Les héros sont éternels
« -Ah ! V’là les Hic !… gars pour notre poker du Hic !… du soir ! Ça vous a pas suffi de vous faire plumer quinze jours d’affilée ? Hi hi !
-Moi je joue pas sans Red.
-Mais… Il est mort !!!
-C’est pas une raison pour Hic !… pour l’oublier !
-Bien dit ! Red a été de toutes nos Hic !… de toutes nos parties depuis qu’on est là, et ce sera pareil ce soir ! »
Mike Steve Donovan, alias Blueberry. Qui n’a jamais entendu parler du lieutenant le plus célèbre de la bande dessinée ? Certainement pas la dream team des auteurs qui lui rendent hommage dans les quatorze histoires de ce collectif de grande qualité. Chacun dans son style, les auteurs ne se sont pas contentés de reprendre le ou les personnages dans des aventures décrochées. Ils ont imaginé des événements s’intercalant ou se déroulant à des instants précis dans la bibliographie des albums signés Jean-Michel Charlier et Jean Giraud. Blueberry, qui ne devait être qu’un soldat parmi les autres au Fort Navajo, s’est emparé lui-même de la série pour devenir un personnage mythique. Bienvenue sur la piste de Blueberry !

Olivier Bocquet et Anlor ouvrent le bal en plongeant, non pas dans la jeunesse, mais carrément dans l’enfance du héros. Pour le fidèle Michel Blanc-Dumont, Jean-François Vivier écrit une rencontre avec Jonathan Cartland. Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat organisent une embuscade qui ne va pas se dérouler comme prévu. Il aurait été dommage qu’Enrico Marini ne mette pas en scène Chihuahua Pearl, avec laquelle il joue la carte de l’humour, tout comme Dominique Bertail, mais lui avec Jim Mc Clure. Il n’est pas étonnant que la meilleure histoire soit signée du duo qui a récemment remis le western au pinacle avec Jusqu’au dernier. Jérôme Félix et Paul Gastine nous invitent à une partie de cartes comme on n’a jamais joué. Ils sont en tout vingt-neuf auteurs à participer à l’ouvrage, la plupart avec des histoires courtes, les autres avec des illustrations, comme Blutch et ses magnifiques revisites de couverture.

Avant chaque récit, les auteurs se souviennent du moment où, jeunes lecteurs pour la plupart, ils ont découvert la série. A 15 ans, Thierry Martin est impressionné par Le spectre aux balles d’or. Lecteur de Pilote, Al Coutelis montre le choc que ça a été à sa parution en 1963, sur les pas de Jijé avant que Giraud ne prenne son autonomie graphique. Ado, Olivier Taduc est subjugué par la couverture d’Angel Face qu’il feuillette, trop tôt peut-être, un rendez-vous manqué qu’il concrétisera plus tard avec Le cheval de fer. Quant à Fred Duval, son album préféré est Nez cassé. Tous ces titres, et les autres, font encore rêver. C’est Corentin Rouge qui clôt le collectif avec un Blueberry vieillissant voyant l’avenir débarquer chez lui avec les conséquences du passé.

Avec une couverture de Mathieu Lauffray, Sur la piste de Blueberry est une invitation à se replonger dans la série complète. L’album a la saveur d’une madeleine de Proust qui peut aussi donner l’envie à ceux qui ne la connaîtrait pas de la découvrir. Un petit scoop pour terminer : en 2026, sort la suite d’Amertume Apache, le diptyque Blueberry de Christophe Blain et Joann Sfar.
One shot : Sur la piste de Blueberry
Genre : Western
Scénario & Dessins : Anlor, Alberto Belmonte, Dominique Bertail, Michel Blanc-Dumont, Blutch, Olivier Bocquet, Vincent Brugeas, Stefano Carloni, Alexandre Coutelis, Fred Duval, Jérôme Félix, Paul Gastine, Goossens, Mathieu Lauffray, Lu Ming, Jean Mallard, Milo Manara, Enrico Marini, Mathieu Mariolle, Thierry Martin, Matz, Ralph Meyer, Félix Meynet, Vincent Perriot, Corentin Rouge, Olivier Taduc, Ronan Toulhoat, Jean-François Vivier, Philippe Xavier
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782205213478
Nombre de pages : 128
Prix : 21,50 €



