matins. Va sortir ton humain.

    -Oui, oui… Nathan, on y va ! Apporte ta laisse. On pourrait installer des toilettes d’humains, tu ne crois pas ?

    -Nan ! C’est moche. Il peut faire dehors comme nous. »

    Le matin se lève. Le soleil darde ses rayons. Il est l’heure de sortir son humain pour qu’il aille faire ses besoins dehors. On ne va quand même pas installer des toilettes à l’intérieur. Tasse de café en main, le chien tient au bout d’une laisse l’humain qui fait caca au pied d’un arbre. Et oui. Les canidés ont pris le pouvoir. L’homo sapiens sapiens est devenu l’homo familiaris. Nous sommes en 2037. L’homme est devenu le meilleur ami du chien. Les familles de chiens habitent les maisons humaines. Ils marchent debout sur leurs deux pattes arrières et possèdent pour la plupart un humain de compagnie, qui s’affole quand on part cinq minutes, qui agresse le facteur, qui crache les comprimés cachés dans des bouts de fromage, et toutes ces sortes de choses que font les bêtes.

    © Guerse, Lhote – Fluide glacial

    Tout a commencé dans les années 2020, par la dégénérescence de l’homme sous l’emprise de l’intelligence artificielle. Problème : sans l’homme, pas de chien. Le grand Saint-Bernard, un sage, convoque les chiens de la ville dans le parc municipal. Ce sont les premiers chiens qui ont construit l’homme, en chassant pour lui, en le protégeant, en tirant les traîneaux. Les chiens d’aujourd’hui, qu’ont-ils fait pour l’humain ? Rien ! Ils l’ont laissé devenir con et dangereux pour lui-même. Il est temps de le sauver, de sauver l’humanité. Le grand Saint-Bernard exhorte ses semblables à se redresser, à retourner chez leurs humains, prendre possession de leurs biens, bref, les adopter pour les sauver.

    © Guerse, Lhote – Fluide glacial

    Olivier Lhote et Guillaume Guerse inversent les rôles des hommes et des chiens dans un naturel déconcertant. L’human expo remplace l’exposition canine. On abandonne son humain au pied d’un arbre pour les vacances. L’humain adore mettre sa tête à la vitre en voiture quand on roule. On lui met une puce pour le tracer. Tout ce qu’ils font, tout ce que l’on fait à nos chiens, Lhote et Guerse le font aux humains. C’est d’autant plus marrant que rien ou presque n’est inventé. C’est un album d’observation. Guillaume Guerse, co-fondateur des Requins Marteaux et pilier du journal Ferraille, humanise les chiens et canise les humains. En plus d’être scénariste, Olivier Lhote est comportementaliste canin. Il s’est spécialisé dans la rééducation des chiens difficiles et la préparation mentale des chiens sportifs ou de travail. Dans pas longtemps, il pourra donc faire le même boulot sur les humains.

    © Guerse, Lhote – Fluide glacial

    Jamais plus vous ne lancerez la baballe à votre toutou comme avant. Maintenant que vous savez que vous êtes son meilleur ami, c’est d’un œil beaucoup plus drôle et aiguisé que vous reconsidèrerez votre animal, afin d’éviter de devenir trop con. Merci qui ? Merci Fluide glacial !


    One shot : Le meilleur ami du chien

    Genre : Humour

    Scénario : Olivier Lhote

    Dessins & Couleurs : Guillaume Guerse

    Éditeur : Fluide glacial

    ISBN : 9791038206847

    Nombre de pages : 56

    Prix : 13,90 €


  • Les aventures de Lapinot 20 – Le chapeau maudit
    par Laurent Lafourcade

    Le pouvoir corrompt le meilleur

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     « -Ha ! Il faut m’aider ! Je… Je… Je deviens fou ! Toutes mes prédictions ont lieu ! Mon copain Rémi est mort. Il a été attaqué par un sanglier ! C’est un animal aux pieds fourchus comme le cochon. Je l’avais annoncé pour blaguer. Paul et Sophia se seont retrouvés écrasés par des éboulis alors que j’avais dit que le ciel allait leur tomber sur la tête. Ils sont morts aussi.

    -Ecoutez… Si vous pouviez me laisser en dehors de votre jeu… J’ai un copain qui a des soucis.

    -Mes… Mes trois amis sont morts… Je vais vous annoncer quelque chose, vous allez voir… Vous… Euh… Vous allez recevoir trois crottes d’oiseau sur la tête.

    -Super… »

                    Par une belle nuit étoilée de pleine lune, Richard et Lapinot se promènent dans la nature. Alors que Richard disserte sur la conquête du cosmos, Lapinot est plus cartésien. Ils retrouvent deux copines pour admirer ensemble au milieu de ruines locales une éclipse qui doit avoir lieu dans la nuit. Sur place, ils rencontrent une petite équipe de rôlistes dont un coiffé d’un grand chapeau et se nommant l’OMA, l’oiseau de mauvais augure, maître de la toile du temps, annonçant les malheurs à venir. Ce dont il ne se doutait pas, c’est que, Dieu sait par quel sortilège, son attribut allait passer à l’action. Quelques instants plus tard, pendant que Richard mange une chipolata avec un groupe de bikers, le joueur au chapeau annonce affolé à Lapinot que ce qu’il a prédit s’est réalisé. Ses amis, morts dans le jeu, sont morts pour de vrai ! Le lapin reste sceptique mais va rapidement se rendre compte de la véracité des faits.

    © Trondheim, Findlaky – Dargaud

                    « L’exquise mort est sans saveur… Apporte goût et chaleur à chaque homicide énoncé. » C’est face à un véritable OMA, oiseau de mauvais augure, que vont se retrouver Lapinot et ses amis, Fabien et Tania les ayant rejoints. Et qui, bien sûr, va mettre le chapeau sur la tête pour le tester ? On vous le donne en mille : Richard ! On vous laisse deviner ce que ça va donner sur la tête de l’incongru. Tout ce petit monde va se trouver au beau milieu d’une nuit fantastique et d’une sorte de quatrième dimension. Ce qui sûr, c’est qu’après cette nuit, ils ne verront plus jamais les éclipses comme avant.

    © Trondheim, Findlaky – Dargaud

                    Après une (ré-)incrusion à L’Association, son éditeur originel qui l’a mis sur le devant de la scène, Lewis Trondheim est de retour chez l’éditeur qui l’a fait connaître au grand public. Il faut croire que le 48cc ce n’était pas pour la maison de l’Hydre. Bref, où qu’ils soient, c’est toujours un bonheur incommensurable de retrouver Lapinot et ses amis. Ils sont ici les héros d’une mésaventure fantastique qui va les bouleverser au plus haut point. Sous couvert de surnaturel, Trondheim traite de questions métaphysiques : sommes-nous responsables de nos décisions ? Est-on guidé dans nos actions ? Les complotistes trouveraient une réponse politique improbable. Les autres questionneraient hasard et coïncidences. Ce chapeau, au fond, ne serait-il pas une des premières allégories de l’intelligence artificielle ? Dans la nuit sombre des couleurs de Brigitte Findlaky, Lewis Trondheim écrit un conte philosophique moderne.

    © Trondheim, Findlaky – Dargaud

                    Quand on ouvre un album de Lapinot, on ne sait jamais sur quel chemin il va nous mener. Chaque route en sa compagnie est un moment tout autant de réflexion que de bonheur de lecture. Chapeau magique, fait que Trondheim n’arrête jamais cette série.


    Série : Les aventures de Lapinot

    Tome : 20 – Le chapeau maudit

    Genre : Fantastique

    Scénario & Dessins : Lewis Trondheim

    Couleurs : Brigitte Findlaky

    Éditeur : Dargaud

    ISBN : 9782205213096

    Nombre de pages : 48

    Prix : 13,95 €


  • Les incroyables aventures de Gribouillis
    par Laurent Lafourcade

    Un catalogue diabolique

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    « -Héla ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Hé toi, qu’est-ce que tu fais là ? On ne veut pas de graffitis ici !! T’as compris la rature, on ne veut pas de toi sur notre page… Dégage !

    -Mais… Mais laissez-le tranquille ! Vous voyez bien qu’il est nouveau ici. »

    Un vilain gribouillis tout noir est chatouillé par une puce. Apparaissent une patte, une tête, une queue puis trois autres pattes. Le gribouillis canin a pris vie. Il est unique, il est quasi impossible de faire deux fois le même gribouillis. La bête entend une lamentation. Elle est intriguée et s’avance sur la page blanche, trop blanche, prudemment. Le gribouillis arrive au bout de la page où d’autres feuilles sont agrafées à la sienne. Au-delà de la petite attache de métal, il entend de nouveau la voix : « Mes yeux… Rendez-moi mes yeux ! ». Il se glisse de l’autre côté, et débarque dans un monde jusqu’ici pour lui inconnu. On ne peut pas dire qu’il soit accueilli chaleureusement. Une chaudière l’agresse, veut le faire dégager. Ce n’est pas le petit radiateur électrique qui le fera changer d’avis. Gribouillis est au beau milieu des pages d’un catalogue.

    © Turf – Delcourt

    De retour en pleurs sur sa page blanche, le pauvre malheureux est rejoint par un diablotin dans son cube. Le jouet l’accuse de troubler l’ordre de son catalogue, puis, finalement, semble s’attacher à lui. Il lui offre une ombre, puis la parole, sans succès, avant de lui attacher un collier et de le traîner dans les pages du magazine, tel un trophée de chasse. Entre les accessoires ménagers, les vêtements et les jouets, Gribouillis va rencontrer tout une faune surréaliste. Le diablotin le perd et appelle une peluche, un chien commissaire-principal, pour qu’il mobilise ses troupes afin de le retrouver. Pendant que les troupes s’organisent, Gribouillis s’introduit dans un coin de page brûlé derrière laquelle il découvre un château où habite une princesse à qui on a pris les yeux.

    © Turf – Delcourt

    Mumm n’est pas qu’une célèbre marque de champagne. C’est aussi l’acronyme des Merveilleuses Usines Mécaniques Modernes, dont nous sommes ici dans le grand catalogue, avec ses ustensiles, ses jouets, ses agrafes et son gribouillis. Turf écrit un conte surréaliste en noir et blanc. Il reste dans l’ADN Paul Grimault, comme dans La nef des fous, mais dans un ton plus décalé, plus acide. Hommage aux catalogues d’antan et aux crobars que l’on fait sur des bouts de page au téléphone, au moins à l’époque où les téléphones étaient à fil, ces incroyables aventures de Gribouillis est la réédition de l’album Gribouillis paru en 2003 et ayant bénéficié ensuite de deux tirages de tête. Ce nouveau titre, avec cette nouvelle couverture est plus cinématographique. Elle met en scène le Gribouillis et la princesse dans deux culs-de-lampe, tandis que le diablotin mène la troupe des chasseurs qui recherchent les fuyards. En fond, le château sombre trône sur une butte.

    © Turf – Delcourt

    Les incroyables aventures de Gribouillis sont écrites comme un rêve, avec ses instants improbables et ses rencontres inattendues. Toutes les histoires de princesse et de château ont quelque chose d’étrange, on le sait depuis Charles Perrault. Le conteur aurait-il imaginé qu’un jour un chien de traits de stylo vienne s’immiscer dans l’histoire ? On reste un peu circonspect à la fin. Mais après tout, n’est-ce pas l’apanage des rêves ?


    One shot : Les incroyables aventures de Gribouillis

    Genre : Aventure onirique

    Scénario & Dessins : Turf

    Éditeur : Delcourt

    ISBN : 9782413088431

    Nombre de pages : 120

    Prix : 17,50 €


  • Darwin’s incident 8
    par Laurent Lafourcade

    La frontière entre les espèces

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    « -Madame Lydia Eldred ? FBI.

    -Où est Lucy ?

    -Nous vous donnerons plus d’informations une fois que nous serons arrivés. Les autres nous attendent.

    -Merci d’avoir fait le déplacement, Madame Eldred. Tout d’abord permettez-moi de vous expliquer les choses dans l’ordre et…

    -Où est Lucy ? »

    En arrivant au siège du FBI à New-York, Lydia Eldred n’a qu’une question aux lèvres : Où est sa fille Lucy ? Elle a été capturée par Omelas, qu’elle suit pourtant sur les caméras de surveillance sans résistance. Ça ne change rien au fait qu’elle soit en danger. Il est trop dangereux de rendre l’affaire publique, on ne sait comment l’humanzee pourrait réagir. Avec Charlie, Omelas est le seul représentant de cette race hybride entre les humains et les singes. Du côté des terroristes de l’ALA, depuis que Feyerabend a été arrêté par les forces de l’ordre, c’est la débandade. Le seul endroit encore inconnu par le FBI est la tanière d’Omelas. Aurait-il amené Lucy dans ce lieu où il a passé les quinze premières années de sa vie ? Les recherches sont en cours.

    © 2024 Shun Umezawa/Kodansha Ltd.
    © KANA 2025

    Tous les sens de Charlie sont en éveil. Il peut sentir Lucy, la voir même à une distance où elle n’est pas plus grande qu’un grain de riz. Il promet à Lydia de lui ramener sa fille. Lors d’un interrogatoire, Feyerabend va glisser un indice à Charlie, sans que la police ne soit au courant. Dans l’antre de son « frère », Omelas n’est pas prêt à prendre le chemin de la rédemption. Lucy tente de lui faire comprendre qu’il doit arrêter de tuer, qu’il doit aller vivre quelque part où il n’aurait plus aucun contact avec les humains. Irréaliste et irréalisable pour l’hybride. Lui, ce qu’il veut, c’est créer d’autres êtres à son image afin que l’homme ne soit plus l’être dominant dans l’échelle de Darwin.

    © 2024 Shun Umezawa/Kodansha Ltd.
    © KANA 2025

    Les cartes ont été rebattues pour ce huitième épisode de Darwin’s incident. Plus personne n’a vraiment la main sur la suite des événements. Si Omelas a une petite longueur d’avance, il est loin de posséder toutes les clefs pour arriver à ses fins. Shum Umezawa introduit un nouveau personnage truculent en la personne de Gonzales. (Mais vous pouvez m’appeler Gonzo !) Conseillé par la député Linares qu’il a rencontrée quand elle est venue faire un discours près de chez lui avant les élections, il enseignait autrefois la chasse aux touristes, la seule activité qui rapportait un peu dans son bled. Depuis, il est devenu végane et a commencé à travailler pour elle. C’est pour cela qu’il escorte Charlie qui a rendez-vous avec la professeur Yuan.

    © 2024 Shun Umezawa/Kodansha Ltd.
    © KANA 2025

    On l’a déjà dit, Darwin’s incident est le meilleur seinen du moment. C’est un succès confirmé. Pour preuve, son adaptation en anime est en cours et est prévue pour une diffusion fin 2026.


    Série : Darwin’s incident

    Tome : 8

    Genre : Anticipation

    Scénario & Dessins : Shun Umezawa

    Éditeur : Kana

    Collection : Big Kana

    ISBN : 978505134305

    Nombre de pages : 160

    Prix : 7,90 €


  • La danseuse aux dents noires
    par Laurent Lafourcade

    L’ophtalmo du roi

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    « -Dans quel état d’esprit est le roi ?

    -En deux mots, il est mort de trouille. Et son entourage n’arrange rien. Entre les bonzes et les concubines… Bienvenue au Cambodge, professeur ! »

    Marseille, 1912. Le professeur Hermentaire Truc quitte la France pour le Cambodge. Afin d’aider la patrie à retrouver son prestige sur la scène mondiale, il se rend dans les colonies. A la veille de la Première Guerre Mondiale, mais ça personne ne le sait encore, il part pour le Cambodge afin d’opérer le roi Sisowath qui perd la vue à cause d’une cataracte. De mauvaises langues prétendent que l’action de la France n’est pas à la hauteur de sa mission civilisatrice. Sisowath est un souverain ami. Son voyage en France en 1906 accompagné de danseuses de son ballet royal a enflammé Paris. Il est un allié qu’il faut aider. Ce que le professeur Truc ignore, c’est que la rébellion est aux portes du palais, prête à s’emparer du trône et que les allemands espèrent que la France perde le Cambodge pour que le Siam, leur allié, mette la main dessus.

    © Stalner, Truc, Truc – Dupuis

    Voici donc le chirurgien embarqué pour l’Asie en compagnie de son fidèle assistant Guerlet, fidèle mais pas convaincu de l’intérêt de dépenser de l’énergie en Indochine alors que l’Alsace-Lorraine est à récupérer. Tout le monde ne sera pas ravi de voir Truc arriver à Saïgon. Après un traquenard raté en sortant de la fumerie d’opium Le Lotus Bleu, puis un autre sur le fleuve Mékong, le professeur atteint Phnom Penh. Au palais, en habits d’apparat, le Roi fume sur son trône. Une panthère noire pose avec fierté à ses côtés. Des musiciens accompagnent des danseuses, dont Simala, la favorite du Roi, aux dents teintes en noir, signe de grande noblesse et de séduction. Une fois le spectacle terminé, voici l’heure des présentations. Le souverain est très inquiet. La tâche ne va pas être simple pour Hermentaire Truc qui va devoir composer avec la crainte du Roi et les manigances allemandes qui vont tenter de faire échouer l’entreprise.

    © Stalner, Truc, Truc – Dupuis

    Basé sur les mémoires d’Hermentaire, La danseuse aux dents noires est scénarisée par les propres petits-enfants du chirurgien. Certains cartouches sont des reproductions in extenso de son carnet de voyage. L’homme va devoir accomplir une mission au service de l’aura de la France. Il ne se doutait pas qu’il allait se trouver au milieu d’un nid d’espion. Mais ça, c’est pour la dramaturgie du récit. Le fonds historique est néanmoins bel et bien véridique. Le cahier documentaire en fin d’album démêle le vrai du faux, mais on a tellement envie de croire en tout. On est vraiment dans un principe similaire à l’adage : Si la légende est plus belle que la réalité, alors écrivons la légende. Les photos de l’aïeul et de ses souvenirs, ainsi que celles du Roi, immergent dans l’époque. Ça en est presque troublant. On en apprend également plus sur ces « dents noires », qui étaient réellement teintés pour devenir des outils de séduction.

    Eric Stalner a relevé le défi de dessiner cette histoire si loin de ce qu’il fait d’habitude. En amenant Hermentaire Truc au Cambodge, il l’immerge tel un chien dans un jeu de quille. Dépaysant tout autant pour le dessinateur que pour le personnage. L’auteur fait également un travail de coloriste maîtrisé puisqu’on ressent la tiédeur et l’humidité de la région en la saison de l’action.

    © Stalner, Truc, Truc – Dupuis

    La cour est une ménagerie où les coups de griffe peuvent être mortels. Le professeur et le héros ne font qu’un dans cette fiction transformant des faits réels en thriller diplomatique. La danseuse aux dents noires est l’un des événements de la rentrée BD.


    One shot : La danseuse aux dents noires

    Genre : Biopic romancé

    Scénario : Jean-Laurent & Olivier Truc

    Dessins & Couleurs : Eric Stalner

    Éditeur : Dupuis

    Collection : Aire Libre

    ISBN : 9782808508087

    Nombre de pages : 128

    Prix : 21,95 €


  • Ange Leca 2 – Monstres américains
    par Laurent Lafourcade

    Perdues de vue

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    « -Ange, look ! Le New-York building de Joseph Pulitzer ! Un sacré morceau ! Jusqu’en 1894, c’était le plus haut du monde.

    -C’est donc là que Clouët travaille…

    -Ah ok… T’es pas venu à New-York pour nous aider en fait.

    -Pas seulement, c’est vrai. Mais garde ça pour toi, d’accord ?

    -Si tu me dis pourquoi t’es ici.

    -Pour une femme à laquelle je tiens. Mais je vais faire de mon mieux pour aider ton père. »

    Eté 1911. Direction New-York pour Ange Leca, journaliste d’origine corse, et son chien Clémenceau. César Capponi, détective chez Pinkerton, va l’héberger. Ange est sollicité par un ami de Démétrius pour mener une enquête. Associé à William Hearst, Clouët des Pesruches fait son beurre dans le sensationnalisme. Il s’affiche aux bras d’une jeune italienne de 19 ans. Qu’a-t-il donc fait d’Emma pour laquelle Ange n’est pas insensible ?  Ange va aussi devoir aider César dans une autre énigme. Miss Blackstone, la fille d’un client, qui a servi de modèle pour le grand peintre William Henry Huddle, et son mari Robert Newcomb auraient vendu aux enchères à prix d’or l’une de ces toiles. Comment ont-ils pu faire cela ? Etait-ce un faux ? Les Newcomb et le tableau sont en tous cas introuvables. Ange Leca est sur deux fronts. Il est plus attaché à l’une qu’à l’autre. Il se trouve que dès le lendemain, Clouët des Pesruches sera présent au New-York fencing club’s house warming party, un événement privé. Mais le jeune Ray, vendeur de journaux un peu et fouineur beaucoup, pourrait s’arranger pour dégoter une invitation pour Ange.

    © Graffin, Ropert, Lepointe – Bamboo

    Il va rapidement s’avérer véridique que les Blackstone ont bel et bien vendu un tableau familial. Ils se sont évaporés ensuite dans la nature, comme s’ils voulaient échapper à l’ire paternelle. C’est une enquête de tous les dangers qui attend Leca. La mafia est sur sa route, menaçant leurs proies par des lettres signées de la Main Noire avant de leur offrir une coûteuse protection. Les féministes du Women’s press club vont-elles aider le corse dans ses recherches ? Ce qui l’intéresse avant tout, c’est de retrouver Emma. Cela va l’amener à franchir les portes de la folie, gardées par un médecin encore plus fou que ses patients, le Docteur Henry Cotton, qui a réellement existé.

    © Graffin, Ropert, Lepointe – Bamboo

    Tom Graffin & Jérôme Ropert scénarisent un thriller sombre et dépaysant. Beaucoup de personnages et de noms à retenir, mais ni l’époque, ni le lieu de l’enquête ne sont un prétexte. Ils les utilisent à bon escient faisant de la ville un personnage à part entière, comme Paris dans le premier tome. Entre docteur boucher et serial killer, l’enquête glauque ne déplairait pas à Jean-Christophe Grangé.

    Le Beaver building new-yorkais trône en couverture. Des villas somptueuses du Cap Corse aux gratte-ciels imposants de l’Amérique, Victor Lepointe s’applique pour des décors minutieux. Quel grand écart à côté de ces organes qui dégoulinent lors de l’autopsie d’un cadavre. Les couleurs ambiance sépia sans l’être vraiment immergent dans l’époque, dans un rouge feu succédant à la dominante bleu eau de la crue de la Seine.

    © Graffin, Ropert, Lepointe – Bamboo

    Ange Leca est un homme qui a des failles et des faiblesses. Il s’implique comme personne dans des histoires où il mêle son but et ses sentiments. Avec ses enquêtes, les auteurs nous promettent un tour du monde. Après Paris et New-York, on le retrouvera bientôt à Londres. Vu les dates, peut-être montera-t-il un jour à bord du Titanic ? Pour l’instant, c’est dans la Grosse Pomme et ses alentours qu’il traîne avec son chien.


    Série : Ange Leca

    Titre : 2 –Monstres américains

    Genre : Polar

    Scénario : Tom Graffin & Jérôme Ropert

    Dessin & Couleurs : Victor Lepointe

    Éditeur : Bamboo

    Collection : Grand Angle

    ISBN : 9791041109265

    Nombre de pages : 72

    Prix : 15,90 €


  • Moonlight Express
    par Laurent Lafourcade

    Monument girl

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    « -Messieurs, voici le père Draganovic qui a signalé l’existence des œuvres dont nous préparons le sauvetage d’ici quelques jours…

    -Enchanté, messieurs.

    -D’ici quelques jours ?

    -Hier, à Francfort, le père Draganovic nous a convaincus de couvrir, par une action de police, la récupération de ces objets en zone russe. »

                    Berlin, Noël 1946, venue de Paris, Clarisse d’Arcier est accueillie par le sergent Norman Bold. Elle vient retrouver son père, mais surtout le sergent Jay Johnson, qui ne semble pas ravi de retrouver son amoureuse. Pourquoi donc ce casseur de cœurs de porcelaine ne l’aime-t-il plus ? Bref, l’affaire semble réglée. On ne se dit rien, mais tout est dit. Surgit des décombres de la ville détruite, un jeune homme avance hagard vers les soldats. Bold lui propose à manger mais le gamin semble plutôt intéressé par un harmonica. Le militaire le lui tend. Il s’en empare et se met à jouer, à merveilleusement jouer. C’est le premier contact de Clarisse avec le génie musical de V. La musique de Bach se répand dans l’univers avec que l’impromptu ne s’en aille avec l’instrument.

     © Clérisse, Smolderen – Seuil

                    Le lendemain matin, Clarisse retrouve son père dans son bureau. Celui-ci vient de présenter le père Draganovic à Bold et Johnson. L’homme d’Eglise a signalé l’existence d’œuvres d’art à sauver. Il faut les exfiltrer sans alerter les russes, sous prétexte des trafics qui s’y tiennent. C’est la mission qui attend la troupe. Clarisse, elle, semble plutôt motivée pour retrouver le joueur d’harmonica. C’est dans la soirée, après être sortis d’un club de jazz, que Clarisse et Norman vont retomber sur V., faisant la manche dans la rue avec l’instrument. Personne ne semble savoir d’où il vient. Tout le monde l’appelle Vi, V. like victory. Et le voilà encore une fois reparti comme il est venu. Sur les ruines fumantes de la capitale exsangue, amours et amitiés se jouent et se déjouent jusqu’à ce qu’un assaut dans un train ne vienne bouleverser le destin. La suite, c’est douze ans plus tard, à Los Angeles. Les souvenirs vont ressurgir et les stigmates de l’après-guerre recommencer à saigner.

     © Clérisse, Smolderen – Seuil

                    Moonlight Express est tout autant une histoire de guerre qu’une histoire d’amour. Fresque historique se déroulant sur plusieurs années, on y suit des destins brisés, non pas par la guerre, mais par ses conséquences. Comme à son habitude, Thierry Smolderen n’écrit pas un scénario linéaire, ses personnages sont tout sauf formatés. Il n’y a pas de héros dans les récits de Smolderen, il y a tout simplement des humains. Il faut parfois s’accrocher pour comprendre les agissements de chacun, mais lorsque les fils se dénouent, tout est justifié. Il y est question d’art aussi pour ces Monuments Men pour qui les affaires sont toujours en cours tant qu’elles ne sont pas clôturées.

                    Dans son style graphique « flat » design, inspiré du Bahaus d’une après-guerre moderne, Alexandre Clérisse fait une fois de plus des merveilles avec des séquences incroyables comme au club de jazz, après l’attentat ou bien au parc d’attraction.

     © Clérisse, Smolderen – Seuil

                    Moonlight Express est un polar noir aux couleurs parfois chatoyantes. C’est paradoxal mais ça fait aussi partie du propos. Il en ressort également un côté âge d’or hollywoodien. Est-ce parce que les héros sont américains ? En blonde, Audrey Hepburn aurait en tous cas été impeccable dans le rôle de Clarisse.


    One shot : Moonlight Express

    Genre : Espionnage

    Scénario : Thierry Smolderen

    Dessins & Couleurs : Alexandre Clérisse

    Éditeur : Seuil

    ISBN : 9782021551204

    Nombre de pages : 160

    Prix : 25 €


  • Boulevard Tintin – Tintin c’est l’aventure 25 – Qui sont les Tintin d’aujourd’hui ?
    par Laurent Lafourcade

    Chaque aventurier est un peu Tintin

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    « -Et toi, l’aventure ne te manque pas ? Assis toute la journée ?

    -Haha ! Mais pas du tout ! Regarde-ça ! L’aventure est là, sous mon crayon ! L’aventure ne termine jamais. Tant qu’il y aura du monde et des BD pour y rêver. »

    Dans une mise en abime de quatre planches, l’autrice Alix Garin s’immerge dans les coulisses de la création. Expérience, inspiration et expression sont les trois piliers du créateur. La statue de Hergé va lui apprendre que raconter une histoire, c’est avant tout partager un regard, c’est partir à l’aventure pour un voyage qui n’aura pas de fin tant qu’il y aura des gens pour ce partage et ce rêve. On ne pouvait pas rêver plus bel argument pour le dernier numéro du magazine co-édité par Moulinsart et Géo : Tintin, c’est l’aventure.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Comme d’habitude, tous les articles sont illustrés par des images de Tintin et les sujets replacés au cœur de ses aventures. Dans la rubrique Panorama, on se demande entre autres si des animaux d’espèces différentes peuvent communiquer. C’est l’occasion de revenir sur l’inimitié entre Milou et la pie voleuse des Bijoux de la Castafiore. Dans un sublime portfolio, on (re)découvre un Hergé au crayon vagabond, à travers les archives personnelles de l’auteur : images de Tintin évidemment, mais aussi illustrations pour des livres, croquis de recherche… et papier peint ! L’essentiel du recueil est consacré aux Tintin d’aujourd’hui, ces aventuriers, nourris ou pas par les aventures du reporter, mais marchant tous sur ses pas… pour de vrai.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Leurs profils sont très divers. On trouve la première journaliste sous-marinière Nathalie Guibert, un médecin en terre inconnue Anaïs Pélier, un explorateur des climats extrêmes Christian Clot, une des plus célèbres navigatrices Isabelle Autissier, et bien d’autres encore. Il y a aussi des écrivains comme Alexis Jenni, surnommé l’anti-voyageur, qui a un rapport littéraire à l’idée d’aventure, ou encore Sonja Delzongle qui est partie en Ecosse, terre de légendes, à la demande de son éditeur, sur les traces du monstre du Loch Ness. Le titre de son livre ne fait pas de doute quant au clin d’œil à Hergé : Sur l’île noire.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Le recueil se clôt par l’extrait de l’album Antipodes, signé David B. et Eric Lambé, paru chez Casterman, racontant l’aventure d’un colon français dans une tribu d’anthropophages au Brésil au XVIème siècle.

    Avec ce vingt-cinquième numéro, le mook Tintin c’est l’aventure tire sa révérence. L’aventure éditoriale aura été une merveilleuse invitation au voyage. Celui-ci est loin d’être terminé, parce que quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.


    Série : Tintin c’est l’aventure

    Tome : 25 – Qui sont les Tintin d’aujourd’hui ?

    Genre : Reportage

    Rédactrice en chef : Myrtille Delamarche

    Directeur éditorial : Didier Platteau

    Scénario & Dessins : Hergé

    Éditeur : Moulinsart/Géo

    Nombre de pages : 144

    Prix : 19,99 €


  • Les aventures de Spirou et Fantasio Classique – Le trésor de San Inferno
    par Laurent Lafourcade

    Les catacombes du désert

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    « -Bienvenue à San Inferno ! Gracias ! Grand merci d’être venus !!

    -Bonjour.

    -Je suis Sofia. La femme du Maire.

    -Moi c’est Fantasio et voilà Spirou. Derrière, ce sont nos animaux de compagnie…

    -J’ai hâte de rencontrer monsieur le Maire.

    -Il est là.

    -Où ça ? Dans le désert ? Il fait pousser du sable ?

    -Juste là… On l’a enterré y a un an. »

                    Spirou, Fantasio et le Marsupilami arrivent en jeep en plein désert. Là où ils vont, c’est le scoop du siècle… Non, du millénaire ! Fantasio espère bien qu’ils sont les premiers. C’est compter sans Seccotine, qu’ils croisent sur leur route avec un petit problème de moteur. Au grand désarroi de Fantasio, ils vont la secourir et l’accueillent dans leur véhicule. Elle sait qu’ils sont là pour une histoire de squelette. La blondinette compte bien participer à la quête. Parvenus au village de San Inferno, ils sont accueillis par la femme du Maire. Ce dernier, mordu par un serpent, piqué par un scorpion puis une mygale, gît six pieds sous terre. Mais bon, il est mort en riant ! Dans ce pauvre village où les activités se résument à picoler et à survivre, la veuve, Sofia, accueille les journalistes et les installe dans un gîte sommaire. Ensuite, elle leur présente la grotte dans laquelle les anciens enterraient leurs morts… enfin… les laissaient se dessécher dans des niches. De vraies catacombes. C’est en ces lieux qu’elle va leur présenter une découverte hors du commun : un squelette d’extraterrestre ! Mais il ne va pas tarder à être subtilisé, puis mis en miettes. Heureusement, il reste le médaillon qu’il portait autour du coup, forgé dans un métal inconnu.

    © Tarrin, Trondheim – Dupuis

                    En bon samaritain, Spirou accepte d’aider la mairesse à dégager le passage pour créer de nouveaux espaces de logement dans la sépulture, ce passage menant à ce que les anciens appelaient «Horado», percé en espagnol. Tout cela n’a pas l’air de réjouir Rodrigo, qui avait tenté de ravir le squelette de l’extra-terrestre. De plus, pour un macho comme lui, une femme qui dirige la commune, c’est carrément inconcevable. Entre le squelette de l’espace, l’entrée débouchée vers une cité troglodyte précolombienne et des manuscrits relatant de fantastiques histoires, Fantasio peut caresser l’espoir d’enfin décrocher le prix Pulitzer. Il va vite déchanter. Tout n’est pas si clair au cœur des civilisations retrouvées.

    © Tarrin, Trondheim – Dupuis

                    Après Le tombeau des Champignac et Spirou chez les Soviets, Fabrice Tarrin remet le couvert pour la troisième fois. Après Yann et Fred Neidhardt, c’est cette fois-ci un scénario de Lewis Trondheim qu’il met en image pour la collection Spirou et Fantasio classique avec un trait à mi-chemin entre La corne de rhinocéros et Le prisonnier du Bouddha, dans la grande époque franquinienne. Pourtant, le dessinateur avait juré qu’on ne l’y reprendrait plus…sauf pour une histoire qui se passerait en plein désert. Avec Trondheim, il n’y a qu’à demander et le couturier scénariste vous sert ce que vous voulez sur un plateau. Pour la première fois, Tarrin a pu mettre en scène le Marsupilami, accompagné ici de petits oiseaux bien bavards, les volubilos, qui ont la fâcheuse manie de répéter ce qu’ils entendent. Une petite trouvaille réjouissante. Les auteurs ont réussi leur coup, celui de rassembler les nostalgiques d’une époque bénie et les nouvelles générations pour une aventure mystérieuse.

    © Tarrin, Trondheim – Dupuis

                    Avec cette nouvelle collection Spirou et Fantasio classique, dont c’est le deuxième épisode, la série-mère a du souci à se faire. Il est difficile de s’y retrouver dans le Spirou-verse, mais avec des albums comme celui-ci, l’ADN du groom est préservé et en de bonnes mains.


    Série : Les aventures de Spirou et Fantasio Classique

    Tome : Le trésor de San Inferno

    Genre : Aventure

    Scénario : Lewis Trondheim

    Dessins & Couleurs : Fabrice Tarrin

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 97828008510417

    Nombre de pages : 48

    Prix : 13,50 €


  • La nuit est belle
    par Laurent Lafourcade

    Les marginaux de Paris by night

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    « -C’est trop tard, Monsieur.

    -Soyez sympa. J’étais bloqué dans le métro.

    -L’enregistrement est terminé. L’avion va décoller.

    -Attendez ! Attendez !!! Et voilà.

    -Désolée, Madame.

    – L’avion va décoller.

    -Hein ? Mais j’ai une répétition demain. Je dois absolument y être.

    -Le prochain vol pour Miami est dans trois heures. C’est le dernier avant demain midi. Il est complet. »

    Un homme et une femme qui ne se connaissaient pas ratent tous deux le même avion. Il y a une toute petite chance d’y avoir de la place dans le suivant, si des retardataires ne se présentent pas. Jusqu’au dernier instant, l’espoir… Pfff !… Puis l’envol…de l’espoir. Les deux inconnus vont devoir attendre jusqu’au lendemain midi. Alors qu’elle s’apprête à aller prendre une chambre dans l’un des hôtels de l’aéroport, il lui propose d’aller faire un tour à Paris avec sa voiture. Il ne la drague pas. C’est juste qu’il est insomniaque. Elle propose une visite du cimetière du Père-Lachaise. Mince ! Elle a oublié qu’il était fermé la nuit. Qu’à cela ne tienne ! Ils vont faire le mur. Elle rêve de revoir la tombe d’Oscar Wilde qu’elle venait embrasser ado, les lèvres maculées de rouge, avec une copine pour célébrer la liberté d’aimer. Quelle déception ! Ils ont mis un vitrage sur la partie basse pour éviter les baisers.

    © Guarino, Graham – Bamboo

    Les visiteurs ne vont pas tarder à se faire surprendre par un drôle de gardien : le fantôme de l’écrivain en personne. Il ne voulait pas les effrayer. Non, ce qu’il veut, c’est juste être tranquille, sortir pour piquer deux ou trois bouquins pour lire un peu. A trois, pour une balade nocturne dans Paris, ça va être plus fun, surtout quand on est poursuivi par une voiture de police. Pour Oscar, si le duo a raté l’avion, il y a bien une raison : c’est que chacun a quelque chose à régler. Elle, elle n’a plus son amie. Lui, il est poursuivi par le fisc. Bon, en attendant, comme il s’est blessé à la jambe, il faudrait trouver une pharmacie de garde. Le trio ne va pas tarder à devenir quatuor. A quatre, pour une balade nocturne dans Paris, ça va être plus fun.

    © Guarino, Graham – Bamboo

    Un vrai-faux loser, une super danseuse, un quasi-fantôme et une pharmacienne phénomène, quatre personnes, quatre destins qui n’auraient jamais dû se croiser, et pourtant… Les voilà réunis pour faire face à leurs passés, pour retrouver un sens à leur vie… ou à leur mort. David Graham écrit une quête de sens pour un quatuor en peine. Le fantôme d’Oscar Wilde est le d’Artagnan de trois mousquetaires vivants perdus dans la nuit, dont on ne connaît pas les prénoms, ce n’est pas anodin, et qui refoulent leur souffrance. Après Les vies de Charlie, Aurélie Guarino met de nouveau son émouvant graphisme au service des âmes. Formidable coloriste, elle met en scène les lumières de la nuit, des allées du Père-Lachaise jusqu’aux boulevards parisiens. Le parvis de l’Opéra Garnier est le théâtre d’une scène hors du temps. Peu à peu, la nuit laisse place au petit matin. L’occasion pour l’autrice de déployer un nouveau panel colorimétrique.

    © Guarino, Graham – Bamboo

    La nuit est belle est un hommage à la magie de la nuit, celle où les gens dorment et où seules quelques âmes de vivants et de morts hantent les rues. Le temps est comme suspendu. C’est le moment où l’on refait sa vie et où la vie nous refait. Tiens, si on en profitait pour lire un livre d’Oscar Wilde, autre que le fantôme des Canterville ? Ça lui ferait tellement plaisir…


    One shot : La nuit est belle

    Genre : Emotion

    Scénario : David Graham

    Dessins & Couleurs : Aurélie Guarino

    Éditeur : Bamboo

    Collection : Grand Angle

    ISBN : 9791041105373

    Nombre de pages : 96

    Prix : 19,90 €


  • Wild West 5 – Rédemption 
    par Laurent Lafourcade

    Ses biens chers frères, ses biens chers sœurs…

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    « -Depuis combien de temps êtes-vous installés à Dolores City ?

    -Un peu plus d’un an.

    -Ah ! Le temps file si vite ! Vous vous êtes parfaitement intégrés. Les enfants adorent votre femme et votre petite Ingrid est la plus douce des enfants.

    -J’ai beaucoup de chance.

    -Vous êtes un homme peu loquace, Bill.

    -L’air est sec par ici, inutile de perdre de la salive en paroles.

    -Hé hé ! J’avoue qu’au départ, j’étais très méfiant vis-à-vis de votre nomination. Votre réputation était sulfureuse ! Mais force est de constater que l’ordre règne. Et c’est grâce à vous !

    -Je n’ai fait que mon boulot.

    -Certes ! Mais avec une efficacité redoutable. Plus aucun desperado n’ose se montrer en ville. C’est pourquoi j’ai une proposition à vous faire. »

                    Wild Bill, Calamity Jane et Charlie Utter ont posé leurs valises entre Californie et Nevada, à Dolores City. Si Calamity se distingue par ses beuveries, Charlie est postier et Wild Bill Hickok arbore une étoile de shérif. Sa femme est l’institutrice de la ville. Ce soir, le couple est invité à dîner chez les Coleman. L’industriel a une proposition à faire à Wild. L’exploitation de Borax est en plein essor. Il ouvre de nouvelles mines et va devoir s’absenter souvent. Il lui faut un homme de confiance sur place pour assurer ses arrières. Contre toute attente, malgré un salaire et un encadrement assurés, Wild Bill refuse. Il a trop à faire avec son poste de gardien de la loi.

    © Gloris, Lamontagne – Dupuis

                    La relative quiétude de la ville ne va pas tarder à voler en éclats. Voici que débarquent Charles, Catherine et leur oncle Louis. Ils ont racheté le ranch W et viennent s’installer dans un coin isolé de la commune pour élever dix têtes de bêtes à cornes. La population ne se doute pas que c’est ce petit groupe qui, quelques jours plus tôt, a braqué un train en compagnie d’autres desperados, tuant allégrement quiconque oserait les empêcher de repartir avec le contenu du coffre-fort. Ce qu’eux, les bandits, n’avaient pas prévu, c’est que Cath allait retrouver dans la rue quelqu’un dont elle a bien l’intention de se venger. Le problème, c’est que ce n’est pas n’importe qui dans la ville.

    © Gloris, Lamontagne – Dupuis

                    Comme à son habitude, Thierry Gloris écrit une histoire avec une encre de poussière et de sang. Loin des westerns édulcorés comme on peut en lire tant, Wild West semble beaucoup plus proche du Western Reality, avec ses meurtres sanglants, ses hold-up et ses viols. Il n’y a pas beaucoup d’enfants de chœur. N’est-ce pas, Monsieur le Pasteur ? Rédemption est une histoire de vengeance, mais aussi une mise en garde sur l’endoctrinement des foules. Sur des paroles facilement crues, des hommes peuvent devenir des barbares dans la certitude du bienfait de leurs actes. Tout ne fait que commencer dans cette première partie d’un nouveau diptyque. On verra bien comment ça va se dérouler dans la suite. Avec le scénariste Gloris, tout peut arriver à tout le monde. Certains vont y laisser des plumes. Bien malin celui qui pourra dire qui.

                    Jacques Lamontagne ensauvage l’épisode, plutôt citadin, avec son trait réaliste et ses visages qui se rapprochent de plus en plus des personnages de Norman Rockwell.

    © Gloris, Lamontagne – Dupuis

                    La rédemption est l’action de racheter ou de se racheter au sens religieux ou moral. Dans Wild West, toutes les rédemptions sont bonnes à prendre, encore faut-il avoir l’occasion et la volonté de le faire. Dans Wild West, la vengeance est un plat qui se mange à toutes températures.


    Série : Wild West

    Tome : 5 – Rédemption

    Genre : Western

    Scénario : Thierry Gloris

    Dessins & Couleurs : Jacques Lamontagne

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808506618

    Nombre de pages : 48

    Prix : 15,95 €


  • Léonard 56 – Eclair de génie
    par Laurent Lafourcade

    Pas de court-circuit dans l’invention

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    « -…Tromblon polisson ?

    BLAM

    -Check ! Gant de boxe taquin ?

    GNON

    -Check ! Marteau rigolo ?

    PAF

    -Bâton de dynamite facétieux !

    -J’allais y venir !

    -Ch…e…ck !

    -Bon ! Tout est en état de marche, on peut commencer à présent ! »

                    Léonard et Basile, son fidèle et bien (trop ?) dévoué disciple, vérifient que tous les instruments sont en état de marche. Le tromblon, le gant de boxe, le marteau et même l’enclume sont en parfait état de marche. Disciple va pouvoir en prendre encore une fois plein la figure. Nos héros vont pouvoir passer aux choses sérieuses. Pas de temps à perdre, c’est que Léonard à un statut de plus grand génie de l’humanité à défendre, lui. Le disciple, lui, comme d’hab, va servir la science… et c’est sa joie… pardon… f’est fa voie… , parce qu’ils va laisser quelques dents sur le parquet.

    © Turk, Zidrou, Kaël – Le Lombard

                    Pendant que le facteur est invité par Mathurine à prendre un petit remontant – Ma foi, c’est si gentiment proposé -, Léonard demande à Disciple de se mettre tout nu dans la baignoire. Mais ? On n’a pas l’habitude de lire ça dans Léonard ? On a vu assez d’horreurs à la guerre ! On ne va quand même pas tomber dans le « Olé olé ». Meuh non… D’abord, on n’a jamais vu quelqu’un prendre sa douche habillé. Et puis, le génie a une nouvelle invention à tester. Ouf ! C’était pour ça. Le savant vient d’imaginer la première douche avec distributeur de gel incorporé grâce au pommeau shampouineur Léonardeau. On va avoir de la mousse plein les yeux, et peut-être même dans le verre du facteur. Ce test n’est que pour la première de toutes les inventions que Léonard va mettre au point dans ce cinquante-sixième album, déjà le dixième scénarisé par Zidrou.

    © Turk, Zidrou, Kaël – Le Lombard

                    Pêle-mêle, le lecteur va donc découvrir les origines du baby-sitting, les analyses médicales, les bougies comestibles, la pêche au gros, le véganisme (hilarant), la clé à percussion et la robe de mariée. La robe de mariée ? Et oui, Léonard en pince pour Gigliola, la jolie voisine. Mais il y a un hic ! Elle est jeune, et lui plus vraiment. Disciple, lui, apprendra qu’on ne s’adresse pas de la même façon à Mozzarella et à son patron. « C’est quoi le mot magique ? ». Il ira aussi se détendre, ou pas, à la fête foraine. Ce sera l’occasion pour Turk de lui en mettre plein la poire dans une histoire texaveryssime. L’album marque aussi le retour des frères Schippatore, bandits de grands chemins. Pour terminer, un petit tour en Léonardmobile nous amènera à la campagne, dans la Siliconvali, où le génie prévoit d’installer le futur centre névralgique de l’innovation technologique.

    © Turk, Zidrou, Kaël – Le Lombard

                    Léonard, Basile et Raoul prennent le jus. Court-circuit, certainement, mais à court de gags, certainement pas. Cinquante ans au compteur et le génie à encore et toujours des choses à inventer pour nous électrocuter de rire.


    Série : Léonard

    Tome : 56 – Eclair de génie

    Genre : Humour ingénieux

    Scénario : Zidrou

    Dessins : Turk

    Couleurs : Kaël

    Éditeur : Le Lombard

    ISBN : 9782808212465

    Nombre de pages : 48

    Prix : 12,50 €


  • Tokyo Cannabis 5
    par Laurent Lafourcade

    Des yens dans la chlorophylle

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    « -Qu’est-ce qui vous amène ?

    -Euh… est-ce que Morio est ici ?

    -Ah ! Oui, il est à l’intérieur ! Mais il est en pleine réunion, là ! Il ne peut pas sortir.

    -Il est donc bien ici… Euh… Kagayama… Quel genre de travail mon mari fait ici ? »

    En cherchant son époux Morio, Madame Chitô ne savait pas qu’elle allait mettre la main dans un engrenage dangereux. Elle ne le sait toujours pas d’ailleurs, grâce à la malice de Kagayama qui va parvenir à l’enfumer au sens figuré du terme (pas mal pour une histoire de pétards) pour qu’elle reparte rassérénée. Il lui fait croire que son mari lui donne un coup de main dans la culture et le commerce de « simples » plantes vertes et que l’importante somme d’argent qu’elle a trouvé chez elle n’est que le fonds de roulement de leur entreprise. Elle ignore donc encore, et certainement pour son bien, que Morio met au point des pieds de cannabis d’une qualité exceptionnelle pour fournir une beuh tout aussi remarquable. Les premiers clients sont épatés. Ils surnomment Morio King. Le fleuriste va tout faire et plus encore pour être à la hauteur de ce sobriquet.

    © 2022 by Yuto Inai / Coamix
    © Inai – Kana 2025

    Il va falloir commencer à distribuer la Super Mick X en faisant gaffe de ne pas se faire gauler par le gang des Kurobe. Morio et Kagayama ont fait de la pub sur les réseaux sociaux. Ce soir, c’est avec les Bad Dog d’Ikebukuro qu’ils vont dealer, une organisation de malfrats bagarreurs dirigée par Gozu, leur chef de troisième génération qui se fait appeler « tête de bœuf ». Un kilo à 7000 yens le gramme, ça fait sept millions. Mais il faut rester sur ses gardes face à ce genre de truand. Le rendez-vous est fixé dans un garage dans la pénombre. Le deal va bien mal commencer. Morio va devoir user de diplomatie et de stratégie pour s’extirper d’une situation bien mal engagée. Son secret : un regard aussi déterminé que celui des truands. Ce qu’il veut c’est vendre, vendre, vendre… pour mettre sa famille à l’abri de tous les besoins.

    © 2022 by Yuto Inai / Coamix
    © Inai – Kana 2025

    Yûto Inai ne semble pas prêt à sortir Morio de l’engrenage infernal dans lequel il se trouve. Le cultivateur est en pleine guerre des gangs. Morio pense avoir tué Maruyama. Il ne sait pas qu’il est encore vivant, dans une clinique privée, et qu’il vient de se réveiller, amnésique. D’après le médecin, malheureusement, ses souvenirs peuvent revenir à tout instant. S’il parle à Shimizu, c’est foutu. Alors qu’on croyait avoir déjà eu à faire avec l’ensemble du panel des brigands possible, Inai introduit un nouveau fou furieux en la personne de Gaoh, chef charismatique des Omega de Shibuya, un jeune homme dont la vie dans sa boîte de nuit est dédiée à l’alcool, aux filles en petites tenues… et à la drogue. L’individu n’hésite pas à régler ses comptes en direct dans la violence et dans le sang, sous les yeux d’un public camé voué à sa cause.

    © 2022 by Yuto Inai / Coamix
    © Inai – Kana 2025

    Yûto Inai montre les dangers d’un poison destructif à éradiquer de la planète. Il est la dernière étape avant les drogues dures. Sa légalisation serait une porte ouverte vers un drame de santé mondial organisé. Tokyo Cannabis est un manga addictif qui permet d’y prendre garde.


    Série : Tokyo Cannabis

    Tome : 5

    Genre : Seinen Thriller

    Scénario & Dessins : Yûto Inai

    Éditeur : Kana

    ISBN : 9782505133186

    Nombre de pages : 160

    Prix : 7,90 €


  • Le réseau Papillon 10 – Les chemins de la Libération
    par Laurent Lafourcade

    Divisions et blindés

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    « -Tiens, salut Arnaud ! Je ne t’ai pas vu au camp aujourd’hui…

    -Non.

    -Ça n’a pas l’air d’aller.

    -Qu’est-ce qu’on va faire une fois la guerre terminée ? Tu sais, toi ? Moi, je ne sais pas.

    -Mes vieux veulent que je reprenne la ferme, tu imagines mon angoisse.

    -Ha ha ! C’est clair ! Je ne te vois pas agriculteur !

    -Au fond de toi, tu veux faire quoi ?

    -Tu vas te moquer de moi si je te le dis… Je veux être un héros… »

                    Août 1944, dans l’Orne. Ça fait deux mois déjà que les américains ont débarqué en France et repoussent l’envahisseur. Les troupes de Patton et de Leclerc remontent vers la Loire. Mais les nazis n’ont pas dit leur dernier mot. Ils tentent de maintenir leurs positions. La deuxième DB du Général Leclerc, avançant vers Alençon, va pouvoir compter sur les maquisards du réseau Papillon pour lui prêter main forte. A Saint-Cénéri, le Maire collabo voit se dresser face à lui une Elise déterminée qui lui rappelle ce que son père a fait pour protéger le village des boches. Arnaud, voyant la guerre approcher de la fin, ne se voit pas rester inactif. Il veut être un héros et participer activement à la Libération de la France. Au même moment, depuis Londres, Edmond enrage de ne pas pouvoir faire plus pour sauver ses parents.

    © Otéro, Dumanche, Schmitt – Jungle

                    Qu’ils se rassurent, les membres du réseau Papillon ne vont pas camper sur leurs positions. L’armée de Leclerc leur demande de les rejoindre aux abords de Champfleur car ils vont attaquer Alençon incessamment. Mais il y a une urgence. Maria a des contractions et perd du sang. Arnaud et Gaston vont l’amener d’urgence à Alençon dans le camion de François. En Angleterre, Edmond demande à être enrôlé comme pilote dans la Royal Air Force. En vain, on a trop besoin de lui aux transmissions. Quant à elle, au village, Elise doit éviter des tentatives de corruption de l’adjoint au Maire voyant le vent tourner et souhaitant retourner sa veste.

    © Otéro, Dumanche, Schmitt – Jungle

                    Nicolas Otéro et Franck Dumanche, avec son co-scénariste Michel-Yves Schmitt, n’épargnent rien aux membres du Réseau. Le temps a passé. Ce ne sont plus les jeunes adolescents du début. Ils ont grandi. La guerre les a fait grandir plus vite qu’ils n’auraient dû. Nous, lecteurs, savons exactement quand et comment la guerre va se terminer. Eux voient venir cette issue mais ne connaissent pas les échéances. C’est un paramètre qu’il est complexe de concevoir avec le recul que l’on a. Alors qu’on imagine qu’ils ont subi le plus dur, les auteurs les mettent encore dans des situations où ils vont devoir s’affirmer et assumer leurs choix. C’est le destin des héros. Après tout, c’est ce que souhaite ardemment Arnaud.

    François Mathivet rédige un carnet documentaire qui replace certaines séquences de l’histoire dans leurs contextes précis. En particulier, on connaît bien le Général Leclerc, mais on découvre qu’André Mazeline, instituteur normand résistant, a guidé la deuxième DB dans la forêt d’Ecouves vers Alençon. Il a poursuivi l’œuvre de Jean Moulin en unifiant les mouvements de résistance de la région et en formant les FFI (forces françaises de l’intérieur) de l’Orne.

    © Otéro, Dumanche, Schmitt – Jungle

    Le réseau Papillon est une aventure humaine, une œuvre de mémoire et un outil pédagogique. La série approche de la fin mais les chemins de la Libération ne sont pas les lieux d’une promenade bucolique. On est au cœur de la grande Histoire.


    Série : Le réseau Papillon

    Tome : 10 – Les chemins de la Libération

    Genre : Aventure historique

    Dessins : Nicolas Otéro

    Scénario : Franck Dumanche  & Michel-Yves Schmitt

    Couleurs : 1ver2anes

    Éditeur : Jungle

    ISBN : 9782822247290

    Nombre de pages : 56

    Prix : 12,95 €


  • Le patient
    par Laurent Lafourcade

    Les ailes noires des corneilles n’en finissent pas de voler

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    « -Excusez-moi ? Vous êtes le docteur Cotteau ?

    -Oui.

    -Les secrétaires m’ont envoyée vers vous concernant le patient Pierre Grimaud.

    -Ah, c’est vous la psy ?

    -Docteur Anna Kieffer, ravie de faire votre connaissance.

    -Je n’ai pas trop de temps, je vais vous montrer sa chambre. Vous devez connaître le dossier mais je vous refais le topo. Cela faisait 6 ans qu’il était dans le coma. C’est le seul rescapé du massacre des corneilles. Vous en avez entendu parler ? »

                     Pierre Grimaud se réveille après six ans de coma. Toute la famille du jeune homme a été massacrée dans sa maison. Sa sœur a été retrouvée errant hagarde dans la rue, un couteau ensanglanté en main. Lui, avait été lacéré de coups de couteaux, laissé pour mort parmi les autres cadavres. Pierre a commencé à montrer des signes de réveil il y a un mois. Il peut parler mais est encore très fatigué. Il souffre également d’une tétraparésie de réanimation. Il n’y a pas de dommage cérébral constaté. Il a même quelques souvenirs de la nuit du drame. La psychologue Anna Kieffer vient le voir pour la première fois. S’il a envie de parler, elle est là pour l’écouter.

    © Le Boucher – Glénat

                    Pierre a des hallucinations. Il a peur. Anna le rassure. Pour elle, il est en état de stress post-traumatique. C’est sa spécialité, tout comme la psycho-criminologie et la victimologie. Elle collabore avec la police sur certaines affaires, comme celle du massacre des corneilles. Elle devait prendre en charge l’auteur des crimes Laura, la sœur de Pierre, mais elle a mis fin à ses jours peu de temps après. Elle connaît bien l’histoire, c’est pour ça qu’elle s’est proposée pour s’occuper de Pierre.

    © Le Boucher – Glénat

                    Au fil des mois, entre flashbacks, secrets de famille et rééducation, on va évoluer avec Pierre, le comprendre, ou pas, dans sa relation avec les autres patients, les soignants… et sa psy. Au fil des mois, on va avancer avec Anna dans la quête de la vérité, car avant de partir, Laura lui avait révélé un secret.

                    Une abeille prise au piège dans un pot de miel, la matière même qu’elle produit, quel destin ! Y aura-t-il quelqu’un pour la sauver ? La scène résonne comme une métaphore. Rien n’est anodin. A l’image de Ces jours qui disparaissent, Le patient est un récit mystérieux qui se dévoile à pas de loup, qui s’interprète et dont l’éclosion du mystère se mérite. Les décors sont volontairement froids et dépouillés, neutres à l’image des chambres et des couloirs des hôpitaux, pour permettre de mieux se concentrer sur les regards questionneurs, trompeurs ou obliques, et les attitudes ambivalentes, suspectes ou inquisitrices. Les dialogues sont pesés, réfléchis ; chaque mot compte. Tout est pensé chez Timothé Le Boucher, de l’introduction au final, toujours désarmant.

    © Le Boucher – Glénat

                    Avec cette réédition au format poche, Le patient bénéficie d’une nouvelle mise en lumière. Timothé Le Boucher signe l’un des thrillers les plus puissants de ces dernières années.


    One shot : Le patient

    Genre : Thriller

    Scénario, Dessins & Couleurs : Timothé Le Boucher

    Éditeur : Glénat

    Collection : BD poches

    ISBN : 978234406

    Nombre de pages : 192

    Prix : 10 €


  • Les amis de Jacobs 35—Juin 2024
    par Laurent Lafourcade

    Par Blake et Mortimer, demeure !

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    « -Septimus ! Formidable !…

    -Septimus ?… Vous êtes sûr que c’est là son écriture ?

    -Absolument sûr !… C’est d’ailleurs bien son style ! »

    C’est un homme peu connu dont parle Christian Viard dans l’éditorial du déjà trente-septième numéro de la luxueuse revue Les amis de Jacobs. Jacques Labeye était non seulement un collectionneur de bandes dessinées mais également courtier en assurance, et en cette qualité, assureur de Jacobs de 1981 à 1987. Il fut secrétaire de la fondation Jacobs et défendit naïvement Philippe Biermé, son président, qui, tout le monde le sait à présent, a pillé le fonds de planches originales. Avant de disparaître, il confia il y a quelques années des lettres dactylographiées de Jacobs qui lui étaient adressées. En 1981, l’auteur lui écrivit pour un problème d’assurance automobile. En 1983, il lui demande d’aider Madame veuve Van Melkebeke à trouver un logement décent. En 1984, il lui fait part de tracasseries qu’il a sur le cœur. On ressent dans ces lettres le caractère empathique mais aussi désabusé de Jacobs. Elles démontrent, si c’était nécessaire, toute l’humanité que cet homme avait en lui.

    © Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v. (Dargaud-Lombard s.a.)
    © Les Amis de Jacobs

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que quand Christian Viard lit un album de Jacobs il entre dans les moindres détails graphiques. Il termine ici l’exploration de La Marque Jaune avec la suite et la fin du jeu des mille erreurs et des mille découvertes. Du sens de circulation aux écharpes mal nouées, du boutonnage de vêtements aux noms de médecins exerçant dans la capitale britannique, Viard entre dans chaque coin de case, dans chaque dialogue. Un boulot inestimable. Pour la suite, il s’apprête à s’attaquer à L’énigme de l’Atlantide. C’est pourtant une autre découverte qui laisse abasourdi : celle de l’hommage d’André Juillard à Maurice Tillieux dans une case de Signé Olrik reprenant in extenso une scène et un dialogue issus de l’aventure de Gil Jourdan La voiture immergée.

    © Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v. (Dargaud-Lombard s.a.)
    © Les Amis de Jacobs

    Jean Fontaine prend le relais avec le retour sur une étude sémiologique réalisée par Pierre Fresnault-Deruelle en 1972. Christian Viard s’attache ensuite aux illustrations que Jacobs réalisa pour des jeux de société. C’est un pointilleux article scientifique que propose Jaime Sousa à propos de la chambre d’Horus à Gizeh, révélant l’intuition de Jacobs lors de l’écriture du Mystère de la Grande Pyramide. On poursuit avec des illustrations que fit Jacobs pour un projet avorté de zoo bruxellois, puis sur une correspondance de cartes postales entre Jacobs et Hergé, avant une interview de l’auteur pour, une fois n’est pas coutume, le journal Spirou en 1979, pour conclure avec un quiz sur l’auteur et ses personnages. Enfin, après un croquis inédit de dinosaures combattants, Marc Bourgne signe le dessin de quatrième de couverture avec un Mortimer en combinaison Vaillante.

    Les amis de Jacobs est une association visant à promouvoir la connaissance ou la découverte de l’œuvre d’Edgar-Pierre Jacobs et sa continuité par les nouveaux auteurs et scénaristes. Pour 35 € annuels, les adhérents reçoivent deux numéros des Amis de Jacobs, revue imprimée sur un papier de grande qualité et emplie d’articles d’une richesse incroyable. Toutes les informations pour adhérer et commander, entre autres, d’anciens numéros sont sur le site www.amisdejacobs.org.

    © Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v. (Dargaud-Lombard s.a.)
    © Les Amis de Jacobs

    On le dit pour Tintin, mais on peut aussi le dire pour eux. Quand on a fini de lire Blake & Mortimer, on peut recommencer à lire Blake & Mortimer. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau. La revue des amis de Jacobs le prouve depuis déjà 37 numéros !


    Série : Les amis de Jacobs

    Tome : 37 – Juin 2025

    Genre : Revue d’étude

    Directeurs de publication : Christian Viard et Didier Bruimaud

    Éditeur : Les amis de Jacobs

    Nombre de pages : 48

    Prix : 15 €


  • La marche brume 2 – Les chimères
    par Laurent Lafourcade

    Des sorcières dans le brouillard

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    « -Sœur Zelda !!! La Brume est dans le village !

    -Vraiment ?!!! Mais c’est impossible, on vient de renforcer nos défenses ! A moins que… Yfrid…

    -Qu’est-ce que vous faites plantées là ?! Vous essayez de prendre racine, ou quoi !? Rejoignez les autres, et…

    -On ne peut pas, Zelda !

    -Mais qu’est-ce que vous bredouillez, encore ?!!! »

    Ogresse mutante élevée par une sorcière maîtresse de kung-fu, Tempérance cherche à percer le mystère de la Brume, ce brouillard mystérieux dans lequel il est préférable de ne pas se trouver en contact. Ses tantes les sorcières, appelées les brouches, mettent leur magie à la défense du village où la Brume, qui d’ordinaire est en forêt, a commencé à entrer. Zelda se métamorphose pour faire face au monstre armé qui semble la diriger. Ça ne suffira pas pour délivrer la cité de l’emprise noire. De son côté, le démoniaque Sire Langlois est furieux de ne pas encore avoir réussi à mettre la main sur Tempérance. Mais où est-elle, celle-ci ? Les sorcières l’ignorent également. Accompagnée d’une tête coupée volante qui la guide, elle recherche le responsable du malheur qui dévaste la planète, en tous lieux et, semble-t-il, en tous temps.

    © Fert – Dargaud

    Un enfant regarde une publicité en dessin animé du Captain Nature. Le super-héros se bat contre Poluxor et invite les téléspectateurs à lutter contre la pollution. En jouant près de la fenêtre avec des figurines, le gamin aperçoit quelque chose de la fenêtre de son immeuble, comme une brume qui monte. Le début de ce deuxième tome de La marche Brume est tellement déroutant qu’on vérifie sur la couverture qu’on ne s’est pas trompé de série. Planche 4, la transition est faite avec Tempérance que l’on retrouve en pleine forêt. A-t-elle rêvé ? Ou bien l’auteur prépare-t-il un subterfuge ? Les époques semblent paradoxalement se mêler entre sorcellerie moyenâgeuse et technologie et armement post-modernes. Le monde des brouches serait-il observé par des visiteurs du futur ?

    Stéphane Fert bouleverse les codes en installant un anachronisme temporel. Après tout, ne peut-on pas tout se permettre dans une œuvre de fiction ? Histoire de solidarité, de lutte contre une sorte virus, La Marche Brume montre une pandémie incarnée.

    © Fert – Dargaud

    Le précepte du scénariste Fert est résumé dans l’intervention « hors texte » de Clarence, la brouche historienne : « Les humains répugnent à savoir car « savoir » signifie « changer ». Ils ne cherchent dans les livres et les images que des histoires qui les confortent dans ce qu’ils sont, dans ce qu’ils croient, dans la légitimité des privilèges qu’ils ont acquis.(…) Mais la vie est un ouragan qui emporte tout et se moque des statues prétentieuses qui osent le défier. » La Marche Brume est aussi une histoire de métamorphose, la chrysalide devient papillon, l’adolescent devient adulte, Tempérance subit une transformation physique qui lui fait se poser encore plus de question sur qui elle est, d’où elle vient, sur l’héritage qu’elle porte.

    Le dessinateur Stéphane Fert montre son côté sombre dans un nouveau genre, une dark-fantasy retro-futuriste qu’il peint de tons mauves et noirs, de façon assez envoûtante. Fert sait aussi être drôle comme dans la scène de la maison Moumounette, moitié masure moitié poule, qui s’envole avec ses occupantes.

    © Fert – Dargaud

    La marche Brume avance au rythme du brouillard qui engloutit les êtres et les âmes. Mais les brouches veillent et protègent, au prix du danger. Stéphane Fert ensorcèle les lecteurs dans un conte qui renouvèle le genre.


    Série : La marche brume

    Tome : 2 – Les chimères

    Genre : Sorcellerie

    Scénario, Dessins & Couleurs : Stéphane Fert

    Éditeur : Dargaud

    ISBN : 978250511

    Nombre de pages : 136

    Prix : 22,95 €


      

  • Les pompiers 24 – Froid devant !
    par Laurent Lafourcade

    Etoiles des neiges

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    « -Trop content de partir voir la neige ! Enfin, je veux dire, la vraie neige… Celle d ‘en haut !

    -Merci de nous avoir conduits à la gare, Carême !

    -Avec plaisir ! Et bon voyage, bande de veinards ! »

                    C’est clair qu’ils en ont de la chance, les pompiers, d’aller passer un séjour en montagne. Ça va les changer. Ils vont apprendre des techniques de sauvetage, découvrir de nouveaux équipements et intervenir dans des milieux complètement différents. Et puis, juste changer d’air leur fera du bien. Nos amis sont accueillis au sommet de la station par le commandant Dénivelay et la lieutenante Granit. Les voici hébergés pendant trois semaines dans la caserne locale. Ça tombe bien, les recrutements sont compliqués et vu la demande en haute saison, la brigade de Ramon ne sera pas un luxe pour renforcer les équipes de pompiers-montagnards.

    © Cazenove, Stédo, Favrelle – Bamboo

                    La première partie de l’album se déroule donc dans la neige. La tempête peut survenir à tout moment, c’est pour ça qu’il faut bien refermer la porte de la caserne derrière soi. Il ne faudra pas abuser du klaxon, ça pourrait provoquer des avalanches. On apprendra qu’il y a différents types de neige : humide, verglacée, sèche, mouillée, poudreuse, croûtée. Mais toutes sont bonnes pour des batailles de boules. Les skieurs descendant tout schuss, attention également à l’endroit où l’on gare le fourgon. Dans l’hélico, la place est comptée. Pas question d’y entrer avec de trop grosses doudounes. N’est-ce pas, Horace et Robert ?  Nos pompiers apprendront même à utiliser un chien renifleur pour retrouver des victimes… et pas que.

    © Cazenove, Stédo, Favrelle – Bamboo

                    Dans la deuxième partie de l’album, on retrouve les flammes de situations plus conventionnelles, si tant est que conventionnel soit dans le vocabulaire des pompiers. Faire une intervention en compagnie d’Arnold, par exemple, c’est très dynamique, d’autant plus que le gars regarde trop de séries américaines. Horace, lui, il est toujours à la recherche de quelque chose, que ce soit le fourgon… ou l’incendie lui-même. Une Mémé de Sylvain Frécon aura beau lui rappeler le cours des événements, la mémoire de l’homme en rouge défaille. Robert, lui, ne se pose pas de question, il teste les nouveaux matelas des brancards.

    © Cazenove, Stédo, Favrelle – Bamboo

                    Y’a pas à dire, vingt-quatre albums et nos pompiers font toujours preuve d’autant d’efficacité. Stédo, Cazenove et Favrelle forment une brigade redoutable. Et puis bel hommage à Michel Blanc en couverture…


    Série : Les pompiers

    Tome : 24 – Froid devant !

    Genre : Humour

    Scénario :  Christophe Cazenove

    Dessins : Stédo

    Couleurs : Christian Favrelle

    Éditeur : Bamboo

    ISBN : 9791041112760

    Nombre de pages : 48

    Prix : 11,90 €


  • Cizo 6 – Mercato Show
    par Laurent Lafourcade

    Transferts de vacances

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    « -Hey oh… Cizo ! Je suis là !

    -Yeah, Kooper !

    -Alors, t’as fait bon voyage, mon pote ?

    -Ouais, tranquille… J’ai dormi comme une marmotte !

    -C’est trop cool que t’aies pu venir !

    -Ouais, c’est clair !

    -Allez, enfile ton casque, je t’emmène à la maison ! »

    L’avion de Zandro Cizo vient d’atterrir à l’aéroport de Corfou, en Grèce. Le footballeur y retrouve son pote Luigi Kooper. Après la victoire de son équipe lors de la coupe des Continents. Depuis, Cizo doit gérer sa célébrité. Pas tous les jours facile. Entre les médias, la presse et les journalistes, impossible de sortir incognito. Tout le monde veut savoir où il va signer la saison prochaine. Lui-même n’a pas encore décidé. Après une partie de beach-volley, un bain de mer et une séquence nostalgie sur le championnat de 2006, il est temps d’aller rejoindre les parents de Kooper au restaurant. Alors que Cizo pensait se détendre et décompresser, un grand écran est branché pour suive en direct 100 % foot Ultimate Football à l’occasion du Mercato. Les annonces et les pronostics vont bon train pour savoir qui va rejoindre quelle équipe.

    © Aré, Dottori – Kennes

    Les animateurs Pédro et Mitch, épaulés par les journalistes Wendy et Paganino énumèrent les changements que vont connaître les clubs et les scoops qu’ils ont dans leurs escarcelles. La grande surprise de ce mercato vient du « Fuego Barça ». L’équipe connaît tout d’abord un changement d’entraîneur. Le tacticien Guardiol va remplacer Kuivert. Dès son arrivée, le nouveau coach a fait une annonce tonitruante. Deux stars vainqueurs de la coupe des Continents viennent rejoindre le club. La nouvelle va laisser notre Cizo pantois. Est-ce que ça va l’aider à lui à faire son choix ? En attendant, dans quelques jours, il va participer à un grand match caritatif au Freedom Mandela Stadium. Les All United vont affronter la Liberty Team dans une rencontre d’anthologie. Place aux dieux du stade !

    © Aré, Dottori – Kennes

    Après un premier cycle de cinq albums, ce sixième épisode des aventures de Cizo est un album de transition. Le footballeur est en pleine réflexion sur son avenir. Le dessinateur Aré créé une respiration en deux parties. La première partie tourne autour des vacances à Corfou, la seconde ravira les fans d’action avec le match amical réunissant les All Stars du ballon rond. Dans cette bande dessinée animalière, l’auteur ne cache pas son amour pour l’univers Disney (Il travaille pour le journal de Mickey) et les Looney tunes. On croisera ainsi Donald, Picsou, Dingo, Gontran Bonheur, mais aussi Pépé le putois. En fin d’album, un carnet de recherches et croquis met en valeur le travail de l’auteur.

    © Aré, Dottori – Kennes

    Le Mercato n’a jamais été ni aussi Chaud, ni aussi Show. Cizo est au cœur de toutes les curiosités et de toutes les convoitises. L’album n’est pas réservée qu’aux fans du ballon rond, car, au-delà du foot, c’est bel et bien l’amitié qui est le réel sujet de l’aventure. 


    Série : Cizo

    Tome : 6 – Mercato Show

    Genre : Sport

    Scénario & Dessins : Aré

    Couleurs : Alessandra Dottori

    Éditeur : Kennes

    ISBN : 9782931300183

    Nombre de pages : 64

    Prix : 13,95 €


  • Fuck ze tourists
    par Laurent Lafourcade

    Voyage au bout de la connerie

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    « -Encore un canal ! Ils les ont gratuits ou quoi ?! On abandonne cette valise, ma choupinette, Pff ! Pff ! Elle nous retarde !

    -Jamais ! Je préfère encore me couper un sein ! Pour rappel, lapin, dans cette valise, il y a le gorgonzola que j’ai acheté pour remercier la voisine d’avoir nourri nos perruches et fouiné partout dans la maison. »

    Un couple de touristes n’est pas franchement ravi de son séjour à Venise : des canaux partout, du mal à se repérer sur « gougle maps».  La connexion satellite semble déconner. L’agence de voyage ne perd rien pour attendre ! Il leur tarde de retrouver le bateau de croisière qui les a déposés pour l’escale. Malheureusement pour eux, ils vont se retrouver au beau milieu d’une manifestation anti-touriste organisée par des vénitiens excédés de voir leur belle cité des doges envahie par trente millions de touristes chaque année. Ceci est la première des histoires de ce recueil signé Zidrou et Maltaite qui nous fait faire le tour du monde, non pas pour visiter le globe, mais pour se moquer avec plus d’acidité que de tendresse, du tourisme de masse.

    © Maltaite, Zidrou – Fluide glacial

    Même les animaux locaux sont désabusés face au ridicule des détenteurs de perches à selfies. C’est le cas de ces deux lamas, dans les hauteurs du Machu Picchu, posant aux côtés de trépanés du cervelet pour des photos qu’ils publieront sur Crétinstagram. Qu’ils se rassurent, leurs potes dromadaires côtoient les mêmes énergumènes en Egypte.

    Quelle déception pour ce groupe de filles débarquant dans la station de Val d’Hiver. Monsieur Fusk a privatisé tout le domaine pour son bon plaisir et celui de sa onzième épouse. Quelle déception pour ces migrants débarquant sur un boat people devant un par terre de touristes les attendant pour les prendre en photo : ils ne seront pas chaleureusement accueillis parce que ces derniers doivent se dépêcher de repartir pour arriver avant la nuit sur le site de l’incendie qui ravage un parc naturel voisin.

    © Maltaite, Zidrou – Fluide glacial

    Un safari-photo, une visite de camp de concentration, Bruxelles, New-York, Barcelone, une île paradisiaque, les auteurs ne lésinent pas sur les frais de voyage. Zidrou dénonce le pathétisme des voyages low cost, le ridicule des city trips et l’égocentrisme des réseaux sociaux. Dans les plus belles villes, les locaux ont du fuir le centre pour laisser place aux touristes avec leurs portables et leurs tee-shirts niais. Zidrou n’invente rien. Il lui suffit de grossir à peine un poil le trait pour faire rire. Même le tourisme de catastrophe existe, et ça, ça ferait plutôt pleurer.

    Le réalisme souple d’Eric Maltaite apporte le côté décalé nécessaire à ce genre de comédie dramatique. Le dessinateur rajoute des détails dans tous les coins faisant de cet album d’humour, chose rare, un album qui se relie. Il y a de quoi voir dans tous les coins de cases et l’on peut s’amuser à retrouver en arrière-plans certains touristes d’histoire en histoire. De la bimbo qui n’a plus grand-chose de naturel au couple gay en passant par les mangeurs de glace, tous sont là au rendez-vous.

    Hosmane Benahmed a terminé avec respect les couleurs de l’album, commencées par Philippe Ory, occasion de rendre hommage à ce talentueux coloriste décédé pendant la réalisation du livre.

    © Maltaite, Zidrou – Fluide glacial

    Le titre et la couverture ne sont peut-être pas des plus vendeurs, mais Fuck ze tourists est bel et bien un album d’ « Umour et Dérision » dans la grande tradition fluide glacialesque qui invite, qui plus est, à se retourner sur nos propres comportements en voyage.


    One shot : Fuck ze tourists

    Genre : Humour

    Scénario : Zidrou

    Dessins : Eric Maltaite

    Couleurs : Philippe Ory & Hosmane Benahmed

    Éditeur : Fluide glacial

    ISBN : 9791038207295

    Nombre de pages : 56

    Prix : 15,90 €


  • Lunatique. Le fanzine de l’espace
    par Laurent Lafourcade

    Poésie orbitale

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    « -Mon chéri ?

    -Oui ?

    -Pourquoi y’a un cheval dans la cuisine ?

    -C’est le serveur tout à l’heure, j’ai commandé un chocolat et d’autres trucs, il a confondu.

    -Il a confondu ta commande avec un cheval ?

    -Oui. »

    Un spationaute a été embauché parce qu’il était rigolo. Le problème, c’est qu’il est aussi couillon et risque de se prendre un astéroïde sur le casque. Par chance, il arrive à s’asseoir dessus. Espérons que sa faute professionnelle ne le fasse pas virer. M’enfin, la vue est belle. Si Mémé pouvait voir ça. Les réflexions de l’astronaute scandent ce petit album poétique, le tout premier de l’autrice basque Amaia Carrère.

    © Amaia Carrère

    Dans Le client, un homme est attablé. Voici venir le serveur, nœud papillon et serviette pendante sur l’avant-bras. Le soi-disant client prend ses aises et sort un livre. Il ne souhaite pas consommer. Ça va un petit peu énerver le garçon de café. Le client va se laisser tenter pour calmer le vendeur. Boisson ? Croissant ? Muffin ? Le service correspondra-t-il bien à la commande ?

    Dans Jambon de tamanoir, deux personnages sont en train de dîner. Que sont-ils en train de déguster ? Du tamanoir. D’après Michel Cymès, un changement d’alimentation peut relancer le désir dans le couple. On verra bien s’il dit vrai.

    © Amaia Carrère

    Retour dans l’espace avec Cosmo Story où l’on va apprendre qu’il n’y a pas toujours qui l’on croit sous un scaphandre.

    Novembre 2023. Amaia Carrère n’a plus de projet professionnel en vue. Elle s’emmerde (sic) et manque de magnésium. C’est alors qu’un coup de fil va bouleverser sa vie. Elle est invitée dans un festival de BD six mois plus tard. Encore faut-il avoir quelque chose à vendre. Au boulot ! Elle qui n’avait jusqu’à présent publié qu’un livre pour enfants va se lancer pour la première fois dans la bande dessinée, en auto-édition. C’est ainsi qu’est né Lunatique, au dessin minimaliste et épuré, mettant en valeur des dialogues théâtraux surréalistes. L’autrice est partie pour une trilogie poétique.

    © Amaia Carrère

    Lunatique signifie d’humeur changeante. Avec cet adorable petit album, il veut aussi dire d’humour changeant. Disponible en français ou en euskara, la langue basque, sur www.amaia-carrere.com.


    One shot : Lunatique. Le fanzine de l’espace

    Genre : Humour poétique

    Scénario, Dessins & Couleurs : Amaia Carrère

    Éditeur : Auto-édition

    Nombre de pages : 56

    Prix : 14 €


  • Boulevard Tintin – Les coulisses d’une œuvre 6 – L’oreille cassée – 7 – L’île noire
    par Laurent Lafourcade

    Boulevard Tintin – Les coulisses d’une œuvre 6 – L’oreille cassée / 7 – L’île noire

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    Au-delà de l’Atlantique, au-delà de la Manche

    « -Pif ! Paf ! Pan !… Je suis mort !… Vive le général Alcazar et les pommes de terre frites !

    -Vous conduire à l’Île Noire ?… Pas pour tout l’or du monde ! Je tiens à la vie, moi, jeune homme ! »

    1935. Après Le lotus bleu, L’oreille cassé n’est que le deuxième album de Tintin au scénario savamment structuré. L’aventure commence en décembre 1935 dans le Petit Vingtième. Une statuette est dérobée au Musée ethnographique et remplacée par une fausse.  L’enquête amène Tintin en Amérique du Sud sur fond de conflit armé entre deux pays imaginaires, pendants de la Bolivie et du Paraguay en pleine guerre du Chaco. Hergé signe une histoire policière aux multiples rebondissements. L’histoire est construite avec moins de rigueur mais plus de spontanéité que Le Lotus Bleu. L’oreille cassé est un véritable feuilleton construit au fil des semaines. Hergé interagit avec les lecteurs du Petit Vingtième, avec des énigmes régulières à résoudre. Polar tout aussi comique que tragique, l’aventure n’en est pas moins une satire politique et militaire. Avec ce récit multi-facettes, Hergé ratisse large et conquiert un large public, des enfants aux adultes.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    1937. Ce n’est pas l’Atlantique que Tintin va traverser, mais tout simplement la Manche. Alors qu’il se promenait dans la campagne avec Milou, Tintin se fait tirer dessus par les aviateurs d’un avion qui semblait en panne. Lors d’une visite des Dupondt à la clinique, notre reporter apprend qu’un avion de tourisme ressemblant à celui qu’il a vu s’est écrasé dans le Sussex en Angleterre. Il décide de se rendre sur place, mais ce n’est pas du goût de tout le monde, notamment du voyageur d’un train qui l’accuse de vol afin qu’il se fasse arrêter et ne puisse pas partir. Ce sera peine perdue. Tintin va aller jusqu’en Ecosse pour tenter de confondre un trafic de faux-monnayeurs, et se trouver confronté à un gorille effrayant.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Dans les coulisses de L’oreille cassée, on nous rappelle que si la tribu des Arumbayas est totalement imaginaire, le musée ethnographique dans lequel commence l’histoire existe bel et bien. Grâce notamment à des planches que l’on découvre en avant-première de la version colorisée de la première version à paraître en 2027, on revient sur cette fameuse scène disparue dans la dernière mouture où un indien souffle une flèche empoisonnée sur Tintin endormi… mais ce n’était qu’un rêve. On profite des merveilleuses couvertures du Petit Vingtième : la villa Rayon de Soleil dans la nuit, Ramon et Alonzo face au perroquet livrant son secret, Tintin devant le peloton d’exécution, et bien d’autres… L’oreille cassée, c’est aussi la première rencontre avec l’un des personnages secondaires mythiques de la franchise : le général Alcazar. Tintin croisera également la route de Ridgewell, explorateur que tout le monde croyait mort, inspiré par l’archéologue Percy Fawcett et l’ethnographe Robert de Wavrin. On s’attardera évidemment sur la seule scène allégorique de tout Tintin en fin d’album.

    Pendant ce temps, Jo et Zette sont confrontés au Rayon du mystère (sublime projet de couverture carrée) tandis que Quick et Flupke raillent la guerre italo-éthiopienne.

    Cet épisode est l’occasion de se replonger dans Hergé face à son fétiche, ouvrage passionnant signé Patrice Guérin, autre hergéologue réputé, paru chez 1000 sabords.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Dans les coulisses de L’île noire, contrairement à l’épisode précédent aux lieux imaginaires, on retrouve Tintin dans des décors et des pays existants. Il va franchir la Manche d’Ostende à Douvres, avec Milou, alors que le petit chien n’aurait pas dû pouvoir le faire à cause des règles sanitaires en vigueur pour les animaux. Là-bas, ils traverseront des villages fictifs et de réels décors inspirés de cartes postales, des falaises d’Ecclessbourne aux maisons typiques du Sussex. Le terrible Docteur Müller fait son apparition, ainsi que, bien avant les Bijoux, une pie voleuse… de clé de garage de pompiers. Un extrait d’un carnet de notes de Hergé montre comment l’auteur préparait une scène. On profite des incroyables illustrations hors texte intégrée à l’album Casterman de 1938. On remarque les différences, notamment au niveau des véhicules, entre les différentes éditions, car, de tous les albums, L’île Noire est celui qui a connu le plus de refontes.

    Cet épisode est l’occasion de se replonger dans Les îles noires d’Hergé, ouvrage très pointu signé Ludwig Schuurman, paru chez Georg et qui propose l’étude comparée des trois versions de l’album.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    On ne peut pas conclure cette chronique sans un mot pour Philippe Goddin qui vient de nous quitter. Icône des tintinologues, l’homme restera le plus grand exégète de tous les temps de l’univers de Hergé. Il a ouvert la voie à de nombreux auteurs qui se sont penchés sur l’œuvre du maître. Sans lui, vous ne liriez peut-être pas cette chronique aujourd’hui. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau. Mais ce n’est pas tout. Quand on a fini de lire Goddin, on peut recommencer à lire Goddin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.



    Série : Tintin Hergé Les coulisses d’une œuvre

    Tomes : 6 – L’oreille cassée/ 7 – L’île noire

    Genre : Aventure

    Auteur : Philippe Goddin

    Avec la participation de : Dominique Maricq

    Scénario & Dessins : Hergé

    Éditeur : Moulinsart

    ISBN : 978281044-1693/-2010

    Nombre de pages : 108

    Prix : 19,95 €


  • Strange Fruit La chanson d’Abel
    par Laurent Lafourcade

    Biographie d’une chanson de Billie Holiday

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    « -Toujours pas de nouvelle de Billie…

    -Elle est imprévisible… Elle est partie en tournée, en plus… Humpf ! (…) Ecoutez, je suis désolé, je pense qu’il ne faut pas compter sur Billie pour « Strange Fruit ». La politique, c’est pas son truc.

    -Oui, mais vous disiez sur tout le monde trouve cette chanson très belle…

    -Oui, ça n’est pas ça le problème.

    -Alors, laissez-moi la chanter… »

    Inspiré par la photo de deux noirs lynchés par tout un village, Abel Meeropol a écrit une chanson. Elle s’appelle « Strange Fruit »… Fruit étrange… Comme si ces cadavres étaient des fruits suspendus à la branche d’un arbre. Cette chanson, Billie Holiday l’a chantée. Aujourd’hui, des années après, dans la loge de l’artiste, tous deux se remémorent la première fois qu’ils se sont rencontrés, il y a vingt ans, et l’histoire de cette chanson pas comme les autres. Comment un inconnu a-t-il pu entrer en contact avec une star ? Comment un petit prof de lycée est-il parvenu à convaincre l’une des chanteuses les plus en vue d’interpréter ce qui s’apparente à un brûlot politique ? « Southern trees bear a strange fruit… »

    © A.Dan, Hazard – Dupuis

    Nous sommes en 1939. Billie Holiday a grandi dans le Nord. Elle ne connaît rien aux lynchages dans le Sud. Alors, une chanson qui parle des corps noirs qui se balancent dans la brise, les yeux révulsés et la bouche déformée, ça risque de détoner dans la discographie de la métisse. Pour son agent, il est grand temps que les artistes noirs prennent la parole sur ce genre de sujets. Elle va y réfléchir. Elle tarde à se décider. La femme d’Abel propose de l’interpréter, mais son style n’est pas assez jazz. Meeropol doit-il se contenter d’écrire des textes moins engagés ? Il ne peut écrire que sur ce qui le touche, mais ce n’est pas ça qui va l’aider à boucler son loyer. Quelques semaines plus tard, l’artiste va accepter de mettre la chanson à son répertoire.

    © A.Dan, Hazard – Dupuis

    C’est en découvrant la photo du lynchage de Thomas Shipp et Abram Smith, suspectés de meurtre, dans l’Indiana en 1930, avec les sourires des spectateurs barbares, puis en découvrant qu’elle avait inspiré Abel Meeropol pour l’écriture d’une chanson, que Vincent Hazard s’est intéressé à l’histoire de cette chanson. Il a d’abord écrit une fiction à ce sujet pour l’émission Autant en emporte l’histoire, de Stéphanie Duncan sur France Inter, en 2020. Aujourd’hui, l’histoire devient une bande dessinée et nous amène au plus profond d’une Amérique raciste. Avec son frère Laurent, il est parti enquêter aux Etats-Unis, sur les traces du New York des années 30 et 40, dans les pas de Billie et d’Abel, allant même jusqu’à rencontrer Michael Meeropol, fils adoptif d’Abel et dont les véritables parents étaient Ethel et Julius Rosenberg, accusés d’espionnage avec l’union soviétique et condamnés à mort.

    A.Dan met musicalement l’aventure de cette chanson en image. C’est bien cette chanson qui est la véritable héroïne de l’histoire. Ce n’est pas Billie. Ce n’est pas Abel. C’est bien autour d’elle que tout tourne. Bien sûr, on est au cœur des préoccupations et des tourments de son auteur ; bien sûr, on est au cœur des affres et des déboires de son interprète. Mais c’est bien elle, la chanson, qui donne le ton. Des petits clubs de jazz miteux de Harlem jusqu’au Carnegie Hall, A.Dan dessine le parcours de « Strange Fruit », dans une ambiance tout aussi jazzy que parfois glauque. La couverture, sublime, sur laquelle Abel marche dans la rue, la nuit, et que l’ombre lumineuse de Billie éclaire le mur de briques, résume parfaitement le ton du récit.

    © A.Dan, Hazard – Dupuis

    Strange Fruit est un album musical témoignant d’une époque charnière de l’Histoire de l’Amérique. C’est un des événements de l’année qui prouve encore une fois que la désormais mythique collection Aire Libre ne commet aucun faux pas.


    One shot : Strange Fruit La chanson d’Abel

    Genre : Biopic

    Scénario : Vincent Hazard

    Dessins & Couleurs : A.Dan

    Éditeur : Dupuis

    Collection : Aire Libre

    ISBN : 9791034768523

    Nombre de pages : 128

    Prix : 26 €


  • Asadora ! 9
    par Laurent Lafourcade

    Love & Monster

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    « -Un déserteur… Ils en parlent souvent aux actualités… De la guerre du Vietnam ?

    -Yes, Vietnam.

    -Mais… Qu’est-ce que je peux faire ? Euh…. I… Euh… Help… Aïe want help… Euh… Comment on peut faire ? Et pourquoi quelqu’un qui chante une si belle chanson doit partir à la guerre ?! »

    Nous sommes en 1968. Asa a maintenant 21 ans. Elle vient de rencontrer un charmant jeune homme qui chante une charmante chanson avec une charmante guitare dans un recoin caché d’une rue sordide. Lui ne parle qu’anglais, elle le japonais. Elle parvient à baragouiner quelques mots dans la langue de Shakespeare. Elle comprend qu’il a déserté les troupes américaines pour éviter de faire la guerre au Vietnam. Il est caché dans l’appartement d’une femme qui n’apprécie pas trop la présence d’Asa. Elle le ramène manu militari, c’est le cas de le dire, à domicile pour qu’il ne se fasse pas repérer. La situation laisse Asa abasourdie. Elle laisse sur place un message où elle écrit qu’elle sera là tous les jours à 19 h pour l’attendre.

    © 2025 Naoki URASAWA All rights reserved
    © KANA 2025

    Dans le méli-mélo des recherches du professeur Yodogawa, Keiichi Nakaido, son ancien assistant, cherche de la documentation sur le monstre inconnu qui hante les eaux territoriales de l’archipel. Dans une lettre d’un certain Ramos, du Timor oriental, il trouve la photo d’une étrange créature mi-humaine, mi-fantasmagorique. Est-ce un habitant déguisé avec un masque pour une coutume locale ? Est-ce autre chose ? Le mystère est entier. Yamakura, journaliste au Daily Every Sport, mène aussi son enquête. Il affirme qu’une société secrète installée le long de la côte de Bôsô, en passant par Tokyo, jusqu’à la péninsule de Miura, aurait à sa tête une sorte de gourou qui prétend que la paix dans le monde existe parce qu’il combat les monstres.

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    © KANA 2025

    Forces de l’ordre, politiciens, journalistes, anciens flics, curieux, ce monstre, c’est Charlie ou quoi ? Tout le monde le recherche. En quatre ans, Asa a effectué 104 sorties aériennes. Elle a affronté la bête à 19 reprises et lui a tiré sept fois dessus avec des roquettes. Est-ce grâce à elle ? En tous cas, la bête n’a jamais atteint le rivage. Naoki Urasawa, osons-le le dire, le meilleur mangaka du monde, poursuit le feuilleton Asadora ! Il applique la méthode « Jaws – Les dents de la mer ». Le monstre, comme le requin, tout le monde en parle mais on ne le voit quasiment pas. Urasawa mêle savamment les scènes où il en est question avec la vie d’Asa, qui évolue. Elle a bien grandi. Elle est adulte et gère sa société d’aviation. Aujourd’hui, elle tombe amoureuse. Laissera-t-elle partir à la guerre River, l’homme qu’elle aime, et avec qui elle n’a pas encore conclu ?

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    © KANA 2025

    Asadora ! est une saga dont l’action se déroule et va se dérouler sur de nombreuses années, avec des personnages qui fatalement vont vieillir, promet Urasawa. L’auteur signe encore une série incroyable. Incroyable ? Incroyable ! Quel auteur, de manga, de bande dessinée, de littérature ou de quoi que ce soit, peut se targuer de faire se succéder les coups de maître dans sa bibliographie ? Personne ! 20th century boys, Monster, Billy Bat, Pluto… Personne ? Ha, si, Naoki Urasawa.


    Série : Asadora !

    Tome : 9

    Genre : Aventure Shonen

    Scénario & Dessins : Naoki Urasawa

    Éditeur : Kana

    Collection : Big Kana

    ISBN : 9782505134312

    Nombre de pages : 176

    Prix : 7,90 €


  • Marilou 3 – Mission sauvetage
    par Laurent Lafourcade

    Change pas de chêne !

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    « -Et toi, Marilou, tes parents, ils font quoi ?

    -Ils…

    -…ont un gîte trop moche qui va bientôt disparaître.

    -Tu… Tu dis n’importe quoi !!!

    -Quand je dis trop moche ou qu’il va bientôt disparaître ? ha ha !

    -Les deux !

    -Figure-toi que j’ai une excellente nouvelle à t’annoncer. Une exclu mondiale !!! En direct des coulisses secrètes du pouvoir, que même les services secrets, ils sont pas au courant. »

                    Les parents de Marilou tiennent un gîte avec chambres d’hôtes à la campagne. Les vacances d’été sont terminées, les derniers vacanciers viennent de repartir. Les prochains n’arriveront que dans quelques semaines. En attendant, c’est la rentrée scolaire et Marilou, vous vous en doutez, est ravie de retourner en classe. Le jour J, papa et maman l’accompagnent. Ils vont en profiter pour demander à Madame le Maire s’il reste des places pour tenir un stand à la fête de la figue afin de faire connaître leur gîte. M.Pirouli sonne la cloche. C’est l’instituteur de la classe unique. Pour sa première rentrée à Coucoul-sur-Mouflon, son nouveau village, Marilou va-t-elle se faire des amis ? Elle retrouve déjà Erwann et Max, les deux débiles qui cassent les pieds à tout le monde. Va falloir s’y faire. Bon, déjà, Marilou n’est pas toute seule puisque l’oiseau Gédéon s’est planqué dans son sac.

    © Dutto, Toulmé, Cantreau – Delcourt

                    Marilou se fait rapidement une copine en la personne d’Albertine. A la récré, le « sympathique » Erwann lui apprend que les jours du gîte de ses parents sont comptés parce qu’un hôtel va être construit au village. Le fils de la Mairesse est déjà au courant de ce scoop qui va être annoncé en grandes pompes lors de la fête de la figue. Et ce n’est pas tout ! Pour construire cet hôtel, le grand chêne centenaire dans lequel habite le moineau Gédéon depuis six générations va être abattu. Pour Marilou, la situation est inacceptable. Il va falloir trouver une stratégie pour empêcher que le projet aboutisse. Facile à dire…

    © Dutto, Toulmé, Cantreau – Delcourt

                    Après une histoire touchante sur l’intégration des handicapés, et en particulier l’inclusion des trisomiques dans la société, les auteurs s’attaquent à un sujet écologique, avec une double problématique : la préservation de la nature et le tourisme de masse. Fabien Toulmé, l’auteur-voyageur qui raconte le monde, entre autres, responsabilise les enfants en les impliquant dans une démarche éco-citoyenne. Sous les couleurs BenBK-issime de Maëlys Cantreau,Olivier Dutto, créateur des p’tits diables, trouve dans les histoires de Marilou l’occasion de varier les décors et de proposer un milieu bucolique dans lequel on rêverait d’habiter, pas comme dans la ferraillerie de Jo le basque.

    © Dutto, Toulmé, Cantreau – Delcourt

                    Le complexe hôtelier sera-t-il construit ? Le vieux chêne sera-t-il abattu ? Vous le saurez en lisant Mission sauvetage, troisième tome des aventures de notre nouvelle copine à tous : Marilou !


    Série : Marilou 

    Tome : 3 – Mission sauvetage

    Genre : Aventures humoristiques

    Scénario : Fabien Toulmé

    Dessins : Olivier Dutto

    Couleurs : Maëlys Cantreau

    Éditeur : Delcourt

    Collection : Jeunesse

    ISBN : 9782413086017

    Nombre de pages : 120

    Prix : 10,50 €


  • Gen War La guerre des générations Level 3 – Bastos à la playa !
    par Laurent Lafourcade

    Aïe Aïe Senior Météo !

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    « -Bizarre, cette canicule en plein mois d’avril, non ? En tous cas, y en a que ça n’a pas l’air de déranger. Hein, les feignasses de merde ! Regarde-moi ça ! Pour fumer des joints en écoutant du rap, ils sont fortiches, mais dès qu’il s’agit de cotiser pour nos retraites y a plus personne ! Une bonne guerre ! Voilà ce qu’il leur faudrait. »

    Dans l’univers post-apocalyptique dévasté de Gen War, les vieux ne supportent plus l’oisiveté des jeunes. Il leur faudrait une bonne guerre pour qu’ils apprennent la vie. Ça tombe bien, y’en a une, mais il en faudrait une plus grosse, comme la deuxième guerre mondiale par exemple. Mais voilà l’idée de génie pour rendre la vie impossible aux jeunes. Cela résoudrait les problèmes du rap, du bruit et des joints. Peut-être même qu’ils se mettraient à bosser et à cotiser pour les retraites. Du côté des jeunes, les boutonneux préparent la contre-attaque en cherchant un nouvel ennemi aux vieux, pour qu’ils leur lâchent les baskets. Dans les deux clans, les solutions envisagées ne semblent pas optimales pour tous.

    © Mo/CDM – Fluide glacial

    Jeunes comme vieux vont se retrouver dans un combat commun : celui contre le réchauffement climatique dû aux appareils connectés des gamins pour les uns, à la consommation à outrance des ancêtres pour les autres. Madame Lachatte Gépétay leur apportera-t-elle la réponse ? Faudrait pas qu’il y ait une couille au niveau des bits ! La nouvelle mission de tous va être de coloniser la côte pour profiter de la fraîcheur de l’océan. Qui seront les plus rapides ? Les meilleurs adversaires vont devoir s’unir dans l’adversité pour faire face à de redoutables ennemis. La guerre des générations va exploser de son cadre pour une survie à toute épreuve.

    © Mo/CDM – Fluide glacial

    Après la parution simultanée des deux premiers « Levels », Mo/CDM remet les générations en opposition pour un troisième tour de piste où jeunes et vieux, contre toute attente, vont être amenés à se serrer les coudes. Dans cette farce philosophique, le dessinateur traite d’écologie, de réchauffement climatique, de surconsommation et de pollution numérique avec un humour décapant. Ce n’est pas pour rien qu’il a reçu en 2024 le prestigieux prix Marcel Gotlib au Salon du Livre de Paris pour son album précédent : Tirez sur mon doigt monsieur le Président.

    © Mo/CDM – Fluide glacial

    Jeune ? Vieux ?… Choisis ton camp ! Au tribunal Jérôme Cahuzac ou à la bibliothèque Philippe Bouvard, tout comme au centre commercial Kylian Mbappé Samsung BNP, il y aura toujours quelqu’un pour vous accueillir.


    Série : Gen War La guerre des générations

    Titre : Level 3 – Bastos à la playa !

    Genre : Humour

    Scénario, Dessins & Couleurs : Mo/CDM

    Éditeur : Fluide glacial

    ISBN : 9791038208223

    Nombre de pages : 56

    Prix : 15,90 €


  • Albertine a disparu
    par Laurent Lafourcade

    Inspiré de faits réels

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    « -Salut Gilles, tu viens pour le conseil municipal de vendredi ? Je serai là, tu peux compter sur ma voix pour la subvention de la nouvelle salle des fêtes.

    -Non, je viens pour Albertine. Tu as des nouvelles de ta belle-mère ? »

    Juillet 2022. Un petit village de campagne. Gilles, le Maire, est inquiet. Il en va de sa responsabilité de s’occuper des anciens. Ça fait longtemps que personne n’a de nouvelles d’Albertine Buisson, 99 ans, du hameau de la Noue. Il se trouve qu’Albertine est la belle-mère de Roselyne, l’une des conseillères municipales de la bourgade, mais ça fait 41 ans qu’elles ne se parlent plus. Elle déteste ses belles-filles. La dernière fois qu’elle l’a vue, c’était il y a vingt ans, lorsque la vieille dame a enterré son mari. Christian, son fils, le mari de Roselyne, lui apporte à manger toutes les semaines. En ce moment, Christian ne va pas fort. Le Covid a mis ses poumons dans un sale état. Gilles, Monsieur le Maire, se rend chez la mamie. Le portail est clos et une haute murette borde le jardin.

    © Bizzarri, Vignolle, Guerrier – Glénat

    Gilles est préoccupé par les seniors de sa commune vieillissante de 1400 habitants. Il se trouve que sa mère est aussi très âgée. Fort occupé par sa fonction, il sait qu’il ne lui consacre pas assez de temps. Cette année, plutôt que d’envoyer ses conseillers à leur rencontre, il décide de le faire lui-même, d’occuper le terrain, même si c’est chronophage. C’est le cas Albertine qui va prendre la majeure partie de son temps. Suite à l’hospitalisation de son mari, Roselyne avoue à son édile ce que lui a confié celui-ci avant de tomber dans le coma, un lourd secret, inavouable, un événement improbable, qui dépasse l’entendement, quelque chose au sujet d’Albertine qui va bouleverser la vie de la commune…

    © Bizzarri, Vignolle, Guerrier – Glénat

    François Vignolle et Vincent Guerrier sont respectivement coordinateur des enquêtes police/justice à RTL et M6 et rédacteur en chef de l’hebdomadaire Le Perche. Si l’on précise le véritable métier du duo de scénaristes de cet album, c’est parce que l’histoire racontée ici est inspirée de faits réels. Ils ont suivi l’affaire dans leurs médias respectifs. Ils ont rencontré les principaux protagonistes de ce faits divers et ont reconstitué au plus près tout ce qui s’est passé. Ils le racontent ici du point de vue du Maire, qui s’est trouvé au cœur de la famille de la disparue, d’autant plus que la bru d’Albertine n’est autre qu’une conseillère municipale. L’angle scénaristique met le lecteur dans la peau du premier magistrat. On se questionne en même temps que lui. Lui-même se remet en question, et par là même nous aussi, par rapport à sa propre mère qui vieillit, avec notamment une scène finale d’une grande émotion.

    © Bizzarri, Vignolle, Guerrier – Glénat

    Le dessinateur Vincenzo Bizzarri adopte un style réaliste souple, à la Davodeau, à la Moynot, deux auteurs qui auraient très bien pu dessiner ce polar campagnard. De grandes cases, peu de textes, tout invite à se plonger au cœur des grandes étendues, tout invite à s’interroger sur nos liens avec nos aînés. Tout semble laisser le temps de le faire.

    Drame social d’ambiance, Albertine a disparu est ce genre d’histoires après laquelle on n’est plus tout à fait le même après l’avoir lue. Peut-être parce que c’est une histoire vraie. Peut-être parce qu’on a tous une Albertine dans notre famille. Un choc.


    One shot : Albertine a disparu

    Genre : Polar rural

    Scénario : François Vignolle & Vincent Guerrier

    Dessins & Couleurs : Vincenzo Bizzarri

    Éditeur : Glénat

    ISBN : 9782344062340

    Nombre de pages : 144

    Prix : 23 €


  • Les omniscients 6 – Le chemin des dieux
    par Laurent Lafourcade

    Changements d’alliances

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    « -Les vieux dieux viennent d’annoncer l’ultime épreuve ! Ils sont fous !

    -C’est quoi, l’épreuve ?

    -Je l’avais dit qu’ils étaient devenus dingos, hein ! J’avais prévenu !

    -Ouais, ouais, tu l’avais dit, ok. Alors, c’est quoi l’épreuve finale ? »

    Au cœur de New-York, dans la villa que l’Etat a mise à disposition des omniscients, Diego déboule avec l’annonce des vieux dieux : l’ultime épreuve va débuter. Entre les omniscients et les iconoclastes, le gagnant sera le premier à rejoindre les dieux sur leur territoire retiré d’où ils observent le monde afin d’en récolter toutes les connaissances. Le gros délire ! C’est de la mythologie ! On ne se rend pas chez des dieux. La croyance, c’est immatériel. Chez les omniscients, c’est au tour d’Albert, intuitif et connecté aux émotions de concourir. Dans le camp adverse des iconoclastes, Kate, qui lit dans les pensées, est désignée. L’équipe du vainqueur décidera si les dieux continuent la collecte du savoir absolu ou pas !

    © Dugomier, Castellani, Bekaert – Le Lombard

    Pendant que le duo est en pleine compétition, un iconoclaste décide de faire cavalier seul. C’est Jimmy. Ce dernier cherche à prendre le contrôle du territoire Tazmède. L’ambitieux pourrait en faire une dictature. Elu à l’unanimité par le congrès, il embrigade la foule, revendiquant son savoir absolu, en prétextant réfléchir et penser à sa place. La présidente espère intéresser les jeunes à la connaissance et à la formation. Mais a-t-elle bien géré la gestion des omniscients et des tazmédistes ? Quant au Docteur Schweitzer, arbitre de la compétition, il aurait un petit penchant pour la victoire des omniscients. Tant que ça reste personnel et pas public, après tout !

    © Dugomier, Castellani, Bekaert – Le Lombard

    Avec ce sixième épisode, Vincent Dugomier donne un tournant politique à la série. Embrigadement des foules, fanatisme politique, Jimmy pourrait être le fils de Donald Trump et de son vice-président J.D.Vance. Par son pouvoir d’endoctrinement, Jimmy lobotomise la foule. En face, il va falloir revoir les alliances pour contrer la dictature. Les omniscients est beaucoup plus une série psychologique qu’une série d’action. Pas toujours facile pour Renata Castellani de mettre ses capacités en valeur. Ici, elle va en avoir l’occasion, avec l’escalier invisible qui mène au domaine des dieux. Un aperçu en est donné sur la couverture. C’est encore plus impressionnant à l’intérieur.

    © Dugomier, Castellani, Bekaert – Le Lombard

    Leur pouvoir est le savoir absolu, mais savoir, est-ce pouvoir ? Omniscients et iconoclastes vont devoir tout tenter pour que le monde ne sombre pas du côté obscur. La tension monte d’un cran.


    Série : Les omniscients

    Tome : 6 – Le chemin des dieux

    Genre : Thriller fantastique

    Scénario : Vincent Dugomier

    Dessins : Renata Castellani

    Couleurs : Benoît Bekaert & Antoine Lapasset

    Éditeur : Le Lombard

    ISBN : 9782808214827

    Nombre de pages : 48

    Prix : 13,95 €


  • Artifices Un magicien en Algérie
    par Laurent Lafourcade

    Magie blanche dans la face sombre de la colonisation

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    « -Bonjour. Colonel de Neveu. Chef du bureau politique de l’armée française à Alger.

    -Je sais qui vous êtes. J’avais demandé à mon secrétaire de ne pas accepter ce rendez-vous.

    -Je ne suis pas un homme à qui l’on refuse grand-chose !

    -Alors vous êtes un homme qu’on a mal renseigné. J’ai pris ma retraite. Je ne donne plus aucun spectacle.

    -J’ai entendu cela. Mais j’ai du mal à croire que le grand Jean-Eugène Robert-Houdin, le père de la prestidigitation moderne, puisse tourner le dos à son pays alors que celui-ci a tellement besoin de lui ! »

    Algérie 1856. L’armée française est mise en déroute par la population locale qui use de magie et d’hypnose pour lutter contre l’envahisseur. Les soldats se voient attaqués de scorpions alors qu’ils ne sont qu’illusion. A Blois, le colonel de Neveu, chef du bureau politique de l’armée française à Alger, vient rencontrer le grand Jean-Eugène Robert-Houdin, le père de la prestidigitation moderne, afin de le convaincre de donner un coup de main à son pays. Il ne va pas être facile à convaincre, ayant du mal à imaginer ce que la France peut attendre d’un saltimbanque comme lui. Et puis, il a pris sa retraite. Il ne faudra que quelques jours pour qu’il change d’avis. S’il peut empêcher le massacre de milliers de soldats et de civils, il veut bien remonter sur scène, en Algérie, afin de démontrer aux « indigènes », comme l’armée les appelle, que la France maîtrise les mêmes tours de passe-passe que leurs marabouts.

    © Ribas, Mariolle – Daniel Maghen

    Dix ans après, le magicien retrouve les planches de la scène, au théâtre impérial d’Alger. Malgré le poids des ans, une fois la représentation commencée, il retrouve rapidement son talent d’antan. Proposant qu’on lui tire dessus sur scène, il arrête la balle avec ses dents. Mais quel tour ! L’assistance est médusée. Les miracles n’existent pas. La magie, ce n’est que de l’intelligence humaine. Au fil des jours, Robert-Houdin va se trouver au cœur de la guerre. Il échappera à un attentat, se trouvera au beau milieu d’une tempête de sable dans le désert et connaîtra la captivité avant d’affronter Sidi Tahar dans un duel de magie. Qui sera le plus prestigieux illusionniste ? Et cela suffira-t-il à positionner la France en tant que dominatrice dans ce pays qu’elle colonise ?

    © Ribas, Mariolle – Daniel Maghen

    Avec Artifices, les auteurs s’emparent d’une partie méconnue de la vie d’un des fondateurs de l’illusionnisme moderne. En 1856, Jean-Eugène Robert-Houdin a cinquante-et-un ans. Le voilà embarqué dans une entreprise politique au service de l’Etat. Le cahier documentaire en fin d’albums revient sur sa vie en montrant comment le gouvernement français l’a utilisé pour détourner les Arabes des miracles, dixit Charles Baudelaire en personne. On y revient sur le rôle des femmes dans la résistance locale, comme dans l’album avec le personnage de Nélia, inspirée de Lalla Fatma N’Soumer, combattante, stratège et féministe avant l’heure. Comme le conclue le scénariste dans le dossier, toute l’histoire nous invite à nous questionner sur ce que nous croyons voir et savoir dans notre monde saturé d’images. De la scène du théâtre aux dunes du désert, des quartiers chics d’Alger aux traboules de villages kabyles, le dessinateur Julien Ribas invite au voyage.

    © Ribas, Mariolle – Daniel Maghen

    Relatant les derniers éclats, et non pas des moindres, de Robert-Houdin, Artifices, un magicien en Algérie a ceci d’étonnant que les questions que l’histoire soulève sont, 170 ans plus tard, étonnamment d’actualités.


    One shot : Artifices Un magicien en Algérie

    Genre : Histoire

    Scénario : Mathieu Mariolle

    Dessins & Couleurs : Julien Ribas

    Éditeur : Daniel Maghen

    ISBN : 9782356741967

    Nombre de pages : 112

    Prix : 19,50 €


  • Jim Morrison
    par Laurent Lafourcade

    Light my Doors

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    « -Qu’est-ce que tu as foutu aujourd’hui ? Je ne t’ai pas vu de la journée.

    -Quelques musées. J’ai bu quelques verres à droite à gauche. J’ai pensé aux Doors…

    -Aux Doors ? Je croyais que tu ne voulais plus penser aux Doors.

    -Et j’ai visité Le Père-Lachaise aussi… Fascinant cimetière… »

    Paris 1971. Dans un bar de la capitale, un homme est assis seul au comptoir. Un type l’accoste, ayant l’impression de l’avoir déjà vu quelque part. Il lui demande son nom mais ça ne lui dit rien. Il lui chante une chanson. Il lui chante « Love her Madly ». Le refrain rappelle vaguement quelque chose au bonhomme. Et pour cause, l’homme qui buvait tout seul avec sa dépression, c’est Jim Morrison. C’est lui, le chanteur des Doors, qui a interprété cette chanson. Les souvenirs vont remonter à la surface. Embrumé par l’alcool, Morrison revit sa vie, repasse par les moments marquants de son existence. Il quitte le bar et traverse Paris accompagné de ses succès, ses addictions et sa muse. Avec lui, on fondera l’un des plus mythiques groupe de rock de tous les temps et on fera l’amour… sur la musique des Doors… jusqu’au dernier jour.

    © Jef, Bertocchini- Des ronds dans l’O

    Frédéric Bertocchini propose une version éthérée de la vie de Jim Morrison. Jef adopte un style graphique charbonneux. L’album a déjà été publié en noir et blanc chez Emmanuel Proust en 2010. Sous-titré Poète du chaos, il a été traduit en de nombreuses langues. Pour les éditions Des ronds dans l’O, le dessinateur y a ajouté des couleurs. Les dégradés sombres s’insèrent parfaitement à l’univers et donnent un côté Comics polar qui peint l’âme de Morrison. On pourrait presque ranger le livre aux côtes des thrillers de Sean Phillips et Ed Brubaker.

    Le final laisse circonspect. Dans le lancer de la lecture, on ressent comme une frustration, avant de comprendre, avec quelques secondes de recul, que c’était exactement ce qu’il fallait faire. Frédéric Bertocchini pose la conclusion parfaite.

    © Jef, Bertocchini- Des ronds dans l’O

    Le club des 27 est un tristement célèbre rassemblement d’artistes de la musique morts à cet âge-là. Brian Jones, fondateur des Rolling Stones en 1969, Jimi Hendrix, l’un des plus grands guitaristes de tous les temps, en 1970, Janis Joplin, la reine de la soul, en 1970 également, Jim Morrison en 1971, Kurt Cobain, leader de Nirvana, en 1994, et Amy Winehouse, avec sa voix incroyable, en 2011, ont tous le point commun d’avoir brûlé leur vie. Plus ancien, le bluesman Robert Johnson, mort en 1938, est souvent ajouté au groupe.

    Certaines personnes passent sur Terre comme les étoiles filantes traversent le ciel dégagé du mois d’août. Peut-être parce qu’elles ont fait tout ce qu’elles avaient à faire… Ce sont pourtant celles-là que l’on n’oubliera jamais.

    © Jef, Bertocchini- Des ronds dans l’O

    Rock & Folk ne s’est pas trompé. Cet album est l’un des meilleurs biopics consacrés à la compréhension du chanteur des Doors. L’album aurait pu s’appeler Inside Jim Morrison. La porte des Doors ne se refermera jamais.


    One shot : Jim Morrison

    Genre : Biopic

    Scénario : Frédéric Bertocchini

    Dessins & Couleurs : Jef

    Éditeur : Des ronds dans l’O

    ISBN : 9782374181646

    Nombre de pages : 120

    Prix : 24 €


  • Corentin Tréguier 2 – L’improbable revolution de Corentin Tréguier au Royaume-Uni
    par Laurent Lafourcade

    C’est la lutte finale !

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    « -Monsieur l’officier, je suis un passage du SS Commodore, qui, selon toute vraisemblance, vient de quitter le port sans moi. Je ne me souviens absolument pas de ce qui m’est arrive. Je n’ai plus rien sur moi. Pourriez-vous m’aider à…

    -Nom, prénom, origine, papiers d’identité.

    -Tréguier, Corentin, Breton… Enfin, français. Comme je vous l’expliquai, je n’ai rien sur moi.

    -Le vagabondage est interdit à Cardiff, et puni de trois jours de fers et quatre livres d’amende. Suivez-moi. »

                    Mai 1875. Alors qu’il se rendait aux Indes orientales, le botaniste Corentin Tréguier est abandonné à l’occasion d’une escale sur les terres anglaises par l’équipage du bateau qui repart sans lui au petit matin. Pour bénéficier d’un gîte et d’un couvert, Corentin ne va pas avoir d’autre choix que de se faire engager comme mineur dans les mines de charbon de la Rhondda Valley. Dix heures par jour, six jours par semaine pour un salaire de trois shillings et sept pences hebdomadaires. L’usage de la violence contre un supérieur est interdit, de même que les bagarres…sauf dans les périodes de pause. Toute langue non comprise par les contremaîtres (gallois, écossais, irlandais,…) est prohibée, de même que sont interdits rassemblements, réunions et regroupements dans des syndicats. Corentin va bien s’amuser…

    © Hamo, Suarez – Nathan

                    Au fil des jours, dans une correspondance avec sa mère, il lui raconte la dure vie à la mine. Le malheureux voit un sens à sa présence ici, comme au Congo. Il prédit que quelque chose va se passer et qu’il doit y prendre part. Son destin est en marche. Son destin ? Celui de tout le Royaume-Uni ! C’est un coup de grisou qui va changer la donne. Une galerie s’effondre. Il y a des blessés. Il y a des morts. Corentin en sort indemne. C’en est trop. Les ouvriers se mettent en grève. Le français mène la fronde. Pendant ce temps, alors qu’ils ignorent que leur ami est en Angleterre, Christian et Camille se retrouvent à Londres. Il ne manquerait plus que la mère de Corentin traverse la Manche pour le retrouver.

    © Hamo, Suarez – Nathan

                    Si l’histoire de Corentin Tréguier se lit comme un feuilleton, c’est parce qu’elle a été conçue comme un feuilleton. Cette histoire, comme la précédente, est issue de la série de podcasts éponyme de France Culture. Dix épisodes, dix chapitres dans l’album, Emmanuel Suarez adapte son récit très dialogué. C’est là que l’on voit que la radio et la bande dessinée se rejoignent dans l’art du dialogue. Il y en a beaucoup ici mais ça se lit avec grande fluidité. Dans Corentin Tréguier, tout passe par les joutes oratoires et la correspondance épistolaire. Il n’y a quasiment aucun récitatif. Avec son dessin d’un réalisme souple, Hamo se classe dans une gamme d’auteurs comme Xavier Fourquemin. Avec des pupilles rondes et fines, Hamo parvient à donner l’état d’esprit et le caractère de chacun des personnages au premier coup d’œil. Il suffit de regarder les portraits de la galerie en fin d’album pour le comprendre.

    © Hamo, Suarez – Nathan

    L’improbable revolution de Corentin Tréguier au Royaume-Uni, l’album possède un titre qui ne pouvait pas mieux le résumer. Les auteurs offrent un bon moment d’aventure populaire avec un grand A, et qui plus est, historique. Le final laisse augurer d’un prochain épisode en Amérique du Sud et c’est tant mieux.


    Série : Corentin Tréguier

    Tome : 2 – L’improbable revolution de Corentin Tréguier au Royaume-Uni

    Genre : Aventure historique

    Scénario : Emmanuel Suarez

    Dessins & Couleurs : Hamo

    Éditeur : Nathan

    ISBN : 9782095030162

    Nombre de pages : 124

    Prix : 22 €


  • Rockabilly
    par Laurent Lafourcade

    Barbie in Dark Musical Kentucky

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    « -Barbie, je te présente Evy, ma petite sœur, et Zach, le frangin…

    -‘lut !

    -…Eddie, mon autre frangin, et Dad…

    -Hé, Bram !! Cachottier !! Tu nous avais pas dit que t’avais épousé une beauté !! Bienvenue ! Bienvenue ! »

    En attendant que sa belle-sœur arrive à la gare où il est allé la chercher, Hank, un jeune homme, gratte sur sa guitare. Quand Mary-Barbara, alias Barbie, débarque, il n’en croit pas ses yeux. “Putain, la nénette !” Son frère Bram s’est marié avec elle, mais c’est la première fois qu’il la voit. Attirée par la guitare, elle lui demande ce qu’il joue. Un peu de tout : Jimmie Rodgers, Hank Williams, du rock’n roll,… Il lui demande si elle connaît Elvis Presley. Elle adore. Fats Domino et Bill Haley aussi. Côté cinéma, elle a vu La fureur de vivre avec James Dean. Hank, pas encore. Il n’y a pas de cinoche dans le coin. Faut aller à Hazard. On n’est pas à Memphis. Ici, c’est le trou du cul du monde. Si Hank s’interroge sur le fait que Barbie soit venue se paumer chez eux, elle rétorque que c’est parce que c’est encore pire d’où elle vient. Trois ans dans une institution congréganiste pour filles paumées. La seule solution pour s’en sortir, c’était de se marier.

    © Dubois, Rodolphe – Daniel Maghen

    Bram et Hank vivent avec leur père, leurs deux autres frères Zach et Eddie, et leur petite sœur Evy, dans une maison isolée, à quelques pas de la casse paternelle. Leur mère est partie il y a quelques temps déjà. Le repas du soir est l’occasion pour Barbie, sous le bras protecteur de son époux, de découvrir les travers de chacun. Dad balance des blagues salaces. Eddie la dévisage de son regard ténébreux. Zach fait exprès de laisser tomber son bout de pain sous la table pour zyeuter sous ses jupons. Hank, lui, il rêve de se tirer de ce zoo familial. Le repas va être interrompu par une descente de flics. Ils recherchent Eddie, qui a juste eu le temps de partir se planquer. Il est soupçonné de meurtre. Entre non-dits et secrets, Barbie vient d’arriver dans une famille de l’Amérique profonde qui a bien des choses à cacher.

    © Dubois, Rodolphe – Daniel Maghen

    Après les deux triptyques futuristes Ter et Terre, le duo Rodolphe-Dubois se tourne vers le passé pour une immersion dans l’Amérique des années 60, dans le Kentucky. « Le clair de lune est plus doux au Kentucky ; les jours d’été sont plus riches au Kentucky ; L’amitié y est plus vivace ; Les flammes de l’amour plus tenaces ; Mais le mal est toujours pire au Kentucky. » Ces vers de James H.Mulligan synthétisent à merveille le propos de cet album. La nuit est là, violente et dansante. Les jours sont intrigants et l’amour change de camp. Le mal est sous-jacent, plus profond qu’en apparence. La violence est moins explicite, plus pernicieuse. Rodolphe offre une photographie d’un lieu, d’une époque, en écrivant cette histoire qui ne pouvait se passer que là et qu’en ce temps-là. Christophe Dubois ne dessine pas mais met en musique cette chronique que l’on suit à travers les yeux de Barbie, spectatrice fortuite de la déchéance d’une famille de paumés. Une playlist est proposée grâce à un QR code pour prolonger l’atmosphère de l’album.

    © Dubois, Rodolphe – Daniel Maghen

    Avec Rockabilly, Rodolphe et Dubois prouvent une fois de plus, si c’était encore nécessaire, qu’ils sont un duo d’auteurs, à la manière de Mézières et Christin, qui, quoi qu’ils fassent ensemble, signent des albums solides. Cette immersion américaine est leur coup de maître.


    One shot : Rockabilly

    Genre : Thriller

    Scénario : Rodolphe

    Dessins & Couleurs : Christophe Dubois

    Éditeur : Daniel Maghen

    ISBN : 9782356741943

    Nombre de pages : 104

    Prix : 19,50 €


  • Game Over 24 – Fish & ships
    par Laurent Lafourcade

    Blork attitude

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                    Le petit barbare court à perdre haleine avec à ses trousses un Blork aussi cornu qu’un Minotaure. Il se réfugie dans une forêt de palmiers mais le monstre le poursuit dans l’enchevêtrement des lianes. Le fuyard sort de la zone se pensant sauvé pendant que le Blork est bloqué par les lianes qui s’emmêlent dans ses cornes. Il force, il force, il force pour s’en sortir. Les lianes accrochent une noix de coco qui, telle la pierre d’une catapulte, est projetée à toute vitesse sur la tête du petit barbare qu’elle explose littéralement. Game over.

                    Que serait le petit barbare sans la princesse qui l’accompagne ? On sait que l’un ou l’autre vont mourir une bonne quarantaine de fois pour un vingt-quatrième album consécutif. Mais ça n’est pas grave. Enfin… pour nous… pas pour eux. On prend toujours le même plaisir sadique à les voir échouer dans leurs quêtes, dans leurs tentatives de survie, dans leurs fuites face aux Blorks, parce que Midam, le grand chef d’orchestre, a su constituer autour de lui une équipe qui sait se renouveler dans la continuité.

    © Midam, Adam, Patelin, BenBK

                    Dans cet album, le petit barbare va se transformer en avatar de Lucky Luke afin de vider le chargeur de son colt sur un Blork. Quand la princesse va vouloir faire de même, c’est en danseuse de saloon qu’elle va s’incarner. C’est sûr, c’est moins dangereux pour l’ennemi.

                    Une guitare en forme de hache, c’est efficace pour combattre. Mais si celle-ci appartient au groupe de métal Kiss version Blorks il risque d’y avoir des représailles.

    © Midam, Adam, Patelin, BenBK

                    Outre les gags en une planche, il y a ceux en deux, dont la chute pleine case se découvre en tournant la page. Ce sont en fait les chutes les plus imprévisibles qu’il vaut mieux cacher pour ne pas les voir trop tôt ou pour que l’œil ne se pose pas dessus par inadvertance au risque de tout gâcher. C’est poilant.

                    Comme à l’accoutumée depuis quelques albums, le livre se termine par deux pages de making-of. Mais avant cela, une fois n’est pas coutume, on retrouve nos héros dans une histoire, muette ça va de soi, en quatre planches. La princesse est prisonnière d’une horde de rats d’égouts géants. Le petit barbare se transforme en joueur de flûte de Hamelin pour tenter de la sauver de ce bien mauvais pas. On se doute que tout ne va pas se passer comme prévu.

    © Midam, Adam, Patelin, BenBK

                    Poissons et bateaux. Fish and ships. Il est « pané » celui ou celle qui sortira vivant du game… over. Hyper dynamique. Hyper efficace. Hyper drôle. Ça se mange sans faim et ça se lit et relit sans fin.


    Série : Game over

    Tome : 24 – Fish & Ships

    Genre : Humour geek

    Dessins : Midam & Adam

    Scénario : Midam & Patelin

    Couleurs : Ben BK

    Éditeur : Dupuis 

    ISBN : 9782808510233

    Nombre de pages : 48

    Prix : 12,50 € 


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