Inspiré de faits réels
« -Salut Gilles, tu viens pour le conseil municipal de vendredi ? Je serai là, tu peux compter sur ma voix pour la subvention de la nouvelle salle des fêtes.
-Non, je viens pour Albertine. Tu as des nouvelles de ta belle-mère ? »
Juillet 2022. Un petit village de campagne. Gilles, le Maire, est inquiet. Il en va de sa responsabilité de s’occuper des anciens. Ça fait longtemps que personne n’a de nouvelles d’Albertine Buisson, 99 ans, du hameau de la Noue. Il se trouve qu’Albertine est la belle-mère de Roselyne, l’une des conseillères municipales de la bourgade, mais ça fait 41 ans qu’elles ne se parlent plus. Elle déteste ses belles-filles. La dernière fois qu’elle l’a vue, c’était il y a vingt ans, lorsque la vieille dame a enterré son mari. Christian, son fils, le mari de Roselyne, lui apporte à manger toutes les semaines. En ce moment, Christian ne va pas fort. Le Covid a mis ses poumons dans un sale état. Gilles, Monsieur le Maire, se rend chez la mamie. Le portail est clos et une haute murette borde le jardin.

Gilles est préoccupé par les seniors de sa commune vieillissante de 1400 habitants. Il se trouve que sa mère est aussi très âgée. Fort occupé par sa fonction, il sait qu’il ne lui consacre pas assez de temps. Cette année, plutôt que d’envoyer ses conseillers à leur rencontre, il décide de le faire lui-même, d’occuper le terrain, même si c’est chronophage. C’est le cas Albertine qui va prendre la majeure partie de son temps. Suite à l’hospitalisation de son mari, Roselyne avoue à son édile ce que lui a confié celui-ci avant de tomber dans le coma, un lourd secret, inavouable, un événement improbable, qui dépasse l’entendement, quelque chose au sujet d’Albertine qui va bouleverser la vie de la commune…

François Vignolle et Vincent Guerrier sont respectivement coordinateur des enquêtes police/justice à RTL et M6 et rédacteur en chef de l’hebdomadaire Le Perche. Si l’on précise le véritable métier du duo de scénaristes de cet album, c’est parce que l’histoire racontée ici est inspirée de faits réels. Ils ont suivi l’affaire dans leurs médias respectifs. Ils ont rencontré les principaux protagonistes de ce faits divers et ont reconstitué au plus près tout ce qui s’est passé. Ils le racontent ici du point de vue du Maire, qui s’est trouvé au cœur de la famille de la disparue, d’autant plus que la bru d’Albertine n’est autre qu’une conseillère municipale. L’angle scénaristique met le lecteur dans la peau du premier magistrat. On se questionne en même temps que lui. Lui-même se remet en question, et par là même nous aussi, par rapport à sa propre mère qui vieillit, avec notamment une scène finale d’une grande émotion.

Le dessinateur Vincenzo Bizzarri adopte un style réaliste souple, à la Davodeau, à la Moynot, deux auteurs qui auraient très bien pu dessiner ce polar campagnard. De grandes cases, peu de textes, tout invite à se plonger au cœur des grandes étendues, tout invite à s’interroger sur nos liens avec nos aînés. Tout semble laisser le temps de le faire.
Drame social d’ambiance, Albertine a disparu est ce genre d’histoires après laquelle on n’est plus tout à fait le même après l’avoir lue. Peut-être parce que c’est une histoire vraie. Peut-être parce qu’on a tous une Albertine dans notre famille. Un choc.
One shot : Albertine a disparu
Genre : Polar rural
Scénario : François Vignolle & Vincent Guerrier
Dessins & Couleurs : Vincenzo Bizzarri
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344062340
Nombre de pages : 144
Prix : 23 €



