Un chien tête de l’Art
« -Il y a quelqu’un au portail ?
-Non Bill, ni à la boîte aux lettres !
-Rien à signaler derrière la maison !
-Tout est calme sur le toit !
-Pas un chat vers le potager !
-La rue est déserte !
-Bref, tout va bien !
-On y retourne !
-Merci les copains ! Les humains ne réalisent pas le stress que ça représente pour un chien de garder la maison ! »
Bill peut se reposer sur ses deux oreilles. Pas besoin d’avoir un œil sur les alentours de la maison, les oiseaux veillent pour lui. Bill a de plus en plus des comportements d’humain. Il sifflote, prend du café dans une tasse, lit le journal, … Il en oublierait presque qu’il est un animal, sauvage comme le convainc la tortue Caroline. Mais s’il se frotte les pattes sur le paillasson devant la porte d’entrée, ce n’est pas pour avoir les pattes propres dans la maison, c’est parce qu’il tente d’extraire les croquettes coincées dedans. Tout ce qui a goût de viande, comme les os, c’est bien meilleur que les brocolis. Si on lui demande ce qu’il souhaite qu’on lui cuisine, on devine aisément la réponse.

Boule pose en costume de pirate, bandeau sur l’œil droit et sabre au clair. Bill peint la scène… enfin… une petite partie. Ce que le cocker représente, ce sont uniquement les os qui sont sur le drapeau noir. Le ton est donné, l’art est le thème émergent de ce nouvel album. Sous le regard admiratif du directeur de Papa, Boule s’exprime dans une œuvre post-tachisme avec un choix très audacieux de couleur. Effet conscient ? Non, c’est juste parce que Bill est excité et qu’il n’y a pas moyen de le ralentir. Comme quoi, la sérendipité, dans l’art, ça existe ! On apprend également que l’art ne se limite pas à la toile. Bill le prouve dans un tableau original avec ses empreintes de pattes… qu’il ne s’est pas laissé nettoyer après.

Cazenove et Bastide n’ont maintenant plus rien à prouver. Le thème de l’art est exploité sur à peu près un quart des gags. C’est presque dommage que ce ne soit pas plus. Mais c’est aussi malin, parce qu’il faut qu’aucun album de Boule et Bill ne se particularise par rapport aux autres (à part la grande aventure Boule et Bill globe-trotters). Bref, l’art contemporain en prend quand même une claque (voir la visite de l’exposition « taches » pendant qu’il pleut), ainsi que l’art « classique ». Le gag 1904 est d’une ingéniosité incroyable. C’est Boule qui peint et Bill qui pose. Chaque case se titre toute seule : Le jeune Bill à la perle, Bill XIV, Bill guidant le peuple, Bill dans le cri de Munch, Bill de Vitruve, Monna Billa, la chapelle Billtine, la naissance de Bill de BotticeBill. Comparez avec les œuvres originales, ça paye ! N’oublions pas le Street Art. Bill va s’y mettre aussi.

Peinture à l’huile ou peinture à l’eau ? S’il faut choisir son camp, ce ne sera ni l’un ni l’autre. Ce sera peinture à l’os. Boule et Bill ne prennent pas une ride. Magique.
Série : Boule & Bill
Tome : 46 – Peinture à l’os
Genre : Humour
Scénario : Christophe Cazenove
Dessins : Jean Bastide
Couleurs : Luc Perdriset &Jean Bastide
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782505134404
Nombre de pages : 48
Prix : 12,95 €



