C’est la lutte finale !
« -Monsieur l’officier, je suis un passage du SS Commodore, qui, selon toute vraisemblance, vient de quitter le port sans moi. Je ne me souviens absolument pas de ce qui m’est arrive. Je n’ai plus rien sur moi. Pourriez-vous m’aider à…
-Nom, prénom, origine, papiers d’identité.
-Tréguier, Corentin, Breton… Enfin, français. Comme je vous l’expliquai, je n’ai rien sur moi.
-Le vagabondage est interdit à Cardiff, et puni de trois jours de fers et quatre livres d’amende. Suivez-moi. »
Mai 1875. Alors qu’il se rendait aux Indes orientales, le botaniste Corentin Tréguier est abandonné à l’occasion d’une escale sur les terres anglaises par l’équipage du bateau qui repart sans lui au petit matin. Pour bénéficier d’un gîte et d’un couvert, Corentin ne va pas avoir d’autre choix que de se faire engager comme mineur dans les mines de charbon de la Rhondda Valley. Dix heures par jour, six jours par semaine pour un salaire de trois shillings et sept pences hebdomadaires. L’usage de la violence contre un supérieur est interdit, de même que les bagarres…sauf dans les périodes de pause. Toute langue non comprise par les contremaîtres (gallois, écossais, irlandais,…) est prohibée, de même que sont interdits rassemblements, réunions et regroupements dans des syndicats. Corentin va bien s’amuser…

Au fil des jours, dans une correspondance avec sa mère, il lui raconte la dure vie à la mine. Le malheureux voit un sens à sa présence ici, comme au Congo. Il prédit que quelque chose va se passer et qu’il doit y prendre part. Son destin est en marche. Son destin ? Celui de tout le Royaume-Uni ! C’est un coup de grisou qui va changer la donne. Une galerie s’effondre. Il y a des blessés. Il y a des morts. Corentin en sort indemne. C’en est trop. Les ouvriers se mettent en grève. Le français mène la fronde. Pendant ce temps, alors qu’ils ignorent que leur ami est en Angleterre, Christian et Camille se retrouvent à Londres. Il ne manquerait plus que la mère de Corentin traverse la Manche pour le retrouver.

Si l’histoire de Corentin Tréguier se lit comme un feuilleton, c’est parce qu’elle a été conçue comme un feuilleton. Cette histoire, comme la précédente, est issue de la série de podcasts éponyme de France Culture. Dix épisodes, dix chapitres dans l’album, Emmanuel Suarez adapte son récit très dialogué. C’est là que l’on voit que la radio et la bande dessinée se rejoignent dans l’art du dialogue. Il y en a beaucoup ici mais ça se lit avec grande fluidité. Dans Corentin Tréguier, tout passe par les joutes oratoires et la correspondance épistolaire. Il n’y a quasiment aucun récitatif. Avec son dessin d’un réalisme souple, Hamo se classe dans une gamme d’auteurs comme Xavier Fourquemin. Avec des pupilles rondes et fines, Hamo parvient à donner l’état d’esprit et le caractère de chacun des personnages au premier coup d’œil. Il suffit de regarder les portraits de la galerie en fin d’album pour le comprendre.

L’improbable revolution de Corentin Tréguier au Royaume-Uni, l’album possède un titre qui ne pouvait pas mieux le résumer. Les auteurs offrent un bon moment d’aventure populaire avec un grand A, et qui plus est, historique. Le final laisse augurer d’un prochain épisode en Amérique du Sud et c’est tant mieux.
Série : Corentin Tréguier
Tome : 2 – L’improbable revolution de Corentin Tréguier au Royaume-Uni
Genre : Aventure historique
Scénario : Emmanuel Suarez
Dessins & Couleurs : Hamo
Éditeur : Nathan
ISBN : 9782095030162
Nombre de pages : 124
Prix : 22 €