Poetic Bretagne
Sur une berge en mi-saison, un enfant met un bateau en papier dans l’eau. Des cercles concentriques se forment autour de la petite embarcation. Les couleurs tièdes donnent le ton. Bienvenue dans un recueil poétique d’illustrations signé François Ravard.
Une joggeuse court sur l’herbe avec son chien. Une lampe frontale lui permet d’être visible et repérable par d’éventuels automobilistes ou cyclistes qu’elle pourrait croiser. Il faut dire qu’il est très tôt. Le jour pointe à peine. Le soleil n’a pas encore montré le bout de son nez. Sur la plage, un baigneur vient de se changer dans une cabine. De l’intérieur, on l’aperçoit sur la plage, faisant des étirements avant de rentrer dans le grand bain. Du haut d’un plongeoir, une jeune femme n’a pas l’intention de se jeter tout de suite dans l’eau. Elle plonge, oui, effectivement, mais dans un livre qui l’a déjà emmené ailleurs, en voyage. D’autres vont commencer la journée par une partie de pêche, comme cet homme en ciré jaune qui sert de taxi à un trio de mouettes.

Dans Bon vent, François Ravard dresse les portraits graphiques de philanthropes qui ont décidé de profiter de la vie au bord de l’eau en bretagne. Chaque image est une poésie. Chaque dessin résonne comme un sonnet, comme un quatrain. L’enfant n’est pas que ce petit garçon avec son maillot, ses palmes, sa bouée, ses brassards, son masque et son tuba. L’enfant, c’est aussi le lecteur qui, grâce à Ravard, garde son âme de gamin. L’amoureux n’est pas que ce vieil homme qui embrasse sa femme sur son petit bateau en se remémorant leur jeunesse. L’amoureux, c’est aussi le lecteur qui, grâce à Ravard, ressent de nouveau les papillons dans son ventre. La lectrice, ce n’est pas que cette femme qui lit un roman sur son smartphone, espionnée par une mouette curieuse. La lectrice, c’est aussi celle qui, grâce à Ravard, prend le temps de se poser et d’arrêter de regarder le monde fou qui tourne autour. Même les grincheux, le frileux en doudoune ou le textile chez les nudistes, vont se rallier à la cause, c’est certain.
Les dessins ne sont pas alignés innocemment. L’histoire, si histoire il y a, se déroule du petit matin jusqu’au soir, jusqu’à la nuit même. Si l’on feuillette les pages à la manière d’un flipbook, les couleurs à l’aquarelle permettent de nous en rendre compte. On suit la journée mais on mélange les saisons. L’été, on fait du pédalo, l’hiver, on dessine une maison sur le sable. Ravard invoque Sempé tout autant que ces images de puzzles aux multiples personnages et saynètes. L’auteur réhabilite la Bretagne en lui offrant un écrin de tendresse. Si vous traînez du côté de Dinard, rendez-vous Galerie Alfred. Vous y admirerez ces illustrations…en vrai.
La poésie, ce n’est pas que des mots. La poésie, c’est aussi des images, celles que l’on nous montre et celles qui gravitent tout autour. La poésie, c’est la vraie vie, ou la vie qui devrait, que nous montre François Ravard dans les embruns de son « Bon vent !».
One shot : Bon vent !
Genre : Tendresse et humour
Scénario, Dessins & Couleurs : François Ravard
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344055403
Nombre de pages : 96
Prix : 16,50 €



