Relever le gant pour se construire
« -Je ne plaisante pas. Je voudrais apprendre la boxe.
-Tu as des problèmes à l’école ?
-Non, mais tu dis qu’il y a du danger partout. La boxe pourrait me faire du bien.
-Ce n’est pas parce que le monde est violent que tu dois aller volontairement te faire casser la figure !
-Je ne vais pas me faire casser la figure.
-Hors de question que tu fasses un sport aussi violent. Les danseuses ne boxent pas. »
Elle s’appelle Colette. Tout allait pour elle pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à ce que sa sœur jumelle Lison, petite danseuse classique, décède dans un accident de voiture. C’est maman qui conduisait. Elle a perdu un bras dans cette tragédie. Elles se rendaient à une audition pour le conservatoire. Lison a toujours été dans la lumière. Elle était brillante. Colette se plaisait dans son rôle de l’ombre. Moyenne en classe, courir, jouer, elle avait une paix royale. C’était la belle vie… jusqu’à ce jour fatidique. Depuis, Colette n’a pas pris un centimètre. Son petit frère l’a dépassée. Aujourd’hui, elle a quatorze ans et tout le monde la traite comme une enfant. Maintenant que Lison n’est plus là, elle s’est mise à la danse, surtout pour faire plaisir à maman, mais elle n’est pas aussi douée. Elle a pris le lit de sa sœur, parce que c’était trop dur de le voir vide. Un beau jour, parce que oui même après les pires drames il peut y avoir de beaux jours, après un cours de danse, à la faveur d’une évasion et invasion de cochons dans la rue, Colette et son ami Elias vont se réfugier dans une salle d’entraînement de boxe. Pour elle, ça va être une révélation, une fascination.

Depuis ce jour, Colette rêve d’enfiler des gants. Elle pense avoir trouvé sa voie, mais sa mère ne l’entend pas de cette oreille. Alors, l’adolescente va devoir trouver des subterfuges et des complicités pour assouvir sa nouvelle passion, parce qu’elle pourra aussi ainsi acquérir sa propre personnalité. Cette personnalité, elle se concrétise par une ombre noire, plus grande qu’elle, parce que c’est elle-même avec la taille qu’elle aurait dû avoir si elle n’avait pas cessé de grandir depuis l’accident, depuis trois ans. Sa maman ayant perdu une enfant est devenue malgré elle surprotectrice. Elle ne réalise pas qu’elle étouffe sa fille. Elle ne réalise pas qu’elle ne peut pas faire vivre l’absente dans sa sœur jumelle.

Histoire de deuil, histoire de construction, histoire de harcèlement, histoire de confiance en soi, avec Mi-mouche, les autrices Véro Cazot et Carole Maurel proposent un récit émouvant qui aide à se construire. Les conséquences d’un drame peuvent souder ou faire exploser une famille. Dans un destin comme celui de Colette, avec une jeune adolescente en pleine construction, les cartes ne se rebattent pas facilement. Elle et sa mère sont dans deux souffrances parallèles. Alors qu’on pourrait penser que ce serait le rôle d’un adulte de soutenir un enfant, Colette va démontrer que par ses propres choix elle pourra peut-être aider sa mère à, expression détestable, faire son deuil.

Inspirée par un dessin posté par Carole Maurel sur Instagram, Véro Cazot lui a construit un scénario sur mesure, inaugurant une nouvelle série à ranger sur la même étagère qu’Olive et Bidouille et Violette. Rocky Balboa peut ranger ses gants. La boxe, maintenant, ça passe par Mi-mouche.
Série : Mi-mouche
Tome : 1 – Tu veux te battre ?
Genre : Emotion
Scénario : Véro Cazot
Dessins & Couleurs : Carole Maurel
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9782808504348
Nombre de pages : 64
Prix : 13,90 €