Quand la vengeance se nourrit de rancœur et de patience !
Quand le rouge de la toga picta impériale se mélange à celui du sang des Julia !
« Pensez-vous que j’ai bien joué mon rôle dans cette grande comédie qu’est la vie ? Si oui, je vous en supplie, faites-moi une dernière ovation. »
14 après JC ! Ainsi s’éteignait le patron du monde, le premier Empereur, Gaius Julius Caesar Octavianus Augustus, descendant de la dynastie Julia !
Tibère, son fils adoptif lui succède. Du fait de sa mère, Livia Drusilia, il appartient à la lignée claudienne. Cette dernière, ambitieuse et prête à tout, a passé sa vie pour mettre sa lignée sur le trône.
Mais un autre prétendant pourrait réclamer le trône : son père, Julius Caesar Germanicus, le propre neveu d’Auguste, de la gens Julia !
Le sceau impérial lui revient de droit par sa lignée … et par les droits acquis sur le champ de bataille ! Pourtant, ce fils de Rome, descendant divin d’Énée, général des légions d’Hispanie et d’Illyrie, n’a aucune prétention politique.
Néanmoins Tibère, poussé par sa mère, s’en méfie. Il décide de le faire revenir de Germanie, de le couper de ses légions afin de le surveiller de près, lui et sa famille. Mais au Palatin, sa présence, son prestige restent des menaces. Il l’envoie donc, avec une partie de sa famille, au loin, en Orient, dans quelque mission diplomatique à risque, surveillé par Pison, un ambassadeur plénipotentiaire !
Ceci ne le rassure pas pour autant. Il finit par ordonner à celui-ci d’empoisonner ce prétendant gênant, même si … !

© Blengino – Ali – Iozza – Delcourt 2025
Dès lors, qu’adviendra-t-il de son épouse, Agrippine, et de leurs 6 enfants … ses 3 fils, Gaius surnommé Caligula, Drusus César, Néron César et de leurs 3 sœurs Livilla la cadette, Drusilla et … l’aînée Agrippine Mineure !
Les derniers souhaits de Germanicus à son épouse sont très clairs :
« Mon amour … ne sois pas stupide … n’envisage aucune vengeance contre l’empereur … La seule et unique chose dont tu dois te préoccuper c’est la sécurité du petit Gaius … et des autres enfants … restés à Rome … Bientôt eux aussi deviendront un problème pour Tibère. Tu dois les protéger … protéger nos fils ! Puisque dans leurs veines coule le sang céleste … »
Ne sont-ils pas également des menaces futures quant à l’accession future au trône du successeur désigné de Tibère, son cousin Drusus ?
Nous sommes en 19 après JC et Rome continue à faire couler le sang de ses fils !

© Blengino – Ali – Iozza – Delcourt 2025
Agrippine Mineure, du haut de ses 8 ans, va vite s’en rendre compte. Entre complots et morts suspectes, le trône de Romulus intéresse également d’autres factions que les Claudiens ou la gens Julia ! Le nouveau conseiller et homme de confiance de Tibère, Lucius Seianus, se verrait bien écarter les familles historiques pour s’y asseoir !
La mort, par suite d’un malaise soudain, de l’héritier légitime de Tibère, la maladie qui le ronge l’obligeant à quitter Rome, ne laisse donc face à face que 2 camps …
» Lucius Seianus, le seul homme en qui j’ai encore confiance, sera mon porte-parole ici, à Rome. Dorénavant, ma chérie … la guerre pour l’avenir de l’Empire est une histoire qui ne concerne plus que vous deux. »
Le tout désormais est de savoir lequel l’emportera dans cette guerre silencieuse …
Une lutte où tromperies, trahisons familiales, mensonges, coups bas, … amèneront Agrippine à se sentir pire qu’un objet, pire qu’un trophée que l’on s’échange, que l’on marchande …

© Blengino – Ali – Iozza – Delcourt 2025
Ce premier volume de cette future « reine sanglante » balaie sa vie de son enfance au début de son âge adulte. Survolant une bonne vingtaine d’année, Blengino nous relate le contexte historique tendu et paranoïaque de l’époque, ses complots et intrigues au plus haut niveau. Dès lors, nous comprenons mieux pourquoi, en bout de course, Agrippine sera l’une des plus sanguinaires reines de l’histoire romaine !
Une narration rythmée, focalisée sur les confidences et souvenirs de cette femme qui dès son plus jeune âge refusa la mainmise masculine. A ses 8 ans déjà, son frère Gaius « Caligula » qui n’en avait que 10, rêvait d’une relation « d’adulte » avec elle, afin d’assurer la descendance « pure » de leur lignée !
Plus tard, elle acceptera un mari imposé. Bien que vieux et répugnant au premier abord, il marquera du respect pour elle … et saura rester à « sa place » ! Quant à elle, elle attendra son heure …
Elle mordra sur la langue, patientera, acceptera sans broncher, se retiendra et surtout se renforcera afin de ne pas se perdre, se pervertir ou s’abandonner …
Elle mettra à profit ce temps à attendre pour s’instruire, car elle sait que :
« Je dois tout savoir de Rome, connaître par cœur chaque instant de ses 7 siècles d’existences, chacune des centaines de milliers de lois qui la gouvernent. La connaissance, père, c’est la seule arme dont je dispose. Seule la connaissance m’évitera … de finir comme vous tous. »

© Blengino – Ali – Iozza – Delcourt 2025
Un tome 2 (attendu à la rentrée en septembre) qui verra son dernier frère survivant, Caligula, monter sur le trône ! « Le théâtre des fous » en perspective … avant un tome 3, « Ce qui ne peut être nommé » (janvier 2026) où … Rome connaîtra sa rage, sa fureur, sa vengeance !
« La vengeance n’est-elle pas un plat qui se mange froid ? » … seule la promesse du sang à verser lui permet de la conserver chaude dans le cœur !
Mais là, je m’emballe par l’enthousiasme de cette peinture énergique et passionnée !
Luca Blengino prend ainsi l’angle d’attaque idéal pour se mettre à la place de son héroïne. En la suivant dans ses « mémoires », nous sommes emportés dans les tréfonds de ses pensées. Une narration dense, vivante, passionnée qu’Ali Roberto réussit à transposer en planches, en cases nerveuses dans un style réaliste criard !
Faisant la part belle aux visages, aux expressions, il teinte chacune de ces cases d’une émotion certaine.
La mise en page dynamique rend la lecture quasi épique à certains passages, tout en restant naturelle et logique.

© Blengino – Ali – Iozza – Delcourt 2025
Une lecture tout public qui enchantera autant les amateurs de la Rome Antique que ceux de drames humains extrêmes !
Série : Les Reines de sang
Titre : Agrippine, 1 – Sang céleste
Scénario : Luca Blengino
Dessin : Roberto Ali
Couleurs : Angelo Iozza / Arancia Studio
Éditeur : Delcourt
Collection : Histoire & histoires
Genre : histoire, biographie
Parution : 14/5/2025
Pages : 48
Format : 23 x 32 x 1,2 cm
ISBN : 978 2 4130 4229 7
Prix : 15,50 €