Namasté, la vie !
« -Tu te souviens de cette mission à Katmandou, l’année dernière ?
-Oui.
-Trois semaines après mon arrivée, le gynécologue m’a appelée pour m’annoncer les résultats de mes dernières analyses. Avant de rentrer en France, je me suis confiée à ce professeur américain, Jason. Sensible à ma détresse, il m’a parlé d’une méthode ancestrale népalaise. Une méthode qui permettrait, par une prise de conscience et un changement d’état d’esprit, d’augmenter ses chances de guérison. Il y a quelque chose que je voudrais te demander, Maëlle.
-Bien sûr ! Tout ce que tu voudras…
-Ecoute-moi, d’abord. »
Paris, aéroport Charles de Gaulle. Si aujourd’hui Maëlle prend l’avion, c’est parce qu’elle a fait une promesse la veille à son amie Romane. Malade d’un cancer, cette dernière lui a demandé de partir pour elle au Népal, à la recherche d’une méthode ancestrale que pourrait lui donnait un certain Jason et qui permettrait d’augmenter ses chances de guérison par une prise de conscience et un changement d’état d’esprit. Plusieurs livres mentionnent cette méthode mais aucun n’en divulgue le contenu. A la suite de conflits entre la Chine et le Népal, le gouvernement aurait caché le document, sans doute par crainte de retombées économiques et d’un écroulement du marché pharmaceutique. Si Maëlle trouve cela absurde, une promesse étant une promesse, elle s’envole pour un court séjour qui risque de changer plus que la vie de Romane.

A peine installée dans son hôtel à Katmandou, Maëlle Garnier, enfant chérie de la start-up nation, addict au travail, comme elle se définit, découvre une lettre de Jason. Une urgence médicale l’ayant obligé à quitter la capitale, celui-ci lui propose de le rejoindre au sanctuaire des Annapurnas, en plein cœur de l’Himalaya. Il a déjà tout prévu pour le trek. Shanti, un guide, a déjà été mandaté pour accompagner l’européenne. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, pour son amie, Maëlle s’apprête, sans le vouloir, à observer le monde avec un regard neuf et curieux comme le ferait un enfant. Elle n’imagine pas le chemin philosophique qu’elle va parcourir, plus long et plus pentu que le chemin physique. Elle n’imagine pas qu’elle n’est pas uniquement sur la route de la guérison de Maëlle.

Mathilde Ducrest adapte le best-seller aux deux millions d’exemplaires de Maud Ankaoua. Romancière, coach et conférencière, l’écrivaine a quitté le sombre monde de l’entreprise et de la finance pour s’intéresser à la vraie vie, aux relations humaines. A travers ses livres feel-good, elle partage ce qu’elle a appris sur elle-même et sur l’espèce humaine lors de ses pérégrinations à travers la planète. La dessinatrice guide la main et le regard du lecteur vers, le sous-titre le dit, le chemin du bonheur. Son trait clair met une distance entre les personnages et les paysages, comme si Maëlle, au début de l’histoire, était étrangère au décor. Au fil du récit, est-ce parce que l’on s’y habitue ?, est-ce parce qu’on est concentré sur le texte ?, est-ce parce que les éléments physiques et spirituels se fusionnent ?, la voyageuse trouve sa place graphique, en accomplissant pour son amie, et peut-être pour une autre raison, sa quête de sens. Comme quoi, un procédé qui peut paraître froid en feuilletant l’album s’avère payant lorsqu’on en comprend la raison à la lecture.

Kilomètre zéro est le genre d’album avec lequel, ou plutôt grâce auquel, on n’est plus tout à fait le même après l’avoir refermé. Ne nous aurait-il pas aidé à comprendre quelque chose sur nous-même, même si l’on ne le cherchait pas ? C’est en cela que la littérature, et par ricochet ici la bande dessinée, a quelque chose de magique et de transcendant.
One shot : Kilomètre zéro
Genre : Tranche de vie
Adaptation, Dessins & Couleurs : Mathilde Ducrest
D’après : Maud Ankaoua
Éditeur : Casterman
Nombre de pages : 152
Prix : 21,50 €