Complot au Royaume
« -Ne tirez pas, Sire ! … Ecoutez-moi ! … Je ne suis pas un anarchiste ! … Je voulais vous mettre en garde… Sire, en ce moment peut-être, des misérables essayent de voler votre sceptre ! »
Août 1938. Les aventures de Tintin en Syldavie démarrent dans le Petit Vingtième. Elles seront rebaptisées Les nouvelles aventures de Tintin en Syldavie, puis Le sceptre d’Ottokar. La Syldavie est un pays royaliste voisin de son ennemie la Bordurie. Ces pays imaginaires se situent aux alentours des Balkans. Depuis Le Lotus Bleu, Hergé ne cesse de progresser dans la précision des histoires, les détails, la plausibilité des événements. Tout dans Le sceptre va dans cette logique de crédibilité. Moyens de transports, progrès, décors, paysages, Hergé veut de la précision dans les détails. Après la recherche du fétiche Arumbaya dans L’oreille cassée, Tintin se lance à la poursuite d’un nouvel objet : le sceptre symbole de la monarchie syldave. Si l’album est remarquable dans la liste des aventures de Tintin, c’est aussi parce qu’y apparaît un personnage emblématique de toute l’Histoire du Neuvième Art : La cantatrice Bianca Castafiore, qui prend Tintin en auto-stop en pleine campagne et qui, pour lui faire plaisir, va lui interpréter un petit air célèbre.

Dans les coulisses du Sceptre d’Ottokar, on apprend qu’un point de départ d’Hergé pour imaginer le récit a été l’accession au trône du Roi George VI en Angleterre. D’une lutte dynastique, l’aventure va dévier vers un complot politique inspiré par l’annexion de l’Autriche par les nazis, aidés par les italiens. C’est de Mussolini et Hitler que Müsstler tient son nom. En décembre 1938, un lecteur félicite l’auteur pour le rythme de l’histoire : « Les accelerandi et les ralentendi sont mieux dosés que jamais. » Les rebondissements sont nombreux. Les lecteurs ont même parfois un coup d’avance. Ils savent avant Tintin par exemple que la rencontre arrangée avec sa Majesté Muskar XII est en réalité un guet-apens.

Pour la version couleurs, Hergé recevra l’aide précieuse de Jacobs. Ensemble, ils retravailleront entre autres l’arrivée de Tintin dans la salle du trône, décentrant le point de fuite. La case, où l’on peut reconnaître des visages connus des tintinophiles dans la foule, en devient mythique. Avec Jacobs, Hergé corrige également les costumes. Ils les précisent, ôtent des invraisemblances.
Au fil des éditions, la couverture passe par plusieurs transformations. Si dans la première édition en noir et blanc, Tintin et Milou sont devant les emblèmes royaux, la version couleur les montre quittant stoïquement le château, puis d’un pas assuré dans une nouvelle mouture.
Pendant ce temps, Jo et Zette veillent à la destinée du Stratoneff H-22 dans Cœurs Vaillants, et Quick et Flupke, avec l’Agent 15, sont aux côtés de Tintin pour faire honneur au jubilaire, les dix ans du Petit Vingtième.

Avant de rencontrer le Capitaine Haddock dans le prochain volume de la collection à paraître fin janvier, visitez l’Europe de l’Est vue par Hergé dans Le sceptre d’Ottokar. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Série : Tintin Hergé Les coulisses d’une œuvre
Tome : 8 – Le sceptre d’Ottokar
Genre : Aventure
Auteur : Philippe Goddin
Avec la participation de : Dominique Maricq
Scénario & Dessins : Hergé
Éditeur : Moulinsart
ISBN : 9782810442515
Nombre de pages : 108
Prix : 19,95 €



