Les ailes noires des corneilles n’en finissent pas de voler
« -Excusez-moi ? Vous êtes le docteur Cotteau ?
-Oui.
-Les secrétaires m’ont envoyée vers vous concernant le patient Pierre Grimaud.
-Ah, c’est vous la psy ?
-Docteur Anna Kieffer, ravie de faire votre connaissance.
-Je n’ai pas trop de temps, je vais vous montrer sa chambre. Vous devez connaître le dossier mais je vous refais le topo. Cela faisait 6 ans qu’il était dans le coma. C’est le seul rescapé du massacre des corneilles. Vous en avez entendu parler ? »
Pierre Grimaud se réveille après six ans de coma. Toute la famille du jeune homme a été massacrée dans sa maison. Sa sœur a été retrouvée errant hagarde dans la rue, un couteau ensanglanté en main. Lui, avait été lacéré de coups de couteaux, laissé pour mort parmi les autres cadavres. Pierre a commencé à montrer des signes de réveil il y a un mois. Il peut parler mais est encore très fatigué. Il souffre également d’une tétraparésie de réanimation. Il n’y a pas de dommage cérébral constaté. Il a même quelques souvenirs de la nuit du drame. La psychologue Anna Kieffer vient le voir pour la première fois. S’il a envie de parler, elle est là pour l’écouter.

Pierre a des hallucinations. Il a peur. Anna le rassure. Pour elle, il est en état de stress post-traumatique. C’est sa spécialité, tout comme la psycho-criminologie et la victimologie. Elle collabore avec la police sur certaines affaires, comme celle du massacre des corneilles. Elle devait prendre en charge l’auteur des crimes Laura, la sœur de Pierre, mais elle a mis fin à ses jours peu de temps après. Elle connaît bien l’histoire, c’est pour ça qu’elle s’est proposée pour s’occuper de Pierre.

Au fil des mois, entre flashbacks, secrets de famille et rééducation, on va évoluer avec Pierre, le comprendre, ou pas, dans sa relation avec les autres patients, les soignants… et sa psy. Au fil des mois, on va avancer avec Anna dans la quête de la vérité, car avant de partir, Laura lui avait révélé un secret.
Une abeille prise au piège dans un pot de miel, la matière même qu’elle produit, quel destin ! Y aura-t-il quelqu’un pour la sauver ? La scène résonne comme une métaphore. Rien n’est anodin. A l’image de Ces jours qui disparaissent, Le patient est un récit mystérieux qui se dévoile à pas de loup, qui s’interprète et dont l’éclosion du mystère se mérite. Les décors sont volontairement froids et dépouillés, neutres à l’image des chambres et des couloirs des hôpitaux, pour permettre de mieux se concentrer sur les regards questionneurs, trompeurs ou obliques, et les attitudes ambivalentes, suspectes ou inquisitrices. Les dialogues sont pesés, réfléchis ; chaque mot compte. Tout est pensé chez Timothé Le Boucher, de l’introduction au final, toujours désarmant.

Avec cette réédition au format poche, Le patient bénéficie d’une nouvelle mise en lumière. Timothé Le Boucher signe l’un des thrillers les plus puissants de ces dernières années.
One shot : Le patient
Genre : Thriller
Scénario, Dessins & Couleurs : Timothé Le Boucher
Éditeur : Glénat
Collection : BD poches
ISBN : 978234406
Nombre de pages : 192
Prix : 10 €