Trois destins pour un totem
« -C’est un honneur de vous rencontrer ici, Toranaga-San. Votre réputation vous précède.
-Atsuka-San, j’espère sue vous ne m’en voulez pas pour la façon dont nous vous avons fait venir ici. L’affaire requérait que j’emploie les moyens les plus rapides et je ne suis pas familier des étranges coutumes de ce pays.
-Quelle affaire réclame le concours d’un ancien samouraï… un… sans-honneur… ? «
Dans le saloon de Blackstone, Serena aligne les clients sans état d’âme. Le triste ressort de sa vie est d’assouvir les cerveaux des clients qui pensent avec leur sexe. Alors, le jour où un gros gras adipeux claque en plein coït, elle trouve dans ses papiers une carte contenant la promesse d’une vie meilleure et décide de mettre les voiles en pleine nuit. Sur les toits d’une ville qui commence à s’industrialiser, Atsuka, un ronin-elfe, est poursuivi par des membres de l’agence Pinkerton. Après une haletante course-poursuite, il se laisse convaincre de regagner Bloodwood où un commanditaire l’attend. Alors qu’elle bivouaquait près d’une rivière, une nonne est accostée par trois cow-boys qui tentent de la violer. Elle ne verra son salut qu’à l’intervention de M, une de ses consœurs, qui va stopper chez ces rustres toute velléité de recommencer.

Une pute, un ronin et une nonne, ces trois-là n’avaient rien en commun pour se rencontrer. Et pourtant, leurs destins vont se croiser. Atsuka est invité à servir un nouveau seigneur. Ce Daimyo n’est autre qu’un enfant orc dont le clan Yagu veut la peau. Leyasu, le petit orc, communique par la pensée. Tous deux allaient entamer un voyage de plusieurs jours à travers plaines et forêts jusqu’à un mystérieux totem, un monolithe. C’est ce gigantesque pavé noir qui est aussi la destination indiquée sur la carte de Sérena, la prostituée de Blackstone. La nonne M, quant à elle, a une vengeance à assouvir. Elle est sur les traces du sénateur Winter, qui justement copine avec Ostermann, patron du saloon de Serena, qui cherche à tout prix à remettre la main sur la carte.

Ce cinquième tome de West Fantasy clôt un premier cycle dont chaque volume a montré l’originalité et la puissance de ce genre nouveau, crossover entre le western et la fantasy. Comme dans chaque épisode, les parts d’ombre de l’histoire sont éclaircies par un chapitre en prose qui donne les clefs indispensables à la compréhension fine de l’histoire, comme si les auteurs s’amusaient à en cacher les secrets. L’astuce scénaristique est un tour de force réalisé par chacun des scénaristes de la série, dont chaque tome peut aussi se lire indépendamment. Jean-Luc Istin, concepteur de l’univers, avait donné le ton dans les deux premiers tomes. Il reprend la main ici pour cette fin de cycle, en terminant par le retour d’un personnage emblématique. Un nouvel arc est d’ores et déjà annoncé. Les dessins de Nicolas Demare et les couleurs de Vincent Powell et Amélie Picou s’intègrent efficacement dans l’univers.

Si Eddy Mitchell reprenait La dernière séance avec une dose de modernité, il faudrait des films dans l’esprit de West Fantasy, série qui dépoussière de manière totalement inattendue un genre que l’on croyait en vase clôt mais qui ne demande qu’à connaître une extension… comme dans les jeux de rôle.
Série : West Fantasy
Tome : 5 – L’assassin, le ronin et la catin
Genre : Héroïc-Fantasy Western
Scénario : Jean-Luc Istin
Dessins : Nicolas Demare
Couleurs : Vincent Powell & Amélie Picou
Éditeur : Oxymore
ISBN : 9782385610906
Nombre de pages : 64
Prix : 16,50 €