Pour un air d’accordéon
« -Mademoiselle Amandine ! Bienvenue parmi nous. Nous vous attendions. Je suis Monsieur Lemaire. Voici Monsieur Legrand, à ma gauche, et Monsieur Lebrun, à ma droite.
-Enchantée.
-Fichtre ! Une jeune joueuse d’accordéon… Avec tous ses doigts !
-Pardon ?
-Ha ha ha ha ha ha ! Je plaisante, j’adore plaisanter.
-Je vous en prie, Mademoiselle, prenez place.
-Vous permettez que je fasse la route avec vous ? Il est assez rare de voir de nouvelles personnes dans nos montagnes. Le village et votre hôtel sont un peu plus loin dans la forêt. Encore merci d’avoir accepté notre invitation. C’est très important pour nous. »
Jouer de l’accordéon, c’est comme respirer. Amandine le sait bien, le ressent bien. La jeune accordéoniste l’a appris de son grand-père Papy Ernest. Ecouter l’air entrer et sortir du soufflet de l’instrument. L’entendre se transformer en cette langue magique qu’est la musique. Se laisser emmener dans un autre monde pour nourrir nos âmes, se laisser envelopper d’une douce magie. Aujourd’hui, Amandine est accordéoniste professionnelle. Elle se produit sur scène sous les applaudissements de salles combles. Rendre les gens heureux est sa récompense. Un soir, en rentrant à son appartement, le gardien lui remet une lettre, une invitation.

Chaque année, à l’approche des premiers vents d’octobre, un petit village de montagne célèbre l’automne, une tradition ancienne entourée de chants, de rires et de danses au son de l’accordéon. Dans sa missive, l’édile de la cité propose à Amandine de venir représenter l’âme musicale qui ferait vibrer les cœurs des villageois. Elle serait l’invitée d’honneur des festivités. Fatiguée de ses concerts, Amandine hésite à accepter. La nuit portant conseil, le lendemain, elle est décidée. Le jour venu, dans le train qui l’amène à destination, le contrôleur s’étonne de sa destination : « Oh ! Personne ne s’arrête jamais dans ce village. Je ne savais même pas qu’il existait encore. » C’est seule qu’elle descend sur le quai, accueillie par ses hôtes. Les festivités vont durer quelques jours, plus que prévus, dans une ambiance mystérieuse et avec une pression mise par les habitants pour que la représentation soit impeccable le jour J.

Tombée sous le charme des montagnes de Bagnères-de-Luchon, l’autrice espagnole Anna Aparicio Català y a trouvé un cadre élégant et mystérieux, au passé riche d’une époque mondaine révolue. Elle a tiré de cette beauté isolée ce conte féérique dans lequel on ne sait pas s’il faut avoir peur pour Amandine ou pas. Qu’attendent d’elle exactement les villageois ? Anna entretient le suspense le plus longtemps possible dans cette histoire de transmission. Ses personnages aux yeux gigantesques à la Yomgui Dumont sont des passeurs d’émotion. Ses décors automnaux arrondis sont de la plus grande délicatesse. Entre réalisme et onirisme, l’histoire volète au son de la musique que l’autrice parvient à dessiner, à faire entendre. A écouter en lisant l’album, Marta Ledesma a composé un morceau spécifique téléchargeable grâce à un QR code qui se trouve en préambule.

Si vous ne parvenez pas à vous arrêter de courir, lisez La valse des montagnes. Cet album a la capacité magique de suspendre le temps. La musique a le pouvoir de sauver plus que la vie. Qu’est-ce que ça fait du bien de lire de si belles histoires.
One shot : La valse des montagnes
Genre : Aventure fantastique
Scénario, Dessins & Couleurs : Anna Aparicio Català
Éditeur : Bamboo
Collection : Aventuriers d’Ailleurs
ISBN : 9782386040191
Nombre de pages : 152
Prix : 22,90 €



