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Boulevard BD

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Avenue des CHRONIQUES

  • Rubine 16 – Super Tuesday
    par Laurent Lafourcade

    Des années de rapt

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    « -Quelles sont les dernières nouvelles ?

    -Dans quel état d’esprit se trouve le couple Crichton ?

    -Mesdames, Messieurs, je ne peux rien communiquer pour l’instant afin de ne pas gêner le déroulement de l’enquête. Toutefois, Madame Crichton s’exprimera au cours de l’après-midi. »

    Michigan, à quelques jours des sénatoriales, le bébé du candidat Harry Crichton est enlevé dans la maison familiale pendant que ses parents dormaient. La rançon ? 5 millions de dollars pour qu’ils revoient leur petite fille. Ça finira mal. Les Crichton ne reverront jamais Tess, leur enfant, mais Harry sera élu avec vingt pour cent de voix en plus que son adversaire démocrate. Quelques années plus tard, en sortant d’un café, Rubine trouve un téléphone portable qui n’est pas le sien dans la poche de son manteau. Elle y découvre une demande de rançon et la photo d’une gamine ligotée. Ce message était destiné à une femme qui portait un manteau similaire au sien. Qui est cette enfant ? Comment retrouver la véritable destinataire du message ? Rubine est lancée sur l’enquête.

    © Di Sano, Mythic, Walthéry, Stibane – Editions du Tiroir

    L’histoire débute durant le Super Tuesday. Tous les quatre ans, ce mardi du début du mois de mars est le jour où la majorité des Etats choisissent entre un sénateur démocrate et un sénateur républicain pour gouverner leur région. Ce sont ces élus qui, à leur tour, désigneront le candidat de leur camp et éliront le président de la République américain quelques mois plus tard en novembre. C’est dire si ce jour est crucial. Alors, quand la fille d’un candidat se fait kidnapper quelques jours avant, ça fait désordre. Entre magouilles politiques et brouilles entre malfrats, rien ne va se passer comme prévu. Même si l’on regrette quelques scènes improbables voire farfelues, le scénario de Mythic a le mérite de s’ancrer dans les Etats-Unis en proposant une histoire qui ne pourrait pas se passer ailleurs.

    © Di Sano, Mythic, Walthéry, Stibane – Editions du Tiroir

    Rubine fait partie de ces personnages classiques qu’il est toujours agréable de retrouver. Son revival depuis trois tomes et un spin off aux éditions du Tiroir témoignent de l’intérêt que les lecteurs lui portent. Il faut dire que la signature de François Walthéry, même s’il ne fait plus grand-chose sur la série, est un atout majeur. Cet épisode est la sixième et dernière enquête dessinée par l’un de ses plus fidèles émules : Bruno Di Sano. L’éditeur cherche d’ailleurs le dessinateur qui pourrait lui succéder, afin d’alterner les épisodes de la série-mère avec ceux de Rubine 90’s dessinée par Nico Van de Walle.

    © Di Sano, Mythic, Walthéry, Stibane – Editions du Tiroir

    Si Natacha est dans les airs, Rubine a bel et bien les pieds sur terre, même si un drone va ici lui rendre bien service. Du classique comme on aimerait en lire plus souvent et dont il faut veiller à préserver la qualité.


    Série : Rubine

    Tome : 16 – Super Tuesday

    Genre : Thriller

    Scénario : Mythic

    Dessins : Bruno Di Sano & François Walthéry

    Couleurs : Stibane

    Éditeur : Editions du Tiroir

    ISBN : 9782931251256

    Nombre de pages : 48

    Prix : 16 €


  • Corbeyran’s Classic Fantastic
    par Laurent Lafourcade

    Convoquez les idoles

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    « -Je l’ai vu… Il est vivant !!!

    -Qui est vivant, Jacob ??

    -Mon frère… Il est revenu ! Il est apparu tout à l’heure à ma fenêtre ! Il grimaçait… Il me provoquait !

    -Jonas est mort, Monsieur Kyles… Nous avons tous assisté à son enterrement ! »

                    Un scénariste, huit dessinateurs, six écrivains. L’amour pour une cousine, un rêve prémonitoire, un retour d’expédition, une main sur un berceau, une chambre qui n’existe pas, un équipage massacré, un bal macabre, un cercueil vide, voici ce que vous allez croiser dans ce recueil de nouvelles des plus grands maîtres du fantastique orchestré par un non moins grand maître du fantastique en bande dessinée : Corbeyran.

                    Edgar Allan Poe ouvre le ban et revient une seconde fois dans le recueil. Corbeyran a choisi d’adapter Bérénice et Le masque de la mort rouge, respectivement dessinées par Gian Luca Maconi et Andrea Cuneo. Bérénice est l’histoire d’une noble orpheline dont le charme et la joie de vire furent un jour effacés par une succession d’innombrables maladies. Sa vie est racontée par son cousin et époux après la découverte d’un petit coffret en ivoire. Très Covid-19 avant l’heure, Le masque de la mort rouge est un récit d’épidémie dont se préservent les riches en s’isolant de tout risque de contamination. Mais l’humanité peut-elle échapper à son destin ?

    © Corbeyran, Gajic – Kalopsia

                    Le second auteur invoqué deux fois dans l’album est Robert E.Howard, créateur du mythique Conan le Cimmérien (ou le barbare pour les cinéphiles). Avec des dessins d’Aleksa Gajic et de Nicolas Guénet, on va vivre la malédiction d’un joyau dérobé dans une sépulture avec La chose ailée sur le toit, et voir comment on peut mourir de peur dans Les habitants des tombes. Toutes deux sont des histoires de retour de voyage, chacune dans son style, avec pour point commun, c’est dit dans les titres et c’est peut-être dommage, l’intervention de créatures étranges.

                    Comment réaliser un recueil d’adaptation de nouvelles fantastiques sans invoquer Lovecraft ? Impossible. C’est chose faite avec La tourbière hantée, dessinée par Andrea Borgioli, qui raconte la dernière nuit d’un riche propriétaire remettant en état une vieille demeure familiale, un chantier maudit.

    © Corbeyran, Laci, Krstic – Kalopsia

                    Les trois autres écrivains sont moins connus des profanes. Ils proposent des histoires sur des thématiques ultra-classiques et incontournables du fantastique. Dans Les hantises de Tiled House, de Joseph S. Le Fanu, dessinée par Laci, il est question de maison hantée. Dans La chambre 13, de Montague R. James, dessinée par Vukic, on aborde le mythe de la pièce qui n’existe pas, ou du moins pas tout le temps. L’horreur tropicale, de William H. Hodgson, dessinée par Jovan Ukropina, est une variation sur le mythe du Kraken.

                    Les albums collectifs sont très souvent casse-gueule et inégaux. Les éditions Kalopsia évitent le piège en proposant un livre savamment construit. Chaque nouvelle est introduite par Corbeyran en personne qui montre son intérêt pour chacun des auteurs en racontant la façon dont il les a découverts. Les biographies des dessinateurs sont présentées en fin d’album. Personne n’est là par hasard. On y lit que le fantastique est le cordon qui relie leurs parcours. N’oublions pas Gwendal Lemercier qui a la lourde tâche de réaliser les illustrations et la couverture, vitrine stratégique synthétisant l’ensemble de l’album. Enfin, et c’est peut-être le primordial, les histoires, chacune formatée sur huit planches, un défi, sont présentées dans un ordre précis, avec une tension qui monte crescendo de l’une à l’autre.

    © Corbeyran, Vukic, Seure-Le Bihan – Kalopsia

                    Derrière un logo rappelant le mythique appel de Cthulhu de l’incontournable Lovecraft, Corbeyran et ses dessinateurs rendent un somptueux hommage à une littérature de genre et donnent envie de (r)ouvrir les recueils de nouvelles de ces grands écrivains. Corbeyran fait une véritable déclaration d’amour à ceux qui ont construit le scénariste qu’il est. Présenté comme un one shot, Corbeyran’s Classic Fantastic a tout pour devenir le premier tome d’une collection d’anthologie. Merveilleux ? Non, fantastique.


    One shot : Corbeyran’s Classic Fantastic

    Genre : Fantastique

    Scénario : Corbeyran

    D’après : Poe, Lovecraft, Hogdson, Howard, Le Fanu & James

    Dessins : Ukropina, Borgioli, Maconi, Guénet, Cuneo, Vukic, Gajic, Laci

    Couleurs : Tentacle, Gajic, Laci Krstic, Seure-Le Bihan, Ukropina, Guénet

    Couverture & illustrations : Gwendal Lemercier

    Éditeur : Kalopsia

    ISBN : 9782931205174

    Nombre de pages : 88

    Prix : 17,95 €


  • Les héritiers d’Agïone 3
    par Laurent Lafourcade

    Un pantin dans les mains d’une emprise

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    « -Ograge !! Montre-toi ! Je sais que tu es là ! Viens m’aider !

    -Si je fais ça, tu vas aller voir Gidéon ! Adel a raison. Tu ne devrais pas t’approcher de lui !

    -Toi aussi, tu vas me dire ce que je dois faire ?

    -Ce jeune homme est dangereux… Il a essayé de te tuer à plusieurs reprises… et il a déjà réussi une fois ! »

    Le prince Thoren vient d’arriver à Mériolide avec une centaine d’hommes de Cendréclat. Ça devrait calmer les tensions dans la ville. C’est du moins ce que pensent les Hautes-clartés, les nonnes chargées de protéger la cité. Il y aurait des centaines de Maudits, créés depuis une dizaine d’années par le Marquis Polonre qui vient de mourir. Et si ce dernier avait espéré que l’un des sacrifiés renaisse en autre chose ? Il va être impossible de purifier tous les maudits qui se trouvent au fond de la crevasse. La seule solution est de les brûler… et prier pour que Müne les retrouve. Ça désole Adalise qui, par ailleurs, voudrait savoir pourquoi son ami Gidéon a essayé de la tuer. Ograge, l’Ëdrelin, cette petite boule pensante faite de pure rochelune, lui déconseille dans un premier temps. Mais si c’est juste pour aller lui parler, alors…

    © Tpiu – Kana 2025

    Les retrouvailles entre Adalise et Gidéon dans la cellule de ce dernier ne vont pas se passer comme elle l’espérait. Elle ne s’attendait pas à une rédemption, ça, non, mais elle aurait souhaité une vérité, une explication. Comme possédé, le garçon avoue ne s’être jamais senti aussi bien depuis des années. Pire, il l’accable, il l’enfonce, en lui demandant ce que ça fait que son seul et unique ami, lui, la hait au point de désirer en réalité sa mort. Selon Gidéon, Adélaïde, la mère disparue d’Adalise et de ses frères princes, serait la source même du mal et continue de contaminer le monde avec son engeance.

    © Tpiu – Kana 2025

    Depuis la fin du tome précédent, les relations entre Adalise et Gidéon ont pris un bien mauvais virage. Tpiu aurait-elle berné ses lecteurs précédemment ? Comment un garçon si gentil comme Gidéon a-t-il pu vriller de la sorte ? Dans un chapitre flashback sur sa petite enfance, on va apprendre et comprendre, comprendre pourquoi il agit ainsi et comment il est, à un tout autre niveau qu’on ne peut dévoiler, lui aussi une victime. L’amitié sera-t-elle plus forte que tout ? Peut-elle être indéfectible ? Qui lira saura.

    Un bonus très original clôt le manga : un QR code renvoie vers La princesse cadavre, une chanson écrite par l’autrice pour la série.

    © Tpiu – Kana 2025

    Ce premier arc des Héritiers d’Agïone se clôt ici et termine aussi la série qui n’a malheureusement pas rencontré le succès escompté. C’est regrettable tellement elle promettait. C’est la dure loi du marché. Tpiu a en tous cas montré des talents de dessinatrice de manga particulièrement douée et de scénariste sachant faire claquer les rebondissements dans ce triptyque qui peut quasiment se suffire à lui-même. Vivement qu’on la relise dans un nouveau projet.


    Série : Les héritiers d’Agïone

    Tome : 3

    Genre : Shonen

    Scénario & Dessins : Tpiu

    Éditeur : Kana

    ISBN : 9782505116424

    Nombre de pages : 208

    Prix : 7,90 €


  • Boulevard Tintin – La véritable valeur des bijoux
    par Laurent Lafourcade

    Vol au-dessus d’un nid…  

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    « L’histoire racontée dans l’album Les bijoux de la Castafiore se déroule principalement au château de Moulinsart, contrairement aux aventures exotiques habituelles de Tintin, ce qui permet de mettre en scène toutes les figures emblématiques, qui composent et donnent vie au monde créé par Hergé, en un seul et même lieu. Ce huis clos a suscité la surprise, puis la polémique, et enfin la fascination chez de nombreux lecteurs et commentateurs de l’œuvre de Hergé. »

    Autant discourir autour du Mal-aimé Vol 714 était original, autant s’attaquer aux bijoux était périlleux tellement l’ouvrage a été analysé en long en large et en travers. L’auteur le revendique en préambule : pour pouvoir proposer un point de vue inédit sur un album aussi mythique que celui des Bijoux de la Castafiore, il est préférable d’avoir des choses à dire… Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on va être servis. Si l’album est avant fascinant, c’est tout d’abord parce que c’est un huis clos, avec un grand parc mais un huis clos quand même. On quitte les aventures internationales et interstellaires pour ne pas quitter l’enceinte d’une propriété. Certains l’ont considéré comme un anti-récit où les relations entre personnages sont la problématique. Ce n’est pas l’avis de Jean Dubois et ses co-auteurs. Pour eux, il est question de quête inutile du pardon quand on n’a pas identifié ses bourreaux. Avec Les bijoux, Hergé montre qu’il a grandi et fait la paix avec ses démons qu’il ridiculise. Tout cela va nous être démontré ici.

    Jean Dubois reprend tout ce qui a déjà été dit par les exégètes les plus émérites sur l’album des bijoux, de Benoît Peeters à Jean-Marie Apostolidès en passant par les philosophes Raphaël Enthoven et Michel Serres. Il en fait une synthèse avant de passer à « autre chose ». C’est chez Michel Serres que Dubois découvre une phrase, une intuition déposée : « Oui, la monadologie contemporaine, c’est Les bijoux de la Castafiore. » Cette théorie leibnizienne affirme que l’Univers est composé d’une substance indivisible qui constitue l’élément dernier des choses. Quel est cet élément dans l’histoire ? Serres ne développe pas plus. Dubois va le faire pour nous, avec arguments, montrant à qui en douterait encore du génie d’Hergé. Ce chapitre est incontestablement le climax de l’essai.

    Deuxième tome de la trilogie analytique En finir avec Tintin ?, La véritable valeur des bijoux s’attarde évidemment sur l’album mythique mais pas que. Il va être question d’oiseaux, de marbrier et de docteur, bien sûr, mais comme dans le premier volume La véritable destination du vol 714, l’album est prétexte à disgressions sur non seulement les autres aventures de Tintin, mais aussi sur la vie privée de son créateur. Il va être question de la gémellité du père et de l’oncle d’Hergé, d’enfance, d’amour et d’amitié. Sans la nier, Dubois met à juste titre en doute la théorie selon laquelle Hergé aurait subi des maltraitances infantiles à caractère sexuel. L’un des indices est son amitié de vingt ans avec l’immonde écrivain Gabriel Matzneff, pédophile revendiqué, ce qui ne choquait personne dans les années 70, paradoxe avec les valeurs recensées dans l’œuvre d’Hergé. Pourtant, des indices laissent croire qu’Hergé a subi des cicatrices dans l’enfance sans en connaître réellement le responsable.

    La véritable valeur des bijoux invite à une relecture éclairée. Ce qui est fort dans l’analyse de Dubois c’est que jamais il n’accuse, il constate, jamais il n’affirme, il démontre. En montrant un écho entre Les bijoux et L’Alph’Art, il boucle une analyse de haute volée. Pour qu’elle soit complète sur le dernier arc des aventures de Tintin, nous n’avons plus qu’à attendre la parution très prochaine de La véritable révolution des Picaros.


    Titre : La véritable valeur des bijoux

    Genre : Ouvrage d’étude

    Auteur : Jean Dubois

    Éditeur : 7sans14

    ISBN : 97983319254788

    Nombre de pages : 180

    Prix : 14,90 €

    © Dubois – 7 sans 14


  • Brunilda à la Plata
    par Laurent Lafourcade

    Absurde, n’est-il pas ?

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    « -Alors comme ça, on va dîner avec Brunilda ?

    -Euhhh…

    -Hmmm… T’es pas du genre à parler pour rien dire toi, hein ? Je me demande ce que Brunilda peut bien te trouver. Qu’est-ce donc ? Ne t’inquiète pas, Brunilda est une fille charmante, tout se passera bien. »

    Un couple se donne rendez-vous pour dîner. Ils prévoient de se rendre pour 21 h à la Plata. L’homme n’en revient pas de la proposition que lui a faite son amie, car c’est elle qui a pris l’initiative. Cette amie, c’est Brunilda. Qu’est-ce qu’elle peut bien lui trouver ? Lui, c’est Norman. Deux hommes et une femme le mettent en garde. Brunilda est gentille mais elle n’aime pas ceux qui font la fine bouche, tout comme le dramaturge qui les empêche de sortir d’ici. Ce dernier vit une période difficile. Il s’est enfermé pour écrire un chef-d’œuvre et se promène avec sa frustration. Le trio participe à son délire. De nombreux décors qui ne serviront jamais sont confectionnés. Est-ce bien raisonnable d’y prendre part ? On va aller voir ce qu’il se passe. Ça fait trois jours qu’un acteur répète son monologue.

    © Rigol – Virages graphiques

    Un type invité à manger se retrouve dans les coulisses d’une création théâtrale. Surréaliste ! Et bien oui. Norman est obligé de sortir par la porte Est du théâtre pour aller à la Plata et on est loin du dernier acte. L’auteur de la pièce est perdu dans les affres de la création. Il n’a pas fini de l’écrire alors qu’elle commence à être joué devant du public. La conscience du dramaturge est bien obligée de prendre les choses en main. Norman aussi va essayer de pousser le destin pour tenter d’arriver à l’heure à son rendez-vous. L’inspiration est en manque, la page blanche dicte sa loi stressante pour le créateur.

    © Rigol – Virages graphiques

    Avec Brunilda à la Plata, Genis Rigol rend hommage à la bande dessinée de la fin du XIXème et du tout début du XXème siècles tout autant qu’au théâtre de l’absurde. Ses personnages se déplacent à la manière de ceux de Winsor McCay. D’ailleurs, Rigol précise que l’histoire est issue d’un rêve qu’il a fait. La boucle est bouclée. Rigol est Little Nemo. Little Nemo est Norman. Norman est Rigol. Certaines planches sont également découpées comme celles du précurseur. Rigol varie les compositions, les géométrise parfois. Il change plusieurs fois de style graphique. Les flashbacks du dramaturge sont dans un pur noir et blanc hachuré. Les rares tons de couleurs jaunies donnent un livre hors du temps, comme s’il était impossible de savoir à quelle époque il avait été publié.

    Rigol a lu ou vu des pièces de Ionesco et Beckett. Brunilda est son Godot… ou presque, parce que si Godot, on ne le voit jamais, Brunilda est bel et bien présente au tout début du récit, même si un phylactère cache son visage.

    © Rigol – Virages graphiques

    Vous pensiez qu’on ne pouvait pas faire du Ionesco en bande dessinée ? On lui avait peut-être dit que c’était impossible, alors il l’a fait, avec sa propre histoire. Genis Rigol réalise l’ovni de l’année, transcendant l’art de la BD dans une composition scénaristique et graphique qui laisse admiratif.


    One shot : Brunilda à la Plata

    Genre : Absurde

    Scénario, Dessins & Couleurs : Genis Rigol

    Éditeur : Payot & Rivages

    Collection : Virages graphiques

    ISBN : 9782743666170

    Nombre de pages : 144

    Prix : 23 €


  • Les Héricornes 3 – Le silence de Ketys
    par Laurent Lafourcade

    Vivre ensemble

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    « -Nous y voilà…

    -Les tours d’os.

    -Et les hypalecs.

    -Ils ont une mauvaise vue mais sont extrêmement sensibles aux sons… Et ils aiment la chair fraîche.

    -Il faudra traverser ces terres dans le plus grand silence.

    -Vous êtes prêtes ?

    -Le roi du silence ? Vous savez qui est super forte à ce jeu ? Lully, l’héritière de Ketys.

    -Chut. Allons-y. »

    Se faire réveiller par un hurleur en pleine forêt, il y a plus doux pour commencer la journée. M’enfin, Céleste, ça n’a pas l’air d’être perturbée plus que ça. Bref, il ne s’agit pas de traîner. Les héricornes doivent rejoindre le temple d’Aurora et également retrouver Lully qui, d’après sa licorne télépathe Enif, se trouve vers l’Est. Pendant qu’au palais la Princesse Astra, malade, s’inquiète pour sa petite sœur Céleste partie à sa place, les aventurières traversent les Tours d’os gardées par les hypalecs, sortes de griffons bien décidés à les empêcher de passer. Va falloir invoquer les avatars licornes pour franchir l’obstacle. De son côté, Lully, l’héritière de Ketys, se cache des orcons qui chassent dans les bois. Toutes les héricornes ont pour but d’atteindre ce fameux temple. Y parviendront-elles et seront-elles réunies avant d’y arriver ?

    © Toussaint, Alvarez – Le Lombard

    Après Céleste et Izandre, c’est donc Lully qui se retrouve au premier plan de ce troisième volume. Lully est fougueuse, adroite et vaillante, mais aussi impétueuse, solitaire, discrète et silencieuse. A l’origine, Ketys n’avait pas d’héritière. Lully, qui n’a jamais trouvé sa place au sein de ce royaume insulaire dont elle déteste la société uniformisée, va à la fois fuir et accomplir une quête. Elle va donc choisir de se rendre au temple de la déesse pour prendre cette place et préserver l’île des guerres. Les flashbacks silencieux vont permettre de comprendre comment elle s’est construite, dans l’opposition de sa génération.

    Lully n’est pas la seule personne énigmatique de l’épisode. Nell n’a pas tout révélé de sa condition. Elle n’est pas tout à fait celle que les autres croient. Si jamais ils le découvrent, que se passera-t-il lorsqu’ils l’apprendront ?

    © Toussaint, Alvarez – Le Lombard

    Kid Toussaint et Veronica Alvarez poursuivent la saga des héricornes que certains pourraient penser girly. Bien sûr, les personnages principaux sont toutes des filles mais les sujets traités sont beaucoup plus profonds qu’en apparence. Même si elle ne révèle pas (pour l’instant) de préoccupations écologiques, Lully est une sorte de Greta Thunberg de Fantasy, la Greta Thunberg du début. Elle est révoltée du monde qui l’entoure et ne se reconnaît pas dans les jeunes de son âge. Plus jeune, elle préférait se réfugier dans les livres alors que les gamines de son âge étaient connectées entre elles avec des coquillages perliers. Par rapport aux adultes, elle a du mal avec l’esclavage ordinaire des orcons dans la ville, banalisé, invisibilisé. Dans le parallèle à d’autres séries de Kid Toussaint comme Elles, Magic 7, Télémaque, Absolument normal ou Masques, Les héricornes est une série qui ouvre les yeux sur le monde, qui invite à reconsidérer, si ce n’est à installer, sa place d’adolescent dans la société.

    © Toussaint, Alvarez – Le Lombard

    La quête des héricornes est loin d’être finie. La série a tous les atouts pour grandir en même temps que ses lecteurs. Quand on lit une bonne fiction et qu’en plus, sans faire exprès (?!), elle fait un tout petit peu réfléchir, c’est quand même cool, non ?


    Série : Les Héricornes

    Tome : 3 – Le silence de Ketys

    Genre : Heroïc-Fantasy

    Scénario : Kid Toussaint

    Dessins & Couleurs : Veronica Alvarez

    Éditeur : Le Lombard

    ISBN : 9782808214858

    Nombre de pages : 80

    Prix : 14,45 €


  • Hellsing Edition Perfect 1
    par Laurent Lafourcade

    Perfect vampire hunter

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    « -Nous vous attendions, Sir Hellsing.

    -Qui dirige les opérations, ici ?

    -Par ici, Sir Hellsing !! La situation a déjà dépassé notre contrôle.

    -Vous… Vous êtes… Sir Hellsing ?! Dites-moi que diable se passe—il dans ce village ?

    -Inutile de vous inquiéter !! A partir de maintenant… c’est notre « travail » !! »

    Sir Hellsing vient d’être appelée dans un petit village du Nord de l’Angleterre. Depuis que le nouveau pasteur est arrivé, les incidents se multiplient. Des personnes disparaissent. Un climat de frayeur s’instaure. Un jeune garçon a aperçu dans la nuit l’homme d’Eglise avec du sang qui coulait de la bouche. Depuis, des goules ont envahi le patelin. Elles sont manipulées par un vampire qui les dirige comme des zombies. Il n’y a que l’organisation secrète spéciale Hellsing chargée d’anéantir les monstres antéchrists, ceux qui tenteraient de se rebeller contre l’empire britannique et l’église protestante, qui pourrait résoudre le problème. Pour cela, Hellsing est venue en compagnie d’Alucard. Spécialiste anti-vampire, il est le meilleur dans ce qu’il fait. La nuit est magnifique. C’est une de ces nuits qui donnent envie de boire du sang…

    © Kohta Hirano 1998
    © 2024 Groupe Delcourt pour la présente édition

    On connaît tous le personnage de Van Helsing, avec un seul « l », tiré du roman Dracula de Bram Stoker. Le docteur hollandais arrivait à Londres pour soigner une jeune fille mordue par un vampire. Sa détermination et son sang froid (pas mal pour une histoire de vampires) faisaient de lui un excellent chasseur. Dans le manga, Integra Hellsing, avec deux « l » comme dans l’enfer, est son arrière-petite-fille. Le flashback de dix ans du chapitre deux montre sa rencontre avec Alucard après le décès de son père et l’héritage jalousé qu’il lui laissait. Alucard est un midians, une race de vampires. Paradoxalement, il se voue corps et âme, s’il en a une, à sa nouvelle maîtresse. Le duo ne se doutait qu’après un vulgaire pasteur aux crocs acérés ils allaient devoir combattre une engeance terrible ressurgie d’un passé que personne ne souhaitait voir réapparaître.

    © Kohta Hirano 1998
    © 2024 Groupe Delcourt pour la présente édition

    Hellsing est un manga paru à l’origine entre 1997 et 2008. En quatre-vingt-quinze chapitres et dix volumes, l’histoire est rééditée dans une magnifique Perfect Edition à la maquette soignée réunissant les tomes par deux. Le trait classique de Kota Hirano n’hésitait pas à représenter des scènes bien sanglantes. Deux séries animées ont été produites et un film live est en cours de développement pour Amazon. Après un spin off interrompu sur la genèse d’Hellsing et les trois chapitres parallèles Cross fire sur les activités du Vatican, Kota Hirano est passé à autre chose, en l’occurrence la série Drifters qu’il propose à un rythme de sénateur depuis 2009.

    © Kohta Hirano 1998
    © 2024 Groupe Delcourt pour la présente édition

    Loin du classique Dracula mais jouissif pour les amateurs d’histoires de vampires, Hellsing se range dans la catégorie des mangas contribuant au rayonnement de ce type de media dans le monde. Il était légitime qu’une réédition l’installe confortablement et durablement sur les étagères des lecteurs européens.


    Série : Hellsing Edition Perfect

    Tome : 1

    Genre : Seinen vampire

    Scénario & Dessins : Kohta Hirano

    Éditeur : Delcourt/Tonkam

    ISBN : 9782413047032

    Nombre de pages : 402

    Prix : 15,99 €


  • Chiens de prairie
    par Laurent Lafourcade

    Une promesse est une promesse

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    « -Pauvre Ben Donnigan… Il méritait pas ça, bien que ça soit rien qu’un voleur et un assassin ! J’suppose qu’il devait finir ainsi… C’est ce qui te pend au nez, J.B.Bone ! …Et pourquoi tu trimballes son corps comme ça, depuis le Nebraska jusqu’ici ?

    -C’est qu’j’avais promis à Ben, au cas où ça tournerait mal, de l’enterrer à côté de la tombe d’Alabama Lightingale, sa bien-aimée…

    -J’savais pas qu’il avait une bien-aimée !

    -Y a bien longtemps qu’elle est morte, là-bas, au Montana, à Kaiser Rock. »

    1876. Martha Jane Cannary alias Calamity Jane mène un convoi d’enfants de Deadwood à l’orphelinat de Rapid City. Leurs parents sont morts de la variole. C’est sur cette piste qu’elle rencontre le vieux J.B.Bone qui l’a jadis aidée. L’outlaw, car c’est un hors-la-loi, revient d’un casse au Nebraska qui a mal tourné avec dans un coffre traîné par son cheval le cadavre de son complice Ben Donnigan. Il lui avait promis que le jour où ça tournerait mal il irait l’enterrer à côté de la tombe de sa fiancée Alabama Lightingale au Montana à Kaiser Rock. Il a aussi promis d’accrocher le portrait d’Alabama à sa tombe. Calamity lui déconseille fortement de passer par Deadwood car sa tête est mise à prix. Ça pourrait bien intéresser un bon paquet de ces chiens de prairie de chasseurs de prime qui y grouillent. Le hic, c’est qu’il est obligé de s’y rendre car c’est une putain de là-bas qui a la photo qu’il doit épingler.

    © Foerster, Berthet, David – Anspach

    Bone ne va pas faire la route tout seul. Bien sûr, il y a le cadavre, mais il y aussi Moïse, un gamin sourd-muet, pas si demeuré que ça. Son nom, il en a hérité quand on l’a trouvé bébé sur une rivière dans un panier en osier, comme le patriarche biblique. Le môme va le coller aux basques. Evidemment, en arrivant à Deadwood, Bone va exciter les chasseurs de prime qui vont immédiatement organiser un convoi pour tenter d’empocher la prime qu’ils toucheraient s’ils ramènent sa tête. Un road movie à travers l’Ouest américain va commencer. Bone doit accomplir sa mission coûte que coûte. Et quand il flanche, Moïse va lui faire comprendre qu’une promesse est une promesse. Ni l’un, ni l’autre ne se doutaient des surprises qui allaient les attendre à l’arrivée.

    © Foerster, Berthet, David – Anspach

    Près de trente ans après sa première édition chez Delcourt, le one shot Chiens de prairie est réédité aux éditions Anspach, enrichi d’un dossier de Charles-Louis Detournay. Huit ans après L’œil du chasseur, les deux Philippe, Foerster et Berthet, se retrouvaient pour une deuxième collaboration, à l’initiative de Berthet désireux de s’évader des bagnoles et des villes américaines de Pin-up dont il venait de signer trois albums consécutifs. Le dessinateur rêve de grands espaces et de western mais ne prétend pas pour autant rivaliser avec les monstres du genre réaliste que sont Giraud, Vance, Hermann, Blanc-Dumont, Swolfs et Colin Wilson. Il assouplit son trait encore plus vers un semi-réalisme souple. Pour les décors, il s’imprègne des peintures de Frank McCarthy. En utilisant des personnages secondaires réels, Foerster brouille les pistes quant à la véracité du récit. En utilisant l’astuce d’une correspondance épistolaire entre Calamity Jane et sa fille, il évite les récitatifs impersonnels et profite du principe pour lâcher une petite surprise finale. Aux couleurs, Dominique David quitte les aplats pour des teintes dégradées qui donnent plus de profondeur aux scènes.

    © Foerster, Berthet, David – Anspach

    A la manière des films de John Ford et de Clint Eastwood, Chiens de prairie fait figure de classique par sa force, son traitement, ses rebondissements et son originalité. Il était temps qu’un éditeur le remette sur le devant de la scène. Et il paraîtrait même que Berthet et David se relancent dans le genre.


    One shot : Chiens de prairie

    Genre : Western

    Scénario : Philippe Foerster

    Dessins : Philippe Berthet

    Couleurs : Dominique David

    Dossier : Charles-Louis Detournay

    Éditeur : Anspach

    ISBN : 9782311054299

    Nombre de pages : 64

    Prix : 17 €


  • Le petit théâtre des opérations Anthologie 39-45 / Les folles anecdotes de l’Histoire Mystères ou arnaques ?
    par Laurent Lafourcade

    Histoires vraies, histoires vraies ?

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    « -C’est la cinquième patrouille qui fuit face à des fantômes. Ça ne peut plus durer. C’est pourquoi j’ai besoin de vos services, détective Nguyen. Si les américains ont découvert un moyen de ressusciter les morts, vous devez mettre la main dessus. »

    Après cinq volumes consacrés aux faits d’armes impensables mais bien réels des deux guerres mondiales qui ont ravagé le vingtième siècle, il était bienvenu qu’une anthologie en dégage la substantifique moëlle. Celle-ci est concentrée sur le conflit de 39-45. Il comporte sept histoires tirées des cinq albums de la série sélectionnées par le Musée de la Légion d’Honneur, ainsi qu’une huitième totalement inédite. Derrière chaque décoration ou médaille, se cache une aventure humaine. Julien Hervieux l’a bien compris, et parfois, il y a de quoi en rire.

    © Hervieux, Monsieur le Chien – Fluide glacial

    La première histoire se passe fin 1942 au large de la Corse. Un sous-marin malin va déjouer la surveillance allemande qui se ridiculise en le confondant avec des récifs. La camarade russe Anna Iegorova est l’héroïne du deuxième récit. L’aviatrice va être miraculée puis victime d’un quiproquo improbable. De sa tourette, le soldat Jules Beaulieux va tenir tête tout seul à un bataillon allemand sur la ligne Maginot pendant 24 heures. Il ne faut jamais énerver un soldat népalais de l’armée britannique. Les japs l’apprendront à leurs dépens avec Lachhiman Gurung. Ça va être pareil avec Jean de Selys Longchamps. Le baron belge compte bien défendre son pays. Avec son avion et la précision de ses tirs, il va mettre à mal la gestapo bruxelloise. D’autres héros et héroïnes, tous médaillés, complètent ce florilège de destins incroyables.

    © Hervieux, Monsieur le Chien – Fluide glacial

    Si Monsieur le Chien est l’unique dessinateur du Petit théâtre des opérations, c’est tout un collectif qu’a invité le même scénariste Julien Hervieux pour Mystères ou arnaques ?, on l’espère premier tome d’une nouvelle collection de Folles anecdotes de l’Histoire. Sous une couverture de Richard Guérineau qui signe aussi la première, dix histoires composent le livre. Les sœurs Fox vont devoir faire face aux esprits et lancer ainsi comme une bonne blague la mode du spiritisme. Les américains vont hanter la jungle du Vietnam pour effrayer l’ennemi, bien après avoir lancé la légende du Bigfoot dans leurs montagnes du Nord.

    © Hervieux, Guérineau – Fluide glacial

    Les crop circles vont enfin dévoiler leurs secrets, mettant Mulder et Scully au chômage. On verra Sherlock Holmes se faire berner par une histoire de fées et comment des harengs ont failli déclencher une troisième Guerre Mondiale. Le mystère de la malédiction de la tombe de Toutânkhamon, découverte par Howard Carter, va être mis à mal, tout comme celui du monstre du Loch Ness développé par des plaisantins locaux. Retour aux Etats-Unis pour les deux dernières histoires. Les américains sont décidemment friands de complots. Ils vont nous démontrer qu’ils ne sont pas des lumières et n’ont pas plus de pouvoirs psychiques que ça. Si les héros parfois malgré eux de ces récits frisent parfois le ridicule, pour la liste des dessinateurs de ces dix anecdotes, Fluide glacial ne s’est pas moqué des lecteurs. En plus de Richard Guérineau déjà cité, on trouve Ronan Toulhoat, Pierre Alary, Aimée de Jongh, Lucy Mazel, Eric Maltaite, Siamh, Sylvain Repos, Jocelyn Joret et Javi Rey.

    © Hervieux, Maltaite – Fluide glacial

    A la guerre comme dans les mystères, il ne faut pas fouiller bien loin pour dénicher des histoires improbables. Julien Hervieux le fait pour nous, pour le pire et pour le rire, dans une étonnante vérité historique.



    Série : Le petit théâtre des opérations

    Tome : Anthologie 39-45

    Genre : Humour historique

    Scénario : Julien Hervieux aka L’odieux connard

    Dessins : Monsieur le Chien

    Couleurs : Olivier Trocklé & Albertine Ralenti

    Éditeur : Fluide glacial

    ISBN : 9791038208544

    Nombre de pages : 56

    Prix : 15,90 €


    Série : Les folles anecdotes de l’Histoire

    Tome : Mystères ou arnaques ?

    Genre : Humour historique ?

    Scénario : Julien Hervieux

    Dessins : Richard Guérineau, Ronan Toulhoat, Pierre Alary, Aimée de Jongh, Lucy Mazel, Eric Maltaite, Siamh, Sylvain Repos, Jocelyn Joret, Javi Rey

    Couverture : Richard Guérineau

    Couleurs : Hosmane Benahmed & Raphaël Bauduin

    Éditeur : Fluide glacial

    ISBN : 9791038208087

    Nombre de pages : 70

    Prix : 15,90 €


  • Le cahier à spirale
    par Laurent Lafourcade

    La vérité vraie de la vie de Tronchet

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    « -C’est ça tes premières pages ? C’est pas hyper drôle…

    -Quoi ? Il faut faire rire ? C’est obligé ?

    -Non mais t’es humoriste… On attend plutôt des blagues de toi… Au minimum…

    -Ah ! Je me suis déjà expliqué qur l’humoriste !! Dans un album que tu as publié !! Y a un moment où il faut arrêter avec l’humour à tout prix…

    -Excuse-moi mais t’as déjà fait des albums sur tout, non ? Tu les cites, d’ailleurs… C’est gênant… Et cette histoire, tu l’as pas déjà faite ??

    -Pas comme ça !! Je voudrais trouver l’histoire derrière l’histoire… La vérité du récit…

    -Carrément… Tu mentais jusqu’ici alors ? »

    Didier Tronchet est en pleine discussion avec son éditeur. Pour son nouvel album, il a envie d’essayer quelque chose de nouveau. Il voudrait passer un pacte avec le lecteur. Maintenant, on ne se dit que ce qui est vrai. Même si ça ne mène à rien ? C’est le risque. C’est un numéro de funambule dans lequel on peut tomber à chaque instant. Son éditeur reste très dubitatif quant à l’intérêt et au succès de l’histoire. Face à sa frilosité, Didier ne baisse pas les bras et se lance dans une véritable autobiographie. Alors qu’il a déjà mis de lui dans tous ses albums précédents, que ce soit évidemment L’année fantôme ou Le fils du yéti, entre autres, mais aussi Jean-Claude Tergal et Raymond Calbuth, il n’a pas l’intention ici de détourner la réalité.

    © Tronchet – Dupuis

    Didier a perdu son père très jeune. Il a grandi avec sa mère, son grand-frère et sa grande-sœur, et bientôt sa cadette pas encore née. Personnage étonnant, maman a assumé son rôle de super-héroïne du quotidien. Elle a géré son foyer, à la fois tournée vers l’avenir pour ses enfants, mais aussi constamment vers le passé, entretenant le souvenir des morts de la famille. Didier va chercher dans l’enfance de sa mère les raisons du pourquoi du comment. On va vivre les derniers jours de son père et la prise de conscience à 14 ans que sa petite sœur était en fait sa demi-sœur. On va vivre les relations familiales complexes et les déménagements. Didier va aussi parler de sa vie d’adulte, de ses voyages, puis de ses retrouvailles tardives avec sa fratrie. Mais son éditeur va-t-il être d’accord pour qu’il raconte tout ça ?

    © Tronchet – Dupuis

    « Je demande à un livre qu’il me donne du courage et ne me trompe sur rien. » Cette citation de Christian Bobin ouvre l’album et donne le ton. Dans ce cahier à spirale, Didier Tronchet dévoile son intimité, avec pudeur et émotion. Avec ce livre, il relie tous les indices qu’il a placé dans ses albums précédents, tous les fils qu’il a tiré depuis toutes ces années. Ce n’est pas le scénariste qui guide ici l’histoire, mais l’histoire qui prend par la main son rédacteur pour l’amener où elle veut. Tronchet fait rejaillir à la surface tout ce qui l’a construit… comme dans une séance chez le psy. Ici, le psy, celui à qui il parle, ce n’est pas un psy, c’est son éditeur qui, avec son rôle de contradicteur, de douteur plutôt, de catalyseur presque, pousse l’auteur à aller tout au fond de lui-même.

    © Tronchet – Dupuis

    Avec Le cahier à spirale, Didier Tronchet livre un bouquin introspectif, intime, poétique et émouvant. Il démontre que les histoires éclairent et révèlent le réel. C’est pour cela qu’elles sont vitales. On aurait pu croire son œuvre futile. Grâce à ce cahier, il n’y a plus de doute. Elle est majeure.


    One shot : Le cahier à spirale

    Genre : Emotion

    Scénario & Dessins & Couleurs : Didier Tronchet

    Éditeur : Dupuis

    Collection : Aire Libre

    ISBN : 9782808507677

    Nombre de pages : 192

    Prix : 23 €


  • L’écuyer & son chevalier 2
    par Laurent Lafourcade

    L’union fait la force

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    « -On devrait déjà y être depuis le temps !

    -Euh… En principe. Je vérifie sur la carte…

    -La carte ? Pff ! Mieux vaut se fier à du concret. La mousse qui pousse sur les arbres, par exemple, elle indique le Nord…

    -Ce n’est pas toujours vr…

    -Là-bas ! Un autre repère ! Pas de panique mes petits. Cette fois, c’est sûr, nous touchons au but ! »

                    Le chevalier Sir Kelton, son écuyer et leur nouveau petit compagnon de voyage, Cade, qu’ils doivent conduire à l’école de sorcellerie, cherchent leur route dans la forêt profonde et pénétrante. Alors qu’ils tentent de trouver des repères qui leur permettraient d’avancer, l’écuyer se rend compte qu’ils tournent en rond. Le chevalier dubitatif est bien obligé de se rendre à l’évidence. Alors qu’ils font sans cesse désespérément la même boucle, ils sont accostés par Reynholm le hardi de Claxtonbury sur son fier destrier. Il les pistait, persuadé que Cade est leur prisonnier. Le ton monde entre les deux chevaliers qui entament un duel d’ego et d’épée, sous les yeux désabusés de l’écuyer et l’apprenti-sorcier… jusqu’à ce qu’une attaque de moustiques géants ne vienne troubler l’affrontement et disperser tout ce petit monde.

    © Chantler – Rue de Sèvres

                    Après l’histoire du dragon et son trésor, ce second tome du chevalier et de l’écuyer prend plutôt la forme d’une quête initiatique. On dit souvent que le plus important n’est pas la destination mais la route. C’est exactement le principe de cette histoire. Celle qui est intéressante, ce n’est pas la route de Cade pour son école de sorcellerie, mais celle de l’écuyer, qui n’a pas de nom. Il peut être vous, il peut être moi, il peut être tout le monde. Avec son enfance (que l’on voit par flashbacks), sa personnalité et sa malice, il est un adolescent qui grandit. Les événements, il les prend de plein fouet mais jamais ne se laisse abattre. Le problème n’est pas de chuter, mais de réussir à se relever. Sans spoiler, on peut compter sur lui. L’histoire aurait pu s’appeler Le chevalier et son écuyer. C’est l’inverse, L’écuyer et son chevalier. Ce n’est pas anodin. Le gamin va montrer aux adultes que les combats inutiles sont stériles, qu’il vaut mieux unir ses forces pour vaincre. Ils vont d’ailleurs le comprendre plus vite que prévu.

    © Chantler – Rue de Sèvres

                    Le canadien Scott Chantler adopte des tons marron verdâtres très époque et très forêt. Les images d’orage sont concrètement éclairantes, un exemple à reproduire. L’auteur dévoile les secrets de fabrication en bonus. C’est en se perdant en forêt avec des amis qu’il a eu l’idée de l’histoire, avec cette thématique de perte de repères, au propre comme au figuré. Ce second volume est ainsi très différent du précédent, qu’il n’est d’ailleurs pas indispensable d’avoir lu. Il multiplie les embûches pour que ses personnages se dépassent. Des croquis complètent le supplément.

    © Chantler – Rue de Sèvres

    En deux tomes très différents, à la fois aventureux et drôles, L’écuyer et son chevalier est un diptyque qui ne demanderait qu’à être poursuivi. Scott Chantler a deux solutions : laisser son œuvre ainsi ou trouver l’idée de génie pour la continuer avec un nouvel axe pour chaque volume. Ce serait un challenge.


    Série : L’écuyer & son chevalier

    Tome : 2

    Genre : Fantastique

    Scénario, Dessins & Couleurs : Scott Chantler

    Traduction : Marc Lesage

    Éditeur : Rue de Sèvres

    ISBN : 9782810209743

    Nombre de pages : 160

    Prix : 16 € 


  • West Fantasy 5 – L’assassin, le ronin et la catin
    par Laurent Lafourcade

    Trois destins pour un totem

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    « -C’est un honneur de vous rencontrer ici, Toranaga-San. Votre réputation vous précède.

    -Atsuka-San, j’espère sue vous ne m’en voulez pas pour la façon dont nous vous avons fait venir ici. L’affaire requérait que j’emploie les moyens les plus rapides et je ne suis pas familier des étranges coutumes de ce pays.

    -Quelle affaire réclame le concours d’un ancien samouraï… un… sans-honneur… ? « 

    Dans le saloon de Blackstone, Serena aligne les clients sans état d’âme. Le triste ressort de sa vie est d’assouvir les cerveaux des clients qui pensent avec leur sexe. Alors, le jour où un gros gras adipeux claque en plein coït, elle trouve dans ses papiers une carte contenant la promesse d’une vie meilleure et décide de mettre les voiles en pleine nuit. Sur les toits d’une ville qui commence à s’industrialiser, Atsuka, un ronin-elfe, est poursuivi par des membres de l’agence Pinkerton. Après une haletante course-poursuite, il se laisse convaincre de regagner Bloodwood où un commanditaire l’attend. Alors qu’elle bivouaquait près d’une rivière, une nonne est accostée par trois cow-boys qui tentent de la violer. Elle ne verra son salut qu’à l’intervention de M, une de ses consœurs, qui va stopper chez ces rustres toute velléité de recommencer.

    © Istin, Demare, Powell, Picou – Oxymore

    Une pute, un ronin et une nonne, ces trois-là n’avaient rien en commun pour se rencontrer. Et pourtant, leurs destins vont se croiser. Atsuka est invité à servir un nouveau seigneur. Ce Daimyo n’est autre qu’un enfant orc dont le clan Yagu veut la peau. Leyasu, le petit orc, communique par la pensée. Tous deux allaient entamer un voyage de plusieurs jours à travers plaines et forêts jusqu’à un mystérieux totem, un monolithe. C’est ce gigantesque pavé noir qui est aussi la destination indiquée sur la carte de Sérena, la prostituée de Blackstone. La nonne M, quant à elle, a une vengeance à assouvir. Elle est sur les traces du sénateur Winter, qui justement copine avec Ostermann, patron du saloon de Serena, qui cherche à tout prix à remettre la main sur la carte.

    © Istin, Demare, Powell, Picou – Oxymore

    Ce cinquième tome de West Fantasy clôt un premier cycle dont chaque volume a montré l’originalité et la puissance de ce genre nouveau, crossover entre le western et la fantasy. Comme dans chaque épisode, les parts d’ombre de l’histoire sont éclaircies par un chapitre en prose qui donne les clefs indispensables à la compréhension fine de l’histoire, comme si les auteurs s’amusaient à en cacher les secrets. L’astuce scénaristique est un tour de force réalisé par chacun des scénaristes de la série, dont chaque tome peut aussi se lire indépendamment. Jean-Luc Istin, concepteur de l’univers, avait donné le ton dans les deux premiers tomes. Il reprend la main ici pour cette fin de cycle, en terminant par le retour d’un personnage emblématique. Un nouvel arc est d’ores et déjà annoncé. Les dessins de Nicolas Demare et les couleurs de Vincent Powell et Amélie Picou s’intègrent efficacement dans l’univers.

    © Istin, Demare, Powell, Picou – Oxymore

    Si Eddy Mitchell reprenait La dernière séance avec une dose de modernité, il faudrait des films dans l’esprit de West Fantasy, série qui dépoussière de manière totalement inattendue un genre que l’on croyait en vase clôt mais qui ne demande qu’à connaître une extension… comme dans les jeux de rôle.


    Série : West Fantasy

    Tome : 5 – L’assassin, le ronin et la catin

    Genre : Héroïc-Fantasy Western

    Scénario : Jean-Luc Istin

    Dessins : Nicolas Demare

    Couleurs : Vincent Powell & Amélie Picou

    Éditeur : Oxymore

    ISBN : 9782385610906

    Nombre de pages : 64

    Prix : 16,50 €


  • Garfield – Poids lourd 28
    par Laurent Lafourcade

    Classic Cat

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    « -Garfield, ma vie se résume à nettoyer des poils de chat. Quoi de plus pathétique ?

    -Que dirais-tu de nettoyer ma litière ?… »

    Jon. Jon et Garfield. Jon, Garfield et Odie. Jon, Garfield, Odie et Nermal. Jon, Garfield, Odie, Nermal et trois souris. Tout le monde est prêt pour l’autoportrait de famille. Pour Jon qui voulait se faire un selfie, ça ne va pas être aujourd’hui qu’il pourra le faire. Au fil du temps, Jon devient plus fataliste, peut-être plus mature aussi. Il s’est fait une raison : il habite chez son chat. Quand il a un coup de mou, il pratique la méthode Coué et fait confiance à son téléphone qui lui rappelle qu’il n’est pas un raté, qu’il n’est pas un déchet de la société et qu’il n’est pas moche. L’estime de soi, il n’y a pas mieux. Bien que Liz pense le contraire, ce n’est pas parce qu’il porte encore des pantoufles Jeannot Lapin que Jon n’est pas totalement adulte.

    © Davis – Presses aventures
    © PAWNS

    Des baskets, une cannette de soda, un bol de chips, un oreiller, les programmes TV et une télécommande, pour Garfield, c’est un peu l’équipement de survie. Le roi du farniente n’est pas près de se laisser abattre. Il va le prouver à plusieurs reprises dans ce recueil de strips et de planches dominicales, le vingt-huitième déjà de la collection poids lourd. Quand il ne flemmarde pas, Garfield chante, mais le public est parfois difficile à satisfaire. Quand il nargue un chien, à part Odie – oui, oui, Odie est un chien -, il s’assure que celui-ci est accroché à une chaîne bien solide. Quand il fait un tour dans la neige, il ne prend pas de risque non plus… contrairement à Jon.

    © Davis – Presses aventures
    © PAWNS

    Comme dans chaque volume poids lourd, des blagues et des devinettes pleines pages permettent de profiter de grands dessins. Quelle est l’opération mathématiques que déteste le plus cette pince de Jon ? C’est l’addition. Que dit Garfield pour séduire Arlène ? Pourquoi, chez Garfield, les souris sont-elles toujours épuisées ? Que dit Garfield à Pooky quand il quitte la maison ? Comment fait-on entrer Garfield dans le frigo en trois mouvements ? Que dit Garfield quand il entre dans une pharmacie ? Pour toutes ces réponses, il faudra les découvrir dans le livre.

    © Davis – Presses aventures
    © PAWNS

                    Valeur sûre de la bande dessinée en général et du strip en particulier, Garfield agit comme une série doudou qu’il est rassurant de retrouver pour de bons moments drôles… et tendres aussi mine de rien. En orange, l’Europe a Nelson, l’Amérique a Garfield.


    Série : Garfield

    Tome : Poids lourd 28

    Genre : Humour félin

    Scénario & Dessins : Jim Davis

    Éditeur : Presses aventure

    ISBN : 9782898450242

    Nombre de pages : 256

    Prix : 14,90 €


  • Déviation
    par Laurent Lafourcade

    L’emprise en fuite

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    « -Si je réponds, je rentre à la maison. Si je réponds, je rentre à la maison. Si je réponds, je… »

                    Blackpool, Lancashire, Juin 2016. Un ciel bien gris. Une femme et son chien, dans leur voiture. Une déviation. Elle la prend. Le téléphone sonne. Elle ne répond pas. Elle ne répond pas. Elle ne peut pas répondre car si elle répond, elle rentre à la maison. Malgré la voix qui lui parle dans la tête, l’agresse et la rabaisse, elle ne cède pas. Mary préfère dormir dans le froid de sa voiture décapotable sur une aire d’autoroute, avec Nelson, un malinois. La fuite en avant de Mary ne fait que commencer. Elle fuit un mari toxique. Au fil de ses rencontres, tout au long de sa route, elle va prendre conscience de sa condition de victime. Réussira-t-elle à s’émanciper ?

    © Constant, Constant – Futuropolis

                    Après La dame de fer et Lady Jane, Déviation est le dernier épisode de la trilogie anglaise de Béa et Michel Constant. Chaque histoire est indépendante. Déviation est une histoire d’emprise. Mary va effectuer une route au sens propre comme au sens figuré pour espérer changer le cour de sa vie. Dans ce genre de relation néfaste, la victime souffre d’un syndrome d’attachement qui l’empêche de s’évader, avec parfois de l’empathie pour son bourreau, une sorte de syndrome de Stockholm. Mary va en tous cas s’enrichir, s’enrichir de rencontres : une agent d’entretien, des touristes australiens, globe-trotters, un couple âgé dont le mari est atteint d’Alzheimer,… Chaque rencontre va être déterminante pour construire la femme qui pourra dire non.

    © Constant, Constant – Futuropolis

                    Béa et Michel Constant portraitisent une société anglaise pauvre financièrement mais riche intérieurement. N’est-ce pas le plus beau des trésors ? Ils s’inspirent d’une histoire réelle pour cette immersion. Mary est un personnage qui se pense faible. A la limite de la schizophrénie, ses deux ennemis sont donc son époux, que l’on ne voit jamais, et sa voix intérieure, que fatalement on ne voit pas non plus mais que l’on entend beaucoup. Cette absence du mari est terrifiante, un peu comme le requin des Dents de la mer, qui terrorise les baigneurs sans que l’on ne le voit, jusqu’à la toute fin du film. L’album est aussi un hommage à la chanson anglophone : Joy Division, The Smiths, et surtout Freddie Mercury. Il se lit avec cette bande originale.

    © Constant, Constant – Futuropolis

                    Déviation est une immersion en Angleterre. L’histoire n’aurait pas pu se passer ailleurs. Elle témoigne d’une société en souffrance mais qui sait faire preuve de solidarité pour s’entraider. Elle fait surtout prendre conscience que l’on n’a pas le droit de rester une victime, ou plutôt qu’on a le droit de ne pas rester une victime.


    One shot : Déviation

    Genre : Emotion

    Scénario : Michel & Béa Constant

    Dessins : Michel Constant

    Couleurs : Béa Constant

    Éditeur : Futuropolis

    ISBN : 9782754836326

    Nombre de pages : 72

    Prix : 16 €


  • Le génie de la forêt
    par Laurent Lafourcade

    Espaces verts pour bouffées d’oxygène

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    « -Aristote… Il faut changer de regard sur le vivant. C’est vital pour l’humanité. C’est pour ça que je veux faire ce livre et cette promenade. Suis-moi et tu vas changer de regard sur la nature, je te le promets.

    -Bon… « Il n’y a pas de génie sans un grain de folie. » Gloups. « 

                    Pour Aristote, grand penseur et l’un des fondateurs de la philosophie occidentale, le végétal est inerte, sans âme ni conscience. Lorsqu’il déclare ça au botaniste Francis Hallé, ce dernier a le sang qui bouillonne. Sensible aux idées de Voltaire, retiré à Ferney pour y planter des arbres, le scientifique compte bien prouver à Aristote que son anthropocentrisme à deux sous est une erreur. L’être humain n’est pas au sommet de tout. L’existence du végétal n’est pas justifiée par l’usage qu’en font les humains. L’échelle de la nature du philosophe a été reprise à tort par l’Eglise depuis plusieurs siècles. Ce postulat influence encore la vision du monde aujourd’hui. C’est grave. Francis Hallé va remettre les pendules à l’heure et prouver à Aristote et à ses lecteurs que la nature a une pensée, et qu’elle est loin d’être idiote.

    © Nicoby, Zabus, Hallé – Albin Michel

                    « Les arbres sont une réalité essentielle de la vie sur terre. », dit Francis Hallé. Tout au long du livre, en héros de bande dessinée, il va nous expliquer comment vivent les arbres, comment ils naissent, grandissent et communiquent. On va apprendre la différence entre un arbre unitaire et un arbre coloniaire. Le premier est constitué d’une seule unité architecturale qui grandit pendant toute la durée de sa vie, comme les sapins ou les palmiers. Le second va créer sur lui-même d’autres structures, des réitérations, lui permettant de se développer dans l’espace, comme les chênes ou les platanes. On va aussi apprendre la différence entre forêt primaire et secondaire. La première n’a pas subi de fortes influences humaines et reste dans un état naturel. La seconde en a été l’objet et il lui faudra plusieurs siècles pour redevenir primaire. On va aussi découvrir les secrets de la canopé et prendre conscience des ravages de la déforestation.

    © Nicoby, Zabus, Hallé – Albin Michel

                    Avec la collaboration de Francis Hallé, Vincent Zabus écrit un album reportage, poétique, fantastique et réaliste. Comme un arbre qui a des branches qui prennent diverses directions mais qui a un seul tronc, il choisit de mettre en abime le scientifique dans l’histoire et de l’inscrire dans un dialogue impossible avec Aristote qui a vécu près de vingt-cinq siècles plus tôt. Hallé adopte un discours descriptif et pédagogique sans prétention et avec passion. Quand on entend quelqu’un parler ainsi de son domaine, on ne peut que s’y intéresser. Hallé prend aussi la position de lanceur d’alerte mettant en garde sur l’avenir de la planète si l’homme continue à considérer les arbres comme des produits de consommation. Nicoby adapte son trait souple à la cause, sachant affiner son trait tel un botaniste graphiste. C’est avec émotion qu’on profite aussi ici des dernières couleurs de Philippe Ory, qui nous a récemment quitté. Pierre Jeanneau a pris la relève pour terminer l’album.

    © Nicoby, Zabus, Hallé – Albin Michel

                    Francis Hallé est un génie de la forêt tout autant qu’il démontre avec pédagogie le génie de la forêt. Après avoir lu cette transmission de savoir, jamais plus vous ne vous promènerez au milieu des arbres comme avant. Une respiration.


    One shot : Le génie de la forêt

    Genre : Ecologie

    Scénario : Vincent Zabus & Francis Hallé   

    Dessins : Nicoby

    Couleurs : Philippe Ory & Pierre Jeanneau

    Editeur : Albin Michel

    ISBN :  9782226494900

    Nombre de pages : 112

    Prix : 19,90 €


  • Le joli monde de Finette 1 – Ne fais pas ton grognon, Barnabé !
    par Laurent Lafourcade

    Une forêt et des amis de rêve

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    « -Allez, hop ! Des petits gâteaux pour notre nouveau voisin !

    -Euh, tu ne crois pas que tu devrais suivre la recette ?

    -Tu rigoles ! Improviser, c’est ça ma botte secrète !

    -Mwoui… »

    Barnabé est un ours. Barnabé a un pull vert sans manche avec un col de chemise. Il vient de déménager. Le voici dans la forêt de Bois-Joli. Il est énorme, solitaire et ronchon. Pour Finette, il faut accueillir le nouveau venu comme il se doit. Avec Chifoumi, elle prépare de délicieux biscuits qu’elle va aller lui porter. Le premier jour, Barnabé n’ouvre pas. Il prétend avoir piscine. Le deuxième jour, pour une bonne galette au miel, Barnabé n’ouvre pas. Il dit faire du tricot. Le troisième jour, après un Toc Toc sans réponse avec un gâteau aux fruits, Finette remarque que la porte n’est pas fermée et entre. Elle chute la tête la première dans la crème de son présent et se trouve face à l’ours le visage tartiné d’un masque de beauté. L’un et l’autre s’effraient. Une fois la tension retombée, Finette, Barnabé et Chifoumi décompressent et font connaissance autour d’une tasse de thé.

    © Nesme, Berkane – Oxymore

    La forêt de Bois-Joli est la nouvelle place to be pour des histoires trop kawaïs. Vous aimiez Colargol ? Vous avez suivi Masha et Michka ? Vous vous êtes déjà promenés dans la forêt des rêves bleus de Winnie l’ourson ? Vous adorerez Le joli monde de Finette. Impossible de ne pas craquer pour cette fillette, ce petit chaperon rouge à la capuche aux oreilles de lapin. Afin d’accueillir au mieux Barnabé, elle décide d’organiser une fête de bienvenue et rameute tous ses copains… avec un téléphone à fil en pots de yaourt. Quant à Chifoumi, petit lapin blanc en apparence, il n’est pas si banal que ça. Et pour cause, quand il éternue, il grandit, grandit, grandit comme par magie et devient Chichifoumi. Il fait de la magie, mais aussi des bêtises. Il ne faudrait pas que ça cause trop de panique dans la forêt.

    © Nesme, Berkane – Oxymore

    On connaît Alexis Nesme pour les nombreuses bandes dessinées qu’il a à son actif, dont dernièrement une version du Marsupilami avec Lewis Trondheim. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il a réalisé une adorable collection d’albums illustrés avec Nadia Berkane : Bébé Koala. Avec son ami Allistair le hamster, on a suivi son quotidien au jardin, à la garderie, à la mer, à Noël et dans tous les endroits et moments classiques pour émerveiller et faire grandir les tous petits lecteurs. Le duo d’auteurs se reforme pour cette nouvelle série visant un public légèrement plus âgé et sous forme de véritable bande dessinée, idéale pour aborder le média. Les petits animaux d’Alexis Nesme sont tous plus adorables les uns que les autres. Même adultes, on rêve d’habiter dans cette forêt avec eux. L’histoire est rigolote, sans prétention, comme une bonne après-midi entre amis.

    © Nesme, Berkane – Oxymore

    Le joli monde de Finette est un enchantement. Finis les soucis et les chagrins. Retrouvez le sourire aux côtés de la gamine et tous ses camarades dans un endroit de rêve. Espérons qu’on passera encore de nombreux moments ensemble.


    Série : Le joli monde de Finette

    Tome : 1 -Ne fais pas ton grognon, Barnabé !

    Genre : Kawaï

    Scénario : Nadia Berkane

    Dessins & Couleurs : Alexis Nesme

    Éditeur : Oxymore

    Collection : P’tite Luciole

    ISBN : 9782385611002

    Nombre de pages : 32

    Prix : 14,95 €


  • Vous n’aurez pas les enfants
    par Laurent Lafourcade

    La rafle désarçonnée

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    « -Quand l’avez-vous appris ?

    -Tout à l’heure. Au détour d’un couloir. L’opération doit rester secrète. Après le Vél d’Hiv, Vichy va maintenant livrer les juifs étrangers de la zone libre. C’est le préfet Angeli qui est chargé d’organiser la rafle de la région de Lyon dans les dix départements dont il a la charge. Je demande solennellement l’aide de l’amitié chrétienne.

    -Vous l’aurez. Les enfants sont-ils concernés ?

    -J’en ai peur. Mais il est question d’un télégramme officiel, qui doit préciser une liste d’exemptions. Je vais me le procurer et vous ferai parvenir cette liste dès que possible, demain sans doute. »

                    5 août 1942, presbytère de Notre-Dame-Saint-Alban, 8ème arrondissement de Lyon. L’Abbé Alexandre Glasberg reçoit la visite de Gilbert Lesage, chef du service social des étrangers de Vichy, un humaniste et résistant. Ce dernier demande solennellement l’aide de l’amitié chrétienne car Vichy s’apprête à livrer les juifs étrangers de la zone libre. Une liste d’exemptions va peut-être permettre d’en sauver quelques-uns.  L’obsession administrative du régime pourrait se retourner contre lui en ouvrant une faille. C’est cette faille que l’Abbé Glasberg va tenter de creuser. La rafle est imminente. Les personnes arrêtées seront internées dans la banlieue de Lyon, au camp de Vénissieux, afin d’y être triées, puis déportées ou libérées. Il va donc falloir jouer sur les exemptions.

    © Balez, Le Gouëfflec – Glénat

                    Le bureau de l’OSE (Œuvre de secours aux enfants juifs) s’organise. Charles Lederman, fondateur du bureau, expose la liste des exemptions. L’objectif est de faire sortir légalement le plus d’internés possible, ceux arrêtés par erreur et, pour les autres, en « jouant » sur ces exemptions. Ne sont donc pas concernés par la rafle : les individus ayant servi dans l’armée française ou ex-alliée, ainsi que leurs familles, ceux qui ont des enfants ou un conjoint français, les intransportables, les vieillards de plus de soixante ans, les femmes enceintes, les parents d’enfant de moins de cinq ans, ceux incorporés dans un groupement de travailleurs, les artistes, auteurs et scientifiques, ainsi que, et c’est là que va se trouver le principal levier, les enfants de moins de dix-huit ans non accompagnés. Le premier objectif est de faire exempter les familles entières. Si ça ne marche pas, il faudra convaincre les parents d’abandonner leurs enfants pour les faire entrer dans la catégorie des mineurs non accompagnés.

    © Balez, Le Gouëfflec – Glénat

                    L’historienne Valérie Portheret a mené une enquête de vingt-cinq ans pour reconstituer le sauvetage des enfants du camp de Vénissieux grâce à de nombreux témoignages. Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Balez adaptent son livre qui raconte la chaîne de solidarité qui s’est mise en place entre le 26 et la nuit du 28 au 29 août 1942 pour faire sortir 108 enfants du camp. Cette relecture par le prisme de la bande dessinée permet ainsi de toucher de nouvelles générations et de rentrer dans les écoles. Aux enseignants de s’en emparer. La résistance sans arme a fait mettre un genou à terre au régime nazi en le prenant à son propre piège des contraintes administratives. Les auteurs signent un quasi-huis clos, sombre dans le fond et dans la forme. La mise en abime du prêtre dans la paperasse administrative est une composition magistrale, tout comme ses travaux de couture où le cosaque géant déambule en broderie.

    © Balez, Le Gouëfflec – Glénat

                    Valérie Portheret en personne signe la préface et le large dossier historique final de ce vibrant témoignage historique. Vous n’aurez pas les enfants raconte l’un des plus grands coups d’éclats de la résistance française. On entre au cœur de destins de familles qui vont se séparer en sachant pertinemment qu’ils ne seront jamais réunis à nouveau. L’album est artistiquement puissant et l’histoire à la force de celle de La liste de Schindler. Un des indispensables de l’année.


    One shot : Vous n’aurez pas les enfants

    Genre : Histoire

    Scénario : Arnaud Le Gouëfflec   

    Dessins & Couleurs : Olivier Balez

    D’après : Valérie Portheret

    Editeur : Glénat

    Collection : 1000 feuilles

    ISBN :  978244055489

    Nombre de pages : 152

    Prix : 24 €


  • Columbusstrasse
    par Laurent Lafourcade

    1935-1945 dans une famille allemande

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    « -Cabinet d’avocat Dahmen ? Ah, c’est toi, fils ? Quel plaisir de t’entendre ! Comment ça se passe dans notre belle ville de Munich ? Tu travailles dur ? Tu as reçu quoi ? Mais, et ton stage juridique ? Ça ne suffit pas à te faire exempter ? Oui, je comprends ! J’en parlerai à ta mère. Et je la rassurerai ! Non, non, je ne m’inquiète pas du tout. Très bien mon garçon, on se rappelle très bientôt. »

                    L’histoire commence à Columbusstrasse en 1935, dans la maison natale de Karl Dahmen, à Düsseldorf, dans le quartier d’Oberkassel. Le petit Karl-Leo est fiévreux. Il tousse toujours autant. L’aîné, Eberhard lit le journal pendant que Peter le cadet suspend un cadre plutôt que de faire ses devoirs. Avant de partir au travail, Karl, le père, demande à sa fille Marlies de donner un coup de main à sa mère. La famille Dahmen ne se doute pas qu’ils allaient se trouver au cœur d’un nouveau conflit international, une guerre qui allait dépasser tout ce qu’on aurait pu imaginer. Karl est avocat. Il travaille au tribunal de Düsseldorf. Heinz Funcke, lui, est directeur technique dans une usine de boulons à Chemnitz. Avec sa femme et ses deux enfants, ils habitent à l’Est du pays.

    © Dahmen – Robinson

                    Dans ce pavé de 528 pages, Tobi Dahmen raconte l’enfance de son père et de ses oncles de 1935 à 1945 en Allemagne. Fils de Karl-Leo, le plus jeune des frères Dahmen, Tobi a rassemblé tous les documents qu’il a pu pour retracer le parcours de chacun des membres de la famille, pendant la période la plus trouble de l’Allemagne nazie. Eberhard et Peter seront démobilisés. Karl-Leo va être mis au vert puis partir en pension. Pendant ce temps, l’usine d’Heinz Funcke va fabriquer l’armement nécessaire à la guerre. Alors que le pays tente de gagner des territoires sur les différents fronts, que ce soit à l’Ouest vers la France, ou à l’Est vers la Russie, au prix de pertes terribles, les bombes alliées vont tomber sur les villes.

    © Dahmen – Robinson

                    Columbusstrasse, une histoire de famille 1935-1945, est aussi une histoire du monde vu par le prisme de familles allemandes subissant les décisions unilatérales d’un fou de guerre, un certain Adolf Hitler. Tobi Dahmen écrit une chronique, plus qu’une histoire. L’Histoire, on la connaît. Leur histoire, celle de familles allemandes, on la découvre. L’auteur ne cache rien. Il n’édulcore pas la réalité d’une famille opposée au régime mais avec ses préjugés contre la population juive. Les lettres de ses oncles témoignent de l’horreur de ce qu’ils vivaient, participant à une guerre d’extermination. On découvrira plus tard comment les familles Dahmen et Funcke seront liées. En annexe, un résumé compact des contextes politiques et familiaux du récit montre comment les protagonistes étaient embringués dans une inéluctable marche en avant. Tobi Dahmen présente un point de vue inédit, non manichéen, avec un angle allemand, très complémentaire des récits qu’on a l’habitude de lire. Son objectif est clair : ne pas reproduire les erreurs du passé en commençant par réfléchir en déposant un bulletin de vote dans une urne. Il met en garde contre le nationalisme et l’exclusion.

    © Dahmen – Robinson

                    Fresque familiale, témoignage historique sur la Seconde Guerre Mondiale vue depuis l’Allemagne, Columbusstrasse permet de comprendre ce qu’a vécu, ce qu’a commis, ce qu’a subi toute une génération sacrifiée sur l’autel de la mégalomanie d’un chef de guerre impénitent.


    One shot : Columbusstrasse

    Genre : Histoire

    Scénario & Dessins : Tobi Dahmen

    Editeur : Robinson

    ISBN :  9782017265597

    Nombre de pages : 528

    Prix : 29,99 €


  • Survival 3 – Palmyra
    par Laurent Lafourcade

    La forêt de l’angoisse

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    « -Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?

    -Tu as vu ces lumières ?!

    -Non.

    -Elles ont disparu… Ça venait de la première ligne d’arbres. Je te jure. Je les ai vues… Elles étaient très brillantes !

    -Sans doute un braconnier avec une lampe torche. Je vais jeter un coup d’œil. Je reviens…

    -Sois prudent ! »

                    Saskatchewan, 10500 avant Jésus-Christ, un chasseur indien traverse la forêt à la recherche d’une proie. Soudain, il interrompt sa course, intrigué par les yeux luisants d’une créature étrange qui l’observe dans les sous-bois. Cisco, contrefort des Rocheuses, 1849, un convoi de pionniers fait halte car la nuit tombe. Les colons bivouaquent autour d’un feu quand, tout d’un coup, les chevaux paniquent. Ça ne durera pas longtemps. Les créatures, les mêmes que celles qu’a vues l’indien quelques milliers d’années plus tôt, s’approchent et massacrent les voyageurs. Palmyra, Somerset County, Maine, Etats-Unis, de nos jours, la famille Saville s’est installée dans une ferme isolée. Ils ont deux enfants. Le soir, mari et femme ont l’habitude de prendre le café sous le porche couvert. Ce soir, Shelley aperçoit une lueur derrière la première ligne d’arbres. Son mari Eric, boiteux après un accident du travail, s’avance pour faire fuir les éventuels intrus de leur propriété privée. Il ne trouve personne. Ce ne sera pas la même chose quelques nuits plus tard, lors du week-end du Memorial Day où des créatures aux allures de loups-garous tenteront d’assiéger la ferme. Le lendemain, Eric décide de faire appel à Doug, un de ses cousins amateur de chasse au gros gibier.

    © Bec, Kochanski, Facio – Soleil

                    Après la montagne de Warm Springs et la prison d’Aparecida, la forêt de Palmyra est le décor du troisième one shot de la collection d’anthologie Survival. Ici, l’ennemi est sournois. Entre un mystère à la Stryges et des mythes célèbres de créatures typiques de la littérature fantastique, cet épisode honore toutes ses promesses en matière de suspense, de tension et de sueur. Christophe Bec monte savamment son scénario sur plusieurs époques très rapidement, sans qu’on en reparle tout au long de l’album… sauf évidemment à la fin pour, non pas une grande explication finale, mais la preuve de l’élément déclencheur de l’agissement des bêtes. Avec cette série, Bec s’installe au rang de maître du mystère fantastique, au même titre que Corbeyran. Il joue du page turner avec malice pour empêcher le lecteur de refermer l’album avant la fin. Comme dans bon nombre de scénarios fantastiques, les relations familiales sont au cœur de la problématique, et beaucoup plus qu’on ne pourrait le croire jusqu’à la fin.

    © Bec, Kochanski, Facio – Soleil

    Le dessinateur Kamil Kochanski publie sa première bande dessinée en français. Il joue avec les ombres et lumières pour ne pas tout dévoiler des bêtes belliqueuses. Il sème la terreur dans les yeux des humains et s’avère surtout un grand décorateur. La forêt n’est pas le paysage le plus facile à représenter, mais c’est surtout dans des compositions originales qu’il se distingue comme ce soleil couchant derrière la ferme des Saville, aidé par les couleurs sombres aux jets de lumière de Facio.

    Bec s’amuse avec les poncifs des scenarios de genre. L’inconscient qui va voir tout seul ce qu’il se passe. Le « héros » solitaire qui pense tout savoir mieux que les autres et résoudre tous les problèmes. La mère de famille qu’on met rapidement de côté parce qu’elle n’a plus grand rôle à jouer. Tout ce petit monde se retrouve autour de dialogues dont certains pourraient sembler bateau mais qui sont indispensables aux « survivals ».

    © Bec, Kochanski, Facio – Soleil

    Qui survivra aux monstres ? Que veulent ces créatures ? Pourquoi agissent-elles ainsi ? Il faudra attendre la toute dernière page pour comprendre. Avec Survival, Christophe Bec joue avec nos nerfs dans des one shots intensifs.


    Série : Survival

    Tome : 3 – Palmyra

    Genre : Thriller

    Scénario : Christophe Bec

    Dessins : Kamil Kochanski

    Couleurs : Facio

    Éditeur : Soleil

    ISBN : 9782302102989

    Nombre de pages : 56

    Prix : 15,50 €


  • Frnck 10 – L’objet impossible
    par Laurent Lafourcade

    Paradoxe temporel

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    « -Je vous demande d’accueillir ceux qui ont survécu à l’apocalypse et au régime paléo… Franck, Anoukis et Francisco. Bienvenue, installez-vous, installez-vous ! Ça va, vous avez trouvé le studio facilement ? Pas trop compliqué le voyage ?

    -Vous voulez dire… par rapport à un voyage dans le temps ? »

                    La porte temporelle a été ouverte. Franck a pu revenir à l’époque moderne, avec quelques camarades et dinosaures, mais sa chérie est restée bloquée là-bas. Kenza, pas plus que Chipolata, n’a pu faire le voyage. Ça fait pile dix ans aujourd’hui que Franck est rentré. On ne peut plus pique-niquer sans se faire croquer son sandwich, ou sa tête, par un dino. Franck, Anoukis et Francisco sont invités sur le plateau d’un talk-show télévisé pour raconter leur vie depuis leur arrivée au XXIème siècle. Pour rien au monde Francisco ne voudrait repartir. Il a retrouvé un bras et s’est marié… avec Anoukis. L’animateur rappelle à Franck les souvenirs de son voyage préhistorique, avec des photos, des objets… Tiens ? Il manque un couteau qui devait être présenté ! Sur les caméras de sécurité, on voit quelqu’un le voler et quitter le studio. Bref, cette soirée flashback remue le cœur de Franck. Depuis son retour, tout est fade. Et si sa vraie vie était là-bas ?

    © Cossu, Bocquet, Guillo – Dupuis

                    Aujourd’hui, Franck travaille à Dinozoorus, le parc dans lequel sont enfermés les bestioles qui ont passé le portail du temps. Les visiteurs se pressent dans les allées pour assister aux différents spectacles et animations. Le vélociraptor Derby commence à 11h, il est encore temps de placer les paris ! Dans le hangar réservé au personnel, Reinhard tente de calmer un dino bien énervé. Seule une seringue hypodermique pourra le contenir. Le soir, le vol du couteau est au cœur de la conversation, car le couteau est ce que l’on appelle un « objet impossible ».  Franck l’a donné à Léo dans la préhistoire et Léo l’a donné à Franck avant son départ pour la préhistoire. Il n’a donc jamais été fabriqué. Il doit venir d’un univers parallèle dans lequel l’un d’entre eux l’a obtenu par des moyens plus conventionnels. C’est en tout cas énigmatique et c’est certainement pour cela que la société Timelapse, pour laquelle travaille certainement la subtilisatrice car elle en porte les chaussures spécifiques, a organisé le vol. Depuis dix ans, Timelapse fait des fouilles et des essais pour rouvrir la faille temporelle. Franck et ses amis vont aller mettre leur nez là-dedans, mais, dans la bande, tout le monde n’est pas favorable à un nouveau voyage.

    © Cossu, Bocquet, Guillo – Dupuis

                    Avec ce bond en avant de dix ans dans le temps, le trait de Brice Cossu est devenu lui aussi un poil (de mammouth) plus adulte. Avec son menton poilu, Franck a pris de l’âge, mais son cœur n’a pas pris une ride. Il est toujours amoureux de Kenza et semble ne l’avoir jamais remplacée. Pour elle, il acceptera sans hésitation le retour dans le passé. Le changement de décor permet à Yoann Guillo de développer une nouvelle palette de couleurs, tout en restant dans la continuité et l’ambiance de la série. Olivier Bocquet la fait grandir avec ses lecteurs. L’adolescent qui a découvert la série à sa création est maintenant un jeune adulte. Il garde à peu près le même âge que le héros. Le paradoxe temporel du couteau était présent dès le début de la série. Comme quoi, le moindre détail à son importance, parfois plusieurs années après. Les auteurs ont découvert que ce paradoxe existait vraiment, le vulgarisateur scientifique américain Neil deGrasse Tyson ayant traité le sujet.

    © Cossu, Bocquet, Guillo – Dupuis

                    Le troisième cycle de Frnck démarre sur les chapeaux de roues… du fauteuil de Reinhard. Le Jurassic Park est bien fade par rapport au Dinozoorus. Frnck s’inscrit définitivement comme l’une des meilleures séries tous publics du moment.


    Série : Frnck

    Tome : 10 – L’objet impossible

    Genre : Aventure

    Scénario : Olivier Bocquet

    Dessins : Brice Cossu

    Couleurs : Yoann Guillo

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808505130

    Nombre de pages : 56

    Prix : 12,95 €


  • Réseau boulot dodo 3 / Alphonse La gueule de l’emploi
    par Laurent Lafourcade

    Tous types de travaux

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    « -Alphonse, tu ne vas pas renifler des aisselles, voyons ! C’est hyper dégradant !

    -Ben si ! C’est un métier comme un autre et c’est super bien payé !

    -Ton problème, c’est que tu es prêt à faire n’importe quoi ! »

    Alphonse est chômeur à plein temps. Il aimerait bien pouvoir se plaindre parce qu’il travaille. Il a fait de l’intérim, du provisoire, du précaire. Il a bossé dans les espaces verts, la restauration, le bâtiment,… Le chômage l’enfonce dans la bibine. Ça ne l’empêche pas d’analyser sa situation. Pour lui, la société a besoin de chômage pour faire accepter aux gens des conditions de travail qu’ils refuseraient autrement. Quand on a compris ça, on a tout compris. Alors, Alphonse s’est dit qu’il était temps de foncer. Dans les annonces les plus improbables, il a trouvé des métiers incroyables. Il va branler des dindons, trier des poussins, nettoyer des scènes de crime, rendre des cadavres présentables, faire la queue pour les autres, travailler dans un fast-food, pêcher des bars, enseigner l’anglais en prison, préparer des commandes et renifler des aisselles. Mmmmh !

    © Valdés, Pelaez – Fluide glacial

    Du boulot, il va aussi en être question avec du réseau et du dodo. Grâce aux nouvelles technologies et moyens de communication, le monde est en plein renouveau, pour le meilleur et pour le pire. De nos jours, un joystick peut rendre fou un avion de ligne et une brosse à dents électriques peut être l’instrument d’un groupe terroriste. Paradoxalement, l’hyper-connexion côtoie des livres en papier, des légumes bio ou encore des vidéos de plus de cinq minutes appelés des films avec des acteurs. La technologie envahit les terrains de sport, les lieux de culte et les endroits de plus stricte intimité.

    © Erre, Greff – Fluide glacial

    Connu pour ses comédies dramatiques comme Le gigot du dimanche ou Les fesses à Bardot, ou bien des récits plus sombres comme Dans mon village on mangeait des chats ou L’enfer pour aube, le scénariste Philippe Pelaez s’offre une récréation jouissive avec Alphonse La gueule de l’emploi. Il imagine des métiers fous fous fous pour son personnage. Pascal Valdés les met en image dans de courtes séquences non dénuées d’humour noir.

    © Valdés, Pelaez – Fluide glacial

    Fabrice Erre se connecte pour la troisième fois au RBD, le Réseau-Boulot-Dodo. On se marre bien, mais on se demande si on ne devrait pas plutôt pleurer. Quand un élève se heurte à d’importantes difficultés cognitives et relationnelles à cause des ravages des écrans, ça peut se comprendre. Qu’à cause de ça, il soit grand adolescent attardé en école primaire, c’est plus problématique. Et pourtant, c’est à peine exagéré. L’intelligence artificielle prend le contrôle de nos vies. Les superstitions anciennes sont au rebu. Mais il faut parfois revenir aux méthodes anciennes.

    © Erre, Greff – Fluide glacial

    Le genre humain se rit de lui-même. Chez Fluide, on peut rire de tout avec n’importe qui. Que l’on soit demandeur d’emploi ou accro à son portable, on rit avant tout de soi-même dans ces albums phénomènes actuels de société.



    Série : Réseau boulot dodo

    Tome : 3

    Genre : Humour

    Scénario & Dessins : Fabrice Erre

    Couleurs : Sandrine Greff

    Éditeur : Fluide glacial

    ISBN : 9791038207257

    Nombre de pages : 56

    Prix : 13,90 €


    One shot : Alphonse La gueule de l’emploi

    Genre : Humour

    Scénario : Philippe Pelaez

    Dessins & Couleurs : Pascal Valdés

    Éditeur : Fluide glacial

    ISBN : 9791038207271

    Nombre de pages : 56

    Prix : 13,90 €


  • Spectregraph
    par Laurent Lafourcade

    La machine à fantômes

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    « -J’ai l’impression de ne plus être le bienvenu en ces murs. Vous deviez croire que cela me blesserait davantage. Vous parlez entre vous de ce que je construis sur la côte californienne. Mais vous avez toujours échangé des rumeurs à mon sujet. J’en ai l’habitude. Cela ne m’a jamais influencé ni arrêté. Vous connaissez les cerveaux que j’ai recrutés. Vous avez entendu parler de ma machine. Vous savez que je suis prêt à aller jusqu’au bout. Et ça vous terrifie. »

                    1981. Un homme est engagé par un autre afin de se rendre à quelques heures au Nord de la ville et retrouver un individu parmi les plus riches du monde qui a fabriqué quelque chose qui ne devrait pas exister et le lui prendre. Dans la villa, le voleur est agressé par le propriétaire alors qu’il vient de trouver « le cœur de la machine ». Après avoir ressenti une intense douleur, il se trouve face à son spectre, avant d’être achevé par le maître des lieux. Quelques années plus tôt, en 1967, ce dernier, nommé Ambrose Everett Hall, intégrait un ordre pour commettre des sacrilèges et chercher des réponses sur l’au-delà, sur la vie après la mort. Il a passé la moitié de son existence et dépensé sa fortune à la recherche de preuves d’un monde des esprits. Il ne gâchera pas une minute de plus avec des délires. Il est certain à présent que la vie éternelle et le monde des esprits n’existent pas et regrette qu’il n’y ait jamais eu de fantômes. Qu’a-t-il donc construit entre 67 et 81 ?

    © Tynion IV, Ward – Delcourt

                    Quelques années plus tard, en 2024, Janie, une agente immobilière, accessoirement mère lamentable qui laisse son bébé seul sur sa chaise haute pendant qu’elle part travailler, est attendue devant la villa d’Ambrose par Vesper Quinn, grande, rousse, lunettes de soleil et ombrelle. L’énigmatique femme doit l’acquérir pour de mystérieux employeurs observant de loin. L’étrange visite va pouvoir commencer. L’originalité de cette maison est qu’il s’agit d’une sorte de machine, complètement analogique, avec six millions de composants, tous commandés par des pavés numériques. Elle nécessite beaucoup d’entretien. L’agence préconise aux propriétaires de payer à l’année des experts en mécanismes et horlogerie en cas de problème. Si l’on éteint le système dans le mauvais ordre, on peut rester bloqué à l’intérieur plusieurs jours. Après avoir consacré la première partie de sa vie à l’occultisme, Ambrose Everett Hall a passé la seconde partie de son existence à construire cette maison dont la pièce centrale présente une sorte de loupe… qui ne montre rien. Vesper a l’air d’avoir des informations.  Après avoir assommé Janie et tenté de fuir, elle ne parvient pas à sortir des lieux. Les deux femmes vont rapidement se rendre compte qu’elles ne sont pas seules. A l’extérieur, on peut appeler le maître car ça a commencé !

    © Tynion IV, Ward – Delcourt

                    Ambrose Everett Hall voulait construire une machine capable de fabriquer un fantôme, un vrai fantôme, un prolongement de la vie après la vie. Maintenant qu’il a disparu, le spectregraph est l’objet de bien des convoitises. L’américain James Tynion IV écrit un scénario horrifique original, revisitant le mythe du savant fou. A mi-chemin entre le fantastique et le scientifique, Spectregraph modernise un concept dans un genre nouveau qu’on pourrait presque qualifier de gothique d’anticipation. Le dessinateur anglais Christian Ward déstructure les codes entre des cadrages parfois très géométrique, à l’image de mécanisme d’horlogerie, et des scènes psyché-spectro-déliques dont les courbes et l’évanescence s’opposent à la convention de la planche. Entraînant les scènes vers des ambiances étranges, les couleurs jouent un rôle primordial.

    © Tynion IV, Ward – Delcourt

                    Avec Spectregraph, les éditions Delcourt importent un comics hors du commun. Ovni scénaristique et graphique, l’album est une métaphore de la démesure et de la mégalomanie américaine. On ne joue pas avec les âmes. Ça pourrait s’avérer dangereux.


    One shot : Spectregraph

    Genre : Fantastique

    Scénario : James Tynion IV   

    Dessins & Couleurs : Christian Ward

    Editeur : Delcourt

    Collection : Contrebande

    ISBN :  9782413088523

    Nombre de pages : 168

    Prix : 23,75 €


  • Les cavaliers de l’apocadispe 5 – Les cavaliers de l’apocadispe au grand air
    par Laurent Lafourcade

    Trois tiers de trio écolos

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    « -Pour votre prochain exposé, le sujet sera « Protéger la nature ». C’est un exercice de réflexion motivant et plaisant. Un travail pour lequel j’attends de vous des idées et du sérieux. Vous me rendrez dix pages mardi prochain. Bien. Je vais créer des groupes de quatre. » 

    Ils étaient trois. Pour la première grande aventure de ce cinquième tome des Cavaliers de l’apocadispe, notre trio doit travailler par quatre. C’est la maîtresse Madame Ortiche qui l’a dit en donnant le sujet de l’exposé qu’ils allaient devoir réaliser : « Protéger la nature ». Aux côtés de Jé, Ludo et Olive, Jules va être leur d’Artagnan… ou pas. Le lendemain, le nouveau cavalier a déjà préparé quatorze pages de brouillon. Jé, lui, il avait compris que c’était un exposé sur « Protéger la peinture ». Il a peint un portrait de l’institutrice et l’a protégé avec des morceaux de métal. Celle-ci ne va pas goûter à la caricature, surtout lorsqu’elle va se la prendre en pleine poire. Pour échapper à sa fureur, les enfants se cachent dans des cartons. Mais voilà t’y pas que celui dans lequel s’est caché ce pauvre Jules est embarqué par les éboueurs dans le camion de recyclage. Imaginez la tête de Madame Ortiche quand ils vont lui dire qu’ils n’ont pas pu faire le devoir parce qu’ils ont égaré Jules ! Ils n’ont pas le choix. Il faut le retrouver. Direction recycl’2000, la collecte des déchets recyclables à des prix imbattables.

    © Libon – Dupuis

    Ce cinquième volume des Cavaliers de l’apocadispe comporte deux longs récits de trente planches : Les champions du recyclage et La cabane secrète. On les retrouve aussi dans deux petites histoires traditionnelles à mourir de rire. Il faut dire que Libon a un avantage indéniable sur bon nombre de ses congénères : son graphisme est hilarant. Quand on voit un personnage dessiné par Libon, on se marre déjà avant d’avoir lu quoi que ce soit. Que vous vous prépariez pour la rentrée des classes, que vous vouliez manger de la bûche…au chocolat de Noël ou que vous souhaitiez monter un commando pour manger correctement à la cantine, rejoignez les cavaliers de l’apocadispe.

    © Libon – Dupuis

    Pour ceux, s’il y en a, qui ne connaîtraient pas encore le trio vedette de cette série indispensable, revenons sur leurs personnalités. Le chef de la bande, ou plutôt l’intellectuel, c’est Ludo. Il ressemble à un koala. Ses bonnes idées mènent souvent à la catastrophe ce qui fait qu’en fait ce ne sont pas des idées bien terribles. Jé, perroquet de son état, est le kamikaze de la bande. Pour monter à bord d’un avion caisse à savon par exemple, il est toujours volontaire. Il finit donc parfois les histoires en mille morceaux. Plus raisonné, Olive, piaf lui aussi, est aussi allergique que généreux, mais pas tellement courageux, évitant ainsi au groupe de trop grandes catastrophes. Si les Avengers luttent contre les super vilains de l’univers, nos cavaliers affrontent les adultes crétins comme la maîtresse Madame Ortiche ou le directeur de l’école qui s’affole pour un rien.

    © Libon – Dupuis

    Avec Les cavaliers de l’apocadispe, Libon tient la série la plus originalement humoristique du moment. Même si elles n’ont aucun, mais alors aucun point commun, depuis Astérix, on n’avait pas lu une telle série aussi adaptée aux enfants qu’à leurs parents, avec plusieurs degrés de lecture.


    Série : Les cavaliers de l’apocadispe

    Tome : 5 – Les cavaliers de l’apocadispe au grand air

    Genre : Aventures humoristiques

    Scénario, Dessins & Couleurs : Libon

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808510165

    Nombre de pages : 72

    Prix : 13,50 €


  • Mi-mouche 1 – Tu veux te battre ?
    par Laurent Lafourcade

    Relever le gant pour se construire

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    « -Je ne plaisante pas. Je voudrais apprendre la boxe.

    -Tu as des problèmes à l’école ?

    -Non, mais tu dis qu’il y a du danger partout. La boxe pourrait me faire du bien.

    -Ce n’est pas parce que le monde est violent que tu dois aller volontairement te faire casser la figure !

    -Je ne vais pas me faire casser la figure.

    -Hors de question que tu fasses un sport aussi violent. Les danseuses ne boxent pas. »

    Elle s’appelle Colette. Tout allait pour elle pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à ce que sa sœur jumelle Lison, petite danseuse classique, décède dans un accident de voiture. C’est maman qui conduisait. Elle a perdu un bras dans cette tragédie. Elles se rendaient à une audition pour le conservatoire. Lison a toujours été dans la lumière. Elle était brillante. Colette se plaisait dans son rôle de l’ombre. Moyenne en classe, courir, jouer, elle avait une paix royale. C’était la belle vie… jusqu’à ce jour fatidique. Depuis, Colette n’a pas pris un centimètre. Son petit frère l’a dépassée. Aujourd’hui, elle a quatorze ans et tout le monde la traite comme une enfant. Maintenant que Lison n’est plus là, elle s’est mise à la danse, surtout pour faire plaisir à maman, mais elle n’est pas aussi douée. Elle a pris le lit de sa sœur, parce que c’était trop dur de le voir vide. Un beau jour, parce que oui même après les pires drames il peut y avoir de beaux jours, après un cours de danse, à la faveur d’une évasion et invasion de cochons dans la rue, Colette et son ami Elias vont se réfugier dans une salle d’entraînement de boxe. Pour elle, ça va être une révélation, une fascination.

    © Cazot, Maurel – Dupuis

    Depuis ce jour, Colette rêve d’enfiler des gants. Elle pense avoir trouvé sa voie, mais sa mère ne l’entend pas de cette oreille. Alors, l’adolescente va devoir trouver des subterfuges et des complicités pour assouvir sa nouvelle passion, parce qu’elle pourra aussi ainsi acquérir sa propre personnalité. Cette personnalité, elle se concrétise par une ombre noire, plus grande qu’elle, parce que c’est elle-même avec la taille qu’elle aurait dû avoir si elle n’avait pas cessé de grandir depuis l’accident, depuis trois ans. Sa maman ayant perdu une enfant est devenue malgré elle surprotectrice. Elle ne réalise pas qu’elle étouffe sa fille. Elle ne réalise pas qu’elle ne peut pas faire vivre l’absente dans sa sœur jumelle.

    © Cazot, Maurel – Dupuis

    Histoire de deuil, histoire de construction, histoire de harcèlement, histoire de confiance en soi, avec Mi-mouche, les autrices Véro Cazot et Carole Maurel proposent un récit émouvant qui aide à se construire. Les conséquences d’un drame peuvent souder ou faire exploser une famille. Dans un destin comme celui de Colette, avec une jeune adolescente en pleine construction, les cartes ne se rebattent pas facilement. Elle et sa mère sont dans deux souffrances parallèles. Alors qu’on pourrait penser que ce serait le rôle d’un adulte de soutenir un enfant, Colette va démontrer que par ses propres choix elle pourra peut-être aider sa mère à, expression détestable, faire son deuil.

    © Cazot, Maurel – Dupuis

    Inspirée par un dessin posté par Carole Maurel sur Instagram, Véro Cazot lui a construit un scénario sur mesure, inaugurant une nouvelle série à ranger sur la même étagère qu’Olive et Bidouille et Violette. Rocky Balboa peut ranger ses gants. La boxe, maintenant, ça passe par Mi-mouche.


    Série : Mi-mouche

    Tome : 1 – Tu veux te battre ?

    Genre : Emotion

    Scénario : Véro Cazot

    Dessins & Couleurs : Carole Maurel

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808504348

    Nombre de pages : 64

    Prix : 13,90 €


  • L’heure H 3 – Le procès de la ministresse
    par Laurent Lafourcade

    Accusée Henriette Caillaux, levez-vous

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    « -Ce qu’on me reproche, je l’ai malheureusement commis. Je m’inquiète surtout pour mon époux…

    -En cet instant, vous ne devez plus vous préoccuper que de vous.

    -Je ne me berce pas d’illusions. A travers moi, c’est Joseph qu’ils vont atteindre. Ils ont commencé bien avant le drame, alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?

    -Madame Caillaux, c’est l’heure ! »

                    Juillet 1914. Il y a un mois, l’archiduc François-Ferdinand est assassiné en Autriche. La France ne sait pas encore que la Première Guerre mondiale ne va pas tarder à commencer. Pour l’instant, les articles des journaux sont tous braqués sur Henriette Caillaux. L’épouse du ministre des finances Joseph Caillaux est emprisonnée à la conciergerie. Son procès débute aujourd’hui. Elle est accusée d’avoir commis un homicide volontaire avec préméditation sur la personne du directeur du Figaro Gaston Calmette. Si la préméditation est prouvée, le code pénal prévoit la peine capitale. Sinon, elle sera condamnée aux travaux forcés à perpétuité. Le juge d’instruction lui demande sa propre version des faits. Tout commence fin 1911. Elle avait tout pour être heureuse…

    © De Luca, Arcanes – Editions du Tiroir

                    Son mari, ministre donc, est chef du parti radical. Les conservateurs étant bien trop attachés à leurs privilèges, étaient opposés à sa réforme prévue du système fiscal. Une campagne de diffamation a alors débuté dans les journaux, et plus particulièrement dans le Figaro. La devise du journal à l’époque était extraite du Barbier de Séville de Beaumarchais : « Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse de rire de tout… de peur d’être obligé d’en pleurer… ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que le quotidien ne faisait pas rire tout le monde, et en particulier Henriette Caillaux. Le 16 mars 1914, elle entre dans le bureau de Calmette et lui tire dessus à bout portant. Il mourra quelques heures plus tard sur la table d’opération. Aujourd’hui, les témoins se succèdent à la barre. Il y a Joseph, son mari, Monsieur Bourget, le dernier à avoir côtoyé la victime, le médecin qui l’a opérée. Les avocats s’opposent dans une joute oratoire. Quelle sera la sentence des jurés ?

    © De Luca, Arcanes – Editions du Tiroir

                    Dans sa préface, Jean-Louis Lahaye souligne que le procès d’Henriette Caillaux est plus qu’un simple fait divers. Le drame passionnel a éclairé les tensions d’une société tiraillée entre modernité et conservatisme, entre l’émancipation des femmes et leur assignation à un rôle figé. La ministresse est le symbole, l’initiatrice d’une lutte qui ne faisait que commencer avec cette « onde de choc ». Arcanes intègre dans le procès des scènes en flashback permettant de casser la monotonie visuelle du procès. Antonio de Luca joue sur les attitudes pour théâtraliser la tragédie judiciaire. Le challenge est le même que celui des films de ce genre : ne jamais ennuyer les lecteurs, ou les spectateurs, emprisonnés dans une unité de lieu.

                    Après L’espion qui a piégé Hitler et Le miracle de Noël, et avant Opération Canard, Trotsky, Le procès de la ministresse est la troisième adaptation de L’heure H, un podcast sur l’histoire de la RTBF dans lequel Jean-Louis Lahaye raconte des histoires criminelles, des affaires mystérieuses, des grandes découvertes et des exploits humains dans cette heure H. L’heure H, c’est l’heure cruciale. C’est aussi des destins et des vies racontées. En quatrième de couverture de l’album, un QR code renvoie sur la page du podcast. Le lien suivant vous y envoie également : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/lheure-h/id1641700349.

    © De Luca, Arcanes – Editions du Tiroir

                    Dernier grand procès de la Belle Epoque, celui d’Henriette Caillaux a divisé la France. Justicière ou criminelle ? Faites partie des jurés et faites-vous votre opinion dans cet album retraçant objectivement les événements.


    Série : L’heure H

    Tome : 3 – Le procès de la ministresse

    Genre : Histoire

    Scénario : Arcanes

    Dessins & Couleurs : Antonio de Luca

    Éditeur : Editions du Tiroir

    ISBN :  9782931251263

    Nombre de pages : 48

    Prix : 16 €


  • Rocketeer – Nouvelles aventures
    par Laurent Lafourcade

    L’homme-fusée

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    « -Regardez ! C’est lui !

    -Je vous l’avais bien dit !

    -Je veux un de ces joujoux !

    -Tu n’es pas le seul, petit !

    -Ouais, y a une quantité de types louches qui paieraient cher pour ce jet dorsal…

    -Comme nous !

    -Voyez-vous ça… ?

    -Ahem ! Non, petite, ce que mon associé veut dire, c’est qu’on aimerait prévenir Rocketeer de ce terrible Danger ! »

                    Dans l’Amérique des années 30, Cliff Secord met la main sur une fusée dorsale volée à l’armée par des gangsters qu’il retrouve sous un siège de son appareil. Le pilote acrobate de shows aériens va se l’approprier et se transformer en super-héros, sauvant les uns et combattants les autres, surtout ceux avides de récupérer la « roquette ». Créé par Dave Stevens au début des années 80, il revient dans un album collectif hommage à son auteur disparu en 2008. Fidèles à l’ADN de la série, quelques-uns des meilleurs auteurs de comics américains sont au générique de ce livre regroupant onze histoires en BD et une nouvelle illustrée.

    © Stevens, Cassaday, Martin – Delcourt

                    John Cassaday ouvre le bal sans perdre de temps. Après un bref résumé d’une intrigue qu’on pourrait croire pouvoir lire ailleurs, on retrouve Cliff Secord face à un malfrat qui menace de buter sa chérie Betty, attachée à une fusée-missile. Pour la sortir de cette mauvaise passe, le cascadeur va prendre un risque inconsidéré. Avec action et humour, le recueil commence sur les chapeaux de roue… non, sur la fumée d’une roquette.

                    Michael Allred, auteur de l’iconoclaste Madman, apporte son second degré au personnage. Kurt Busiek et Michael Kaluta font languir Betty, éternelle fiancée, qui attend le retour de son héros chéri de la guerre au Japon. Mark Waid et Chris Weston demandent à Rocketeer de sauver Aeroman, un type qui se prend pour un super-héros de pacotille. Grâce à Darwyn Cooke, Betty enfile le costume, avant que Lowell Francis et Gene Ha ne proposent un duel aérien. Ryan Sook invite Betty au cinéma, à l’époque où l’on y voyait les actualités, avec bien sûr Rocketeer en vedette. Mais des bandits armés vont tenter un hold-up dans la salle.

    © Stevens, Waid, Weston, Stewart – Delcourt

                     Le romancier Joe Lansdale signe la nouvelle illustrée par Bruce Timm. En lingerie et talons aiguilles, Betty est kidnappée dans un biplan. Retour au format comics pour les histoires suivantes (noms des auteurs ci-dessous) qui vont mettre en scène une bande de Rocketeers juniors, montrer que le super-héros est plus fort que le roi d’Hawaï, le mettre aux prises avec un sous-marin japonais, puis le faire combattre une alter-ego nazie. Un recueil de couvertures et illustrations fan arts terminent l’album.

    © Stevens, Francis, Ha, Stewart – Delcourt

                    Incarné au cinéma en 1991 par Billy Campbell, avec Jennifer Connelly dans le rôle de sa fiancée et Timothy Dalton dans celui du méchant de service, Rocketeer est un super-héros sans super-pouvoir mais bien équipé. Installées dans un contexte historique précis, aux alentours de la fin des années 30, ses aventures ont un charme hollywoodien très dernière séance qui ne demande qu’à être exploité. Cet album en est la preuve.             


    https://youtu.be/eoAE4lvRWSc?si=ATrSxN43zQiShdsn

    Série : Rocketeer

    Tome : Nouvelles aventures

    Genre : Super-héros

    Création : Dave Stevens

    Scénario : John Cassaday, Michael Allred, Kurt Busiek, Mark Waid, Darwyn Cooke, Lowell Francis, Ryan Sook, Joe R. Lansdale, Jonathan Ross, Dave Gibbons, Joe Pruett, Joh Arcudi   

    Dessins : John Cassaday, Michael Allred, Michael Wm. Kaluta, Chris Weston, Darwyn Cooke, Gene Ha, Ryan Sook, Bruce Timm, Tommy Lee Edwards, Scott Hampton, Tony Harris, Brendan McCarthy

    Couleurs : Laura Martin, Laure Allred, Dave Stewart, Ryan Sook, Jommy Lee Edwards, Scott Hampton, J.D.Metter, Jamie Grant

    Couverture : Alex Ross

    Editeur : Delcourt

    Collection : Contrebande

    ISBN :  9782413087915

    Nombre de pages : 128

    Prix : 18,50 €


  • Boulevard Tintin – Les coulisses d’une œuvre 5 – Le Lotus Bleu
    par Laurent Lafourcade

    Le premier véritable chef-d’œuvre d’Hergé ?

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    « -Il fallait que je reste en Chine ??… Et pourquoi ?…

    -Voulez-vous me suivre ?… Vous allez tout savoir

    -Reste ici, Milou, et sois bien tranquille…

    -Messieurs, voici l’homme dont l’aide nous est nécessaire ! Et maintenant, monsieur Tintin, nous allons tout vous expliquer… »

    1934. Après l’Orient des Cigares du Pharaon, Tintin ne rentre pas en Europe. Direction pour lui l’Extrême-Orient afin de démanteler une organisation internationale de trafic d’armes et d’opium en Asie. Alors qu’il prenait quelques jours de repos bien mérités dans le palais de leur hôte le Maharadjah de Rawhajpoutalah, en compagnie de son chien Milou, Tintin écoute un fakir lui prédire des choses terribles Le reporter est demandé dans la galerie par un étranger venu spécialement de Shanghaï qui désire lui parler. Avant qu’il n’ait pu faire des révélations, le visiteur est touché au cou par une fléchette au Radjaïdjah, le poison-qui-rend-fou. Il a juste le temps de lui donner un nom : Mitsuhirato, et de dire à Tintin qu’on a besoin de lui, avant de sombrer dans un délire profond. Tintin décide de partir pour la Chine. Entre colons racistes, trafiquants de drogue, catastrophes naturelles et dictature politique, il ne se doutait pas qu’il allait vivre une aventure hors du commun et faire une rencontre qui allait bouleverser sa vie : celle d’un petit chinois nommé Tchang.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Pour la première fois, Hergé prend un conseiller pour l’aider dans la cohérence et la pertinence de son scénario en la personne d’un étudiant à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles : un certain Tchang Tchong-Jen. C’est lui qui lui inspirera le jeune chinois qui, tel Moïse, sera sauvé des eaux par le reporter. Hergé prend le parti de la Chine face à l’envahisseur japonais, résistant aux critiques occidentales pro-nipponnes. Nous sommes à l’époque des concessions internationales militaires et administratives réparties entre diverses puissances mondiales. Les thèmes abordés par Hergé sont incroyablement d’actualité : la violence, la cupidité, les maladies mentales, le racisme et le trafic de drogue. Quatre-vingt-dix ans plus tard, a-t-on avancé d’un pouce ? Hergé va apporter des messages d’espoir de solidarité, tolérance et amitié, des exemples à suivre.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Avec la participation de Dominique Maricq, Philippe Goddin nous invite dans les coulisses du Lotus, mais aussi dans les travaux réalisés par Hergé à la même période. Ce cinquième épisode marque donc l’avènement d’une bande dessinée qui parle aussi aux adultes et qui porte à réflexion et à engagement. Très attaché à la crédibilité de son histoire, Hergé ne néglige aucun détail, jusqu’aux inscriptions sur les affiches calligraphiées par Tchang. L’album permet de replonger dans certaines scènes cultes : Tintin déguisé en général japonais, la rencontre avec Didi, le fou de Shanghaï, la crue du Yang-Tsé-Kiang, les Dupondt qui pensent passer incognitos, ou encore évidemment la fumerie d’opium. Pendant ce temps, Quick et Flupke jouent aux billes sur les trottoirs de Bruxelles, en compagnie de l’Agent 15, tandis que Jo, Zette et Jocko sont en plein Rayon du Mystère.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Parmi les coulisses remarquables, et elle n’est pas des plus anciennes, on pourra admirer la couverture de l’édition française du journal Tintin du 6 octobre 1978 pour annoncer la publication des 124 planches colorisées de la première version du Lotus Bleu. Comme quoi, les récentes colorisations ne sont pas une idée complètement nouvelle.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Replongez-vous avec délectation dans cette cinquième aventure du reporter à la houppe. Considérée par beaucoup comme un chef-d’œuvre, le Lotus Bleu est indéniablement l’histoire avec laquelle un dessinateur débutant est sorti de sa chrysalide pour se métamorphoser en artiste et démarrer une carrière incomparable. Rendez-vous en Juillet pour découvrir les coulisses de L’oreille cassée. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.


    Série : Tintin Hergé Les coulisses d’une œuvre

    Tome : 5 – Le lotus bleu

    Genre : Aventure

    Auteur : Philippe Goddin

    Avec la participation de : Dominique Maricq

    Scénario & Dessins : Hergé

    Éditeur : Moulinsart

    ISBN : 9782810440931

    Nombre de pages : 112

    Prix : 19,95 €


  • L’effet papillon
    par Laurent Lafourcade

    Carnet en territoire zéro chômeur longue durée

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    « -Je traverse la rue et je vous trouve un travail.

    -Sur le chômage, on a tout essayé.

    -Je fais comment pour retrouver un boulot ? Y a rien dans la région.

    -J’ai déjà été au chômage. Le chômage, c’est passer de la vie à la survie. »

    D’aussi loin qu’il s’en rappelle, Mathieu Siam a le souvenir des journaux télévisés annonçant les chiffres du chômage. Faisant fi du fatalisme mitterrandien et du déni macroniste, le fléau se répand de façon tentaculaire. Mais que se passe-t-il loin des caméras ? Que deviennent ces gens qui ne trouvent pas d’emploi ? Comme un papillon dans la nuit, Mathieu va s’intéresser à ce qu’il se passe dans son quartier où des habitants ont décidé de ne pas se résigner et de rallumer une étincelle d’espoir. L’expérimentation se nomme TZCLD : territoires zéro chômeur longue durée. Elle vise à lutter contre le chômage en proposant des emplois à des personnes qui en sont éloignées depuis longtemps. Une EBE (entreprise à but d’emploi) a été créée. Elle propose des activités économiques utiles pour la communauté locale (rénovation de bâtiments, recyclerie, maraîchage,…). Un groupement d’employeurs socioculturels s’occupe d’accompagnement à la personne (activités seniors, périscolaire,…). Pour en bénéficier, les chômeurs doivent habiter le territoire depuis six mois et être en recherche d’emploi depuis plus d’un an.

    © Siam – Des ronds dans l’O

    Mathieu Siam suit les membres de l’association et les bénéficiaires avec son carnet à dessin en moleskine. Gwen, le président de l’entreprise Papiole, est dans l’empathie et le respect, vouvoyant chaque personne, en la regardant dans les yeux. La mairie a mis des locaux à disposition en échange de bons soins. Jocelyn raconte comment il s’est libéré en intégrant la structure. Outre du travail, c’est aussi une resocialisation que trouvent les chômeurs. On apprend, effarés, à combien revient un emploi au SMIC à un patron et on comprend mieux les difficultés que cela engendre. Le TZCLD a pour objectif de combler par des ventes ou des services la différence entre ce coût et le salaire reçu par le travailleur, afin qu’un actif dans la structure ne coûte pas plus cher que son inactivité. Siam met en avant les super-héros du quotidien qui s’investissent de façon complètement altruiste, au prix d’un travail incroyable, qui pourrait faire croire à certains qu’ils ont des solutions miraculeuses. Mais non, c’est bien plus compliqué.

    © Siam – Des ronds dans l’O

    Les albums reportages ont un défaut majeur : ils ne font parler que de leur sujet. C’est bien, c’est très bien, c’est même primordial. Mais on a trop souvent tendance à éluder le traitement graphique. Si le reporter Mathieu Siam réalise une enquête minutieuse, un recueil de témoignages objectif, l’artiste Mathieu Siam signe un album de bande dessinée techniquement très intéressant. Tout n’est pas encré dans ces cases. Le travail d’aquarelliste prend le pas sur celui de l’encreur. Ce dernier n’est là que pour mettre certains éléments ou personnages en exergue, et parfois même seulement des éléments, des morceaux des acteurs : une main, des lunettes,… Quelques paysages pleines pages marquent les transitions. Des cases débordent les unes sur les autres comme les fumées des usines qui sont les motifs d’un polo. Siam utilise très peu de couleurs, sauf vers la fin, comme un espoir qui renaît, comme un battement d’ailes de papillon.

    © Siam – Des ronds dans l’O

    L’effet papillon est un album à faire lire aux étudiants en sciences économiques et sociales. Il montre que des initiatives comme celle-ci peuvent servir de socle à une réinsertion sociale, pivot d’un équilibre nécessaire au pays. Le livre remet également les politiques à leur place, celle qu’ils n’occupent pas et qu’ils devraient. « Chacun a le droit de travailler et le droit d’obtenir un emploi. » Heureusement que le tissu associatif est là pour tenter d’appliquer cet alinéa de la constitution de 1946.


    One shot : L’effet papillon

    Genre : Reportage

    Scénario, Dessins & Couleurs : Mathieu Siam

    Éditeur : Des ronds dans l’O

    ISBN : 9782374181592

    Nombre de pages : 160

    Prix : 24,90 €


  • La grande histoire du Château de Versailles
    par Laurent Lafourcade

    Laissez-vous guider

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    « -Ah, c’est elle, je crois !

    -Jean-Marc Krings et François Maingoval, je suppose ?

    -Tout à fait ! Et vous êtes donc Jacinthe, notre guide pour la découverte du château de Versailles ?

    -Oui ! C’est moi qui vais tout vous apprendre sur ce domaine et son histoire ! Mais vous connaissez un peu, je présume ? »

    On croit tous connaître Versailles, le château de Louis XIV, roi de France et de Navarre. Mais le connaît-on vraiment ? Le deuxième monument le plus visité de France derrière le Musée du Louvre et devant la Tour Eiffel méritait bien que Jean-Marc Krings et François Maingoval s’intéressent à ce lieu. Le dessinateur et le scénariste vont donc à la rencontre de Jacinthe André qui va les guider à la découverte du château de Versailles. Au tout début, il n’y avait pas grand-chose, simplement des marais. Louis XIII fit ériger un pavillon de chasse. C’est son père Henri IV qui lui avait fait découvrir l’endroit et donné le goût de la pratique. Pour y passer une nuit de temps en temps, quelque chose de simple et confortable suffira : quatre pièces, une galerie et quelques dépendances. L’architecte Nicolas Huau s’en charge. La bâtisse est terminée en 1624. Rapidement, le roi a envie de prendre ses aises et réclame un jardin, un parc, un plan d’eau, ainsi que deux jeux de paume. En 1631, il demande la transformation du pavillon en véritable demeure royale.

    © Maingoval, Krings, Kompf – Ouest-France

    En 1633, on peut enfin appeler ça un château. A partir de 1678, Louis XIV, qui a considérablement fait agrandir les lieux, en fait la place principale de son pouvoir. Les appartements du Roi et de la Reine sont séparés par une terrasse. Le Roi va demander à Jules Hardouin-Mansart de trouver une solution. Ce sera la Galerie des Glaces, dont la voûte sera peinte par Charles Le Brun. Les courtisans aimeront y attendre le passage du souverain. En 1686, on y recevra les ambassadeurs du roi de Siam.

    Rendons-nous à présent côté jardin. André Le Nôtre conçoit des jardins à la française, un travail d’artiste, d’architecte végétal. Dès mai 1664, une grande fête galante y est organisée en l’honneur d’Anne d’Autriche, la mère du Roi. Certains colportent que l’hommage serait pour une autre… Plus tard, de somptueuses fontaines vont être installées. 

    © Maingoval, Krings, Kompf – Ouest-France

    Le scénariste François Maingoval raconte avec minutie une histoire dont le héros est un château. Et quel château ! Sous le graphisme réaliste souple de Jean-Marc Krings, il nous offre une immersion. Le lecteur est transformé en voyageur du temps, un peu à la manière de ce que font Laurent Deutsch et Stéphane Bern dans leur émission historique Laissez-vous guider. On va ainsi traverser les époques et croiser les principaux protagonistes que sont Beaumarchais, Marie-Antoinette, Louis XVI évidemment, Napoléon Bonaparte, Louis-Philippe, en traversant la Révolution Française et l’Empire.

    © Maingoval, Krings, Kompf – Ouest-France

    Il y a tant et tant à raconter sur Versailles qu’un deuxième album pourrait aisément compléter l’aventure. En attendant, Krings et Maingoval offrent un excellent guide pour visiter les lieux et faire partie de l’Histoire.


    One shot : La grande histoire du Château de Versailles

    Genre : Histoire

    Scénario : François Maingoval

    Dessins : Jean-Marc Krings

    Couleurs : Antoine Kompf

    Éditeur : Ouest-France

    ISBN : 9782737389870

    Nombre de pages : 60

    Prix : 19,90 €


  • Dadji De Dakar à Djibouti
    par Laurent Lafourcade

    A la rencontre de la grande initiative verte panafricaine

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    « -Je m’appelle Elodie Arrault. Il y a quelques mois, s’est achevé un grand voyage que j’ai longuement préparé. J’ai souhaité traverser l’Afrique de Dakar à Djibouti, de la côte Atlantique jusqu’à la Mer Rouge… Un voyage de plus de 8000 km à pied, à vélo ou en chameau… Pourquoi ? Il y a là-bas un immense projet de lutte contre la désertification que je voulais voir, et de fait, il a changé ma vie. »

    Elodie Arrault a découvert l’Afrique il y a trente ans. Elle habite en France. En quelques années, elle a construit une famille, qui s’est déconstruite.  Après ce virage, elle a eu le courage de tout recommencer. Elle est retournée au lycée agricole pour suivre une formation en oléiculture et s’est remise au sport. Elle a travaillé pour une ONG qui s’est mise à nettoyer les côtes pour préserver le lieu de reproduction des oiseaux migrateurs, de France jusqu’en Mauritanie. Elle a rencontré Pierre Rabhi, chantre de l’écologie et de la sobriété heureuse. Ça a été un déclic. Elodie décide alors de se dépouiller, de se mettre au service des autres et de la Terre. Un jour, elle a eu vent de l’existence de la Grande Muraille Verte.

    © Arrault, Alessandra – Futuropolis

    Le projet consiste à lutter contre l’avancée du désert en plantant des arbres sur 15 km de large et 8000 km de long entre Dakar au Sénégal et Djibouti, en passant par La Mauritanie, le Mali, Le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Soudan, l’Ethiopie et l’Erythrée. Avant d’aller rencontrer les acteurs du projet, Elodie a cherché à comprendre les enjeux et les problématiques. Elle s’est formée pendant le Covid à l’agroécologie. En septembre 2022, elle a 51 ans, elle est prête pour le grand départ, seule, prête pour un voyage engagé, mais aussi un voyage introspectif. Elle va parcourir 8000 km à pied, en vélo ou à dos de chameaux. Elle va devenir l’une des ambassadrices de la muraille verte en faisant le lien entre les ONG travaillant sur place. Avec dans ses bagages des livres de Théodore Monod, Elodie va faire face à des conditions climatiques exigeantes, rencontrer des gens qui vont lui apprendre des choses et d’autres qu’elle va initier, et elle va même tomber amoureuse. Elle finira son voyage en croisant sur la côte Est la triste réalité des migrants. Mais ça, c’est déjà une autre histoire.

    © Arrault, Alessandra – Futuropolis

    Joël Alessandra met en images l’expédition passionnante d’Elodie Arrault. Le dessinateur aquarelliste a déjà posé ses carnets de voyage en Afrique subsaharienne. Il apporte ici une touche artistique au parcours de cette française hors du commun, le genre de personnes de l’ombre, à l’écart des medias, qui donnent tout ce qu’ils ont au profit d’un idéal écologique nécessaire à la survie de la planète. Les paysages africains d’Alessandra sont plus que des immersions. Ce sont des invitations au voyage. La lumière des soleils couchants ou les brumes de chaleurs, la poussière des pistes sauvages ou les zones humides urbaines, les jardins potagers ou les manguiers gargantuesques, toutes ces images donnent l’impression qu’on a vu tout ça de nos yeux vus.

    © Arrault, Alessandra – Futuropolis

    Dadji, c’est le nom de l’oseille de Guinée, race d’hibiscus dont les fleurs servent à fabriquer le bissap, boisson rouge traditionnelle. Les feuilles sont consommées en légumes pour soupes et sauces et les graines donnent de l’huile. La plante est exploitée intégralement. C’est donc un symbole de vie, de nourriture, de nourrissage. C’est un symbole fort synthétisant tout ce qui se passe sur la panafricaine.

    Afrique, Engagement physique, amour de la nature et aventure sont les quatre piliers sur lesquels Elodie Arrault a fondé son voyage. Joël Alessandra concrétise tous ces moments qui n’appartenaient qu’à elle et que tous deux nous partagent dans cet album à ranger à côté du roman de Jean Giono : L’homme qui plantait des arbres. Elodie voyage, Elodie marcotte. Son expédition ne fait que commencer.


    One shot : Dadji De Dakar à Djibouti

    Genre : Reportage

    Scénario : Elodie Arrault

    Dessins & Couleurs : Joël Alessandra

    Éditeur : Futuropolis

    ISBN : 9782754841658

    Nombre de pages : 224

    Prix : 26 €


  • Jacques le petit lézard géant
    par Laurent Lafourcade

    Avant Les cavaliers de l’apocadispe

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    « -Mais qu’est-ce que c’était que cette mamie ?!

    -Vous allez bien ?

    -Aaaah !

    -Vous avez l’air nerveux, dites-moi. Qu’est-ce qui se passe ?

    -Je… J’étais chez une mamie et il s’est passé un truc horrible ! Elle est partie faire du thé…

    -Il était mauvais à ce point, le thé ?

    -A un moment, elle s’est transformée en monstre ! Je l’ai vu de mes yeux ! »

    Un réparateur de télévision est en panique. Il arrangeait un poste chez une mamie lorsqu’il a soudain vu un gros cornichon qui marche traverser le salon. Il pense qu’elle s’est transformée en monstre. C’est ce qu’il raconte à un agent de police. Il se trompe. C’est tout simplement parce que Jacques, un petit lézard géant, habite chez elle. Le pauvre descendant des dinosaures sème encore une fois la panique sans faire exprès. Que vont faire les forces de l’ordre ? Mais d’abord, Jacques, comment est-il arrivé là ?

    © Libon – Dupuis

    Suite à une mini-expérience atomique, Jacques est un lézard comme les autres qui a été irradié. Ses facultés intellectuelles ont été surdéveloppées. Doté de conscience et de parole, sa taille s’étant vue accroître considérablement, Jacques a provoqué la confusion dans le monde des humains. Il est drôle, il est gentil. Ne vous enfuyez pas tout de suite ! Que peut donner un adorable varan égaré dans un monde d’insondables abrutis ? C’est ce qu’on va voir. C’est sûr que lorsqu’on ouvre sa porte et qu’on se trouve face à un mini-T-Rex qui a un petit creux et qui demande à manger, ça fait drôle. Voyant qu’il cause la terreur, c’est alors qu’il se sustentait dans des poubelles que Jacques est recueilli par une vieille dame myope qui le prend pour un chien perdu. Ce n’est que le début du périple de Jacques, périple qui va l’amener à faire de nombreuses rencontres diverses et variées.

    © Libon – Dupuis

    Jacques va travailler dans un cirque. On va le prendre pour le monstre du Loch Ness. Il va donner des sueurs froides aux plus grands stratèges militaires. Il va croiser la route de militants activistes écologiques. Les plus grands scientifiques vont étudier son cas. Il va se déguiser en humain et accompagner la cavale d’un braqueur de distributeur de billets. Décalée, totalement foutraque et d’une finesse rare, la série de Libon montre le talent incommensurable d’un auteur complet qui maîtrise à merveille la mécanique de l’humour. On est dans l’absurde et le nonsense avec un naturel déconcertant.

    © Libon – Dupuis

    Avant Les cavaliers de l’apocadispe, il y a une grosse dizaine d’années, Libon était aux commandes d’une autre petite pépite avec ce Jacques, ce petit lézard géant, qui est enfin réhabilité dans une intégrale avec une histoire inédite. A mourir de rire.


    One shot : Jacques le petit lézard géant – Intégrale

    Genre : Aventures humoristiques

    Scénario, Dessins & Couleurs : Libon

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808509008

    Nombre de pages : 152

    Prix : 24,95 €


  • Folkore 1 – Le renard de roman / 2 – La mécanique des rêves
    par Laurent Lafourcade

    Les clés de la vie

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    « -Qu’est-ce qu…

    -Papa, maman ! Elle est apparue subitement ! Est-ce que c’est … ?

    -Oh !

    -Ah !

    -Oui mon fils, c’est la clé de l’appel.

    -Ça veut dire qu’il est temps… Il est temps pour toi… »

                    Ascelin est un renard bien coquin. Aujourd’hui, l’ado sèche les cours, préférant flâner dans les allées de la fête foraine. Il est roublard. Il consomme, ne s’acquitte pas de tout ce qu’il doit, en particulier à Drouin, le marchand de douceurs. C’est bien le fils de son père, le vaurien. Si sa mère ne cautionne pas l’école buissonnière, le pater familiae excuse son fils. Il lui avait promis de s’occuper du stand de voyance. Il y a des pigeons qui attendent. Voilà donc le rejeton déguisé en voyante (hommage non dissimulé au Robin de Disney), parti lire les lignes de la main pour deux séquins par personne. Si sa mère s’inquiète plus pour son avenir que son père. Les parents vont être mis d’accord par une apparition subite, celle de la clé de l’appel. Cela signifie qu’il est temps pour Ascelin d’accomplir son Folklore.

    © Clément, Montel, Richerand – Dargaud

                    A travers le monde, chaque adolescent doit un jour accomplir son Folklore. Matérialisée par l’apparition d’une clef magique, cette coutume signe le début de l’émancipation de l’enfant qui doit partir en voyage pour trouver sa propre voie dans la vie. Le jeune appelé se soumet alors à un rite d’apprentissage au sein de Bäbel, capitale cosmopolite et cité de tous les possibles, afin de déterminer quelle sera sa place parmi les autres. Voici le pitch de la nouvelle série concept que lancent Loïc Clément et Anne Montel, les nouveaux phares de la bande dessinée animalière, dont les deux premiers tomes paraissent simultanément : Le renard de Roman et La mécanique des rêves. Ils peuvent se lire dans n’importe quel ordre.

                    Dans le deuxième épisode, Gayatri, une panthère princesse, ne comprend pas pourquoi, à Jaïpura, tous les habitants ne naissent pas égaux. Son père lui explique qu’elle est au sommet de la pyramide sociale. Les personnes et leur rôle dans la société sont décrits au travers de leur varna. Le système des castes permet la reconnaissance par la société de l’identité culturelle de chacune des communautés qui la composent. Gayatri ne l’entend pas de cette oreille. Un jour, elle sera assez compétente pour réparer le mécanisme enrayé de l’horloge. Son père ignore que la clé de l’appel lui est apparue. Elle va partir faire son Folklore. Les trois petits éléphants qui décorent l’horloge en sont tout excités. Lorsqu’il va l’apprendre, son père, frustré de ne pas avoir pu réaliser ses rêves, va tout faire pour donner à sa fille les moyens de ses ambitions en l’envoyant en apprentissage chez Piccolo, vieux maître réparateur.

    © Clément, Montel, Begon, Grelin – Dargaud

                    Après Mauvais sang, un conte des cœurs perdus, Lionel Richerand retrouve Loïc Clément. Il dessine l’aventure d’Ascelin. Le renard va se trouver au cœur d’un lourd secret de famille qu’il va tenter non seulement de comprendre, mais aussi de réparer. Un adolescent peut-il soigner des plaies familiales passées ? Sa mère a été reniée par ses parents et a tenté en vain d’entamer une correspondance avec sa propre mère aujourd’hui décédée. Ascelin va comprendre que l’on est parfois victime de paramètres que l’on ne maîtrise pas et qu’il faut par conséquent se méfier de ce qui peut sembler être des évidences. Sera-t-il le ciment qui va « réparer » la famille ? Ce n’est pas innocent si dans une bibliothèque il prend en mains l’album Mitsuko du même scénariste.

    © Clément, Montel, Richerand – Dargaud

    Maud Begon, autrice entre autres du Jardin secret, s’empare du dessin et du destin de la féline Gayatri. La mécanique des rêves est une histoire d’émancipation et de confiance en soi. A quel moment se défait-on de ce qui nous raccroche à l’enfance ? D’ailleurs, pourquoi faudrait-il le faire ? Ça, ce n’est pas nous qui le décidons. On ne choisit pas le moment où l’on quitte l’adolescence, et si on le fait, c’est parce que la vie nous a fait la démonstration qu’on en était capable. C’est ce qu’on apprend avec l’histoire de Gayatri. Pour autant, les auteurs nous rassurent : ce qui nous a construit ne nous quitte jamais.

    © Clément, Montel, Begon, Grelin – Dargaud

    Folklore est une série concept aux histoires indépendantes. L’histoire d’Ascelin est tournée vers le passé, celle de Gayatri vers le futur, mais toutes deux ont pour point commun de montrer des transitions, des transmissions entre l’adolescence et l’âge adulte. C’est ça, le Folklore. Trois autres tomes sont déjà annoncés, dessinés par Clément Lefèvre, Anne Montel et Nancy Peña. Sous une maquette sublime, les auteurs prouvent que la bande dessinée animalière intelligente tous publics a encore de beaux jours devant elle.



    Série : Folkore

    Tomes : 1 – Le renard de Roman / 2 – La mécanique des rêves

    Genre : Aventure fantastique

    Scénario : Loïc Clément

    Dessins : Lionel Richerand / Maud Begon

    Couleurs : Grelin & Lionel Richerand / Grelin

    D’après l’univers de : Anne Montel & Loïc Clément

    Éditeur : Dargaud

    ISBN : 97822052028-30 / -47

    Nombre de pages : 56

    Prix : 17,50 €


  • Les mémoires de la Shoah
    par Laurent Lafourcade

    Témoins de l’enfer

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    « -Vous comprenez ce que je veux vous dire ? Vous comprenez ce que je veux vous dire ? Comprenez-vous ce que je veux vous dire ? Si quelqu’un me racontait cette histoire, je dirais : elle ment ! Parce que cela ne peut pas être vrai. Et c’est ce que vous allez peut-être vous dire. Parce que pour nous comprendre il faut être passé par là. »

    1994. Un an avant la commémoration des cinquante ans de la libération des camps de concentration et d’extermination nazis, la journaliste Annick Cojean tente de comprendre ce que l’on retient de la Shoah et ce qui se transmet dans les familles. Quel est le poids et la responsabilité des survivants et de leur descendance sur le devoir de mémoire ? Aujourd’hui, Annick découvre des témoignages archivés depuis 1979 recueillis aux Etats-Unis, en Israël, en France et dans d’autres pays d’Europe. Des équipes de psychologues et de sociologues ont aidé les rescapés à sortir d’un silence toxique. Le protocole est exigeant. Ce ne sont pas de simples interviews. Les écouter parler, c’est revivre avec eux un enfer réel. La première témoin s’appelle Bessie. Annick Cojean pénètre avec elle dans le ghetto de Kovno en Pologne. Elle a tenté de sauver son bébé en le cachant sous son manteau, mais un allemand l’a repérée et a pris l’enfant qu’elle n’a jamais revu. Bessie a mis des années à se rappeler de cette scène. Au fil de son enquête, Annick va faire face à des récits de vie cauchemardesques qu’il est nécessaire de faire remonter afin que l’inexplicable ne se reproduise plus.

    © Rojzman, Baudouin, Cojean – Dupuis

    Jusqu’à présent, ils n’avaient pas pu, parce que personne n’avait été capable de les écouter. C’est difficile d’écouter. Et pourtant, parler guérit seulement si on est écouté. Ces témoins racontent ce que les livres d’Histoire ne diront jamais de la Shoah. Ils montrent ce qu’aucun film ni aucune photographie de l’époque ne pourront jamais montrer. Les images d’archives proviennent pour la plupart des nazis et sont donc orientées. Les survivants imposent leurs douleurs sur un terrain où la politique et l’administration édulcorent la réalité de la mort. Comme le dit Geoffrey Hartman, superviseur du programme de Yale, l’histoire orale est un matériau irremplaçable. Les témoignages touchent au plus près de la réalité du génocide, ce qui permet d’en dégager la résonance dans le présent, car ceux qui en sont revenus ont pénétré un monde étranger à la raison des hommes.

    © Rojzman, Baudouin, Cojean – Dupuis

    La scénariste Théa Rojzman s’empare du prix Albert Londres Annick Cojean. Petite fille de juifs polonais rescapés de la Shoah, l’autrice a longuement échangé avec la journaliste qui lui a laissé toutes latitudes dans la création de la bande dessinée. Tamia Baudouin alterne entre des scènes en couleur sans hachures et d’autres où le trait noir prédomine. Plus on approche la barbarie, plus les images sont assombries. Les déambulations oniriques en forêt sont d’une puissance indescriptible, justifiant à elles seules la transposition du reportage pour le Neuvième Art.

    En parallèle à l’album, l’INA et Lumni Enseignement proposent « Echos de la Shoah », une web-série en trois épisodes revenant sur les travaux d’Annick Cojean. Ils ont pour sujets les rescapés, la mémoire des déportés, les miraculés, les enfants des survivants, et les enfants des bourreaux, ou encore les descendants des nazis.

    © Rojzman, Baudouin, Cojean – Dupuis

    Les histoires de Bessie, Isabella, Nathan, Anna, le journal d’Anne Frank, le procès d’Eichmann à la télévision : l’empreinte de l’holocauste, aussi violente soit elle, est une marque indélébile dont seul le souvenir pourra empêcher de tels drames humanitaires. Il faut rester méfiant. C’est aussi la leçon que donne cet album avec un final portant à réflexion.


    One shot : Les mémoires de la Shoah

    Genre : Histoire

    Scénario : Théa Rojzman

    D’après : Annick Cojean

    Dessins & Couleurs : Tamia Baudouin

    Éditeur : Dupuis

    Collection : Aire Libre

    ISBN : 9782808504881

    Nombre de pages : 144

    Prix : 25 €


  • L’encyclopédie du tennis 2 / Les vacances chez Pépé-Mémé
    par Laurent Lafourcade

    Des balles et des bouses

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    « -T’as pas les enfants, ce week-end ?

    -Eh non, ils sont dans les Deux-Sèvres chez mes parents ! L’air de la campagne, ça leur fait du bien ! »

    Les vacances chez Pépé-Mémé, c’est l’assurance d’un retour à la terre… et pas que… à la terre, à la boue, à la bouse et au sang… entre autres. Maman n’a donc pas ses trois rejetons ce week-end. Elle les a confiés à ses parents. C’est rigolo de chevaucher le cochon Cassoulet. C’est nettement moins drôle quand les fermiers décident de l’égorger pour faire de la charcuterie et qu’ils le ratent. Fera-t-on des boudins cette année ? Quoi de mieux pour se changer les idées qu’une balade dans les bois avec Mamie ? Ça va être super, les mômes vont connaître tous les arbres où il y a eu des pendus. Bref, la campagne, c’est avant tout le symbole d’un autre lieu et d’un autre temps, comme celui où l’on faisait caca dans la cabane au fond du jardin. Plus tard, dans l’après-midi, on pourra se régaler avec la tarte à Mémé.

    © Bouzard – Fluide glacial

    Marcel Costé, lui, est champion de tennis. Il s’apprête à vous révéler tout ce qu’il faut savoir pour devenir un champion, encore. Ce sport, c’est sa vie, du matin quand il se lève jusqu’au soir quand il se couche. Quand il se lève en retard, rien ne peut arrêter sa course contre la montre pour être à l’heure sur la terre battue. On peut dire qu’il arrive bien échauffé. Costé ne perd pas une occasion pour faire le show. Capable de transformer le court en scène de spectacle, il harangue le public pour qu’il se donne corps et âme à sa cause. Sinner n’a qu’à bien se tenir. On en apprend également plus sur l’histoire du tennis et notamment comment on en est venu à des balles rondes. Et oui, au départ, elles étaient cubiques. Aujourd’hui, on ne joue plus au tennis comme avant, pas seulement à cause de ces balles, mais en raison de l’utilisation de l’IA, l’intelligence artificielle. Mais peut-on seulement lui dire merci ?

    © Panaccione – Fluide glacial

    Bouzard s’est inspiré de ses propres souvenirs d’enfance pour raconter les vacances chez pépé-mémé de trois rejetons citadins. Ça sent le vécu. C’est la fête des animaux. Qu’est-ce que tu lui fais à Kot kot ? Ben, Mémé va juste l’endormir pour la faire cuire. Ça ne fait pas mal. C’est comme quand nous on s’endort. Si les bêtes sont cuites, le langage est souvent cru, surtout celui de Paulo quand il a des ardeurs incontrôlables. Bouzard est l’un des auteurs les plus drôles du moment. Depuis La nuit du canard garou, son premier album paru il y a déjà trente ans, il est devenu un incontournable du genre.

    © Bouzard – Fluide glacial

    Grégory Panaccione joue deux fois par semaine au tennis. C’est la troisième fois qu’il y consacre un album, et la deuxième avec le personnage de Marcel Costé. Il aime la beauté du geste, l’élégance des trajectoires des balles et le combat spirituel avec soi-même. Costé-Panaccione ne seraient-ils qu’une seule et même personne ? Il n’y a qu’un pas. Toujours est-il que depuis quelques années, l’auteur enchaîne en solo ou avec des scénaristes des albums « aces » comme Un océan d’amour, Toajêne ou l’incroyable L’homme en noir. Il joue ici avec tous les poncifs du tennis qu’il code et décode. Qui aurait cru que le tennis pouvait faire rire ?

    © Panaccione – Fluide glacial

    Deux albums, deux histoires d’amour, amour pour la campagne et amour pour le tennis. Fluide ferait-il dans le Love Story ? Rassurez-vous, Fluide fait avant tout dans la Rigolade Story avec ces deux grosses poilades, pour l’instant les deux albums les plus marrants de l’année tous éditeurs confondus.



    Série : L’encyclopédie du tennis

    Tome : 2

    Genre : Humour

    Scénario, Dessins & Couleurs : Grégory Panaccione

    Éditeur : Fluide glacial

    ISBN : 9791038207363

    Nombre de pages : 56

    Prix : 13,90 €


    One shot : Les vacances chez Pépé-Mémé

    Genre : Humour

    Scénario, Dessins & Couleurs : Bouzard

    Éditeur : Fluide glacial

    ISBN : 9791038208391

    Nombre de pages : 64

    Prix : 13,90 €


  • Une histoire de la Comédie-Française 1 – C’est la faute à Molière !
    par Laurent Lafourcade

    Simul et singulis, être ensemble et rester soi-même

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    « -Tu es comédien et tu as choisi de te faire appeler Molière !!

    -Sieur de Molière ou pas… nous sommes criblés de dettes et ça m’a déjà coûté deux séjours en prison !

    -On trouvera une solution, comme toujours… »

                    Bienvenue dans la maison de Molière ! Quel drôle de surnom pour un endroit où l’artiste n’a jamais mis les pieds. Et pour cause : il est mort sept ans avant sa création. C’est lui-même qui nous le dit. Mais sans cet illustre homme de théâtre, aurait-elle seulement existé ? Pour l’expliquer, Molière remonte au Moyen-Âge et aux premiers spectacles de rue. En 1645, Paris compte trois troupes de théâtre permanentes, mais celle de Molière n’en fait pas partie. Elle va donc aller voir du pays, avant de revenir à Paris, remarquée par Monsieur, frère du Roi. L’engouement des foules pour le théâtre ne fait que commencer. Après la mort de Molière, Armande et La Grange vont diriger la troupe. Louis XIV fusionne les deux troupes françaises parisiennes de l’époque pour fonder la Comédie-Française. Le 21 octobre 1680, une lettre de cachet signée de la main du Roi consacre la nouvelle troupe qu’il a choisi pour son excellence sous le nom des comédiens ordinaires du Roy.

    © Le Galli, Augustin – Rue de Sèvres

                    Virginie Augustin et Michaël Le Galli racontent la genèse de la Comédie Française et poursuivent son Histoire jusqu’au sacre de Napoléon en 1804, en passant bien évidemment par la Révolution Française. L’histoire de l’institution est une pièce de théâtre à elle toute seule. Les pensionnaires, acteurs à l’essai, côtoient les sociétaires, membres officiels de la troupe qui participent aux décisions officielles. Voltaire et Beaumarchais font évidemment partie de l’aventure. Plus surprenant, il y a aussi Olympe de Gouges qui a écrit une pièce sur l’abolition de l’esclavage.

    © Le Galli, Augustin – Rue de Sèvres

                    Michaël Le Galli a commencé à travailler sur ce projet il y a plus de vingt ans. Virginie Augustin y a apporté le ton humoristique décalé. A lui la rigueur historique, à elle le contrepoint comique. Tous les deux se retrouvent dans l’amour du théâtre. Comme sur scène, de nombreuses joutes dialoguées font avancer l’intrigue, car intrigue il y a, celle de l’évolution de la Comédie Française. Augustin exagère sciemment les attitudes comme le font les comédiens pour que les spectateurs du poulailler remarquent leur jeu. La dessinatrice offre aussi quelques planches éducatives comme un plan des théâtres de Paris ou l’écorché du théâtre de la République.

    © Le Galli, Augustin – Rue de Sèvres

                    En 2022, la Comédie Française a fêté ses quatre cents ans. Référence absolue de l’art dramatique, il fallait des auteurs comme Augustin et Le Galli pour vulgariser avec autant de talent son histoire dans cette série immersive qui donne la sensation d’avoir assisté aux différentes étapes de son évolution. Le second tome traversera les XIXème et XXème siècles.


    Série : Une histoire de la Comédie-Française

    Tome : 1 – C’est la faute à Molière !

    Genre : Reportage historique

    Scénario : Michaël Le Galli & Virginie Augustin

    Dessins & Couleurs : Virginie Augustin

    Éditeur : Rue de Sèvres

    ISBN : 9782810203741

    Nombre de pages : 120

    Prix : 20 €


  • Boulevard Tintin – Hergé musicien ?
    par Laurent Lafourcade

    Ah ! Je ris de me voir si musical…

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    « Satie, Debussy font mes délices. J’adore aussi le jazz et, surtout, la pop-music, avec les sonorités et les rythmes actuels. (…) L’opéra m’ennuie, je l’avoue à ma grande honte. Ou alors il me fait rire, ce qui est encore pire. J’ai l’œil et l’esprit trop critiques : je vois la trop grosse dame derrière la chanteuse, même si elle a une voix admirable, le bellâtre derrière le ténor, le carton-pâte des décors, le fer-blanc des cuirasses… Mais je n’ai jamais vu d’opéra moderne. » (Hergé, entretiens avec Numa Sadoul)

    Do-si-la-sol, sol-la-si-do. Par ces suites de notes dans Les cigares du Pharaon, une aventure de Tintin reporter du « Petit Vingtième » en Orient, le petit Philippe Goddin, sept ou huit ans, entend pour la première fois de la musique dans ces illustrés qu’il aime tant. Il ne sait pas encore qu’il deviendra l’un des plus éminents tintinologues. Aujourd’hui, il signe la préface d’un délicieux opuscule signé du non moins éminent tintinologue Renaud Nattiez, épaulé pour l’occasion par son frère Jean-Jacques, musicologue, spécialiste des rapports entre musique, littérature et théâtre lyrique. Les allusions musicales sont nombreuses dans les albums de Tintin, dont la Castafiore n’est que l’arbre qui cache la forêt. Des ouvrages ont été consacrés à ce personnage, mais jamais le sujet n’avait été élargi. Les frères Nattiez réparent le manque en se demandant si Hergé était musicien ?

    © Nattiez, Nattiez – PUM

    Les auteurs se penchent sur la façon dont Hergé dessine la musique en disséquant les 198 cases où apparaissent des symboles musicaux dans des phylactères où des personnages chantent plus ou moins juste. Ils vont ensuite se pencher sur L’air des bijoux du Faust par Charles Gounod, au fil des albums, et proposer une réhabilitation politiquement incorrecte de la diva. Enfin, ils vont analyser les autres allusions musicales au fil de l’œuvre, en les classant par genres : opéras, musiques de variété ou de tradition orale, chansons populaires ou enfantines. Du fait de ses déclarations lors d’entretiens, le rapport d’Hergé à la musique était ambivalent. Sa bibliographie permettra-t-elle aux frères Nattiez de démêler le vrai du faux ? C’est en tout cas ce qu’ils vont s’appliquer à faire.

    © Nattiez, Nattiez – PUM

    Afin d’être exhaustifs et de rendre aux Césars ce qui leur appartient, les auteurs recensent les ouvrages d’étude qui abordent de près ou de loin le thème de la musique chez Hergé. Ils vont ensuite montrer la façon dont Hergé dessine la musique au sens propre. Il va être questions de croches, de hampes, de dièses et de toutes ces sortes de choses. On comprend ensuite comment le dessinateur appliquait l’adage de Mozart qui, comme d’autres, disait que la musique n’est que répétition et variation, avec un large focus sur le chant favori du rossignol milanais et sur la chanteuse elle-même. Parmi les curiosités de l’essai, on découvre les réponses manuscrites d’Hergé à Marcel Croües pour l’hebdomadaire belge Musique numéro 1 en septembre 1978, témoignant de ses goûts musicaux. Hergé le montrera dans ses albums. Et pas seulement dans Tintin. Les exploits de Quick et Flupke sont largement cités. Instruments, media de diffusion et onomatopées font également partie du recensement effectué ici.

    © Nattiez, Nattiez – PUM

    Liée à l’humour, à l’aventure ou au drame, la musique fait incontestablement partie intégrante de son univers. Alors, Hergé musicien ? La démonstration de Renaud et Jean-Jacques Nattiez donne la réponse au terme de ce petit livre fascinant. Comme quoi, après tant et tant d’ouvrages consacrés à cet univers foisonnant clôt depuis si longtemps, on continue à en apprendre. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.


    Titre : Hergé musicien ?

    Genre : Ouvrage d’étude

    Auteurs : Jean-Jacques et Renaud Nattiez

    Préface : Philippe Goddin

    Éditeur : PUM Les presses de l’Université de Montréal

    ISBN : 9782760651302

    Nombre de pages : 96

    Prix : 15 €


  • Au cœur du désert
    par Laurent Lafourcade

    Deux frères

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    « -Entrez, lieutenant ! Nous avons étudié votre dossier. Vous êtes un jeune officier promis à un brillant avenir. Nous pensons que vous êtes celui qui a le pouvoir d’accomplir la mission délicate que nous voulons vous confier : retrouver et ramener à la raison le colonel Adam Pyle. »

                    Kansas 1870, un jeune soldat qui sort de l’académie militaire du Missouri, brillante école qui forme les meilleurs officiers US, est reçu par l’Etat-major de Fort Leavenworth. Le lieutenant est missionné pour retrouver et ramener à la raison le colonel Adam Pyle. Ce militaire émérite a été l’artisan de nombreuses victoires. Ses hauts faits d’armes lui ont valu de nombreuses décorations, dont la plus prestigieuse, la Medal of Honor de l’US Army. Cruel, belliqueux, réfractaire et rebelle, le colonel a pris la tête d’une bande de renégats apaches et navajos pour semer la terreur en Arizona, en Utah et au Nouveau-Mexique. Ce qui était « normal » en temps de guerre ne l’est plus aujourd’hui. Il y va de l’honneur de l’armée nordiste. Les journaux en font leurs choux gras. Ce lieutenant qui est reçu aujourd’hui s’appelle Norman Pyle. Il n’est autre que le frère d’Adam Pyle, le colonel recherché.

    © Charles, Charles – Le Lombard

                    Les émissaires envoyés ayant récolté des volées de plombs, les derniers espoirs de l’armée reposent donc sur ce cadet. Norman suit la piste de Santa Fé par la montagne. A cette occasion, il escorte jusqu’à Ford Larned un convoi de pionniers qui a demandé une protection militaire. La caravane traverse de mornes plaines à perte de vue. On n’est qu’à la fin du printemps et le climat est déjà aride. Une tornade, un assassinat, rien n’épargne l’expédition. La route de Norman va être longue et semée d’embûches avant un face-à-face final, poignant, qui va, non pas justifier, mais démontrer qu’en tant de guerre, il n’y a pas de manichéisme qui tienne.

    © Charles, Charles – Le Lombard

                    1976, Maryse et Jean-François Charles font un voyage en Amérique. Il aura fallu attendre presque cinquante ans pour qu’ils reviennent en bande dessinée. L’irréprochable collection Signé du Lombard accueille cet album, inspiré du roman Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad. Ils l’adaptent ici en western. A l’origine, c’est l’histoire d’un officier de la marine britannique qui remonte le fleuve Congo pour retrouver le directeur d’un comptoir colonial disparu réputé fou. Pour les Charles, un chasseur d’ivoire va ainsi devenir un patron de ranch ayant privatisé les ressources naturelles. L’essence anti-colonialiste du roman de Conrad subsiste dans cette transposition. Les auteurs de la BD y ajoutent une dimension familiale qui sensibilise encore plus le récit.

    © Charles, Charles – Le Lombard

                    Dans cet album, Jean-François Charles se montre tout autant dessinateur que peintre. Il pose l’acrylique directement sur ses crayonnés, et sur des toiles prévues pour de la peinture à l’huile. Les détails sont estompés mais quand même présents. On frise parfois l’impressionnisme. Les grandes cases sont particulièrement somptueuses. L’artiste convoque les plus grands peintres de genre américains, en particulier Frederic Remington, chantre de l’American Landscape.

                    Pionniers de la bande dessinée à cadre historique, Maryse et Jean-François Charles offrent aux lecteurs un western crépusculaire démontrant que le Neuvième Art est tout aussi littéraire que graphique. Une leçon.


    One shot : Au cœur du désert

    Genre : Western

    Scénario : Maryse & Jean-François Charles

    Dessins & Peinture : Jean-François Charles

    Éditeur : Le Lombard

    Collection : Signé

    ISBN : 9782808211598

    Nombre de pages : 104

    Prix : 18,95 € 


  • La ballade magique de Baumerire 1 – Toute une montagne
    par Laurent Lafourcade

    Route de géants à pas de souris

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    « -Grand touilleur ! Grand touilleur ! C’est mon papi, il va très mal ! »

                    Judith, la petite souris, arrive à toute allure chez l’herboriste du village, le Grand Touilleur. Helaman, son papi, va très mal. C’est lui qui l’a élevée dans Baumerire, ce petit village perdu dans la forêt, qu’on ne peut trouver que si on ne le cherche pas. Aujourd’hui, l’aïeul est au plus mal. Le Grand Touilleur l’ausculte en long en large et en travers. Le diagnostic est sans appel. Il fait un enterré-mouru du cœur. C’est grave ? C’est très grave ! Mais il existe cependant un remède. Très haut, au-dessus du village, il y a la montagne Grantout. Au sommet de cette montagne, se trouve une fleur qu’on nomme Guéridoux. Avec cette fleur, le soigneur pourra sauver le grand-père. Judith est découragée. Avec ses petites pattes, comment pourrait-elle gravir une si haute montagne ?

    © Clément, Montel – Glénat

                    Toute une montagne… Toute une montagne… Tout est dit dans ce titre. Souvent dans la vie, quand on est face à une difficulté, on dit qu’on a une montagne à gravir. C’est ce qui arrive à Judith. Si elle veut sauver son grand-père, elle va devoir la gravir cette montagne, au propre comme au figuré. Bien évidemment, on se doute que l’histoire ne peut pas mal se terminer. Pour arriver à son but, elle va devoir gagner de la confiance en elle. Ce sont les multiples rencontres qu’elle va faire qui vont lui donner ce pouvoir. Ce pouvoir, elle va l’acquérir sans qu’elle s’en rende compte. C’est en ce sens qu’on réalise que la vie a quelque chose de magique, qu’on est plus fort ensemble que tout seuls. Ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières, pas à pas, en se rejoignant les uns aux autres.

    © Clément, Montel – Glénat

                    Au XXème siècle, le roi de la BD animalière s’appelait Raymond Macherot. Au XXIème siècle, ils s’appellent Loïc Clément et Anne Montel. Après Le temps des mitaines et Armelle & Mirko, ils poursuivent leurs créations dans le genre. La ballade magique de Baumerire est une série d’albums illustrés, avec quelques touches de bande dessinée par le biais de phylactères dans les illustrations. Loïc Clément peut y montrer ses talents littéraires dans de la prose à la fois à la portée des jeunes lecteurs, mais avec aussi une certaine exigence au niveau du vocabulaire. Les dialogues lui permettent de laisser libre court à un humour à plusieurs degrés. Anne Montel s’amuse dans de grandes cases tantôt poétiques, tantôt fourmillant de détails, avec quelques touches de l’illustrateur américain Richard Scarry. Un mot sur la maquette de l’album : magnifique. La tranche est faussement toilée. La couverture est pressée pour donner du relief aux enluminures. Bref, le contenant et le contenu sont aussi beaux.

    © Clément, Montel – Glénat

                    Toute une montagne est une histoire qui fait grandir. C’est une leçon de vie, un exemple de partage et de portance qui se fait avec un naturel déconcertant, sans prétention et avec une efficacité incomparable, qui montre que le cheminement est aussi important, si ce n’est plus, que la destination. Le petit monde de Baumerire ouvre ses portes à une collection que l’on espère fort longue.


    Série : La ballade magique de Baumerire

    Tome : 1 – Toute une montagne

    Genre : Petit bonheur poétique

    Scénario : Loïc Clément

    Dessins & Couleurs : Anne Montel

    Éditeur : Glénat Jeunesse

    ISBN : 9782344065143

    Nombre de pages : 40

    Prix : 12,90 €


  • Moi, Cléopâtre, dernière reine d’Egypte
    par Laurent Lafourcade

    Quand le mythe laisse place à la réalité

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    « -Et voilàààà.

    -Voilà quoi ?

    -Eh bien, je suis reine.

    -Ah, et ils sont où, tes insignes du pouvoir ? Ta couronne d’Hathor ?

    -Euh, il n’y a pas de couronne d’Hathor. Mais je suis coiffée en reine, là. Je porte le diadème, le ruban de commandement, tu vois bien ! C’est sobre.

    -C’est affreusement minimaliste, oui ! Tu as l’air d’une intendante sévère. On est loin des fastes de mon époque, tiens. Mais bon.Te voilà prête pour te jeter dans la fosse aux lions. »

                    Sur les bords du Nil, à Alexandrie, de nos jours, alors que l’aube commence à poindre, un petit singe explique au fantôme de Cléopâtre comment le monde qu’elle a connu a disparu. Si son nom est célèbre pour avoir été la femme ensorcelante qui a séduit les maîtres de Rome et que son nez est passé à la postérité, elle revendique avoir tenu l’Empire romain en respect et savoir parler dix langues. C’était il y a vingt siècles. Le soleil va se lever. Il est temps de rentrer rejoindre Alexandre, Marc Antoine et tous les Ptolémées. Cléopâtre va en profiter pour raconter son histoire au singe, une histoire qui n’a rien à voir avec la légende.

    © Dethan – Dargaud

                    Cléopâtre commence par son enfance parmi le peuple alexandrin. Elle est douée pour les études. Alors qu’elle s’aventure dans une salle emplie de trésors, elle assiste à un meurtre fomenté par son père, accusant l’un de ses collaborateurs de vol. Pour la réconforter, sa majesté propose à sa fille de choisir un cadeau. Elle jette son dévolu sur la momie d’un vieux roi, un certain Khéops. Elle lui offre une demeure dans les catacombes de la ville. Ce sera son confident. Quelques jours plus tard, Cléopâtre accompagne son père pour une visite diplomatique dans la vallée du Nil. Elle pourra voir les pyramides. Le temps de l’insouciance ne durera pas longtemps. Son père devra s’enfuir. Sa sœur aînée sera portée au pouvoir. Quelques années plus tard, c’est elle qui partagera le trône d’Egypte avec son frère Ptolémée Dionysos.

    © Dethan – Dargaud

                    Isabelle Dethan retrace la destinée complète de la dernière reine d’Egypte, dont la vie était un véritable péplum. L’autrice tort le coup à tous les instants de légende, notamment pour terminer celui de la mort de la souveraine. Grâce à des recherches approfondies, Dethan s’est rendue compte que sa réputation de femme fatale était réductrice. Elle a tenu tête face à Rome, sauvant son pays en commettant des actes répréhensibles. Cléopâtre était avant tout une femme de pouvoir. Dethan montre les différences culturelles entre les alexandrins et les égyptiens, jugés barbares par leurs voisins. On verra Cléopâtre au pieds de César, avant de mettre Marc Antoine à sa botte. La Reine était une femme puissante. Isabelle Dethan dresse un portrait réaliste et jamais vu d’une femme qui a grandement influé sur le cours de l’Histoire.

    © Dethan – Dargaud

                    Qui mieux qu’Isabelle Dethan aurait pu dresser un portrait aussi précis, aussi fin et montrant la force féminine de Cléopâtre ? La spécialiste de l’Egypte en bande dessinée signe un biopic réaliste, avec juste la pointe d’onirisme qu’il faut pour accentuer l’immersion dans une Antiquité que l’on croyait connaître.


    One shot : Moi, Cléopâtre, dernière reine d’Egypte

    Genre : Biopic

    Scénario, Dessins & Couleurs : Isabelle Dethan

    Éditeur : Dargaud

    ISBN : 9782505120841

    Nombre de pages : 208

    Prix : 26,95 € 


  • Sakamoto Days 17 – Entrée
    par Laurent Lafourcade

    Grabuge au Musée

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    « -Slur se sert de toi, Mafuyu ! Ouvre les yeux !

    -Tu parles de la bombe ? Je m’en fiche d’exploser, si c’est après ma mort.

    -T’es pas sérieux…

    -Je suis venu dans l’unique but d’éliminer un membre de l’ordre. Alors sois gentil et dégage de mon chemin, Shin. »

    En matière artistique, Monsieur le Président de la FJA, la fédération japonaise des assassins, ne sait pas trop quelles sont ses préférences. Ce qui l’intéresse, c’est la valeur de l’étiquette qu’on colle aux objets. C’est cela qui lui permet de ressentir le poids de l’Histoire, de la civilisation et de la culture humaines, car l’art est ce qui distingue les humains des animaux. En visitant ce musée, le Président pensait simplement faire son marché, découvrir de quoi, par exemple, décorer les toilettes de son bureau. Il ne se doutait pas que le groupe de Slur allait contraindre un exécutant, en la personne de Mafuyu, transformé en bombe humaine, pour tenter de l’éliminer. Alors que Shin tente de convaincre ce dernier de participer à cette mission kamikaze, l’ordre de la FJA a déjà prévu la contre-attaque en envoyant sur les lieux la déterminée Osaragi. Il n’en fallait pas moins pour transformer le musée en terrain de combat.

    SAKAMOTO DAYS © 2020 by Yuto Suzuki/SHUEISHA Inc.
    © 2025, éditions Glénat

    L’enfance de Mafuyu n’était pas des plus heureuses. Alors que son père rêvait de faire de son frère et lui des assassins de premier rang, lui n’en avait aucune envie. Entre maniement des armes et entraînements nocturnes en montagne, il était quand même en admiration devant l’inventivité de son grand-frère Natsuki, qui rêvait de devenir armurier professionnel. Un jour, le père décida d’envoyer Mafuyu se former pour devenir un membre de l’ordre dans un établissement de la FJA maquillé en orphelinat. Connaissant le peu d’appétence de son frère pour ça, Natsuki prit l’initiative d’y aller à sa place une fois qu’il aurait son diplôme en poche, renonçant à son rêve d’armurier. Depuis ce jour, Mafuyu est déterminé à ce que son frère n’abandonne pas son objectif. Il veut se débrouiller pour intégrer l’ordre avant lui.

    Au musée, il ne manque plus que Monsieur Sakamoto. Celui-là, il tourne le dos deux secondes, et c’est la panique… Va falloir qu’il remette un peu d’ordre.

    SAKAMOTO DAYS © 2020 by Yuto Suzuki/SHUEISHA Inc.
    © 2025, éditions Glénat

    Issue du Weekly Shonen Jump, Sakamoto Days figure parmi les meilleures ventes au pays du Soleil levant. Pour sa première série, le jeune mangaka Yuto Suzuki ne pouvait rêver mieux. Sakamoto Days est devenue l’une des séries phare du manga à l’international. Les produits dérivés (tee-shirts et autres goodies) se multiplient. La série anime diffusée en France sur Netflix contribue à son aura. Dans un esprit on ne peut plus fidèle au manga, les onze épisodes disponibles sont extrêmement bien réalisés. Scénario dynamique, drôle et violent, graphisme soigné, musique punchy, l’anime tient ses promesses. Il nous tarde déjà la suite, mais il vaut mieux attendre un peu et préserver une telle qualité.

    SAKAMOTO DAYS © 2020 by Yuto Suzuki/SHUEISHA Inc.
    © 2025, éditions Glénat

    Monsieur Sakamoto trouvera-t-il un jour la tranquillité qui lui permettra de se concentrer à temps plein sur sa supérette ? En a-t-il seulement envie ? Pour nous lecteurs, en tous cas, le plus tard sera le mieux.


    Série : Sakamoto Days

    Tome : 17 – Entrée

    Genre : Thriller/Polar

    Scénario & Dessins : Yuto Suzuki

    Éditeur : Glénat

    ISBN : 9782344062807

    Nombre de pages : 192

    Prix : 7,20 €


  • A la poursuite du trésor de Décalécatàn
    par Laurent Lafourcade

    Niort, j’adore !

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    « -Oooh, regarde, on arrive !

    -Ah bah super, ils auraient pu prévenir.

    -Gracios y bon sejourno.

    -Que s’appéleria lou cantalou !

    -Aaah ! Niort ! Enfin !

    -Bonjour messieurs, je suis Margarita Gomez, merci infiniment d’avoir accepté notre invitation ! Nous sommes honorés de recevoir deux esprits éclairés comme les vôtres… »

    Ils croyaient débarquer à Niort pour un bon petit festival BD avec les copains. Ils ont atterri au Mexique. Les Fabrice sont deux auteurs de bande dessinée. A la (dé)faveur d’une confusion d’avion suite à une inversion de billets à cause d’une collision avec d’autres voyageurs qui se pressaient dans l’aérogare, le duo se trouve au centre d’un quiproquo dont ils ne sont pas près de sortir. Là-bas, une universitaire mexicaine les accueille comme deux experts émérites en sciences précolombiennes. Alors que Bouzard les attend à l’aéroport de Niort, ils découvrent qu’ils vont devoir chercher un trésor maya avant qu’il ne tombe entre de mauvaises mains et ne précipite la destruction de la planète. La firme Palmatec, spécialisée dans l’huile de palme, s’est mise en tête de le trouver à des fins purement financières. Sa place est dans un Musée et il doit servir la recherche.

    © Erre, Fabcaro, Greff – Dupuis

    Pendant ce temps, en France, les deux archéologues débarquent à Niort. Direction le festival de BD. Sauront-ils dessiner les Fabrice dans le bureau de l’édito en train de faire du ski nautique sur de l’aligot aveyronnais tirés par une équipe de handballeurs tout nus ? C’est beaucoup moins calme pour les dessinateurs, les vrais, qui s’enfoncent dans la jungle avec Margarita Gomez et Rodrigo, un aventurier qui a un œil qui regarde le poisson qui frit et l’autre qui surveille le chat. Ils vont vivre un périple de tous les dangers au milieu de serpents venimeux, d’araignées mortelles, de tribus cannibales, de guérilléros sanguinaires, de rivières impétueuses, de piranhas carnassiers… et tout ça sans le wi-fi. Ah, oui, on oubliait les mafieux de la Palmatec.

    © Erre, Fabcaro, Greff – Dupuis

    Ça fait plusieurs années que les Fabrice présentent l’édito du journal Spirou. Avatars de leurs auteurs Fabcaro et Fabrice Erre, ils mettent la panique à la rédaction dans la plus pure tradition des séries qui mettent en abime la rédaction comme Gaston Lagaffe, Le boss et dans une autre mesure Le gang Mazda ou L’atelier Mastodonte. Fabcaro est au scénario. Sandrine Greff est aux couleurs qui la caractérisent, légèrement décalées(catan). Fabrice Erre parsème ses dessins de clins d’œil. Cherchez Charlie. Dans les personnages secondaires, l’explorateur oublié Stanley Wilkinson ressemble furieusement à Ridgewell dans L’oreille cassée et Tintin et les Picaros. Tout est déjanté dans l’histoire. Il ne faudra pas s’étonner qu’un livreur Uber apporte des pizzas dans la jungle ou que les personnages fassent du manège et des auto-tampons au fin fond dans les galeries oubliées d’une cité Maya.

    © Erre, Fabcaro, Greff – Dupuis

    Passer du gag au récit de longue haleine, d’autres l’ont fait avant eux, et pas des moindres : Achille Talon, Les p’tits diables, Léonard, et bien d’autres encore. Les Fabrice franchissent brillamment la barrière dans cette aventure avec un grand A bidonnante avec un grand B.


    One shot : A la poursuite du trésor de Décalécatàn

    Genre : Aventure humoristique

    Scénario : Fabcaro

    Dessins : Fabrice Erre

    Couleurs : Sandrine Greff

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808511971

    Nombre de pages : 48

    Prix : 12,95 €


  • Chroniques de Tunisie Une française au pays de la révolution
    par Laurent Lafourcade

    Vis ma vie de prof au Maghreb

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    « Ting !

    -Et si c’était le Gabon, pour dire qu’il ne veut plus de nous ? Et si on était radiés de l’AEFE ? Avant même d’y être entrés ? Et si…?

    -C’est peut-être un autre pays qui nous écrit ! Le meilleur moyen, c’est d’aller voir le message. »

                    2008. Anna est prof d’histoire-géo remplaçante. Elle navigue de lycées en collèges sans jamais s’épanouir dans son métier. Avec son compagnon exerçant la même profession, ils décident de partir enseigner à l’étranger. Ils émettent plusieurs vœux et sont finalement acceptés dans des lycées en Tunisie. Ce pays, ils allaient le découvrir, y vivre, y travailler et s’y faire de nouveaux amis. Août 2009, sous une chaleur écrasante, ils posent les pieds sur le sol africain. Un employé de l’ambassade les aide dans les démarches puis direction La Marsa, dans la banlieue nord de Tunis. Les panneaux sont heureusement bilingues. Le président Ben Ali est omniprésent sur les affichages. C’est oppressant, mais les consignes sont strictes : ne pas critiquer le régime, ne pas aborder la limitation des libertés, rassemblements et manifestations interdits,… Anna, Boris et leur chat sont ensuite accueillis par leurs logeurs chez qui ils louent l’étage.

                    C’est le ramadam. Leurs hôtes leur proposent de trinquer à leur arrivée, mais sans boire eux-mêmes. La nuit, il fait si chaud qu’il est difficile de trouver le sommeil. L’appel à la prière par le muezzin va finir de les réveiller. Au fil des jours, le couple va découvrir les coutumes, les habitants, l’architecture et l’Histoire du pays.  Avec eux, on va visiter la médina par la Bab Bhar, la « porte de la mer », l’antique Carthage, les murs blancs et les portes bleues du village voisin de Sidi Bou Saïd, ainsi que les lieux de tournage de certaines scènes de Star Wars. Ils vont aussi découvrir la réalité sous la carte postale clichée, avec notamment une police mal payée et corrompue. Avec eux, on va ensuite faire la rentrée scolaire, chacun dans son lycée. Les élèves sont en majorité français, tunisiens et franco-tunisiens. Leurs parents sont en général aisés. Les classes sont chargées et les conditions de l’accès à la scolarité ne sont pas les mêmes pour tous. Anna et Boris vont aussi avoir envie d’apprendre l’arabe, non sans mal.

                    C’est en décembre 2010 que tout va basculer. Mohamed Bouazizi, 26 ans, s’immole par le feu devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid après qu’on lui a confisqué sa carriole et sa marchandise de fruits et légumes avec laquelle il faisait vivre les siens. Le président Ben Ali se rend à son chevet et promet d’aider la famille, tout en dénonçant les manifestations qui éclatent dans le pays. Début janvier, le jeune homme décède. Il devient l’emblème d’une jeunesse sacrifiée, qui préfère mourir que de vivre dans l’injustice et la misère. Contre la rébellion, la répression est violente. C’est la révolution du jasmin, qui déclenchera les révolutions du printemps arabe en Lybie, en Egypte et en Syrie. Pendant ce temps, Anna et Boris sont en vacances en France. Compte tenu de cette actualité tragique, quel est leur avenir en Tunisie ?

                    Anna et son mari auront passé quatre ans en Tunisie. Antiquité, culture, dictature, révolution et évolution auront été les piliers d’un séjour inoubliable que nous fait partager l’autrice dans cette chronique en immersion, émouvante, dramatique, mais aussi drôle. Guy Delisle a fait des émules.


    One shot : Chroniques de Tunisie Une française au pays de la révolution

    Genre : Reportage

    Scénario, Dessins & Couleurs : Anna Chronique

    Éditeur : Dunod Graphic

    ISBN : 9782100863815

    Nombre de pages : 160

    Prix : 19,90 €

     © Chronique – Dunod Graphic


  • Gabriele Münter Les terres bleues
    par Laurent Lafourcade

    Les saisons de la cavalière

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    « -Vassily ! Je ne t’ai pas entendu entrer.

    -Quelle concentration ! Je n’en attendais pas moins de ma meilleure élève.

    -Ne te moque pas, Vass. D’abord, je ne suis plus ton élève. La vue est tellement belle que je n’ai pas pu résister. Qu’en penses-tu ?

    -Très beau tableau. Murnau est un endroit très joli et pittoresque. Parfait pour peindre… Tu ne crois pas, ma chère Ella ? »

                    Murnau est un bel endroit. La lumière est si singulière. Les montagnes et les prairies apparaissent sous un jour nouveau. Gabriele Münter s’y est installée avec son amoureux, un certain Vassily Kandinsky. C’est l’hiver dans ce val paisible, alors qu’Hitler mène une fronde contre l’Art. C’est l’hiver, l’hiver dans tous les sens du terme, la saison neigeuse au paysages immaculés, mais c’est aussi l’hiver d’un monde, un monde en passe d’être étouffé par la barbarie nazie. Alors, Gabriele revient au fil de saisons sur sa vie, en commençant par son arrivée à Murnau, au printemps., puis l’été avec ses invités Marianne et Jawl sous le climat idéal du Staffeisee. La maison est modeste et sans confort, mais elle est si accueillante. A l’automne, c’est un séjour à Paris, avant de retrouver un nouvel hiver, celui de la vie.

    © Alavarado – Seuil

    D’après le site Ars Mundi, spécialisé dans l’art, née en 1877, Gabriele Münter était une peintre allemande du mouvement expressionniste. Membre de la Nouvelle Association des artistes munichois, elle a été la compagne de Vassily Kandinsky. Elle réussit à sauver une grande partie de ses œuvres durant la guerre puis l’après-guerre, et les rendit publiques en même temps que d’autres œuvres de ses amis artistes du mouvement du Cavalier Bleu, ainsi que quelques-unes de ses propres œuvres. Lorsqu’elle acheta en 1909 une maison à Murnau, qu’elle et son compagnon Kandinsky habitaient pendant l’été, cette demeure idéalement située se transforma en un centre de l’Avant-garde allemand défini comme « l’époque Murnau ». Au début de la Première Guerre mondiale et après sa séparation de Kandinsky, Münter vécut des années mouvementées. En 1931, elle déménage définitivement à Murnau. Elle y meurt en 1962, depuis longtemps considérée comme la peintre la plus importante de l’expressionnisme.

    © Alavarado – Seuil

    L’autrice espagnole Mayte Alvarado dresse un portrait émouvant d’une figure oubliée de la peinture du XXème siècle. Le jeu des saisons permet d’intégrer des œuvres de l’artiste au récit. Alvarado s’approprie ainsi certains tableaux comme Petit-déjeuner des oiseaux (1934), Vue de la fenêtre de Griesbraü (1908), Promenade en canot (1910) ou encore entre autres Arbre au bord de la Seine (1930). Intégrant de longs passages contemplatifs, l’album apporte même quelques petites touches impressionnistes pour décrire l’expressionniste qu’était Münter. Alvarado s’avère être tout autant une peintre elle-même qu’une dessinatrice. Nombre de ses cases sont elles-mêmes des tableaux qui pourraient être exposés.

    © Alavarado – Seuil

                    Jusqu’au 24 août, une exposition Gabriele Münter Peindre sans détours met l’artiste à l’honneur au Musée d’Art Moderne de Paris et apprend à connaître l’artiste. A lire en écoutant « Là où les montagnes si bleues » issue du cycle de lieder pour voix et piano : A la bien-aimée lointaine, de Ludwig Van Beethoven, Gabriele Münter Les terres bleues apprend à connaître la femme.


    One shot : Gabriele Münter Les terres bleues

    Genre : Biopic

    Scénario, Dessins & Couleurs : Mayte Alvarado

    Éditeur : Seuil

    ISBN : 9782021596540

    Nombre de pages : 96

    Prix : 19,90 € 


  • Première dame
    par Laurent Lafourcade

    Amours présidentielles

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    « -Et ça, c’est quoi ? Tu n’es pas capable de tenir ta femme ?! Ça ne serait jamais arrivé à ton frère ! Il a la classe, lui. Il sait se faire respecter des femmes. En plus, il a une bonne place dans l’industrie ! C’est quelqu’un d’important !

    -Oui, enfin, moi aussi, je…

    -Toi, tu n’es pas sûr de le garder, ton travail, parti comme c’st. Alors trouve-toi vite une épouse s’il te plaît. Ne me fais pas honte, c’est tout ce que je te demande. »

                    En déplacement dans le quartier des Murneaux, le président Thierry Langlois a poursuivi et corrigé un jeune banlieusard qui l’avait insulté. C’est totalement inédit sous la Vème République, et ça sème la discorde à l’Elysée. Si pour certains, la réaction donne à la présidence une image virile et volontariste, avec un chef de l’Etat courageux qui va au charbon et ne redoute pas le contact avec le public, pour le secrétaire général de l’Elysée, ami de trente ans du Président, à un an du renouvellement du mandat, l’image renvoyée est catastrophique. Langlois venait de montrer qu’il était incapable de maîtriser ses nerfs. Pendant ce temps, l’ex-épouse du premier homme du pays s’apprête à publier ses mémoires, un brûlot qui risque de faire du bruit, sans compter qu’elle s’affiche en musclée compagnie en couverture de journaux à scandale.

    © Tronchet, Peyraud – Glénat

                    L’Elysée va devoir préparer sa défense. C’est Xavier de Fursac, grand communicant du Faubourg Saint-Honoré, qui échafaude une stratégie. En devenant la nouvelle Première Dame, Amandine Gélinac, ancienne Miss France égérie d’une marque de parfum, va effacer la précédente, replacer sur le président toutes les valeurs du désir et le réconcilier avec la Nation. Ce dernier n’est pas convaincu, mais lorsque sa mère va lui intimer l’ordre de redorer son blason, le « petit garçon de sa maman » va devoir se faire à l’idée. Contre toute attente, une autre femme va se mettre sur la route du président : Victoria Coraly, actrice qui vient de recevoir un prix. Elle est instable, colérique, profondément rebelle à toutes les conventions. L’entourage du chef d’Etat lui déconseille d’entrer en relations poussées avec elle. Langlois va évidemment faire le contraire.

    © Tronchet, Peyraud – Glénat

                    Didier Tronchet offre à Jean-Philippe Peyraud le scénario d’une comédie dramatique pas si éloignée que ça de la réalité. Première Dame joue dans la même catégorie que Quai d’Orsay. Ça joue de la politique avec humour et ironie. Thierry Langlois a la suffisance et la prétention d’Emmanuel Macron. Il a le bling-bling de Nicolas Sarkozy et la maladresse de François Hollande. Tronchet a synthétisé les trois derniers présidents de la République française dans ce type dégingandé. Victoria Coraly joue le rôle du chien dans un jeu de quilles. Elle va tenter de désarçonner le pouvoir avec ses convictions et son franc parler, en gardant toujours son indépendance. Dans Première Dame, il est question d’intégration, de migrants, de luttes pour le pouvoir, de coups fourrés et de savonnage de planche. Victoria réussira-t-elle à faire ouvrir les yeux à Thierry ?

                    Aux dessins, Jean-Philippe Peyraud donne du dynamisme et de la rapidité à l’histoire. Les couleurs en différents tons duos font partie intégrante de l’œuvre. Sous une couverture laissant méditer sur la valeur de la République et le patriotisme, Peyraud donne une exceptionnelle leçon de colorisation, la plus belle depuis bien longtemps.

    © Tronchet, Peyraud – Glénat

                    Première Dame est une comédie dramatique qui réunit tous les genres de récit. Tronchet signe un scénario impeccable, dessiné par un Peyraud hors pair. Il paraît même qu’un film est déjà en développement.


    One shot : Première dame

    Genre : Comédie

    Scénario : Didier Tronchet

    Dessins & Couleurs : Jean-Philippe Peyraud

    Éditeur : Glénat

    Collection : 1000 feuilles

    Nombre de pages : 272

    Prix : 25 €

    ISBN : 9782344052280 


  • Ana Ana 25 – Le grand pique-nique
    par Laurent Lafourcade

    Gourmandise et méditation

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    « -Baleineau ?!? Pourquoi restes-tu à l’écart ? Qu’est-ce qui ne va pas ?

    -Tout va très bien, Ana Ana !

    -Non, tout ne va pas très bien, puisque tu es assis, là, tout seul et tout triste.

    -Je ne suis pas triste du tout ! »

                   Il fait si beau aujourd’hui qu’Ana Ana et ses doudous ont choisi d’aller pique-niquer sur la plage. De nombreux autres doudous ont décidé de faire de même. Après quelques jeux sur le sable ou dans l’eau, châteaux de sable, badminton, baignade et courses, l’heure du repas s’apprête à sonner. Mais où est Baleineau ? Il est à l’écart, assis au pied d’un arbre. Ana Ana s’inquiète pour sa santé. Il est seul et a l’air tout triste. Ce dernier s’en défend. Il n’est pas triste. Il a simplement envie d’un peu de solitude. Ça ne va pas être gagné puisque la joyeuse petite bande va décider d’installer la nappe pour le pique-nique juste à côté. Affamé par son sport matinal, Touffe de poils gloutonne l’ensemble du panier en une bouchée. Et il ne va pas s’arrêter là ! Par chance, le doudou du fils du marchand de sandwichs arrive sur la plage.

    © Roques, Dormal – Dargaud

                    Encore une fois, rires et tendresse enluminent cette nouvelle histoire d’Ana Ana et ses doudous. Il y est question de convivialité et de partage, mais aussi d’égoïsme et de « Après moi, le déluge ». Mais Touffe de poils s’en repentira. Le destin punit toute mauvaise action. Au-delà de ça, c’est un autre sujet qui est le principal thème de cet album : celui de la solitude volontaire. On a le droit, certains jours ou à certains moments, d’être seuls, d’avoir envie d’être seuls, et pas forcément parce qu’on ne va pas bien. C’est ce qui arrive ici à Baleineau. Il est en observation, en méditation, de regarder ce qui l’entoure. C’est la belle leçon de vie que va en retirer Ana Ana.

    © Roques, Dormal – Dargaud

                    Après vingt-cinq albums, Nathalie Roques et Alexis Dormal trouvent toujours un angle nouveau qui plaira aux enfants et qui les fera réfléchir. Si Touffe de poils est la caution humoristique de l’épisode, Baleineau est le philosophe en méditation du tableau de Rembrandt, même si celui-ci médite à l’intérieur d’une maison. On apprend grâce à lui qu’il y a un temps pour tout. Les autres n’ont pas à s’en inquiéter. Prendre le temps de prendre du temps, c’est ce que les enfants ont le plus de mal à faire dans ce siècle surnumérisé où l’ennui n’a malheureusement plus sa place. La palette graphique d’Alexis Dormal est un enchantement, avec notamment une dernière case sublime aux frontières de l’impressionnisme.

    © Roques, Dormal – Dargaud

                    On retrouvera bientôt Ana Ana et ses doudous en pleine collecte de feuilles d’automne pour faire des herbiers. Et comme c’est bientôt l’été, n’oubliez pas que nos héros sont déjà allés plusieurs fois au bord de la mer. En attendant, profitez de ce repas entre amis. Vive vive Ana Ana !


    Série : Ana Ana 

    Tome : 25 – Le grand pique-nique

    Genre : Petit bonheur poétique

    Scénario : Dominique Roques

    Dessins & Couleurs : Alexis Dormal

    Éditeur : Dargaud Jeunesse

    ISBN : 9782205212105

    Nombre de pages : 32

    Prix : 7,95 €


  • Le marin céleste
    par Laurent Lafourcade

    Un jour, quelque part, sur Sprague…

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    « -Non, pas ici ! Te pose pas ! Là-bas, après la rivière !

    -Qu’est-ce qu’il y avait de spécial, là-bas ?

    -Les herbes !

    -Les herbes ? Quelles herbes ?

    -Ces foutues saloperies bleues qui nous envahissent… T’es pas au courant ? Ces saletés poussent à toute vitesse et sont capables de te bloquer une roue ou de s’entortiller dans un moteur ! Tiens ! Regarde ! En voilà déjà ici !

    -Hum !… Jamais vu ! Drôles de machins !

    -Et ça pousse à une vitesse !… Une vraie merde, oui ! »

                    Approchez, approchez, braves gens ! Popeye vous propose mille trésors à acquérir. Le marin céleste, c’est ainsi qu’on l’appelle, a posé son dirigeable sur la place communale pour dresser son étal. Il y vend sa drouille, objets soi-disant certifiés, aux badauds curieux. Les tasses ? Six pences l’ensemble avec les soucoupes. Ce n’est vraiment pas cher. La cafetière ? Huit pences pour cette pièce rare qui vient des ateliers du Buxin. C’est donné. Après avoir gagné quelque argent, le brocanteur retourne dans les airs. Son vaisseau est équipé tout confort : kitchenette, salle de bains, toilettes, couchettes à deux places (on ne sait jamais), bibliothèque, bureau,… Popeye fait la visite.

    © Roman, Rodolphe, Béchu – Daniel Maghen

                    Alors que tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, le marin est hélé par un paysan qui lui demande de se poser, mais pas n’importe où. En effet, il veut lui montrer une saleté d’herbes bleues qui prolifèrent à vitesse grand V dans la nature. Popeye repart et remarque que le pays est littéralement envahi par cette engeance. D’où cela vient-il ? Comment s’en débarrasser ? Alors que Popeye cherche de nouvelles reliques à vendre, il sauve un insecte géant prisonnier des herbes bleues. Le pépère reprend vie et s’éloigne sans un signe. Plus tard, Popeye entend comme un remerciement intérieur envoyé par télépathie. Quand il se trouvera à son tour en difficultés avec sa belle Prune, il ne regrettera pas d’avoir fait ce qu’il a fait.

    © Roman, Rodolphe, Béchu – Daniel Maghen

                    Retour en baie de Sprague pour Rodolphe, Olivier Roman et Denis Béchu. Après Sprague qui présentait l’univers, Le marin céleste est une nouvelle aventure dans ce monde. Le succès du one shot précédent a permis aux auteurs de continuer à l’exploiter. Dans le premier tome, l’eau avait disparu depuis bien des années. Niels et Vivian, deux frères aventuriers, étaient partis en expédition avec Cap’tain Greg, capitaine de vaisseau aveugle, qu’on retrouve en guest dans ce Marin céleste. Il fallait au plus vite trouver un moyen de faire revenir la mer afin de rééquilibrer l’écosystème. Rodolphe poursuit dans le même axe écologique. Ici, une plante invasive étouffe la région et s’attaque aux êtres vivants. Comme à son habitude, l’auteur nous invite à réfléchir sur l’avenir de la planète, sous couvert d’un récit fantastique entre Jules Verne et Bernard Werber. C’est aussi une histoire d’entre-aide entre deux peuples, deux races, n’ayant rien en commun, mais unissant leurs forces pour lutter contre un même ennemi. Il y est question de respect, et c’est ce qu’on voudrait entre les habitants du monde qui se disputent des territoires. Sous les couleurs de Denis Béchu, Olivier Roman fait des plantes des personnages aussi vivants que les bipèdes. Observez bien sur la couverture, sur la gauche, l’une d’entre elles tend comme un bras vers le ciel, au fond au milieu, une autre paraît se lever

    © Roman, Rodolphe, Béchu – Daniel Maghen

                    Le marin céleste inaugure ce qui semblerait devenir une collection d’anthologie : Un jour, quelque part, sur Sprague… Ceux qui sont déjà rentrés dans l’univers prendront plaisir aux clins d’œil d’un tome à l’autre. Ceux qui le découvrent ne seront jamais lésé car on leur propose une histoire indépendante à chaque tome.


    One shot : Le marin céleste

    Collection : Un jour, quelque part, sur Sprague…

    Genre : Science-fiction

    Scénario : Rodolphe

    Dessins : Olivier Roman

    Couleurs : Denis Béchu

    Éditeur : Daniel Maghen

    ISBN : 9782356742094 

    Nombre de pages : 88

    Prix : 19 €


  • Exsangue 1 – La marque
    par Laurent Lafourcade

    Une rencontre non fortuite

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    « -Vous allez loin ?

    -A Cheyenne…

    -Je m’arrête bien avant… A Oklahoma City…

    -Ça n’a aucune importance… Déposez-moi où vous pourrez… Le bout de chemin qu’on fera ensemble, ce sera toujours ça de moins à faire à pied…

    L’existence de Thania Northwood se résume à peu de choses. La trentenaire a appris à vivre seule et à se contenter de peu. De toute façon, elle n’a pas de temps à consacrer à sa vie privée. Son job de VRP pour les compléments alimentaires Unilab l’emmène sur les routes six jours sur sept. De motels en cantines de stations-services, elle sillonne le pays en voiture. Par une nuit pluvieuse, Thania s’arrête pour prendre un auto-stoppeur. Leurs solitudes les rapprochent dans une nuit d’amour. Elle ne se doute pas encore que cet homme n’était pas sur sa route par hasard. Alors que son sommeil est perturbé par un cauchemar récurrent où elle est poursuivie par une meute de chiens et des chasseurs au Moyen-Âge, son hôte dort du sommeil du juste, satisfait d’avoir établi le contact avec sa cible.

    © Shibao, Corbeyran, Marques – Soleil

    On dissertera plus longuement sur cette mini-série lors de la parution du tome 2 du diptyque. Les scenarios de Corbeyran ont ceci de particulier qu’il est préférable d’en savoir le moins possible pour les apprécier au mieux. Ouvrez l’un de ses albums sans lire la quatrième de couverture. Vous verrez ce qu’il se dégage, comment le scénariste construit son histoire, installe ses personnages et les événements. Pour autant, sa démarche n’est pas scientifique, ni littéraire non plus. Elle est tout simplement l’œuvre d’un maître de la bande dessinée qui en dompte les codes depuis plus de quatre cents albums. Quand on revient sur des scènes précédentes au fil de la lecture, on repère les petits cailloux semés. Les personnages ne sont pas toujours qui l’ont croît. On découvre leurs failles parfois en même temps qu’eux. On cherche à s’en sortir en même temps qu’eux.

    © Shibao, Corbeyran, Marques – Soleil

    Alex Shibao est un dessinateur brésilien. Professeur de dessin, il s’est avant tout fait connaître par ses talents d’illustrateur. Ce livre est son premier album publié en Europe. La couverture place le mystère. A l’endroit, un duo. A l’envers, un duel. A l’endroit, une complicité ? A l’envers, une emprise ? A quoi s’attendre ? A l’intérieur, le dessinateur réaliste est aussi à l’aide dans les scènes de dialogues que dans les moments d’action. Les bagarres sont accentuées par des effets cinétiques immersifs. Aux couleurs, Natalias Marques assombrit les ambiances pour contribuer à l’intrigue. Rien n’est laissé au hasard.

    © Shibao, Corbeyran, Marques – Soleil

    L’univers d’Exsangue est tellement riche que si l’air du temps était encore aux séries, celle-ci aurait tout le potentiel pour prendre la relève des Stryges. Mais, au fait, Exsangue, c’est une histoire de quoi ? Lisez… et on en reparle. Si vous êtes corbeyranphiles, vous ne pourrez pas être déçus.


    Série : Exsangue

    Tome : 1 – La marque

    Genre : Fantastique

    Scénario : Corbeyran

    Dessins : Alex Shibao

    Couleurs : Natalia Marques

    Éditeur : Soleil

    ISBN : 9782302106581

    Nombre de pages : 72

    Prix : 16,50 €


  • Kagurabachi 1 & 2
    par Laurent Lafourcade

    La loi du katana

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    « -Chihiro, je peux te poser une question ?

    -Oui.

    -Cette cicatrice, tu pourrais la faire disparaître si tu le voulais. Tu ne passes pas inaperçu avec ça sur le visage, ça ne t’embête pas ?

    -Tous les matins, je regarde mon visage en me préparant et je vois cette cicatrice. Elle me rappelle ce qui s’est passé ce jour-là. Grâce à elle, chaque matin, je commence la journée empli d’une haine toute fraîche. »

    Chihiro et Kunishige Rokuhira, son père, vivaient heureux. Aux côtés de son paternel, le jeune homme apprenait le métier de forgeron, jusqu’au jour où son mentor a été assassiné et six katanas magiques dérobés. Chihiro possède le septième sur lequel les assassins n’ont pas mis la main. Trois ans plus tard, empli de haine et assoiffé de vengeance, Chihiro s’est donné un double objectif : retrouver les meurtriers et récupérer les sabres ensorcelés. Armé de son katana Enten et avec l’aide de Shiba, sorcier ami de la famille, il va devoir faire face à l’organisation criminelle Hishaku qui soutient les yakuzas.

    Kagurabachi © 2023 by Takeru Hokazono 
    First published in Japan in 2023 by SHUEISHA Inc., Tokyo
    © Kana 2025

    Avec Kagurabachi, les éditions Kana tiennent l’événement manga 2025. Le jeune mangaka Takeru Hokazono impose un univers riche et bien construit. Le premier chapitre peut sembler surprenant. Alors que de nombreux auteurs auraient démarré avec une grande scène d’action, quitte à revenir en arrière par flashbacks, Hokazono installe une conversation entre un père et son fils, dans la maison et la forge familiale. Un bond de trente-huit mois donne ensuite le ton, avec ce qui semble être un règlement de compte entre triades. Ce n’est qu’ensuite qu’on apprend ce qui est arrivé, puis l’arrivée de Chihiro et les poissons de son sabre vont afficher définitivement les intentions de l’auteur. Vous vous souvenez de Kill Bill ? On va y aller puissance 10 ! Pour ceux qui seraient rebutés par les membres sectionnés, il y en a tellement qu’on s’y fait.

    Kagurabachi © 2023 by Takeru Hokazono 
    First published in Japan in 2023 by SHUEISHA Inc., Tokyo
    © Kana 2025

    Hokazono voulait créer une structure et une direction inédites. Des poissons volants au rythme d’un katana dégainé, on n’avait jamais vu ça. L’auteur apporte du lyrisme à des scènes sanguinolentes. Il y a du John Wick dans Chihiro. Les personnages secondaires prennent tout de suite leur place, que ce soit Genichi Sôjô, l’ennemi que l’on prend plaisir à détester, ou bien Char Kônagi, gamine qui apporte de l’humanité et de la sensibilité à un récit qui sans elle serait trop sombre. Shiba, Hinao et Azami complètent l’entourage du héros, pendant qu’en face les sorciers de l’organisation Hishaku préparent la riposte.

    Kagurabachi © 2023 by Takeru Hokazono 
    First published in Japan in 2023 by SHUEISHA Inc., Tokyo
    © Kana 2025

    La quête de Chihiro a démarré en automne 2023 au Japon. Afin de combler le léger retard, les éditions Kana prévoient six tomes pour la seule année 2025. On ne va pas avoir le temps de nettoyer nos katanas, mais on ne va pas s’en plaindre. Déjà addictif.



    Série : Kagurabachi

    Tomes : 1 & 2

    Genre : Aventure fantastique

    Scénario & Dessins : Takeru Hokazono

    Éditeur : Kana 

    ISBN : 978250513-2912/-3285

    Nombre de pages : 224 / 208

    Prix : 7,30 €


  • Billy le dernier dauphin 1
    par Laurent Lafourcade

    Aqua-rions !

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    « -Veuillez m’excuser, mesdames, messieurs les journalistes, je suis tout à vous pour répondre à vos questions.

    -Marc-Ange Laurentelli !

    -M.Laurentelli !

    -M.Laurentelli !

    -Jean-Claude Pourraillet pour Corse Babin, on dit que ce nouveau centre commercial sera respectueux de l’écologie. Qu’en est-il exactement ?

    -Tout à fait… Nous avons fait de l’écologie le cœur de notre projet en insistant tout particulièrement sur la préservation des espèces aquatiques. Pour cela, nous avons mis en place un dispositif de médiation immersif à parois cristallines permettant la visualisation effective du biotope immergé.

    -Vous voulez dire un aquarium ? »

                    Alors qu’il était en plein entraînement avec son coach et ami Jean-Poulpe pour devenir le digne dernier représentant de son espèce, Billy, le dernier dauphin, est capturé. Le rapt est fomenté par Marc-Ange Laurentelli, directeur des centres commerciaux Lecher. Dans sa nouvelle grande surface, la plus grande d’Europe, avec plus de six cents boutiques, il a décidé d’installer un dispositif de médiation immersif à parois cristallines permettant la visualisation effective du biotope immergé, autrement dit un aquarium…mais il est hors de question d’appeler ça comme ça. L’attraction vise à attirer les foules en montrant au public, ou plutôt aux clients, le dernier dauphin. Tout va dégénérer le jour où Billy va disparaître…

    © Le Borgne – Corsica Comix

                    Il était apparu en guest dans Journal de confinement, il revient en star avec sa propre série. Billy, le dernier dauphin, qui ne comprend pas tout mais parvient toujours à s’en sortir, est le héros d’une histoire loufoque complètement dingo. Il est accompagné de seconds rôles tout aussi barrés. Il y a Jean-Poulpe, bien évidemment, mais aussi Marielle, la petite sirène qui réalise son rêve, le prince des mers, Rabor, et son nez bouché, venu du fond des océans, ou encore Thomas, un hilarant poisson-clown, roi du stand-up avec ses blagues aquatiques pourries. L’auteur Yann Le Borgne ne s’oublie pas puisqu’il se met en immersion avec sa famille, tentant de sauver Billy, otage de toutes les convoitises.

    © Le Borgne – Corsica Comix

                    Sous couvert d’une histoire complètement farfelue, Le Borgne dénonce une surenchère de consommation et de spectacle afin de séduire un public toujours plus nombreux. Scandoland, le parc d’attraction qu’il imagine au cœur de la réserve naturelle de Scandola en Corse, il est certain que des promoteurs y ont déjà pensé. En le créant dans sa BD, il en montre l’absurdité. Mais rassurez-vous, on ne se prend pas la tête dans Billy. On se marre avant tout. Même Marion Cotillard en prend pour son grade. Le trait du dessinateur est d’une efficacité redoutable. Il est jubilatoire, même avant d’avoir lu le texte. Après deux Journaux de confinement auto-édités (et réédités en intégrale chez Corsica Comix), Yann Le Borgne intègre la dream team des auteurs vedettes de son nouvel éditeur aux côtés de Léa Maurizi, Frédéric Federzoni, Desideriu, Sorlin, Nino,…

    © Le Borgne – Corsica Comix

                    Flipper et Oum peuvent aller se rhabiller… ou retourner nager en eaux profondes. Le porte-parole des dauphins, maintenant, c’est Billy ! De toutes façons, c’est le dernier, tandis que cet album est le premier d’une série poilante.


    Série : Billy le dernier dauphin

    Tome : 1

    Genre : Humour déjanté

    Scénario, Dessins & Couleurs : Yann Le Borgne

    Éditeur : Corsica Comix

    Collection : BDLire

    ISBN : 9791092481273

    Nombre de pages : 160

    Prix : 20 €


  • Boulevard Tintin – La véritable destination du Vol 714
    par Laurent Lafourcade

    Sydney ou pas…?

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    « Vol 714 pour Sydney fait partie intégrante de l’œuvre de Hergé. Souvent critiqué, mal aimé et même qualifié d’album inutile, il recèle pourtant les réflexions existentielles, et peut-être les convictions, d’un homme de soixante ans à qui il reste quinze ans à vivre. »

    Ce livre commence par un avertissement : « Notre souhait n’est pas de partir en quête de symboles cachés ou de faire la démonstration d’une passion supposée de Hergé pour l’astrologie, les ovnis ou les sciences occultes. Nous souhaitons simplement démontrer qu’une œuvre de génie est d’abord une création devant laquelle le créateur est un spectateur. » Hergé, lui, avait déclaré : « Là, j’ai voulu changer, revenir à l’Aventure avec un grand A… Sans y revenir vraiment. » Si Hergé a conçu son œuvre autour d’albums uniques et de diptyques, l’essayiste Jean Dubois démontre que Les bijoux de la Castafiore, Vol 714 pour Sidney et Tintin et les Picaros forment une trilogie qu’il intitule : En finir avec Tintin ? Il divise son ouvrage en deux parties distinctes.

    © Dubois – 3 : 1

    Avant de se pencher au cœur du récit, où il sera question de destination, Dubois feuillette quelques albums antérieurs …pour, justement, en finir avec Tintin. Le Tibet est marquant par la quête spirituelle et intime de son auteur. Hergé fait sa thérapie et regrettera d’être allé si loin. C’est pour cela qu’il fera descendre Tintin de son piédestal dans Les bijoux. Pour annoncer son retour dans l’hebdomadaire éponyme, le visage de Tintin y est représenté sous forme de logo. Pour Dubois, Hergé a abouti avec la tête de son personnage à un logo parfait, au même titre que la pomme croquée est l’idée de génie d’Apple. Dans cette partie, il sera question de complexe, d’aventure, de perfection, de simplicité, et d’incompréhension aussi. Si Vol 714 fait partie des aventures de Tintin les moins appréciées, c’est parce qu’il n’a toujours pas été compris.

    © Dubois – 3 : 1

    C’est dans la seconde partie de l’essai qu’il est question de destination. Si un biographe, Pierre Assouline pour ne pas le citer, a qualifié Vol 714 de l’album de trop, Jean Dubois conteste l’affirmation, expliquant qu’on n’a jamais dit à Picasso ou à Mozart qu’ils avaient fait l’œuvre de trop. Si le vol des bijoux de la Castafiore n’a jamais réellement été commis, celui avec atterrissage à Sydney n’aura non plus pas lieu, car l’avion sera détourné. Dubois disserte autour des couvre-chefs, longtemps et avec arguments, de Lazlo Carreidas, caricature de Marcel Dassault, du nombre de plaques sur la piste d’atterrissage, d’ovnis et de Jacques Bergier, ingénieur chimiste ayant des théories pseudo-scientifiques sur le paranormal, qui a inspiré Mik Ezdanitoff.

    © Dubois – 3 : 1

    Avec une approche novatrice et un questionnement pertinent, Jean Dubois a réussi son coup de réhabilitation d’un album injustement mal-aimé. Le livre est disponible en version poche souple mais aussi en grand format rigide. Il y a également une édition collector avec couverture couleur. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.



    Titre : La véritable destination du Vol 714

    Genre : Ouvrage d’étude

    Auteur : Jean Dubois

    Éditeur : 3 : 1

    ISBN : 9798311010887

    Nombre de pages : 180

    Prix : 14,90 €


  • Migali 7 – L’école sous les étoiles
    par Laurent Lafourcade

    L’araignée « star »

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    « -Oh, tiens… On dirait l’aigle de l’Académie Royale ?

    -Miaou ?

    -Eh, monsieur l’aigle, vous faites quoi ici ? Vous m’apportez un courrier royal ? C’est bizarre, pourquoi le Roi enverrait une lettre aussi tard dans la nuit ? C’est une drôle d’heure pour envoyer un courrier. »

                    Ça y est ! L’Académie Royale réouvre ses portes… mais désormais les cours auront lieu la nuit. Migali est toute excitée : des classes nocturnes au château, c’est trop cool ! Cahiers, trousse, crayons, biscuits pour chat, lampe-torche et pyjama, la petite fille araignée prépare ses affaires en deux temps trois mouvements. Pas besoin de douche, un bain d’étoiles fera l’affaire. Comme ils ont tous raté le bus de nuit, c’est le roi Papa qui va amener sa fille et ses copains à l’école. Sur place, ils découvrent qu’un gigantesque observatoire a été construit en plein milieu du château. Ça pète la classe ! Monsieur Flamberge leur annonce que cette année les cours porteront sur le ciel et les étoiles. Ils étudieront les planètes, l’astronomie et la science. Ils feront des exposés sur les créatures nocturnes et les prédateurs impitoyables de la nuit.

    © Arlène, Lambert, Kaori – Auzou BD

                    Un nouveau professeur a été engagé pour enseigner l’art de l’astrologie, de la divination et des prédictions. Il s’agit du Professeur Hibrouille. Il est prêt à ouvrir l’esprit de ses jeunes élèves pour leur faire découvrir tous les secrets du futur et leur apprendre à lire l’avenir partout autour de soi, dans les feuilles de thé, les lignes de la main, les boules de cristal et même l’iris des yeux. S’il voit dans ceux de Lucile un malheur drapé de rose, dans ceux de Rex-Emilien, il n’y a pas grand-chose qui ait du sens. L’atmosphère de la nouvelle salle de classe est pourtant propice à la divination.

    © Arlène, Lambert, Kaori – Auzou BD

                    Après le royaume sucré et le hors-série dans le manoir carnivore, le scénariste Alexandre Arlène, le dessinateur Fabien Öckto Lambert et la coloriste Kaori emmènent Migali et ses amis dans une aventure pédagogique nocturne. Ça plairait à plus d’un de nos petits écoliers. Les auteurs parviennent chaque fois à trouver une nouvelle thématique pour enchaîner les gags tout au long d’un album. Il y a même des surprises comme ce jeu où il faut aider Migali à régler le Méga-télescope qui est en fait un Twister à doigts bien rigolo à essayer. Comme d’hab, des dessins des lecteurs clôturent l’album.

    © Arlène, Lambert, Kaori – Auzou BD

                    Une pluie de météorites peut s’abattre. Ça ne nous empêchera pas de suivre les cours avec Migali. Prend garde à toi, Harry Potter ! C’est bien plus drôle et bien plus fun qu’à Poudlard ! Migali est dans le top des meilleures séries jeunesse du moment.


    Série : Migali

    Tome : 7 – L’école sous les étoiles

    Genre : Humour arachnide

    Scénario : Alexandre Arlène

    Dessins : Fabien Öckto Lambert

    Couleurs : Kaori

    Éditeur : Auzou BD

    ISBN : 9791039541299

    Nombre de pages : 104

    Prix : 11,95 €


  • L’enfant démon
    par Laurent Lafourcade

    La forêt maléfique

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    « -Toc toc ? Y a du monde ? C’est à moitié ouvert…

    -Ou à moitié fermé…

    -Oh putain !

    -Quoi ?

    -Entre pas là-dedans !

    -Qu’est-ce que tu as vu ? Mais putain, c’est quoi ?!

    -C’est… c’est… une infection ! »

                    En balade en forêt, un jeune couple découvre une tente abandonnée. Jetant un œil à l’intérieur, le garçon est saisi par la puanteur et l’horreur de trois cadavres de corbeaux les entrailles à l’air. Quelques jours plus tard, on retrouve l’homme au commissariat. Il est interrogé par la police, suspecté du meurtre de sa petite amie. Que s’est-il passé entre la découverte des oiseaux et ce moment ? D’après lui, elle aurait été attaquée par des loups… alors qu’il n’y en a plus depuis belle lurette dans le Limousin. Quant à la campeuse, elle n’a pas donné signe de vie depuis trois jours. Afin de les aider dans leurs recherches, les enquêteurs font appel à Blanche Fontaine. Spécialiste en sciences occultes, avec Gaëlle Demeter, lieutenant de gendarmerie, c’est elle qui, il y a quelques mois, a résolu l’énigme de l’homme-bouc qui a conduit à l’arrestation de Constantin Verger. Le vieil homme qui croupit en prison a fait un rêve. Il a vu l’enfant démon. Il errait dans les bois parmi les loups et les cerfs. Quelqu’un doit s’occuper de lui sinon sa colère sera terrible…car ce n’est pas la sienne. Il pourrait bien y avoir d’horribles morts.

    © Morinière, Corbeyran – Komics Initiative

                    Cinq ans après L’homme bouc paru chez Robinson, Aurélien Morinière et Corbeyran prolongent les mystères de la forêt limousine. Comme souvent, Corbeyran fait osciller son scénario entre fantastique et réalité. Au fond, qu’est-ce qui nous dit que les apparitions surnaturelles ne sont pas des représentations des démons internes des personnages bien réels ? Schizophrénie ou pas ? Le doute plane… ou pas. Le scénario de Corbeyran a ceci de malin qu’il ne donne pas toutes les clefs. L’interprétation du lecteur est l’une des réponses et non pas forcément la réponse. Et cela va jusqu’au final, magistral final.

    © Morinière, Corbeyran – Komics Initiative

                    Après l’exceptionnelle quadrilogie historique Visages – Ceux que nous sommes, Aurélien Morinière peut laisser plus de liberté à son imagination. Les passages en forêt sont immersifs. Les scènes nocturnes sont angoissantes. Alors que L’homme bouc était en niveaux de gris, ce deuxième épisode, qui peut parfaitement se lire indépendamment du premier, est dans des couleurs ternes, chamaniques. Morinière s’en sert pour jouer sur les ambiances. L’auteur a un don pour mêler des tons improbables : du rouge côtoie un vert-noir. Des illustrations pleines pages s’intercalant entre les chapitres ou faisant partie intégrante de l’histoire démontrent que le dessinateur est aussi un grand illustrateur.

    © Morinière, Corbeyran – Komics Initiative

                    L’enfant démon est un thriller fantastique de haute volée. Tout l’ADN du créateur Corbeyran est présent dans cette histoire dont on ne peut imaginer qui, mieux qu’Aurélien Morinière, l’aurait dessinée. L’album montre par ailleurs que c’est souvent chez les tout petits éditeurs, ici Komics Initiative, qu’il se passe des choses remarquables.


    One shot : L’enfant démon

    Genre : Thriller fantastique

    Scénario : Corbeyran

    Dessins & Couleurs : Aurélien Morinière

    Éditeur : Komics Initiative

    ISBN : 9782386030093

    Nombre de pages : 208

    Prix : 30 €


  • Khorgan 1 – La cité d’Ampaar
    par Laurent Lafourcade

    Le désespoir fait les héros

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    « -Qui es-tu ?

    -Tu ne me reconnais pas ?

    -Je devrais ?

    -Mon nom est Khorgan Moorlanh. J’appartiens à ta tribu. J’ai grandi dans ces collines. »

    De retour en territoire Bolsaan, Khorgan espère retrouver une place parmi les siens. Il a gâché son enfance et perdu sa liberté parce qu’il s’était fait prendre la main dans le sac en tentant de voler dans une caravane de marchands. S’il veut rester, il devra le mériter, en commençant par affronter à l’aube celui qui se dressera contre lui. Dans la nuit, Dioselia, qu’il a connu enfant, le met en garde contre son futur adversaire, avant de lui offrir un baiser furtif. Khorgan a déjà tant souffert, ses cicatrices le prouvent, qu’il ne se dérobera pas. Sera-t-il réintégré à son peuple ou bien sera-t-il condamné à la mort ou à l’exil ? Dans un monde ravagé par une armée de monstres ardents jadis surgis des profondeurs, un héros se construit par son destin.

    © Nenadov, Corbeyran, Seure-Le Bihan – Kalopsia

    Ce qui est caractéristique dans les scénarios de Corbeyran, et en particulier dans des histoires comme celle-ci, c’est qu’on ressent, en tant que lecteur, la passion de l’écrivain positionné en tant que créateur tutélaire. Corbeyran construit un monde avec minutie, comme un maître de jeu, comme un gosse qui oublie le monde qui l’entoure et qui imagine une vie pour ses Playmobil ou ses Lego. Ça peut paraître mièvre comme réflexion, mais il n’y a pas plus fort pour montrer la puissance de la stratégie, stratégie qu’il n’y a d’ailleurs pas. Bref, Corbeyran créé un univers, construit des personnages, dont un héros pour lequel il donne une consistance au fil de l’avancée du récit. L’auteur se montre ici tout autant romancier, avec de nombreux récitatifs, que scénariste, avec un Khorgan omniscient, car c’est bel et bien lui le narrateur, bel et bien lui qui raconte, qui témoigne et qui distille les informations sur son passé.

    © Nenadov, Corbeyran, Seure-Le Bihan – Kalopsia

    Le traitement graphique des personnages par Dejan Nenadov est aussi classique qu’efficace. C’est dans les décors que le dessinateur se dépasse, que ce soit dans les destructions des cités par les créatures surgies du magma en fusion, que dans ce qui se nomme la forêt de pierres mortes sous un ciel lunaire porté par les couleurs de nuit lumineuse d’Erwan Seure-Le Bihan. Le défi n’était pas évident à réaliser pour Nenadov, car Khorgan n’est pas à proprement parler une aventure d’Heroïc-Fantasy, mais n’est pas non plus un récit prenant place dans une époque historique définie. Khorgan est une dystopie antique, et ça, ce n’est pas si courant, c’est Corbeyran.

    © Nenadov, Corbeyran, Seure-Le Bihan – Kalopsia

    La saga est annoncée comme un diptyque. Khorgan est le digne héritier des héros d’antan, ceux qui n’avaient peur de rien et affrontaient le monde à mains nues. C’est ainsi que le défini Corbeyran, qui avec ce héros invite le Robert Howard de Conan le cimmérien chez Howard Lovecraft. Tiens, c’est drôle : le nom de l’un est le prénom de l’autre. N’y avait-il pas quelque chose de prédestiné pour que Khorgan voit le jour ?


    Série : Khorgan

    Tome : 1 – La cité d’Ampaar

    Genre : Fantastique

    Scénario : Corbeyran

    Dessins : Dejan Nenadov

    Couleurs : Erwan Seure-Le Bihan

    Éditeur : Kalopsia

    ISBN : 9782931205129

    Nombre de pages : 64

    Prix : 16,90 €


  • Les sœurs Grémillet 7 – Le dragon d’or
    par Laurent Lafourcade

    Trois sœurs pour une quête

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    « -Vous vous souvenez de la phrase ?

    -Oui, tu nous l’as répétée mille fois !

    -Au nom du lien entre sœurs et du pouvoir magique de nos cœurs, nous promettons que notre club sera le plus génial du monde, pour toujours et à jamais !

    -Et que notre lien sera solide comme la roche pour vivre plein d’aventures !

    -Ouiiii ! »

                    Petites, dans un parc de la ville, les trois sœurs Grémillet prêtent serment devant le dragon du parc. Elles fondent devant lui le club le plus génial du monde, celui d’une sororité à toute épreuve les liant entre elles avec le pouvoir magique de leurs cœurs, se promettant de vivre ensemble plein d’aventures.

                    Quelques années plus tard, Cassiopée est invitée par la responsable du club de lecture de la librairie à participer à un concours de nouvelles. Elle a de l’imagination, elle aime écrire, il lui suffit de se lancer. Elle écrira une aventure comme elle les aime, avec des guerriers, des princesses et des créatures fantastiques. Ce sera l’histoire d’une héroïne sans peur et sans reproche qui voyagera sur sa licorne ailée en brandissant une épée magique. Quelle sera sa mission ? Vaincre un mystérieux chevalier sans visage ? Un sorcier corrompu et maléfique ? Un monstre sorti des ruines du passé ? Cassiopée hésite encore. En passant par le parc pour rentrer à la maison, elle se rend compte que le dragon du parc a disparu. Que lui est-il arrivé ? Il n’a pas pu s’envoler. Oilà une nouvelle mission pour Sarah, Lucille et Cassiopée.

    © Di Gregorio, Barbucci – Dupuis

                    Dans cette nouvelle aventure des Sœurs Grémillet, Giovanni Di Gregorio et Alessandro Barbucci font jongler leur scénario entre l’enquête des filles et la nouvelle imaginée par l’aînée. Chaque lecteur va pouvoir se retrouver dans la quête. Pour les sœurs, c’est ce fameux dragon. Pour d’autres, ce serait des lieux, objets ou événements de l’enfance. Dans cette histoire, chacune des filles va connaître un échec dans sa spécialité et apprendre à vivre avec. Joueuse de hockey en salle, la fougue de Sarah va mettre une injuste pression sur ses coéquipières. Son entraîneur le lui reproche, alors que pour elle, c’est juste une question de motivation. Sera-ce suffisant pour gagner le match ? Prise d’affection pour un chiot abandonné, Lucille, bénévole au refuge, entame son dressage. Une complicité se noue entre eux. Elle va tout faire pour convaincre sa mère de l’adopter. La légende racontée par Cassiopée pour sa nouvelle s’inspire de leur recherche du dragon. Parviendra-t-elle à conclure son récit. Et les sœurs, retrouveront-elles la statue disparue ?

    © Di Gregorio, Barbucci – Dupuis


                Alessandro Barbucci dessine son story-board de manière peu précise. Il peut ainsi conserver une grande part d’improvisation sur son dessin définitif. Il le réalise au lavis, à l’aquarelle, avant de terminer ses couleurs sur Photoshop. Les bulles sont rajoutées au dernier moment. Dans cet épisode, il a dû relever le défi de rajeunir les sœurs pour la scène d’introduction dans le parc. Le dessinateur avoue avoir utilisé l’intelligence artificielle pour créer la sculpture du dragon. Quand c’est fait avec intelligence justement, et en sachant se l’approprier, il n’y a pas à en avoir honte. L’IA ne dessine pas à sa place. Il en a fait une alliée, en lui demandant simplement d’installer une sculpture de dragon qui l’intéressait, existant à Lubjana en Slovénie, dans un jardin public français au printemps.

    © Di Gregorio, Barbucci – Dupuis

    Les sœurs Grémillet est une série feel good. Au même titre que Les carnets de Cerise, elle sait parler aux générations sans distinction d’âge ou de sexe. Et ce n’est pas terminé. Le retour de Cassiopée, Lucile et Sarah est déjà prévu à la fin de l’année pour un mystère automnal.


    Série : Les sœurs Grémillet

    Tome : 7 – Le dragon d’or

    Genre : Aventure émotion

    Scénario : Giovanni Di Gregorio & Alessandro Barbucci

    Dessins & Couleurs : Alessandro Barbucci

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808510158

    Nombre de pages : 72

    Prix : 15,50 €


  • Betty Boob
    par Laurent Lafourcade

    Montrez ce sein que je ne saurais voir

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    « -Rendez-le moi !

    -Mais mademoiselle, vous avez perdu la tête. »

                    Des crabes avancent dans le noir. Ils ne marchent pas de travers comme ils le devraient, mais tout droit. Et pour cause, ce ne sont pas ces animaux que l’on voit parfois sur le sable en bord de plage. Ces crabes, c’est le cancer de Betty qui viennent lui mordre le sein dans la nuit. Quelques semaines plus tard, c’est à l’hôpital qu’on la retrouve. Elle a perdu ses cheveux à cause du traitement. Elle vient de subir une mastectomie. C’est la panique. Il va falloir réapprendre à vivre, elle d’une part, et son compagnon de l’autre, qui va tourner de l’œil la première fois qu’il va se rendre compte qu’elle n’a plus qu’un sein. Alors, avec une force incroyable que seules les femmes peuvent avoir, elle va le soutenir, continuer à le séduire, comme avant.

    © Rocheleau, Cazot – Dargaud

    Au boulot non plus, ce ne sera pas facile. La patronne de Betty n’apprécie pas que la poitrine de son employée, vendeuse en grand magasin, ne soit pas plus sexy. Betty a beau mettre une pomme dans son soutien-gorge, ça ne fait pas le même effet. Et ça a tendance à ne pas rester en place. Alors que rien ne va plus dans son couple, c’est en courant après sa perruque en escapade que Betty tombe sur une troupe de cabaret burlesque installée à bord d’une péniche. Le destin venait de la prendre par la main. Une nouvelle vie allait commencer pour elle.

                    Jamais maladie n’aura connu pareil traitement en bande dessinée. Le cancer étant déjà en soi un sujet tabou, le cancer du sein l’est encore plus, car il touche à la féminité et à l’intimité. La chimio fait perdre les cheveux. Vais-je m’habituer à la perruque qui va les remplacer ? Avec un sein en moins, mon compagnon voudra-t-il continuer à me faire l’amour comme avant ? Suis-je encore désirable ? Suis-je encore sexy ? Les autrices mettent un grand coup de pied dans la fourmilière, en faisant de Betty le fer-de-lance d’une génération qui n’a pas peur des conséquences de la maladie. Aucune honte à avoir, ni morale, ni physique. Les membres du cabaret burlesque vont démontrer à Betty qu’on peut être heureux avec un gros cul, avec une jambe en moins, ou avec une cicatrice sur la poitrine. Il suffit de se laisser aller.

    © Rocheleau, Cazot – Dargaud

                    Les éditions Dargaud rééditent cet album paru pour la première fois en 2017 chez Casterman. Véritable succès, il dénonçait le diktat de la beauté et le business des prothèses mammaires. Bien avant Le jour du caillou, faisant également la part belle aux arts de la scène, la scénariste Véro Cazot signait là son premier grand succès. Au dessin et aux couleurs, Julie Rocheleau relevait le défi d’un album quasi-muet en mettant tant d’amour dans les corps et les âmes abimées. L’album est chapitré par des phrases semblant toutes droites issues de films des années 20, comme Betty Boop, cette pin-up de dessins animés à qui le titre est un clin d’oeil. Les autrices redéfinissent la féminité et ses normes pour le plus grands bien des lectrices, ainsi que des lecteurs qui pourront appréhender autrement la maladie s’ils s’y trouvent un jour confrontés.

    © Rocheleau, Cazot – Dargaud

                    Betty Boob devrait être distribuée gratuitement dans les services des hôpitaux qui traitent cette forme de cancer. Les seins de Betty donnent la plus belle leçon de vie qui soit. C’est subtil et c’est beau, aussi bien dans le fond que dans la forme. XXIème siècle, la bande dessinée est féminine ou elle n’est pas. Magistral.


    One shot : Betty Boob

    Genre : Emotion

    Scénario : Véro Cazot

    Dessins & Couleurs : Julie Rocheleau

    Éditeur : Dargaud

    ISBN : 9782205213126

    Nombre de pages : 188

    Prix : 19,50 €


  • Les inédits du Club des Peur-de-Rien 10 à 15
    par Laurent Lafourcade

    Les enfants de Chick Bill et Ric Hochet

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    « -Ta droite, Bombonne ! Ta droite !

    -La main pour dire bonjour !

    -Celle qui est dans le gant marqué d’une croix !

    -Attention ! Evitons le corps-à-corps !

    -Ah ça oui ! Evitons-le ! »

                    En publiant coup sur coup les deux dernières séries de trois albums des aventures inédites (ou presque) du Club des Peur-de-Rien, les éditions BD Must rendent hommage à l’un des auteurs majeurs de la bande dessinée populaire, celle d’un âge d’or qui ne s’éteindra jamais, un auteur dont on parle trop peu mais qui a pourtant l’une des bibliographies les plus importantes : Tibet. Voici donc les volumes 10 à 15, scénarisés pêle-mêle par Greg, Duchâteau, De Groot et Tibet lui-même.

    © Tibet, Greg, Duchâteau, De Groot – BD Must

                    Bombonne va décocher des uppercuts pour le tournoi des gants de plomb dans Les rois du ring. Les garçons vont accueillir une fille dans leur troupe, plus exactement dans la troupe théâtrale des Rois des Don Juan. Cette fascinante vedette s’appelle Gwendolyne. Sa coiffure rappelle Sheila à la grande époque de L’école est finie. Nos amis vont fonder une agence de réclames dans Les rois de la publicité. Vous cherchez un slogan ? Adressez-vous à eux ! Après ça, on va les retrouver en tant que rédacteurs pour L’écho de Chalut-lez-Copeaux dans Les rois des reporters. Ils prendront ensuite de la hauteur en regagnant les airs dans Les rois des aérostiers, avant de terminer au bord de la mer pour Les rois des vacanciers, seule aventure n’ayant pas paru dans le magazine Junior, mais dans Tintin.

    © Tibet, Greg, Duchâteau, De Groot – BD Must

                    Junior, Bombonne, Génie et Ras-du-Sol vécurent vingt-six aventures entre 1959 et 1979. Ils sont nés quasiment par sérendipité, une succession de hasards ayant permis leur création. Vandersteen ayant décidé de quitter Le Lombard en 1958, Raymond Leblanc demanda à Will de créer un personnage baptisé Junior pour combler le vide. Guère enthousiasmé, ce dernier en parla à Tibet qui avait dans ses cartons un projet refusé quelques années auparavant. Il ne se doutait pas que cela allait l’occuper vingt ans, entre Chick Bill et Ric Hochet. Le Club des Peur-de-Rien n’a jamais connu une édition en albums digne de leurs auteurs. BD-Must comble un vide, mais les histoires qui ne sont pas publiées chez eux aujourd’hui sont quasiment introuvables, ou à des prix exorbitants. M’enfin, pouvoir profiter de quinze histoires sur les vingt-six existantes, c’est déjà pas mal. Qu’ils en soient remerciés.

    © Tibet, Greg, Duchâteau, De Groot – BD Must

                    Le club des « Peur-de-Rien » aurait mérité la même renommée que Ric Hochet et Chick Bill. Avec des séries comme Totoche de Tabary et La Ribambelle de Roba, elle témoigne d’un temps où le monde n’était pas envahi de nouvelles technologies polluantes et où les enfants savaient rester des gosses. 



    Série : Les inédits du Club des Peur-de-Rien

    Tomes : 10 à 15

    Genre : Aventures humoristiques

    Scénario : Greg / Duchâteau / De Groot / Tibet

    Dessins : Tibet

    Éditeur : BD Must

    Nombre de pages : 32

    Prix : 59 € le trio d’albums

    ISBN : 97823907209-42/-59/-66 / 97828753593-08/-15/-22


  • Garfield – Poids lourd 27
    par Laurent Lafourcade

    Lasagnes for ever

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    « -Bonjour Garfield. Qu’est-ce que tu fais ?

    -J’attends que tu partes pour manger le beignet que je cache derrière moi. »

    Sylvestre, alias Grosminet, poursuit un canari depuis 1945. Le chat zozoteur rêve de boulotter Titi qui se moque de lui avec une insolence crasse. Le chat noir et blanc à la grosse truffe rouge a été créé par Fritz Freleng. Sa première apparition a été dans le court métrage Les oiseaux se mâchent pour nourrir. Il lui arrivera aussi de poursuivre Speedy Gonzales, la souris la plus rapide du Mexique. Arriba, riba ! Plus tard, le chat initiera son fils Sylvestre Junior à la chasse aux oiseaux, tout za en zozottant allègrement. Dans la grande histoire du dessin animé, Sylvestre reste supplanté par Tom, de Tom et Jerry, né en 1940. Le chat gris est aux trousses de la même souris depuis ses débuts. Ils se sont retrouvés ensemble dans diverses époques, héros de quantités de téléfilms d’animation. Encore plus ancien, Félix le chat est né en 1919 !

    © Davis – Presses aventures
    © PAWNS

    Chez Disney, les chats sont présents dans le catalogue depuis le tout début. On oublie souvent que l’ennemi juré de Mickey, qui apparaît dès Steamboat Willy, Pat Hibulaire, est un chat. Dans Cendrillon, il y a le fourbe Lucifer. Dans Pinocchio, Figaro fait le bonheur de Gepetto tandis que Gédéon fait le malheur du pantin. Les siamois Si et Am pourrissent la vie de Lady dans La belle et le clochard. Le chat de Cheshire arbore son sourire dans Alice au pays des merveilles, tandis que le vieux Rufus apporte son aide à Bernard et Bianca. On ne les compte pas dans Les Aristochats où chats de luxe côtoient les chats de gouttière. Oliver, lui, parcourt New-York dans Oliver et compagnie. Dans tout ça, on ne parle que des anciens. On en trouve aussi dans les productions modernes comme Mitaine dans Volt.

    © Davis – Presses aventures
    © PAWNS

    Depuis 1986, le chat de Philippe Geluck décoche ses aphorismes et ses réflexions sur le sens de la vie. Billy-the-cat, le plus humain des chats puisqu’il s’agit d’un garçon réincarné après avoir été renversé par une voiture, a connu son heure de gloire et mériterait un retour sous les feux de la rampe. Azraël continue à traîner entre les jambes de Gargamel pour croquer du Schtroumpf. Ce n’est pas le seul chat de Peyo puisque Poussy a été le héros de tout un tas de gags. Pêle-mêle, citons Chaminou et Célimène chez Macherot, Raoul Chatigré dans Léonard le génie, Clark Gaybeul chez l’inénarrable Edika, le fameux chat du rabbin par Sfar, Sénéchal dans Cubitus ou encore le chat de Gaston. Chi enchante le Japon pendant que Simon’s cat fait rire le Royaume-Uni. En dessins animés, on allait oublier Waldo Kitty et les célèbres Entrechats.

    © Davis – Presses aventures
    © PAWNS

    Autant en animation qu’en bande dessinée, des dizaines et des dizaines de chats ronronnent. On en a oublié plus que l’on en a cité. Ah, oui, tiens, il y a un chat roux tigré… Comment s’appelle-t-il déjà ? Attendez… Garfield ! Mais lui, il est tellement célèbre qu’on peut faire une chronique sur lui sans jamais en parler. C’est pas ça, ce qui s’appelle la gloire ? Garfield est une valeur sûre, c’est pour ça qu’il revient pour un vingt-septième opus Poids lourd !


    Série : Garfield

    Tome : Poids lourd 27

    Genre : Humour félin

    Scénario & Dessins : Jim Davis

    Éditeur : Presses aventure

    ISBN : 9782897518868

    Nombre de pages : 256

    Prix : 14,90 €


  • Boulevard Tintin – Les coulisses d’une œuvre 4 – Les cigares du Pharaon
    par Laurent Lafourcade

    Cap sur l’Orient

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    « -Ah !… Ah !… Voilà ce chien de chrétien !… Ces étrangers que je hais… Que je hais !…

    -« Chien !… » Et vous alors… Homme !

    -Tous périront entends-tu ?… Tous… Patrash Pasha te le dit !… Toi aussi, tu mourrass !… Les hommes du désert ne veulent plus d’étrangers chez eux… Ils veulent être maître chez eux !… Est-ce que nous allons chez vous, nous ? Quel est ton nom ?…

    -Que t’importe mon nom; il ne t’apprendra pas grand-chose : dans mon pays, on m’appelle Tintin…

    -Tintin ?… Est-ce possible ?… Allah est grand !… Viens que je t’embrasse ! Voilà plusieurs années que je suis tes aventures !… Vois !… Aussi, trois fois béni est le jour qui m’a permis de contempler ton visage… »

    8 décembre 1932, les premières planches des aventures de Tintin en Orient paraissent dans Le Petit Vingtième. Elles se poursuivront jusqu’au 8 février 1934 pour un total de cent-vingt-quatre planches. Plus tard dans l’année, les éditions Casterman publieront le récit en album avec le sous-titre Les cigares du Pharaon. Pour la première fois, Hergé s’est affranchi de l’Abbé Wallez. Hergé commencera à refondre l’album en 1942, avant de l’interrompre l’année suivante. Il terminera cette nouvelle version seulement en 1954. Avec la participation de Dominique Maricq, Philippe Goddin nous invite dans les coulisses des Cigares, mais aussi dans les travaux réalisés par Hergé à la même période. Ce quatrième épisode est un pivot, une charnière dans l’œuvre de Hergé. Le scénario commence à être construit. On n’est plus dans une simple succession de saynètes et d’événements comme dans les épisodes précédents, mais on n’est pas encore dans la maturité et le professionnalisme que l’on découvrira dans Le Lotus Bleu. L’histoire navigue entre réalité et fantaisie débridée. Hergé est dans une période créative foisonnante qu’il a encore du mal à canaliser. Hormis pour la bande dessinée, il travaille également beaucoup pour la publicité, qu’on appelait alors la réclame.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Une semaine avant le démarrage de l’histoire dans la presse, Hergé propose une splendide carte aux ambiances exotiques. Elle présente l’essentiel de l’Eurasie, avec des personnages locaux. On y voit Tintin et Milou sur une embarcation en pleine mer d’Oman. Dans les Cigares, Hergé met en évidence sa fascination pour l’Egypte ancienne, avec le tombeau de Kih-Oskh. La couverture du Petit Vingtième du 19 janvier 1933 est inspirée d’un bas-relief conservé au Louvre. Dans les Cigares, on trouve aussi une scène unique dans laquelle Tintin croise une célébrité existante : l’aventurier Henry de Monfreid. Dans les Cigares, plus exactement dans la dernière version, on assiste à un paradoxe temporel. Le cheik Patrash Pasha est ravi de rencontrer Tintin dont il a suivi toutes les aventures, dont Objectif Lune qu’il n’est pas censé avoir encore vécu. Les versions précédentes montraient Tintin en Amérique, puis Tintin au Congo, ce qui restait plausible. L' »anomalie » vient du fait qu’un éditeur anglais n’ayant pas encore publié Tintin au Congo ait demandé un changement. Au final, c’est drôle.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Parmi les coulisses remarquables conservées ici, on peut admirer des croquis et portraits de Germaine, à la mine de plomb ou en sanguine. Magnifique. On apprend que Roberto Rastapopoulos, qui fait ici sa première apparition, est la reproduction d’un personnage issu du film Le lion des Mogols, de 1924. On connaissait l’influence de Benjamin Rabier sur Hergé. On (re-)découvre celle de Jean de Brunhoff, avec des éléphants cousins au premier degré de Babar. Quick et Flupke ne sont pas en reste. En pleine montée du nazisme, ils caricaturent les dictateurs européens.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2025

    Replongez-vous avec délectation dans cette quatrième aventure du reporter à la houppe. Rendez-vous en Mai pour découvrir les coulisses du Lotus Bleu, dont la première version colorisée vient de sortir. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.


    Série : Tintin Hergé Les coulisses d’une œuvre

    Tome : 4 – Les cigares du Pharaon

    Genre : Aventure

    Auteur : Philippe Goddin

    Avec la participation de : Dominique Maricq

    Scénario & Dessins : Hergé

    Éditeur : Moulinsart

    ISBN : 9782810440283

    Nombre de pages : 108

    Prix : 19,95 €


  • Camille 2 – You-hou, les p’tits martiens !
    par Laurent Lafourcade

    Girafe à temps plein

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    « -Regarde Papy, j’ai mis tes bottes !

    -Mais elles sont trop grandes pour toi ! Attends… Maintenant, c’est moi qui vais essayer les tiennes !

    -Mais, Papy, elles sont trop petites pour toi ! »

                    Camille est une girafe. D’après le dictionnaire Larousse, la girafe est un grand mammifère ruminant des savanes africaines du sud du Sahara, remarquable par la longueur de son cou et ses petites cornes recouvertes de velours. De la famille des girafidés, elle se nourrit de feuilles d’arbres, jusqu’à 5 mètres de hauteur, et de buissons épineux. Elle marche l’amble et se déplace en troupeaux où semble dominer un grand mâle. En plus de tout ça, Camille est poète, curieuse et aventurière. Pour le deuxième recueil de ses aventures, retrouvons-là avec tout son humour et sa tendresse.

    © Duquennoy – La boîte à bulles

                    Mieux que Katy Perry qui vient de faire un tour dans l’espace dans la fusée Blue Origin de Jeff Bezos, Camille va sur Mars. Elle a décidé d’aller voir si les martiens existent vraiment. Aux rectangles rouges et blancs de la fusée de Tintin, elle a préféré des pois verts sur fond blanc. Décidément, Camille est une originale. Une fois sur place, pas de Matt Damon, mais des martiens qu’elle mettra du temps à voir mais qui sont bel et bien là. Sont-ils au moins sympathiques ?

                    Revenons sur Terre. Camille et les insectes, c’est une grande histoire. Elle parle aux coccinelles et s’amuse avec elles. La puce, au contraire, c’est elle qui s’amuse, et non pas Camille, à la fois dérangée et démangée. Va falloir que la bestiole trouve un autre terrain de jeu.

    © Duquennoy – La boîte à bulles

                    Camille est une grande sportive. Elle fait partie d’une équipe de hockey. En direct de la patinoire de l’étang gelé, elle participe à la finale de la Girafa Cup. Qui remportera la victoire ? Avec sa grâce naturelle et sa souplesse inégalable, Camille ne pouvait pas ne pas pratiquer la danse classique. En vacances à la mer, elle va s’inscrire à toutes les activités possibles et imaginables : planche à voile, ski nautique, natation et plongée sous-marine.

                    Camille va enfin nous gratifier de jolis moments de poésie en apprenant à écrire, aidée par un courant d’air, en nous parlant de ses très lointains ancêtres, ou encore en chaussant les belles bottes rouges que son papy lui a offertes, histoire ô combien émouvante qui vous fera même verser une petite larme.

    © Duquennoy – La boîte à bulles

                    Dans cette deuxième compilation de neuf histoires de Camille, Jacques Duquennoy démontre que la recette 25 % émotion, 25 % tendresse, 25 % humour et 25 % aventure est la meilleure garantie d’un joli moment de partage entre parents et enfants au moment de la lecture du soir, ou à tout autre moment de la journée. Camille est le genre de personnage grâce à qui on est enfant toute sa vie. Elle a le pouvoir d’arrêter le temps. Il n’y a pas d’âge pour lire Camille.


    Série : Camille

    Tome : 2 – You-hou, les p’tits martiens !

    Genre : Mignonnerie

    Scénario, Dessins & Couleurs : Jacques Duquennoy

    Éditeur : La boîte à bulles

    Collection : La malle aux images

    ISBN : 9782849535325

    Nombre de pages : 80

    Prix : 11,50 €


  • C’était la Nationale 7
    par Laurent Lafourcade

    Près de 1000 kilomètres de voyage et d’anecdotes

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    « Pour beaucoup de Français, et les parisiens ne sont pas les moins nombreux, cette belle route de près de mille kilomètres reliant la capitale à la Méditerranée symbolisait le temps des vacances, de l’insouciance, du soleil assuré et du bleu azuréen. C’était aussi les embouteillages dantesques, les poids lourds coincés dans les rues étroites des villages, les bouchons surchauffés… L’itinéraire Paris-Côte d’Azur, c’était aussi la Nationale

    6, route souvent confondue avec son illustre sœur, et c’était enfin la Route Bleue, échappée bucolique qui quittait la Nationale 7 avant Lyon pour la rattraper à Valence. »

                    Thierry Dubois est un passionné de la Nationale 7 qu’il parcourt depuis trente ans. Il la photographie, il l’étudie, il collectionne tout ce qui s’y rapporte. Sa passion, il l’a étendue à la Nationale 6 et à la route Bleue, indissociables de la 7. Initialement paru en 2010, ce livre a été complètement refondu et enrichi, avec de nombreuses nouvelles illustrations et photos. Attachez vos ceintures. On va quitter Paris. Direction la Côte d’Azur.

    De toutes les routes de France d’Europe

    Celle que j’préfère est celle qui conduit

    En auto ou en auto-stop

    Vers les rivages du Midi.

                    Avec sa célèbre chanson, Charles Trenet a gravé le mythe de la Nationale 7 dans le marbre. Il a pourtant fait une confusion dans le texte, car si la Nationale 7 traverse bien la Provence, c’est la Nationale 6 qui passe par la Bourgogne. Thierry Dubois remet d’emblée les pendules à l’heure. De Paris à Lyon, les automobilistes pouvaient emprunter l’une ou l’autre. A partir de la ville des Lumières, il n’y avait pas d’alternative pour rejoindre Menton. Pour revenir avant Lyon et pour esquiver cette grande ville, les conducteurs de la 7 pouvaient bifurquer sur la Route Bleue passant par Saint-Etienne pour retrouver la route principale à Valence.

    © Dubois – Paquet

    Nationale Sept

    Il faut la prendre qu’on aille à Rome à Sète

    Que l’on soit deux trois quatre cinq six ou sept

    C’est une route qui fait recette

                    L’histoire de la Nationale 7 commence dès 58 avant Jésus-Christ, avec les premières Via romaines. Il faudra attendre 1716 pour que des aménagements supplémentaires voient le jour grâce à la création de l’administration des Ponts et Chaussées. Ce sont les premiers pavages dont certains survivront jusqu’au XXème siècle. En 1811, la Nationale 7 se voit enfin attribuer un nom : Route Impériale… n°8 ! En 1824, un décalage de numéros lui attribue son 7. Le nom exact de Route Nationale 7, elle va le porter de 1871 à 2006.

    © Dubois – Paquet

    Route des vacances

    Qui traverse la Bourgogne et la Provence

    Qui fait d’Paris un p’tit faubourg d’Valence

    Et la banlieue d’Saint-Paul de Vence.

                    Tout au long de l’album, Thierry Dubois dissèque les portions successives de la route, avec de nombreuses photos et illustrations. On démarre au kilomètre zéro, sur le parvis de Notre-Dame-de-Paris. Dans les années 40, l’aéroport d’Orly n’était pas encore aussi gargantuesque qu’aujourd’hui. Pas de radars fixes en 1964. A Fontainebleau, devant l’Obélisque, une roulotte servait de PC mobile aux gendarmes. Jusqu’en 1965, on rentrait dans Nevers par la monumentale Porte de Paris, avant qu’une déviation ne soit mise en place. Au fil du chemin, auberges et pompes à essence scandent le parcours.

    © Dubois – Paquet

    Le ciel d’été

    Remplit nos cœurs de sa lucidité

    Chasse les aigreurs et les acidités

    Qui font l’malheur des grandes cités.

                    Moulins, Roanne, Montélimar, Avignon, Aix-en-Provence, Fréjus, Cannes, Nice,… L’auteur met en scène les automobiles de l’époque avec précision et émotion. Les photos des années 50 et 60 sentent bon cette époque où l’on prenait le temps de prendre le temps. On va voir le tramway dans les rues de Lyon. On assistera à une étape de la course cycliste Paris-Nice. On verra aussi malheureusement qu’en ce temps-là les accidents de la route ne pardonnaient pas. Les corniches de la Côte d’Azur annoncent la fin du voyage. Ce livre est une histoire d’amour. A ranger aux côtés de On est heureux Nationale 10, C’était la Nationale 7 forme avec lui un diptyque indispensable à tous les amoureux d’automobile et de géographie prêts à un incomparable et inestimable voyage dans le temps.

    © Dubois – Paquet

    Tout excitées

    On chante, on fête

    Les oliviers sont bleus ma p’tite Lisette

    L’amour joyeux est là qui fait risette

    On est heureux Nationale 7.


    One shot : C’était la Nationale 7

    Genre : Album illustré

    Textes, Dessin & Couleurs :  Thierry Dubois

    Éditeur : Paquet

    Collection : Calandre

    ISBN : 9782888909750

    Nombre de pages : 280

    Prix : 39 €


  • Les aventures de Spirou & Fantasio en noir et blanc – Les pirates du silence, et La quick super
    par Laurent Lafourcade

    Une version du Silence qui fait du Bruit

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    « -Euh !… J’ai peut-être la berlue, mais je vois le Marsupilami dans le jardin.

    -Mmm ?!? Mais mon pauvre vieux, il est chez le Comte, à Champignac !

    -Marsupilami !! C’est bien lui. Mais il n’a pas bonne mine.

    -Houba.

    -Quelle surprise ! Mais je ne vois pas le Comte…

    -Bizarre, il est harassé ! Il serait venu de Champignac à pied qu’il n’aurait pas l’air plus fatigué… (…) S’il s’est enfui de Champignac, comment nous a-t-il retrouvés ici ? Je l’ai toujours dit : cet animal a des facultés qui nous étonneront encore… Dis donc, Champignac ne répond pas. »

                    Les éditions Black and White lancent une somptueuse collection en noir et blanc, ça va de soi, des aventures de Spirou et Fantasio, avec un dossier final conçu et rédigé par Bertrand Pissavy-Yvernault. Dans une qualité éditoriale irréprochable, chaque titre sera tiré à 1500 exemplaires. Le trait de Franquin est sublimé dans un noir de Chine sur un blanc immaculé. Les pirates du silence, suivi dans l’album Dupuis mais précédé dans celui-ci pour respecter la chronologie exacte de La Quick Super, inaugurent la série.

    © Franquin, Rosy, Will – Black & White

                    La Quick Super a été publiée pour la première fois dans le journal Spirou à l’automne 1955. Spirou et Fantasio arrivent au garage afin d’emprunter une voiture Quick pour le week-end. Tout ça pour un essai destiné à la chronique automobile du journal de Spirou. Mais des vols de voitures inquiètent le concessionnaire. Située juste après Le repaire de la murène, l’histoire est scénarisée par le poétique Maurice Rosy, dont on ne saurait que vous recommander la lecture de la biographie C’est la vie. Ce court récit s’inscrit comme une respiration dans l’œuvre du grand André Franquin, au même titre que La foire aux gangsters ou autre Peur au bout du fil. Cette récréation démontre le talent de Franquin. En effet, d’une part, on ressent le plaisir qu’il a eu à réaliser cette historiette ; d’autre part, il ne néglige aucune case, aucune attitude, voulant donner le meilleur de lui-même, comme pour un récit plus important : un respect du lecteur exemplaire et hors du commun.

    © Franquin, Rosy, Will – Black & White

                    Les pirates du silence est également réalisé sur un scénario de Maurice Rosy. Elle a été publiée dans le journal Spirou de novembre 1955 à avril 1956. Il n’y a donc eu aucune interruption entre les deux récits réunis ici. Aux décors, Will vient prêter main forte. Le Marsupilami a quitté Champignac où il était resté chez le Comte afin de rejoindre Spirou et Fantasio. Pacôme ne répondant pas au téléphone et Fantasio ayant prévu de partir en reportage à Incognito City, une ville de milliardaires, où ils vivent, ou plutôt sont censés vivre, en toute sécurité, Spirou et Fantasio embarquent la bestiole avec eux. Des malfrats ont échafaudé une stratégie pour endormir la ville afin de la dépouiller, grâce à un gaz inventé par Champignac… qu’ils ont en fait enlevé. Spirou réussira-t-il à déjouer leur plan ?

    © Franquin, Rosy, Will – Black & White

                    Aventure préfigurant le style Atome qui sera popularisé par Yves Chaland et Joost Swarte, entre autres, Les pirates du silence est à l’origine d’un courant graphique où architecture moderne et décoration intérieure design offrent une esthétique épurée. Lors de sa conception, les rapports entre Franquin et Dupuis ne sont pas au beau fixe. Ça débouchera d’ailleurs sur la création de Modeste et Pompon pour Le Lombard. Tout cela, on l’apprend, et bien plus encore, dans le dossier complémentaire concocté par le spécialiste historien de Marcinelle Bertrand Pissavy-Yvernault. Il est agrémenté de nombreux documents d’époque comme les couvertures du journal et des recueils, ou encore des photos d’époque des auteurs.

    © Franquin, Rosy, Will – Black & White

                    Les pirates du silence inaugurent avec grand bruit cette collection prestigieuse. Les éditions Black and White annoncent sur leur site que l’album est déjà épuisé. Les chanceux qui le possèdent tiennent là un trésor d’exception, aussi bien dans le fond que dans la forme. Sublime.


    Série : Les aventures de Spirou & Fantasio en noir et blanc

    Tome : Les pirates du silence, et La Quick Super

    Genre : Aventure

    Scénario : Maurice Rosy

    Dessins : André Franquin

    Décors : Will

    Dossier complémentaire : Bertrand Pissavy-Yvernault

    Éditeur : Black & White

    ISBN : 9782383630890

    Nombre de pages : 88

    Prix : 49 €


  • Boulevard Tintin – Tintin 5 – Le Lotus Bleu, version colorisée
    par Laurent Lafourcade

    Des couleurs dans le Bleu

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    « -Eh bien ?… Ça va mieux ?… Au fait, quel est ton nom ?… Moi, je m’appelle Tintin.

    – Moi, Tchang… Mais… pourquoi m’as-tu sauvé ?… »

    Après avoir déjoué les plans d’une bande internationale de trafiquants de stupéfiants, le jeune globe-trotter Tintin et son chien Milou prennent quelques jours de repos bien mérités dans le palais de leur hôte le Maharadjah de Rawhajpoutalah. Alors qu’il écoute un fakir lui prédire des choses terribles, le reporter est demandé dans la galerie par un étranger venu spécialement de Shanghaï qui désire lui parler. Avant qu’il n’ait pu faire des révélations, le visiteur est touché au cou par une fléchette au Radjaïdjah, le poison-qui-rend-fou. Il a juste le temps de lui donner un nom : Mitsuhirato, et de dire à Tintin qu’on a besoin de lui, avant de sombrer dans un délire profond. Tintin décide de partir pour la Chine. Entre colons racistes, trafiquants de drogue, catastrophes naturelles et dictature politique, il ne se doutait pas qu’il allait vivre une aventure hors du commun et faire une rencontre qui allait bouleverser sa vie : celle d’un petit chinois nommé Tchang.

    © Hergé – Casterman
    © Hergé/Tintinimaginatio 2024

    Les éditions Moulinsart et Casterman poursuivent la colorisation des aventures en noir et blanc de Tintin. Si au départ on avait pensé à une simple opération mercantile, il faut avouer que le travail est extrêmement bien réalisé et apporte un plus fort intéressant, positionnant la collection à mi-chemin entre les versions d’origine et celles totalement redessinées. (Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis) L’indispensable Philippe Goddin rédige la préface. Il revient sur la genèse du récit, sur la rencontre de Hergé avec un étudiant chinois et sa contribution aux inscriptions en langue chinoise dans l’album. Pour ceux qui voudraient en savoir encore plus, on ne peut que vous conseiller de lire Tchang Tchong-Jen Artiste voyageur, biographie de l’homme derrière le Lotus, parue il y a quelques semaines seulement, racontée par Dominique Maricq et Tchang Yifei, la propre fille de Tchang Tchong-Jen.

    © Hergé – Casterman
    © Hergé/Tintinimaginatio 2024

    L’épisode est truffé de scènes aujourd’hui cultes. Il y a de l’hilarant, avec le fakir qui se fait mal au derrière en s’asseyant sur un canapé au lieu de sa planche à clous. Il y a surtout du suspens et du drame. Tintin manque de se faire tuer en prenant le thé dans sa chambre d’hôtel, avant de passer pas loin d’avoir la tête coupée à la machette par Didi. Tintin fait mine de fumer de l’opium allongé sur un lit au sol. Il se déguisera en général, retrouvera Rastapopoulos, sauvera Tchang de la noyade. Les Dupondt, quant à eux, tenteront de passer incognitos, sans succès, devant une foule hilare. Ce ne sont que quelques exemples au milieu de moments qui restent inoubliables pour tous ceux qui ont découvert Tintin au plus jeune âge.

    © Hergé – Casterman
    © Hergé/Tintinimaginatio 2024

    Le Lotus bleu est définitivement un album mythique. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.


    Série : Tintin version colorisée

    Tome : 5 – Le lotus bleu

    Genre : Aventure

    Scénario & Dessins : Hergé

    Couleurs : Tintinimaginatio

    Préface : Philippe Goddin

    Éditeur : Moulinsart/Casterman

    ISBN : 9782810440276

    Nombre de pages : 144

    Prix : 23 €


  • Camp Coyote 2 – Sang dessus dessous
    par Laurent Lafourcade

    Patrouille tous-risques

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    « -Salut les pioupious ! Qu’est-ce que vous faites de beau ??

    -Salut Cheffe Sandy ! Boun a ingéré deux cerises et il essaie désespérément de faire un nœud avec leurs queues.

    -Avec les cerises entières ?! Il y arriverait plus facilement s’il n’avait pris que les queues.

    -Ah oui, pas bête !

    -Boun, crache les noyaux !… Euh… Je crois que c’est trop tard…

    -Hrrrr…

    -Oh mon dieu ! Il s’étouffe avec les noyaux de cerises !! »

    Au Camp Coyote, il y a des accidents graves tous les jours… ou presque. C’est donc avec émotion que le chiffre 1 va être accroché au panneau indiquant le nombre de jours écoulés depuis la dernière catastrophe. Rassurez-vous… ou pas… ça ne va pas durer. Le jeune scout Œuf Pourri pourra le raconter à ses petits-enfants, s’il en a un jour, ce qui n’est pas gagné vu là où il s’est fait mal la dernière fois. Le Chef Orignal demande un volontaire pour accrocher solennellement le panonceau en haut du mât, sinon Chef Jean-Claude, le poulpe, se chargera de désigner un candidat, lui qui a tendance à confondre désigner et dévorer. Du coup, tout le monde va se bousculer au portillon. Cette mésaventure du panneau des accidents graves est la première des dix péripéties subies par les scouts du Camp Coyote.

    © Dubuisson, Paka, BenBk – Albin Michel

    On connaissait la patrouille des Castors et plus récemment celle du Faucon. Il y a aussi eu celle des Libellules, plus trash. Les scouts du Camp Coyote renouvellent le genre dans une ambiance… disons… décomplexée. Tous les coups sont permis, surtout ceux qu’il se prennent sur la tête : coups durs et coups du sort, coups de bambous et coups bas. Cora, Boun, Gabi et Œuf Pourri sont sous les ordres des chefs du camp. Parmi eux, Sandy est la seule humaine, Coyote est un coyote, Koala est un koala, Orignal est un orignal et Jean-Claude, on l’a dit, est un poulpe. Tout au long de l’album, ils vont avoir à faire avec des moustiques, une momie, un vampire, des ratons, un voyageur temporel, des orties, de l’orage et toutes sortes de joyeusetés.

    © Dubuisson, Paka, BenBk – Albin Michel

    Marc Dubuisson n’épargne rien à ses petits héros. Les enfants de South Park auraient très bien pu se retrouver dans ce camp scout, ou à l’inverse les scouts dans l’école de la ville américaine. Si South Park est trash et grossier, Camp Coyote est parfois trash mais jamais grossier. On reste dans du tout public… à partir de 9-10 ans quand même. Au dessin, Paka, que l’on a connu avec Roger et ses humains scénarisé par le youtubeur Cyprien, dynamite la sauce. Il y a quelques accents manga, juste ce qu’il faut. Le dessinateur n’hésite pas à faire dépasser les personnages des cases pour les mettre en avant. Les couleurs de BenBk pimentent l’ensemble avec tout le talent qu’on lui connaît. Souhaitons à Camp Coyote le même succès que Les p’tits diables.

    © Dubuisson, Paka, BenBk – Albin Michel

    Camp Coyote est réalisée par un trio de sales gosses qui donnent un grand coup de pied dans la fourmilière de la BD humoristique. Ils mettent le foutoir chez Albin Michel pour notre plus grand plaisir.


    Série : Camp Coyote

    Tome : 2 – Sang dessus dessous

    Genre : Humour

    Scénario : Marc Dubuisson

    Dessins : Paka

    Couleurs : BenBk

    Éditeur : Albin Michel

    ISBN : 978226484826

    Nombre de pages : 48

    Prix : 12,90 €


  • Quand la nuit tombe 2 – Mylaine 
    par Laurent Lafourcade

    Au beau milieu de la tache

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    « -Nom, prénom, profession.

    -Marie-Hélène Veil. J’étais étudiante.

    -Bist du Jüdin ?

    -Es-tu juive ?

    -Oui.

    -Où sont les autres de ta famille ?

    -Je l’ignore.

    (…)

    -Ecoute-moi bien. Demain matin, tu seras de nouveau interrogée. Si tu ne nous dis pas où est tont père, tu seras fusillée. Emmenez-là à la Gestapo, cours Berriat. »

    Paris, Janvier 2022, Mylaine, 99 ans, attend sa nièce Marion. Le thé va être froid. Le temps est maussade. Ah ! Voici la jeune femme qui arrive. Marion est venue avec son carnet de notes et un enregistreur. Mylaine va répondre aux questions sur son petit tour d’Europe… dans les années 40. Elle répond toujours aux questions, mais elle ne souhaite pas être dans la BD. Les petits illustrés, elle ne sait même pas comment on les lit, mais elle veut que les jeunes entendent que ça a existé. Mylaine a grandi à Blâmont en Lorraine, où son père dirigeait une usine de fabrication de textiles. Elle faisait du scoutisme. Elle a passé son bac en 1939. Son père mobilisé, la famille a fui en zone libre où elle a passé une licence de droit. Elle s’est fiancée avec Robert à vingt ans en 42. A partir de 43, la famille se cache sous une fausse identité dans une petite maison de montagne à Sarcenas…jusqu’à ce jour fatidique de février 1944 où une patrouille allemande toqua à la porte. Seule à la maison avec sa sœur Lisou, Mylaine parvient à sauver sa cadette, mais, elle, est embarquée par les nazis.

    © Achard, Galmés – Delcourt

    Le cauchemar n’allait faire que commencer. Après avoir été tabassée en bonne et due forme, Mylaine est déportée à Drancy. Comme ses compagnons d’infortune, elle pensait qu’elle allait travailler dur, qu’ils seraient mal nourris et mal traités, mais ce qu’ils allaient découvrir, ça, non… Le 7 mars 1944, Mylaine partait à bord du convoi 69 pour Auschwitz-Birkenau, en Pologne occupée, avec mille cinq cents autres déportés. Tête rasée, bras tatoué, il allait en falloir du courage afin que jamais les crépuscules ne vainquent les aurores. Les rations de biafrais, les nuits glaciales et les jours pas bien plus chauds, les odeurs d’excréments et surtout celle des corps brûlés dans les fours crématoires, il y a des choses qui ne peuvent être résiliées… et surtout que les générations futures doivent se rappeler pour tirer les leçons de l’Histoire.

    © Achard, Galmés – Delcourt

                    « Quand la nuit tombe » est un diptyque témoignage, l’histoire de deux sœurs séparées par la guerre, qui ont chacune vécu le drame par un prisme différent. Il n’y a pas d’échelle de la douleur. Mais s’il y en avait une, Lisou et surtout Mylaine seraient montées tout en haut. Elles ont toutes les deux survécu à l’horreur. Aujourd’hui, elles témoignent sous la plume de leur petite-nièce Marion Achard, contribuant ainsi, au même titre que Madeleine Riffaut ou Ginette Kolinka, à l’indispensable devoir de mémoire. A la manière de David Evrard dans Irena et Simone, le graphisme de Toni Galmès adoucit l’ambiance pour un contre-pied qui rend les événements encore plus dramatiquement puissants. La postface présente les membres de la famille Weill et les gens qu’ils ont croisé, ainsi que les criminels de guerre responsables de leur situation. De nombreux documents d’époque, photos, lettres et télégrammes, donnent encore plus de véracité et d’émotion à l’histoire. Et quelle est sublime cette photo de Lisou et Mylaine qui rient ensemble en septembre 2024. Quelle incroyable leçon de vie que donnent ces dames !

    © Achard, Galmés – Delcourt

                    Il est impossible de compter tous les albums de bande dessinée consacrés à la Seconde Guerre Mondiale. Si cette année, il ne fallait en retenir qu’un (mais il ne faut pas, tous sont indispensables) ce serait peut-être ce second tome de Quand la nuit tombe…afin que le soleil ne se couche plus.


    Série : Quand la nuit tombe

    Tome : 2 – Mylaine

    Genre : Histoire

    Scénario : Marion Achard

    Dessins & Couleurs : Toni Galmés

    Éditeur : Delcourt

    Collection : Histoire et histoires

    ISBN : 9782413077664

    Nombre de pages : 160

    Prix : 20,50 €


  • La chandelle du bon Roy Henri
    par Laurent Lafourcade

    Paris vaut bien une mèche

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    « -Votre Majesté m’a fait demander ?

    -Nous avons un souci, Monsieur mon médecin ! Votre remède secret ne fait plus effet ! Je ne peux plus me passer de mon porte-pot. Des envies pressantes me prennent à tout moment et ne me laissent faire que trois gouttes qui ne me soulagent guère.

    -Vos problèmes de rétention se seront réveillés, Sire. Je vous avais imploré de retenir vos ardeurs avec ces dames.

    -Il se trouve que je dois disputer une partie de paume dans ce fameux tripot de la sphère. Je compte sur vous pour ne pas avoir à m’éclipser tous les deux coups de raquette. »

    1594, le bon roi Henri, Henri IV, est enfin arrivé à Paris. La Renaissance tire sa révérence, pendant qu’une époque moderne s’installe. Quand on pense que certains consultent encore des voyants et des rebouteux alors que la médecine véritable est en plein développement. Ça tombe bien, le roi a des problèmes. Il est là pour séduire le peuple de la capitale. Il n’est pas bon d’étaler ses problèmes urinaires qui pourraient écorner son image. Le roi a sans cesse des envies pressantes. Les remèdes habituels ne font plus effet. Il doit disputer bientôt une partie de jeu de paume et compte bien sur son médecin pour qu’il n’ait pas à s’éclipser tous les deux coups de raquette. Pendant ce temps, Mathilde, une jeune femme s’approchant de ses dix-huit ans, consulte sa tante, Bertille du Livarot, une voyante qui soigne les corps et l’âme. Elle lui prédit qu’elle rencontrera l’amour en la personne du premier à qui elle adressera la parole et un sourire. Sera-ce le roi, ou bien Thibault, ce joli saltimbanque, épicurien et un brin hypnotiseur ?

    © Hübsch, Charlot, Bouet – Bamboo

    Après le cul de Louis XIV, dans Le royal fondement, la face cachée du roi Soleil, des mêmes auteurs, le zizi d’Henri IV est à l’honneur dans ce témoignage drôle et cocasse d’une petite histoire de l’Histoire de France. Philippe Charlot signe une comédie savoureuse. Il offre à Henri IV, puissant parmi les puissants, une fragilité humaine. Dans la scène anthologique de « la mèche », on a mal pour lui, et on tourne de l’œil avec lui. Pour l’époque, il n’y avait pas de médecine plus efficace. Il payait là ses errements sexuels, courant le guilledou à droite et à gauche. Il y a du Rostand et du Molière dans les situations et les dialogues du scénariste dans une mise en scène qui n’aurait pas déplu aux grands tragédiens comiques. Ajoutez de la musique et Offenbach pourrait toquer à la porte.

    © Hübsch, Charlot, Bouet – Bamboo

    Le réalisme souple d’Eric Hübsch sert à merveille le côté comédie de l’histoire. Les couleurs de Sébastien Bouet scandent les ambiances. En fait, tout de cet album est synthétisé dans sa couverture. A la manière d’une affiche de cinéma présentant les principaux personnages dans des mises en scènes issues de l’aventure, elle invite à découvrir les différents protagonistes et voir ce qui va leur arriver. Au milieu, le portrait rieur du monarque aguiche le lecteur. Avant d’ouvrir le livre, on sait qu’il va y avoir du mystère, du suspens, des manigances, et qu’on va aussi s’amuser.

    © Hübsch, Charlot, Bouet – Bamboo

    Mathilde trouvera-t-elle l’amour ? Le bon roi Henri guérira-t-il de ses maux urinaires ? On ne va pas vendre la mèche. Découvrez-la dans cet album truculent.


    One shot : La chandelle du bon Roy Henri

    Genre : Comédie historique

    Scénario : Philippe Charlot

    Dessins : Eric Hübsch

    Couleurs : Sébastien Bouet

    Éditeur : Bamboo

    Collection : Grand Angle

    ISBN : 971041100828

    Nombre de pages : 64

    Prix : 16,90 €


  • Nelson 27 – Merguez orbitale
    par Laurent Lafourcade

    Diablotin satellisé !

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    « -Votre honneur ! La couleur du suspect constitue un aveu de culpabilité !

    -Hééé ! C’est de la discrimination !

    -Il a raison : je vous condamne pour racisme anti-orange !

    -Attention ! Ils deviennent tout rouges ! »

                    Du charbon, un peu d’essence et en route vers les étoiles ! Nelson remplit le barbecue fumant de charbon de bois. Cela va-t-il lui permettre de décoller dans les cieux ? Si lui, ce n’est pas certain, les victimes de ses facéties risquent bien de décoller de leurs sièges. Ce ne sont pas les deux agents s’étant approchés trop près d’un pot de peinture, orange ça va se soit, qui contenait un pétard qui vont dire le contraire. Leurs uniformes sont souillés. Le principal suspect, de la même couleur, doit payer ! Tout ça se règlera au tribunal. Mais attention, avec Nelson, tout peut se retourner contre vous sans que vous ne soupçonniez le retour de bâton qui ne vient pas toujours d’où l’on penserait.

    © Bertschy – Dupuis

                    Intrigué par le comportement de Nelson, Floyd décide de le remplacer pour capter un signal du cosmos, fier de participer à une expérience scientifique ambitieuse. Va-t-il venir de manière extra-terrestre ou orageuse ? Le labrador risque de se faire cramer les poils. De son côté, Julie peut compter sur son compagnon de vie pour qu’aucun de ses dimanches ne ressemble à un autre. Les jours de boulot, l’employée subit son patron. Il a une mission passionnante pour elle en rapport avec ses compétences : divertir Priscilla, son adorable petite fille venue passer la journée ici. On ne sait pas trop qui va surveiller qui. Pendant ce temps, Hubert change des ampoules, à ses risques et périls, profite -ou pas- de son régime à la cantine, tout ça pour planquer des M&M’s dans son bureau.

    © Bertschy – Dupuis

                    Dans ce vingt-septième album, Bertschy dépasse le cinq millième strip de la série. L’auteur se renouvelle sans cesse en gardant sa dream team de personnages principaux et agrémentant son monde de personnages secondaires éphémères bien campés, que ce soit un pizzaïolo, un dentiste, un plombier, ou bien des guests comme l’ours Paddington himself. Bertschy prouve deux choses. Un, l’art du strip, c’est comme le sport, plus on pratique, meilleur on est. Deux, à force de travail, et de décantation, le strip, c’est comme les grands crus, ça se bonifie en vieillissant. Editorialement, la série est indéniablement sous exploitée. Les éditions Dupuis tiennent là une pépite dont il ne tient qu’à elles pour qu’elles le mettent beaucoup plus sur le devant de la scène. Bertschy a le potentiel de Jim Davis, et par ricochet, Nelson celui de Garfield.

    © Bertschy – Dupuis

                    L’album se termine au strip 5073. Or, 27 albums fois quarante-six planches de quatre strips, ça fait 4968. Cent-cinq strips sont donc passés à l’as. De quoi faire un demi-album d’inédits qui pourrait être intégré à un Artbook. Pourquoi pas ? En attendant, cette fournée « classique » démontre que Nelson est plus que jamais une valeur sûre.


    Série : Nelson 

    Tome : 27 – Merguez orbitale

    Genre : Humour diabolique

    Scénario, Dessins & Couleurs : Bertschy

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808510028

    Nombre de pages : 48

    Prix : 12,50 €


  • Adelin & Irina 4 – La cité ardente
    par Laurent Lafourcade

    Fantaisy Fantasy

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    « -Hein ? Qu’est-ce que… Qui êtes-vous ?

    -Princesse Irina, je présume ? Permettez-moi de me présenter : mon nom est Derr-Leth. Je suis l’éxécuteur testamantaire du sorcier Magul. Je suis venu vous demander de l’aide pour une mission très importante… Si vous pouviez m’accorder quelques minutes… »

    L’épée de la domination confère à son détenteur le pouvoir d’imposer son autorité à tous ceux qui sont mis en sa présence. Forgée par le sorcier Magul à la suite d’un pacte démoniaque, elle fut cachée au centre d’une île labyrinthe truffée de pièges et de monstres. Objet de toutes les convoitises, nombreux sont ceux qui ont tenté de mettre la main dessus : Dona Miranda, Cirro le démoniste, Zark, ainsi que la princesse Irina. Une seule personne a récupéré ce super top gadget trop cool, c’est Belinda, l’assistante de Cirro, celle qui vient du futur. Elle a niqué tous les monstres et louté tous les pièges. C’est hypra-génial. Elle va pouvoir commander à tout le monde. Voici donc que Belinda quitte l’île. Il ne lui faudra pas longtemps pour devenir une dictatrice comme il se doit.

    © Nico Van de Walle – Editions du Tiroir

    Alors qu’elle était en train de dicter pour mémoire ses exploits à son page Adelin, la princesse Irina reçoit la visite de Derr-Leth, l’exécuteur testamentaire du sorcier Magul. Il est venu lui demander de l’aide pour une mission de la plus haute importance : affronter cette Belinda à l’autre bout du monde, dans un pays qu’elle a conquis, où elle a tout pouvoir et dont tous les sujets l’adorent. Comme Irina a tenu dans ses mains à moment donné l’épée de la domination, elle est immunisée contre son pouvoir. Belinda compte étendre sa domination sur les royaumes avoisinants. Derr-Leth recrute donc une armée de mercenaires, tous immunisés pour diverses raisons, afin de subtiliser l’épée et la lui ramener pour la remettre à sa place.

    © Nico Van de Walle – Editions du Tiroir

    Adelin et Irina est une série d’Heroïc-Fantasy à prendre au second degré. Avec un ton parodique et un humour parfois trash, elle est plus proche de Lanfeust de Troy que des Mondes d’Aquilon. Nico VanDeWalle est un sale gosse. Ça se voit, ça se lit. Ses personnages sont aussi malins que crétins. Le scénariste se permet tout. Ce n’est parce qu’on a eu la tête coupée dans un épisode précédent qu’on ne peut pas revenir. Les femmes sont à la fois sexys et féministes. Le mâle alpha n’a pas le grand rôle. Le dessinateur relève le défi de scènes de foules et de combats. On en prend plein les yeux. Nico VanDeWalle prouve que le genre, quand il sait se renouveler, a encore de beaux jours devant lui.

    © Nico Van de Walle – Editions du Tiroir

    « Adelin et Irina » régénère le style de « Donjons et dragons » tout en respectant son ADN. Entre cette série et Rubine 90’s, Nico VanDeWalle devient l’un des piliers incontournables des Editions du Tiroir.


    Série : Adelin & Irina

    Tome : 4 – La cité ardente

    Genre : Heroïc Fantasy

    Scénario, Dessins & Couleurs : Nico Van de Walle

    Éditeur : Editions du Tiroir

    Collection : L’aventure

    ISBN : 9782931251164

    Nombre de pages : 48

    Prix : 16 €


  • Moon 2 – La ville moribonde
    par Laurent Lafourcade

    Eruption de révélations

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    « -Au fait, as-tu déjà réfléchi à ce que tu allais dire à Papa et Maman ?

    -Leur demander ce qu’ils font réellement ici.

    -Ils vont sûrement sauter de joie !

    -Mes yeux de chien battu sauront régler ça.

    -Ne sois pas si naïf !

    -C’est ici !

    -Et maintenant ? Il ne nous reste plus qu’à ouvrir cette porte ! »

    Perris, 2323, les trois enfants Moon ont découvert que leurs parents ont des occupations plus mystérieuses que ce qu’ils pensaient. Alors qu’ils explorent l’un des endroits les plus sécurisés de la ville, ils parviennent à « Mission control » où ils sont arrêtés par les hommes du professeur Brenner. Ils savent très bien que ce que ce dernier présente comme un prototype de nouveau générateur, capable de fournir de l’électricité à toute la ville, sert à tout autre chose. La gaffe de Han Sulton va leur donner la clef : c’est une machine à voyager dans le temps. Le professeur doit alors à présent leur une explication : que font donc leurs parents à Capri au temps des romains ?

    © Vandevelde, Louwes – Anspach
    © 2024 Menlu. All rights reserved

    En l’an 79, les parents agents spatio-temporels ont déjà quitté Capri. Leur travail consiste à laisser l’histoire suivre son cours, afin de préserver l’avenir. Aussi difficile que cela puisse être. Ils se dirigent vers Pompéi, aux trousses du professeur Maran Chen. Ce dernier est recherché pour voyage temporel non autorisé et tentative de manipulation de l’Histoire. Lui, estimant être dans son bon droit, souhaite simplement sauver des rouleaux renfermant de précieuses informations inédites sur Pompéi et l’Antiquité. Mais cela risquerait de causer un effet papillon. Alors que Mr et Ms Moon veulent l’obliger à les suivre, de gré ou de force, des secousses se font ressentir. Le Vésuve entre en éruption.

    © Vandevelde, Louwes – Anspach
    © 2024 Menlu. All rights reserved

    A 2244 ans d’écart, les aventures des parents et des enfants de la famille Moon réinventent le concept de voyage dans le temps. En rajoutant des histoires de familles dans un thriller inter-siècles, les auteurs apportent de l’humanité et de l’émotion à l’intrigue. Le scénariste Johan Vandevelde est issu des arts audiovisuels. Pas étonnant donc qu’il s’intéresse à Pompéi dont la catastrophe a donné lieu à l’un des plus grands péplums de tous les temps : Les derniers jours de Pompéi. Vandevelde a fait carrière comme scénariste de télévision avant de se lancer dans la littérature jeunesse. Le dessinateur Stephan Louwes a fréquenté la prestigieuse Luca School of Arts de Bruxelles. Dans un style graphique voisin de Griffo, il publie depuis 2018. On l’a déjà dit à la sortie du tome 1, Moon est une série en noir et blanc, qui aurait gagné à être éditée en couleurs. Autant certaines histoires et certains traits sont plus efficaces en noir et blanc, ou niveaux de gris, autant Moon demanderait une colorisation.

    © Vandevelde, Louwes – Anspach
    © 2024 Menlu. All rights reserved

    Efficace et déjà addictive, au scénario construit à la manière d’une série Netflix, Moon accroche le lecteur pour ne pas le lâcher et dissémine des indices qui explosent lors de cliffhangers insupportables, dans le meilleur sens du terme.


    Série : Moon

    Tome : 2 – La ville moribonde

    Genre : Thriller fantastique

    Scénario : Johan Vandevelde

    Dessins : Stephan Louwes

    Traduction : Philippe Nihoul

    Éditeur : Anspach

    ISBN : 9782931105405

    Nombre de pages : 72

    Prix : 17,50 €


  • La BD en classe 3 – En avant l’aventure !
    par Laurent Lafourcade

    Etudier la BD à l’école et au collège

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    «  L’aventure est forcément, d’un récit à l’autre, protéiforme. Toutes les aventures ne se ressemblent pas et à travers elles, ce sont des pans de vie qui sont donnés à voir. Les albums de ce corpus sont autant de propositions de découvertes, de questionnements. Il faut dire que la bande dessinée est un art qui se prête extrêmement bien aux déclinaisons de l’aventure. Les grands espaces naturels, les surgissements fantastiques, les mondes imaginaires, les personnages hors norme…, tout cela peut peupler une bande dessinée. À travers le scénario certes, mais surtout par le biais de choix graphiques et de couleurs, la vie est donnée à des personnages aux prises avec des péripéties plus ou moins dangereuses, plus ou moins facétieuses. »

                    Après « Faites entrer les monstres ! » et « Bulles de nature », « En avant, l’aventure ! », troisième volet de La BD en classe, propose une étude approfondie et de nombreuses activités autour d’un panel d’albums sur le vaste thème de l’aventure. Comme pour les tomes précédents, indépendants de celui-ci, La BD en classe se présente sous la forme de deux fascicules : un dossier enseignant de 52 pages et un carnet élève en comprenant 116.

    © SNE

    Le dossier enseignant débute par la présentation du sujet et des ouvrages du corpus. Tous les genres et tous les styles sont représentés. Il y a de l’historique avec Les enfants de la résistance, de l’humour avec Imbattable, du fantastique avec Lightfall. Dans les formes, on a du manga avec Magus of the library, de l’adaptation littéraire avec L’œil du loup, du Comics avec Ultimate Spider-Man, du classique parmi les classiques avec Philémon, de Fred. Ce ne sont que quelques exemples parmi les vingt-et-un albums sélectionnés. Chaque partie du dossier enseignant cible un domaine particulier en s’appuyant sur des extraits des BD.

    © SNE

    L’aventure est abordée sous les axes de ses composantes, de l’élément déclencheur au « voyage ». Au travers du « héros », on va aborder la découverte de soi et de l’autre. Il va être question d’accomplissement, de dépassement de soi, d’identité et d’amitié. Après avoir traité de temporalité, aussi bien narrative, avec le suspens, que graphique (avec la composition de la planche ou encore l’adaptation graphique), les différentes facettes du héros vont être décortiquées : super-héros, antihéros, héros ordinaire n’auront plus de secrets. Pour aller plus loin, la partie « Ce qui traverse l’aventure » creuse dans les profondeurs sous-jacentes des récits pour mettre en évidence des messages, aussi bien sur l’Art que sur l’éducation au développement durable ou encore la déconstruction des stéréotypes de genre. Le dossier enseignant se termine par l’analyse d’une œuvre intégrale : La longue marche des dindes, de Léonie Bischoff.

    © SNE

    Un carnet élève individuel accompagne ce dossier enseignant. Proposant activités, jeux et larges extraits des albums, il permet aux élèves de s’approprier le projet et de pénétrer au cœur du sujet. Imaginer la suite d’une situation de suspens, numéroter les cases et les bulles d’une planche, réaliser un roman-photo, travailler les émotions avec les emanatas, sont, parmi d’autres activités, les outils pour leur faire comprendre les processus de conception et de fabrication des bandes dessinées.

    © SNE

    Faciliter l’utilisation de la bande dessinée dans les établissements scolaires, tel est le but de cette publication du Syndicat national de l’Edition, rédigée par des enseignants et des conseillers pédagogiques, passionnés de bande dessinée, comme votre serviteur. Cerise sur le gâteau : le dossier enseignant et le carnet élève sont tous les deux téléchargeables gratuitement sur le site du SNE : https://www.sne.fr/promotion-de-la-lecture/la-bd-en-classe/


    Série : La BD en classe

    Tome : 3 – En avant l’aventure !

    Genre : Ouvrage pédagogique

    Éditeur : Syndicat National de l’Edition

    Nombre de pages : 52 (dossier enseignant) et 116 (carnet élèves)

    Prix : gratuit 


  • L’armée des ombres
    par Laurent Lafourcade

    Ami entends-tu le vol noir des corbeaux

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    « -Police, vos papiers… Je vois que vous êtes en règle, Monsieur… Je vous prierai tout de même de m’accompagner jusqu’à nos bureaux… Une simple vérification.

    -Gerbier ?!

    -Désormais, je m’appelle aussi André Roussel.

    -Vous me dites votre nom secret parce que… vous allez me tuer !!! »

    Camp de Saint-Paul-d’Eyjeaux, en Haute-Vienne, dans le Limousin, avec la complicité de l’un de ses codétenus, un homme s’apprête à s’évader. Nous sommes en pleine Seconde Guerre Mondiale. Il va rejoindre les membres d’un réseau de Résistance. Quelques semaines plus tard, à Marseille, un homme attend qu’on vienne le chercher. Embarqué dans une voiture par des supposés policiers, il comprend rapidement qu’il est là pour être exécuté. Depuis que sa compagne a disparu, le réseau a fait l’erreur de continuer à l’employer. « Pour l’action, la délation, la mort. » Dans une froideur implacable, le traître se laisse étouffer dans une villa isolée. L’action est dirigée par Philippe Gerbier, l’un des membres d’un réseau de résistance, qui, au fil des années de guerre, va lutter contre l’envahisseur, sans pitié, ni pour l’ennemi, ni pour ses propres participants, ni pour soi-même.

    © Moynot, Morvan, Lacou – Philéas

    Adapté du roman de Joseph Kessel, L’armée des ombres recueille des témoignages de résistants français. Là où le phénomène est encore plus étonnant, c’est que le roman est paru en 1943, en plein conflit. Kesssel faisait partie des forces françaises libres. Exilé à Londres, l’auteur a changé les lieux des événements et les noms des témoins pour préserver leur protection. A 45 ans, trop âgé pour combattre, c’est le général de Gaulle lui-même qui lui a suggéré, en tant que journaliste-écrivain, de faire avancer le combat de la Résistance en assemblant ses mots, en la faisant connaître, en la magnifiant.

    En 1969, le réalisateur Jean-Pierre Melville en proposera une version cinématographique avec un exceptionnel Lino Ventura dans le rôle de Philippe Gerbier.

    © Moynot, Morvan, Lacou – Philéas

    Dans la droite ligne de son travail auprès de Madeleine Riffaud, Jean-David Morvan poursuit un devoir de mémoire dans une bibliographie qui commence à avoir son importance. Outre la série Madeleine résistante, dont trois tomes sont déjà parus, il faut citer Adieu Birkenau, Simone, Irena, Les amis de Spirou, ou encore entre autres Missak, Mélinée et le groupe Manouchian. Toutes ces histoires sont en relation et parfois se croisent, comme en témoigne Madeleine Riffaud elle-même, en postface de cet album, qui a rencontré la Mathilde, qui ne s’appelait pas Mathilde, de L’armée des ombres. C’est avec émotion qu’on lit ce paragraphe, dernière intervention de Madeleine qui nous a quitté récemment. Elle nous donne ici la mission la plus précieuse : « Faites tout pour préserver la paix, elle est fragile. »

    Accompagné aux décors par Benoît Lacou, Emmanuel Moynot retrouve l’ambiance sombre de ses premiers albums, dans ce contexte historique malheureusement bien réel, mais cette fois-ci avec des couleurs, les couleurs obscurcies du trio Oshima-Martin-Bertheloot qui appuient le côté caché des actions de résistance.

    © Moynot, Morvan, Lacou – Philéas

    « Ici, chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait quand il passe. Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place. Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes. Chantez, compagnons, dans la nuit, la liberté nous écoute. » La dernière strophe du chant des partisans, du même Joseph Kessel et de Maurice Druon, est la parfaite synthèse de cette Armée des ombres, transposée ici avec puissance pour la bande dessinée.


    One shot : L’armée des ombres

    Genre : Histoire

    Scénario : Jean-David Morvan

    Dessins & Couleurs : Emmanuel Moynot

    Décors : Benoît Lacou

    D’après : Joseph Kessel

    Éditeur : Philéas

    ISBN : 97824914

    Nombre de pages : 144

    Prix : 21,90 €


  • Boulevard Tintin – Tintin, bibliographie d’un mythe 2014-2024
    par Laurent Lafourcade

    Dix ans, et plus, de tintinologies

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    « -Qu’est-ce qui s’est passé ?

    -Le dernier bouquin que je voulais ranger, figure-toi que c’était le tien…

    -« La vraie vérité sur Tintin » ?

    -Oui, je l’ai reçu ce matin… Je ne sais pas si je dois te remercier, vu la suite… La seule place qui restait pour le ranger, c’était tout en haut de la bibliothèque… Perché sur l’escabeau, j’ai forcé pour caser ton chef-d’œuvre entre le plafond et la plus haute pile… Il n’est pas très épais, mais la pression a suffi à desceller les pitons qui retenaient les étagères complètement surchargées, et comme les bibliothèques étaient solidarisées les unes aux autres, elles se sont toutes effondrées…

    -Si tu avais péri dans cet effondrement, tu n’aurais pas été le premier à mourir écrasé sous sa bibliothèque…(…) Mais calencher sous tous les ouvrages consacrés à Hergé et surtout, écrabouillé sous tous les albums de Tintin, avoue que c’est la plus belle mort dont puisse rêver un Tintinophile comme toi ! »

    Olivier Roche a failli mourir dans l’effondrement de sa bibliothèque alors qu’il y rangeait le dernier opus d’Albert Algoud. Olivier Roche est tintinophile et tintinologue. C’est un tintinologue spéléologiste. Il y en a peu. Si le tintinologue dit classique se reconnaît par sa passion pour l’œuvre de Hergé et sa connaissance pointue des aventures du reporter, le tintinologue spéléologiste a exploré toutes les cavités souterraines du monde de l’édition et a déniché l’ensemble des ouvrages, livres et revues, consacrés à Hergé. Si certains bouquins publiés dans des maisons d’éditions renommées se trouvent aisément sur les présentoirs des librairies, d’autres ont des tirages plus confidentiels, voir sont diffusés à quelques exemplaires seulement dans une sphère familiale ou privée. Par bonheur, le tintinologue spéléologiste, et en particulier Olivier Roche, est généreux. Il a le don du partage. Tous ces livres recensés, le spécialiste les a déjà énumérés dans un premier tome de Tintin, bibliographie d’un mythe, publié il y a une dizaine d’années. Dans ce second, ou peut-être deuxième, volume, l’exégète balaye la période 2014-2024 en guise de mise en jour, l’annexant de quelques oublis. Alors, prenez votre casque et votre lampe frontale, équipez-vous de harnais et de baudriers et suivez Olivier Roche dans les couloirs des publications tintinesques.

    © Roche – Les impressions nouvelles
    © Hergé/Tintinimaginatio 2024

    Le TBM classifie les ouvrages en sept chapitres. Chaque livre est présenté avec sa couverture, son principe en est décrit avant qu’Olivier Roche en note l’intérêt… ou pas. (Big up à Bob Garcia !) On commence par Textes et versions (d’albums de Tintin ou de Quick et Flupke), puis la conséquente partie sur les études critiques. Les amplifications imaginaires précèdent les hommages, catalogues d’expositions et questionnements sur l’avenir, avant de se pencher sur les livres consacrés au créateur. Les deux derniers chapitres sont originaux. Ils traitent des ouvrages non publiés en français, comme une inédite version suédoise des jurons du Capitaine Haddock recensés par Albert Algoud, puis des périodiques et séries, comme l’indispensable Houpette libérée, lettre électronique mensuelle ou presque rédigée par l’omniscient Olivier Roche.

    Les livres de Philippe Goddin sont parmi les plus remarquables, aussi bien dans le sens de leur qualité que de leur visibilité (zeugma !). L’auteur enchaîne La malédiction de Rascar Capac (Les secrets du Temple du soleil) en 2014, les tribulations de Tintin au Congo en 2018, puis Hergé, Tintin et les américains en 2020. Les bouquins fourmillent de détails, d’anecdotes et de références. Goddin était prêt à faire de même sur les albums suivants mais les relations compliquées avec Nick Rodwell, le gardien du temple (entendez par là l’héritage de Hergé et non pas celui du soleil), ont sabré l’auteur dans son élan.

    Entre Casterman et Moulinsart, filiale d’édition de Tintinimaginatio, les « Je t’aime moi non plus » scandent les parutions et en particulier les versions colorisées des premières aventures en noir et blanc. Il semble que les relations soient apaisées.

    © Roche – Les impressions nouvelles
    © Hergé/Tintinimaginatio 2024

    Olivier Roche met en exergue dix ouvrages fondamentaux, dont la plupart l’ont été également pour Boulevard BD. On retrouve ainsi Hergé et la presse, par Geoffroy Kursner, Casterman de Tintin à Tardi, par Florian Moine, Tintin au-delà des idées reçues, par l’avenir de la tintinologie Patrice Guérin, Le mystère Tintin, par le fort agréable à lire Renaud Nattiez, Les îles noires d’Hergé, pavé signé Ludwig Schuurman, La dernière aventure de Tintin et d’Hergé, sous-titré L’Alph-Art ou l’art de l’inachevé, par l’une des trop rares tintinologues Nicole Benkemoun, Les rêves de Tintin, par Pierre Fresnault-Deruelle (Les livres de PFD sont remarquables mais il ne faut pas oublier de se munir d’un dictionnaire), Objectif Hergé de Michel Porret, Tintin au pays du mal, par Jean-Philippe Costes, RG renseignements généraux, par Emmanuel Rabu et Jochen Gerner, et pour finir, l’indispensable et tendre Hergé et le carnet oublié du passionnant Jacques Langlois.

    © Roche – Les impressions nouvelles
    © Hergé/Tintinimaginatio 2024

    Pour conclure à la façon du serpent qui se mord la queue dans Tintin au Congo, comme le rappelle Olivier Roche en me citant en page 10 de ce livre : « Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau. »



    Titre : Tintin, bibliographie d’un mythe 2014-2024

    Genre : Ouvrage d’étude

    Auteur : Olivier Roche

    Préface : Albert Algoud

    Éditeur : Les impressions nouvelles

    ISBN : 9782390702092

    Nombre de pages : 312

    Prix : 30 €


  • Petits Dieux 2 – Monsieur Doudou
    par Laurent Lafourcade

    Ne m’oublie pas…

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    « -Ça fait un moment que ma déesse n’a pas joué à mon jeu… Et donc pensé à moi. Mais je ne m’en fais pas ! Monsieur Doudou va s’occuper de moi !

    -Comment ça ?

    -Notre déesse est jeune et crée sans cesse de nouvelles créatures. Mais elle s’en lasse aussi très vite… Et lorsqu’elle nous oublie, nous disparaissons, c’est comme ça. »

    Diane Perrin est une autrice de livres jeunesse. La vieille dame est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle n’est plus capable d’écrire de nouvelles histoires, au grand dam des héros qu’elle a créés, et en particulier de Pabo, le rat, et la fée Cléo qui n’ont encore jamais été les héros d’épisodes de la série imaginée par Diane. « Les livres forment le monde et tracent les limites de notre réalité ! » Diane Perrin est la déesse de tous les personnages nés de son imagination qui aujourd’hui s’efface. Elle a construit le monde dans lequel ils vivent. Certains d’entre eux sont ses préférés, comme Boumboum, héroïne de 104 aventures. Pour elle, il n’y a pas trop de crainte à avoir. Elle vivra toujours par le biais de tous les autres dieux et déesses qui les auront lues. Bobo et Sir Gerald ont aussi vécu des tas d’histoires. Pabo et Cléo, eux, sont restés au stade de l’idée. Si l’autrice ne couche pas leur histoire sur papier, ils disparaîtront avec sa mémoire car ils ne seront jamais « lus » par d’autres. Il faut rapidement trouver une solution.

    © Salvia, Krystel – Dargaud

    Alors que ces petits héros sont arrivés dans la maison de Diane il y a peu, une autre humaine va débarquer, avec sa mère, et son cortège de créatures que son imaginaire fait vivre. Cette humaine, c’est Lala, la petite-fille de Diane. Parmi ses jouets, il y a son doudou, le grand méchant Monsieur Doudou. Le hibou de chiffon est le favori de la déesse. Adulé par ses pairs, il influence sa maîtresse pour conserver sa place privilégiée, quitte à ce que ses compatriotes soient délaissés, au profit des nouvelles technologies. L’entente avec les personnages de littérature ne va pas être idyllique. Les rivalités se mettent en place. Et pendant ce temps, la mémoire de Diane continue de s’effilocher.

    © Salvia, Krystel – Dargaud

    Petits Dieux est l’une des séries les plus originales de ces dernières années, aussi bien par l’orientation de son scénario, que par la conception graphique originale du monde qui disparaît. Mathieu Salvia concrétise les personnages imaginaires en les sortant du cerveau de leur créatrice et des pages des livres dont ils sont ou seront peut-être issus, et, un peu à la manière de Toy Story, humanise les jouets. Mais contrairement à Randy, Lala est sous l’emprise de l’un d’entre eux. Monsieur Doudou est fourbe et toxique. Après Alzheimer dans le tome 1, c’est bel et bien cette emprise qui est au cœur de ce deuxième tome. Au dessin et aux couleurs, Krystel sublime cette histoire émouvante. Alors que Salvia, on l’a dit, concrétise les personnages de littérature, Krystel concrétise le vide symbolisant les trous causés par les souvenirs croqués par le dragon blanc de la maladie. Ça donne des décors jamais vus, avec des compositions inédites.

    © Salvia, Krystel – Dargaud

    Petits Dieux est une poésie dramatique, un magnifique hommage à la littérature et à l’imagination. « Certaines histoires sont spéciales, celle-ci en fait partie. » L’histoire se conclura dans un troisième tome. Tous ceux qui aiment lire ne peuvent pas ne pas adorer Petits Dieux.


    Série : Petits Dieux

    Tome : 2 – Monsieur Doudou

    Genre : Aventure fantastique

    Scénario : Mathieu Salvia

    Dessins & Couleurs : Krystel

    Éditeur : Dargaud

    ISBN : 9782505122104

    Nombre de pages : 64

    Prix : 12,95 € 


  • Une histoire de L’Association
    par Laurent Lafourcade

    L’auteur au cœur de la création

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    « En 1990, sept jeunes auteurs fondent la maison d’édition alternative L’Association. Issus pour la majorité d’écoles d’arts appliqués, diversement intégrés au champ de la bande dessinée, ils se lancent dans l’autoédition à partir d’un constat partagé d’insatisfaction à l’égard des possibilités éditoriales, esthétiques et narratives qui prévalaient alors. Les fondateurs de L’Association considèrent que les années 1980 se caractérisent par la reproduction de recettes des auteurs à succès des deux précédentes décennies et par la domination de la série, du personnage et du genre de l’aventure, au détriment de la singularité des créateurs, éclipsés par leurs productions et contraints éditorialement. »

    A l’origine, cette histoire de L’Association est une thèse, écrite par son auteur Benjamin Caraco et dirigée par l’académicien Pascal Ory. Caraco est historien, sociologue, bédéphile et directeur de bibliothèque universitaire. Pour sa thèse, il a mené trente-deux entretiens, analysé le catalogue et accédé aux sources financières. Il a pénétré au cœur de l’entreprise et rencontré ses salariés. Les collections Eperluette et Ciboulettes, entre autres, n’auront plus de secrets. L’Association est une école artistique avec un fonctionnement d’avant-garde. Après l’école (A suivre), c’est la Nouvelle Vague de la BD. C’est la maison de Lapinot et les carottes de Patagonie, de La guerre d’Allan et de L’ascension du Haut Mal. On va assister au succès puis au déclin de L’Association, les déchirements entre Jean-Christophe Menu, l’un des pères fondateurs, et ses acolytes, sa liquidation, puis sa renaissance, jusqu’à son statut désormais indiscutable d’éditeur de référence.

    © Caraco – Presses universitaires François Rabelais

    Six chapitres composent l’ouvrage. Première partie : La formation d’un collectif d’auteurs. Benjamin Caraco dresse un portrait des sept auteurs majeurs fondateurs de L’Association, Menu, Trondheim, David B., Stanislas, Killofer, Konture et Mokeït, à partir de leurs lieux de sociabilités. Il montre ce collectif en passant par trois événements particuliers : la fondation en 1990, la séparation en 2005-2006 et la grève des salariés en 2010-2011 qui a entraîné le retour des fondateurs après la décision de Menu qui voulait procéder à des licenciements. Dans ce chapitre, Caraco n’oublie pas ceux qu’il appelle les parrains, auteurs déjà connus et reconnus qui sont venus apporter leur pierre à l’édifice comme Dupuy et Berbérian, Baudoin ou Goossens, ainsi que la seconde vague de nouveaux auteurs avec Vanoli, Blutch, Sardon, Baraou, Parrondo, Ayroles, Gerner, Lécroart, Sfar, Guibert, Delisle, Satrapi, Sattouf. Avec les auteurs, Caraco soulève la question cruciale de la rentabilité dans une structure alternative comme celle-ci : l’objectif est-il de vivre de la bande dessinée ou pour la bande dessinée ?

    © Caraco – Presses universitaires François Rabelais

    Deuxième partie : Une inscription décomplexée dans l’histoire de la bande dessinée. Dans la plupart des cas, il est plus question de vocation que de carrière. Les auteurs sont en recherche de styles et de procédés narratifs découlant des travaux de leurs prédécesseurs tout en évoluant dans un espace des possibles. Leurs influences sont tout autant internes, venant de l’univers de la BD, de l’école franco-belge à l’underground américain, qu’externes, liées aux autres formes d’Arts : cinéma, littérature, musique,…

    © Caraco – Presses universitaires François Rabelais

    Troisième partie : Une maison d’édition d’auteurs. L’Association revendique son indépendance éditoriale induisant la qualité de son catalogue. Les partis prix éditoriaux et les contraintes économiques vont engendrer des frictions. Caraco compare son fonctionnement à celui d’une entreprise pour en dégager les points communs et les différences. On y parle de statuts, de bureau, d’adhérents, de gouvernance, de salariés (et de leurs profils). Il explicite la gestion faite par Menu et ses conséquences, comme par exemple l’édition du pavé Comix 2000 au sujet duquel il déclarait : « Risquer de crever pour un beau projet, ça vaut le coup. »

    © Caraco – Presses universitaires François Rabelais

    Quatrième partie : Accompagner les œuvres par le discours. Editer un livre, ce n’est pas seulement l’imprimer. Le discours d’accompagnement des albums de L’Association est l’un des signes distinctifs de la maison, qui a contribué à la légitimiser. Si au départ Menu s’en chargeait, avec une réception parfois mitigée, les auteurs ont pris la main dessus. Petit à petit, du mythe du groupe fondateur à la création du logo de l’hydre, L’Association s’est construit une légende bien réelle, une histoire qui n’appartient qu’à elle.

    Cinquième partie : Le catalogue, expression d’une politique éditoriale au-delà du discours. Après s’être penché sur les auteurs, Benjamin Caraco analyse le catalogue, situant les productions individuelles au sein d’un ensemble. La maison revendique l’originalité comme stratégie de distinction. Il y est question de politique éditoriale évidemment, de stratégies de collections cadrant, ou plutôt classifiant, les productions, tout en gardant cette fameuse notion d’originalité. Avec des graphiques et des tableaux, l’auteur détaille les chiffres et présente chaque collection comme Patte de mouche ou Ciboulette, sans oublier la revue Lapin et l’Oubapo, ouvroir de bande dessinée potentielle, créé à l’image de l’Oulipo, groupe de littérature expérimentale fondé par Raymond Queneau et François Le Lionnais en 1960. Caraco ausculte enfin le catalogue par le prisme des genres et des thématiques traitées.

    © Caraco – Presses universitaires François Rabelais

    Sixième partie : La construction en référence. La dernière partie permet de comprendre comment L’Association se construit en référence d’une édition de bande dessinée exigeante, revendiquant le terme album plutôt que livre, afin de rattacher ses publications au monde de la littérature. On va parler des rapports avec la presse, des refus des services de presse à un assouplissement stratégique, du discours de Trondheim élu Grand Prix à Angoulême en 2006 où il fustige les journalistes. Enfin, on parle des rapports de L’Association avec les festivals, d’expositions, de traductions et d’adaptations, notamment au cinéma.

    L’Association est la maison d’édition qui a remis l’auteur au cœur de la création. En 35 ans, elle a réussi sa mission. Tout ça valait bien une thèse. Benjamin Caraco l’a faite. Au cœur du processus éditorial, l’aventure se lit comme un roman.


    Titre : Une histoire de L’Association

    Genre : Ouvrage d’étude

    Auteur : Benjamin Caraco

    Préface : Pascal Ory

    Éditeur : Presses universitaires François Rabelais

    Collection : Iconotextes

    ISBN : 9782869069510

    Nombre de pages : 270

    Prix : 27 €


  • To your eternity 22
    par Laurent Lafourcade

    Deux frères dans la tourmente

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    « -Eibel ! Tu m’entends ?! Ça va ? On marchait tranquillement, et toi, tu te mets à souffrir et t’écrouler tout à coup ! Tu m’as fait peur ! Hein ? Tu te relèves déjà ? Tu ferais mieux de te reposer encore un peu…

    -Non… Ça… Ça va aller… »

    La poupée et Eibel Dee, le chasseur d’immortels qui la poursuivait pour mettre la main sur sa propriétaire n°32, marchent en direction de l’entrepôt qu’Imm et les autres utilisaient. Si la poupée ne donne pas de signe de fatigue, justement parce qu’elle n’est pas humaine, Eibel est épuisé. Quelques années plus tôt, enfant, il était confié à une riche famille d’accueil qui l’a élevé comme leur fils, dans la fraternité avec leur enfant Anton, Anton Dee, celui-même qui a capturé Tonali et est devenu membre de Kaibara, l’organisation qui veut mettre la main sur la poupée. Bonshen Nicoli La Tasty Peach Uralius (ça fait toujours plaisir d’énoncer son patronyme en entier) est lui aussi en captivité. La poupée et Eibel sont retrouvés par les parents de ce dernier. La marionnette va découvrir leurs vrais visages. Va-t-elle réussir à s’extirper de ce guet-apens pour retrouver ses amis et délivrer ceux qui sont détenus ?

    © Oima – Pika

    On ne s’ennuie pas une seconde dans ce vingt-deuxième tome de cette excellente série dont certains épisodes ont toutefois été plus contemplatifs. L’histoire avance à grands pas. Le passé de certains protagonistes est dévoilé et on comprend mieux leurs failles. La poupée tire son épingle du jeu en devenant un personnage pivot, et un autre personnage fait des éclats. C’est aussi un jouet, un petit crabe qui va jouer un rôle primordial, alliant suspense et humour sans ridicule. Un grand moment de la série digne d’une scène de Mission : impossible.

    © Oima – Pika

    Le thème principal de l’épisode est la fraternité. L’essentiel de l’intrigue tourne autour des frères Dee. Si l’on trouve des circonstances atténuantes à Eibel, compte tenu de la découverte de ses véritables origines, il semble qu’il y a moins à sauver chez Anton. Ceci-dit, tous deux sont victimes de leur éducation, et surtout de la famille qui les a élevés. Au fond, dans son corps d’adulte, Anton, qui dans son cerveau a huit ans, aime maladroitement. Il est plus naïf et impulsif que méchant. Il agit instinctivement qu’il en devient ridicule à un point inimaginable. Il va lui falloir laisser parler l’enfant en lui pour éviter l’autodestruction.

    © Oima – Pika

    To your eternity, comme son titre l’indique, ouvre le débat sur l’immortalité. Au-delà de ça, c’est une réflexion sur le temps qui passe, de l’enfance à l’âge adulte, les rapports aux jouets, l’impossible retour dans le temps. Sous une enveloppe subtile, Yoshitoki Oima signe l’un des mangas les plus philosophiques du moment.


    Série : To your eternity

    Tome : 22

    Genre : Fantastique émouvant

    Scénario & Dessins : Yoshitoki Oima

    Éditeur : Pika

    ISBN : 9782811691998

    Nombre de pages : 192

    Prix : 7,20 €


  • Trésor 3 – La pierre de vœu
    par Laurent Lafourcade

    L’îlemagination

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    « -Et nous… Tu crois qu’on va pouvoir rentrer…?

    -On va trouver la pierre de vœu et tout va rentrer dans l’ordre.

    -Faut retrouver Noisette et les autres. C’est ma faute si tout le monde est séparé.

    -Trésor, passe-moi la carte. »

    Depuis que Trésor, dit Trez’, et ses amis ont débarqué sur l’île mystérieuse, on ne peut pas dire que l’aventure qu’ils vivent soit de tout repos. Trez’ a retrouvé ses parents, qui le reconnaissent enfin. Son père est un pirate. Sa mère lui promet d’être avec lui chaque fois qu’il mettra les pieds dans l’eau. Appelée par l’aventure, elle aimait les tempêtes, le vent dans les voiles, les légendes de pirates et les îles imaginaires. Elle fait partie de l’océan. Ils doivent maintenant retrouver les camarades de Trez, qui sont dispersés. Heureusement, il y a la carte de l’île que le petit garçon a dessiné et qu’il a signé William Vague Rouge à l’encre de framboise. Noé, dit Noisette, et Mollu le robot avancent dans la jungle luxuriante en semant, pour qu’on les retrouve, des cailloux… plus gros que ceux que le petit Poucet laissait derrière lui. Juliette, accompagnée de l’antiquaire Pivoleux avec qui elle a fait un pacte, sont à la recherche de la Pierre de Vœu. Restent Dico et Yavannah qui explorent des galeries souterraines. L’objectif commun de tout ce petit monde est de mettre la main sur cette fameuse Pierre, parce qu’elle leur permettrait de rentrer chez eux. Objectif commun ? Pivoleux n’a pas forcément le même…

    © De la Provôté, Saurel – Dupuis

    Trésor n’est pas une énième série mettant en vedette une bande de gamins. Elle entre évidemment dans cette catégorie mais a une particularité spécifique. L’histoire de Trésor est un récit sur le pouvoir de l’imagination. Le scénariste Jean-Baptiste Saurel voit en l’imagination une échappatoire quotidienne et une source d’énergie. La scène des retrouvailles du môme avec sa mère laisse un instant dans le doute avant qu’on ne réalise sa plausible réalité. La carte dessinée par Trez’ lui permet de concrétiser l’imaginaire qui devient alors réel. L’imaginaire est salvateur. C’est pour ça que des enfants supportent beaucoup mieux certaines situations que des adultes. Ils ont de la spontanéité en même temps que du recul. Ils rassurent, alors que l’on craindrait de leur apprendre, quand il le faut, de mauvaises nouvelles. Le problème, c’est quand un enfant devient adulte. Dans la plupart des cas, il perd cette magie. C’est le traumatisme que vit Pivoleux à la recherche d’une quête de jouvence.

    © De la Provôté, Saurel – Dupuis

    Pauline de la Provôté est mise au défi de diversifier les décors et les ambiances. Après la mer et la jungle, les profondeurs souterraines vont être le cœur de ce troisième épisode et épisode final du premier cycle de Trésor. En effet, le jeune héros et ses compagnons vont explorer plusieurs grottes dangereuses et différentes. Quelques accents japonisant dans certaines attitudes et actions séduiront un lectorat qui pourrait être injustement réticent à passer du manga au franco-belge. Avec les progrès acquis depuis le premier tome, la dessinatrice est devenue une créatrice d’ambiances. Comme Trez’, elle laisse aller son imagination pour proposer aux lecteurs le meilleur environnement possible, aidée en cela par les couleurs de Charlotte Cousquer qui donnent une dimension relief aux images par des éclairages orientés.

    © De la Provôté, Saurel – Dupuis

    Trésor est de ces séries qui donnent envie de ne plus grandir car elle fait prendre conscience que le plus grand cadeau de la vie n’est pas celui d’une improbable Pierre de Vœu, c’est celui de l’enfance. Si les adultes comprendront la double lecture, les enfants, eux, s’imagineront Goonies, pour ceux qui ont la réf, au milieu des personnages.


    Série : Trésor

    Tome : 3 – La pierre de voeu

    Genre : Aventure

    Scénario : Jean-Baptiste Saurel

    Dessins : Pauline de la Provôté

    Couleurs : Charlotte Cousquer

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808505109

    Nombre de pages : 72

    Prix : 15,50 €


  • Gone with the wind 2
    par Thierry Ligot

    Magistrale adaptation d’un roman intemporel

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     » – Hey, tu peux poser les sacs de la dame blanche, maintenant. on est libres !

    – Libres de quoi ? D’être inutiles ?

    – On a choisi de ne rien faire … et pouvoir choisir, c’est déjà être libre. »

    Février 1866, Atlanta est détruite par les incendies et la guerre. Le Sud a perdu ! Les Unionistes sont désormais les maîtres de la ville et ils le font bien comprendre. Difficile pour les anciens Confédérés de conserver leur « standing » d’antan ! Surtout qu’il faut trouver de la main d’œuvre à payer maintenant ! Les esclaves ont été affranchis et certains ne sont pas prêts à retravailler pour leurs anciens maîtres. D’autres, dans leur misère, ne rêvent que de se venger d’eux. Pour Scarlett, la vie est un combat de chaque jour. Trouver de l’argent afin de régler les dettes de Tara, s’assurer de quoi subvenir aux besoins de son père, de sa sœur, de Mélanie et de son mari, Ashley Wilkes, dont elle ne cesse de rêver, … Ceci sans compter son irrésistible besoin de se mettre elle-même à l’abri : logement, … et surtout …

    « ne plus jamais connaître la faim » !

    Apprenant que Rhett est emprisonné pour meurtre, elle lui rend visite pour tenter de l’attendrir en vue obtenir de l’argent. Mais du haut de son arrogance, ce dernier devine rapidement le jeu de Scarlett et s’en joue adroitement pour l’humilier … une fois de plus !

    Qu’importe ! Elle trouvera une autre solution … Celle-ci apparaîtra sous les traits du fiancé de sa sœur Suellen, Frank Kennedy … qu’elle n’hésitera pas à lui « voler » ! Un mariage d’argent qui, tout en sauvant Tara, la lance dans les affaires.

    S’impliquant dans celles de son mari, avec de l’argent prêté par Reth, elle achète une scierie et s’investit avec succès dans le commerce du bois. Elle ne voit que ses intérêts sans se soucier réellement du « Qu’en dira-t-on » !

    © Alary – Rue de Sèvres 2025

    Suite à une agression d’anciens esclaves noirs, son mari et d’autres Sudistes, tous membres du KKK organisent une expédition punitive. Malheureusement, dans l’affrontement, il meurt laissant Scarlett veuve. Complètement abattue, elle sombre dans un désespoir profond. Mais Butler, jamais très loin, lui avoue enfin son amour pour elle et l’épouse.

    Une union orageuse entre deux êtres qui s’attirent comme ils se détruisent. Car toujours entre eux, l’amour de Scarlett pour son beau-frère, Ashley … et l’espoir inavoué qu’un jour, il aurait pu … si la vie n’en avait décidé autrement !

    Toutefois, il est dit que le destin lui interdira paix et tranquillité … tout comme d’atteindre enfin son rêve secret : l’amour de son beau-frère, Ashley Wilkes, le mari de sa tendre et timide cousine Mélanie, un ange de bonté, admirée et appréciée de toutes et tous à Atlanta.

    Tout son opposé …

    Mensonges, trahisons, froide, calculatrice, manipulatrice, n’ayant aucun scrupule, rien n’arrête cette femme au caractère bien trempé dans sa quête de l’absolu.

    Menant sa vie comme bon lui semble, ignorant les ragots et médisances, bravant tous les « interdits sociaux », Scarlett s’attire de nombreux reproches de la bonne société sudiste ! Qu’importe à nouveau jusqu’au jour où, au creux de la vague …

     » – Non, mais Rhett, j’ai peur …

    – Allons Scarlett. Vous n’avez jamais eu peur de votre vie.

    – J’ai peur d’aller en enfer.

    – Mais Scarlett … l’enfer, c’est ici, sur cette terre. Vous êtes en enfer, là, maintenant. »

    Mais Rhett Butler est inlassablement là ! Au fond d’elle, elle l’aime … et de son propre aveu, c’est réciproque … Il le lui avoue alors qu’elle est enceinte de son premier enfant ! Sera-t-il l’ange de sa rédemption ?

     » – … je veillerai sur vous pendant les prochaines semaines …

    – Rhett … Oooh ! Vous, me protéger ?

    – Oui, ma chère. Et pourquoi ? A cause de mon amour pour vous, madame Kennedy … j’ai silencieusement eu faim et soif de vous, et vous adorais de loin. mais étant, comme Ashley Wilkes, un homme honorable, je vous l’ai caché. »

    Mariages, enfants, réussite dans les affaires, tout pourrait enfin lui permettre de connaître la sérénité ! Pourtant Scarlett continue d’être cette insatisfaite jeune femme dans une course effrénée vers un bonheur total et visiblement inatteignable ! A chaque fois qu’elle pourrait se dire de l’avoir enfin trouvé, le Destin et la Mort la frappent cruellement, l’obligeant à se renforcer, à se durcir encore plus !

    « Les fardeaux sont pour mes épaules assez fortes pour les porter »

    Une action quasi en vase clos, dans un Atlanta qui doit se rebâtir, un Sud qui doit apprendre à survivre. Les uns et les autres qui ne cessent de se croiser, de s’associer et s’entraider ou de s’opposer, malgré les circonstances, la guerre, la défaite, la peur de perdre le peu qu’il leur reste, d’avoir encore un jour « faim » et d’être seuls !

    © Alary – Rue de Sèvres 2025

    Une majestueuse histoire d’amour, de passion sur fond de guerre, avec comme personnage central, Scarlett O’Hara. Une tragédie classique, antique à la sauce américaine d’une jeune femme amoureuse de deux hommes …

    « Scarlett n’avait compris aucun des deux hommes qu’elle avait aimés et les avait perdus tous les deux.

    Si elle avait compris Ashley, elle ne l’aurait jamais aimé.

    Si elle avait compris Rhett, elle ne l’aurait jamais perdu. »

    Et comme morale cette ultime pensée :

    « Après tout, demain est un autre jour ! »

    © Alary – Rue de Sèvres 2025

    L’adaptation de Pierre Alary est une prouesse scénaristique et graphique. S’attaquer à un tel monument littéraire pouvait apparaître comme une gageure mais Pierre a réussi à en garder toute la « substantifique moëlle », la dynamique et l’intense énergie.

    Son découpage, ses cadrages et angles, ses cases, tout est au service de la narration, des sentiments qu’elle inspire. Peur, amour, tendresse ou détresse, ses regards les font sortir des cases pour aller directement toucher le cœur du lecteur !

    Pour sublimer son trait, des couleurs chaudes, ocrées comme celles d’un crépuscule … celui d’un monde en déclin.

    L’ambiance hors du temps des maisons coloniales sudistes, leurs réceptions et bienséances mondaines, les affres de cette sanglante guerre de Sécession sont les décors de ces passions humaines dans un monde en total disparition et qui ne sait plus de quoi sera fait son lendemain. Pourtant, il lui faut survivre et même continuer à vivre en se reconstruisant, en s’adaptant et en surmontant les épreuves.

    © Alary – Rue de Sèvres 2025

    Un dessin, des dialogues, une narration, des couleurs soignées faisant exploser toute la dramaturgie de ce roman légendaire. Chaque planche, chaque case ne traduit que l’aspect dramatiquement humain de cet amour. Scarlett et Rhett se cherchent, s’évitent, se retrouvent pour s’éloigner à nouveau. Ils ne peuvent faire autre chose que de s’aimer en se déchirant jusqu’à l’explosion de leur passion dans un déchirement ultime !

    Deux albums somptueux, luxueux, soignés dans leur finition, dos toilé, couverture avec dorures à chaud, papier de qualité dans un format large, … Bref à la hauteur du roman !


    Série : Gone with the Wind

    Tome : 2

    Scénario, dessin & couleurs : Pierre Alary

    D’après : Margaret Mitchell

    Éditeur : Rue de Sèvres

    ISBN : 9782810202300

    Page : 160

    Prix : 27 €


  • Les jardins invisibles
    par Laurent Lafourcade

    ADN Italie

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    « Cette année, dans l’immeuble d’en face, s’est installé un peintre qui, chaque jour, se pose sur son balcon pour travailler. Tous les jours en fin d’après-midi, il peint pendant une heure ou deux. Et moi, depuis chez nous, je viens le regarder faire. Sa toile me tourne le dos, je ne vois jamais ce qu’il peint. Mais parce que le dessin occupe déjà beaucoup de place pour moi, je vais me prendre au jeu d’imaginer ce qu’il fait. Je dessine ses toiles. Il peint avec de calme, des gestes posés. Tout le contraire de moi, enfant réservé mais anxieux. J’apaisais déjà mes angoisses par le dessin, mais avec une grande agitation intérieure. Je faisais des voix, les bruits et les musiques. Tumultueux à l’image de ce qu’était ma famille, je pense. »

    Naples, mars 2021. Alfred et sa fille se rendent en taxi sur le tournage de Come Prima, l’adaptation de son livre éponyme. Perdus sur les docks du port, Alfred stresse. Du haut de ses douze ans, la gamine prend les choses en main et parvient à se repérer pour atteindre le plateau. Elle a 12 ans mais prend le rôle d’adulte. C’est comme s’il n’en avait que 5. Elle le rassure et lui évite de trébucher. Elle le fait grandir. Ce n’est pas la première fois. Cet instant est l’un des nombreux moments racontés par Alfred dans ce recueil de miscellanées retraçant des événements charnières de sa vie, parfois d’apparence anodins mais ne l’étant jamais.

    © Alfred – Delcourt

    Chiavari (Liguria), été 82 ou 83. Alfred a six ou sept ans. Il observe le peintre installé sur un balcon en face de son immeuble, ne voyant jamais sa toile. Il imagine ce qu’il fait, dans le calme. Loin du tumulte de sa famille dans l’appartement, avec ses feuilles et ses crayons, Alfred est pile-poil à mi-chemin entre le calme et la fureur. En 90, à 14 ans, une partie de pêche avec son père et son grand-père le met face au fait accompli de la vie qui avance et du temps qui passe. Il se revoit en 78 quand ce dernier lui apprenait à nager. En 2008, lors d’une pause à Venise pendant une tournée promo, Alfred prend conscience que son destin est là. Sa femme est enceinte. Il la convainc de venir s’y installer à la naissance de leur fille. Ils y resteront trois ans.

    © Alfred – Delcourt

    Pour la première fois, Alfred se lance dans l’autobiographie. Il a toujours nourri ses livres de fiction avec ses souvenirs personnels mais ne s’était jamais raconté ainsi. C’est d’abord sur Instagram qu’il s’est confié, pendant trois années. Une grande partie des fragments de ce livre est passée par ce réseau. Chaque chapitre est un moment de bascule, une prise de conscience, un changement de trajectoire. Il n’y a rien de spectaculaire dans les événements, mais il y a tout de spectaculaire dans le fond de l’âme de l’auteur, et par son truchement, de celle des lecteurs. Graphiquement, les planches sont aussi simples que somptueuses. D’ailleurs, ne dit-on pas que la difficulté est dans la simplicité ? Les canaux, les ruelles et les jardins de Venise sont envoûtants. Les bords de mer chauds d’Italie sont des invitations au voyage. Le point d’orgue est la série des cent-cinquante dessins au feutre de 8 cm sur 8, comme des polaroïds perdus à hauteur d’un enfant en Italie. 

    © Alfred – Delcourt

    Les jardins invisibles sont ceux du cœur. Avec émotion, nostalgie et générosité, Alfred partage sa fusion avec l’Italie, ainsi que celle avec sa fille. Il démontre l’importance de l’enfance, de ses racines et des branches que l’on fait pousser qui deviendront des arbres sur lesquels on pourra s’appuyer. Encore un livre majeur dans la bibliographie d’Alfred.


    Titre : Les jardins invisibles

    Genre : Biopic

    Scénario, Dessins & Couleurs : Alfred

    Éditeur : Delcourt

    Collection : Shampooing

    ISBN : 9782413088806

    Nombre de pages : 160

    Prix : 15,95 € 


  • Chi – Une vie de chat en France
    par Laurent Lafourcade

    Des moustaches à Paris

    Ecouter
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    « -C’est magnifique !… Allez…

    -Tout va bien, ma chérie ?!

    -C’est parti pour notre nouvelle vie !

    -Ouiiiiiiii ! »

    Une famille japonaise a quitté son pays du Soleil Levant pour une destination incroyable. La famille de la petite chatte Chi est venue habiter en France, à Paris même. Il est vrai que par la fenêtre du vasistas que l’on arrive à peine à atteindre sur des cartons de déménagement, on ne voit pas grand-chose. Alors, une petite balade en ville, ce n’est pas de refus pour découvrir les lieux. Chi est déboussolée par les nouvelles odeurs. Ses maîtres sont émerveillés par la Tour Eiffel, le musée d’Orsay, le pont Alexandre III… et la vitrine d’une boulangerie où pains et viennoiseries leur font de l’œil. Après une bien belle journée, Chi est de retour dans son appartement. En parvenant enfin à se hisser suffisamment haut, elle découvre enchantée les toits de Paris qui commencent à s’illuminer dans la nuit qui tombe.

    © Kanata, Bouvier – Glénat

    Déménager, changer d’habitudes de vie, de fréquentations, ce n’est pas évident pour tout le monde. Il faut poser ses marques petit à petit. A deux pattes, ce n’est pas toujours facile, alors imaginez à quatre, surtout quand les autres vont au travail ou partent se promener et que l’on reste seul dans l’appartement. M’enfin, ça va être l’occasion pour Chi de faire la connaissance d’un autre chat du voisinage.

    Quand il sort, Chi est en laisse, comme un chien… Quelle horreur ! Ceci dit, c’est toujours mieux que de rester enfermer. Toujours est-il que la famille va rapidement se trouver à l’étroit dans les lieux et va chercher à migrer vers un pavillon de banlieue. Avoir son petit jardin, ce ne serait pas mal pour tout le monde, non ?

    © Kanata, Bouvier – Glénat

    La mangaka Konami Kanata retrouve ses héros, Chi et la famille de Yohei, en France. Pour l’occasion, elle s’est contentée du scénario et a confié les dessins à Catherine Bouvier qui se glisse avec minutie dans ses chaussons. Un cahier bonus nous apprend comment elles ont travaillé ensemble. Nouveaux personnages, scènes coupées, story-board, corrections, encrage et colorisation : le processus de création ne garde aucun secret. Comme d’habitude, l’histoire est 100 % kawaï. Chi une vie de chat est une véritable bouffée d’oxygène dans le monde de brutes dans lequel nous vivons. Hey, les gamins, laissez un peu tomber Mortelle Adèle, elle est d’accord pour partager, et lisez Chi !

    © Kanata, Bouvier – Glénat

    Depuis les Aristochats, on n’avait plus vu de telles moustaches dans Paris. Mais quel bonheur de retrouver Chi après tant d’années d’absence, et qui plus est dans un nouvel univers qui ouvre la porte à de nouvelles aventures. Mais quel malheur que ce manga soit si fin !


    Série : Chi

    Tome : Une vie de chat en France

    Genre : Mignonnerie

    Scénario : Konami Kanata

    Dessins & Couleurs : Catherine Bouvier

    Éditeur : Glénat

    ISBN : 9782344044681

    Nombre de pages : 64

    Prix : 9,50 € 


  • Red 2 – Le médaillon d’Eden
    par Laurent Lafourcade

    Petit prince incognito

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    « -Bonjour Sire !

    -Bonjour Barnum. Oh ! Je te dérange en pleine activité je vois !

    -Certes ! Je préparais le goûter de Red… Je veux dire de sa Majesté Réginald-Edouard.

    -Ça doit de changer de la vie au palais ! Dis-moi Barnum, des nouvelles à propos de cette histoire de médaillon perdu puis retrouvé ?

    -Je suppose que quelqu’un nous a vus sur la plage et nous l’a renvoyé. Cette personne préfère garder l’anonymat pour je ne sais quelle raison ! »

    Futur héritier du royaume de Terrelande, le petit prince Reginald-Edouard, alias Red, est envoyé incognito en Pilanésie pour vivre une année scolaire d’enfant ordinaire et anonyme au milieu des autres. Le roi Coriandre, son père, ne l’a pas laissé partir seul. Barnum, un grand colosse, est chargé de veiller sur lui. Red ne supportait plus la solitude de la cour. Habitant seul avec son père veuf, il avait grandement besoin d’élargir son horizon. Pas question pour lui de dévoiler son identité. Il y a juste un petit hic. Lors d’une sortie sur la plage, il a perdu un médaillon. En soi, ce n’est pas si dramatique que cela. Ce qu’il y a de plus embêtant en réalité c’est qu’un individu mystérieux l’a récupéré et lui a renvoyé à son domicile provisoire pour l’année. Quelqu’un saurait-il donc qui il est ?

    © Dalena, Falzar, Ferrari – La Gouttière

    Pas de quoi s’affoler pour l’instant. Afin de faire comme les autres enfants de Pilanésie, Red invite toute la classe à la maison. Pour Barnum, qui est censé ici être son père, c’est hors de question. Mais quand Madame Solena, l’enseignante, va le remercier pour l’invitation, il ne va plus pouvoir refuser. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il prépare la fête. Recevoir du monde chez soi n’est pas le meilleur moyen pour rester discret. Parallèlement, Red va découvrir comment ses parents se sont rencontrés et se sont unis malgré l’opposition de son grand-père, puis il apprendra comment sa mère a disparu. Des indices troublants vont rapidement venir remettre en question la version officielle des faits.

    © Dalena, Falzar, Ferrari – La Gouttière

    Antonello Dalena et Falzar, rodés sur la série Grandir avec les Schtroumpfs, se retrouvent pour un triptyque original dont voici le deuxième épisode. L’histoire pourrait s’inscrire dans la plus pure tradition des contes modernes. Dans un univers extra-terrestre, on y retrouve les poncifs des grands films de la meilleure époque Disney : un royaume, la famille, une maman qui n’a pas été là pour aider son fils à grandir, un mystère, ou plutôt un secret sciemment caché,… Red ne peut pas ne pas plaire aux jeunes lecteurs. Les couleurs violacées d’Annalisa Ferrari donnent une dimension dépaysante à cette histoire qui est la quête initiatique d’un jeune noble qui est en soi un garçon (presque) comme les autres.

    © Dalena, Falzar, Ferrari – La Gouttière

    Deuxième volet de Red, ce Médaillon d’Eden installe les personnages dans une intrigue mystérieuse. Comme Harry Potter, Red est une histoire de relations parents/enfant avec les énigmes gravitant autour. Déjà addictif… Pourvu que l’univers se développe au-delà du troisième tome.


    Série : Red

    Tome : 2 – Le médaillon d’Eden

    Genre : Aventure

    Scénario : Falzar

    Dessins : Antonello Dalena

    Couleurs : Annalisa Ferrari

    Éditeur : La Gouttière

    ISBN : 9782357961234

    Nombre de pages : 32

    Prix : 11,70 €


  • Le regard invisible 2 – Le gardien de la montagne
    par Laurent Lafourcade

    Retour au Mont Maudit

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    « -Bienvenue à l’auberge du chamois, jeunes gens !

    -Entrez, entrez ! Mettez-vous à l’aise. Vous avez fait bon voyage ?

    -Heu… Oui, merci.

    -Nous avons réserv…

    -Je sais, je sais, ne vous en faites pas. A cette période de l’année, il n’y a pas grand monde A vrai dire, vous êtes les seuls. Je vous donne les clefs de vos chambres tout de suite ! Remarquez, même à la haute saison, c’est plutôt calme, par ici. Hi ! Hi ! Hi ! »

    Les Oussards, ultime village avant la haute-montagne, un hameau accroché au flan des sommets séparant la Savoie française du Val d’Aoste italien. Livia, Emma, Yanis, Océane et Alessio débarquent à l’auberge du chamois. La propriétaire leur donne les clefs de leurs chambres. En cette saison, il n’y a pas grand monde. Ils sont mêmes les seuls clients. Les jeunes gens cherchent à déterminer qui leur a envoyé ces lettres anonymes avec des dessins de créatures folkloriques. Que s’est-il passé quand ils étaient sur les lieux il y a sept ans ? Une postière du village voisin les met sur la voie d’un individu tatoué. Il y a bien eu un salon de tatouage en ville, mais il est à l’abandon. En forçant la porte, ils découvrent qu’il doit bien y avoir un rapport avec leur corbeau.

    © Gwenaël, Carrère, Ferrari, Gonzalbo – Soleil

    Des symboles magiques, des créatures légendaires issues d’anciennes croyances, ce folklore est une réalité pour certaines personnes dans ces montagnes. La tenancière de l’hôtel invite le groupe à rencontrer le spécialiste des légendes locales dans son cabinet de curiosités à la sortie du bourg. L’homme va leur raconter qu’il y a bien longtemps, Saint-Bernard était parvenu à chasser les diables des cols menant à la vallée d’Aoste. Les démons s’étaient juste retirés sur le Mont Maudit d’où ils descendaient régulièrement pour y célébrer leurs sarabandes infernales, des sabbats où se joignaient sorcières, sorciers et esprits malfaisants, avant qu’un ecclésiastique ne parvienne à les repousser. Pourtant, aujourd’hui encore, certaines nuits, d’étranges phénomènes se produisent. Le récit perturbe particulièrement Alessio dont les dessins étaient visionnaires. Persuadé que le démon l’appelle, il veut aller au Mont Maudit. Pas question qu’il y aille seul.

    © Gwenaël, Carrère, Ferrari, Gonzalbo – Soleil

    Second épisode du Regard invisible, Le gardien de la montagne sème le trouble entre fantastique et réalité. A la manière d’un Maxime Chattam ou Jean-Christophe Grangé, Gwenaël et Serge Carrère surfent sur le surnaturel sans laisser le lecteur prendre une décision. Le suspense monte crescendo en même temps que les légendes intègrent le plausible. Elisa Ferrari accentue la tension avec les attitudes de ses personnages, notamment Alessio qui est, on s’en doutait, véritablement le pivot de l’intrigue. Les scènes ésotériques sont appuyées par les couleurs inquiétantes d’Alex Gonzalbo.

    © Gwenaël, Carrère, Ferrari, Gonzalbo – Soleil

    Comme un bon thriller offrant un agréable moment de lecture, sans être révolutionnaire, Le regard invisible est un diptyque efficace, avec une fin inattendue. A lire.


    Série : Le regard invisible

    Tome : 2 – Le gardien de la montagne

    Genre : Thriller/Polar

    Scénario : Gwenaël & Serge Carrère

    Dessins : Elisa Ferrari

    Couleurs : Alex Gonzalbo

    Éditeur : Soleil

    ISBN : 9782302102422

    Nombre de pages : 48

    Prix : 15,50 €


  • Ça va aller, mademoiselle
    par Laurent Lafourcade

    Vis ma vie en H.P.

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    « -Bonjour, c’est pour quoi ?

    -Euh… pour… euh… Pour de l’aide.

    -D’accord. Pour les urgences psychiatriques, c’est le couloir à gauche. Des infirmiers vont vous recevoir.

    -Ok.

    -Je vais prendre votre nom et votre carte vitale s’il vous plaît. »

    Blandine Denis est une jeune femme qui a besoin d’aide. Elle est admise aux urgences psychiatriques de l’hôpital. Des infirmiers vont la recevoir. Elle a pris des substances. Elle a 9 de tension. Elle est artiste de bande dessinée. Si elle est là, c’est parce qu’elle a des obsessions et des pensées intrusives qui grandissent dans sa tête. Au fil des jours, elles se font de plus en plus bruyantes et deviennent insupportables. Elle lutte pour ne pas les écouter, mais elles sont très fortes et persuasives. Elles la culpabilisent et la dévalorisent. Ce sont des TOC, des troubles obsessionnels compulsifs. Une psychiatre lui propose une hospitalisation qu’elle accepte. A 19 h, une gentille infirmière lui montre la chambre qu’elle va partager avec Assia, qui vient aussi tout juste d’arriver. Blandine va nous raconter son séjour, au fil des jours et de ses démons.

    © Denis – Lapin

    Les horaires sont stricts. On mange comme les poules. Les affaires personnelles sont auscultées afin qu’il ne reste rien de dangereux. Pas de lacet, pas de rasoir, ni même de téléphone et de chargeur. On n’a droit à son portable que cinq minutes par jour. L’ensemble des effets personnels est inventorié. Blandine est affublée du pyjama de rigueur et reçoit une dose de cheval de médocs. Les sédatifs font leur effet. Elle s’endort dans ce qu’elle appelle « la maison des fous ». De jour en jour, les autres patients lui partagent leurs traumas. Elle réclame aux soignants les outils pour aller mieux. Le temps s’étire. Elle s’ennuie. Elle dort. Elle subit les effets secondaires des médicaments : des décharges, des tremblements, une agitation incontrôlable,…

    Chaque patient porte une histoire, un vécu. Certains semblent de bonne humeur. D’autres portent un chagrin immense. Chez certains, ça déborde, comme Michel qui tremble tellement qu’il ne parvient pas à manger son yaourt. Ce sont des enfants blessés qui ont besoin d’être pris par la main, à qui il faut réapprendre à vivre doucement. Tercian, lithium, abilify, paroxétine, sertraline, xanax, aprazolam, fluoxétine, aripiprazole,… : chacun son traitement, quand on ne passe pas de l’un à l’autre afin de trouver le bon.

    © Denis – Lapin

    Blandine se demande où elle en est par rapport aux autres. Comment en est-elle arrivée là ? Va-t-elle s’en sortir ? Est-elle malade ? L’autrice est en errance médicale depuis des années. Elle a rencontré des tas de thérapeutes qui lui ont tous diagnostiqué des pathologies différentes. Alors, autiste ? bipolaire ? HPI ? dépressive ? hypersensible ? borderline ?

    Avec émotion et pudeur, Blandine Denis livre un témoignage inestimable. Une mauvaise rencontre, un mauvais choix, un hasard malheureux, personne n’est à l’abri de se retrouver dans sa situation. Il faut apprendre à vivre avec. Ça peut être long, c’est long, ce sera long. C’est pour ça que dès qu’elle est admise dans l’HP un infirmier lui dit : « Ça va aller, mademoiselle. » Certains auront la patience d’attendre l’hypothétique guérison, d’autres non, comme ma fille Katrina, ma chérie, qui est partie en août 2022, à 18 ans, après près de deux ans de souffrance, d’hospitalisations peu efficaces, d’abandon d’accompagnement par un médecin soi-disant réputé, peut-être parce que le cas était trop complexe pour lui. Dans ces mois sombres, certains soignants ont quand même tenté de tout donner pour l’aider… en vain. Des dizaines de scènes de cet album, elle les a vécues. J’aurais tellement aimé qu’elle puisse le lire pour prendre conscience qu’elle n’était pas toute seule.

    © Denis – Lapin

                    Ce journal intime est une immersion poignante et instructive sur la vie des patients d’hôpitaux psychiatriques. Il est temps que leurs troubles cessent d’être tabous. Ce ne sont pas des fous. Ceux qui s’interrogeaient n’auront plus de doute après avoir lu ce livre qui leur apprendra qui ils sont.

    A tous ceux qui souffrent de troubles psychiques, à tous ceux qui ont dans leur entourage quelqu’un dans cette peine, la lecture de « Ça va aller, mademoiselle » vous donnera la force d’avancer, non pas vers la lumière totale, Blandine Denis ne nous ment pas dans la conclusion, mais vers de belles éclaircies de plus en plus fréquentes et longues. Et habillez-vous en couleur, ça aide à les faire entrer à l’intérieur.


    Titre : Ça va aller, mademoiselle

    Genre : Tranche de vie

    Scénario, Dessins & Couleurs : Blandine Denis

    Éditeur : Lapin

    Collection : Causes en corps

    ISBN : 9782377541928

    Nombre de pages : 176

    Prix : 21 € 


  • Natacha 24 – Chanson d’Avril
    par Laurent Lafourcade

    Pas de doute, Walthéry, c’est le patron !

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    « -Ça vous intéresse de savoir ce que nos grands-parents ont encore vécu à la fin de leur retour vers l’Europe quand ils ont quitté la Nouvelle-Calédonie ?…

    -Hein ?!! Ah bon !?! Je croyais qu’ils étaient rentrés sans histoires… Que c’était fini !…

    -Oh non ! Non ! Pas du tout ! Eh bien vous allez voir ! Ecoutez, c’est étonnant ! »

    Alors que le vol SN.Bardaf 614 survole l’Atlantique Nord en direction de l’Europe, à son bord, Walter, stewart de son état, s’occupe en lisant un livre de citations puis une revue de potins de stars. Natacha, elle, a d’autres lectures en cours, notamment le journal de sa grand-mère, accompagnée du grand-père de Walter et de la jeune Chacha, qui, quelques années auparavant, quittaient la Nouvelle-Calédonie pour rentrer dans leur pays, à bord du voilier « L’épervier bleu ». Leur frêle embarcation croise en pleine nuit la route d’un vapeur stoppé. Ils montent à bord et trouvent plusieurs personnes inanimées, jusqu’à ce qu’un membre d’équipage, le second du navire, les prenne pour des passagers clandestins. Petit à petit, tout le monde se réveille. Pendant leur sommeil, ils ont été dévalisés et le coffre-fort du bateau a été dynamité. Quel est donc ce mystère ? Le trio est suspecté d’être à l’origine du forfait.

    © Walthéry, Sirius, Usagi – Dupuis

    Tante Nana, comme l’appelle Chacha, et ses compagnons d’infortune n’en sont pas au bout de leurs surprises. Une fois à terre, après une nuit au poste, ils sont rapidement relâchés faute de preuves. Les ennuis ne vont pas tarder à recommencer lorsque, le soir, ils vont assister à une rixe sur le port. Natacha va rapidement faire le rapprochement avec le bateau « endormi ». Les malfrats s’apprêtent à reproduire la même opération sur un autre navire. Le trio va embarquer à bord, avec des masques à gaz dans leurs bagages, afin de déjouer l’opération. Ça ne va pas être si simple parce qu’ils vont devoir infiltrer le gang. Ils n’imaginent pas où ils vont se retrouver.

    Troisième épisode de la trilogie inaugurée par « L’épervier bleu », « Chanson d’Avril » peut se lire indépendamment des deux précédents. François Walthéry poursuit l’adaptation du scénario que le trop méconnu Sirius avait écrit pour son héros baraqué L’épervier bleu. Pour replacer l’histoire dans son contexte, Walthéry fait à nouveau appel aux grands-parents de ses héros. Le récit est dynamique, enlevé. On est de nouveau dans l’âge d’or de la BD franco-belge, avec un bon méchant bien mégalo comme il faut. On a de nouveau quatorze ans (même si j’ai eu quatorze ans plus tard que le moment où j’ai découvert Natacha). Pour autant, on n’est pas dans de la BD à papa. On est dans de l’intemporel. Et ça, c’est merveilleux. Il n’y a que des artistes comme Walthéry qui parviennent à faire perdurer la magie. Si certaines séries sentent la naphtaline, Natacha fait montre d’une forme exceptionnelle. Pour la première fois, Usagi est aux couleurs, en restant dans la continuité de l’ambiance de la série.

    © Walthéry, Sirius, Usagi – Dupuis

    Parallèlement à la sortie de l’album, la série est adaptée au cinéma par Noémie Saglio et Laurent Turner. Camille Lou tient le rôle-titre de Natacha (presque) hôtesse de l’air, qui sort le 2 avril. Vincent Dedienne joue Walter. Dans les seconds rôles, on retrouve Didier Bourdon, Elsa Zylberstein, Fabrice Lucchini et Isabelle Adjani. Excusez du peu. Natacha et Walter tentent de retrouver la Joconde qui a été volée, clin d’œil au tome 7 de la série : « L’hôtesse et Monna Lisa ».

    https://youtu.be/0duehCR7q1M?si=m9R-lnVqiWVOROap

    Revenons à l’album. « Chanson d’avril » est le nom d’un révolver offert à Natacha par Eric et Larsen, deux vieux amis, celui que l’on appelait l’épervier bleu (avant que ce ne soit un bateau) et son complice d’aventures. Le titre est le plus bel hommage qu’un artiste, François Walthéry, puisse rendre à un autre, Max Mayeu, alias Sirius, car il fait partie de la grande histoire de la bande dessinée.

    © Walthéry, Sirius, Usagi – Dupuis

    Walthéry a encore plusieurs scénarios sous le coude. S’il faut attendre si longtemps entre chaque album de Natacha pour qu’ils soient de si bonne qualité, ça vaut vraiment le coup. C’est comme ça que l’on est et que l’on reste culte.


    Série : Natacha

    Tome : 24 – Chanson d’Avril

    Genre : Aventure

    Scénario : Sirius & François Walthéry

    Dessins : François Walthéry

    Couleurs : Usagi

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9791034757442

    Nombre de pages : 56

    Prix : 12,95 € 


  • Confessions d’un amateur de bande dessinée belge
    par Laurent Lafourcade

    Mes idoles de lectures

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    « J’avais demandé à mamie de m’offrir pour les étrennes un album illustré et elle m’avait autorisé à en choisir un parmi ceux qui nous seraient présentés. L’une des vendeuses ouvrit un grand tiroir où je vis en effet des albums, bien sûr des Tintin et peut-être aussi des Walt Disney ou des Nic et Mino qui ne m’intéressaient pas. Mon regard fut d’emblée attiré par une couverture où figurait un personnage barbu qui tenait une lanterne et affrontait un vol de chauves-souris au cœur d’une sorte de caverne aux parois couvertes de signes mystérieux. » (François Rivière)

    François Rivière n’a pas dix ans lorsqu’il reçoit pour Noël de la part de sa grand-mère le premier tome du Mystère de la Grande Pyramide, une aventure de Blake et Mortimer signée par un certain Edgar P. Jacobs. Avec son copain Georges, il s’imagine dans la peau du Professeur Mortimer pendant que son camarade se mue en Capitaine Blake. Les « By jove ! » et les « Damned ! » deviennent les leurs. François se baigne ensuite dans les albums de Jacques Martin, par le biais de L’île maudite, troisième aventure d’Alix, puis rencontre les personnages de Willy Vandersteen Bob et Bobette dans le désormais mythique Fantôme espagnol. Il connaît encore peu Tintin dont il n’a lu que deux aventures Les 7 boules de cristal et sa suite Le temple du soleil.

    © Rivière – Les impressions nouvelles

    Son éducation chrétienne l’ayant tenu à l’écart de l’école de Marcinelle, c’est plus tard qu’il tombe sur l’hebdomadaire Spirou. Ce n’est qu’au lycée, grâce à deux frères abonnés au journal, qu’il découvre le Marsupilami et Gil Jourdan. La bibliothèque fournie de la fratrie lui mit aussi dans les mains les romans Marabout de Bob Morane, signés Henri Vernes. Au fil des mois, François va de surprise en surprise, en découvrant le monde de Macherot avec Chlorophylle et celui de François Craenhals avec Pom et Teddy. Ayant failli mourir de péritonite aiguë et d’occlusions intestinales, le futur écrivain dévore dans sa convalescence les vieux livres du grenier de sa grand-mère comme Le silence du Colonel Bramble, d’André Maurois, auteur dont il deviendra inconditionnel.

    © Rivière – Les impressions nouvelles

    La vie de François Rivière va prendre un tournant le jour où il écrit à Jacobs, lui témoignant toute son admiration. Plus tard, il sera reçu chez l’artiste, au Bois des Pauvres. François Rivière va rencontrer Alain Saint-Ogan, Jacques Martin et Hergé, avec le privilège d’un thé partagé avec ses collaborateurs aux studios du maître. François Rivière entrera dans le monde de la bande dessinée en collaborant à la première version des inoubliables Cahiers de la BD dont chaque numéro décortiquait l’œuvre d’un auteur de bande dessinée après un entretien fleuve. Le roman se termine au décès de Hergé.

    © Rivière – Les impressions nouvelles

    A la différence de nombreuses autobiographies, celle de François Rivière a ceci de particulier qu’elle est rédigée par un grand écrivain, lui-même, avec un vrai style littéraire, très travaillé et fort agréable à lire. On attend à présent que le biographe d’Agatha Christie nous raconte sa vie de scénariste de bande dessinée dans un second tome.


    Titre : Confessions d’un amateur de bande dessinée belge

    Genre : Autobiographie

    Auteur : François Rivière

    Illustrations : Hubert Van Rie

    Éditeur : Les impressions nouvelles

    ISBN : 9782390701903

    Nombre de pages : 128

    Prix : 16 €


  • Jeux de classe
    par Laurent Lafourcade

    Une brève histoire de l’égalité

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     « -C’est bon, chaque élève est bien devant son prof principal, avec sa classe ? La 5e A, on est au complet, là ?

    -Euh, la 5e B, un peu de silence s’il vous plaît !

    -…et la 5e C, faites du bruit !

    -Pour rappel, cette course d’orientation n’est pas une compétition. L’objectif, c’est de favoriser la curiosité.

    -De respecter les règles, aussi.

    -Et d’encourager l’entraide ! »

                    Pour démarrer l’année scolaire, le collège Gisèle Halimi a organisé pour l’ensemble des classes de 5e une course d’orientation dans un parc de la ville. Le but n’est pas de gagner, mais de coopérer. Favoriser la curiosité, respecter les règles et surtout, surtout, encourager l’entraide. Après la victoire d’Enzo et Olympe, les profs annoncent aux élèves qu’un projet pédagogique spécifique les accompagnera toute l’année. A l’initiative de la mairesse, toutes les classes de 5e de la ville mèneront une action écologique encadrée par leur prof principal. En mai, la première magistrate viendra décerner un prix au meilleur projet citoyen, avec un voyage surprise à la clef ! Alba, Saël, Olympe, Enzo et Rémi comptent bien être au cœur de l’action.

    © Vijous, Scheibling – Seuil jeunesse BD

                    Saël a 11 ans. Sa mère est comptable, son père est technicien informatique. A travers son journal intime, on va suivre son année et celle de ses camarades de deuxième année de collège. Avec eux, on va quitter l’enfance pour découvrir la vie de citoyen, citoyen de sa classe, de son quartier, de sa ville et du monde. Il y aura les élections des délégués de classe, avec un compromis particulier. On va aller voir des maraîchers qui gèrent une ferme avec des personnes en réinsertion. On découvrira que tout n’est pas réalisable, aussi beau soit le projet, comme le refus du budget pour fabriquer des équipements sportifs écoresponsables. On va aussi vivre des succès en pensant écologique et social comme la vente des paniers bio. En parallèle, les vies privées des enfants évoluent, comme l’histoire de la vie.

    © Vijous, Scheibling – Seuil jeunesse BD

                    Les auteurs adaptent librement le livre Une brève histoire de l’égalité de l’économiste Thomas Piketty, explicitant et vulgarisant le sujet de la redistribution des richesses. Professeur d’histoire-géographie en collège, Julie Scheibling sensibilise les jeunes aux réalités économiques et aux impacts sur la vie privée de chacun, leur démontrant que tout le monde, à son échelle, peut agir. Plus de dix ans après sa première incursion avec Eugène, l’illustrateur Quentin Vijoux revient dans la bande dessinée. Dans un graphisme sobre, avec des décors minimalistes, le dessinateur laisse le propos au premier plan.

    © Vijous, Scheibling – Seuil jeunesse BD

                    Le collège d’aujourd’hui n’est plus un lieu où l’on est assis, passif, à écouter, ou pas, des cours rébarbatifs. Le collège d’aujourd’hui a la lourde tâche de former le citoyen, car les élèves sont à un âge charnière. Jeux de classes est un livre agitateur de consciences, le genre d’album qui fait qu’on n’est plus vraiment le même après l’avoir lu, car il explique que l’on peut, ne pas subir la société, mais en être acteur.


    Titre : Jeux de classe

    Genre : Social

    Scénario : Julie Scheibling

    Dessins & Couleurs : Quentin Vijoux

    D’après : Thomas Piketty

    Éditeur : Seuil jeunesse BD

    ISBN : 9791023520279

    Nombre de pages : 144

    Prix : 13,50 €


  • Carcoma
    par Laurent Lafourcade

    La ballade des âmes salées

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    « -Le cap, Capitaine ?

    -Voyons voir… Le Sud… Pourquoi pas ? Mes frères ! Le serment !

    -Sans plus jamais passer par aucun port, je vivrai et mourrai en mer. La terre, c’était hier. Et hier n’est plus. Je suis né du sel, et au sel je retournerai. Les algues pour tombeau. Et seules les mouettes me pleureront. »

    « Je suis né du sel, et au sel je retournerai. » Sur le Carcoma, le Capitaine et son équipage ont tous fait le même serment. Plus jamais, ils ne mettront pied sur la terre ferme. Aujourd’hui, Puce, une armoire à glace, hurle. Tique, son frère, a été emporté par la fièvre. Puce refuse de rendre son corps à l’océan. Il va devoir le faire. Il appartient aux vagues, comme tout un chacun sur ce bateau. Les mouettes le pleureront.

    En haut de la vigie, Sépia surveille l’horizon. Surveille ? Pas trop. Assoupie par l’alcool, la pirate ne voit pas que le navire se dirige vers des récifs. Il y a des dégâts. Il va falloir descendre pour les quelques réparations et la remise à flots. Avant de remonter à bord, Sépia récupère dans l’eau une forme lumineuse. Pas question de parler au capitaine de cette espèce de pieuvre-alien brillante. Personne ne sait ce que c’est, mais c’est beau.

    © Garrido – Dupuis

    Sépia va élever la bestiole comme si elle était sa mère. Elle la berce, la nourrit. La bête plonge dans la mer, revient. C’est une sorte de sirène que tout l’équipage prend d’affection. Dans la solitude de sa cabine, le capitaine boit et crache ses tripes noires devant le portrait d’une femme. Il n’est plus le même depuis qu’il a eu la malchance de découvrir ce qui se trouvait derrière l’horizon. Sépia aussi a son secret. Ce n’est pas innocent si elle a cette attitude avec la sirène dont le seul maître à bord ignore encore l’existence. Tout va dégénérer le jour où l’équipage va manifester son désir de rompre le serment pour regagner la terre. Le Capitaine n’est pas disposé à le parjurer.

    © Garrido – Dupuis

    Après le formidable triptyque Love, love, love avec Kid Toussaint, Andrés Garrido revient dans un one shot de pirates qui ne ressemble à aucun autre. Ici, pas de propos historique comme souvent, pas d’abordage ni de coups de canon. Nous sommes avec un équipage atypique d’écorchés vifs. Des fous, des assassins, des voleurs, des ivrognes, mais avant tout des êtres humains avec un passé déchiré. Carcoma est une histoire de deuil et de reconstruction, de solitude et de rédemption, et aussi de connexion avec soi-même et avec les autres. Andrés Garrido y place ses inquiétudes liées à la pandémie. Il y expose les difficultés pour rompre l’isolement et les tentatives pour s’accrocher dans l’obscurité d’une période dont on ne connaissait pas l’issue quand on la vivait. Graphiquement, c’est grandiose et pourtant, on n’est pas dans une finesse à la Patrice Pellerin ou François Bourgeon. Le trait de Garrido est fantastique dans tous les sens du terme, on pourrait dire merveilleux, mais un merveilleux aux frontières de la peur comme dans le final de La Belle au Bois Dormant version Disney. Les couleurs sépia sombre accentuent la noirceur de l’intrigue, illuminée par la sirène étincellante.

    © Garrido – Dupuis

    A quoi bon fuir un passé qui nous hante ? Avec une histoire dans un univers de piraterie, Andrés Garrido démontre qu’une échappatoire ne peut pas être une guérison. Le but est de prendre conscience de ses actes pour avancer. Carcoma est l’un des chocs de l’année. Indispensable.


    Titre : Carcoma

    Genre : Pirate/Fantastique

    Scénario, Dessins & Couleurs : Andrés Garrido

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9782808502856

    Nombre de pages : 176

    Prix : 27,95 € 


  • Zen sans maître
    par Laurent Lafourcade

    Un néerlandais au pays du soleil levant

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    « -Que diriez-vous d’une tasse de thé ?

    -Oh, avec grand plaisir !

    -Etes-vous un prêtre ?

    -Euh… En fait, non… »

                    Frenk est parti au Japon pour s’initier au bouddhisme. Entre apprentissage au zen et souvenirs de son enfance et adolescence, il prend conscience du tournant que prend sa vie en adoptant cette nouvelle philosophie. Les moines zen qui méditent ne bougent pas. Ils restent assis, immobiles, pour voir plus que ce que l’on nous a appris à voir. C’est ça que l’on appelle la lévitation. Porter des vêtements amples. Poser ses fesses sur le sol. S’asseoir en tailleur, le dos bien droit. Imaginer qu’on est soulevé doucement par un cheveu du crâne. Former un petit bol avec les mains. Ça y est, on est prêt. Les pensées parasites arrivent, c’est normal. Un jour, un beau jour, l’esprit cessera de divaguer. C’est ça, méditer. Frenk se mue en guide, guide spirituel, mais aussi guide bel et bien physique : les arts martiaux, les bentos, le thé, la pêche avec des cormorans, un séisme, la calligraphie. On est là-bas, avec lui.

    © Meeuwsen – Anspach

                    Si Frenk suit cette voie, ce n’est pas un hasard. A travers les flashbacks, il remonte le temps pour comprendre et faire comprendre au lecteur ce qui l’a amené, ce qui l’a guidé, jusqu’à cet abordage du zen. Tout commence à l’adolescence avec la découverte et la lecture dans la bibliothèque de son père des Jardins du zen, un essai sur le bouddhisme zen par Bert Schierbeek et cette question, une parmi tant d’autres, soulevée par l’auteur : Quel est le bruit d’une main qui applaudit seule ? Et puis, il y eut la rencontre avec la mort, d’abord celle de Panthère, la chatte noire de la maison et le rituel de son inhumation, puis celle d’un camarade de classe qu’il n’aimait pas particulièrement. Un jour, Frenk se fait raser la tête. Il ne savait pas encore qu’il se débarrassait de son ancien moi et disait adieu à son individualité physique.

    © Meeuwsen – Anspach

                    Cet album se mérite. Il faut quelques pages pour en comprendre le sens et en adopter le rythme. L’auteur néerlandais Frenk Meeuwsen partage son expérience de découverte de la philosophie orientale au Japon dans les années 90. Il a vécu à Kyoto, la ville des temples. Deuxième album publié chez Anspach après Année Zéro, Zen sans maître est en fait le premier qu’il a réalisé. A la base en noir et blanc, il a été colorisé à l’occasion de cette traduction en français, en deux tons, bleutés pour le passé au Pays-Bas, ocre pour le présent au Japon. Il compile cinquante-cinq instants de vie, comme des haïkus, pour une immersion introspective. On va croiser des personnages étonnants, comme Alain, un dandy philosophe hors du temps. Le livre est drôle, parfois, émouvant, souvent, et surtout, ça aide à comprendre le sens de la vie. L’auteur a trouvé le sens de la sienne. Avec générosité, il montre le chemin à qui voudrait le suivre.

    © Meeuwsen – Anspach

                    Avec un titre qui sonne comme un jeu de mots, 500 mètres, Zen sans maître, Frenk Meeuwsen nous invite à une course au sens de la vie dont il est un guide inestimable. Ceux qui n’ont jamais compris le principe de la méditation vont enfin en concevoir le but.


    Titre : Zen sans maître

    Genre : Philosophie

    Scénario, Dessins & Couleurs : Frenk Meeuwsen

    Éditeur : Anspach

    ISBN : 9782931105382

    Nombre de pages : 288

    Prix : 32 €


  • Le démon de mamie ou la sénescence enchantée
    par Laurent Lafourcade

    Mamie à tout prix

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    « -Eh oui, comme les copines, me voilà grand-mère ! 2 fois avec mon fils… Ma fille a décidé de ne pas se reproduire. Planète pourrie… Trop de monde sur Terre… Climat qui…

    -Et je préfère les filles !

    -Ça , ce n’est pas un argument, ma chérie ! »

    Comme ses copines, Noémie, soixante-dix printemps au compteur, est mamie, depuis quelques années déjà. Si sa fille n’a pas l’intention d’en avoir, son fils lui a déjà donné deux jolis petits enfants. Elle se souvient avec émotion de la naissance du premier et des conseils avisés de son fils et de sa belle-fille, comme si elle n’avait jamais été maman elle-même. Il faut dire que certaines techniques ont changé. De son temps, on faisait dormir les bébés sur le ventre. Maintenant, c’est sur le dos, pour éviter les MIN : morts inattendues du nourrisson. Il lui faut aussi un petit coussin spécial derrière la tête pour qu’il ne souffre pas de plagiocéphalie, le syndrome de la nuque plate. Ceci n’est qu’un exemple minime dans tout l’attirail que possède un jeune couple pour gérer son bébé. Noémie découvre comment tout a évolué depuis son époque.

    © Cestac – Dargaud

    Avoir un petit-enfant, c’est partager des moments de complicité : les repas à la becquée avec les mains qui patouillent dans l’assiette, les sourires, les premiers pas, les siestes ensemble, les cubes et les petites voitures, faire des gâteaux et de la peinture, aller au spectacle et à la plage. Quand il y en a un deuxième, c’est un petit peu plus compliqué, mais Noémie y parvient quand même. Les accidents de tuyauterie, le bazar lors des toujours longs pour eux voyages en train, les réflexions tout fort dans les files d’attente (« Il attend un bébé, le monsieur ? »), ce sont autant d’instants inoubliables qu’on se remémore plus tard en souriant en famille.

    © Cestac – Dargaud

    Dans la vie de Noémie, il n’y a pas que les petits-enfants. Il y a aussi le couple, les petits bobos, la gym, les sorties touristiques de « la ménopause en vadrouille », le bridge, les ateliers artistiques, le bénévolat…  et la sexualité. Noémie finit en racontant avec émotion la façon dont elle voudrait mourir. Entre Noémie et Florence Cestac, il n’y a qu’un pas. Nul doute que la dessinatrice a mis beaucoup d’elle-même dans son avatar. Après Le démon de midi, celui de l’après-midi et celui du soir, celui de mamie est le quatrième épisode de la vie de ce double de papier. Cestac n’a aucun tabou. L’album est empreint de sincérité.

    © Cestac – Dargaud

    Si Noémie tire sa révérence avec ce dernier épisode, Florence Cestac a plein de projets en tête parmi lesquels un bouquin sur la cuisine avec un de ses amis d’enfance qui en a fait son métier. En attendant, celles qui sont mamies se retrouveront dans cette sénescence enchantée et les autres apprendront à les connaître… ou les reconnaître.


    One shot : Le démon de mamie ou la sénescence enchantée

    Genre : Humour

    Scénario, Dessins & Couleurs : Florence Cestac

    Éditeur : Dargaud

    ISBN : 9782205212280

    Nombre de pages : 64

    Prix : 15,95 €


  • Marsupilami 34 – Marsu Club
    par Laurent Lafourcade

    Avis de recherche

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     « -Roux comment ?

    -Foncé avec des nuances rouges comme le Ron Prohibido… ou plus ambré avec des reflets acajou comme le Zacapa Royal ? Faut être précis si vous voulez aider la police.

    -Roux. Comme sa tante. »

                    Avec George, Diane écume la ville de Chiquito afin de retrouver son neveu Hector. Le bar-commissariat prend toutes les infos concernant sa disparition. Les gens de la rue seront certainement d’une plus grande aide… s’ils l’ont aperçu. Il faut dire que les kidnappings contre rançon sont légion. Des affiches parsèment la ville de photos de gamins enlevés. (Il y a même Benoît Brisefer qu’on aimerait bien revoir.) Ce que Diane ne sait pas, c’est que pour Hector, ce n’est pas le même problème. L’enfant a été transformé en Marsupilami par le sorcier Chahutas Touhtankilosé. Mais a-t-il vraiment envie de redevenir humain ? Qu’est-ce qui pourrait bien le faire changer d’avis ?

    © Batem, Colman, Cerise – Dupuis

                    Trois ans et demi après SuperMarsu, la première partie de cette aventure, on va enfin découvrir ce qu’il est advenu de Hector, métamorphosé en Marsupilami. Alors que le financement de ses recherches a été stoppé et qu’ils doivent repartir à Londres, Diane ne se voit pas quitter le pays sans son neveu. Pendant ce temps, le gamin, dans la peau d’un Marsu, apprend à vivre en communauté au milieu des autres individus de l’espèce. Toutes les règles ne sont pas évidentes à accepter. En particulier, deux mâles adultes ne peuvent pas cohabiter sur le même territoire. Il va devoir fonder une famille, ce qui va lui valoir une démonstration de séance de séduction par un marsupilami de haute volée.

    © Batem, Colman, Cerise – Dupuis

                    Une page se tourne avec ce trente-quatrième volume du Marsupilami, parce que c’est le seizième et dernier scénario de Stéphane Colman. Un nouveau cycle va s’ouvrir avec de nouveaux scénaristes. Il y a peu de chances également que Diane et Hector soient de la partie pour la suite, à moins d’un retournement de situation. Cet au revoir est en tout cas émouvant et dynamique. Les recherches en ville alternent avec les scènes quasi-muettes dans la jungle. Les amateurs de Marsu dans son milieu naturel sont servis. Batem est en grande forme. Il avait réalisé un album de strips du personnage entre les tomes 33 et 34 mais, indéniablement, la bête est mieux servie dans les longs métrages.

    © Batem, Colman, Cerise – Dupuis

                    Bienvenue au MarsuClub ! On achète sans problème une carte de membre permanent.


    Série : Marsupilami

    Tome : 34 – Marsu Club

    Genre : Aventure exotique

    Scénario : Colman

    Dessins : Batem

    Couleurs : Cerise

    D’après : Franquin

    Éditeur : Dupuis

    ISBN : 9791034766314

    Nombre de pages : 56

    Prix : 13,50 €


  • Kaïju n°8 Side B 1 / Kaïju n°8   13
    par Laurent Lafourcade

    Entre Naruto et Goldorak

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    « -Monsieur Hoshina ! Nous sommes l’équipe de Tokyo TV ! C’est nous qui réalisons le reportage sur les nouvelles recrues de la 3e unité !

    -Comment se passe le tournage ?

    -Très bien, nous avons la chance que tout le monde soit très coopératif ! D’ailleurs accepteriez-vous de répondre à quelques questions ? » 

    Une équipe de télévision réalise un reportage sur les nouvelles recrues de la troisième unité. Sôshiro Hoshina répond à leurs questions et se félicite de la promotion de cette année. Quand le journaliste l’interroge sur la sélection dans le groupe de Kafka Hibino, Hoshina s’en sort par une pirouette. Les aptitudes au combat ne sont pas le seul critère. Kafka a été choisi pour son potentiel comique. Le vice-commandant invite ensuite les journalistes à le suivre pour assister à un entraînement de Kendo dans le Dojo. Kikoru Shinomiya lui propose un combat. Tout cela rappelle à Hoshina son apprentissage au sein de forces de défense, sous le commandement de Mina Ashiro.

    KAIJU 8 GO Side B © 2023 by Naoya Matsumoto, Keiji Ando, Kentaro Hidano All rights reserved
    © Matsumoto, Ando, Hidano – Crunchyroll

    En parallèle au lancement de ce spin-off de Kaïju n°8, estampillé Side B, paraît le treizième tome de la série-mère. On y retrouve les forces de défense en bien mauvaise posture face au Kaïju n°9. Une meute de Kaïjus engage une attaque simultanée. Les dégâts s’amplifient très rapidement. Aujourd’hui, le numéro 9 est déterminé à s’emparer de Tokyo pour en faire sa base opérationnelle afin de conquérir le Japon tout entier. Il tient Mina Ashiro et tente de l’absorber pour conférer ses capacités à ses créations et mettre l’humanité à sa merci. Pour lutter contre lui, Kafka est confronté à un dilemme : aller au front, ou sauver les humains en proies aux Kaïjus ?

    KAIJU 8 GO © 2020 by Naoya Matsumoto All rights reserved
    © Matsumoto – Crunchyroll

    Double dose de Kaïjus chez Crunchyroll. Dans Side B, Kentarô Hidano adapte le roman « Immersion dans la 3e unité ! », de Naoya Matsumoto et Keiji Andô. On y assiste en flashback aux premiers pas de Sôshiro Hoshina dans des combats au sabre. On le verra sauver un enfant de l’intérieur… Si, si… de l’intérieur.

    KAIJU 8 GO Side B © 2023 by Naoya Matsumoto, Keiji Ando, Kentaro Hidano All rights reserved
    © Matsumoto, Ando, Hidano – Crunchyroll

    Dans la série dite « classique », le secteur de Kasumigaseki est à feu et à sang face à une meute de méga-Kaïju. Mina Ashiro n’a jamais été en aussi mauvaise posture. Au niveau graphique Hidano et Matsumoto sont de la même école. Sans s’y pencher en détails, le profane ne remarquera même pas que les deux séries sont dessinés par deux mangakas différents.

    KAIJU 8 GO © 2020 by Naoya Matsumoto All rights reserved
    © Matsumoto – Crunchyroll

    Kaïju n°8 est un univers puissant. Réunissant les concepts initiatiques de Naruto et combattifs de Goldorak, c’est la licence à suivre. Elle deviendra sans nul doute une référence dans le futur.



    Série : Kaïju n°8 Side B

    Tome : 1

    Genre : Shonen

    Scénario & Dessins : Kentarô Hidano

    D’après : Naoya Matsumoto & Keiji Andô

    Éditeur : Crunchyroll

    ISBN : 9782820351791

    Nombre de pages : 192

    Prix : 6,99 €


    Série : Kaïju n°8

    Tome : 13

    Genre : Shonen

    Scénario & Dessins : Naoya Matsumoto

    Éditeur : Crunchyroll

    ISBN : 9782820348937

    Nombre de pages : 192

    Prix : 6,99 €


  • Boulevard Tintin – Tchang Tchong-Jen Artiste voyageur
    par Laurent Lafourcade

    L’homme derrière le Lotus

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    « C’était un homme très doux, très amical. Pendant huit mois et demi, je suis venu raconter la Chine à Hergé tous les dimanches. Il trouvait certaines de mes anecdotes très intéressantes. Nous faisions de grandes promenades à Bruxelles… Et nous sommes devenus amis… » (Tchang Tchong-Jen)

    « Moi, Tchang Tchong-Jen… Mais… pourquoi m’as-tu sauvé la vie ?… » Nous sommes en 1936 dans Le Lotus Bleu, cinquième aventure de Tintin. Le reporter au Petit Vingtième vient de sauver un jeune chinois de la noyade. Ce que le lecteur de l’époque ignore, c’est que ce rescapé existe bel et bien. En effet, quelques mois plus tôt, Hergé a rencontré un étudiant chinois qui, pendant plusieurs mois, lui a raconté la Chine. Comment la vie a mis ces deux artistes sur la même route ? On connaît tous les grandes lignes de la vie de Hergé, mais quelle fut celle de Tchang Tchong-Jen ? Avec la participation de sa fille Tchang Yifei, Dominique Maricq retrace le parcours de cet homme hors du commun.

    © Maricq, Tchang – Moulinsart/Casterman
    © Hergé/Tintinimaginatio 2024

    Avant « Le Lotus », les chinois étaient représentés de façon caricaturale dans les aventures de Tintin. Chez les Soviets, ce sont des bourreaux. En Amérique, ils sont décrits comme friands de petits chiens. Pour sa nouvelle histoire, Hergé est bien décidé à se documenter sérieusement.

    Zhang Shaofu est sculpteur sur bois. Son fils Tchang est sensibilisé dès son plus jeune âge à la beauté et à l’équilibre dans la création artistique. En 1927, à 20 ans, il boucle avec succès sa sixième année d’études pour apprendre l’art et la technique de la photographie. L’année suivante, il travaille pour un magazine spécialisé dans l’art contemporain. En parallèle, il donne des cours particuliers de dessin à des enfants de familles aisées. En 1931, grâce à une bourse et la bienveillance d’une certaine Madame Tan, il part pour un séjour en Europe afin d’étudier les Beaux-Arts à l’Académie royale de Bruxelles et de s’imprégner de culture artistique occidentale. En 1934 et en 1935, il obtiendra le Premier Prix de sculpture de la ville de Bruxelles.

    © Maricq, Tchang – Moulinsart/Casterman
    © Hergé/Tintinimaginatio 2024

    En 32, afin d’obtenir des renseignements pour les futures aventures de Tintin, sur les conseils de l’Abbé Gosset, Hergé écrit à ce jeune étudiant chinois arrivé quelques mois plus tôt en Belgique. Un mois plus tard, Tchang lui répond. Ayant compris que la bande dessinée n’était pas une simple distraction et ayant découvert la notoriété de son interlocuteur, Tchang se montre intéressé par ce projet qui lui permettrait d’exposer la réalité tragique de la situation politique de son pays et de montrer le vrai visage des japonais. Si ces derniers se fâchent, c’est que c’est la vérité. Face aux réticences de l’Abbé Wallez, Hergé tient bon. Comme le dit Tchang : « La liberté d’expression pour les artistes et les écrivains est affaire de responsabilité. » Tchang est le complice d’une histoire dans l’histoire, la parsemant de références aux mœurs et coutumes chinoises, anecdotes savoureuses, clins d’œil appuyés. Quant à la couleur du Lotus, le bleu, elle n’existe pas. C’est Hergé qui l’a inventée pour désigner la fumerie d’opium.

    © Maricq, Tchang – Moulinsart/Casterman
    © Hergé/Tintinimaginatio 2024

    La collaboration des deux artistes sur Le Lotus Bleu n’est qu’une partie de ce livre qui s’attarde également sur les années de Tchang à son retour en Chine en 1936, une improbable histoire de tableau volé, les années Mao, ses succès dans la sculpture, puis, évidemment les retrouvailles en 1981, quarante-sept ans après la première rencontre avec Hergé, avant de se terminer sur les dernières années du sculpteur en France. Apportant un éclairage inédit sur la carrière de Tchang Tchong-Jen et son apport à l’œuvre de Hergé, cette biographie invite à se replonger dans Le Lotus Bleu, car, quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.


    Titre : Tchang Tchong-Jen Artiste voyageur

    Genre : Biographie

    Auteurs : Dominique Maricq & Tchang Yifei

    Éditeur : Moulinsart / Casterman

    ISBN : 9782203293144

    Nombre de pages : 190

    Prix : 25 €


  • Promise Cinderella 2 / Les noces des lucioles 2
    par Laurent Lafourcade

    Unions ? Mais avec qui ?

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    « -Ta valise… Une nouvelle tentative de fuite ?

    -Ah… Non, non. Je triais mes affaires. Il me manque plein de choses…

    -Tu retournes chercher le reste ?

    -Ah… Bof, il n’y a pas d’urgence… Pour l’instant, ça ira. Bon, je vais tout ranger.

    -Ton mari vient de m’appeler. »

    Cendrillon est promise à son prince. Hayame est coincée entre son mari Masahiro qu’elle a quitté pour adultère et Issei, le jeune homme fortuné qui l’a recueillie lorsqu’elle a quitté le domicile conjugal. L’époux souhaite divorcer au plus vite. C’est pour cela qu’il vient d’appeler Issei, afin qu’il fasse accélérer les choses. Hayame n’apprécie pas vraiment que son hôte s’occupe de ses affaires. Ce dernier veut inciter la femme trompée à prouver l’adultère de son mari pour le délester de trois millions de yens. C’est le dé qui l’a décidé. Issei est joueur. Hayame doit aller jusqu’au bout, suivre son mari et prendre des photos compromettantes. Ça permettra qu’elle rembourse son protecteur, à qui elle a soi-disant endommagé une œuvre d’art. C’est Promise Cinderella.

    © 2018 Oreco Tachibana
    © 2025, Editions Glénat, pour l’édition française

    Les lucioles célèbrent leurs noces. Ere Meiji, Satoko Kirigaya, jeune noble, a été enlevée. La belle n’a vu son salut qu’à sa promesse d’épouser Shinpei, son ravisseur. Sur l’île de Tennyojima, Satoko est devenue une courtisane, une prostituée de luxe. Difficile pour Shinpei qui s’oppose à ce qu’un autre homme ne la touche. Alors, quand Monsieur Nitobe va vouloir aller un peu plus loin avec elle, souhaitant que les courtisanes apprécient elles aussi les temps passés en sa compagnie, ça ne va pas lui plaire. Le client est gauche et ne sait pas comment s’y prendre. Il propose à Satoko d’acheter sa liberté, de quitter la maison close et l’île avec lui. Il veut l’épouser. Satoko va-t-elle trahir Shinpei ? Toujours est-il qu’entre lui et Nitobe la guerre est déclarée. Pas touche à la belle.

    © 2023 Oreco Tachibana
    © 2025, Editions Glénat, pour l’édition française

    Promise Cinderella, comme son titre l’indique, tord et distord le mythe de Cendrillon. La confrontation entre la femme, le mari et le protecteur va mettre les points sur les i à tout le monde. Dans tout ça, que souhaite réellement la maîtresse ? Le mari pourrait tomber de haut. La dernière partie de l’épisode met en scène de nouveaux personnages de la famille d’Issei : son frère Seigo, et surtout sa grand-mère, une vieille dame indigne et drôle, qui a bien l’intention que chaque chose, en parlant d’humains, soit à sa place. Sa tension pourrait bien grimper en flèche.

    © 2018 Oreco Tachibana
    © 2025, Editions Glénat, pour l’édition française

    Avec ce tome 2, Les noces de Lucioles nous immerge à l’intérieur d’une maison close. Satoko va apprendre à vivre entre prétendants et courtisanes. Il va être question de cicatrices, celles morales de la vie, mais aussi celles qui sont marquées sur les corps. Il n’y a rien de vulgaire dans ce manga. Les sentiments sont exprimés sans vulgarité ni consommation. Les paroles sont plus fortes que les actes.

    © 2023 Oreco Tachibana
    © 2025, Editions Glénat, pour l’édition française

    Si Les noces des lucioles prend une tournure sociétale racontant une époque révolue, Promise Cinderella s’aventure sur la route de la comédie, dramatique, mais une comédie quand même. Dans ces jeux de l’amour, il ne faut jamais se fier aux premiers sentiments que l’on pourrait avoir.



    Série : Promise Cinderella

    Tome : 2

    Genre : Comédie romantique

    Scénario & Dessins : Oreco Tachibana

    Éditeur : Glénat

    ISBN : 9782344065440

    Nombre de pages : 192

    Prix : 7,90 €


    Série : Les noces des lucioles

    Tome :2

    Genre : Thriller romantique

    Scénario & Dessins : Oreco Tachibana

    Éditeur : Glénat

    ISBN : 9782344065433

    Nombre de pages : 208

    Prix : 7,90 €


  • Les amis de Jacobs 36 – Décembre 2024
    par Laurent Lafourcade

    Happy new year old chaps !

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    « -Eh bien, ce qui m’étonne dans ce dernier exploit de la « Marque Jaune », c’est qu’il est, tout compte fait, beaucoup moins spectaculaire que les précédents… Ne trouvez-vous pas ?

    -En effet ! C’est curieux…

    -A moins que ce ne soit le début de quelque diablerie nouvelle !?… »

    La pipe à la main gauche et l’autre dans la poche de son pantalon, dans un chic so british, Mortimer nous souhaite une bonne année. Pourtant, c’est le cœur serré que nous ouvrons ce trente-sixième numéro de la luxueuse revues des Amis de Jacobs. Ce Mortimer est réalisé par André Juillard. Il n’en signera plus puisqu’il nous a quitté il y a quelques semaines. Il est des numéros qu’on aurait préféré ne jamais lire. Celui-ci en fait partie. Christian Viard lui rend hommage dans un émouvant éditorial, parlant de son élégance dans tous les sens du terme et de sa générosité. Sur une dizaine de pages, les cartes de vœux de Juillard rappellent son souvenir.

    © Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v. (Dargaud-Lombard s.a.)
    © Les Amis de Jacobs

    Place ensuite à la deuxième partie du jeu des mille erreurs et des mille découvertes sur La Marque Jaune. Christian Viard poursuit le décorticage de cet épisode mythique. Sur la couverture, Blake et Mortimer sont acculés devant un mur de brique orné du célèbre graffiti. Cette scène ne pourrait se produire avant le dernier quart de l’album. Le manteau en tweed chiné du professeur aurait dû être sali. Il est paradoxalement impeccable. Autre paradoxe, par deux fois, les voitures de police sont garées à droite. L’escalier de Park Lane a un nombre de marches fluctuant et Mortimer possède, comme Lucky Luke, un introuvable pistolet à 7 coups. En revêtant le costume de Sherlock Holmes, le fin rédacteur a ausculté chaque case. Un travail remarquable.

    © Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v. (Dargaud-Lombard s.a.)
    © Les Amis de Jacobs

    Une lettre de Jean Van Hamme explique pourquoi les droits audiovisuels de La Marque Jaune naviguent de producteurs en producteurs, chacun se cassant les dents sur la très complexe, voire impossible, adaptation de l’histoire pour le grand écran.

    Pour terminer la revue, il est question de S.O.S. Météores. Il a été tant et tant écrit sur cet épisode que l’on croyait avoir tout dit. Et bien, non. Guido Vogliotti s’arrête sur les estampes et les objets chinois et japonais que l’on voit dans l’appartement de Per Enrik Quarnströn, collectionneur d’art oriental, alias Monsieur Henri, alias encore Olrik. L’auteur de l’article met en parallèle les œuvres dans les dessins de Jacobs avec des photos de leurs modèles réels. En bonus, deux petits détours par Le Lotus bleu et Les 3 formules du Prof. Sato.

    © Editions Blake & Mortimer / Studio Jacobs n.v. (Dargaud-Lombard s.a.)
    © Les Amis de Jacobs

    On le dit pour Tintin, mais on peut aussi le dire pour eux. Quand on a fini de lire Blake & Mortimer, on peut recommencer à lire Blake & Mortimer. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau. La revue des amis de Jacobs le prouve depuis déjà 36 numéros !


    Série : Les amis de Jacobs

    Tome : 36 – Décembre 2024

    Genre : Revue d’étude

    Directeurs de publication : Christian Viard et Didier Bruimaud

    Éditeur : Les amis de Jacobs

    Nombre de pages : 48

    Prix : 15 €


  • Aux côtés du Dieu-Loup 2
    par Laurent Lafourcade

    L’autre enfant bénie

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    « -Tsubaki a beau être un enfant béni, il est encore ignorant des choses de ce monde.

    -Elle veut quoi ta reine ? Pourquoi elle t’a envoyé récupérer Tsubaki ?

    -Parce qu’elle manque de petits camarades. »

    Tsubaki, Adler et le Seigneur Loup sont sortis de la forêt de brume et ont mis le cap sur Centrose, la capitale. C’est la Reine qui a envoyé Adler pour récupérer l’enfant béni. Elle-même est une enfant bénie. Née des souhaits des humains empêtrés dans la guerre et désireux d’être sauvés, la sauveuse est naturellement devenue Reine, mettant ses pouvoirs pour lutter contre les Maléfleurs qu’elle cherche à éradiquer. Arrivés aux portes de la cité, Jack, le Capitaine de la garde, fait du zèle et refuse de les laisser entrer. Il a Adler dans le nez et ne croit pas que ce soit la Reine qui a envoyé l’homme en mission. Seule Rosalotte Spinnen Lilie pourrait les sortir de ce mauvais pas. Ça tombe bien, c’est la Reine en personne et elle passe par là.

    © 2024 Yomoko Yamamoto / Square Enix co., ltd.
    © 2025 Bamboo édition

    Nos héros vont avoir du fil à retordre avec les détracteurs de la Reine. Les tenants de l’ancien dogme vénèrent le grand Dieu, un des dieux de jadis, ceux qui ont fait cadeau des Bénédifleurs. Ils tentent de retourner l’esprit de Tsubaki, lui expliquant qu’il a eu la tête emplie de balivernes par la souveraine. Pour eux, les Maléfleurs sont tout aussi légitimes que les autres, car elles sont les châtiments nécessaires aux pauvres pêcheurs que sont tous les hommes, pour leur bien. Tsubaki parviendra-t-il à préserver son intégrité ?

    © 2024 Yomoko Yamamoto / Square Enix co., ltd.
    © 2025 Bamboo édition

    La série a démarré en 2022 chez Square-Enix au Japon dans le G-Fantasy. En plus de deux ans, seulement deux tomes sont parus au pays du Soleil Levant. La publication française n’a donc aucun retard. Aux côtés du Dieu-Loup est un conte folklorique fantastique émouvant sur la prise de conscience de soi, le libre-arbitre et la difficulté de tenir les rênes du pouvoir. Yomoko Yamamoto dessine l’histoire avec grâce et sobriété. Les dialogues sont fins. Les personnages s’affrontent dans des joutes oratoires décisives où celui qui réussira à induire ou influencer l’autre prendra le dessus.

    © 2024 Yomoko Yamamoto / Square Enix co., ltd.
    © 2025 Bamboo édition

    Mettant à l’honneur les relations homme-animal, Aux côtés du Dieu-Loup est un voyage spirituel qui soigne les blessures du monde.


    Série : Aux côtés du Dieu-Loup

    Tome : 2

    Genre : Seinen Heroïc-fantasy

    Scénario & Dessins : Yomoko Yamamoto

    Éditeur : Bamboo

    Collection : Doki Doki

    ISBN : 9791041111800

    Nombre de pages : 192

    Prix : 7,95 €


  • Edika sous couvertures
    par Laurent Lafourcade

    Le roi des couv’ de Fluide Glacial

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    « -Mon coeur mon ange, ich liebe dich forever.

    -Alors elle vient cette chute oui ou merde ? On a pas qu’ça à fout’bordel.

    -Okay, reste plus qu’à terminer mon pied. C’est bon. Trèèès bien. Vas-y, vas-y. Encore. Encore un peu. Mais pourquoi il s’arrête ?! »

                    Edika est un rêveur. Réduit à tort au rôle de dessinateur de femmes à grosses poitrines, l’auteur est avant tout un poète drôle, émouvant et intemporel. Intemporel. L’humour d’Edika est hors du temps. Et ça, peu de gens peuvent se targuer de parvenir à accomplir cet art. Dans un autre genre, Sempé était à la bourgeoisie ce qu’Edika est à la France populaire. En attendant qu’un livre improbable consacre un parallèle entre ces deux artistes, la encore nouvelle collection Les Jolis P’tits cultes consacre un ouvrage à Edika, et plus particulièrement aux 83 couvertures qu’il a réalisé pour le magazine Fluide Glacial.

    © Edika, Viry-Babel – Fluide Glacial

                    Avant d’avoir les honneurs de la Une, engagé par Jacques Diament qui nous a quitté récemment, Edika a commencé par des gags en couleurs en quatrième de couverture dès 1979. Se présenter à la rédaction d’un journal en noir et blanc avec des pages en couleurs, fallait oser… ou bien être un poète comme on l’a défini. Rapidement, il va signer des histoires courtes en noir et blanc, comme tout ce qui se fait dans le magazine, et intégrer l’intérieur. Avec Binet, l’auteur des Bidochon, il deviendra un pilier de Fluide. Edika est le roi de l’absurde, du nonsense, des histoires sans chute. Pour ça, il se met en abyme et se moque de lui-même dans ses récits. Pour parler « Fluide », ses personnages eux-mêmes se foutent de sa gueule.

    © Edika, Viry-Babel – Fluide Glacial

                    Gérard Viry-Babel, rédacteur au journal, a déjà signé le dossier documentaire dans l’anthologie Edika parue entre 2020 et 2023. Il rédige aujourd’hui ce petit livre, ode à une idole, avec admiration et amour, avec un focus sur ces fameuses et poilantes couvertures. La première date de mars 1981, pour le numéro 57. Un astronaute se moque d’une petite alien difforme sans remarquer qu’une bête gigantesque s’apprête à le croquer. Les thèmes de ses couvertures vont ensuite devenir plus terre à terre, de l’obsession anatomique à la famille de Bronsky, avec en particulier le chat Clark Gaybeul et son slip Grande Barque. Il y a aussi ce que Viry-Babel appelle les couvertures muettes, dessins d’humour se suffisant à eux-mêmes mettant en scène ces femmes plantureuses. Le livre se termine sur deux couvertures spéciales, l’une en odorama, l’autre en flipbook.

    © Edika, Viry-Babel – Fluide Glacial

                    Après Franquin et Gotlib pour Slowburn, Gotlib avec son Pervers pépère et Edika, un Gotlib et la musique est annoncé pour très bientôt. En attendant, ce Edika sous couvertures met à l’honneur un auteur majeur de la grande époque de l’humour fluidifié, dans cette adorable petite collection à emmener partout. Tiens, une vieille dame assise à côté de vous dans l’autobus s’indigne de voir une couille qui dépasse du slip de Clark Gaybeul !


    One shot : Edika sous couvertures

    Genre : Ouvrage d’étude

    Scénario et dessins : Edika

    Textes : Gérard Viry-Babel

    Éditeur : Fluide glacial

    Collection : Les Jolis p’tits Cultes

    ISBN : 9791038208209

    Nombre de pages : 64

    Prix : 9,90 €


  • Boulevard Tintin – Les amis de Hergé 78 – Automne 2024
    par Laurent Lafourcade

    Une houpette en papier glacé

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    « -Haddock… Tintin… Tournesol… C’est bien. Attendez ici. Je vais voir si vous pouvez être reçus. »

    Dans une ruelle de Kiltch, un petit village d’Ecosse, un petit chien blanc marche de dos devant son maître vêtu d’un kilt, d’un béret et de hautes chaussettes, un bâton à la main. Ce chien s’appelle Milou. Son maître, c’est Tintin. La scène est extraite de L’île noire, album mythique, encore plus que les autres puisqu’il a connu trois versions, signées Hergé. Cette illustration servit de couverture au Petit Vingtième, le supplément illustré hebdomadaire du Vingtième Siècle daté du jeudi 20 janvier 1938. Aujourd’hui, elle est la couverture du soixante-dix-huitième numéro de la somptueuse revue semestrielle des Amis de Hergé.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2024
     © Les amis de Hergé a.s.b.l.

    Après le très émouvant éditorial de Philippe Goddin sur la conservation et la pérennité de ses archives, c’est parti pour un sommaire riche en découvertes et anecdotes. Pour trouver l’origine de l’expression « Tonnerre de Brest ! », il faudrait remonter en avril 1718 où la foudre s’est abattue sur vingt-quatre clochers du Finistère. Un long article de Jean Lecoq s’annonce comme le premier d’une série mettant en parallèle les carrières des deux géants qu’étaient et que sont encore Hergé et Franquin. (Tiens, il existe l’association des amis de Hergé et celle des amis de Jacobs et étonnamment pas celle des amis de Franquin ?!) On revient sur un débat de 2016 à Nivelles à propos de la nationalité de Tintin, avant de profiter d’un retour en photos sur la journée des Amis de Hergé de l’année dernière. Saviez-vous que Hergé faisait parfois des strips de sauvegarde à la table lumineuse ? Cela a été le cas pour L’étoile mystérieuse. Mais pourquoi donc ? Vous le saurez en lisant la chronique de Marcel Wilmet. Il sera ensuite question de peloton d’exécution avant de partir à Cervens avec Haddock et Tintin dans L’affaire Tournesol.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2024
     © Les amis de Hergé a.s.b.l.

    En flamand, saviez-vous qu’Au pays de l’or noir a eu le même titre qu’un roman de Jules Verne ? Les pélicans noirs, association bordelaise, se penche sur les relations entre Messieurs Dupond et Dupont. Signé Pierre Fresnault-Deruelle, le dossier central revient sur la séquence de rêve du Temple du Soleil. Philippe Goddin remet ensuite les pendules à l’heure dans un article démontrant qu’un ouvrage sur Tintin et le Thermozéro serait le bienvenu. Dans les autres articles, il va être question entre autres d’os de dinosaures, de soleils rouges, de dessin pour le journal Tintin, de rhum, de matériel lunaire et de crayons de couleurs. Les rubriques habituelles comme C’est une bonne question, La dépêche et les scoops de Walter Rizotto sont également au rendez-vous.

    © Hergé/Tintinimaginatio 2024
     © Les amis de Hergé a.s.b.l.

    Pour adhérer aux Amis de Hergé, il suffit de se rendre sur le site lesamisdeherge.com : https://lesamisdeherge.com/lassociation/inscription/  La revue de l’association le prouve depuis déjà 78 numéros : Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.


    Série : Les amis de Hergé

    Tome : 78 – Automne 2024

    Genre : Revue d’étude

    Rédacteur en chef : Philippe Goddin

    Éditeur : Les amis de Hergé a.s.b.l.

    Nombre de pages : 60

    Prix : 25 €

    ISSN : 0773-6703


  • 100 bucket list of the dead 15
    par Laurent Lafourcade

    Dauphins de la mort

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    « -Regardez, làààà !! Des dauphins !! C’est bien de dauphins, hein ?!

    -C’est la première fois que j’en croise dans la nature !

    -Le détroit de Hayasaki abrite une population d’environ 200 grands dauphins. Ils sont sédentaires et restent donc dans le détroit toute l’année. Au Japon, c’est une caractéristique assez rare chez les dauphins. »

    On dit que les dauphins sont les créatures les plus intelligentes après l’homme. Ils sont très curieux et s’attachent facilement aux gens. Ça serait super de nager avec eux. C’est d’ailleurs le quarante-cinquième vœu dans la liste de ce qu’Akira rêve de faire avant d’être transformé en zombie. Pour ceux qui ne sauraient pas, le monde en général et le Japon en particulier subit une apocalypse zombie. La pandémie gagne du terrain et seuls quelques rescapés survivent, dont Akira et ses amis. Victime de burn out, ça tombait très bien pour cet employé de bureau qui rêvait de ne plus retourner travailler dans son entreprise.

    © 2019 Haro ASO, Kotaro TAKATA
    © KANA 2024

    La petite troupe est à bord d’un bateau, en vue de Guankajima, dite l’île cuirassé, dont le véritable patronyme est Hashima. Appartenant à la préfecture de Nagasaki, elle abritait autrefois une mine de charbon sous-marine. Aujourd’hui, on peut en visiter les ruines. Hormis cette histoire de dauphins, un autre item qui est barré interpelle Shizuka, le 33, « Rencontrer l’âme sœur ». Ce n’est pas normal qu’il soit déclaré comme accompli. A qui ça fait référence ? Akira a des sentiments pour elle et a rayé la ligne quand il a cru l’avoir perdue. Il essaye de noyer le poisson et de changer de discussion…grâce aux dauphins. Sur l’île, infestée de zombies, quelqu’un va tournebouler le cœur de Shizuka. C’est Jôichirô Sakaki, un médecin qui fait le tour du Japon pour soigner ceux qui en ont besoin.

    © 2019 Haro ASO, Kotaro TAKATA
    © KANA 2024

    Dans ce quinzième épisode, Haro Aso et Kotaro Takata rebattent les cartes des sentiments. A quoi bon attendre pour déclarer sa flamme ? Il vaut mieux avoir des remords que des regrets, comme le chantent Big Flo et Oli. Le couple pas encore couple Akira-Shizuka est mis à rude épreuve, pas celle des zombies, mais celle de l’élément perturbateur. Il va falloir pour l’un et pour l’autre prendre des décisions et faire des choix. Qui aurait cru que 100 bucket list of the dead c’est aussi une belle histoire d’amour ?

    © 2019 Haro ASO, Kotaro TAKATA
    © KANA 2024

    Trois conséquents bonus complètent l’aventure. Le premier envoie Kencho et Akira in Borderland dont le scénariste est Haro Aso, le même que Bucket list. Les deux autres sont des mises en abime des personnages réjouis de la sortie des versions anime et live de la série pour Netflix. Très malin et très drôle.

    L’apocalypse zombie est le remède au burn out. Après quinze tomes, on ne peut plus en douter. 100 bucket list of the dead est une série majeure pour explorer la psychologie humaine.


    Série : 100 bucket list of the dead

    Tome : 15

    Genre : Zombies

    Scénario : Haro Aso

    Dessins : Kotaro Takata

    Éditeur : Kana

    Collection : Big Kana

    ISBN : 9782505125136

    Nombre de pages : 160

    Prix : 7,90 €


  • Le Père-Lachaise
    par Laurent Lafourcade

    Légendes, célébrités et sépultures insolites

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    « -Je peux savoir ce que tu fais ?

    -Bah, comme toi je pose des questions dont j’ai la réponse avec un air mystérieux.

    -Toi, un air mystérieux, vraiment ?

    -Il n’y a pas que des chats au Père-Lachaise… Sauf que nous, on sait se faire discrets, on ne sort que quand il n’y a plus personne… »

                    Les allées du Père-Lachaise, le plus célèbre cimetière de France, sont peuplées d’animaux. Parmi eux, un chat noir nous offre une visite guidée. Suivons-le dans les divisions de la dernière demeure de tant d’hommes et de femmes illustres. Pourtant, celui qui a donné son nom au lieu n’y est même pas enterré. François Chaix de La Chaize, prêtre jésuite décédé en 1709, est inhumé à l’église Saint-Paul Saint-Louis. Confesseur de Louis XIV, le Roi lui octroie un domaine qui sera racheté par la ville de Paris. Le Cimetière des Innocents étant saturé, le lieu deviendra un cimetière qui peinera à convaincre jusqu’à ce que les corps de Molière et Jean de la Fontaine y soient transférés en 1817. Aujourd’hui, le plus grand cimetière de Paris compte 70 000 tombes sur 44 hectares.

    © François, Floc’h – Delcourt

                    Scénarisé par Sébastien Floc’h, l’album collectif raconte la vie de quinze pensionnaires du cimetière du Père-Lachaise avant que, pour chacun d’entre eux, un chat noir ne nous indique sa tombe en ajoutant des anecdotes. Il y a des amoureux célèbres, comme Héloïse et Abélard. On trouve celui qui a donné ses lettres de noblesses à la pomme de terre : Antoine Parmentier. La noblesse russe est présente avec Elisabeth Stroganoff dont une légende urbaine entoure sa tombe. Les artistes ne manquent pas à l’appel, qu’ils soient musiciens (Frédéric Chopin), peintre (Théodore Géricault), romanciers (Honoré de Balzac et Oscar Wilde), poète (Alfred de Musset), comédien (Sarah Bernhardt) ou musicien (Jim Morrison). D’autres célébrités complètent la liste.

    © Mancini, Floc’h – Delcourt

                    Au dessin, les artistes confirmés côtoient des auteurs ayant encore peu publié. On connaît bien Ricard Efa (dessinateur de biographies de Degas et de Monet au Lombard), Oriol (récemment lu avec le diptyque L’or du temps sur scénario de Rodolphe chez Daniel Maghen), Terkel Risbjerg (dessinateur de l’exceptionnel Copenhague chez Dargaud) et Sylvain Dorange (dont la biographie des époux Klarsfeld a été très remarquée à La boîte à bulles). Chaque dessinateur conserve le style qui lui est propre pour illustrer en cinq planches les vies illustres, plus deux planches des commentaires félins. Dans des tons de mi-saison, la splendide couverture d’Enrique Corominas est une chaleureuse invitation à fouler les pavés des allées du cimetière.

    © Mancini, Floc’h – Delcourt

                    Il y a tant de célébrités enterrées au Père-Lachaise qu’on voudrait que cet album soit le premier d’une série d’anthologie. Instructif et poétique, le livre montre quelques-unes des histoires et légendes qui entourent certaines sépultures. Passionnant.


    One shot : Le Père-Lachaise

    Genre : Biopics

    Scénario : Sébastien Floc’h

    Dessins & Couleurs : David François, Fabio Mancini, Gaël Henry, Nancy Peña, Teddy Kristiansen, Alexis Vitrebert, Ricard Efa, Oriol, Eliot Baum, Facundo Percio, Sagar, Terkel Risbjerg, Enrique Corominas, Grazia La Padula, Florent Desanthèmes, Sylvain Dorange

    Éditeur : Delcourt

    ISBN : 9782413076827

    Nombre de pages : 162

    Prix : 23,50 € 


  • Robert Badinter Au nom de la justice
    par Laurent Lafourcade

    L’avocat qui a dit stop

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    « -Je sais bien qu’on vous encourage aujourd’hui à voter la mort. L’opinion, les médias, la foule amassée devant ce tribunal qui vocifère, vous encourage, mais vous savez bien qu’un jour la peine de mort sera abolie. (…) Alors le temps passera. C’en sera fini du tumulte, des encouragements, et vous demeurerez seuls avec votre jugement. Vous resterez seuls avec votre jugement. Et vos enfants, vos petits-enfants sauront un jour que vous avez décidé la mort d’un homme… » (Robert Badinter)

                    Robert Badinter est né à Paris le 30 mars 1928. Ses parents ont immigré de Bessarabie (aujourd’hui la Moldavie). Ils ont fui la discrimination juive et sont à présent naturalisés français. La France est le premier pays à avoir reconnu aux juifs le statut de citoyens en 1791. Pour Simon, le père de Robert, la France, c’est la République et l’égalité. Il n’imagine pas les années sombres qui allaient suivre. La famille fait fortune dans le commerce de la fourrure et emménage dans un chic appartement parisien. L’antisémitisme monte en France et la guerre est déclarée. Les juifs sont mis au pilori. Simon Badinter est arrêté. Robert, son frère et sa mère fuient en zone libre. Après la guerre, c’est le retour à Paris où il faudra tout reconstruire. Simon, lui, ne reviendra jamais de déportation.

     © Le Naour, Marko – Dunod Graphic

                    Robert est orphelin. Il est humilié. Il est le fils de l’homme traqué, dépossédé de ses droits, persécuté, assassiné et dont il gardera à jamais le souvenir. C’est là qu’il faut trouver les raisons de son engagement pour la justice et pour le droit. Il voulait devenir professeur de droit. Devant attendre l’âge de 25 ans avant de passer l’agrégation, pour patienter, il passe, sans conviction, un certificat d’aptitude au métier d’avocat. Après s’être fait la main sur des procès de divorces, il entre dans l’équipe d’Henry Torrès, un ténor du barreau, ancien résistant. Il devient l’avocat du show-biz. En 1956, il rencontre l’actrice Anne Vernon qui deviendra sa première épouse. Ils se quitteront en 1964. Deux ans plus tard, Robert fait la connaissance d’Elizabeth avec qui ils auront trois enfants.

     © Le Naour, Marko – Dunod Graphic

                    Entretemps, l’engagement en politique de Robert Badinter a pris de l’ampleur, tout d’abord aux côtés de Pierre Mendès France. Alors qu’il mène une vie bourgeoise, Badinter a choisi de s’engager à gauche parce qu’il défend la justice, garantie par l’égalité devant la loi et parce que la justice est totale, indivisible, qu’elle est aussi sociale et fiscale. Il est un social-démocrate, partisan de la redistribution mais pas de la confiscation. En 1971, l’affaire Buffet-Bontems relance le débat sur la peine de mort. Ces deux détenus sont à l’origine d’une prise d’otage qui tourne mal. L’un d’eux a tué, l’autre non. Malgré la plaidoirie de Badinter, les deux sont condamnés à la peine capitale. Le combat de l’avocat pour l’abolition de la peine de mort ne cessera jamais. Ça sera sa raison de vivre. En 1981, il devient Garde des Sceaux du gouvernement de Pierre Mauroy sous la présidence de François Mitterrand. La suite appartient à l’Histoire.

     © Le Naour, Marko – Dunod Graphic

                    Après Gisèle Halimi l’insoumise, Jean-Yves Le Naour et Marko racontent la vie et la carrière d’une autre personne de loi qui a contribué à faire de la France un pays civilisé : Robert Badinter. Le scénario, le découpage et la mise en couleur si particulière en deux tons sont d’une efficacité redoutable, autant que les plaidoiries de l’avocat. A ranger à côté de L’abolition, album signé Malo Kerfriden et Marie Bardiaux-Vaïente paru chez Glénat, Robert Badinter Au nom de la justice est un récit mémoire indispensable.


    One shot : Robert Badinter Au nom de la justice

    Genre : Biopic

    Scénario : Jean-Yves Le Naour

    Dessins & Couleurs : Marko

    Éditeur : Dunod Graphic

    ISBN : 9782100875030

    Nombre de pages : 96

    Prix : 19,90 €


  • Somna
    par Laurent Lafourcade

    Les cornes ne font pas le démon

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    « -J’ai menti à Roland. J’ai dit que je me sentais mal, mais la vérité, c’est que je ne supporte pas les bûchers. Toute cette fumée…

    -Je ne voulais pas non plus que Niklas voit ça. Il fait toujours des cauchemars depuis qu’il a vu Harald dépecer un cochon.

    -Dis… Tu la connaissais ?

    -Pas vraiment. Je crois qu’elle et son mari étaient arrivés il y a deux étés. Elle était jeune, jolie. Elle s’appelait Greta, je crois. »

                    Qu’est-ce qu’un rêve ? La frontière est parfois si tenue entre le rêve et la réalité que l’on peut hésiter à savoir dans quel monde on est. Dans un village anglais du XVIIème siècle, les nuits d’Ingrid sont envahies de plaisirs coupables avec un démon. Epouse de Roland, le bailli, chef des inquisiteurs, c’est comme si elle comblait les nuits avec son bien-aimé par des relations charnelles avec un fantôme. Ces songes doivent rester secrets car au village il ne ferait pas bon d’être soupçonné de sorcellerie. D’ailleurs, le bûcher est allumé. Greta, la femme du charpentier, est en train de brûler, accusée d’avoir ensorcelé le meunier. Quand le matin se lève, les rêves d’Ingrid s’estompent, mais la sensation persiste.

    © Cloonan, Lotay – Delcourt

                    Ingrid a une grande amie en la personne de Maja. C’est la femme d’Harald, le boucher. Maja n’a d’yeux que pour Sigurd, l’époux de Greta, qui vient d’être brûlée vive. Une nuit, poussée par son amant démon, Ingrid va surprendre Maja et Sigurd dans la chaumière du vieux chasseur. Pour son amie, elle saura garder le secret. Le Père Gudman fait du combat contre la sorcellerie son cheval de bataille. Dieu ne fait pas bon ménage avec le Diable. Entre ses nuits érotiques avec le démon et ses jours à affronter la perfidie des hommes, Ingrid réussira-t-elle à préserver son intégrité autant physique que morale ?

    © Cloonan, Lotay – Delcourt

                    Une petite histoire avant de s’endormir ? Ainsi est sous-titré Somna, ce Comics lauréat du prix Award Will Eisner au Comiccon international. Les autrices Becky Cloonan et Tula Lotay ont écrit ce scénario à quatre mains et se sont partagées les dessins des planches. A Becky Cloonan, les scènes réelles dans un style réaliste.  A Tula Lotay, les scènes sataniques des rêves érotiques dans un hyper-réalisme. Si le mélange des styles peut être déroutant, il est parfaitement justifié par le propos et les différences d’ambiances. Bien que le livre soit destiné à un public averti, les scènes de sexe restent softs. Somna est un drame amoureux, une histoire tragique comme il y a dû en avoir à la grande époque des procès en sorcellerie car, au fond, tout reste réaliste si l’on considère que les rêves sont des allégories de l’esprit. A ranger à côté d’Un sombre manteau, signé Jaime Martin, paru il n’y a pas longtemps chez Dupuis dans la collection Aire Libre.

    © Cloonan, Lotay – Delcourt

                     Le Comics, ce n’est pas que des histoires de super-héros, c’est aussi des petites pépites de folk horror comme Somna qui, plus qu’une histoire fantastique, est un témoignage historique sur un temps nauséabond de chasses aux sorcières, époque que l’on espère politiquement ne plus jamais vivre. Rien n’est moins sûr.


    One shot : Somna

    Genre : Historico-fantastique

    Scénario & Dessins : Becky Cloonan & Tula Lotay

    Couleurs : Lee Loughridge, Dee Cunniffe & Tula Lotay

    Éditeur : Delcourt

    Collection : Contrebande

    ISBN : 9782413084990

    Nombre de pages : 180

    Prix : 23,50 € 


  • Tokyo Cannabis 4
    par Laurent Lafourcade

    Les revers de l’or vert

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    « -Calme-toi, Morio !!

    -Allez, putain ! Ne crève pas !!

    -On peut pas appeler d’ambulance ! Et encore moins les flics ! Réfléchis ! Si les ambulanciers voient la serre, on se fera embarquer tous les deux pour avoir fait pousser de l’herbe !! Même pire encore !! T’es un meurtrier, mec ! Ce sera la fin pour toi et toute ta famille !! »

    Morio est dans une sacrée merde. Il vient de porter un coup fatal à Maruyama. Kagayama essaye en vain de le ranimer pendant qu’il demande à Morio de rentrer chez lui et de faire comme si de rien n’était avec sa famille. Sa femme et sa fille ne se doutent toujours pas qu’il est devenu l’un des pontes de la culture du cannabis. Ce qu’il est loin de se douter, c’est que Maruyama n’a pas expiré son dernier souffle. Il est dans le coma mais a bel et bien survécu.

    © 2022 by Yuto Inai / Coamix
    © Inai – Kana 2025

    De leur côté, Kanzaki et l’agent Izumi interrogent Fukamiya, la sale vermine de toxico qui leur sert d’indic. L’individu a trouvé les types derrière la Mick X, la nouvelle herbe extraordinaire : c’est l’organisation Kurobe, le groupe de malfrats à l’origine de plusieurs affaires de coups et blessures dont parlent les infos. Il n’y a rien d’étonnant à ce que ces types refourguent de la Mick X. Le scoop, c’est que les Kurobe et le cultivateur sont liés. Mais ni les flics ni l’indic ne savent qui il est. Kanzaki met la pression sur Fukamiya pour qu’il en découvre un peu plus.

    © 2022 by Yuto Inai / Coamix
    © Inai – Kana 2025

    Actuellement, quatre grandes organisations sévissent dans Tokyo. Les Heaven Emperor règnent sur le quartier d’Ueno tandis que les Bad Dog sont les rois d’Ikebukuro. Les Omega dirigent Shibuya et les Kurobe Shinjuku. Ces derniers veulent juste se faire du fric alors que les autres organisations se livrent une guerre sans pitié avec violence. Pour autant, malheur à qui entraverait le business des Kurobe. Ils pourraient mordre. Morio et Kagayama le savent bien. Pour l’heure, il leur faut trouver un nouveau lieu pour cultiver leur herbe. Mais à force d’avoir l’œil sur les bandits et sur les forces de l’ordre, on oublie d’être vigilant sur sa famille. L’épouse de Morio vient de trouver sur une étagère une boîte pleine de yens.

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    Le manga de Yûto Inai est pire que le cannabis. Il rend addictif. Mais la différence est que l’addiction à cette lecture ne nuit pas à la santé et donne plutôt l’envie de ne pas toucher à cette merde.


    Série : Tokyo Cannabis

    Tome : 4

    Genre : Seinen Thriller

    Scénario & Dessins : Yûto Inai

    Éditeur : Kana

    ISBN : 9782505130987

    Nombre de pages : 160

    Prix : 7,90 €


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