Au temps en emporte le viking des étoiles
« -J’ai forgé cet anneau du temps pour toi. Tu connais son pouvoir, tu sais ce qu’il peut accomplir.
-Revoir Aaricia…
-Et bien plus encore…Tu pourrais de nouveau lui parler, la toucher, et même vivre à ses côtés si tu le souhaites…
-Non ! Tu es venu me torturer, maudit serpent !
-Ce serait peine perdue. Rien ne pourrait te faire davantage souffrir que la mort de ta bien-aimée. Mais tu peux la retrouver. »
Thorgal Aegirsson vient d’accompagner Aaricia pour son dernier voyage. Il a soixante-dix ans. Son épouse a rendu son dernier soupir. Un frèle esquif l’emmène vers le large. Depuis la berge, Thorgal tire une flèche enflammée pour l’embraser. Alors qu’il pleure sur le sable, apparaît Nidhogg, le serpent. Le démon propose au viking d’essayer un anneau magique, l’anneau d’Ouroboros. Il lui permettrait par un voyage dans le temps de retrouver son amour. Et voici Thorgal propulsé à l’époque de l’enfance d’Aaricia… et de la sienne. Le Thorgal de 70 ans va ainsi cohabiter avec celui d’une dizaine d’années afin de tirer leur chérie commune d’un bien mauvais pas.
A l’instar de XIII avec ses XIII Mystery et la prochaine jeunesse du Major Jones, Thorgal multiplie les séries dérivées. Après Louve et Kriss de Valnor qui se sont terminées et la fin très prochaine de La jeunesse de Thorgal, Thorgal Saga est la nouvelle série dérivée autour du monde du viking des étoiles. A l’instar de la série des Spirou vus par divers auteurs, cette collection va proposer des one shot écrits et dessinés par un artiste ou un duo qui raconteront un haut fait du viking à un moment précis de son histoire. Robin Recht est le premier à se frotter à l’exercice. L’auteur est parti du postulat : « Dans chaque vieux, il y a un enfant qui se demande ce qui s’est passé. » C’est ainsi que lui est venu de mettre face à face un Thorgal vieillissant à son lui-même jeune. Il va également retrouver Gandalf-le-fou, le père d’Aaricia, en proie à un courroux qui n’arrange pas son caractère. Recht se sert d’éléments récurrents de la série-mère. On a pu voir le serpent Nidhogg dans « L’enfant des étoiles » et « La gardienne des clefs ». Un anneau d’Ouroboros apparaît dans « Le maître des montagnes ». Quant aux redoutables Baalds, ces barbares apparaissent dans « La magicienne trahie ». Par ailleurs, Recht créé un personnage fort en la personne de Skraeling-la-noire, guerrière loyale et déterminée qui sera une alliée de choix. Un peu de féminisme dans Thorgal, ça fait du bien. Ça change d’Aaricia qui aura eu une vie plus proche de celle de la femme au foyer que de l’aventurière.
Robin Recht joue avec le temps dans une aventure incroyable. Il se permet de bousculer des personnages emblématiques d’une façon telle que l’on n’aurait pas cru que ce soit possible. Il mélange les cartes comme un magicien le fait au nez et à la barbe de ceux qui le regardent en essayant de comprendre comment il va retomber sur ses pieds. Le final est grandiose, à couper le souffle. La conclusion est philosophique. Elle amène une réflexion sur le sens de la vie. La barre est bien haute pour ceux qui succéderont à Robin Recht pour un prochain Thorgal Saga. Fred Duval et Corentin Rouge sont déjà au travail. On leur souhaite bonne chance mais on leur fait confiance.
Quarante-six ans après son apparition dans le journal Tintin, l’univers de Thorgal a encore de nouveaux horizons à nous faire découvrir. C’est la magie d’une création forte qui fait partie du cercle très fermé des plus grands classiques de la bande dessinée franco-belge.
Série : Thorgal Saga
Tome : 1 – Adieu Aaricia
Genre : Heroïc Fantasy
Scénario & Dessins ; Robin Recht
Couleurs : Gaëtan Georges
D’après : Rosinski & Van Hamme
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782803679065
Nombre de pages : 112
Prix : 21,50 €