PJ sous pression
« -Marsac !… Pas trop tôt ! Faut t’acheter un réveille-matin…
-J’avais un rendez-vous médical…
-Ah oui !… Deux macchabées. Les propriétaires. Emile Borel, 63 ans, et sa femme Yvonne. Ils ont reçu chacun deux balles, dont une dans la tête.
-Pas de témoin ?
-Une bonniche à demeure, Angèle Carradec. Elle a eu la présence d’esprit de se planquer dans sa penderie. Mercadier est en train de la réconforter. »
Une villa cossue de région parisienne, pendant l’occupation. Un couple de retraité est assassiné après que le mari a été invité par des malfrats à vider son coffre de la banque. Dépêché sur les lieux, l’inspecteur Marsac retrouve ses collègues Brunet et Mercadier qui ont recueilli les informations qu’ils ont pu auprès de la bonne qui s’était cachée dans une penderie. Le modus operandi rappelle celui d’un meurtre attribué en 1935 à Lucien Grenier. Emprisonné à Fresnes, il a été libéré ainsi que deux autres détenus à la demande d’un officier supérieur allemand. Si les boches se mettent à libérer les prisonniers de droit commun, c’est pour les épauler dans leur travail de police. Aujourd’hui, Marsac retrouve Grenier dans une villa de Neuilly. Loin d’en vouloir au policier, l’ex-taulard répond à ses questions, mettant en avant un alibi. Le flic n’est pas dupe.

Dans une France occupée gangrénée par l’occupant et la corruption, il n’est pas évident de trouver sa place. Refusant son affectation au service anti-juifs, Rouget a quitté les RG pour se retrouver au contrôle économique. Il s’occupe de marché noir. Dans chaque situation, il y a ceux qui en profitent et ceux qui la subissent. C’est le cas des services de police. Alors que Grenier est placé en garde à vue, un officier allemand ordonne sa libération. En toute impunité, le meurtrier va pouvoir poursuivre son trafic de marchandises de luxe. L’inspecteur Marsac parviendra-t-il à conserver son intégrité ou cèdera-t-il aux sirènes de la corruption ?

Quand on parle d’occupation et de résistance, on pense tous qu’on aurait eu un comportement héroïque ou discret, mais que l’on serait resté sur un chemin pavé de morale. N’ayant pas vécu l’époque de l’intérieur, il est impossible de savoir comment on aurait réagi, d’autant plus que personne ne pouvait prédire quand et comment la période s’arrêterait. Avec Un flic sous l’occupation, Philippe Richelle montre comment les cartes ont été rebattues entre police et hors-la-loi, comment la corruption et le trafic étaient à portée de main pour tout un chacun. Alors que policier était un métier objectif et manichéen, les circonstances ont transformé la profession, avec le risque de glisser du jour au lendemain du côté obscur. Au dessin, le scénariste retrouve son complice d’Amours fragiles Jean-Michel Beuriot. Trente-trois ans après la trop vite arrêtée série Rebelle, voici le duo de retour chez Glénat pour une nouvelle immersion dans la Seconde guerre mondiale, non pas au cœur des combats, mais dans la vie parisienne de tous les jours, où aucun lendemain ne ressemble à sa veille.

A qui profite le crime ? Dans un jeu trouble, le bruit des bottes rebat les cartes et il est bien compliqué de rester droit dans les siennes. Enième histoire dans ce décor historique, Un flic sous l’occupation démontre que le sujet est inépuisable.
Série : Un flic sous l’occupation
Tome : 1 – Profit garanti
Genre : Polar historique
Scénario : Philippe Richelle
Dessins : Jean-Michel Beuriot
Couleurs : Albertine Ralenti
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344058565
Nombre de pages : 56
Prix : 17,50 €



