1935-1945 dans une famille allemande
« -Cabinet d’avocat Dahmen ? Ah, c’est toi, fils ? Quel plaisir de t’entendre ! Comment ça se passe dans notre belle ville de Munich ? Tu travailles dur ? Tu as reçu quoi ? Mais, et ton stage juridique ? Ça ne suffit pas à te faire exempter ? Oui, je comprends ! J’en parlerai à ta mère. Et je la rassurerai ! Non, non, je ne m’inquiète pas du tout. Très bien mon garçon, on se rappelle très bientôt. »
L’histoire commence à Columbusstrasse en 1935, dans la maison natale de Karl Dahmen, à Düsseldorf, dans le quartier d’Oberkassel. Le petit Karl-Leo est fiévreux. Il tousse toujours autant. L’aîné, Eberhard lit le journal pendant que Peter le cadet suspend un cadre plutôt que de faire ses devoirs. Avant de partir au travail, Karl, le père, demande à sa fille Marlies de donner un coup de main à sa mère. La famille Dahmen ne se doute pas qu’ils allaient se trouver au cœur d’un nouveau conflit international, une guerre qui allait dépasser tout ce qu’on aurait pu imaginer. Karl est avocat. Il travaille au tribunal de Düsseldorf. Heinz Funcke, lui, est directeur technique dans une usine de boulons à Chemnitz. Avec sa femme et ses deux enfants, ils habitent à l’Est du pays.

Dans ce pavé de 528 pages, Tobi Dahmen raconte l’enfance de son père et de ses oncles de 1935 à 1945 en Allemagne. Fils de Karl-Leo, le plus jeune des frères Dahmen, Tobi a rassemblé tous les documents qu’il a pu pour retracer le parcours de chacun des membres de la famille, pendant la période la plus trouble de l’Allemagne nazie. Eberhard et Peter seront démobilisés. Karl-Leo va être mis au vert puis partir en pension. Pendant ce temps, l’usine d’Heinz Funcke va fabriquer l’armement nécessaire à la guerre. Alors que le pays tente de gagner des territoires sur les différents fronts, que ce soit à l’Ouest vers la France, ou à l’Est vers la Russie, au prix de pertes terribles, les bombes alliées vont tomber sur les villes.

Columbusstrasse, une histoire de famille 1935-1945, est aussi une histoire du monde vu par le prisme de familles allemandes subissant les décisions unilatérales d’un fou de guerre, un certain Adolf Hitler. Tobi Dahmen écrit une chronique, plus qu’une histoire. L’Histoire, on la connaît. Leur histoire, celle de familles allemandes, on la découvre. L’auteur ne cache rien. Il n’édulcore pas la réalité d’une famille opposée au régime mais avec ses préjugés contre la population juive. Les lettres de ses oncles témoignent de l’horreur de ce qu’ils vivaient, participant à une guerre d’extermination. On découvrira plus tard comment les familles Dahmen et Funcke seront liées. En annexe, un résumé compact des contextes politiques et familiaux du récit montre comment les protagonistes étaient embringués dans une inéluctable marche en avant. Tobi Dahmen présente un point de vue inédit, non manichéen, avec un angle allemand, très complémentaire des récits qu’on a l’habitude de lire. Son objectif est clair : ne pas reproduire les erreurs du passé en commençant par réfléchir en déposant un bulletin de vote dans une urne. Il met en garde contre le nationalisme et l’exclusion.

Fresque familiale, témoignage historique sur la Seconde Guerre Mondiale vue depuis l’Allemagne, Columbusstrasse permet de comprendre ce qu’a vécu, ce qu’a commis, ce qu’a subi toute une génération sacrifiée sur l’autel de la mégalomanie d’un chef de guerre impénitent.
One shot : Columbusstrasse
Genre : Histoire
Scénario & Dessins : Tobi Dahmen
Editeur : Robinson
ISBN : 9782017265597
Nombre de pages : 528
Prix : 29,99 €