Far WeStPA
« -Voilà la ferme… Depuis trois ans, j’en ai fait une sorte de refuge. Mes petits, Papa est de retour !!
-Ils ont l’air de beaucoup vous aimer…
-Plus que les habitants de Cattle Gulch, hélas… Mais je ne désespère pas… »
Arrivé à Cattle Gulch, la ville d’éleveurs réputée pour ses restaurants, Lucky Luke évite de peu le lynchage à un militant pour la cause animale. Cet homme s’appelle Ovide Byrde. Il est le président et l’unique membre de la société protectrice des animaux de ce comté. Le cow-boy solitaire le ramène jusqu’à sa ferme isolée et découvre la ménagerie dont s’occupe l’infortuné ami des bêtes. Le Brigitte Bardot avant l’heure abrite aussi bien des animaux classiques (veaux, vaches, cochons, couvées,…) que des bestioles plus originales comme un ours, un perroquet, un coyote ou une tortue. Il y a même un chien. Mais ?! C’est Rantanplan ! Byrde l’a repêché dans un puits il y a trois semaines. Alors que Lucky Luke repart pour escorter deux cents têtes de bétail à Dodge City, le fermier créé une fondation en ville grâce à un gisement d’or que Rantanplan vient de dénicher fortuitement sur sa propriété. Cela va susciter des convoitises pas bienveillantes du tout à Cattle Gulch.
Pour le dixième Lucky Luke d’Achdé, reprenant la recette Goscinny, Jul s’est inspiré d’une personnalité ayant existé, en l’occurrence ici, Henry Bergh, fondateur de la première SPA américaine, né en 1813 et décédé en 1888. Grâce au mécénat d’un milliardaire d’origine française regrettant d’avoir fait fortune avec le commerce des peaux et des fourrures d’animaux, Bergh consacra sa vie à la cause après avoir vu le comportement brutal et inadmissible des cochers de New-York. Jul intègre un méchant efficace avec Tacos Cornseed, aux allures du Sancho de Jerry Spring. Il réussit un final émouvant avec le genre de scènes qu’on n’a quasiment jamais lu dans Lucky Luke. La seule erreur comique est peut-être le titre qui laisse imaginer que l’on va être dans de l’humour gaguesque avec Rantanplan et un « déluge de gags ». Il y a de l’humour bien sûr, mais il y a une réelle problématique et une véritable aventure.
Achdé est fidèle à lui-même et à Morris. Il dessine les animaux à merveille, avec des expressions qui transmettent leurs sentiments. Côté caricature, on découvre Strawberry Susan, une outlaw qui ressemble furieusement à Brigitte Macron, mais la comparaison s’arrête au physique.
Même si l’on ne pourra jamais atteindre des albums du niveau du XXème de cavalerie, Western Circus ou L’héritage de Rantanplan, il est salutaire pour le monde de la bande dessinée que des séries comme celle-ci se poursuivent pour amener par le biais de nouveautés un nouveau public vers des albums du patrimoine. Cela démontre à qui en douterait encore que la bande dessinée est un art et qu’elle a ses chefs de file, dont Morris et Goscinny faisaient partie. C’est donc aussi pour cela que, alors que Lucky Luke n’a pas besoin de Boulevard BD pour se vendre, il est pertinent et nécessaire de chroniquer les best-sellers tout autant que les autres albums.
Embarquez donc sur l’arche de Rantanplan. Elle vous mènera dans le Far-West le plus mythique du Neuvième Art.
Série : Lucky Luke
Tome : 10 – L’arche de Rantanplan
Genre : Western humoristique
Scénario : Jul
Dessins : Achdé
D’après : Morris
Couleurs : Mel Acryl’Ink
Éditeur : Dargaud
Collection : Lucky Comics
ISBN : 9782884714921
Nombre de pages : 48
Prix : 10,95 €