Perdues de vue
« -Ange, look ! Le New-York building de Joseph Pulitzer ! Un sacré morceau ! Jusqu’en 1894, c’était le plus haut du monde.
-C’est donc là que Clouët travaille…
-Ah ok… T’es pas venu à New-York pour nous aider en fait.
-Pas seulement, c’est vrai. Mais garde ça pour toi, d’accord ?
-Si tu me dis pourquoi t’es ici.
-Pour une femme à laquelle je tiens. Mais je vais faire de mon mieux pour aider ton père. »
Eté 1911. Direction New-York pour Ange Leca, journaliste d’origine corse, et son chien Clémenceau. César Capponi, détective chez Pinkerton, va l’héberger. Ange est sollicité par un ami de Démétrius pour mener une enquête. Associé à William Hearst, Clouët des Pesruches fait son beurre dans le sensationnalisme. Il s’affiche aux bras d’une jeune italienne de 19 ans. Qu’a-t-il donc fait d’Emma pour laquelle Ange n’est pas insensible ? Ange va aussi devoir aider César dans une autre énigme. Miss Blackstone, la fille d’un client, qui a servi de modèle pour le grand peintre William Henry Huddle, et son mari Robert Newcomb auraient vendu aux enchères à prix d’or l’une de ces toiles. Comment ont-ils pu faire cela ? Etait-ce un faux ? Les Newcomb et le tableau sont en tous cas introuvables. Ange Leca est sur deux fronts. Il est plus attaché à l’une qu’à l’autre. Il se trouve que dès le lendemain, Clouët des Pesruches sera présent au New-York fencing club’s house warming party, un événement privé. Mais le jeune Ray, vendeur de journaux un peu et fouineur beaucoup, pourrait s’arranger pour dégoter une invitation pour Ange.

Il va rapidement s’avérer véridique que les Blackstone ont bel et bien vendu un tableau familial. Ils se sont évaporés ensuite dans la nature, comme s’ils voulaient échapper à l’ire paternelle. C’est une enquête de tous les dangers qui attend Leca. La mafia est sur sa route, menaçant leurs proies par des lettres signées de la Main Noire avant de leur offrir une coûteuse protection. Les féministes du Women’s press club vont-elles aider le corse dans ses recherches ? Ce qui l’intéresse avant tout, c’est de retrouver Emma. Cela va l’amener à franchir les portes de la folie, gardées par un médecin encore plus fou que ses patients, le Docteur Henry Cotton, qui a réellement existé.

Tom Graffin & Jérôme Ropert scénarisent un thriller sombre et dépaysant. Beaucoup de personnages et de noms à retenir, mais ni l’époque, ni le lieu de l’enquête ne sont un prétexte. Ils les utilisent à bon escient faisant de la ville un personnage à part entière, comme Paris dans le premier tome. Entre docteur boucher et serial killer, l’enquête glauque ne déplairait pas à Jean-Christophe Grangé.
Le Beaver building new-yorkais trône en couverture. Des villas somptueuses du Cap Corse aux gratte-ciels imposants de l’Amérique, Victor Lepointe s’applique pour des décors minutieux. Quel grand écart à côté de ces organes qui dégoulinent lors de l’autopsie d’un cadavre. Les couleurs ambiance sépia sans l’être vraiment immergent dans l’époque, dans un rouge feu succédant à la dominante bleu eau de la crue de la Seine.

Ange Leca est un homme qui a des failles et des faiblesses. Il s’implique comme personne dans des histoires où il mêle son but et ses sentiments. Avec ses enquêtes, les auteurs nous promettent un tour du monde. Après Paris et New-York, on le retrouvera bientôt à Londres. Vu les dates, peut-être montera-t-il un jour à bord du Titanic ? Pour l’instant, c’est dans la Grosse Pomme et ses alentours qu’il traîne avec son chien.
Série : Ange Leca
Titre : 2 –Monstres américains
Genre : Polar
Scénario : Tom Graffin & Jérôme Ropert
Dessin & Couleurs : Victor Lepointe
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 9791041109265
Nombre de pages : 72
Prix : 15,90 €