On n’échappe pas à son passé
« -Salut Emma ! Désolée de t’appeler si tôt, je te dérange pas, au moins ?
-Livia ! Non, pas de souci ! Je viens juste de terminer mon service. Comment tu vas ?
-Ça va. La pression médiatique retombe un peu, pour l’instant, du moins. Je peux me concentrer sur d’autres dossiers en attendant. Mais il y a autre chose…
-Quoi donc ?
-J’ai reçu une grande enveloppe adressée au bureau. Un courrier étrange qui n’a rien à voir avec le boulot.
-Etrange comment ?
-Ce qu’elle contient fait clairement allusion à notre excursion alpine d’il y a sept ans…
-Quoi ?!! »
Avocate au conseil fraîchement diplômée, Livia vient d’être nommée à Vérone, cité vivante d’Italie. Elle défend un homme politique accusé de viol par une stagiaire. Bien que le sort ne soit pas joué avec la détermination de la partie opposée, ses talents d’oratrice font déjà la une des journaux. Contre toute attente, c’est à un autre adversaire qu’elle va devoir faire face : son passé. Livia vient de recevoir au bureau une grande enveloppe faisant allusion à une excursion alpine qu’elle a faite il y a sept ans avec quatre amis. Elle contacte Emma, interne en psychiatrie à Lyon, qui, arrivée chez elle, s’aperçoit qu’elle a reçu la même. Pareil pour Yanis et Océane à Annecy. A l’intérieur, des dessins de créatures du folklore alpin et ces mots : « Les êtres fantastiques des chalets. De l’automne au printemps, ces étranges créatures s’installent dans les chalets d’alpages désertés pour l’hiver. Ils attendent, près d’un feu allumé, les voyageurs égarés… » Quant au cinquième membre du groupe, nul ne sait ce qu’il est devenu. Il s’appelle Alessio et était l’amoureux de Livia. Est-il à l’origine de ces mystérieuses missives ? Ou bien quelqu’un d’autre tire-t-il les ficelles ? Les jeunes gens du séjour alpin ont-ils quelque chose à se reprocher ?
Tension et suspens sont au cœur de ce polar signé Gwenaël et Serge Carrère. Les toulousains installent un mystère troublant, à la Agatha Christie, plein de faux-semblants et avec des personnages ambigus. Les scénaristes posent les pierres d’un diptyque troublant. Les protagonistes ne nous disent pas tout. Inquiétés par le corbeau qui semble vouloir faire remonter de mauvais souvenirs à la surface, il va leur falloir trouver la clef de l’énigme avant qu’il ne soit trop tard. Entre eux et leur maître-chanteur, c’est une course contre la montre qui démarre. Le démasqueront-ils avant qu’il ne dévoile tout ce qu’il a, paraît-il, à dire ?
Le dessin est assuré par l’italienne Elisa Ferrari. L’autrice réside à Vérone, comme Livia. Les personnages principaux sont bien campés. La couverture est énigmatique à souhait. Mais, l’album pêche par ses scènes d’action trop statiques (on ne croit pas trop à la poursuite en voitures) et quelques erreurs de positionnement ou de perspectives. C’est flagrant sur la vue en plongée sur la ville. Comme on l’a dit récemment sur un one shot, c’est la même chose pour un diptyque, pour sortir du lot de la surproduction, il faut éviter certaines erreurs identifiables au premier coup d’œil. Mais les éditeurs laissent-ils assez de temps à leurs auteurs pour cela ?
Le regard invisible reste cependant un très bon thriller grâce à son scénario malin où, pour une fois, on sait que les personnages qui pourraient nous en dire plus ne le font pas encore, les auteurs préservant ainsi le suspens pour la seconde partie.
Série : Le regard invisible
Tome : 1 – La marque des souvenirs
Genre : Thriller/Polar
Scénario : Gwenaël & Serge Carrère
Dessins : Elisa Ferrari
Couleurs : Alex Gonzalbo
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302099661
Nombre de pages : 48
Prix : 14,95 €