La réalité de la fiction
« -Parrain, on va marcher longtemps ?
-Oui.
-C’est ça la chasse à la bécasse, mon petit Christophe.
-Pourquoi on la voit jamais la bécasse ?
-C’est l’animal le plus difficile à chasser. Elle se cache, elle attend toujours le dernier moment pour partir. »
Au début du printemps, il y a de l’enthousiasme dans l’air. Christophe, un auteur de BD, traverse la place sous les grands arbres. Il a rendez-vous avec la licorne. Il appelle Albert, Albert Lustig, un drôle de loustic. Son histoire est folle. La réalité est parfois si incroyable qu’il faut en faire une fiction. Une visite au musée de la chasse et de la nature fait remonter chez Christophe le souvenir d’une partie de chasse à la bécasse avec son parrain. Celle-ci se cache et fait tourner ses prédateurs humains en bourrique. Au musée, Christophe cherche la vitrine de la licorne avec toute l’histoire d’Albert Lustig. Renseignements pris, elle est en réparation car un visiteur s’est approché trop près. Qui est cet Albert qui semble si important ?

Avant de s’attarder sur son destin, il est indispensable de passer par l’histoire de son père Victor, un affabulateur, un malin, un escroc. Dans les années 1920, il y a un siècle de cela, il a vendu la Tour Eiffel. L’histoire de Victor est connue. C’est pour cela que Christophe a décidé de raconter l’histoire de son supposé fils Albert, supposé car dans toute histoire d’arnaque, rien n’est jamais sûr. Pourtant, tout est dans l’ADN. L’escroquerie semble être dans les gênes familiaux. Le cheval de bataille d’Albert est une licorne. Le type va tenter de faire croire à Rob O’Hara, un milliardaire américain féru de chasse, qu’il y a une vallée des licornes dans le désert du Kalahari, entre l’Afrique du Sud et la Namibie.

Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? Albert, Victor,… Le mensonge de l’un est vrai, celui de l’autre est faux, mais pourquoi ne serait-il pas vrai ? En se basant sur un personnage réel, suivant les bases posées par Claude d’Anthenaise qui fut directeur du musée de la chasse et de la nature, Dabitch met en scène un descendant qui va dans la surenchère du mensonge. Cela permettra-t-il au personnage auteur, Christophe, de raconter l’histoire parfaite ? Christophe Dabitch écrit une histoire sur mesure pour Nylso, non dénuée d’humour. Au dessin, le hachuriste maîtrise sa technique avec des natures fouillées mais jamais fouillis. Les planches avec la licorne dans la forêt sont d’une poésie incroyable. Pilier des éditions FLBLB avec la sublime série Jérôme d’Alphagraph, et des éditions Misma, c’est la première fois que Nylso est édité dans une maison mainstream. Largement grandprixmable, l’auteur n’a pas fini d’être remarqué.

Avec un sujet original et une narration hors norme, L’homme à la licorne invite à la fois à la méfiance et au rêve. Impossible de ne pas s’imaginer dans la tête des dupés. Et d’ailleurs, les licornes, pourquoi n’existeraient-elles pas ? Un des événements de cette fin d’année.
One shot : L’homme à la licorne
Genre : Rêverie
Scénario : Christophe Dabitch
Dessins : Nylso
Éditeur : Futuropolis
ISBN : 9782754845038
Nombre de pages : 224
Prix : 25 €



