Demain contre l’Art
« -Tin-3.103. Vous êtes en possession d’un objet prohibé par le Canon. En cas de résistance, vous et l’objet serez détruits.
-Un nettoyage de votre disque interne sera imposé.
-Mais ? Monsieur Alain me dit que c’est une œuvre d’art. Du vivant.
-Tin. Ils vont la démolir. Tu dois la sauver.
-Mais !
-Un droïde qui n’obtempère pas ?! »
Ben City. Galaxie Nord-Ouest. Siège du Canon. Population d’environ 350 millions d’habitants, composée principalement d’humanoïdes augmentés et d’humains assistés par ordinateur. Quelques réfractaires tentent de s’opposer à la pensée unique. Parmi eux, trois « insuffisants » ont subtilisé un artefact. Deux opérateurs sont à leur poursuite. Avant d’être repéré, le trio balance son larcin dans un sac-à-dos dans le fleuve. Le lendemain, l’androïde Tin-3.103 trouve le sac. Il l’ouvre et découvre un buste, une sculpture de la fin du XVème siècle terrien, façonnée à la main, à l’image d’une femme réelle. Monsieur Alain, un professeur, lui apprend que la confection de l’objet est un cas de mimesis, une notion philosophique ancestrale consistant à imiter un objet de la nature. Le sujet n’est pas la beauté mais la façon de représenter le sujet. C’est une véritable création. On appelle ça une œuvre d’art.

Pour le Canon, la mimesis est une forme de mensonge, une mauvaise copie de la réalité qui éloigne le peuple du factuel. En bref, c’est une menace pour le pouvoir en place. Heureusement, un groupe secret d’agrestes tente de sécuriser l’héritage humain. Alors que deux agents surgissent pour reprendre possession du buste, Tin-3.103 s’enfuit avec l’œuvre. Il va tenter de rejoindre un groupe de rebelles sur la planète Door Ka Grah qui accumule des ouvrages anciens pour les réunir dans un sanctuaire. Puissance numérique, Canon craint la menace de la matière qui doit rester triviale et utilitaire. Il voit le passé comme une fiction qui s’oppose à sa permanence. Il craint en fait le mystère qui défie sa norme. Tin-3.103 parviendra-t-il à déjouer les plans des sbires du Canon lancés à ses trousses et à mettre l’œuvre en sécurité ?

Mimésia aurait dû être le nouvel album de la collection Louvre-Futuropolis. Comme ses camarades auteurs avant lui, Hugues Micol a arpenté les couloirs du Musée pour préparer son livre. Le premier projet de l’auteur n’ayant pas trouvé d’adhésion, ajouté au départ de Fabrice Douar, éditeur au musée du Louvre, Micol et Futuropolis ont repris leur indépendance. Avec moins de contraintes et plus de libertés, l’histoire s’est transformée en dystopie futuriste intergalactique. L’intelligence artificielle veut la peau de l’Art. Micol met en garde sur une uniformisation et une aseptisation de la pensée, débarrassée de l’Art qui fait réfléchir. Enfin, avec ses cheveux châtains et son haut bleu, avec son nom également, Tin-3.103 n’est pas sans rappeler un certain reporter à la houppe. Mimésia ne serait-il le projet Tintin du futur ayant traversé l’espace-temps depuis 2053 ?

Réflexion sur l’avenir de l’Art, Mimésia est le nouveau coup de maître d’Hugues Micol, auteur qui, d’album en album, se remet sans cesse en question autant scénaristiquement que graphiquement. Si Le Louvre ne veut plus de bande dessinée, la bande dessinée veut encore du Louvre. Du passé au futur, le Musée n’en finit pas d’étonner.
One shot : Mimésia
Genre : Thriller art futuriste
Scénario, Dessins & Couleurs : Hugues Micol
Éditeur : Futuropolis
ISBN : 9782754846394
Nombre de pages : 72
Prix : 19 €



