Le retour du cow-boy de William Vance
« -T’es bien sûr d’vouloir tout plaquer, Ray ?
-Oui, Gus, ma décision est prise ! J’accepte d’être responsable de la vie de mes passagers… mais je refuse d’être complice d’un système qui les expose sciemment au danger !
-J’comprends ça… Alors ce s’ra ton dernier voyage, d’accord ?
-Comment ça ?
-Tu peux pas m’abandonner maint’nant, Ray… J’compte sur toi pour convoyer une diligence de Rapid City à Carson City… Départ dans deux semaines !
-Pas question ! »
Ray Ringo souhaite démissionner de son poste de convoyeur pour la Wells Fargo. C’est pour cela qu’il est venu à New-York. Le Far-West est devenu trop dangereux et les coupes budgétaires qui réduisent le nombre d’« escorteurs » de diligences ne permettent pas d’assurer la sécurité des voyageurs. Tout cela est dû à la concurrence de plus en plus vive du chemin de fer qui étend son réseau dans tout le pays. Alors, plutôt que de mal faire son métier, le cow-boy préfère rendre son tablier. L’entreprise est bien embêtée de cette décision, d’autant plus que dans deux semaines une diligence part de Rapid City à Carson City avec du beau linge à bord en la personne d’Orion Clemens, un proche d’Abraham Lincoln nommé secrétaire d’Etat du Nevada. Bon, Ringo va y réfléchir. Il ne va pas tergiverser longtemps, un télégramme lui annonce que la diligence conduite par sa future femme Lean a été attaquée. L’équipage s’en est sorti mais la belle est immobilisée à Independence Rock… qui se trouve sur le trajet du convoi prévu par la Wells Fargo. Bon, ben, Ringo va donc accepter la mission.

Pour assurer la sécurité du convoi, Ringo parvient à mettre toutes les chances de son côté. Pour conduire la diligence, Jerry va prendre les rênes. D’un père irlandais et d’une mère indienne de la tribu Attikamek, il a été confronté très jeune à la nature sauvage. A ses côtés, un shotgun est positionné en observateur, prêt à tirer avec dextérité. Et c’est parti. Les ennuis ne vont pas tarder. Le relais dans lequel Eleanor McLean était en convalescence a été attaqué par des outlaws. Caché au fond d’un puits, l’unique survivant raconte le massacre à Ringo. Tout le monde a été massacré et la conductrice a été enlevée. Un seul indice : l’un des hommes masqués portait des bottes en peau de serpent. Qui sont ces assassins ? Pourquoi ont-ils épargné Lean ? Ringo confie la diligence du politicien à Jerry et part à la recherche des bandits.

Après Ric Hochet et Bruce J.Hawker, un autre héros mythique est exhumé du catalogue Lombard, un personnage à la carrière plus éphémère puisqu’il connu seulement trois aventures dans la jeunesse d’un auteur qui deviendra l’un des plus grands dessinateurs réalistes : William Vance. Auréolé de ce passé à l’auteur glorieux, Ray Ringo chevauche à nouveau sous la plume de Corbeyran. A son initiative, le scénariste, qui vient de tâter récemment du western avec La piste de l’Oregon dessinée par Jean-Marc Krings chez Kennes, s’empare du personnage avec l’efficacité qu’on lui connaît. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne ménage pas son héros. Il commence par le bousculer, en le mettant en position de héros désabusé qui veut démissionner. Il poursuit en mettant sa fiancée dans des situations inextricables. Attaché à ses valeurs, Corbeyran s’engage dans la démarche Vance : aventure, divertissement et culture populaire. Il mêle savamment l’Histoire à l’histoire avec des personnages réels, qu’ils soient politicien ou futur auteur célèbre.

Adoubé par Eric Vance, fils de William, Corbeyran s’est donc lancé en compagnie de Roman Surzhenko qui, après l’heroïc-fantasy de Thorgal, s’immerge dans le western avec la même détermination. Les auteurs ne cherchent pas le sensationnalisme comme dans certains reboots. Ils restent consciencieusement dans le classicisme et le respect de l’œuvre originelle. Ça fait du bien.
Le western est l’un des genres les plus bédégéniques qui soient. Si le succès est au rendez-vous, les aventures de Ray Ringo sont parties pour durer en diptyques. Corbeyran a prévu tout un plan de carrière pour le personnage. Que sa chevauchée puisse être longue.
Série : Ray Ringo
Tome : 1 – La porte du diable
Genre : Western
Scénario : Corbeyran
Dessins & Couleurs : Roman Surzhenko
D’après : William Vance
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808216036
Nombre de pages : 52
Prix : 15,95 €