L’incroyable sauvetage des enfants juifs de Moissac
« -Chamois, tu viens faire quoi ici à cette heure ?!
-Salut les gars. On a un gros problème. Castor vient d’être prévenu que des rafles vont avoir lieu demain en zone libre.
-Quoi ?!Qu’est-ce que tu racontes ? Des rafles ?!
-Vichy a donné son accord pour arrêter plus de 10 000 juifs de plus de 15 ans en ciblant d’abord les étrangers.
-Dans le camp, il y en a bien une dizaine !
-C’est pour ça que je suis là. Ils doivent partir dès ce soir. Vous les planquez en forêt le temps que ça se calme et vous reviendrez discrètement à Moissac pour chercher les instructions. Ordre de Castor. »
1942. Moissac, dans le Sud de la France. C’est la consternation. On vient d’apprendre que 13 000 juifs ont été arrêtés en deux jours à Paris. La France a livré aux allemands des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards, innocents, tout ça parce qu’ils sont juifs. Pour le moment, la zone libre est épargnée, mais jusqu’à quand ? Les jeunes vont partir en camp scout. Les vacances leur feront du bien. On ne leur dira rien sur la situation. L’alerte générale ne va tarder. Un soir de veillée scoute, Chamois, alias Henri Wahl, vient apprendre à ses collègues que des rafles sont prévues en zone libre. Il va falloir planquer la dizaine de gamins juifs en forêt, en attendant les instructions pour les exfiltrer.

A Moissac, dans le Tarn-et-Garonne, on va recenser les familles et les écoles qui pourront cacher les enfants. Les plus âgés pourront fuir en Suisse ou en Espagne. Pour communiquer, il faudra mettre au point un code secret. Les résistants sont tout « simplement » en train de structurer un réseau pour assurer la protection des gosses. On va fabriquer de fausses identités. Ils ne devront parler qu’en français. Il ne s’agit pas d’éveiller le moindre soupçon. La maison de Shatta et Bouli va être le lieu de transition, vivant au rythme des départs et des arrivées pour le sauvetage des enfants, en tentant de maintenir pour eux un semblant de vie normale. On y joue, on y chante, on y fait la fête, on y est heureux. Pendant que ceux que l’on appellera les Justes œuvrent en souterrain, les jeunes profitent encore de moments d’innocence… jusqu’au jour où il faudra quitter les lieux.

Grâce à l’engagement des scouts et des habitants de Moissac, aucun des 372 enfants ayant transité par la maison de Moissac ne sera déporté. Sarolta et Edouard Simon, alias Shatta et Bouli, ont accompli un travail incroyable. Faisant fi des mauvaises nouvelles qui arrivaient de la zone occupée, ils ont maintenu des valeurs éducatives, spirituelles et joyeuses pour préserver les enfants de l’actualité ô combien dramatique. Ils ont trouvé les moyens de les sauver, avec un courage et une abnégation hors du commun, apportant une lumière dans la nuit de la Shoah. Ce livre témoignage est librement inspiré de la vie des enfants juifs de Moissac en 1942 et 1943.
Le scénariste Pierre-Roland Saint-Dizier raconte l’histoire extraordinaire de héros ordinaires qui considéraient ne rien faire d’autre que leur métier d’homme. Il n’y a aucun sensationnalisme dans la façon de traiter le récit. Tout est raconté avec la plus grande sobriété. Aux dessins, Andrea Mutti et Angelo Bussacchini, avec les couleurs solides de Luc Perdriset et Christian Lerolle, ne cherchent pas les éclats. Le trait propre et sobre s’efface derrière les événements. Tout tourne autour des lieux. Tous ces auteurs ont la délicatesse de laisser l’héroïsme du quotidien aux femmes et aux hommes qui ont risqué leurs vies pour sauver l’humanité avec panache.

Ne jamais oublier. La maison des enfants, l’incroyable sauvetage des enfants juifs de Moissac, est un livre devoir de mémoire, qui montre que la réalité dépasse parfois la fiction. « Qui sauve une vie, sauve l’univers tout entier ».
One shot : La maison des enfants
Genre : Histoire
Scénario : Pierre-Roland Saint-Dizier
Dessins : Andrea Mutti & Angelo Bussacchini
Couleurs : Luc Perdriset & Christian Lerolle
Éditeur : Plein vent
ISBN : 9782384880614
Nombre de pages : 48
Prix : 15,90 €