Immersion au cœur d’une épicerie solidaire, espace de vie sociale
« -C’est pas possible. Vous avez braqué un supermarché ?
-Même pas. On nous a tout donné. On a deux types de ramasse. Celle de la banque alimentaire et celle de l’hypermarket. Ici, c’est l’hypermarket. On a signé une convention avec un des magasins pas loin pour récupérer tous les produits frais invendus ou dates courtes. »
Lola vient d’arriver au Sac à malices, une épicerie solidaire et espace de vie sociale. Elle souhaite y être bénévole. Elle est accueillie par Justine l’animatrice, qui lui fait visiter les lieux. Dans son bureau, Badia gère tout l’administratif et la comptabilité. Elle assure aussi la prise de rendez-vous pour les bénéficiaires. Il y a différentes salles, pour les repas, pour les réunions, pour les différents ateliers de couture, cuisine, réparations ou conversation française. Les invendus des grandes surfaces arrivent. Ils sont étiquetés à 10 % de leur prix d’origine, une somme dérisoire mais qui fait bien comprendre au public qui y a droit que tout se paye, que tout a une valeur. Lola découvre ce monde dans lequel elle compte s’investir.
Après La Bigaille, lieu culturel associatif, Thibaut Lambert raconte l’aventure d’un autre endroit, Le sac à malices, alternative aux Restos du cœur, lieu d’intégration sociale et tremplin pour rebondir dans la société. Les bénéficiaires peuvent acheter chaque mois pour une certaine somme définie de denrées. Au bout d’un an, leur situation est réévaluée pour savoir s’ils pourront y revenir, après avoir laissé pendant quelques mois leur place à une autre famille nécessiteuse. Dans les ateliers, on peut même reprendre de l’estime de soi avec du socio-esthétisme, ou encore apprendre à faire du vélo. Ça pourra servir notamment à certaines mamans qui pourront ainsi accompagner leurs enfants en sorties scolaires. Le lieu accueille aussi des jeunes nécessiteux en souffrance psychologique, comme Kimberlay, orpheline, SDF, handicapée, que la rue a changée mais qui a été sauvée par, dixit, son caractère à la con.
L’association se trouve à Saint-Pierre-des-Corps, en banlieue de Tours. Deux tiers de la population y vit sous le seuil de pauvreté. Les 42 % de logements sociaux ne comblent pas les besoins. Par le truchement d’une discussion entre Lola et des bénévoles, Lambert raconte l’historique de la ville. De l’Antiquité à aujourd’hui en passant par la reconstruction de l’après Seconde Guerre Mondiale. On comprend mieux comment la situation a pu en arriver à un tel point. Encore une fois, Thibaut Lambert écrit un récit témoignage émouvant, faisant prendre conscience d’une triste réalité et démontrant que la solidarité est le seul moyen pour aider les bénéficiaires, contre les vents politiques qui rament parfois en sens inverse.
A ranger à côté de La Bigaille, Le Sac à Malices est une nouvelle aventure réaliste immersive signée Thibaut Lambert, le genre d’albums qui donne envie de donner un sens à sa vie, en s’impliquant.
One shot : Le sac à malices
Genre : Reportage
Scénario & Dessins : Thibaut Lambert
Éditeur : Des ronds dans l’O
ISBN : 9782374181448
Nombre de pages : 128
Prix : 22 €