Guerre familiale
« -Nous avons des prisonniers. Faites soigner leurs blessés et placez les autres en cellule !
-Ça va ?
-Il est pas gentil du tout ! Il a dit que j’étais un fils indigne !
-Et naturellement, vous ne partagez pas cet avis… mon fils ? »
Sur la route de la province d’Ôji, quatre aventuriers font une halte en lisière de forêt. Caleb a hâte de faire découvrir sa région natale à ses compagnons de voyage. Pendant que John Doglass ramasse le bois nécessaire pour faire chauffer le repas, Caleb initie le jeune Tristan au sabre, afin qu’il parvienne à voir distinctement son Yôkaï. Beryle, la mère de Tristan, n’a qu’une idée en tête : obtenir des informations sur l’assassin de son mari. Dès le lendemain matin, il faut repartir. En arrivant au château familial, ils le trouvent assiégé par des guerriers ennemis qu’ils parviennent à faire fuir. Accueilli assez froidement par sa belle-mère, seconde épouse de son père, Caleb Inari se rend au chevet de ce dernier. Alors qu’il lui demande pardon pour lui avoir volé une larme sans en connaître tous les pouvoirs, le patriarche se réveille.

La province d’Ôji était jadis l’une des plus prospères d’Onogoro. Le Seigneur Murami était populaire, aimé. La perte de sa femme l’a anéanti. Submergé de tristesse, le père de Caleb va vivre sous l’emprise de sa seconde épouse tandis que Caleb va partir avec l’héritage des Inari. Ha, le perfide ingrat ! Entre une maîtresse de maison intransigeante et des assiégeurs déterminés, entre combat féministe et brutalité masculine, Caleb et ses compagnons d’infortune vont être les acteurs fortuits d’une rixe dans laquelle ils n’étaient pas prévus. Amis comme ennemis, tout le monde va devoir s’y faire. Rédemption, pardon, exclusion : les relations entre Caleb et son fils vont-elles finir par s’arranger ?

Histoires de fantômes chinois est un film hongkongais de Ching Siu-Tung sorti en 1987. Histoires de fantômes chez moi est un album de bande dessinée français de Loïc Clément et Margo Renard sorti en 2025. La comparaison s’arrête au décor et au titre, bien que l’un comme l’autre ait un petit côté parodique décalé. Si la quête de Caleb va s’étaler sur au moins quatre volumes, avec un fil rouge, chaque album a sa préoccupation principale résolue ce qui est fort louable. On est ici au cœur de relations familiales gangrénées. Dans la tourmente, il y aura des sacrifices. Loïc Clément a lu On a marché sur la lune quand il était petit. C’est un album dont on ne ressort pas indemne. On peut y voir dans le final comme un hommage. Les auteurs de BD sont tous, qu’ils le veuillent ou non, des fils d’Hergé. Les couleurs aquarelle de Grelin sont beaucoup plus maîtrisés que sur le tome 1 et on en ressent tout de suite les bénéfices. Après avoir storyboardé le tome 1 et les quinze premières planches de celui-ci, Stéphane Benoît lâche la main de Margo Renard qui se débrouille très bien toute seule. Comme Tristan, on la voit grandir et prendre de l’assurance. Bien joué, autant pour elle que pour ses acteurs de papier.

« La tradition prétend qu’on les appelle « Larmes » car elles sont transmises à un fils par son père, sur son lit de mort. Moi, je crois qu’on les appelle ainsi car en brandir une sur le champ de bataille équivaut à fabriquer des veuves et des orphelins. » Chacun pense ce qu’il veut, mais en tous cas, entre les mains de Margo Renard et Loïc Clément, ce sont des Larmes d’action, d’humour et aussi d’émotion. De l’aventure comme il y en a finalement trop peu.
Série : Les larmes du Yokai
Tome : 2 – Histoires de fantômes chez moi
Genre : Aventure
Scénario : Loïc Clément
Dessins : Margo Renard
Couleurs : Grelin
Début du storyboard : Stéphane Benoît
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344053324
Nombre de pages : 88
Prix : 16,50 €



