Light my Doors
« -Qu’est-ce que tu as foutu aujourd’hui ? Je ne t’ai pas vu de la journée.
-Quelques musées. J’ai bu quelques verres à droite à gauche. J’ai pensé aux Doors…
-Aux Doors ? Je croyais que tu ne voulais plus penser aux Doors.
-Et j’ai visité Le Père-Lachaise aussi… Fascinant cimetière… »
Paris 1971. Dans un bar de la capitale, un homme est assis seul au comptoir. Un type l’accoste, ayant l’impression de l’avoir déjà vu quelque part. Il lui demande son nom mais ça ne lui dit rien. Il lui chante une chanson. Il lui chante « Love her Madly ». Le refrain rappelle vaguement quelque chose au bonhomme. Et pour cause, l’homme qui buvait tout seul avec sa dépression, c’est Jim Morrison. C’est lui, le chanteur des Doors, qui a interprété cette chanson. Les souvenirs vont remonter à la surface. Embrumé par l’alcool, Morrison revit sa vie, repasse par les moments marquants de son existence. Il quitte le bar et traverse Paris accompagné de ses succès, ses addictions et sa muse. Avec lui, on fondera l’un des plus mythiques groupe de rock de tous les temps et on fera l’amour… sur la musique des Doors… jusqu’au dernier jour.

Frédéric Bertocchini propose une version éthérée de la vie de Jim Morrison. Jef adopte un style graphique charbonneux. L’album a déjà été publié en noir et blanc chez Emmanuel Proust en 2010. Sous-titré Poète du chaos, il a été traduit en de nombreuses langues. Pour les éditions Des ronds dans l’O, le dessinateur y a ajouté des couleurs. Les dégradés sombres s’insèrent parfaitement à l’univers et donnent un côté Comics polar qui peint l’âme de Morrison. On pourrait presque ranger le livre aux côtes des thrillers de Sean Phillips et Ed Brubaker.
Le final laisse circonspect. Dans le lancer de la lecture, on ressent comme une frustration, avant de comprendre, avec quelques secondes de recul, que c’était exactement ce qu’il fallait faire. Frédéric Bertocchini pose la conclusion parfaite.

Le club des 27 est un tristement célèbre rassemblement d’artistes de la musique morts à cet âge-là. Brian Jones, fondateur des Rolling Stones en 1969, Jimi Hendrix, l’un des plus grands guitaristes de tous les temps, en 1970, Janis Joplin, la reine de la soul, en 1970 également, Jim Morrison en 1971, Kurt Cobain, leader de Nirvana, en 1994, et Amy Winehouse, avec sa voix incroyable, en 2011, ont tous le point commun d’avoir brûlé leur vie. Plus ancien, le bluesman Robert Johnson, mort en 1938, est souvent ajouté au groupe.
Certaines personnes passent sur Terre comme les étoiles filantes traversent le ciel dégagé du mois d’août. Peut-être parce qu’elles ont fait tout ce qu’elles avaient à faire… Ce sont pourtant celles-là que l’on n’oubliera jamais.

Rock & Folk ne s’est pas trompé. Cet album est l’un des meilleurs biopics consacrés à la compréhension du chanteur des Doors. L’album aurait pu s’appeler Inside Jim Morrison. La porte des Doors ne se refermera jamais.
One shot : Jim Morrison
Genre : Biopic
Scénario : Frédéric Bertocchini
Dessins & Couleurs : Jef
Éditeur : Des ronds dans l’O
ISBN : 9782374181646
Nombre de pages : 120
Prix : 24 €